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ACCEPTION s. f. (ak-sep-si-on — lat. acceptio, même sens). Égard, préférence, considération que l’on a pour quelqu’un : Sans acception de personne. Le Dieu du ciel et de la terre n’a acception de personne. (Volt.) Qu’un magistrat, qui par état est également redevable à tous, néglige les intérêts du pauvre pour ne s’occuper que de ceux de l’homme puissant, voilà une partialité, une odieuse acception de personnes. (Frayssin.)

— Par ext. Se dit des choses : Sans acception de qualités ni de fortune, il rendait ses jugements avec équité. (Fléch.) Depuis ce temps-là, tantôt prisonnier, tantôt fugitif, tantôt préparant des asiles aux proscrits de toutes les opinions sans acception de leurs fautes et de leurs excès, il avait ouvert dans son appartement de la rue du Four-Saint-Germain un refuge de sûreté pour les blessés de tous les partis. (Ch. Nod.)

— Gramm. Sens dans lequel un mot se prend : Acception propre. Acception figurée. La plupart des disputes viennent de ce qu’on ne prend pas le même mot dans la même acception. (Dumarsais.) Ce raisonnement peut s’appliquer au petit nombre des arts nécessaires, à prendre ce mot dans une acception rigoureuse. (De Bonald.) Peu nous importe que le mot civilisation vienne du mot civitas ; ce qui est certain, c’est que son acception a changé en route. (B. Constant.) Ces deux jeunes gens étaient deux amis dans la véritable acception du mot. (Balz.) || Se dit des idées : Il n’est pas inutile de revenir ici sur une chose déjà dite, mais qu’on ne saurait trop redire, pour se soustraire aux conséquences excentriques d’une fausse acception d’idées. (Ch. Nodier.)


ACCÈS s. m. (ak-sè — lat. accessus, même sens). Entrée, abord, approche : Cette côte est de difficile accès, à cause des rochers qui la bordent. (Dumarsais.) Presque comblé par le sable que la mer y pousse, le port est d’un accès difficile. (Raynal.) Le flot toujours montant des polypiers fermera un jour aux navigateurs l’accès d’une partie des mers de la région tropicale. (J. Macé.) On aperçoit des clochers de village et des monastères dont on ne peut deviner l’accès. (Lamart.)

La montée était torte et de fâcheux accès.
Régnier.

— Fig. Se dit en parlant de choses dont la connaissance est plus ou moins facile : Les accès de la science ne sont pas sans difficulté. (Raym.) La vérité, quelque part qu’on la cherche, n’est point d’un accès facile. (Guizot.) || Accueil qu’on trouve auprès d’une personne ; facilité plus ou moins grande de l’approcher : Toute la cour l’aime pour la facilité de son accès et sa politesse. (St-Sim.) Il leur donne un libre accès auprès de lui. (Boss.) Ils étaient du nombre de ces petits à qui Jésus-Christ donnait un accès si facile auprès de sa personne. (Bourdal.) Les grands ne sont pas toujours d’un accès facile et commode. (Marmontel.)

C’est la paix qui chez vous me donne un libre accès.
Corneille.


|| Écho, sympathie : Le duc Charles avait une âme où rien ne trouvait accès. (Barante.)

Mais peut-être ma voix, la voix de l’innocence,
Trouvera dans les cœurs plus d’accès qu’on ne pense.
Brifaut.

Avoir accès, Pénétrer librement, être reçu, accueilli : Qui a beaucoup de connaissances peut avoir accès en beaucoup d’endroits. (La Bruy.) Il est souvent plus difficile d’avoir accès dans les maisons bourgeoises que dans les palais des rois. (Girard.)

— Fig. et moralem. : C’est un homme dans l’esprit duquel il est impossible d’avoir aucun accès. (Trév.) Il est rare que la vérité ait accès auprès du trône. (Mass.)

Avoir accès à une profession, à une carrière, etc., Avoir le droit ou les moyens d’exercer cette profession, cette carrière, etc. Les femmes ont accès à une foule de professions libérales. (Mme Romieu.) || Ouvrir l’accès à, Préparer les voies, le chemin : La paresse ouvre souvent l’accès à la débauche. (De Gérando.) Ce décret lui ouvrit les portes de l’Institut, et bientôt l’accès des affaires. (Mignet.)

