(Boursault). Deux mille écus ne sont pas une affaire. (C. Delav.) || Ce n’est pas une petite affaire, La chose n’est pas facile : Vous saurez, s’il vous plaît, que ce n’est pas à présent une petite affaire pour moi que de vous écrire. (Rac.) Ce n’est pas une petite affaire que de savoir être malheureux ; en comparaison, savoir mourir n’est rien. (Beauchêne.) Ah ! ce n’est pas une petite affaire, et l’on ne voit pas s’ouvrir d’emblée devant soi les portes de cet établissement. (***.) Ce n’est pas une petite affaire de connaître d’une façon authentique la pensée de tout un peuple. (Proudh.) || C’est une affaire finie, C’est une chose à laquelle il ne faut plus penser : N’y pensons plus ! c’est une affaire finie. (Scribe.) || C’est une affaire faite, Vous pouvez regarder la chose comme faite, conclue ; c’est une chose sur laquelle vous pouvez compter :
Et je vais à ma femme en parler sans délais.
|| Ce n’est pas l’affaire d’un moment, d’un jour,
C’est une chose
qui présente de grandes
difficultés et
qui demande du temps, des soins :
Former des citoyens n’est pas l’affaire d’un jour,
et pour les avoir hommes, il faut les instruire enfants. (J.-J. Rouss.)
|| Son affaire est faite, Se dit d’un homme dangereusement
malade, et qui est bien près de mourir ; se
dit aussi d’un homme
perdu, ruiné, qui n’a
plus rien à espérer, à prétendre. || Signifie,
en bonne
part, Sa fortune est faite. ||
Son affaire est bonne, est sûre, Il ne peut se
soustraire au châtiment
qu’il mérite ; il n’échappera pas au sort qui l’attend :
Il est sous bonne garde, et son affaire est sûre.
|| Faire affaire, Conclure, terminer, tomber
d’accord :
Ce n’est pas sans peine que nous
avons fait affaire. || Faire l’affaire,
Suffire ;
atteindre le but
proposé :
Pendant la session des chambres, la besogne est facile : une page de compte rendu et un article sur la séance
font l’affaire.
(A. Karr.) || Faire son affaire, en
parlant de quelqu’un, Le châtier, lui donner
une
leçon, même le tuer :
L’espion fut découvert, et on lui fit son affaire.
S’il le rencontre, il lui fera son affaire. ||
Faire son affaire, en parlant de soi-même, Se mettre à
l’abri, s’arranger, réussir : Il fait
tout doucement son affaire.
Quand on connaît bien les péchés mortels, on tâche de ne pas commettre de ceux-là, et l’on
fait son affaire. (Montesq.) || Faire ses affaires,
Gagner de l’argent, faire fortune, s’enrichir dans le commerce :
Faire ses affaires
dans les vins, dans les cuirs, dans les soies, etc.
De tout temps les gens qui servent personnellement les rois
font très-bien leurs affaires :
On s’intéresse à un homme, fût-ce un valet, en le voyant tous les jours. (Balz.)
— Proverbialem.
L’un l’autre s’attaquant ne font pas leurs affaires.
|| Faire son affaire d’une chose, S’en charger,
en
répondre :
J’avancerai les frais, et j’en fais mon affaire.
Dites-moi quelle place vous désirez, j’en fais mon affaire. (Acad.) || Signifie
aussi Savoir mettre une chose à
profit :
De l’or
De l’or
Et j’en fais mon affaire. Béranger.
|| Faire son affaire principale d’une chose, Y
donner tous ses
soins, s’en occuper exclusivement à toute autre : As-tu fait ton affaire principale
de la justice ? (Boss.)
Il fit son affaire principale
de toute cette dispute ridicule. (Volt.) ||
Vous avez fait là une belle affaire ! Vous avez fait telle chose mal à
propos ; vous avez fait une chose qui aura des
suites fâcheuses. || Faire des affaires de tout,
Attacher de l’importance à des choses qui
n’en ont
pas :
C’est une vie étrange que celle des provinces ; on fait affaire de tout.
(Mme de Sév.) || C’est mon affaire, Cela ne
regarde que moi, n’expose que moi ; je m’en
charge :
Pour Dieu, mon amie, abandonnez-moi les poëtes et les orateurs,
c’est mon affaire.
