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nière absolue cet accord irrégulier de l’adjectif ; mais il est plus sage de l’éviter au moyen de la répétition du substantif avant ou après chaque adjectif.

— Lorsqu’un adjectif sa rapporte en même temps à plusieurs substantifs, on met ordinairement cet adjectif au pluriel : À Rome, les affranchis s’inoculaient l’orgueil et l’égoïsme romains. (Nisard.) Pour le genre, on met l’adjectif au masculin, à moins que tous les substantifs auxquels il se rapporte ne soient féminins sans une seule exception. Cependant les bons auteurs se permettent souvent de ne faire accorder l’adjectif qu’avec le substantif le plus proche, quand il s’agit de choses inanimées : Elle trouvait une noblesse et une grandeur étonnante dans ce jeune homme. (Fén.) L’ordre et l’utilité publique ne peuvent être le fruit du crime. (Mass.) Mais il est toujours plus prudent de suivre la règle générale.

— L’adjectif en rapport avec plusieurs mots s’accorde seulement avec celui dont il est le plus rapproché, dans les trois cas suivants :

1° Quand les mots qualifiés sont synonymes, c’est-à-dire quand ils sont considérés comme ayant à peu près la même signification : César avait un courage, une intrépidité extraordinaire ;

2° Quand les mots qualifiés sont placés par gradation : Un jour, une heure, une minute est quelquefois suffisante pour décider de la fortune d’un homme ;

3° Quand ces mots sont séparés par la conjonction ou : On construit ces piliers en fer ou en fonte très-dure.

Cependant, on devrait mettre l’adjectif au pluriel dans ce dernier cas, si l’emploi du nombre singulier produisait une incertitude de sens ; ainsi, Buffon a dû dire : Les Samoyèdes se nourrissent de chair ou de poissons crus, parce qu’autrement on aurait pu croire que le poisson seul est cru quand les Samoyèdes le mangent. On demande pour cet emploi un homme ou une femme âgés.

— L’adjectif précédé de deux noms unis par comme, de même que, aussi bien que, ainsi que, etc., s’accorde en général avec le premier : L’autruche a la tête, ainsi que le cou, garnie de duvet. (Buff.)

— L’adjectif devient adverbe et reste alors invariable quand il sert à modifier la signification d’un verbe ou celle d’un autre adjectif : Vos sœurs chantent juste. Ces fleurs sentent bon. Des arbres clair-semés, etc.

— Les adjectifs de couleur sont généralement invariables quand ils sont suivis d’un autre adjectif ou d’un complément qui les modifie sous le rapport de la nuance, parce qu’alors ils sont employés substantivement au masculin singulier : Des cheveux châtain clair ; des étoffes bleu de ciel ; c’est-à-dire d’un châtain clair, d’un bleu de ciel. Il en est de même quand le mot gros, placé avant l’adjectif, modifie la nuance de la couleur : Des draps gros bleu. Si quelques-uns des adjectifs relatifs aux couleurs exigent des observations particulières, on trouvera ces observations à la suite des adjectifs eux-mêmes.

— Lorsque l’adjectif est placé après le complément d’un substantif, on le fait accorder avec le substantif ou avec Ie complément, selon que la qualification exprimée convient mieux à l’un ou à l’autre : on dira donc : Des bas de coton écru, parce que la qualité d’écru convient mieux au coton qu’aux bas ; on dira, au contraire : Une table d’acajou très-massive, parce qu’alors massif signifie épais, et l’idée d’épaisseur convient mieux à la table qu’à l’acajou. Mais si l’on prenait massif dans le sens opposé à plaqué, comme cette qualification conviendrait mieux à l’acajou, au bois dont la table est faite qu’à la table même, on dirait alors : Une table d’acajou massif. Lorsque la qualification convient également bien au substantif et à son complément, on fait accorder l’adjectif à peu près indifféremment avec l’un ou l’autre, ou plutôt on le fait accorder avec celui auquel on juge le plus important de rapporter la qualification : Des bas de laine bleus, attire l’attention sur la couleur des bas ; Des bas de laine bleue, fait penser à l’opération de teinture qu’a subie la laine.

— Dans les adjectifs composés, c’est-à-dire formés de plusieurs mots réunis par le trait d’union, le premier mot reste invariable quand il ne sert qu’à modifier le second : Des enfants nouveau-nés ; des arbres clair-semés. Mais si le premier mot qualifie directement le substantif, aussi bien que le second, ils varient l’un et l’autre : Des paroles aigres-douces ; des enfants sourds-muets. Plusieurs adjectifs composés seront aussi l’objet de remarques particulières, qu’on trouvera à leur ordre alphabétique.

