Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/197

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et en général des choses, dont on abandonne la jouissance pour un temps d’ordinaire assez long : La république a des maisons qu’elle loue et des bois qu’elle afferme. (Barthél.)

AFFERMI, IE (a-fer-mi) part. pass. du v. Affermir. Rendu ferme, stable : Cette muraille est mal affermie. Ce plancher est bien affermi.

Il pose sur l’arène un pied mal affermi.
Delille.
De débris la mer est couverte.
Ton frêle esquif, mal affermi,
Pourrait-il éviter sa perte ?
Reste au port à l’abri des vents.
Fr. de Neufchateau.

— Fig. Ferme, assuré, solide, en parlant des choses : Notre bonheur est-il bien affermi ? La royauté est affermie dans la maison de David. (Boss.) Ce fondement est mal affermi, et nous craignons de bâtir dessus. (Boss.) Son cœur est affermi contre la mort. (Mascaron.) La droiture du cœur, quand elle est affermie par le raisonnement, est la source de la justesse de l’esprit. (J.-J. Rouss.) La constitution des empires paraît plus stable et plus affermie qu’elle ne l’a jamais été. (La Harpe.) Un siècle pur et pacifique s’ouvre à vos pas mieux affermis. (V. Hugo.) Le pouvoir de Pitt était doublement affermi. (Villem.) Il n’avait d’opinion affermie sur quoi que ce soit. (G. Sand.)

Nos âmes dans leurs vœux sont trop bien affermies.
Molière.
Contre un tel coup mon âme est à peine affermie.
C. Delavigne.
C’est en suivant leurs lois que, bientôt affermie,
La culture aux humains montra l’astronomie.
Rosset.

— Se dit aussi des personnes : Rien ne remuait en Judée contre Athalie ; elle se croyait affermie par un règne de six ans. (Boss.) Philippe V était affermi en Espagne. (Volt.)

Dans cet affreux dessein seriez-vous affermi ?
Racine.
Contre une erreur pieuse es-tu bien affermie ?
C. Delavigne.
Un prince est sur son trône à jamais affermi,
Quand il est honoré du nom de son ami.
Corneille.
Ce même Bajazet, sur le trône affermi,
Méconnaîtra peut-être un inutile ami.
Racine.
Sur sa propre innocence un mortel affermi,
A sa vertu pour juge et le ciel pour ami.
Ducis.

AFFERMIR v. a. ou tr. (a-fer-mir — formé de à et de ferme). Rendre ferme, stable : Affermir un plancher, un mur, un pont, une voûte, un édifice.

— Par. ext. Donner de la consistance : Le vinaigre affermit certains légumes. La gelée affermit les chemins. (Acad.) L’esprit-de-vin affermit les gencives. (Acad.) || Dans ce sens, raffermir est le mot propre.

— Fig. Consolider rendre plus ferme, plus stable, en parlant des choses : La renommée de cette victoire arrivée si à propos affermit l’Asie, qui branlait de toutes parts. (Vaugelas.) Tout ce qu’on a fait d’efforts pour détruire la religion n’a pu l’ébranler et l’a plutôt affermie. (Bourdal.) Son dessein a été d’affermir l’autorité du prince par l’abaissement des grands. (La Bruy.) Il pouvait encore affermir son pouvoir par ses richesses immenses. (Volt.) Les troubles, en France, ont toujours affermi le pouvoir. (Montesq.) Le besoin éleva les trônes ; les sciences et les arts les ont affermis. (J.-J. Rouss.) Richelieu affermit le trône sur les débris de l’anarchie féodale. (Fontanes.) Les Anglais affermissaient habilement leur domination dans le Canada. (Villem.) Gustave III entoura le jeune roi, âgé de treize ans, de tous les appuis qui pouvaient affermir son autorité. (Lamart.)

… L’art et le pouvoir d’affermir des couronnes
Sont des dons que le ciel fait à peu de personnes.
Corneille.


|| Rendre plus ferme, plus attaché à, en parlant des personnes, et alors s’emploie presque toujours avec l’une des prép. dans, contre, sur : Cette victoire l’affermit sur le trône. Son éducation l’affermira contre les coups de la fortune. Affermir quelqu’un dans une croyance, dans une opinion, dans un dessein. L’approbation affermit et fortifie les hommes dans l’idée qu’ils ont de leur propre excellence. (Nicole.) L’adulation nous affermit dans l’égarement. (Mass.) Les peines mêmes que vous avez décernées contre nous ne font que nous affermir dans notre culte. (Chateaub.) Loin d’abuser d’un ascendant fatal, vous avez au contraire affermi Cécile dans l’amour de ses devoirs. (E. Sue.)