(Dider.) Repose-toi sur moi : ceci
devient mon affaire ; il faudra bien qu’elle réussisse. (Th. Leclercq.)
|| De même au pluriel : ce ne sont pas là mes affaires.
(La Font.) Ne vous embarrassez pas,
ce sont mes affaires.
(Mariv.) Ce sont ses affaires, il s’en tirera comme il pourra.
(Scribe.) || C’est son affaire. Se dit d’un homme
qui n’écoute pas les bons conseils qu’on lui
donne : Il va se ruiner, mais au surplus c’est son affaire.
|| C’est une autre affaire, Ne
confondons pas les choses, ou Je n’avais nullement
songé à cela ; je n’avais pas envisagé la chose
sous ce
point de vue. || Voilà bien une autre affaire ! C’est une chose bien différente, à
laquelle on ne s’attendait pas. || C’est affaire à,
Il appartient à… : C’est affaire aux
économistes pour dire la vérité, toute la vérité, sur les misères sociales, lorsqu’ils s’y trouvent engagés par l’intérêt de leurs utopies ! (Proudh.)
|| C’est affaire de guerre, de politique, etc.,
C’est une affaire
qui ne peut être décidée que
par la guerre, qui doit être traitée par la
politique, etc. :
Après Alexandrie, le reste de l’Italie est affaire de guerre :
cette place est affaire de politique. (Napol. Ier.) ||
Le bon, le meilleur, le pire de l’affaire est que…
Ce qui est étonnant, ce qui surprend
davantage encore, c’est que… || Une affaire de rien, de peu, etc., Une chose facile à faire ; chose
sans
conséquence : Tout cela est affaire
de mince utilité et nullement digne de lecture.
(Fourier.)
Et ce choix-là n’est pas une affaire de rien.
|| Se tirer d’affaire, Se tirer d’un danger, d’un
embarras
quelconque : Il s’est tiré d’affaire.
(Acad.) Et tu verras s’il veut ou non
te tirer d’une méchante affaire.
(Fr. de
Neufchât.)
|| Être hors d’affaire, Être hors de danger,
hors d’embarras :
J’ai vu avec plaisir, dans ta dernière lettre, que ta fille est hors d’affaire.
(P.-L. Cour.)
|| Être au-dessous, au-dessus de ses affaires,
Ne
pas réussir ou être en prospérité. — Un
homme
qui occupait un appartement au-dessus du
mont-de-piété, où ses effets étaient
souvent engagés, appelait cela : « Être au-dessus de ses affaires. »
— Elliptiq. Point d’affaire ! C’est en vain, c’est inutile, c’est peine perdue : Des conseils tant qu’il vous plaira ; mais de l’argent, point d’affaire. (Acad.) Point d’affaire ; ces conversations ne font que m’ennuyer. (Mol.) Cette locution commence à vieillir. || Belle affaire ! Chose de peu d’importance, ou d’une exécution facile. || Quelle affaire ! que d’affaires ! Que de peines pour rien, que de soins inutiles, que d’embarras pour peu de chose !
C’est chercher une aiguille en tout un champ de blé !
— Proverbialem. : Il n’y a point de petites affaires, Les plus petites choses méritent notre attention, parce qu’elles peuvent tirer à conséquence. || Avoir plus d’affaires que le légat, Être très-occupé. || Ceux qui n’ont point d’affaires s’en font, L’oisiveté fatigue, et on se crée des occupations. || Avoir affaire à la veuve et aux héritiers, Avoir affaire à forte partie. || Les affaires font les hommes, La pratique des affaires forme, donne de l’aptitude. || Les affaires sont les affaires, Il faut s’occuper sérieusement et exclusivement des choses de son état, surtout dans le commerce et l’industrie. || Dieu nous garde d’un homme qui n’a qu’une affaire ! Parce que celui qui n’est preoccupé que d’une seule chose en parle constamment et finit par en fatiguer tout le monde ; répond à ce proverbe latin : Timeo hominem unius libri. V. ces mots. || Chacun sait ses affaires, Se dit quand on ne veut point entrer dans les motifs de la conduite de quelqu’un, ou qu’on refuse par une fin de non-recevoir des conseils, des reproches, etc., pour une chose qui intéresse personnellement. || Il vaut mieux avoir affaire à Dieu qu’à ses saints, Il vaut mieux s’adresser à celui qui gouverne qu’à ses subordonnés. — Voici, à propos de ce proverbe une anecdote assez piquante. Le chapelain du cardinal de Richelieu le voyant un jour occupé d’affaires très-importantes, et supposant que Son Éminence n’entendrait pas la messe, se mit à table pour déjeuner, mais à peine avait-il commencé qu’il fut appelé à la chapelle de la part du cardinal et comme on lui faisait observer qu’il n’était plus à jeun : « Oh ! oh ! répondit-il, j’aime mieux avoir affaire à Dieu qu’à Son Éminence. »
— Fam. et bas, Faire ses affaires, aller à ses affaires, Satisfaire ses besoins naturels.
