Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/191

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cave tourné vers le ciel, et l’autre en dessous de ce même miroir.

ÆTHUSE s. f. (é-tu-ze — du gr. aithussò, j’enflamme). Bot. Genre de plantes de la famille des ombellifères, tribu des orthospermées, composé d’une seule espèce, l’æthuse ache des chiens (æthusa cynapium), appelée vulgairem. petite ciguë, par allusion à l’âcreté de son suc.

Encycl. L’æthuse ache des chiens, ou petite ciguë, fleurit de juillet à octobre ; elle est commune dans les lieux cultivés ; on la trouve assez souvent, dans les jardins potagers, mélangée avec le persil, qui, au premier abord, lui ressemble beaucoup et avec lequel il serait dangereux de la confondre, parce qu’elle exerce une action vénéneuse sur l’homme. Elle se distingue du persil par ses involucelles à folioles longues, linéaires, réfléchies et déjetées en dehors. Les bestiaux la mangent sans inconvénient, mais ne la recherchent pas ; elle est, dit-on, un poison pour les oies.

AÉTIENS s. m. pl. (a-é-si-ain — rad. Aétius). Hist. relig. Sectaires, disciples d’Aétius. On les appelle plus ordinairement Anoméens, parce qu’ils niaient non-seulement que le Verbe fût consubstantiel, mais encore qu’il fût d’une nature semblable à celle du Père.

ÆTITE s. f. (è-ti-te — du gr. aetos, aigle). Minér. Variété de peroxyde de fer hydraté, ou d’ocre jaune, qu’on rencontre assez abondamment en France, près de Trévoux et aux environs d’Alais. L’ætite, ou pierre d’aigle, se présente en masses globuleuses de la grosseur d’un œuf, renfermant assez souvent un noyau central détaché et mobile. Son nom vient de l’opinion très-ancienne que les aigles portaient cette pierre dans leur nid pour faciliter la ponte. Cette ridicule croyance avait fait attribuer à l’ætite des propriétés thérapeutiques merveilleuses, pour faciliter les accouchements.

AÉTIUS (a-é-si-uss), général romain, né en Mœsie vers la fin du ive siècle, m. en 454. Élevé dans les gardes du palais, donné en otage à Alaric, il parvint sous Valentinien aux plus hautes dignités militaires, et troubla l’État par ses rivalités avec Boniface. Il n’en fut pas moins l’un des derniers soutiens de l’empire d’Occident, combattit dans les Gaules les Francs et les Bourguignons ; et quand les hordes sauvages d’Attila franchirent le Rhin, fut assez habile pour précipiter contre elles toutes les peuplades germaniques campées dans les Gaules. Secondé par Théodoric et Mérovée, il écrasa Attila aux champs catalauniques, et sauva ainsi la Gaule romaine de la dévastation (451). Mais cette victoire fut sa perte : jaloux de sa gloire et de sa puissance, le lâche Valentinien III l’attira dans son palais et l’assassina de sa propre main.

AÉTIUS (a-é-si-uss), médecin du ve siècle, né à Amida en Mésopotamie. Il était chrétien et médecin à la cour de Constantinople. On a de lui, sous le titre de Tetrabiblos, une vaste compilation, qui est comme le résumé des connaissances médicales à cette époque. Il a copié principalement Hippocrate, Galien et Dioscoride.

AÉTOMA ou AÉTOS s. m. (a-é-to-ma, a-é-toss — du gr. aetos, aigle). Antiq. Chez les Grecs, le tympan du fronton ; quelquefois même le fronton entier. « L’origine de ce nom est incertaine. Comme le mot aétos signifie un aigle, a-t-on commencé par orner le faîte des édifices de la figure d’un aigle ? ou bien y a-t-on parfois placé cette image à cause de la ressemblance du nom ? L’opinion qui s’appuie sur l’une ou l’autre supposition est également vraisemblable. » (Abbé Bourassé.)

ÆTON Myth. Un des chevaux de Pluton.

AÉTOS s. m. (a-é-toss — du gr. aetos, aigle). Ornith. Genre d’oiseaux établi dans le groupe des buses.

AF, préfixe, formé de la prép. lat. ad, dont le d se change en f devant les mots commençant par f. || Tous les mots qui commencent par af prennent deux f ; excepté afin, Afrique, africain, et quelques autres très-peu usités, ainsi que des noms propres. La petite ville de Saint-Affrique, chef-lieu d’arrondissement dans l’Aveyron, prend deux f. || Dans l’intérieur des mots, f de af ne se redouble pas ; tels sont les mots agrafe, bafouer, balafre, cafard, carafe, estafette, girafe, tafia, etc. excepté les mots gaffe, piaffer, naffe, mafflé ou mafflu, pataraffe, syraffite et taffetas, qui s’écrivent par deux f.

