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Sentencieux : Homme adagiaire. Expression adagiaire. || Vieux mot qui a été aussi employé substantiv. pour désigner un homme plaisant, facétieux : Un adagiaire.

ADAGIATI s. m. pl. (a-da-djia-ti — de l’ital. adagiato, qui prend, qui cherche, qui aime ses aises). Hist. litt. Nom que se donnaient les académiciens de Rimini.

ADAGIO adv. (a-da-jio). Mot italien signifiant à l’aise, posément, lentement, et qui se place au commencement ou dans le cours d’un morceau de musique pour marquer un mouvement lent de sa nature : Ce morceau doit être joué adagio. (Acad.)

— s. m. L’air, le morceau de musique lui-même : Un bel adagio. M. le duc de Richelieu dit que vous avez joué supérieurement, mais il trouve aussi que vous avez un peu trop mis d’adagios. (Volt.) La monotonie est le défaut ordinaire des adagios. (Millin.) Dans la symphonie, Beethoven a remporté la palme par ses sublimes adagios. (A. Elwart.)

— Fig. L’automne est un andante mélancolique, qui prépare admirablement le solennel adagio de l’hiver. (G. Sand.)

Antonymes. Allegro, presto.

ADALBÉRON, archevêque de Reims, chancelier sous Lothaire et Louis V, donna une impulsion puissante aux écoles de son diocèse, et sacra Hugues Capet en 987.

ADALBÉRON, évêque de Laon en 977, contribua à la révolution qui donna la couronne à Hugues Capet, en livrant à ce prince son compétiteur Charles de Lorraine. On a de lui un poème satirique (inséré dans le 10e vol. des Historiens de France) où l’on trouve de curieux détails sur les affaires du temps.

ADALBERT (saint — en langue germanique, homme noble), évêque de Prague, apôtre des Prussiens, né vers 940, en Bohême, prêcha l’évangile aux Hongrois, et fut martyrisé en Prusse (997). Il est honoré le 23 avril.

ADALGISE, fils de Didier, roi des Lombards, mort en 788, avait épousé une sœur de Charlemagne, fut vaincu par ce prince, contre lequel il soutint un siége dans Vérone.

ADALHARD, abbé de Corbie, était neveu de Pépin le Bref et cousin de Charlemagne, qui le nomma son délégué au concile de Rome, en 809. Il avait composé cinquante-deux sermons, dans lesquels il prêchait ouvertement que nobles et vilains devaient une égale obéissance aux lois. Cette hardiesse le fit exiler par Louis le Débonnaire dans l’île de Héro (Noirmoutier) ; mais sept ans après il fut rappelé à la cour. Il ne nous reste que des fragments de ses écrits.

ADALIA, l’Attalia des Romains, aujourd’hui Satalieh. V. ce dernier mot.

ADALIAH s. m. (a-da-li-a) Hist. mahom. Sectateur d’Ali. V. Adalite.

ADALIDE s. m. (a-da-li-de). Officier de justice militaire en Espagne.

ADALINGUE s. m. (a-da-lain-gue). Mot d’origine saxonne, qui signifie noble, et qui s’appliquait particulièrement aux fils des barons. || Chez les Anglo-Saxons, il désignait l’héritier présomptif de la couronne.

ADALITE adj. et s. (a-da-lite — mot arabe qui signif. partisan du bon droit). Hist. mahom. Nom des sectateurs d’Ali.

ADALSEINDE (sainte — mot qui, en langue scandinave, signifie jeune fille noble). Vierge qui vivait au viiie siècle. Elle est honorée dans les Pays-Bas le 24 décembre.

ADALY s. m. (a-da-li — du gr. adalès, qui n’est pas nuisible). Bot. Plante de la famille des verbénacées : Les Indiens regardent le suc de l’adaly mélangé à une petite quantité de poivre en poudre comme un antidote très-efficace contre les morsures du serpent à sonnettes. (Encycl.) || On écrit aussi adali.

ADAM. Suivant les Écritures, le premier homme. Dieu le forma à son image et du limon de la terre (adam signifie, dit-on, terre rouge). C’est par lui qu’il couronna l’œuvre de la création, après avoir tout préparé dans la nature pour y recevoir celui qui en devait être le roi. Il lui associa ensuite une compagne formée de sa chair, et le plaça dans le paradis terrestre, en lui défendant de toucher aux fruits du seul arbre de la connaissance du bien et du mal. Séduit par Eve, Adam désobéit à Dieu, qui le punit en le condamnant lui et sa postérité au travail et à la mort. Mais en étendant aux races futures la solidarité du péché originel, Dieu leur promit un rédempteur. Déchu de l’état d’innocence, chassé du paradis terrestre, condamné aux misères de la vie et aux angoisses de la mort, le père des races humaines erra sur la terre et mourut à l’âge de 930 ans, après avoir eu, entre autres enfants, Caïn et Abel, puis Seth et plusieurs filles.

