Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’administration et le mouvement social en sa personne. (Chateaub.)

— Absol. Science, manière de gouverner un État, d’administrer : L’administration est une science positive, toute d’expérience et d’observation. Celui-là n’est pas propre à l’administration publique, qui ne saurait administrer sa maison. (Plutarque.) Je suis convaincu que notre salut dépend aujourd’hui beaucoup plus de l’administration que des lois. (Chateaub.) Un gouvernement vaut ce que vaut son administration. (E. de Gir.) || Le gouvernement, considéré dans son action administrative : L’administration a pris des mesures sévères. L’administration vient d’intimer de nouveaux ordres aux préfets.

— Corps d’administrateurs chargés de quelque branche particulière du service public : L’administration des douanes, des contributions indirectes. Je sollicitai et j’obtins un emploi dans l’administration des postes. (G. Sand.) Il espérait être nommé secrétaire général d’une administration. (Balz.) || Lieu où travaillent les administrateurs : Aller à l’administration. Il demeure à l’administration. || Temps pendant lequel on exerce les fonctions d’administrateur : Il n’a fait que du bien pendant son administration. Pendant le cours entier de mon administration, je n’ai fait entrer le deuil dans aucune famille d’Athènes. (Périclès.) Solon réduisit à dix ans l’administration des archontes. (Boss.)

Administration publique, Ensemble des pouvoirs qui, soit au centre de l’État, soit dans chaque département, arrondissement, canton, etc., sont chargés de l’exécution des lois. || Conseil d’administration, Réunion de personnes chargées de faire observer les lois, les statuts d’une société, d’une entreprise, dont elles font partie. || Administration de la justice, Exercice de la justice, avec autorité publique : Les guerres civiles, pendant les minorités, ont d’ordinaire pour prétexte les abus qui se commettent dans l’administration de la Justice. (Trév.)

— Méd. Action de faire prendre un remède : Il serait dangereux de provoquer le vomissement par l’administration d’un vomitif quelconque. (Marjolin.)

— Relig. cathol. Administration des sacrements, du dernier sacrement. Action de conférer à un mourant le viatique et l’extrême-onction : On ne lui permit de s’arrêter que le temps nécessaire à l’administration du dernier sacrement. (Chateaub.)

Encycl. Dans le langage politique, le mot administration s’applique à cette partie du pouvoir exécutif qui comprend dans ses attributions la répartition des impôts, l’emploi des deniers publics, la surveillance et la protection des établissements consacrés aux arts, aux sciences et à l’instruction publique, l’établissement des usines, l’ouverture et l’entretien des routes, ponts et canaux, la conservation des fleuves et des rivières, l’embellissement des villes, tout ce qui touche au commerce et à l’industrie, la création, l’organisation, l’entretien et le mouvement de la force armée, la police, les mesures de sûreté et de conservation générale. On peut envisager l’administration sous deux points de vue principaux : 1° la mission qu’elle doit accomplir, l’étendue et les limites de ses attributions, en un mot les fonctions administratives ; 2° les organes de ces fonctions, c’est-à-dire les divers corps chargés d’administrer. La détermination des travaux que l’intérêt général et le respect de la liberté prescrivent ou interdisent de comprendre dans la mission des administrations publiques constitue l’une des questions les plus importantes et les plus difficiles de l’économie politique. Une administration qui touche à tout atteint dans sa source l’initiative individuelle, principe de tout progrès. D’un autre côté, une administration trop unifiée, trop centralisée, se réduit à une sorte de mécanisme. Ainsi deux excès sont à éviter dans l’administration : l’excès d’ingérence, qui à force de régler l’activité sociale la tue et qui ne laisse pas de place à la liberté des administrés ; et l’excès d’organisation, qui ôte toute indépendance aux fonctionnaires, qui en fait, comme on a dit, les âmes damnées du pouvoir central. « L’administration, dit M. Macarel, est l’action vitale du gouvernement, et sous ce rapport, elle en est le complément nécessaire ; il est la tête, elle est le bras de la société. » On peut croire que les choses n’en iraient pas plus mal si ce bras était moins long, et l’on peut désirer qu’il devienne moins facilement un instrument de luttes politiques. On distingue en France les administrations civile, judiciaire, ecclésiastique, financière, forestière, des ponts et chaussées, de l’assistance publique, etc. Notre administration civile forme aujourd’hui une triple hiérarchie : 1° l’administration communale, qui comprend le maire, les adjoints, le conseil municipal ; 2° l’administration départementale, qui comprend le préfet, les sous-préfets et te conseil de préfecture ; 3° l’administration centrale, qui comprend les ministres, ie conseil d’État et l’empereur.