— Pour l’adjectif verbal, voir la note sur le participe présent.

Complément des adjectifs. V. Complément.

Syn. Adjectif, attribut, épithète. L’adjectif est indispensable ; il détermine et circonscrit l’idée ; l’épithète n’est qu’utile. Si je dis : L’homme sage est libre dans les fers, sage est un adjectif, qui, supprimé, rendra la phrase vague et confuse. Mais si je dis : La pâle mort, la nuit obscure, je puis retrancher les mots pâle et obscure, sans altérer la pensée ; ce sont des épithètes. Quant à l’attribut, c’est une expression qui n’est en usage que dans l’analyse logique. Dans Dieu est bon, bon est l’attribut de la proposition.

ADJECTIF, IVE adj. Qui a rapport à l’adjectif, qui est de la nature de l’adjectif : Forme adjective. Expression adjective. Locution adjective.

Verbe adjectif ou attributif, Nom que l’on donne au verbe composé de l’auxiliaire être et d’un adjectif ou attribut. Tels sont tous les verbes transitifs : Aimer, finir, recevoir, rendre, pour Être aimant, être finissant, être recevant, être rendant.

— Chim. Couleurs adjectives, Couleurs que l’on ne peut fixer sur une étoffe qu’à l’aide d’autres substances.

ADJECTION s. f. (ad-jèk-si-on — du lat. adjectio ; de adjectus, ajouté). Jonction de deux corps.

ADJECTIVÉE, ÉE (ad-jèk-ti-vé) part. pass. du v. Adjectiver. Pris comme adjectif, employé adjectivement.

ADJECTIVEMENT adv. (ad-jèk-ti-ve-man — rad. adjectif). Gramm. Comme un adjectif, à la manière d’un adjectif : Ce mot s’emploie quelquefois adjectivement. (Acad.)

ADJECTIVER v. a. ou tr. (ad-jèk-ti-vé — rad. adjectif). Gramm. Prendre dans un sens adjectif : Adjectivez le substantif, pour donner plus de force et d’expression à votre pensée. (Mercier.)

S’adjectiver, v. pr. Être pris adjectivement : Tous les substantifs ne sont pas susceptibles de s’adjectiver.

ADJEM s. m. (ad-jèmm — mot ar. qui signifie étranger). Nom que les Arabes donnent aux autres peuples, de même que les Juifs les appelaient Gentils, les Grecs Barbares, et les anciens Indiens Mlétcha. || On dit aussi agem et agemi.

ADJEMIR, l’une des villes saintes de l’Indoustan anglais, ch.-lieu du district de ce nom, à 350 kil. S.-O. de Delhi ; 25,000 hab. Dans les environs, belles ruines d’un palais impérial. Adjemir renferme le tombeau de Kodjah Moyen-Ed-Dyn, un des plus grands saints de l’Inde. Les pèlerins y affluent de toutes parts ; les prêtres attachés à ce tombeau sont au nombre de onze cents.

ADJEMIOGLAN ou ADJEMOGLAN s. m. (mots turcs qui signifient fils d’Adjem). Nom donné autrefois en Turquie aux janissaires, ou plutôt à la jeune garde de ce corps d’élite.

ADJOIGNANT (ad.-joi-gnan — gn. mll.) part. prés. du v. Adjoindre : Que gagneront-ils en adjoignant cet homme à leur société ?

ADJOINDRE v. a. ou tr. (ad-jouain-dre — lat. adjungere ; de ad, à ; jungere, joindre. — J’adjoins, tu adjoins, il adjoint, nous adjoignons, vous adjoignez, ils adjoignent. J’adjoignais, nous adjoignions. J’adjoignis, nous adjoignîmes. J’adjoindrai, nous adjoindrons. J’adjoindrais, nous adjoindrions. Adjoins, adjoignons, adjoignez. Que j’adjoigne, que nous adjoignions. Que j’adjoignisse, que nous adjoignissions. Adjoignant. Adjoint, adjointe). Associer une personne à une autre pour un travail, une affaire : Il ne pouvait suffire seul à un emploi si fatigant, on fut obligé de lui adjoindre quelqu’un. (Acad.) On adjoignit à chacun des consuls cinq légats ayant les pouvoirs proconsulaires. (Mérim.) Le chef de l’État, quel que soit son titre, n’est que le mandataire du peuple, qui lui adjoint pour conseil d’autres mandataires, les députés. (Proudh.) || Joindre, ajouter une chose à une autre : En Syrie, on songea peu à la lune, et c’est évidemment à la planète Vénus que les légendes vulgaires adjoignirent le soleil. (Val. Parisot.) Il me fallut adjoindre au nom de Moréna, que le maire et le curé s’obstinaient à regarder comme un nom de famille, le prénom d’Anna. (G. Sand.)