— Dr. canon. Ballottage dans l’élection d’un pape, lorsqu’au scrutin aucun des cardinaux n’a réuni un nombre suffisant de suffrages : Il fut nomme pape à l’accès. Après le scrutin on alla à l’accès. || Faculté de posséder un bénéfice vacant, par l’insuffisance d’âge ou la mort du titulaire.

— Pathol. Phénomène morbide qui se montre et disparaît par intervalles, comme dans les fièvres intermittentes ; attaque : Un accès d’épilepsie, d’hystérie. Il suait et tremblait sous une méchante couverture, dans un accès de fièvre violent. (Volt.) Il trouva le meunier affligé d’un violent accès de goutte. (Balz.) Ses actions, depuis l’heure de son lever jusqu’à son accès de toux le soir, étaient soumises à la régularité d’une pendule. (Balz.)

— Par anal. Mouvements intérieurs, phénomènes moraux, se produisant subitement ou par intervalles : Un accès de colère. Un accès d’hilarité. Il lui prenait des accès de pensées noires que j’avais peine à dissiper. (Chateaub.) J’entre dans des accès de joie et de poésie qui m’emmènent jusque dans la lune. (G. Sand.) D’où vient donc cet accès de bonne humeur ? (Vitet.) Il osait à peine lui parler, car il connaissait les accès de mutisme de l’astronome. (E. Sue.) Quand il faut faire du sentiment obligé, et avoir deux ou trois accès de tendresse improvisée… (Scribe.)

     Le plus sage, en sa vie,
A quelquefois des accès de folie.
Voltaire.
Ils croyaient que, vaincu par l’humaine faiblesse,
Dans un accès de rage, à mordre trop ardent,
Sur l’acier du pouvoir j'allais rompre ma dent.
Barthélemy.

Encycl. Méd. En pathologie, le mot accès s’applique d’une façon spéciale à l’ensemble des phénomènes morbides qui surviennent et cessent périodiquement, comme on l’observe dans les fièvres intermittentes. Le mot attaque désigne la brusque apparition d’une affection qui présente des retours plus ou moins éloignés, sans périodicité déterminée, et le mot paroxysme s’applique à l’accroissement, au redoublement des symptômes continus d’une maladie. L’accès de fièvre intermittente se compose de trois temps ou stades : le froid, la chaleur ou la sueur ; l’accès complet est celui qui présente ces trois stades ; il est incomplet si un ou deux stades viennent a manquer ; enfin l’intervalle qui sépare les accès se nomme apyrexie ou intermission.

Syn. Avoir accès, aborder, approcher. V. Aborder.

ACCESSIBILITÉ s. f. (ak-sèss-si-bi-li-té — rad. accessible). Facilité d’approcher, d’arriver à : Le droit public français a proclamé la libre accessibilité de toutes les aptitudes à tous les emplois. (V. Hugo.)

ACCESSIBLE adj. (ak-sèss-si-ble — lat. accessibilis, même sens). Abordable, dont on peut facilement approcher : Un lieu, un rivage accessible. Cette place n’est accessible que pour les milans et les aigles. (Th. Gaut.) Le sol était coupé en vallées profondes et difficilement accessibles. (Lamart.) La mer, en découpant les continents de toutes parts, leur faisait une élégante ceinture, et les rendait plus accessibles.(Ste-Beuve.)

Il est au dernier plan des Alpes habité
Un village à nos pas accessible en été.
Lamartine.

— Par anal. : La plupart des journaux vont me devenir accessibles, je vous présenterai. (L. Ulbach.) Peu à peu Rivarol se glissa, à l’ombre de quelques personnages qu’il amusait, dans les salons les moins accessibles. (Ars. Houss.) || Se dit des personnes : Enfant de saint Louis, imitez votre père ; soyez, comme lui, doux, humain, accessible. (Fén.) Soyez accessible, honnête, et recevez bien tout le monde. (Le Sage.) Magistrat aussi accessible que juge éclairé, il a poussé la patience et l’honnêteté jusqu’à souffrir mes importunités. (Beaumarch.)

Plus vif et moins austère, on te peignait sensible,
Ami des malheureux, bienfaisant, accessible.
J. Chénier.

— Par ext. Qui prête l’oreille à, qui est sensible à, qui se laisse toucher par : Bien que son âme fût peu accessible aux impressions du dehors, elle subissait à son insu le charme de ces beaux lieux. (J. Sandeau.) Froide et moqueuse, elle jouait l’enthousiasme et la sympathie avec assez d’art pour captiver de bons esprits accessibles à un peu de vanité. (G. Sand.) Elle le savait accessible aux calculs de l’avarice. (Balz.)

