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rain. Le maréchal Mortier venait d’être accrédité comme envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire auprès de la cour de Russie.

ACCRÉDITER v. a. ou tr. (a-kré-di-té — rad. crédit). Mettre en crédit, en bonne réputation, inspirer la confiance : L’exactitude à payer est ce qui accrédite le plus les commerçants. (Acad.) || Donner de l’autorité, rendre vraisemblable : Le raisonnement démontre la vérité, mais il accrédite quelquefois l’erreur. (Portalis.) Rien n’accrédite plus les faux bruits que le silence. (B. Const.) Vous-même, vous aviez accrédité ce bruit. (Alex. Dum.)

— Fig. Mettre en vogue, propager : L’oisiveté engendre quelquefois les vices ; mais c’est l’ignorance qui les accrédite et les perpétue. (La Bruy.)

— Comm. Accréditer un commissionnaire, un voyageur, Leur ouvrir un crédit dans une maison de banque ou auprès d’un correspondant, pour une somme déterminée et quelquefois même illimitée.

— Chancell. Donner des lettres de créance : Oxenstiern fit Grotius ambassadeur de Suède et l’accrédita auprès de Richelieu. (Lerminier.) Demain, lord Strafford aura l’honneur de remettre à Sa Majesté les lettres qui l’accréditent en qualité d’ambassadeur extraordinaire près du sultan. (Journ.)

S’accréditer, v. pr. Obtenir du crédit, de l’influence, de la réputation : Ce marchand commence à s’accréditer. (Acad.) Il savait combien il lui était important, pour la conversion des fidèles, de s’accréditer dans leurs esprits. (Bourdal.) Ils n’emploient que trop souvent l’imposture pour s’accréditer dans l’esprit des peuples. (Barthél.)

— Fig. Se propager, obtenir créance : C’est ainsi que l’erreur se sera accréditée. (Volt.) Promulguées par le talent, accueillies par l’enthousiasme, les réformes se répandent, s’accréditent, passent d’une littérature dans une autre, et agissent sur les esprits et les mœurs bien des années avant d’être introduites par les lois. (Villem.)

. . . . On dirait que pour s’accréditer
La fable en sa naissance ait voulu l’imiter.
L. Racine.

Antonymes. Décréditer, discréditer.

ACCRÉDITEUR s. m. (a-kré-di-teur — rad. accréditer). Comm. Celui qui donne sa garantie en faveur d’un tiers pour une somme quelconque.

ACCRÉMENTITIEL, ELLE adj. (a-kréman-ti-si-èl — rad. accrémentition). Physiol. Nom donné par Burdach à un mode de génération que présentent un grand nombre de végétaux et d’animaux inférieurs, et qui consiste en ce qu’une partie organique se détache de l’individu par lequel elle a été formée et avec lequel elle ne faisait qu’un primitivement, pour constituer un nouvel individu et vivre d’une vie indépendante.

ACCRÉMENTITION s. f. (a-kré-man-ti-si-on — du lat. accrementum, accroissement). Physiol. Génération par accrémentition, Genèse d’éléments anatomiques se formant entre ceux qui existent déjà et semblables à eux, à l’aide d’un blastème fourni par les vaisseaux. C’est de cette façon que le nombre des éléments anatomiques augmente, et par conséquent que s’accroissent les divers tissus dont l’ensemble constitue un organisme.

ACCRESCENT, ENTE adj. (a-krèss-san, an-te — du lat. accrescens, qui croît). Bot. Se dit des parties de la fleur autres que l’ovaire, qui prennent de l’accroissement après la fécondation, comme dans les anémones et les clématites.

ACCRÊTÉ, ÉE adj. (a-krê-té — rad. crête). Qui est d’une fierté excessive : Cette fille était si accrêtée qu’elle n’eût point voulu traiter le roi de cousin. (G. Sand.) || Ce néologisme expressif, que l’auteur met dans la bouche d’un paysan, est pris par comparaison du coq, qui porte fièrement la crête.

ACCRÉTION s. f. (a-krè-si-on — du lat. accretio, accroissement). Action de croître, de se développer. Quelques auteurs expriment spécialement par ce mot l’accroissement par juxtaposition, dans les minéraux. (V. Accroissement.) || S’emploie aussi comme synonyme d’augmentation : L’accrétion du poids d’un corps. (Dict. de la Conv.)

