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— Fig. Prompte exécution, prompte expédition : L’accélération des travaux, d’une affaire, d’un jugement. L’accélération des travaux exige un plus grand nombre d’ouvriers. Il faut faire telle chose pour l’accélération de l’ouvrage. (Acad.)

— Physiol. Augmentation d’activité dans certaines fonctions de l’organisme : Accélération du pouls, de la respiration.

— Fig. Se dit aussi de l’esprit : Une boisson généreuse excite l’accélération des idées. (Roques.)

— Astron. Accélération d’une planète, Augmentation de vitesse que le mouvement d’une planète, dans son orbite, acquiert à mesure qu’elle s’approche du soleil. Quand cette accélération a lieu, le mouvement diurne réel de l’astre est plus grand que son mouvement diurne moyen. || Accélération du mouvement diurne des étoiles, Quantité dont leurs levers, couchers et passages au méridien avancent chaque jour. Elle est de 3’ 56" de temps. Cette accélération n’est qu’apparente ; elle est causée par le mouvement propre du soleil d’occident en orient, mouvement qui a pour effet de le ramener chaque jour au méridien 3’ 56" plus tard que la veille. || Accélération du mouvement moyen de la lune, Quantité dont ce mouvement s’est accru depuis les anciennes observations jusqu’à nos jours ; elle est de 10" par siècle. Elle résulte de la diminution de l’excentricité de l’orbite terrestre, et se convertira en retardement quand cette excentricité, sous l’influence de l’attraction des autres planètes, cessera de diminuer et commencera à s’agrandir.

ACCÉLÉRÉ, ÉE (ak-sé-lé-ré) part. pass. Du v. Accélérer. Qui reçoit à chaque instant de sa durée une augmentation de vitesse : Mouvement accéléré. Course accélérée. Pendant les dernières années du règne où la chute accélérée rendait Napoléon plus implacable, madame de Staël avait fui jusqu’au fond du Nord. (Lamart.) Ils revinrent en marchant tous deux d’un pas accéléré, comme des gens empressés de terminer une affaire. (Balz.)

— Se dit des voitures, roulages, etc., qui marchent rapidement : Voiture accélérée. Un canal creusé de Beaucaire à Aigues-Mortes avait fait succéder victorieusement les bateaux au roulage accéléré, et le coche à la diligence. (Alex. Dum.)

— T. milit. Pas accéléré, Sorte de pas plus rapide que le pas ordinaire.

— Physiol. Se dit de certaines fonctions qui accidentellement s’exécutent avec une plus grande vivacité : Pouls accéléré. Respiration accélérée.

— Suivi d’un complém., il régit la préposition par : Mais les efforts du vomissement, sans être accélérés par le remède, l’expulsent, au moins en grande partie, quand ils renaissent. (V. Jacquem.)

— Physiq. Se dit d’une force qui communique à un corps un mouvement rapide et continu. On appelle mouvement uniformément accéléré, le mouvement résultant de l’application à un corps d’une force qui, conservant constamment la même intensité, communique successivement à ce corps des vitesses plus grandes pendant le temps qu’elle agit sur lui ; or, le calcul démontre que les espaces parcourus ainsi sont entre eux comme les carrés des temps et les carrés des vitesses finales, c’est-à-dire que l’espace parcouru pendant un temps d’un mouvement uniformément accéléré est la moitié de l’espace qui serait parcouru dans le même temps avec la vitesse finale.

— Astron. Se dit d’une planète dont le mouvement diurne réel excède le mouvement diurne moyen.

— Minér. Se dit d’un cristal dans le signe duquel les exposants simples font partie d’une progression qui est complétée par les exposants relatifs à un décroissement mixte ou intermédiaire, en sorte que la progression paraît subir une accélération.

— Substantiv. Un accéléré, Bateau qui a une grande force de vapeur ; une accélérée, Voiture qui marche à grande vitesse.

— Techn. Nom sous lequel les parcheminiers désignent le gonflement des cuirs par la chaleur du bain.

Encycl. Mécan. Le cas le plus ordinaire et le plus intéressant du mouvement accéléré est celui où sa vitesse s’augmente d’une quantité égale en temps égaux. Il porte alors la dénomination spéciale de mouvement uniformément accéléré.