— Chaise d’affaires. Nom donné autrefois, chez le roi, à la chaise percée : On sait que le roi Henri III fut blessé mortellement par Jacques Clément, étant sur sa chaise d’affaires. (Littré.) || Brevet d’affaires, Le privilége d’entrer dans le lieu où le roi était sur sa chaise percée. || En parlant d’une femme, Avoir ses affaires, Avoir ses règles.
— Fauconn. Être de bonne affaire. Se dit d’un oiseau quand il est bien affaîté, bien dressé pour la volerie.
— Chargé d’affaires, Agent diplomatique d’ordre inférieur, accrédité auprès d’un gouvernement de peu d’importance ou remplissant les fonctions d’ambassadeur ordinaire pendant l’absence de l’ambassadeur titulaire. || Agent d’affaires, Celui qui, moyennant salaire, fait profession de se charger des affaires d’autrui. || Faiseur d’affaires, Celui qui n’a d’autre état que de spéculer dans le but de gagner de l’argent par des opérations de finances. Il se prend ordinairement en mauv. part. || Gens d’affaires, Intendants, régisseurs, etc. : On est souvent trompé par ses gens d’affaires. (Acad.) Dans une aristocratie où les nobles lèveraient les tributs, tous les particuliers seraient à la discrétion des gens d’affaires. (Montesq.) Les rois de France ne se sont jamais montrés que de grands seigneurs qui ruinaient leurs gens d’affaires. (Napol. Ier.) La défiance que les hommes d’élite inspirent aux gens d’affaires est remarquable. (Balz.) || Homme d’affaires, Celui qui a l’esprit des affaires, et particulièrem. celui qui est chargé des intérêts d’autrui : Le manieur d’argent, l’homme d’affaires, est un ours qu’on ne saurait apprivoiser. (La Bruy.) L’homme qui ne veut pas se mêler de ses affaires en remet le soin à un homme d’affaires. (Arnault.) || Cabinet d’affaires, bureau d’affaires, agence d’affaires, Établissement formé par une personne qui se charge de diriger des affaires contentieuses.
— Fig. Se dit en parlant d’une femme galante, d’une entremetteuse :
— Ministère des affaires étrangères, Ministère des relations avec les gouvernements étrangers.
— Hist. L’affaire du collier. V. Collier.
— Gramm. On dit : J’ai affaire à lui, j’ai une affaire à traiter avec lui ; — Il aura affaire à moi, c’est-à-dire je me vengerai, je lui rendrai le mal qu’il m’a fait ; — J’ai affaire de vous, j’ai besoin de vous. Mais ce n’est plus le substantif affaire qu’on emploie dans plusieurs locutions consacrées commençant par c’est, c’était, etc. : c’est à faire à lui, c’est lui, et non un autre, qui doit ou qui peut faire cela ; — c’est à faire à perdre deux cents francs, tout ce qu’on risque, c’est de perdre deux cents francs. En outre, après le verbe avoir, on écrit à faire en deux mots quand la préposition à se distingue nettement du verbe faire, comme dans les deux exemples suivants : Avoir vingt lieues à faire. Il avait porté la guerre dans un guêpier, et il eut fort à faire ensuite pour se dérober à des milliers de morsures. (Ste-Beuve.)