ACCROC s. m. (a-kro — rad. croc). Déchirure faite par ce qui accroche, comme clou, épine, etc. : Les hommes raccommodaient les accrocs faits au décor. (G. Sand.) En dérangeant une énorme et pesante table de bois sculpté, j’ai fait un accroc au tapis. (A. Karr.) Elle est toujours occupée à ranger et à déranger son linge ; le moindre accroc fait sa douleur. (A. Houss.)

— Fig. Tache, souillure : Cette fille a fait un accroc à sa réputation. Tous deux avaient un même accroc à leur naissance. (Balz.) Il faut lui apprendre à ne pas faire d’accrocs à l’honneur d’un gentilhomme. (Mérimée.) Les moments où ils ne prient pas Dieu, ils les emploient à médire de nous, et font de rudes accrocs à notre renommée. (D.-Hinard.) || Fam. Obstacle, embarras, difficulté imprévue : Je ne prévoyais pas tous ces accrocs. Cette négociation allait bien, mais il est survenu un accroc.

— Manuf. Partie dépolie d’une glace.

ACCROCHAGE s. m. (a-kro-cha-je — rad. croc). Action d’accrocher, résultat de cette action : Cet accrochage a été fâcheux. (Legoarant.)

— Techn. Opération qui, dans la fabrication des châles, consiste à mettre la carte en contact avec le métier.

ACCROCHANT (a-kro-chan) part. prés. du v. Accrocher :

Nos braves s’accrochant se prennent aux cheveux.
Boileau.

ACCROCHANT, ANTE adj. (a-kro-chan, an-te — rad. croc). Qui sert à accrocher, à arrêter ; qui est muni d’aspérités crochues : Clou accrochant. Machine accrochante.

— Bot. Se dit des surfaces munies de petites aspérités : Tige accrochante.

ACCROCHE s. f. (a-kro-che — rad. croc). Agrafe, attache, croc. Peu usité.

— Fig. Difficulté, embarras : Il surviendra quelque accroche.

ACCROCHÉ, ÉE (a-kro-ché) part. pass. du v. Accrocher. Attaché, suspendu : Laine accrochée aux buissons, aux ronces du chemin. Quelques matelots nageaient dispersés sur le gouffre immense ; les autres se tenaient accrochés aux cordages. (Chateaub.) Une quantité de miniatures étaient accrochées à la cheminée. (E. Sue.) À l’arête d’un rocher était accroché le bonnet phrygien d’un des matelots naufragés. (Alex. Dum.) Vous les mangerez, s’écria-t-il en allant chercher son sabre accroché près d’une des croisées de la salle. (L. Gozlan.) Il avait trouvé un matin, accrochée au lit de sa femme, une montre anglaise. (H. Beyle.) || Absol. : Votre diamant est mal accroché, il va tomber. (Balz.) || Popul. Mis au mont-de-piété : Il y a quinze jours que sa montre est accrochée. Ah ! ah ! les bibelots sont accrochés ! (X. de Montépin.)

— Par ext. Pendu, pendant à : Je vous ai parlé d’un homme pendu à Kaleti : il y en avait une douzaine accrochés aux arbres près de mon camp, sur le bord de la rivière. (V. Jacquemont.) Il pensait que son fils pourrait demain être accroché à une de ces potences. (E. Sue.) On voyait encore flotter au loin quelques pans de brouillards accrochés aux rameaux dépouillés des grands arbres. (H. Castille.) || Arrêté brusquement par un obstacle quelconque : Robe accrochée à une ronce, à des épines. || Arrêté par suite d’un choc, d’une rencontre : Voitures accrochées au détour d’une rue. || Fam. Se dit d’un importun dont on ne peut se débarrasser : Cet homme est accroché à moi. || Attaché par quelque passion :

Mais aux hommes par trop vous êtes accrochées.
Molière

— Fig. Retardé, interrompu : Affaire, entreprise accrochée. Notre procès demeura accroché jusqu’à l’hiver suivant. (St-Sim.) Ma vie a été misérablement accrochée aux buissons de ma route. (Chateaub.)

— Loc pop. et prov. Être accroché à un clou par terre, Se dit, par plaisanterie, d’une chose qui est tombée et qui traîne à terre.