Oui, c’est moi qui longtemps, contre elle et contre vous,
Ai cru devoir, madame, affermir votre époux.
Racine.


|| Fortifier, encourager : Ce qui affermit l’âme et la fixe dans le vrai, c’est l’affirmation. (Fén.)

— Manég. Affermir la bouche d’un cheval, L’habituer à l’effet de la bride. || Affermir un cheval dans la main et sur les hanches, L’accoutumer, dans la marche, à tenir les hanches basses.

S’affermir v. pr. Devenir ferme, plus ferme ; prendre de la consistance : Les chemins s’affermissent par la gelée. Le poisson s’affermit en cuisant. (Trév.) Le cavalier s’affermit sur ses étriers, piqua des deux et prit les devants. (J. Sandeau.)

– Fig. Devenir plus fort, plus stable, plus inébranlable, en parlant des choses : Sa santé s’affermit de jour en jour. La foi chrétienne s’affermissait chaque jour. (Boss.) L’intrépidité de sa vertu semble s’affermir sur les débris de son corps terrestre. (Mass.) Si la force donne des trônes, ils ne s’affermissent que par l’amour des peuples. (Duclos.) La puissance de la Russie s’affermissait chaque jour. (Volt.) La tyrannie n’invente que les moyens de s’affermir. (Custine.)

Ton cœur se trouble, hésite, et cherche à s’affermir.
Ducis.
… J’admire en vous ce cœur infatigable
Qui semble s’affermir sous le faix qui l’accable.
Racine.

— Se dit dans le même sens, avec un nom de personne pour sujet : S’affermir dans une résolution, dans un dessein. (Acad.) Loin d’hésiter, ils s’affermissent par les oppositions mêmes qu’ils éprouvent. (Boss.) Je m’affermissais dans cette pensée naissante, lorsque je tournai les yeux vers l’astre de la lumière. (Buff.) Ils se sont affermis dans l’habitude d’un langage pervers. (La Harpe.) Il me parut qu’elle s’était affermie dans la résolution de ne pas me laisser pénétrer ses secrets. (E. Sue.)

Il semble s’affermir sous le coup qui l’accable.
Racine.

Syn. Affermir, arrêter, assurer, attacher, consolider, fixer. On assure ce qu’on met à l’abri de certains accidents ou de certains risques : Alexandre ne partit qu’après avoir assuré la Macédoine contre les peuples barbares qui en étaient voisins. (Montesq.) On affermit ce que l’on assied sur de solides fondements : Après la bataille d’Issus, il laisse fuir Darius, et ne s’occupe qu’à affermir et à régler ses conquêtes. (Montesq.) On consolide ce qui tend à se rompre, à se désunir : Consolider une alliance. On arrête les choses en mouvement : Arrêter une voiture, un cheval. On fixe en arrêtant d’une manière invariable : Fixer un volet. On attache en faisant tenir une chose à une autre : Le lierre s’attache à l’ormeau.

Syn. Affermir, cimenter, confirmer, raffermir, sceller. Cimenter se dit des choses où l’on voit distinctement des parties qui pourraient se désunir et entre lesquelles on met un lien pour les rendre indissolubles ; on cimente l’amitié, une union, une alliance. On affermit ce qui est faible, ce qui manque de solidité. On confirme ce qui est déjà fort en y ajoutant un nouveau degré de force. On raffermit ce qui chancelle, ce qui est ébranlé. Enfin sceller veut dire ajouter quelque chose, quelque signe qui consacre : Les apôtres scellèrent leur témoignage de leur sang, et ils y apportèrent par là une marque de certitude qui doit frapper tous les yeux.

Antonymes. Affaiblir, ébranler, infirmer, ruiner.

AFFERMISSANT (a-fèr-mi-san) part. pr. du v. Affermir : Les princes affermissent leur autorité en affermissant celle de la religion. (Mass.)

AFFERMISSEMENT s. m. (a-fér-mi-se-man — rad. affermir). Action d’affermir ; état de ce qui est affermi : L’affermissement des gencives, des chairs.