— Le mot Adam entre dans plusieurs locutions proverbiales : Il se croit sorti de la côte d’Adam, Il se croit d’une très-haute origine. || Je ne le connais ni d’Eve ni d’Adam, Je ne le connais pas du tout. || Se servir de la fourchette du père Adam, Manger en se servant des doigts comme fourchette : En Orient, à ses repas, on ne se sert que de la fourchette du père adam. (Th. Gaut.) || Le vieil Adam, dans le langage de l’Écriture, L’homme en état de péché ; le nouvel Adam, L’homme en état de grâce, régénéré par le baptême ou par le sacrement de la pénitence.

— Par compar. Se dit d’une chose dont sont issues toutes les autres choses de même espèce : Le premier pied d’acacia ou plutôt de robinier qui parvint en Europe fut planté à Bruxelles dans le jardin de l’archiduc. Cet adam des robiniers est originaire de l’Amérique septentrionale. (Bory-St-Vinc.)

— Hortic. Variété de pomme tardive donnant un cidre fort, coloré et durable. || C’est aussi le nom d’une variété de rose blanche, obtenue par un horticulteur de Reims.

Adam (Légende d’). Ce drame rimé, le plus ancien monument connu de notre littérature dramatique, du moins en langue française, date du xiie siècle, et fut l’œuvre d’un poëte ignoré, sans doute un moine. Il nous montre admirablement ce qu’était notre théâtre à son origine : un simple enseignement religieux, accessible à tous les esprits. De plus, par une bonne fortune, on a retrouvé jointes au manuscrit des indications scéniques écrites en latin, et du plus haut intérêt pour l’histoire dramatique. La représentation du drame d’Adam avait lieu sur les places publiques, en plein air. Le sujet est le bonheur primitif et la chute de l’homme ; Adam est le héros de la pièce. On assiste dès le début à la joie et à la pure félicité de nos premiers parents dans le paradis terrestre ; vient ensuite Satan, dont la ruse et l’habileté échouent devant la fermeté d’Adam. Repoussé d’un côté, le mauvais se tourne vers la femme, et, pour la séduire, se fait doucereux et flatteur : « Elle a, dit-il, bien plus d’esprit et de raison que son mari, qui est un fou ; puis, elle est si belle qu’il lui siérait parfaitement d’être reine ; et qu’y a-t-il à faire pour cela ? rien que mordre dans un fruit délicieux. » Le démon s’éloigne ensuite et la laisse, à demi convaincue, seule avec son mari. Celui-ci blâme sa compagne de s’être entretenue avec l’esprit du mal ; mais Eve le raille doucement, cueille un fruit, le lui montre, l’entame et le lui fait goûter. À peine Adam a-t-il cédé à la tentation, que sa faute lui apparaît ; il se couvre de feuillage et se cache pour éviter la vue de Dieu ; mais le Seigneur irrité l’appelle ainsi que sa coupable épouse, les maudit et les chasse tous deux du paradis, se réservant toutefois la miséricorde.

Nous assistons ensuite à la nouvelle condition des époux, travaillant la terre à la sueur de leur front, au milieu des ronces et des épines que font croître dans leurs champs les démons impitoyables, qui finissent par les entraîner eux-mêmes dans l’enfer. La deuxième partie offre l’histoire de Caïn et d’Abel, divisée en deux épisodes : le sacrifice et le meurtre ; après quoi les diables entraînent les deux frères dans l’enfer, Caïn à grands coups de bâton, Abel avec les plus grands égards. Le troisième acte est une sorte d’épilogue dans lequel les prophètes viennent chacun à leur tour prononcer une prophétie, et s’en vont ensuite en compagnie des démons ; les principaux de ces personnages sont Abraham, Moïse, portant les Tables de la loi ; Aaron, habillé en évêque ; David et Salomon, en rois ; Balaam, monté sur son ânesse ; Daniel, Habacuc, Isaïe, et enfin Nabuchodonosor, qui vient raconter l’histoire des trois jeunes Hébreux jetés au feu par son ordre et miraculeusement sauvés. Ce drame, exhumé d’un manuscrit de la bibliothèque de Tours, et publié en 1854 par M. Luzarches, ne semble pas s’être perpétué dans notre littérature ; mais s’il n’a pas eu son existence particulière, il s’est enchâssé dans les représentations des mystères et de la passion, auxquelles il a toujours depuis servi de prologue, se pliant avec ces grossières ébauches aux modifications de la langue. On remarque que, dans ces différents mystères, Eve est toujours fort maltraitée par les légendaires.