ACCROCHE-CŒUR s. m. (a-kro-che-keur). Petite mèche de cheveux lissée, bouclée et collée sur la tempe. C’est dans la toilette de la femme un accessoire séduisant, d’où son nom : Il trouva Catherine trônant déjà dans son fauteuil de cuir d’Irlande, les cheveux lissés et relevés, ses accroche-cœurs collés aux tempes. (X. Saintine.) Ses longs cheveux bruns, relevés sur les tempes, formaient, à la hauteur de ses petites oreilles nacrées, deux accroche-cœurs irrésistibles. (X. de Montépin.) Les Muses aux accroche-cœurs provoquants se drapaient dans des rideaux de calicot rouge. (Pigalle.) Des accroche-cœurs à suspendre les amours de toutes les Espagnes. (Th. Gaut.)

Sur mes nombreux adorateurs,
Dirigeons nos accroche-cœurs.
Festeau.
Ravivant les langueurs nacrées
De tes yeux battus et vainqueurs,
En mèches de parfum lustrées
Se courbent deux accroche-cœurs.
Th. Gautier.

En accroche-cœur, En forme d’accroche-cœur : Il avait les cheveux tournés en accroche-cœur sur les tempes, et un cachet de montre en cornaline sur le ventre. (A. Karr.) De leur tête pendaient deux nattes de cheveux que terminait une mèche aiguisée en accroche-cœur. (Th. Gaut.)

ACCROCHEMENT s. m. (a-kro-che-man — rad. croc). Action d’accrocher, de s’accrocher ; état d’une chose accrochée : L’accrochement de deux voitures.

— Fig. Difficulté, embarras : Il surviendra bien des accrochements avant que cette affaire soit terminée.

— Horlog. Vice de l’échappement qui fait arrêter une montre, une pendule.

ACCROCHER v. a. ou tr. (a-kro-ché — rad. croc). Attacher, suspendre à un croc, à un crochet, à un clou : Ce sont des tablettes en bois que l’on accroche à tous les coins de rue, la veille des exécutions. (Alex. Dum.) Un Italien qui aime un tableau l’accroche en face de son lit, pour le voir en s’éveillant. (H. Beyle.) Mon fils n’a pas voulu que le cocher descendit, et a mis pied à terre pour accrocher le trait. (Balz.) || Par ext. Pendre : La populace en furie se rua sur lui, puis l’accrocha à la lanterne. || Retenir par quelque pointe crochue : Une branche avait accroché le bas de son manteau. (G. Sand.) Occupée à dégager sa longue jupe des ronces qui l’accrochaient, elle avançait lentement. (G. Sand.) || Heurter, arrêter, en parlant de voitures : Cette charrette, si vous ne vous détournez, va accrocher votre cabriolet. Il conduisit son cheval comme s’il n’avait jamais mené ; il accrocha des voitures et il donna contre une borne dans la place Louis XV. (Balz.)

D’un carrosse en tournant il accroche une roue.
Boileau.


|| Saisir avec force : Il accrocha une branche pour ne pas tomber. Par les évolutions de leurs muscles, les reptiles accrochent les corps qu’ils rencontrent. (Fén.) || Entreprendre quelqu’un, l’arrêter quand il passe : Sa rivale n’avait pas manqué de l’accrocher de conversation. (Hamilt.) Je vois arriver mon valet avec un nouveau quidam qu’il vient d’accrocher. (Le Sage.) Son père l’accrocha au passage, et, l’amenant malgré elle, nous la présenta. (G. Sand.)

— Fam. et pop. Mettre au mont-de-piété : Il a accroché sa montre, ses bijoux, son linge.

— Fig. Retarder, susciter des obstacles : On a accroché cette affaire. || Attirer à soi ; obtenir par ruse, par adresse : Il a accroché une bonne place. En Italie, faire l’amour, ce n’est pas, comme à Paris, accrocher un regard ou un serrement de main. (H. Beyle.) Les filles suivaient volontiers la compagnie de cette belle, parce qu’il y pleuvait des garçons à choisir, et que de temps en temps elles y accrochaient un mari pour leur compte. (G. Sand.)

Nous ferons bien payer les dettes au bonhomme
Et nous accrocherons encore quelque somme.
Andrieux.


|| Gagner, contracter, recevoir par accident : Il a accroché une mauvaise fièvre en Afrique. Il a accroché là quelques bons horions.

— Mar. Aborder un vaisseau en y jetant des grappins.

— Horlog. Arrêter le mouvement d’une montre, d’une pendule.

S’accrocher, v. pr. Être retenu par quelque chose de pointu, de recourbé : Sa robe s’est accrochée à un bouton de cuivre de la calèche et s’est déchirée du haut en bas. (Balz.)