AFABUAR s. m. (a-fa-bu-ar). Chez les anciens Islandais, Porte-enseigne qui se tenait sur le tillac du vaisseau et commandait aux soldats. Choisi parmi les plus braves, il était chargé de porter la parole aux ennemis.

AFAKITE s. m. ( a-fa-ki-te). Hist. relig. Chez les Arabes, Croyant qui n’est pas habitant de La Mecque.

AFATONIER s. m. (a-fa-to-ni-é). Bot. Un des noms vulgaires du prunellier.

AFER (Domitius), orateur latin, né à Nîmes, l’an 16 av. J.-C., mort l’an 59 de l’ère chrétienne. Quintilien le place au rang des grands orateurs. Mais il prostitua son éloquence et joua le rôle de délateur sous Tibère, Caligula, Claude et Néron. Il ne reste de lui que quelques fragments.

AFF. T. d’argot. V. Affe.

AFFABILITÉ s. f. (a-fa-bi-li-té — lat. affabilitas, même sens). Qualité d’une personne affable ; courtoisie, bienveillance ; manières douces, avenantes : Avoir de l’affabilité. Villeroy avait concilié la grandeur avec l’affabilité. (Mass.) L’affabilité du souverain relève l’éclat et la majesté du trône. (Mass.) Une douce affabilité nous rassurait contre son rang. (Mass.) Son affabilité avec ses amis ne connaissait pas de bornes. (Arnault.) Il met de l’affabilité et même de la mollesse où son prédécesseur avait fait paraître une fierté inflexible. (Volt.) Il faut quelque habitude du monde pour distinguer le langage de l’affabilité de celui de la bienveillance. (Mme  du Deff.) L’affabilité n’est souvent que la grimace de la bienveillance. (Mlle de l’Esp.) Il est difficile que l’affabilité existe sans la bonté : on peut l’appeler la politesse du cœur. (Laténa.) Il les reçut avec beaucoup de grâce et d’affabilité. (G. Sand.) Il y avait chez lui un singulier mélange de l’affabilité d’un prince et de la résolution impitoyable d’un forban. (Gér. de Nerv.)

Noble affabilité, charme toujours vainqueur,
Il n’appartient qu’à vous de triompher du cœur.
J.-B. Rousseau.

Syn. Affabilité, civilité, honnêteté, politesse. La civilité consiste dans un cérémonial de convention : Des gens qui me prévenaient autrefois par leurs civilités. (Montesq.) L’honnêteté consiste dans l’observation des usages et des bienséances : Je les laissai ensemble et me retirai parmi les officiers, qui me prodiguaient alors leurs honnêtetés. (Le Sage.) La politesse consiste non-seutement à ne rien faire et à ne rien dire qui puisse déplaire aux autres, mais encore à dire et à faire ce qui peut leur plaire : La politesse de l’esprit consiste à penser des choses honnêtes et délicates. (La Rochef.) L’affabilité consiste en un abord doux, ouvert et bienveillant : Cette douceur et cette affabilité si nécessaires et si rares dans les grands emplois. (Fléch.)

AFFABLE adj. (a-fa-ble — lat. affabilis, même sens ; formé de fari ad, parler à). Qui se rend agréable à tous ceux qui l’approchent : Homme, prince, ministre affable. Se montrer constamment affable. Rien de plus simple que sa conduite, de plus affable que sa personne. (Boss.) Les plus grands hommes et les plus grands rois ont toujours été les plus affables. (Mass.) On le voit, à la vérité, trop plein de sa grandeur, mais affable. (Volt.) Voyagez beaucoup, et vous ne trouverez pas de peuple aussi doux, aussi affable, aussi spirituel, aussi galant que le Français. (Raynal.) Le ministre du Seigneur doit être affable avec tout le monde. (Sacy.)

Lui, parmi ces transports, affable et sans orgueil,
À l’un tendait la main, flattait l’autre de l’œil.
Racine.


|| Qui annonce de l’affabilité, qui accompagne l’affabilité ; dans ce sens il ne se dit que des choses : Être d’un caractère doux et affable. La vraie vertu est toujours égale, affable et complaisante.(Fén.) Sa physionomie était douée et affable. (E. Sue.) J’étais attiré par ses manières affables, par son angélique douceur. (G. Sand.)