. . . . . . Plus il brûle pour vous,
Plus il est accessible à des soupçons jaloux.
Ducis.

— Fig. Où l’on peut atteindre, surtout en parlant des choses : La vertu est accessible à tous. Sous l’ancien régime, les grades supérieurs dans l’armée n’étaient accessibles qu’aux nobles. L’aristocralie anglaise est accessible à tout homme supérieur. (Mich. Chev.) Les fonctions publiques ne doivent être accessibles qu’à des études sérieuses et à des talents reconnus. (De Broglie.) La Révolution française était faite pour rendre la propriété plus égale et plus accessible à tous les hommes, et non pour la détruire. (Lamart.) || Intelligible, compréhensible : C’est en simplifiant les choses qu’on les rend accessibles au plus grand nombre. La philosophie n’est rien si elle n’est pas accessible aux intelligences les plus vulgaires. (L. Jourdan.) Ces sciences abstruses ne sont pas accessibles à tous les esprits. (Raym.) Toutes les religions de fabrique humaine sont plus ou moins accessibles à la raison. (Ventura.) Toute science est accessible à tout homme. (Lamenn.) Le géologue aurait tort de composer le centre du globe des masses qu’on rencontre aux dernières profondeurs accessibles à l’expérience. (Renan.) || Qui est du ressort, de la compétence de : Comme prêtre ou conservateur du dogme chrétien, les devoirs du curé ne sont point accessibles à notre examen. (Lamart.)

Antonymes : Escarpé, inabordable, inaccessible.


ACCESSION s. f. (ak-sèss-si-on — lat. accessio, même sens). Consentement, adhésion à un acte, à un contrat, à un traité : L’accession du père au contrat de mariage du fils. L’accession de la Suède au traité de coalition contre la France. Les accessions sont obligatoires à l’égal des traités eux-mêmes. || Addition, adjonction d’un certain nombre de personnes pour compléter un corps, une compagnie, une population : La Chambre haute, renouvelée par une accession de pairs, reparaîtrait considérablement augmentée. (Chateaub.) Depuis que la Grèce est libre, elle s’est repeuplée par l’accession de familles grecques. (E. About.)

— Se dit aussi des choses : L’excédant qui reste après la combinaison est non-valeur, tant que, par l’accession d’une certaine quantité d’autres éléments, il ne se combine, ne s’échange pas. (Proudh.)

— Avénement, admission : L’accession au trône. (Boss.) Depuis l’accession au pouvoir de la classe bourgeoise, Arcis éprouvait un vague désir de se montrer indépendante. (Balz.)

— Dr. civil. Extension du droit de propriété par suite de la réunion d’un objet accessoire à la propriété principale. || Par ext. Les choses mêmes sur lesquelles ce droit est exercé : Les atterrissements insensibles, les arbres qu’on plante sur un terrain, les constructions qu’on y fait sont des accessions. (Acad.)

— T. de palais. Action d’aller dans un lieu de par la loi et la justice : Le juge a ordonné une accession de lieu. (Trév.) Vieux.

Encycl. Jurispr. L’union de l’accessoire au principal rend le propriétaire du principal propriétaire de l’accessoire, ce droit s’appelle droit d’accession ; de là l’aphorisme : l’accessoire suit le principal. La loi française a fait de l’accession une manière d’acquérir la propriété, et elle a posé en principe que la propriété d’une chose, soit mobilière, soit immobilière, donne droit sur tout ce qu’elle produit et sur ce qui s’y unit, soit accessoirement, soit naturellement, soit artificiellement. Les fruits de la terre, les fruits civils, le croît des animaux, appartiennent au propriétaire par droit d’accession, ainsi que tout ce qui peut être extrait d’un terrain au moyen des fouilles (sauf les exceptions relatives aux mines), tout ce qui s’y ajoute par atterrissement ou alluvion.

ACCESSIT s. m. (ak-sè-sitt — 3e pers. du sing. du parf. du v. lat. accedere, approcher ; littéralem. il s’est approché). Mention accordée dans les colléges, les écoles, les académies, et généralement partout où il y a concours, à ceux qui ont le plus approché du prix : Obtenir un premier, un second, un trosième accessit. Obtenir un premier prix et deux accessits. L’abbé Genest avait eu un accessit et un prix de vers à l’Académie française ; cela le fit connaître. (Ste-Beuve.)

Aux chefs-d’œuvre jadis on accordait des prix.
Les rivaux moins heureux avaient des accessits.
Ragon.