1° Si nous appelons v la vitesse finale d’un corps qui obéit à ce mouvement, g sa vitesse au bout de l’unité de temps, et t la durée du mouvement, on a la relation :

     (1)

C’est-à-dire : La vitesse du mouvement accéléré est égale à la vitesse acquise dans l’unité de temps multipliée par la durée du mouvement.

2° Si aux symboles g et t, dont la signification vient d’être énoncée, on ajoute le symbole e pour indiquer l’espace parcouru au bout du temps t par un corps soumis au mouvement accéléré, on a

     (2)

C’est-à-dire : L’espace parcouru au bout d’un temps donné est égal à la moitié de la vitesse acquise dans l’unité de temps, multipliée par le carré du nombre qui exprime la durée du mouvement.

Les deux formules (1) et (2), établies par Galilée, sont l’expression algébrique de toute la théorie du mouvement uniformément accéléré. Elles s’énoncent encore :

1° Les vitesses finales sont proportionnelles aux temps pendant lesquels elles ont été acquises.

2° Les espaces parcourus sont proportionnels aux carrés des temps employés à les parcourir.

ACCÉLÉRER v. a. ou tr. (ak-sé-lé-ré — lat. accelerare, même sens. — Change l’é fermé du radical en è ouvert, devant une syllabe muette : J'accélère, que tu accélères ; excepté au futur et au conditionnel : J’accélérerai, nous accélérerions). Accroître la vitesse d’un corps en mouvement : La gravité d’un corps qui tombe en accélère le mouvement. Accélérer la marche d’une armée. (Acad.)

— Par anal. Activer, stimuler : Le mouvement du sang accélère, excite une transpiration salutaire. (J.-J. Rouss.) L’esprit est comme une plante dont on ne saurait accélérer la végétation sans la faire périr. (Suard.) La nourriture prise à contre-cœur accéléra la petite fièvre lente qui dévorait ce beau jeune homme. (Balz.)

. . . . . . Quelle ardeur violente
Accélère mon sang en ma tête brûlante !
Lemercier.

— Fig. Rendre plus prompt, avancer, hâter la conclusion de : Les rigueurs de l’autorité contre le christianisme accélérèrentses progrès. (B. Constant.) L’ambitieux voudrait accélérer tous les moments de la vie. (Alibert.) Les armées permanentes n’ont jamais servi qu’à accélérer la décadence des nations qui les soudoient. (Proudhon.) || Faire naître plus vite, hâter la succession, le développement de : Boire accélère non-seulement les idées, mais leur donne une certaine fraîcheur qui allége le travail de la fécondation. (Roques.) Ce serait tomber dans les excès les plus propres à accélérer, à provoquer le mal. (Rayn.)

S'accélérer, v. pr. Devenir plus rapide, plus prompt : Je ne passais point devant sa boutique sans que les battements de mon cœur s’accélérassent. (Balz.) Chacune de nos heures nous pousse au tombeau et s’accélère du mouvement de celles qui la précèdent. (Al. Rabbe.) Depuis la mort de Nicolas, la décadence de la Russie s’accélère de jour en jour. (Journ.)

Syn. Accélérer, hâter, presser. Accélérer s’applique à une action déjà commencée, et signifie la faire aller plus vite, ajouter à sa célérité. On accélère un mouvement, un travail, la ruine de quelqu’un, etc. Presser et hâter se disent d’un projet qu’il s’agit de mettre en train, avec cette différence que presser annonce quelque chose de plus urgent, de plus pressant que hâter. C’est ainsi que Boileau, par une image hardie, mais juste, a pu marier l’adverbe lentement au verbe hâter :


Hâtez-vous lentement.


ce qui, avec presser, eût présenté un contraste choquant : La première édition de Bélisaire était épuisée : je pressai la seconde, je hâtai la troisième. On peut ajouter que presser se dit mieux des personnes, et hâter, des choses et des événements : On presse un fermier de hâter le payement de son fermage. L’homme prévoyant et soigneux accélère ; l’homme actif et diligent hâte ; l’homme ardent et impétueux presse.

Antonymes. Modérer, ralentir, retarder.


ACCÉLÉRIFÈRE s. m. (ak-se-Ié-ri-fe-re). Nom donné à des voitures publiques qui faisaient leur service avec une grande rapidité. Même sens et même étym. que Célérifère. V. ce mot.