……Pour moi, je préfère
Laideur affable à beauté dure et fière.
Voltaire.

— S’empl. quelquefois substantiv. : Il faut mêler à propos l’affable et le sévère. (Rotrou.)

Syn. Affable, civil, courtois, gracieux, honnête, poli. L’homme gracieux va au-devant de ce qui peut nous être agréable : Théognis n’est pas hors de sa maison qu’il a déjà ajusté ses yeux et son visage, afin que ceux qui passent le trouvent déjà gracieux et l’air souriant. (La Bruy.) L’homme affable attend qu’on vienne à lui pour manifester sa bienveillance : Cyrus se montrait doux et affable à ceux qui l’approchaient. ( Roll.) L’homme poli et l’homme civil se montrent fidèles observateurs des convenances, des usages reçus dans la bonne compagnie ; mais le premier est plus cérémonieux que le second : Il y a des hommes gratuitement civils, et en qui les politesses sont des fruits naturels de leur éducation. (La Rochef.) Nous sommes polis par les façons flatteuses que nous avons, dans la conversation et dans la conduite, pour les personnes avec qui nous vivons. (Guizot.) L’homme honnête se renferme dans les limites les plus strictes de la civilité : Il faut être honnête pour soi, quoique souvent ceux à qui l’on parle ne méritent pas qu’on le soit pour eux. (Noël.) L’homme courtois pousse la politesse à l’extrême, et cette politesse est quelquefois importune : Des chevaliers c’était le plus courtois. (Volt.) Il faut être honnête sans cérémonie, civil sans importunité, courtois sans affectation, poli sans fadeur, gracieux sans minauderie, affable sans familiarité.

AFFABLEMENT adv. (a-fa-ble-man — rad. affable). D’une manière affable, avec affabilité : Il recevait aussi affablement le pauvre que le riche.

AFFABULATION s. f. (a-fa-bu-Ia-si-on — du lat. affabulatio, moralité ; formé de ad, à ; fabula, fable). La partie d’un apologue, d’une fable, qui en explique le sens moral ; c’est ce qu’on nomme le plus souvent la moralité : L’affabulation n’est pas toujours liée au récit. (La Serre.) Dans Esope, l’affabulation est toujours à la fin de la fable ; dans La Fontaine, elle se trouve quelquefois au commencement. (***) En 1783, l’auteur avait détaché de ses différentes fables les affabulations toujours renfermées dans des quatrains ou des distiques. (Fr. de Neufch.)

— Par ext. Se dit de la moralité qu’on peut tirer de certains événements historiques : Sans ajouter une croyance exagérée à la sanglante affabulation de cette histoire. (Gér. de Nerv.)

AFFADI, IE (a-fa-di) part. pass. du v. Affadir. Rendu fade, sans saveur : Sauce affadie. Mets affadis. || Languissant, affaibli, énervé : Estomac affadi.

Et n’estimant dignes d’être applaudis
Que les héros par l’amour affadis.
J.-B. Rousseau.


|| Fatigué, rebuté : Votre cœur en est affadi. (Mme  de Sév.) On est affadi de toutes les idées de monarchie constitutionnelle, de royauté, de droit divin, etc. (Journ.) Le cœur affadi d’une lecture insipide. (Proudh.)

— Qui a perdu son attrait, son agrément, son charme : Ces repas de ménage sont affadis par le mélange inconvenant des âges et des convives. (Fourier.) Ce coloris affadi, mais où pourtant l’art et le travail se faisaient sentir, n’avait rien de l’ancienne franchise grecque. (Boissonade.)

AFFADIR v. a. ou tr. (a-fa-dir — rad. fade). Rendre fade, sans saveur : affadir une sauce, un ragoût. affadir une liqueur, une tisane.

— Par ext. Affadir le cœur, Causer du dégoût : Une sauce qui affadit le cœur. (Acad.) Le sucre et le miel affadissent le cœur. (Trév.) || Fig. Inspirer de la répugnance, de l’aversion : Des compliments outrés affadissent le cœur. (Raym.) Les sentiments langoureux affadissent le cœur. (Mariv.)

— Fig. Rendre froid insipide : Gardez-vous de ces expressions recherchées qui ne servent qu’à affadir le style. (Volt.) Sans la crainte et la pitié, tout languit au théâtre ; si on ne remue pas l’âme, on l’affadit. (Volt.) Le faux goût d’élégance affadissait la littérature. (Villem.) || Oter le sel, le piquant : Affadir une épigramme.