— M. Littré pense que le mot accessit, qui est un mot purement latin, peut encore s’écrire sans s au pluriel. Nous ne partageons pas son avis. Le mot accessit est devenu tout à fait français, et il doit subir la règle générale du nombre dans les substantifs.

— Par ext. Reconnaissance d’un mérite, un talent inférieur à un autre : Là où Delille emporte le prix, M. Michaud obtient l’accessit. (Ste-Beuve.)

ACCESSOIRE adj. (ak-sé-soi-re — du bas lat. accessorius, venu lui-même de accedere, s’adjoindre). Qui se rapporte à une chose principale, qui s’y rattache, s’y unit, sans être essentiel à cette chose : Idée accessoire. Clause accessoire. Dans l’éducation, l’étude des mathématiques ne doit être considérée que comme accessoire. (Beauch.) Dans un tableau d’histoire, les personnages qui agissent sont l’objet principal ; ce qui appartient à la scène est accessoire. (Millin.)

— Suivi d’un complément, il veut en général la prép. de : J’ai dit qu’un grand État devenu accessoire d’un autre s’affaiblissait. (Montesq.) L’archéologie, la numismatique, la chronologie et la géographie sont les sciences accessoires de l’histoire. (Raym.) Les députés s’avancèrent vers la salle que le roi leur avait fait préparer dans un des palais accessoires du sien. (Lamart.) || S’empl. aussi quelquefois avec la prép. à : Évitez les phrases trop longues, trop chargées d’idées, incidentes et accessoires à l’idée principale. ( D’Alemb. ) Avec toutes les idées qui y sont accessoires. (B. de St-P.)

— Anat. Se dit d’un organe qui en accompagne un autre plus important, dont il augmente l’action : La glande accessoire de la parotide. Le muscle accessoire du long fléchisseur des orteils. Nerf accessoire.

— Tactiq. milit. Défenses accessoires, Obstacles construits pour augmenter la résistance des ouvrages de campagne, et par le moyen desquels on retient l’ennemi sous les feux des retranchements.

— Jurispr. Contrats accessoires, Ceux qui supposent l’existence d’un autre contrat.

Antonymes. Essentiel, fondamental, important, principal ou capital.

ACCESSOIRE s. m. ( même pron. et même étym. qu’accessoire adj.). Ce qui est joint à la chose principale, ce qui en dépend : Il est bien juste que le principal l’emporte sur l’accessoire. (Bourdal.) L’accessoire, chez Cicéron, c’était la vertu ; chez Caton, c’était la gloire. (Montesq.) Tous ces hommes qui ont disposé de moi comme d’un accessoire dans leur vie. (Mme de Staël.) Que d’accessoires et de petites choses qu’on ne remarque pas contribuent à des résultats importants ! (De Ligne.) Le vol de l’argenterie ne serait ici que l’accessoire, et l’enlèvement des papiers aurait été le véritable but. (Balz.) De nos jours, les descriptions ne sont que l’accessoire de la poésie. (St-Marc Gir.) || Signif. autrefois, Embarras, conjoncture fâcheuse : Les Italiens, craignant de tomber en même accessoire qu’auparavant si on élisait un Français, jetaient toutes leurs opinions sur un qui fust de leur nation. (Pasquier.) Je pense bien que ledit M. de Bressuire fust en grand accessoire après ceste lettre receue, pour attraper ledit M. de Saint-Loup. (Brantôme.)

Et tout ce qu’elle a pu, dans un tel accessoire,
C’est de me renfermer dans une grande armoire.
Molière.

|| Solde supplémentaire que les militaires et les marins reçoivent dans certains cas.

— s. m. pl. Outils, ustensiles, meubles, etc., nécessaires à une industrie, à une profession : C’était une boutique de perruquier garnie de ses accessoires et ornée de gravures de l’époque. (Scribe.) || Petits objets ou meubles nécessaires à la toilette, au confortable : Dans votre chambre vous trouverez tous les petits accessoires qui rendent le chez-soi chose si douce. (Balz.) || Au théâtre, certains objets portatifs nécessaires à la représentation, tels que flambeaux, faux bijoux, écritoire, plume, etc., et jusqu’à un fétu de paille, une épingle, si ces objets doivent figurer dans le détail d’une scène : Le garçon de théâtre a oublié d’apporter les accessoires. || Se dit aussi des petits rôles : Cet acteur joue les accessoires.