— Fig. Consolidation ; amélioration d’une chose qui est déjà dans un état satisfaisant : L’affermissement de l’État, du trône, des lois, de la religion, du crédit public. La belle saison contribuera à l’affermissement de sa santé. (Acad.) La grâce est admirable d’avoir fait de la crainte, dont le propre est d’ébranler, l’affermissement de toutes les vertus. (Bourdal.) La règle des mœurs est le premier principe de l’affermissement des empires. (Mass.) Pitt avait réussi à faire passer le maintien de son pouvoir pour l’affermissement de la constitution même. (Villem.)

— Absol. Nulle part ailleurs qu’en France, la liberté ne peut avoir autant de moyens d’affermissement. (Bignon.)

AFFÉRON s. m. (a-fé-ron — rad. fer). Techn. Petite pièce de métal qui garnit le bout des lacets et des aiguillettes. || On dit plutôt ferret.

AFFÉTÉ, ÉE adj. (a-fé-té — rad. afféter). Qui est plein d’affectation dans l’air, dans les manières, dans le langage ; prétentieux : Ce jeune homme est affété dans ses manières. (Acad.)

Si quelque autre, affétée en sa douce malice,
Gouverne son œillade avec de l’artifice,
J’aime sa gentillesse. . . . . .
Régnier.


|| Qui marque de l’affectation, de l’afféterie, en parlant du style, du langage : Les uns cherchent un langage affété, qu’il appellent fleuri. (***.)

Je laisse aux doucereux ce langage affété,
Où s’endort un esprit de mollesse hébété.
Boileau.

— Il s’employait, autrefois. adjectiv. et substantiv. au fém. dans le sens d’Enjôleuse, en parlant d’une femme : Une beauté molle, affétée, délicate, artificielle. (Montaig.) Elle lui reprochait de ce qu’il paraissoit l’oublier ; elle ajoutoit que sûrement quelque mignonne affétée l’avoit épris dans les lacs de sa beauté. (Béroalde de Verville.) C’est un très-beau roi que ce roi Edouard ; il aime fort les femmes ; il pourroit trouver quelque affétée à Paris, qui lui pourroit dire tant de belles choses, qu’elle lui feroit envie de revenir. (Louis XI.) Vous êtes une affétée : qu’alliez-vous faire là-haut avec cet homme ? (Béroalde de Verville.)

AFFÉTER v. a. ou tr. (a-fé-té — même étym. que affaiter). S’est dit ancienn. dans le sens d’Attifer. || On a dit aussi affétier :

Ne fust fardée ni guignée,
Car elle n’avoit mie mestier
De soi tifer ni d’affétier.
Guillaume de Lorris, xiiie siècle

AFFÉTERIE s. f. (a-fé-te-rî — rad. affété). Soin minutieux et trop marqué de plaire ; manière affectée et prétentieuse d’agir et de parler : Henri III était dans sa toilette d’une afféterie ridicule. L’afféterie est contraire à la simplicité. (St François de Sales.) Poppée prit d’abord Néron par ses afféteries et par ses caresses. (D’Ablanc.) Il n’y a guère de petits-maîtres sans affectation, ni de petites-maîtresses sans afféterie. (Dider.) Ah ! j’aimerais mieux ne vous avoir jamais vue ! s’écria d’Artagnan avec cette brutalité naïve que les femmes préfèrent souvent aux afféteries de la politesse. (Alex. Dum.) Il a su se montrer tendre sans afféterie, passionné sans faiblesse. (Th. Gaut.)

. . . . . . . L’amoureuse Nérie
Eut recours aux regards remplis d’afféterie.
La Fontaine.


|| Les objets mêmes, les petits ornements qu’on met pour plaire : J’avais les oreilles percées de diamants, des mouches ; et toutes les autres afféteries auxquelles on s’accoutume fort aisément, et dont on se défait fort difficilement. (Choisy.) || Se dit aussi du style et du langage : Son style dégénère en afféterie et en mignardise. (Dussault.) Il faut que le discours soit ferme, que le sens y soit naturel : les afféteries ne sont que mollesse et qu’artifice. (Th. de Viaud.) On tombe dans l’affectation en courant après l’esprit, et dans l’afféterie en recherchant les grâces. (Marmontel.)

Syn. Afféterie, affectation. V. Affectation.

Antonymes. Aisance, naturel, simplicité.

AFFETTO ou mieux CON AFFETTO loc. adv. (konn a-fètt-to). Mots ital. qui signif. Tendrement, avec tendresse. Terme de mus. V. Affettuoso.