Trop de finesse affadit la saillie
De la piquante et sincère Thalie.
Bernis.
Vous avez fardé la peinture.
Vous affadissez l’opéra.      Béranger.


|| Affaiblir : Pensez-vous que la finale intention de leur voyage, leur étant ordinairement devant les yeux, ne leur ait affadi le goût à toutes ces commodités ? (Montaig.) Tout autre amour ne peut qu’affadir et efféminer Melpomène. (La Harpe.) Prenons bien garde, en mêlant sans cesse l’agréable et l’utile, d’affadir l’esprit de l’enfant. (H. Rigault.) || Lasser, fatiguer : Ces gens l’embarrassaient, l’affadissaient. (La Font.) Un repas de quatre heures ne se passera pas sans excès, un opéra de quatre heures finira par affadir le spectateur. (Fourier.)

De son ton doucereux le miel nous affadit.
Delille.

S’affadir, v. pr. Devenir insipide : Cette liqueur s’affadira si vous y mettez trop de sucre.

— Fig. Devenir doucereux, affecté, froid, insipide : L’éloquence, toujours flatteuse dans les monarchies, s’est affadie par des adulations dangereuses aux meilleurs princes. (Mass.) Le Mercure, selon son inclination naturelle, ne tarda pas à s’affadir, et, sauf de rares exceptions, à retomber dans l’insipidité. (Ste-Beuve.)

De Molière oublié le sel s’est affadi.
Voltaire.


|| En parlant des personnes, Devenir faible, lâche, s’efféminer : On affadit dans les conversations insignifiantes. Florian s’était un peu affadi dans le voisinage du duc de Penthièvre ; il s’était comme dédoublé. (Ste-Beuve.)

AFFADISSANT (a-fa-di-san) part. prés. du v. Affadir : Des louanges, des compliments affadissant le cœur.

AFFADISSANT, ANTE adj. (a-fa-di-san, an-te — rad. affadir). Qui est propre à affadir ; qui est insipide, sans saveur : Des sucreries affadissantes. Une saveur affadissante.

— Fig. Fatigant, énervant, soporifique, ennuyeux : Des flatteries affadissantes. Les sermons affadissants de notre curé. (Journ.) La langueur affadissante d’une fidélité trop uniforme. (Virey.)

AFFADISSEMENT s. m. (a-fa-di-se-man — rad. affadir). Action de rendre fade ; sensation, effet, malaise que produit la fadeur : Affadissement d’une sauce, d’un ragoût. Affadissement de cœur.

— Fig. État de ce qui est doucereux, affecté et froid : Louer jusqu’à l’affadissement. Tellier se promit toutes choses de l’affadissement du sel de la terre, qu’il reconnut en plein dans les assemblées des évêques sur cette affaire. (St-Sim.) Il est bon, par ce temps de platitude et d’affadissement littéraires, de remettre sous les yeux les grands modèles oubliés. (Th. Gaut.)

AFFAIBLI, IE (a-fè-bli) part. pass. du v. Affaiblir. Rendu, devenu faible ; diminué : Ses forces sont affaiblies par une longue maladie. Armée affaiblie par des défaites successives. L’Espagne se trouva affaiblie sous les derniers rois de la race de Charles-Quint. (Volt.) J’étais affaibli par la diète et la fatigue du voyage. (Marmontel.) Duquesne, affaibli par les années, rendait encore la France respectable sur les mers. (Thomas.)

La lune se balance aux bords de l’horizon :
Ses rayons affaiblis dorment sur le gazon.
Lamartine.

— Par ext. Qui a perdu de sa force, de son activité, de son intensité : O âme ! tu es affaiblie en cela que tu es partagée. (Boss.) Un discours est affaibli par les ornements affectés du genre fleuri. (Fén.) Une chute de cheval acheva de déranger ses organes affaiblis. (Volt.) Aujourd’hui ma mémoire et ma tête affaiblies me rendent presque incapable de tout travail. (J.-J. Rouss.) J’entendais sortir, de la noire coupole du couvent grec, les échos éloignés et affaiblis de l’office des vèpres. (Lamart.) Les traits d’Homère affaiblis par la prose gardent encore un vif éclat. (Boissonade.)

— Se construit, mais très-rarement, avec la prép. de : Affaibli du passé, accablé du présent, on est encore effrayé de l’avenir. (FIéch.)