Syn. Administration, gouvernement, régime. Le gouvernement est la forme politique établie dans un État : Un gouvernement est le centre des intérêts de la plupart des hommes. (Mme  de Staël.) Le régime est l’ordre, la règle à laquelle on est soumis : Ils vivaient sous un régime paternel. (Acad.) L’administration est la direction des affaires selon les principes du gouvernement : Le roi lui confie l’administration d’une de ses plus grandes provinces. (D’Aguess.)

ADMINISTRATIVEMENT adv. (ad-mi-ni-stra-ti-ve-man — rad. administratif). D’une manière administrative, d’après les règles de l’administration : L’établissement de nouvelles usines et fabriques a nécessairement amené des oppositions d’intérêt et de droit qu’il faut régler administrativement. (Cormen.) Administrativement parlant, la rive gauche comptait autrefois trois arrondissements. (E. Robert.)

ADMINISTRÉ, ÉE (ad-mi-ni-stré) part. pass. du v. Administrer. Gouverné, régi : Département bien, mal administré. Les pauvres ont plus intérêt que les riches à ce que l’État soit bien administré. (J.-B. Say.) Il prouvait qu’un arrondissement devait être administré par dix hommes, une préfecture par douze au plus. (Balz.)

— Par ext. Nourri, entretenu : Les deux chevaux, administrés avec une sordide économie, coûtaient l’un dans l’autre huit cents francs par an. (Balz.) || En parlant des choses, Réglé, dirigé : Nous pouvons obtenir du régule de fer sans instruments ni marteaux, par le seul effet d’un feu bien administré, et soutenu longtemps au degré nécessaire pour épurer la fonte. (Buff.)

— Méd. Donné, employé : Un purgatif administré à tort.

— Fam. et ironiquem. Appliqué : Cinquante coups de bâton vigoureusement administrés.

— Relig. cathol. Conféré : L’extrême-onction lui a été administrée. || Se dit en parlant du malade qui a reçu les derniers sacrements : Elle me dit que sa maîtresse avait été administrée par le curé pendant la journée. (Balz.)

— Substantiv. Se dit du citoyen par opposition à l’administration : Le maire était au milieu de ses administrés. Une administration qui ne réside pas auprès de ses administrés ne saurait soigner leurs intérêts avec vigilance. (J.-B. Say.) Ils pouvaient se passer du suffrage de leurs administrés, et leurs administrés ne pouvaient se dispenser de leur complaire. (G. Sand.)

ADMINISTRER v. a. ou tr. (ad-mi-ni-stré — lat. administrare, même sens ; formé de ad, à ; ministrare, servir). Gouverner, régir les affaires publiques ou particulières : Il est bon de veiller sur des enfants, sur des domestiques, sur toute une famille, d’en administrer les biens et d’en ménager les intérêts. (Bourdal.) Un bon souverain gouverne son État et administre ses finances comme un bon père de famille gouverne sa maison et administre son bien. (Grimm.) Ai-je besoin de connaître un plan dont l’esprit est d’administrer la France avec six mille employés au lieu de vingt mille ? (Balz.) Madame, dit Popinot, quand M. d’Espar vous quitta, ne vous donna-t-il pas une procuration pour gérer et administrer vos biens ? (Balz.) Le mari, comme chef de la communauté, doit administrer la fortune de sa femme. (Mme  Romieu.)

— Absol. : Tous les hommes ne sont pas nés pour administrer. Administrer, c’est mettre la capacité de l’homme aux prises avec la difficulté de l’obstacle. (E. de Gir.)

Sous un prince adoré, tout fleurit, tout prospère ;
S’il commande en monarque, il administre en père.
Lefranc de Pompignan.

Administrer la justice, Rendre la justice. || Par anal. : Il n’y a que les gens de bien qui sachent administrer les lois. (J.-J. Rouss.) || Administrer des titres, des preuves, des témoins, Les produire en justice.