— Par ext. :

Les atomes erraient dans un espace immense
Déclinant de leur route, ils se sont approchés ;
Durs, inégaux, sans peine ils se sont accrochés.
L. Racine.


|| Se prendre par les roues : Les deux voitures se sont accrochées. || Se dit même des conducteurs : Deux routiers qui se sont accrochés se battent en s’invectivant. (A. Jallais.) || Se retenir, se cramponner à quelque chose : Il s’accrocha de la main au rebord de la croisée, il se laissa tomber du premier étage. (Alex. Dum.) Le frénétique rugit comme une bête féroce et s’accrocha aux grilles de son cabanon. (E. Sue.)

— Par anal. Tenir fortement à une chose, à une position :

Sitôt qu’à la tribune il s’était accroché,
Aucun pouvoir humain ne l’en eût détaché.
Andrieux.

— Fig. Poursuivre quelqu’un avec importunité ; s’attacher à lui, à sa fortune : Il ne savait où donner de la tête, il s’est accroché à ce grand seigneur. (Acad.) Les Flamands s’accrochaient aux Italiens pour plaire à la reine. (St-Sim.) Cette âme simple ne cherche qu’à s’accrocher à tout ce qui l’environne. (J.-J. Rouss.) Puis le baron, auquel il essaya de s’accrocher, le guettait du coin de l’œil, et l’évita constamment. (Balz.) || Dans ce sens, se dit aussi des choses : Vous pouvez croire qu’en agissant ainsi je veux m’accrochbr à l’affaire ; non, non, madame. (Balz.) Il s’accroche à ce mariage comme à une planche dans un naufrage. (Balz.)

S’accrocher à tout, Faire tous ses efforts pour se tirer d’affaire, au prop. et au fig. : Une personne qui se noie s’accroche à tout ce qu’elle trouve, même à des ronces et à des épines. (Boss.) L’amour-propre s’accroche à tout. (Boss.) Nous tenons à tout, nous nous accrochons à tout. (J.-B. Rouss.) Je m’ennuie, je m’accroche à tout ce que je peux. (Mme  du Deffand.)

— Mar. Se saisir avec des grappins d’abordage, en parlant des vaisseaux.

Antonyme. Décrocher.

ACCROCHEUR s. m. (a-kro-cheur — rad. croc). Ouvrier qui a pour fonction d’accrocher certains objets dans les travaux à la mécanique.

— Fam. Se dit d’une personne qui accroche, qui obtient quelque chose par ruse, par adresse : Un accrocheur d’argent.

— Techn. Outil qui sert à retirer les portions de sonde brisées dans le creusement des puits artésiens. || Cloche d’accrocheur, Écran conique qui n’est autre chose qu’un appareil à tarauder.

ACCROCHEUSE s. f. (a-kro-cheu-ze — rad. croc). Néol. Nom donné ironiq. à des femmes du demi-monde, qui conduisent elles-mêmes leur équipage sur les boulevards et au bois de Boulogne, et qui, peu habiles dans l’art de diriger un cheval, accrochent souvent les autres voitures.

ACCROIRE v. a. ou tr. (a-kroi-re — de a et de croire, pris dans un sens défavorable ; n’est usité qu’à l’infinitif, et toujours précédé du v. faire). Croire ce qui n’est pas vrai, ce qu’il ne faudrait pas croire : On lui fera accroire toutes choses, dès qu’elles seront à sa louange. (Bourdal.) Combien on fait accroire de choses au peuple ! (Fén.) Vous abusez une infinité de personnes, en leur faisant accroire que ces points sont essentiels à la foi. (Pasc.) Je le mène par le nez, et je lui fais accroire ce que je veux. (Regnard.) Je me hasarde à lui faire accroire des choses qui n’ont ni queue ni tête. (D.-Hinard.)

En faire accroire à quelqu’un, Lui en imposer, le tromper : Ce n’est pas à moi que vous en ferez accroire. (Le Sage.) Oh ! c’est un chapitre sur lequel vous ne nous en ferez pas accroire. (Ch. Nod.) Prêtez l’oreille aux scélérats, ils voudront vous en faire accroire. (H. Rigault.)