AFFETTUOSO adv. (a-fètt-tou-o-zo). Mus. Mot italien qu’on place en tête des morceaux de musique qu’on doit jouer ou exécuter avec une expression tendre et gracieuse, et des passages qui doivent être rendus avec une sorte de mollesse.

AFFEURAGE s. m. (a-feu-ra-je — rad. affeurer). Féod. Se disait autrefois de la fixation du prix des denrées, et du droit que les seigneurs mettaient sur les boissons. || C’est le même mot qu’afférage et afforage.

AFFEURER ou AFFORER v. a. ou tr. (a-feu-ré — du lat. ad, à ; forum, marché). Féod. Fixer le prix des denrées ; taxer, estimer.

AFFEUTREMENT s. m. (a-feu-tre-man — rad. affeutrer). S’est dit pour Rembourrement, action de feutrer.

AFFEUTRER v. a. ou tr. (a-feu-tré — rad. feutre). Affeutrer la lance, La mettre en arrêt, parce que la partie où l’on appuyait la lance était garnie de feutre. Vieux.

AFFEUTRURE s. f. (a-feu-tru-re — rad. feutrer). Vieux mot par lequel on désignait la pièce rembourrée dont les portefaix garnissent leur dos ou quelque autre partie de leur corps :

Là furent un tas de bourreaux,
Porteurs de grève et d’affeutrure,
Qui tuoient les gens sur les carreaux.
Vigil. de Charles VII

AFFICHABLE adj. ( a-fi-cha-ble — rad. afficher). Qui peut ou doit être affiché.

AFFICHAGE s. m. (a-fi-cha-je — rad. afficher). Action d’afficher ; résultat de cette action : Payer l’affichage. Ordonner, prescrire l’affichage. Il existe à Paris une administration de l’affichage. L’autorisation d’afficher doit être demandée, avant l’affichage, à l’autorité municipale dans les départements, à Paris, au préfet de police.(Belèze.)

AFFICHANT (a-fin-chan) part. prés. du v. Afficher : Une femme affichant sa honte.

Les épouses souillant la couche nuptiale,
Affichant leur opprobre, et luttant de scandale.
M.-J. Chénier.

AFFICHANT, ANTE adj. (a-fi-chan, an-te — rad. afficher). Ne s’emploie qu’au fig. et dans le sens de Compromettant, scandaleux : Quelle femme affichante ! Luxe affichant. Des mœurs affichantes. Conduite affichante.

AFFICHE s. f. (a-fi-che — rad. afficher). Feuille écrite ou imprimée, que l’on placarde, que l’on expose en lieu apparent sous les yeux du public pour l’avertir de quelque chose : Affiche judiciaire. Affiche de l’autorité. Affiche de spectacle. Tous les murs de Paris sont couverts d’affiches. Il a pris sur l’affiche le titre d’élève de Grétry. (Grimm.) Le bon public sait bien qu’une affiche est un leurre. (Fr. de Neuchat.) Dès que l’affiche annonce une nouveauté de cet auteur, toute la ville est en l’air. (Le Sage.) Le comte envoya ses domestiques aux portes des églises, arracher les affiches d’excommunication et d’interdiction. (Le Sage.) Aujourd’hui l’on veut être poëte dans une dissertation, et orateur dans une affiche. ( La Harpe.) Je remarquai, placardée à la porte du château, une affiche jaune annonçant prochainement l’adjudication d’une petite coupe de bois. (Balz.) Dans ce moment d’angoisse, ses yeux s’arrêtèrent machinalement sur une affiche de spectacle ; il y avait le mot Othello écrit en fort gros caractères. (H. Beyle.)

Pour me manifester j’eus recours aux affiches.
Boursault.
. . . Paris vit chez lui de tout temps,
Les auteurs à grands flots déborder tous les ans ;
Il n’a point de portail où, jusques aux corniches,
Tous les piliers ne soient environnés d’affiches.
Boileau.

— Fig. Preuve, témoignage, indice moral ; se dit surtout de ce dont on fait parade : L’étiquette est l’affiche de la fausse grandeur. (Arnault.) Le penchant qui nous porte à bien penser d’autrui est la meilleure affiche de la probité. (Boiste.) Louis XVIII en exil semblait avoir voulu conserver sur toute sa personne l’impression et l’affiche de son origine. (Lamart.) Ce goût littéraire prononcé, qui était comme une affiche de vie insouciante et mondaine, nuisait à Bernis pour sa carrière. (Ste-Beuve.)