— Relig. cathol. Conférer : Administrer le baptême, l’extrême-onction. Il n’eut pas même la conscience de ce qui se passait autour de lui quand on lui administra les sacrements. (Balz.) Fils et pontife à la fois, Bossuet, mêlant les prières et les larmes, administra lui-même les sacrements à la mort de son père. (Lamart.) || Elliptiq. Administrer quelqu’un, Lui conférer les derniers sacrements, le viatique et l’extrême-onction : Qui de nous voudrait, pendant les rigueurs de l’hiver, être réveillé au milieu de la nuit, pour aller administrer au loin le moribond expirant sur la paille ? (Chateaub.) Les paysans s’agenouillèrent dans la cour pendant que l’abbé administrait le vieux guerrier breton. (Balz.)

— Méd. Faire prendre, donner à un malade : Administrer un vomitif, un purgatif. La décoction d’absinthe, par son extrême amertume, jouit de propriétés vermifuges fort énergiques ; on l’administre le matin à jeun. (Trousseau.)

— Fam. et ironiq. Appliquer : Administrer des coups de canne. Il vendra ses chevaux à quelque simple vizir d’Orient, qui remplira son trésor en administrant des coups de bâton sur la plante des pieds de ses sujets. (Alex. Dum.) En Chine, la bassesse est si grande, les idées d’honneur si inconnues, que le bourreau est un des intimes, un des grands officiers du souverain, qui fait administrer sous ses yeux des coups de gaule à ses courtisans. (Fourier.)

S’administrer, v. pr. Être gouverné : Les sept provinces unies s’administraient par un stathouder qui s’appelait Orange ou Namur. (V. Hugo.) || S’appliquer à soi-même : Je me serais volontiers administré des coups de bâton, si j’avais pu me dédoubler. — Fam. Se servir, prendre : Les chevaliers avaient quelque chose de militaire dans leur pose ; ils s’administraient les morceaux avec dignité. (Brill.-Sav.) Que toutes ces personnes s’administrent un bon demi-litre de chocolat ambré, et elles verront merveilles. (Brill.-Sav.)

— Méd. Être prescrit, donné : Les tisanes médicamenteuses ne devraient s’administrer que dans des cas exceptionnels. (Maquel.)

Syn. Administrer, conduire, diriger, gérer, gouverner, régir. Gérer, c’est rendre productif par le développement : Le peuple, qui a assez de capacité pour se faire rendre compte de la gestion des autres, n’est pas propre à gérer par lui-même. (Montesq.) Régir, c’est gouverner une chose pour la conserver : Régir une succession par autorité de justice. Diriger, c’est établir une certaine distribution, un certain ordre que l’on est chargé de maintenir : Catherine dirigea l’État selon ses vices. (Anquetil.) Administrer, c’est être chargé d’objets d’une haute importance, comme les finances ou la justice d’un État : Un bon souverain gouverne ses États et administre ses finances comme un bon père de famille gouverne sa maison et administre son bien. (Grimm.) Conduire, c’est montrer de la sagesse et de l’habileté dans le maniement des affaires : Y eut-il jamais un homme plus sage et plus prévoyant qui conduisît une guerre avec plus d’ordre et de jugement ? (Fléch.) Gouverner, c’est administrer les affaires politiques d’un pays : Les Crétois n’avaient plus de roi pour les gouverner. (Fén.)

ADMINISTRERESSE s. f. (ad-mi-ni-stre-rè-se). Anc. prat. Femme qui avait l’administration des biens de ses enfants mineurs.

ADMIRABLE adj. (ad-mi-ra-ble — lat. admirabilis, même sens ; formé de admirari, admirer). Qui excite l’admiration : Le spectacle admirable des cieux. Dieu est admirable en toutes ses œuvres et singulièrement admirable dans ses saints. (Boss.) La nature est admirable dans ses plus frêles productions. (Virey.) La nécessité incessante du travail est le côté admirable de notre société. (Guizot.) La variété infinie des choses de cet univers est aussi admirable que l’ordre constant qui y règne. (De Ségur.) Le jury est une admirable institution et le rempart des libertés publiques. (J. Favre.)

Ciel, pavillon de l’homme, admirable nature,
       Salut pour la dernière fois !        Gilbert.
Vastes cieux, qui cachez le Dieu qui vous a faits ;
Terre, berceau de l’homme, admirable palais !
Lamartine.