— Antonymes. Amusements, divertissements, passe-temps, plaisirs.
— Prov. littér. Le temps ne fait rien à l’affaire. Allusion à un vers du Misanthrope. V. Temps.
— Prov. hist. À demain les affaires sérieuses, ou simplement : À demain les affaires. V. Demain.
— Prov. littér. :
. . . On ne s’attendait guère
À voir Ulysse en cette affaire.
Allusion à la fable de La Fontaine, la Tortue et les deux Canards. Deux canards proposent à une tortue de la transporter à travers les airs :
Nous vous voiturerons, par l’air, en Amérique ;
Vous verrez mainte république,
Maint royaume, maint peuple : et vous profiterez
Des différentes mœurs que vous remarquerez.
Ulysse en fit autant. On ne s’attendait guère
À voir Ulysse en cette affaire.
Dans l’application, très-fréquente, que l’on fait de ce vers pour exprimer plaisamment la surprise que doit causer l’apparition d’un nom inattendu, le mot Ulysse est toujours remplacé par celui qui est l’objet de l’allusion.
Voltaire, passant par Cideville, en Normandie, où l’on jetait les fondations d’une église, accepta l’honneur d’en poser la première pierre, ce qui donna occasion au marquis de Mirville de s’écrier :
. . . On ne s’attendait guère
À voir Voltaire en cette affaire.
Voici quelques applications des vers plaisants du fabuliste :
« La science anatomique des anciens a fourni à M. Gerdy l’occasion de réciter quelques pages de son livre sur l’anatomie des formes extérieures. Il a durement tancé les sculpteurs grecs de leur ignorance, et a signalé les défauts de bon nombre de leurs statues. Christophe Colomb et la découverte de l’Amérique ont fait les frais de la dernière partie du discours de M. Gerdy.
À voir Christophe en cette affaire. »
« Un peu plus loin, nous retrouvons le grand Epaminondas, qui vient de faire prendre un bain forcé à son cavalier dans l’Erymanthe, et M. About ajoute : « Cet animal a la même passion que M. de Chateaubriand ; il veut emporter de l’eau de tous les fleuves qu’il traverse. » On ne s’attendait guère à voir M. de Chateaubriand dans cette affaire ; mais les gens d’esprit rapprochent les choses de loin, et l’occasion était trop bonne pour retenir une saillie à triple dard qui atteint tout ensemble M. de Chateaubriand, le Jourdain et le duc de Bordeaux. » Géruzez.
— Prov. littér. :
Serait bien mieux mon affaire.
Allusion à la réflexion que fait le coq en trouvant une perle. Dans l’application, ces vers sont répétés par tous ceux auxquels échoit une chose précieuse mais qui leur est inutile, et ces mots, grain de mil, sont souvent l’objet d’une variante :
« Dans les temps belliqueux, quand le génie militaire nous prodigue de grands spectacles et de l’héroïsme, on est tenté de lui répondre :
Serait bien mieux mon affaire.
« Mme Duravin, de sa main emprisonnée dans un gant de Suède, offrit à Deslauriers un sac de satin blanc rempli de pastilles de chocolat parfumé. Le moindre pâté de foie gras ferait mieux mon affaire, pensa Annibal. »
Albéric Second.
« Soignez donc, protégez ce peuple domestique ;
Que leur logis soit sain et non pas magnifique.
Que leur font des réduits richement décorés,
Le marbre des bassins, les grillages dorés ?
Un seul grain de millet leur plairait davantage. »
Delille.
« Diderot étant resté à Paris contre la volonté de son père, celui-ci supprima la pension qu’il lui faisait ; le fils se mit à donner des leçons pour vivre. Il enseignait les mathématiques, le latin, le grec, tout ce qu’on voulait, tout ce qu’il pouvait. La moitié du temps on le payait en livres, en meubles, en petits cadeaux. Le moindre grain de mil eût bien mieux fait son affaire. » F. Génin.
— Encycl. Agent d’affaires. V. gestion d’affaires.