Tout ce qu’un auteur met au jour,
De l’amour-propre est une affiche.
Fr. de Neufchateau.

— Se dit aussi pour Affichage mais seulement en style de palais : Les tribunaux civils pourront ordonner l’impression et l’affiche de leurs jugements. (Code.)

— Pêch. Perche de 2 à 3 mètres de long, munie d’une pointe de fer, que les pêcheurs enfoncent dans le sable ou la vase pour arrêter leur bateau quand ils veulent tendre le verveux.

Encycl. Tous les peuples civilisés de l’antiquité paraissent avoir connu, l’usage des affiches. Chez les Grecs, elles étaient ordinairement peintes ou écrites sur des tablettes de bois montées sur des pivots tournants. Les Romains peignaient leurs affiches importantes sur des portions de mur blanchies. On en a trouvé un grand nombre de cette espèce à Pompéi. Plus tard, on écrivit les affiches sur des feuilles de parchemin fixées à des piliers ou à des colonnes. Au moyen âge, le cri à son de trompe remplaça l’affichage. — Celui-ci reparut dans le courant du xve siècle, et l’invention de l’imprimerie lui donna peu à peu une extension qu’il n’avait jamais eue dans l’antiquité. Un édit de François Ier prescrivit, en 1536, de s’en servir pour les actes de l’autorité. En France, les affiches de l’État et des administrations peuvent seules être imprimées sur papier blanc ; celles des particuliers doivent toujours être sur papier de couleur sous peine d’une amende de 100 francs à la charge de l’imprimeur. On appelle affiches légales celles que la loi prescrit pour donner au public la connaissance de certains actes, tels que les projets de mariage, les listes électorales, etc. ; affiches judiciaires, celles qui sont apposées en vertu d’un jugement ; par exemple pour les ventes de biens saisis, les envois en possession, les condamnations prononcées en cour d’assises pendant une session, etc. Les affiches particulières ou privées ne peuvent être placées que moyennant une autorisation préalable, sous peine d’un emprisonnement et d’une amende qui varie suivant la gravité du délit. Elles sont soumises au timbre, et les lois sur la presse sont applicables à celui qui, par affiche, aurait provoqué à un crime ou à un délit, ou injurié soit des agents de la force publique, soit des particuliers. La destruction des affiches de l’administration entraîne une amende de 10 à 15 francs ; celle des affiches particulières ne donne lieu qu’à une action civile, c’est-à-dire à des dommages-intérêts en cas de préjudice dûment constaté. Certains industriels, ne trouvant pas suffisant l’affichage ordinaire, ont imaginé de faire promener dans les rues, au milieu de la foule, des hommes habillés d’un costume bizarre, portant devant et derrière eux des planches de bois chargées d’annonces : c’est à ces affiches d’un nouveau genre qu’on donne le nom d’affiches ambulantes et d’hommes-affiches.

Les affiches de spectacles ne sont d’un usage général que depuis la révolution de 1789 ; autrefois on y suppléait par une pancarte collée à la porte du théâtre, par l’annonce à son de trompe dans les rues, par l’annonce sur les tréteaux à la suite de parades, par des tableaux représentant le sujet du spectacle, etc., ainsi que cela se voit encore dans les théâtres forains. À la fin d’une représentation, un acteur venait aussi annoncer le spectacle du lendemain. Les affiches de théâtre doivent être préalablement soumises au visa de l’autorité préfectorale ou municipale, et timbrées. Tout changement dans le programme d’une représentation doit être annoncé sur l’affiche primitive par une bande de couleur différente ; dans le cas contraire, tout spectateur a le droit de se faire restituer le prix de sa place.

Petites-Affiches, titre d’une publication, périodique qui paraît à Paris, et dans laquelle on insère toute espèce d’annonces, d’offres ou de demandes, de la part de particuliers ou de compagnies industrielles, et qui sert aussi à notifier certains actes de l’autorité judiciaire. Fondée en 1638, sous le nom de Bureau d’adresses, par le médecin Théophraste Renaudot, cette publication disparut en 1653, à la mort de son créateur, mais elle fut reprise en 1715, et elle n’a plus été interrompue depuis. Les Petites-Affiches passent pour la plus ancienne publication périodique de France.

AFFICHÉ, ÉE (a-fi-ché) part. pass. du v. Afficher. Placardé, appliqué au mur : Ordonnance affichée dans toutes les rues. Le tribu-