— Par ext. Excellent, parfait : Je me trompe fort, ou la beauté de ce diamant fera pour vous sur son esprit un effet admirable. (Mol.) L’âne a les yeux bons et l’odorat admirable. (Buff.) Les femmes ont un admirable instinct de défiance. (Balz.)

Ah ! c’est un beau joueur, un joueur admirable ;
Sitôt qu’il est assis, on fait cercle à sa table.
C. Delavigne.

— Iron. Singulier, étrange, étonnant : Vous êtes admirable de venir ici nous contrôler. Ils sont admirables de vouloir prendre le parlement pour dupe. (Pasc.) Le détour est bon, et l’excuse admirable. (Mol.) Vous êtes un homme admirable de vous laisser si aisément persuader ces bagatelles ! (St-Evrem.)

— Substantiv. Voilà qui surpasse l’admirable. L’admirable en tout ceci, c’est que

— s. f. Hortic. Variété de pêche plus fine que l’espèce ordinaire. || Variété de rose originaire de la Provence.

ADMIRABLEMENT adv. (ad-mi-ra-ble-man — rad. admirable). D’une manière admirable, étonnante : Femme admirablement belle. Les Romains savaient profiter admirablement de ce qu’ils voyaient dans les autres peuples de commode. (Boss.) L’Angleterre crée admirablement la richesse, elle la répartit mal.(V. Hugo.)

— Très-bien, parfaitement : Il montait admirablement à cheval, et excellait dans tous les exercices qui exigent de la force, de la vigueur. (Mérimée.) Celle coiffure, presque semblable à un casque, sied admirablement à cette physionomie noble, triste et douce. (Th. Gaut.)

— Ironiq. Les femmes mentent admirablement en France. (Balz.)

Ces deux adverbes joints font admirablement.
Molière.

— Par exag. Se prend quelquefois pour Beaucoup, extrêmement : J’ai dormi admirablement. (Mme  de Sév.) On lui servit à dîner, et il mangea admirablement. (F. Soulié.)

— Peut se joindre à un autre adverbe, qui alors est explétif : Alexandre se servit admirablement bien de la discipline contre le nombre. (Montesq.) Elle était admirablement bien habillée. (Balz.) Elle était grande, belle et admirablement bien faite. (Balz.)

ADMIRANT (ad-mi-ran) part. prés. du v. Admirer : C’est en admirant les belles actions qu’on apprend à les imiter.

Les peuples admirant cette vertu sublime,
Voudront toujours pour prince un roi si magnanime.
Racine.

ADMIRANT, ANTE adj. (ad-mi-ran, an-te — rad. admirer). Qui marque, qui exprime l’admiration : Je vois encore sa mine admirante et spirituelle, qui ne laisse point croire que son admiration soit fille de l’ignorance. (Mme  de Sév.) La souplesse, la bassesse, l’air admirant, dépendant, rampant, étaient les uniques voies de plaire à Louis XIV. (St-Sim.)

ADMIRATEUR, TRICE s. (ad-mi-ra-teur, tri-se — lat. admirator, même sens ; formé de admirari, admirer). Celui, celle qui admire : La vertu a cela d’heureux qu’elle se suffit à elle-même et qu’elle sait se passer d’admirateurs. (La Bruy.) Qu’il est rare d’être les censeurs sévères et incommodes de nos admirateurs ! (Mass.) Ce ne sont point des admirateurs que j’ambitionne, mais des amis indulgents. (B. de St-P.) L’admirateur trompé devient un critique implacable. (Boiste.) La vertu trouve plus d’admirateurs que d’imitateurs. (Boiste.) Soyons modérés dans nos opinions, indulgents dans nos critiques, sincères admirateurs de tout ce qui mérite d’être admiré. (Chateaub.) Vous êtes ma première admiratrice, mademoiselle ; prenez ce groupe, il est à vous ! (Balz.) || Modifié par un adj., il peut se prendre en mauvaise part : Les grands admirateurs sont pour l’ordinaire de sottes gens. (St-Evrem.)

Notre siècle est fertile en sots admirateurs.
Boileau.

— S’empl. quelquefois adjectiv. :

…Ces cris enivrants qu’un peuple admirateur
Élève en son transport vers un libérateur.
Arnault.