S’adjoindre, v. pr. Se donner un associé, un aide, un collègue, etc. : Me sera-t-il permis de m’adjoindre quelqu’un pour l’exécution ? (Balz.) Cet établissement sera sous la surveillance du conseil municipal, qui s’adjoindra M. le curé comme président. (Balz.) À cet effet, il s’adjoignit le valet de l’un des convives de son maître. (Alex. Dum.)

— Par plaisanterie, se dit en parlant des animaux : Elle s’adjoignit pour garde du corps un grand chien loup horriblement hargneux. (G. Sand.)

— Dans ces différents cas, le pronom personnel se renferme la prép. à, et est complément indirect. Mais il est complément direct, quand il signifie Adjoindre soi-même, c’est-à-dire s’associer, se joindre à : Il s’était adjoint à des touristes qu’il avait rencontrés. Avec les chemins de fer, ce coquillage, rapidement transporté, est venu s’adjoindre dans toute sa fraîcheur à ces bivalves. (Journ.)

ADJOINT, OINTE (ad-jouain, ouain-te) part. pass. du v. Adjoindre. Qui supplée, qui remplace : Administrateur adjoint. Professeur adjoint. Institutrice adjointe. Dans le jury, il y a trois jurés adjoints.

— s. m. Celui qui est associé à un autre pour l’aider dans son travail, dans ses fonctions : Adjoint au trésorier. Adjoint à l’inspection. Adjoint au génie. Il ne veut pas d’adjoint, il veut être seul. (Acad.) Cachons bien tous deux notre intelligence, pour qu’on ne mette pas à la porte notre fidèle adjoint. ( Le Sage.)

— Par ext. et fam. Remplaçant :

Nous craignons de nous voir quelque jour un adjoint.
— Un adjoint ? Qu’est cela ? — Ce mot n’est pas moderne.
Un adjoint, c’est, ma chère, un mari subalterne ;
C’est un vice-gérant, un blondin favori,
Qui prend en tapinois la place du mari.
Destouches.

Proprem. Officier municipal qui, dans chaque commune, remplace le maire en cas d’absence ou d’empêchement : Le maire ne savait pas lire et avait pour adjoint un métayer qui demeurait hors de la commune. (Balz.) Je suis l’adjoint de ma commune, et je ne fais pas mes actes sur du vélin. (G. Sand.) Enfin le meunier des Aigues, adjoint du maire, et ses garçons, venaient à ce cabaret. (G. Sand.) || Dans ce sens, et plus souvent d’une manière ironique, on dit adjointe pour désigner la femme de l’adjoint : Madame Etienne releva son tablier et offrit son bras, sur lequel la grosse adjointe s’appuya avec reconnaissance. (P. FévaI.)

Adjoints supplémentaires, Adjoints établis dans les localités séparées du chef-lieu de la commune par la mer ou tout autre obstacle, et remplissant dans ces lieux les fonctions d’officier de l’état civil.

— Autrefois, Officier établi spécialement pour la confection des enquêtes, et pour contrôler le commissaire qui présidait à l’enquête.

Adjoints à l’intendance, Sorte d’adjoints revêtus du grade le moins élevé du corps de l’intendance, et qui devaient être employés immédiatement sous les ordres des sous-intendants. || Adjoints réviseurs, Dans l’ancien parlement de Flandre, Magistrats qui étaient chargés de la révision d’un procès, conjointement avec les juges dont la décision était attaquée.

— Gramm. On appelle adjoints certains mots qui accompagnent la proposition sans en faire partie, et qui ne servent qu’à donner au style plus de mouvement : Les adjoints sont ordinairement des interjections et des vocatifs (Dumarsais.)

— Rhét. Circonstance accessoire, secondaire, dans le discours.

ADJONCTIF s. m. (ad-jonk-tif — du lat. adjunctus, adjoint). Gramm. Mot employé dans le même sens que adjoint.