ADAM DE BRÊME, chroniqueur allemand du xie siècle, chanoine à Brême en 1067, connu par une Histoire ecclésiastique des Églises de Hambourg et de Brême (de 788 à 1072), précieuse pour l’abondance des renseignements sur la propagation du christianisme dans le nord de l’Europe. La première édition est de Copenhague (1579).

ADAM, abbé de Perseigne (vers 1180), prêcha en France la quatrième croisade. Il a laissé vingt-huit lettres intéressantes pour l’étude des mœurs du temps. Elles ont été publiées par Baluze et dom Martène. Il a prononcé, en outre, un grand nombre de sermons ; quelques-uns, relatifs à la Vierge, ont été imprimés sous le titre de Adæ abbatis Perseniæ … sermones (Rome, 1662, in-8o).

ADAM DE LA HALLE, trouvère d’Arras. V. La Halle (Adam de).

ADAM D’ORLETON, prélat anglais, né à Herefort vers 1285, mort en 1375. Il fut successivement évêque de sa ville natale, puis de Worchester, et enfin de Winchester. D’un esprit intrigant et factieux, il prit une part active aux troubles qui agitèrent le règne du faible Edouard II et mourut aveugle et peu regretté. Les historiens rapportent à son sujet une anecdote qui offre un trait caractéristique de l’esprit du temps et rappelle le fameux oracle de la sibylle à Pyrrhus. Consulté par les conspirateurs qui servaient les vues ambitieuses et cruelles d’Isabelle, femme d’Édouard, pour savoir s’il convenait de tuer ce malheureux prince, le prélat répondit par cette phrase amphibologique : Edwardum occidere nolite timere bonum est, qui, suivant les repos que l’on observe dans l’énonciation de ces mots, présente cette double signification. « Ne tuez pas Édouard, il est bon de craindre ; » ou : « Ne craignez pas de tuer Édouard, c’est une bonne action. »

ADAM (Jean), jésuite, né à Limoges en 1608, mort en 1684. Il prêcha à la cour sous la régence d’Anne d’Autriche, et n’obtint que peu de succès, ce qui fit dire à un courtisan que « le Père Adam n’était pas le premier homme du monde. »

ADAM (Jacques), né à Vendôme en 1663. Il fut associé aux travaux de l’abbé Fleury, lui succéda à l’Académie, et devint le précepteur du fils du prince de Conti. Il a laissé une traduction d’Athénée qui n’a pas été inutile aux traducteurs qui sont venus après lui.

ADAM (Lambert-Sigisbert), statuaire, né à Nancy en 1700, mort en 1759. Ses principales productions sont la Seine et la Marne (pour la cascade de Saint-Cloud) ; Neptune calmant les flots ; Neptune et Amphitrite (à Versailles). Cet artiste distingué sacrifia cependant au goût du temps en cherchant à exprimer avec la statuaire des effets que la peinture seule peut rendre.

Son frère et son émule, Nicolas-Sébastien (1705-1778), est connu par son Prométhée, et surtout par son Mausolée de la reine de Pologne, épouse de Stanislas (église du Bon-Secours, près de Nancy).

ADAM (Robert), architecte écossais, né en 1728 près d’Édimbourg, mort en 1792. Il a élevé à Edimbourg, à Glasgow et à Londres, un grand nombre de constructions. Sa Description des ruines du palais de Dioclétien, à Spalatro (Dalmatie), est très-estimée, et elle est précédée d’une introduction savante sur l’architecture romaine.

ADAM (Alexandre), savant écossais, né en 1741, mort en 1809 ; auteur d’une excellente Grammaire latine, d’un Abrégé des antiquités romaines (trad. en fr. 1818), et d’une petite Biographie classique.

ADAM (Edouard-Jean), chimiste manufacturier, né à Rouen en 1768, mort en 1807. Il est connu par une découverte pour la distillation des vins. Il mourut ruiné à la suite des nombreux procès qu’il eut à soutenir contre ses contrefacteurs.