ACCENDITE s. m. (ak-sin-di-tè — mot lat. qui signifie allumez). Liturg. Antienne que l’on chantait dans les fêtes solennelles en allumant les cierges : À Angers, l’accendite était chanté par un chœur de musiciens. (Encycl.)

ACCENSE s. m. (ak-san-se — du lat. accensus, adjoint). Antiq. Chez les Romains, Officier subalterne attaché à quelque haut fonctionnaire, dans l’ordre militaire ou civil. Il était généralement l’affranchi de la personne qu’il servait, et était chargé de convoquer le peuple aux assemblées, d’appeler devant le tribunal les parties engagées dans un procès, etc. || Les accenses militaires étaient, dans l’origine, un corps de soldats surnuméraires destinés à remplir les vides que pouvaient causer dans les légions la mort ou d’autres accidents.

ACCENSE ou ACENSE s. f. (ak-san-se — rad. cens). Anc. jurispr. Bail à ferme, bail à rente, bail à cens proprement dit.

ACCENSÉ ou ACENSÉ, ÉE (ak-san-sé) part. pass. du v. Accenser, Tenu à cens : Un domaine accensé. Une terre accensée.

ACCENSEMENT ou ACENSEMENT s. m. (ak-san-se-man — rad. accenser). Anc. jurispr. Convention par laquelle on prenait un héritage à cens ou à rente foncière.

ACCENSER ou ACENSER v. a. ou tr. (ak-san-sé — rad. cens). Anc. jurispr. Donner ou prendre à ferme une terre, une propriété : Les seigneurs qui prirent la croix rendirent libres un grand nombre de serfs et accensèrent leurs terres.

S’accenser, v. pr. Se donner à cens. Se disait de celui qui aliénait sa liberté et s’engageait au service d’autrui, moyennant une rente d’argent.

ACCENSEUR ou ACENSEUR s. m. (ak-san-seur — rad. accenser). Celui qui donnait ou prenait une ferme à cens.

— Celui qui était chargé de recueillir les dîmes.

ACCENT s. m. (ak-san — du lat. accentus, dérivé de ad. et de cantus, chant). Élévation ou abaissement de la voix sur les différentes syllabes du mot ; intonation, inflexion, modulation de la voix dans la prononciation des mots d’une langue : L’accent est à la parole ce que l’intonation est au chant. (Encycl. des gens du monde.) L’accent est l’âme du discours. (J.-J. Rouss.) Il ne faut pas confondre la quantité avec l’accent. (Marmontel.) Qu’on songe à l’importance qu’ont, dans l’étymologie indo-européenne, la place de l’accent, la différence d’une longue et d’une brève. (Renan.)

Conjuguez avec moi pour bien prendre l’accent.
Régnier.

— Manière, ton que l’on emploie en parlant à quelqu’un : Il lui répondit avec un accent qui n’admettait pas de réplique. (E. Sue.) Je suis aux ordres de madame la marquise, répliqua Fargeau, dont la voix avait un tout petit accent de raillerie en prononçant ce dernier mot. (P. Féval.) Cet accent de dédain qui est trop naturel à Rivarol, nous le retrouvons plus tard à Chateaubriand. (Ste-Beuve.)

— Manière défectueuse de prononcer les mots d’une langue, qui fait reconnaître immédiatement soit un étranger, soit un provincial ou un homme du peuple : L’accent anglais, allemand. L’accent picard, franc-comtois. L’accent des faubourgs de Paris. L’accent du pays où l’on est né demeure dans l’esprit et dans le cœur, comme dans le langage (La Rochef.) Il lui disait d’un ton froid et dans son accent provençal des mots qui faisaient le plus grand effet. (J.-J. Rouss.) Ce qu’on appelle l’accent des provinces consiste en partie dans la quantité prosodique ; le Normand prolonge la syllabe que le Gascon abrége. (Marmontel.) Vous reconnaissant à peine, tant vous avez imité avec talent l’accent et les manières d’une Anglaise. (G. Sand.) Je vous écoute, dit l’abbé avec un accent italien des plus prononcés. (Alex. Dum.)