S’en faire accroire, v. pr. S’enorgueillir, présumer trop de soi-même, s’attribuer des qualités, des avantages que l’on n’a pas : Il a quelque mérite, mais il s’en fait accroire. (Acad.) O monde si fragile et si insensé ! est-ce à toi de t’en faire accroire ? (Fén.) Les hommes ont bien des manières de se vanter et de s’en faire accroire à eux-mêmes. (Ste-Beuve.)

On ne peut parvenir qu’on ne s’en fasse accroire.
La Chaussée.
Alors que le chef est absent,
Maître valet s’en fait accroire.
Voltaire.

ACCROISSANCE s. f. (a-kroi-san-se — rad. croissance). Augmentation :

L’amour est faible a sa naissance.
Mais le temps lui donne accroissance.
Desportes.

ACCROISSANT (a-kroi-san) part. prés. du v. Accroître.

ACCROISSEMENT s. m. (a-kroi-so-man — rad. accroître). Action de croître, de pousser ; augmentation de la masse d’un corps par l’agglomération de nouvelles molécules constituantes : L’accroissement des plantes. Plus ces membres croissent et se fortifient, plus le corps prend d’accroissement et acquiert de force. (Bourdal.) Les chiens prennent en moins d’un an leur accroissement en longueur. (Buff.) Chaque espèce a sa durée particulière d’ accroissement. (Flourens.) Les branches d’un grand arbre concourent pour constituer sa force et pour assurer son accroissement. (Biot.)

— Par ext. Augmentation, agrandissement en hauteur, en étendue, en poids : Comment pourrions-nous, sans ce secours, porter un si grand accroissement de fardeau ! (Boss.) Le Nil doit son accroissement à des nuages qui, retombant en pluie, occasionnent sa crue périodique. (Rayn.) || Augmentation en nombre : Il se produit un grand et soudain accroissement dans le nombre des petits propriétaires. (Ch. Dup.) || Augmentation de territoire, de fortune, de richesses, etc. : Les accroissements successifs de la Russie éveillèrent l’attention des puissances occidentales. Associez-vous les pauvres, partagez avec eux l’accroissement de votre fortune. (Mass.) L’accroissement général de la richesse implique la hausse permanente du salaire. (E. de Gir.) Le revenu ne peut s’accroître que par l’accroissement du fonds productif. (Proudh.) Le progrès populaire suppose avant tout l’accroissement de la production. (Mich. Chev.)

— Fig. et moral : Il n’y a chez les animaux ni accroissement ni diminution d’intelligence. (Chateaub.) Vous pouvez mesurer l’accroissement et la décadence des peuples sur la sévérité ou sur la dépravation de leurs mœurs. (Ségur.) Le protestantisme n’est pas l’accroissement du christianisme, il en est la diminution. (le P. Félix.)

Encycl. Hist. nat. L’accroissement est l’augmentation de volume et de poids que présentent les corps par suite de l’addition de nouvelles molécules à leur masse primitive. C’est un phénomène commun aux corps bruts et aux êtres organisés. Minéraux, végétaux, animaux, s’accroissent en certaines circonstances, et offrent aux yeux un semblable agrandissement. Mais le mode d’accroissement des minéraux est très-différent de celui des végétaux et des animaux. Le minéral s’accroît par juxtaposition, c’est-à-dire par la superposition extérieure de nouvelles couches. Cet accroissement, aussi nommé par accrétion, n’est déterminé que par des circonstances extérieures à l’être ; borné seulement par le hasard, il est illimité en étendue et en durée. Au contraire, le végétal et l’animal s’accroissent par intussuscéption, c’est-à-dire par absorption de matériaux qu’ils puisent dans le monde extérieur, et qu’ils assimilent et incorporent à leur propre substance. Ce mode d’accroissement, essentiellement actif, est soumis à des lois constantes et renfermé dans certaines limites pour l’étendue et la durée. Il y a deux différences essentielles entre l’accroissement des végétaux et celui des animaux : 1° L’accroissement des animaux présente, pour chaque espèce, bien moins de variations que celui des végétaux, parce qu’il est beaucoup plus indépendant des circonstances extérieures ; 2° le végétal s’accroît pendant toute la durée de sa vie, tandis que l’animal, après avoir acquis un certain volume, cesse de s’accroître. Les naturalistes reconnaissent que l’accroissement des êtres vivants est en général soumis aux deux lois suivantes : 1° la vitesse de l’accroissement est en raison inverse de l’âge ; 2° la vitesse et la durée de l’accroissement sont proportionnelles à la durée de la vie. Il est