ADAM (Jean-Louis), pianiste compositeur, né dans le Bas-Rhin vers 1760, mort à Paris en 1848, apprit la musique sans maître, vint à Paris où il se fit connaître avantageusement par de charmantes compositions, et fut nommé en 1797 professeur au Conservatoire de musique. Il a formé une foule d’excellents élèves. Parmi ses ouvrages, qui obtinrent un légitime succès, on cite : Méthode ou principe général du doigté ; Méthode de piano ; des quatuors d’Haydn et de Pleyel arrangés pour le piano, etc. Il est le père d’Adolphe Adam, le populaire auteur du Chalet et du Postillon de Longjumeau.

ADAM (Adolphe-Charles), fils du précédent, un de nos plus féconds et de nos plus charmants compositeurs de musique dramatique, né à Paris en 1803, mort en 1856. Il apprit la composition sous Boïeldieu, vécut longtemps dans le dénûment et l’obscurité, aborda le théâtre par des airs de vaudeville, et obtint en ce genre des succès de vogue et de popularité qui lui ouvrirent enfin les portes de l’Opéra-Comique (1829). Ses productions se multiplièrent alors avec rapidité, tant sur les scènes lyriques de Paris que sur les théâtres de Londres, de Berlin et de Saint-Pétersbourg. Sa facilité charmante a nui peut-étre un peu à l’élévation et à la perfection de ses œuvres, qui se distinguent d ailleurs par la grâce brillante, l’élégance et l’esprit, plutôt que par le caractère et l’énergie. Les plus remarquables et les plus applaudies sont : le Chalet (son chef-d’œuvre) (1834), le Postillon de Longjumeau (1836), Pierre et Catherine (1829), le Proscrit, Une Bonne Fortune, le Fidèle berger (1837), le Brasseur de Preston (1838), la Reine d’un jour, etc. Ruiné par l’insuccès du Théâtre-Lyrique, qu’il avait fondé à Paris, et pour lequel il composa Si j’étais roi, le Bijou perdu, la Poupée de Nuremberg, etc., il fit, dans ses dernières années, de la critique musicale dans les journaux. Il était membre de l’Institut depuis 1844, et professeur au Conservatoire.

ADAM BILLAUT, plus connu sous le nom de Maître Adam, menuisier de Nevers, poète et chansonnier, né au commencement du xviie siècle, mort en 1662. Ses poésies, libres inspirations d’un génie inculte, mais original, le contraste de ses occupations manuelles et de son talent poétique, la gaieté franche et populaire de ses refrains, sa verve et son naturel, lui donnèrent de son temps une vogue dont le souvenir n’est pas encore effacé. Richelieu lui fit une pension, le grand Condé le protégea, Corneille écrivit son éloge, Voltaire le compta parmi les écrivains du grand siècle, et l’on poussa l’engouement jusqu’à le décorer du titre pompeux de Virgile au rabot, qu’il n’avait certes pas ambitionné. Un poëte de la cour lui fit ce quatrain :


Ornement du siècle où nous sommes,
Vous n’aurez rien de moi, sinon
Que pour les vers et pour le nom,
Vous êtes le premier des hommes.

Il avait publié ses poésies en trois recueils, qu’il intitula, par allusion à son métier : les Chevilles, le Vilebrequin, le Rabot. M. Pissot a donné, en 1806, un choix de ses œuvres. Il en existe une édition complète. Nevers, 1844, gr. in-8o, fig.

On ne peut nier que les vers de Maître Adam n’aient tiré leur plus grand relief du contraste de son état ; il y a dans ces vers de l’incorrection, du mauvais goût et des pointes ridicules. Il y avait certainement du poète dans le menuisier, mais il y avait plus encore du menuisier dans le poëte. Tout le monde connaît sa chanson, restée si populaire :


Aussitôt que la lumière
Vient redorer nos coteaux,
Je commence ma carrière
Par visiter mes tonneaux.
Ravi de revoir l’aurore,
Le verre en main, je lui dis :
Vit-on sur la rive more
Plus qu’à mon nez de rubis ?

Voltaire avait une prédilection marquée pour ce rondeau, si souvent cité :


Pour te guérir de cette sciatique
Qui te retient, comme un paralytique,
Entre deux draps, sans aucun mouvement,
Prends-moi deux brocs d’un fin jus de sarment,
Puis, lis comment on le met en pratique :
Prends-en deux doigts, et bien chauds les applique
Sur l’épiderme où la douleur te pique,
Et tu boiras le reste promptement
          Pour te guérir.

..............