— Absol. Prononciation des gens de province, par oppos. à celle des habitants de la capitale : Vous êtes de Provence ! je ne l’aurais pas cru. Vous n’avez point l’accent. — C’est que j’ai tant couru ; en voyageant, l’accent diminue et s’efface. (Col. d’Harlev.) Aussi est-ce une ancienne maxime que, pour bien parler français, il ne faut pas avoir d’accent. (D’Olivet.) Leur langage est le plus pur français sans accent. (A. de Vigny.) — On racontait un jour devant le comte d’Alle..., Gascon, une histoire invraisemblable ; le comte souriait de manière à embarrasser le narrateur qui, avec un mouvement d’impatience, lui dit : « Quoi, monsieur, vous ne croyez pas à mon histoire ? — Oh ! pardonnez-moi, reprit le comte ; mais je n’oserais la répéter à cause de mon accent.  » — Un autre gascon, qui croyait avoir effacé toute trace du péché originel en fait de prononciation, le prouvait de la manière la plus péremptoire en disant :« Je défie lou plus malin de deviner à mon assent que j’ai bu les eaux de la Garonne. »

— La voix, le langage considéré sous le rapport des sentiments qu’il exprime : Il me conta cette nouvelle avec l’accent du désespoir. L’accent est l’âme du discours ; il lui donne le sentiment et la vérité. (J.-J. Rouss.) Chaque passion, chaque affection de l’âme a son accent. (R. Rochette.) Massillon possédait dans un degré très-éminent cette qualité de l’orateur qui consiste à mettre parfaitement d’accord le geste, l’accent, l’expression de la physionomie avec les paroles. (Dussault.) L’amour et la dévotion prennent toujours l’accent du caractère. (Mme C. Bachi.) C’est l’accent seul qui persuade. (Mme E. de Gir.)

— Par ext. Le langage, les paroles mêmes. Ne s’emploie guère, dans ce sens, que dans le style poétique, et presque toujours au pluriel : Les accents de la passion, de la colère. Ces divins accents expiraient et renaissaient tour à tour. (Chateaub.) Son talent rencontra quelques vrais accents. (Ste-Beuve.)

Qu’aux accents de ma voix la terre se réveille.
J.-B. Rousseau.
Mais quels accents plaintifs ont frappé mes esprits ?
Delille.
Jadis les fils de l’homme aux saints concerts des anges
      Ne mêlaient-ils pas leurs accents ?
Lamartine.

— Caractère de certains ouvrages : L’accent pathétique et grandiose des prophéties. (Lamenn.) Chez saint Jérôme, l’accent est âpre et le sentiment intense. (Ph. Chasles.) || Se dit aussi du chant, du cri de quelques animaux : Le perroquet jette l’éclat du ris, exprime l’accent de l’affection. (Buff.) La pie n’a que des cris sauvages dont l’accent plaintif, en troublant le silence des bois, semble exprimer ses efforts et la peine. (Buff.) || Son des instruments, musique : Le joyeux tumulte d’un bal, les accents de l’orchestre, les rires des danseurs, arrivaient jusqu’à lui. (Balz.)

. . . Les accents du cor et le bruit des fanfares
Épouvantaient au loin les hôtes des forêts.
Delille.
Des clairons les belliqueux accents
Pour la première fois font tressaillir mes sens.
C. Delavigne.


|| Bruit produit par quelque objet inanimé :

Ses accents ressemblaient aux accents du tonnerre
Quand du mont Sinaï Dieu parlait à la terre.
Voltaire.

— Gramm. Signe graphique qui se met sur une voyelle pour en indiquer la prononciation, ou pour la caractériser grammaticalement.

— Par compar. Se dit d’une chose qui a la forme d’un accent graphique : Une porte étroite et basse, que le plan incliné de la toiture coiffait d’un accent circonflexe. (Deslys.)

— Mus. Façon d’exécuter qui fait que la même mélodie ou la même harmonie produit ou ne produit pas d’effet. En ce sens, accent est synonyme d’expression. || s. m. pl. Signes indiquant au chanteur ou à l’instrumentiste l'expression de force ou de douceur qu’il doit donner à une note isolée ou à un passage. Ces signes sont au nombre de trois : < marque qu’il faut augmenter graduellement l’intensité du son ; > qu’il faut la diminuer progressivement ; <> qu’on doit d’abord augmenter jusqu’au milieu, puis diminuer jusqu’à la fin.