ADJONCTION s. f. (ad-jonk-si-on — lat. adjunctio, même sens ; formé de ad, à ; jungere, joindre). Association d’une personne à une autre pour l’aider dans ses travaux : L’adjonction de ces deux commissaires fait bien espérer de son affaire. (Acad.) Il renouvelait lui-même les compresses, et ne voulait admettre l’adjonction d’aucun médecin. (Alex. Dum.) || Admission d’une personne dans un corps savant, une compagnie, une société, etc. : Une adjonction de vingt pairs de France donna la majorité au ministère. Cette académie s’est illustrée depuis par l’adjonction successive de plusieurs noms éclatants. (Lamart.) || Réunion d’une province, d’une ville, à un État : Sous Louis XI, la France s’agrandit de l’adjonction de la Bourgogne.

— Administ. Jonction d’une nouvelle classe d’individus à la classe déjà établie par la loi : La commission a admis la plupart des adjonctions proposées par le gouvernement. (Journ.) Sous Louis-Philippe, la question de l’adjonction des capacités au corps électoral fut vivement débattue.

— Linguist. Addition : L’alphabet universel ne différait de l’alphabet particulier que par quelques adjonctions. (Ch. Nod.) Le g acquiert une propriété particulière par l’adjonction de la nasale n, ainsi qu’on le lit dans Charlemagne. (Ch. Nod.)

— Gramm. Figure par laquelle plusieurs membres de phrases sont liés de telle sorte qu’un mot déjà exprimé dans l’un soit sous-entendu dans l’autre. Ex. :

Un précepte est aride, il le faut embellir ;
Ennuyeux, l’égayer ; vulgaire, l’ennoblir.
Delille.

L’expression technique pour désigner cette sorte d’ellipse est le mot zeugme ou zeugma.

— Chem. de fer. Voitures d’adjonction, Voitures supplémentaires.

ADJOUR s. m. (ad-jour — fr. à et jour). Anc. prat. Assignation à comparaître en justice.

ADJUDANT s. m. (a-dju-dan — du lat. adjuvare, aider). Officier adjoint à un autre pour l’aider dans ses fonctions.

Adjudant-major, Officier chargé de tous les détails du service, de la direction des manœuvres, ainsi que de l’instruction des sous-officiers et caporaux de son bataillon. || Adjudant sous-officier, Sous-officier chargé de l’instruction des caporaux, et qui a l’autorité et l’inspection immédiate sur les sous-officiers pour tout ce qui a rapport au service et à la discipline. || Adjudant de place, Officier chargé de tout ce qui concerne le service dans une ville de guerre.

Encycl. Art milit. L’armée française a eu des adjudants généraux ou des adjudants commandants ; elle a encore des adjudants de place, des adjudants-majors et des adjudants sous-officiers. L’emploi d’adjudant général fut créé en 1790. Les adjudants généraux étaient spécialement chargés de reconnaissances militaires, de la direction des travaux topographiques, de la transmission aux différents corps des ordres des généraux, etc. À partir du 17 messidor an viii, ils s’appelèrent adjudants commandants ; depuis 1815, colonels d’état-major. Les emplois actuels d’adjudant de place, d’adjudant-major et d’adjudant sous-officier, datent, les deux premiers, de 1791, et le dernier, de 1776. Les adjudants de place sont chargés de tous les détails de service d’une place, et quelquefois du commandement particulier d’un fort. Les adjudants-majors transmettent les ordres aux capitaines du bataillon et aux officiers de semaine, surveillent la police et la discipline du régiment, etc. Les adjudants sous-officiers sont sous les ordres des adjudants-majors ; ils ont l’autorité, l’inspection immédiate sur tous les sous-officiers, non-seulement pour tout ce qui a rapport au service et à la discipline, mais encore pour leur tenue, leur conduite privée et leur instruction. Ils doivent être choisis parmi les sergents ou maréchaux des logis. Un bon adjudant ne doit durer que trois ans, disent les soldats : on ne saurait mieux peindre les fatigues de cet emploi. — Depuis 1840, il existe des adjudants d’administration des hôpitaux militaires, des adjudants d’administration de l’habillement et du campement, et des adjudants d’administration des subsistances militaires.

ADJUDICATAIRE s. (ad-ju-di-ka-tè-re. — du lat. adjudicare, adjuger). Celui, celle à qui on adjuge une chose dans une vente aux enchères, ou au rabais dans une soumission : Un philosophe trouvait sous Séjan moins d’adjudicataires qu’un cuisinier. (Dider.)