— Beaux-arts et littér. Parties qui ne tiennent pas essentiellement au sujet, mais qui servent à l’embellir : Certains peintres excellent dans la disposition des accessoires. L’artiste doit être extrêmement réservé dans l’emploi et le choix des accessoires. (Millin.) Il est difficile de n’être pas pris d’une espèce d’attendrissement à la peinture de la vie flamande, quand les accessoires en sont bien rendus. (Balz.) Dessin, couleurs, accessoires, tout dans cette enseigne est traité de manière à faire croire que l’artiste a voulu se moquer du marchand et du passant. (Balz.)

— Anat. Certaines parties qui en accompagnent d’autres pour leur servir d’auxiliaires : L’accessoire du sacro-lombaire. Les accessoires de l’œil sont les sourcils, les paupières, les voies lacrymales.

— Didact. Sciences accessoires, Branches de la médecine que l’on place au second rang, telles que la chimie, la physique, la botanique.

ACCESSOIREMENT adv. (ak-sè-soi-re-man — rad. accessoire). D’une manière accessoire : J’insisterai sur cette preuve, je ne donnerai les autres qu’accessoirement. (Acad.) Cet auteur, autour du sujet principal, a groupé accessoirement différentes questions. (Littré.)

ACCIACCATURA s. f. (att-chia-ka-tou-ra — mot ital. ; rad. acciacare, froisser, concasser). Mus. Espèce d’agrément d’exécution dans la musique instrumentale, et sur la nature duquel les auteurs ne s’entendent pas. Selon les uns, l’acciacatura consiste à frapper successivement et rapidement toutes les notes d’un accord, pour les faire mieux résonner ; selon les autres, à frapper dans un accord une ou plusieurs notes qui ne lui appartiennent pas ; d’après d’autres enfin, l’acciaccatura serait une appoggiature qu’il faut frapper presque en même temps que la note principale.

ACCIAJUOLI (Nicolas), grand sénéchal de Naples, né en 1310, mort en 1366 ; rendit d’importants services à la reine Jeanne 1re, et lui fut constamment dévoué.

ACCIAJUOLI (Renier) duc d’Athènes, neveu du précédent, reçut d’abord en fief, vers 1364, quelques seigneuries en Grèce, puis conquit sur les Catalans le duché d’Athènes, auquel étaient attachées Corinthe, Thèbes, Sparte et Argos. Démembrée par des partages, cette principauté fut définitivement ravie aux descendants de Renier par les Turcs, en 1456.

ACCIDENCE s. f. (ak-si-dan-se — du lat. accidens, dépendant). Philos. État, qualité de l’accident : Toutes les choses paraissent soumises à l’accidence.

ACCIDENT s. m. (ak-si-dan — du lat. accidens, part. prés. de accidere, advenir ; formé de ad, à, et cadere, tomber). Ce qui arrive par hasard, fortuitement : Votre arrivée fut un heureux accident. Le premier accident renversera tout cet édifice de philosophie et de fausse sagesse. (Mass.) Il y a des gens à qui la faveur arrive comme un accident. (La Bruy.) Il y a dans la marche de l’humanité quelque chose qui domine les accidents de la force ou du hasard. (Laurentio.) || Événement fâcheux, malheur inattendu : Les accidents imprévus étonnent les plus grands hommes. (Tacite.) On n’oserait pas vivrre si l’on songeait à tous les accidents dont la vie humaine est semée. (J.-J. Rouss.) Il n’y a pas d’accident si malheureux que les habiles gens ne tournent à leur avantage. (La Rochef.)

Mais nous ne verrons point de pareils accidents
Lorsque Rome suivra des chefs moins imprudents.
Corneille.

— Par ext. Hasard, à-propos : L’accident fait beaucoup en amour. (H. Beyle.) Les accidents heureux du talent n’appartiennent qu’à lui, et n’entrent pas dans le domaine commun. (Villem.)

— Incident, fait accessoire, circonstance particulière : L’allure principale d’une affaire entraîne avec elle tous les accidents particuliers. (Montesq.) L’esclavage dans la conquête est une chose d’accident. (Montesq.) La tyrannie dans un gouvernement monarchique est un accident. (Beauch.) Tout poëme où le merveilleux est le fond et non l’accident du tableau, pèche essentiellement par la base. (Chateaub.) La composition de l’or n’est pas le but, mais un accident de nos recherches. (Balz.) On se figure à tort que la petite propriété en France a été constituée dernièrement dans un jour de crise, qu’elle est un accident de la République. (Michelet.)