— T. d’argot. Signe par lequel les voleurs se reconnaissent. Celui qui sert aux voleurs et plus particulièrement aux escarpes, s’exécute en crachant avec bruit et en décrivant avec le pouce de la main droite un c sur la joue droite, près du menton. Or c’est ce dernier signe, ce c, qui a été appelé arçon (petit arc), puis, par corruption, accent. (Fr. Michel.)

Encycl. Il y a trois choses à considérer dans les sons : la force ou l’éclat, la durée, et la valeur grave ou aiguë du son. C’est à la dernière que s’applique d’une façon spéciale le mot accent. Un mot composé de plusieurs syllabes est un tout, un ensemble qui a ses parties distinctes, prononcées avec une intensité différente. Tous les mots d’une phrase ne se prononcent pas non plus d’une manière uniforme ; il y en a sur lesquels la voix s’élève, d’autres sur lesquels elle s’abaisse. Enfin la passion vient ajouter de nouvelles inflexions à celles que l’usage et l’origine de la langue ont imposées aux différentes syllabes des mots pris en eux-mêmes, et à celles que la construction de la phrase donne aux différents mots qui forment un tout, un ensemble exprimant une pensée. De là trois sortes d’accents 1° l’accent prosodique ou syllabique, qui concerne les mots ; 2° l’accent rationnel ou logique, qui indique le rapport, la connexion que les mots ont entre eux dans la proposition, que les propositions ont entre elles dans le discours, et qui classe pour ainsi dire les termes d’une phrase selon l’importance relative des idées qu’ils expriment ; 3° l’accent pathétique ou oratoire, qui, par un ton plus ou moins élevé, par une manière de parler plus ou moins vive, plus ou moins lente, exprime les sentiments dont celui qui parle est agité et les communique à l’âme de ses auditeurs. — L’accent prosodique prend le nom d’aigu quand la voix s’élève, de grave, quand elle s’abaisse, de circonflexe, quand elle s’élève et s’abaisse successivement sur la même voyelle ; on l’appelle tonique quand il a pour caractère spécial de produire l’élévation de la voix sur une des syllabes d’un mot et de mettre en relief cette syllabe au milieu de celles qui l’environnent. L’accent tonique existe dans toutes les langues ; chaque mot a le sien et n’en a qu’un. Dans le latin, l’accent tonique est en général sur la pénultième syllabe, si cette syllabe est longue, et sur l’antépénultième, si la pénultième est brève. La langue française est peut-être celle où l’accent tonique est le moins prononcé ; cependant il y existe, et se trouve sur la dernière syllabe si elle n’est pas terminée par un e muet, et sur l’avant-dernière si la dernière est terminée par un e muet. Ainsi dans le mot silence, l’accent tonique est sur la syllabe len, et dans le mot amour, sur la syllabe mour. En français, l’accent tonique ne se marque pas. L'allemand, l’anglais, l’italien, etc., ne l’écrivent que dans les livres élémentaires, surtout dans ceux qui sont destinés aux étrangers. L’usage des signes d’accentuation remonte à une haute antiquité ils paraissent avoir été introduits chez les Grecs par Aristophane de Byzance, grammairien qui florissait dans Alexandrie, au iie siècle av. J.-C. Ils étaient en usage dans l’écriture latine dès le temps d’Auguste. Ceux que nous employons en français jouent le rôle, ou de signes purement orthographiques, soit qu’ils servent uniquement à distinguer un mot d’avec un mot homographe, soit qu’ils conservent à l’étymologiste la trace d’une lettre supprimée ou de signes phoniques indiquant une modification dans le son d’une voyelle. On reconnaît dans notre langue trois sortes d’accents : l’accent aigu (’), l’accent grave (‘) et l’accent circonflexe (^), qui est la réunion des deux précédents.

L’accent aigu sert à marquer le son de l’é fermé : donné, bonté. On le met sur tous les é fermés qui terminent la syllabe ou qui sont suivis seulement d’un s marquant le pluriel.

On pourrait hésiter sur les mots terminés en ège, pour savoir si leur accentuation doit être ouverte ou fermée. La grammaire exige un e fermé dans toutes ces finales : collége, liége, manége, piége, siége, etc. Il en est de même pour les verbes en éger, même devant une syllabe muette : J’abrége, tu alléges, il protége, etc. Toutes les fois que la voyelle e, ayant le son fermé, est suivie d’un x, au commence-