Affaires de Rome, par Lamennais. Cet ouvrage, publié en 1837, contient l’histoire des rapports de l’auteur avec Rome, au sujet du journal l’Avenir. Lamennais était allé demander lui-même à la papauté une sanction ou une censure, et les rédacteurs de l’Avenir avaient exposé leurs doctrines dans un Mémoire présenté au souverain pontife Grégoire XVI. La décision du pape se faisant attendre, Lamennais se détermina à quitter Rome avant de l’avoir obtenue. Il y a de la mélancolie dans le récit qu’il fait de ce départ : « C’était au mois de juillet, vers le soir. Des hauteurs qui dominent le bassin où serpente le Tibre, nous jetâmes un triste et dernier regard sur la ville éternelle. Les feux du soleil couchant enflammaient la coupole de Saint-Pierre, image et reflet de l’antique éclat de la papauté. » À son passage à Munich, il reçut la fameuse lettre encyclique du 15 août 1832, avec une lettre explicative du cardinal Pacca. Le saint-père réprouvait les doctrines de l’Avenir relatives à la liberté civile et politique, comme tendant à exciter et propager partout l’esprit de sédition et de révolte de la part des sujets contre leurs souverains, et celles relatives à la liberté des cultes et à la liberté de la presse, comme étant en opposition avec l’enseignement, les maximes et la pratique de l’Église. De retour à Paris, Lamennais s’empressa de se soumettre, en déclarant que le journal ne paraîtrait plus, et que l’agence générale pour la défense de la liberté religieuse était dissoute ; mais il entendait réserver sa liberté de jugement et d’action dans l’ordre temporel. Le pape exigea une adhésion absolue à l’encyclique. Après des pourparlers et des correspondances dont les Affaires de Rome donnent le détail, après bien des perplexités, Lamennais consentit à adhérer purement et simplement, « convaincu, disait-il à l’archevêque de Paris, qu’en signant cette déclaration il signait implicitement que le pape était Dieu, et tout prêt à le signer explicitement pour avoir la paix. » Cette paix, qu’il avait achetée si chèrement, il ne put s’y maintenir, et bientôt la publication des Paroles d’un Croyant marqua d’une manière éclatante sa rupture avec son passé et avec l’Église. Outre cette relation intéressante des efforts tentés après 1830 par quelques intelligences d’élite pour réconcilier le catholicisme avec la liberté, le livre des Affaires de Rome contient, sous ce titre : Des Maux de l’Église et de la Société, ce qui put être achevé d’un ouvrage dans lequel l’auteur de l’Essai sur l’Indifférence voulait présenter un tableau fidèle de l’état de l’Église catholique dans le monde entier, ainsi que de l’état de la société, rechercher les causes de la décadence de l’Église et celles des souffrances de la société, et indiquer les moyens propres à y remédier. Enfin dans les dernières pages des Affaires de Rome, Lamennais s’attache à montrer qu’entre la papauté et les peuples, une rupture complète s’est effectuée, que cet antagonisme devient de plus en plus irrémédiable, et il termine par ces paroles : « Si les hommes, pressés de l’impérieux besoin de renouer pour ainsi dire avec Dieu, de combler le vide immense que la religion en se retirant a laissé en eux, redeviennent chrétiens, qu’on ne s’imagine pas que le christianisme auquel ils se rattachent puisse jamais être celui qu’on leur présente sous le nom de catholicisme. Nous avons expliqué pourquoi, en montrant dans un avenir inévitable et déjà près de nous, le christianisme conçu et l’Évangile interprété d’une manière par les peuples, d’une autre manière par Rome ; d’un côté le pontificat, de l’autre la race humaine, cela dit tout. Ce ne sera rien non plus qui ressemble au protestantisme, système bâtard, inconséquent, étroit, qui, sous une apparence trompeuse de liberté, se résout pour les nations dans le despotisme brutal de force et pour les individus dans l’égoïsme. »
AFFAIRÉ, ÉE adj. (a-fè-ré — rad. affaire). Qui a beaucoup d’affaires, qui en est accablé ; qui paraît très-occupé ou qui veut le paraître : Le public se compose de gens affairés ou ennuyés. (De Barante.) La bourgeoise est affairée, sort par tous les temps, va, vient, regarde. (Balz.) Le matin, il y a beaucoup d’affaires, et encore plus de gens affairés au palais. (Balz.)