— S’empl. adjectiv. : Les administrateurs ne peuvent pas se rendre adjudicataires des biens des communes. (Encycl.) Le banquier venait de se rendre adjudicataire d’une importante entreprise, et avait lancé, selon l’usage, ses prospectus dans les journaux. (Scribe.) Je viens de me rendre adjudicataire de votre maison. (Etienne.)

— Anc. administ. Particulier au nom duquel le bail des droits était passé, et dont les fermiers généraux demeuraient caution : adjudicataire des aides, des fermes, des gabelles.

ADJUDICATEUR s. m. (ad-ju-di-ka-teur — du lat. adjudicare, adjuger). Officier public chargé de faire les adjudications, soit dans les enchères publiques, soit au rabais par soumissions cachetées.

ADJUDICATIF, IVE adj. (ad-ju-di-ka-tif, ive — rad. adjudication). Se dit des choses qui concernent, qui se rattachent à une adjudication : Arrêt adjudicatif. Jugement adjudicatif. Sentence adjudicative.

ADJUDICATION s. f. (ad-ju-di-ka-si-on — lat. adjudicatio, même sens ; formé de adjudicare, adjuger). Acte judiciaire ou administratif par lequel on adjuge ou attribue une chose à un individu : Adjudication volontaire. Adjudication forcée ou judiciaire. Adjudication administrative. Il vient d’obtenir l’adjudication d’un chemin de fer. (Alex. Dum.) Je remarquai, placardée à la porte du château, une affiche jaune annonçant prochainement l’adjudication d’une petite coupe de bois. (Balz.)

Encycl. On entend par adjudication un marché fait avec publicité et concurrence, et qui diffère en cela des marchés faits de la main à la main. On distingue l’adjudication à l’enchère et l’adjudication au rabais ; la première, qui peut avoir pour objet la vente d’un immeuble, un bail à terme, etc. ; la seconde, qui est employée pour une fourniture à faire, une entreprise à exécuter, etc. Dans la première, l’adjudicataire est celui qui offre le plus haut prix ; dans la seconde, celui qui se contente du plus bas. Dans l’un et l’autre cas, il s’agit pour l’adjudicateur d’obtenir des concurrents les conditions les plus avantageuses possibles. Les adjudications, au point de vue de la forme, doivent être distinguées en adjudications à l’extinction des feux, et adjudications sur soumissions cachetées. Dans les premières, les concurrents viennent faire publiquement et verbalement leurs offres à un jour marqué, et les élèvent successivement en renchérissant les uns sur les autres, jusqu’à ce que l’un d’eux l’emporte définitivement sur ses rivaux. La durée de l’enchère est limitée au moyen de petites bougies qu’on fait brûler l’une après l’autre ; ces bougies ne durent pas plus d’une minute ; l’adjudication n’est close que lorsque trois bougies ont brûlé sans qu’il se produise de nouvelles offres. Dans la seconde forme d’adjudication, chaque concurrent n’a qu’une seule offre à faire ; il l’apporte par écrit dans un papier soigneusement plié et cacheté, qu’il remet entre les mains de ceux qui président à l’adjudication. À une heure fixée, tous les papiers sont ouverts, et les offres lues devant tous les concurrents ; celui d’entre eux qui a fait l’offre la plus haute, ou la demande la moins forte, demeure adjudicataire. Les adjudications sont volontaires, ou judiciaires, ou administratives. L’adjudication volontaire est la vente que fait aux enchères un individu, soit de ses immeubles, soit de ses meubles, sans y être contraint par les poursuites de ses créanciers. L’adjudication judiciaire ou forcée est celle qui a lieu par une décision de la justice ; avant 1841, elle comprenait deux adjudications : l’une préparatoire, l’autre définitive. La première avait pour but d’accorder un dernier délai au débiteur, tout en augmentant la publicité pour la seconde. Les adjudications administratives sont celles qui sont ouvertes par les administrations publiques. Elles sont employées pour les ventes d’immeubles appartenant à l’État, aux départements et aux communes, pour les ventes des coupes de bois de l’État, pour les fournitures, travaux publics, travaux des communes et établissements publics, pour les baux de fermage et de location de propriétés communales et départementales, etc. — Dans toute adjudication, sous quelque forme qu’elle se fasse, la concurrence est toujours possible : c’est cette possibilité