Syn. Affaibli, faible. Un homme est faible par lui-même, quand il manque de force ; mais il est affaibli quand il a subi une action qui l’a rendu faible. On est faible naturellement ; on est affaibli par une cause quelconque. Ces deux mots, quoique synonymes, peuvent se rencontrer dans la même phrase, puisque chacun d’eux offre un sens distinct : Combien de vierges faibles par elles-mêmes, encore plus affaiblies par les abstinences, par les jeûnes, n’ont pris néanmoins jamais aucun relâche ? (Bourdal.)

Syn. Affaibli, amolli, efféminé, énervé. Affaibli et énervé se rapportent plus particulièrement au corps, à une action physique ; amolli et efféminé, à l’âme, à une action morale. On ne dit guère des peuples affaiblis ou énervés, on dit communément des peuples amollis ou efféminés. Affaibli marque l’effet, le résultat ; énervé exprime la cause ; on est affaibli parce qu’on est énervé, les nerfs étant ce à quoi tient la force. Amolli exprime un amoindrissement d’énergie dans le caractère, les facultés, la volonté ; efféminé marque pour ainsi dire un État naturel ou résultant d’une longue éducation, et qui fait que l’on a les goûts, les manières d’une femme : Les soldats d’Annibal s’étaient amollis à Capoue. Les mignons de Henri III n’étaient que des efféminés.

AFFAIBLIR v. a. ou tr. (a-fè-blir — rad. faible). Rendre faible, diminuer la force, la vigueur : L’abstinence affaiblit le corps. ( Mass. ) Les remèdes nous affaiblissent. ( Mass. ) La vieillesse viendra courber ton corps ; affaiblir tes membres. (Fén.) La débauche affaiblit le corps en dépravant le caractère. (L. Faucher.)

— Fig. Diminuer l’activité, la vivacité, l’énergie, etc. : Tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité. (Pasc.) La nuit laisse toute la puissance à la douleur, et n’affaiblit que la raison. (Mme  de Staël.) L’éducation affaiblit le penchant au mal et fortifie le penchant au bien. (Mlle de Somery.) On affaiblit toujours ce qu’on exagère. (De Ségur.) Si l’absence augmente ou diminue l’amour, elle est loin d’affaiblir la haine. (Pétiet.) Le seul moyen d’affaiblir une opinion, c’est d’établir le libre examen. (Benj. Const.) || Diminuer la force, la puissance, le crédit, l’autorité, etc. : Tout ce qui outre l’autorité l’affaiblit. (Mass.) Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires. (Montesq.) Peut-être croirait-on, en se soumettant, affaiblir l’autorité dont on est maître. (Bourdal.) La Pologne a été partagée surtout pour affaiblir la France. (L. Plée.)

Je vous ai montré l’art d’affaiblir son empire.
Corneille.

— Absol. Trop retoucher un ouvrage, c’est moins retoucher qu’affaiblir. (Littré.)

— Beaux-arts. Adoucir à l’excès ; adoucir le coloris, les teintes, les contours.

— Techn. Oter de l’épaisseur, diminuer le poids, le titre, etc. : Affaiblir les monnaies. Affaiblir les espèces d’or et d’argent. (Acad.) À force de raboter une planche, on l’affaiblit. (Trév.)

Affaiblir v. n. ou intr. Faiblir, devenir plus faible : Ténésis cependant affaiblissait à vue d’œil. (Gomberville.) Nous sommes tous faits pour affaiblir, vieillir et mourir. (Mme  de Lambert.) C’est mal pourvoir à la sûreté de ses conquêtes que de laisser affaiblir le courage de ses sujets. (Boss.)

Mais je sens affaiblir ma force et mes esprits.
Racine.

— Fig. Perdre de ses facultés, de ses moyens, de son talent ; baisser :

J’affaiblis, ou du moins ils se le persuadent.
Corneille.

S’affaiblir, v. pr. Devenir faible ; se dit des personnes et des choses : Ma vue s’affaiblit, je m’affaiblis moi-même. (La Bruy.) Les hommes vivent longtemps quand ils ne s’affaiblissent pas par l’usage immodéré des liqueurs. (Volt.) Ma vue s’affaiblit de plus en plus. (Mirab.) Le pauvre président s’affaiblit terriblement ; il aura bien de la peine à passer l’hiver. (Mme  du Deff.) Sa santé s’affaiblissait de plus en plus, et il sentait sa fin s’approcher. (De Barante.)

— Fig. Perdre de sa puissance, de sa force, de son influence, etc. : Sous la proscription de l’opinion, une femme s’affaiblit, mais un homme se relève. (Mme  de Staël.)

Je sais qu’en triomphant les États s’affaiblissent.
Campistron.


|| En parlant des choses morales, Perdre de