Sur cet avis ne sois point hérétique,
Car je te fais un serment authentique,
Que si tu crains ce doux médicament,
Ton médecin, pour ton soulagement,
Fera l’essai de ce qu’il communique
          Pour te guérir.

Un autre artisan, Ragueneau, pâtissier bourguignon, lui adressa un sonnet qui finissait par cette pointe :


Tu souffriras pourtant que je me flatte un peu :
Avecque plus de bruit tu travailles sans doute,
Mais, pour moi, je travaille avecque plus de feu.

ADAM-LE-ROI. V. Adenez.

ADAM (pic d’), montagne de l’île de Ceylan, visible à plus de 120 kil. C’est l’un des plus célèbres pèlerinages des bouddhistes, qui accourent de tous les pays pour contempler l’empreinte qu’y laissa Bouddha lorsqu’il visita l’île de Ceylan. Selon les chrétiens du pays, on y conserve l’empreinte du pied d’Adam.

ADAMA, une des cinq villes brûlées avec Sodome et Gomorrhe, dont les ruines ont été retrouvées par M. de Saulcy, en 1850.

ADAMAGIER v. a. ou tr. (a-da-ma-ji-é). Causer du tort, du dommage. Vieux.

ADAMANTE s. f. (a-da-man-te — du gr. damazò, je dompte). Herbe d’Arménie et de Cappadoce, à laquelle les anciens attribuaient la propriété de dompter les lions et d’adoucir leur férocité. On dit aussi adamantis.

ADAMANTÉE, nourrice de Jupiter, sans doute la même qu’Amalthée.

ADAMANTIN, INE adj. (a-da-man-tain — gr. adamantinos, dur, solide). Minér. Qui a la dureté et l’éclat du diamant.

Spath adamantin, Nom donné autrefois à une variété de corindon. On croyait à tort la poudre de spath capable d’user le diamant. || Couche ou croûte adamantine des dents, L’émail dentaire.

— Par anal. et moralem. Se dit de tout ce qui est dur et insensible : Cœur adamantin.

...... Change mon encre en fiel,
Mets autour de mon cœur l’armure adamantine.

ADAMANTIS s. f. V. Adamante.

ADAMASTOR (le géant), ou le Géant des Tempêtes, personnage fictif des Lusiades (V. ce mot). Camoëns suppose qu’au moment où Vasco de Gama va franchir le cap des Tempêtes, appelé depuis cap de Bonne-Espérance, un géant, le gardien de ce cap, se dresse devant lui pour l’empêcher d’aller plus loin. Les épopées grecques ou latines n’ont pas de création plus poétique. « Le soleil avait déjà reparu cinq fois sur l’horizon depuis que nous avions quitté cette côte, et, poussés par un vent favorable, nos vaisseaux fendaient majestueusement les mers, lorsqu’au milieu de la nuit un nuage effrayant parut tout à coup sur nos têtes et nous glaça d’effroi. Les ondes mugissaient comme si elles se brisaient sur quelque noir rocher. « Puissance suprême ! m’écriai-je, de quoi nous menaces-tu ? Quel nouveau prodige vas-tu nous offrir ? » Je n’avais pas achevé de parler, que nous vîmes s’élever du sein des flots un fantôme épouvantable. Sa taille était gigantesque, ses membres égalaient en grandeur l’énorme colosse de Rhodes, l’une des sept merveilles du monde ; son front était chargé d’orages, sa barbe hérissée, ses yeux étincelants, son regard horrible, sa chevelure épaisse et limoneuse. L’effroyable son de sa voix paraissait sortir des entrailles de l’abîme. Nous frissonnâmes tous d’épouvante, nos cheveux se dressèrent d’horreur, et le spectre fit entendre ces mots : « O peuple le plus téméraire de tous les peuples ! puisque tu as franchi les bornes jusqu’alors inaccessibles aux mortels ; puisque tu oses braver les mers que je garde depuis si longtemps, et qui n’avaient pas encore porté de vaisseaux ; puisque tu as voulu sonder les secrets de la nature et de l’humide élément, secrets qu’il n’a jamais été donné à aucun mortel de pénétrer, apprends de moi les maux qui te sont réservés pour prix de ton audace. Tous les navires qui parcourront après toi la route que tu viens de leur montrer rencontreront ici un ennemi implacable, qui déchaînera contre eux les vents et les tempêtes. Je ferai un exemple à jamais terrible de la première flotte qui passera près de ces rochers, et je signalerai ma vengeance sur celui qui le premier m’est