ADMIRATIF, IVE adj. (ad-mi-ra-tif, i-ve — du lat. admirari, admirer). Qui exprime, qui marque l’admiration : Ton admiratif. Exclamations admiratives. Geste admiratif. La traduction de madame Dacier est soutenue de remarques utiles, les unes historiques, les autres admiratives. (Mercure de Fr.) La baronne avait aimé son mari, comme Joséphine a fini par aimer Napoléon, d’un amour admiratif. (Balz.) J’avoue que je ne puis me défendre pour cette femme d’un sentiment admiratif, sur lequel Gobseck me plaisante encore. (Balz.) || Peut se mettre avant le substantif si l’analogie le permet : C’était l’expression d’une admirative tendresse pour celui qu’elle regardait comme noble. (Balz.)

— En parlant des personnes, signifie quelquefois, Qui admire tout, que tout jette dans l’admiration : Ils deviennent peu à peu admiratifs. (Desc.) On est toujours sûr de l’approbation d’un auditoire patagon, parce que ce peuple est essentiellement admiratif, à cause de sa grande innocence. (Ch. Nod.)

— Littér. Genre admiratif, Se dit des ouvrages de poésie et d’éloquence qui ont particulièrement pour objet d’exciter l’admiration : Corneille est supérieur dans le genre admiratif.

— Gramm. Point admiratif ou point d’admiration, Signe de ponctuation qui se place après une phrase exprimant l’étonnement, l’admiration, etc. On le nomme plus souvent point d’exclamation. || Particule admirative, Particule qui sert à marquer l’admiration, comme oh ! ah ! etc.

ADMIRATION s. f. (ad-mi-ra-si-on — lat. admiratio, même sens ; de admirari, admirer). Sentiment qu’éprouve l’âme quand elle est frappée par les caractères du beau : Exciter, s’attirer l’admiration. Être saisi, ravi d’admiration. Je suis dans l’admiration de son génie. Mouvement, transport d’admiration. Souvenez-vous de l’admiration que la princesse donnait à toute la cour. (Boss.) Ils paraissaient pleins d’admiration pour Protésilas. (Fén.) Une montre est une machine infiniment moins digne d’admiration que la moindre partie du corps humain. (Fén.) L’admiration, même sincère, indispose, dès qu’elle est exagérée. (Palissot.) Notre admiration commence à se refroidir.(Barthél.) L’admiration est une surprise pleine de respect. (Vauven.) Tout dans Richelieu imprime l’étonnement et commande l’admiration. (Fontanes.) L’admiration est un sentiment que l’on se confie réciproquement et qu’on aime à goûter en commun. (Alibert.) L’admiration est le signe d’une raison élevée et d’un noble cœur. (V. Cousin.) L’amour est une admiration qui ne se lasse jamais. (Balz.) Je ne sais pas de plaisir plus divin qu’une admiration nette, distincte et sentie. (Ste-Beuve.) La critique déplace l’admiration, mais ne la détruit pas. (Renan.) La science est la première condition de l’admiration sérieuse. (Renan.)

C’est à nous de répondre à l’admiration
Que Rome en expirant conserve à notre nom.
Voltaire.

|| S’empl. aussi au plur. : On tient à ses vieilles admirations. Je hais les admirations fondées sur des contes. (St-Evrem.) Ils étaient peu habitués à se rencontrer dans les mêmes admirations. (Mignet.) Un nouveau changement de mœurs détruira-t-il nos admirations d’aujourd’hui ? (Th. Gaut.) Le difficile est très-bien porté ; on s’en pique, on a des admirations de vanité. (Ste-Beuve.)

— Par ext. L’objet même qu’on admire ; dans ce sens, il s’emploie presque toujours au pluriel  : C’est une de mes plus vives admirations. (Raym.) La génération actuelle a bien envie de railler nos anciennes admirations. (Th. Gaut.)

Être l’admiration de, faire l’admiration de, Être admiré par : Les Psaumes seront l’admiration de tous les siècles et de tous les peuples où le vrai Dieu sera connu. (Fén.) Toute la cour fut dans l’admiration de la magnificence de ce présent. (Hamilt.) Ses ouvrages font l’admiration de tous ceux qui sont capables d’en juger. (P.-L. Cour.)

— Gramm. Point d’admiration, Signe de ponctuation que l’on met après une expression ou une phrase qui exprime l’admiration, l’étonnement : Le lendemain, je reçus une lettre mouillée de ses larmes, un chef d’œuvre de quatre pages, avec point d’admiration, virgules crispées. (***) || On dit aussi point d’exclamation ou point exclamatif.