Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

duquel on fait passer le lin et le chanvre pour les affiner.

AFFINS s. m. pl. V. Affin.

AFFIQUAGE s. m. (a-fi-ka-je — rad. affiquer). Techn. Opération qui consiste à passer l’extrémité d’une patte de homard dans tous les jours des broderies en point d’Alençon, pour les faire ressortir.

AFFIQUER v. a. ou tr. (a-fi-ké). Techn. Pratiquer l’opération de l’affiquage.

AFFIQUET s. m. (a-fi-kè — du celt. ficha, ce qui s’attache). Petit instrument de fer ou de bois que les femmes s’attachent à la ceinture lorsqu’elles tricotent, et dont elles se servent pour soutenir l’aiguille sur laquelle elles prennent la maille.

— s. m. pl. Se dit, d’une manière un peu dédaigneuse, de tous les petits ornements, de tous les atours que les femmes emploient pour se parer : Madame de Montauban était une bossue pleine de rouge, de blanc et de filets bleus, de parures et d’affiquets. (St-Sim.) Il n’a qu’à m’aimer, lui, il verra si je me soucie des chiffons et des affiquets dont j’essaye de m’amuser. (G. Sand.)

. . . Je les compare à ces femmes jolies
Qui, par les affiquets, se rendent embellies.
Régnier.
Les affiquets, les habits à changer,
Joyaux, bijoux, ne manquaient à la dame.
La Fontaine.

AFFIRMANT (a-fir-man) part. prés. du v. Affirmer : Elle s’excuse enaffirmant que ce n’est point avec intention qu’elle l’a fait.

AFFIRMANT, ANTE adj. (a-fir-man, an-te — rad. affirmer). Logiq. Qui affirme, qui renferme une affirmation : Proposition affirmante.

— Subst. Celui, celle qui affirme : Les affirmants.

AFFIRMATIF, IVE adj. (a-fir-ma-tif, i-ve — du lat. ad, à ; firmus, ferme). Qui affirme, qui soutient une chose comme vraie : Il a été des plus affirmatifs. Je voudrais bien qu’on ne fût pas si affirmatif en choses dont l’Église n’a pas parlé. (Boss.) || Se dit des choses, dans le même sens : Discours, langage, geste affirmatif. Parler d’une manière affirmative. Rodolphe fit un signe de tête affirmatif. (E. Sue.) Il vint dire deux mots à l’oreille de la reine mère, qui lui répondit, par un signe affirmatif. (Balz.) || Tranchant, décisif, en parlant des personnes et des choses : Ton affirmatif. (Acad.) Un esprit aimable est celui qui n’est affirmatif que dans la mesure strictement nécessaire. (Mme d’Agout.) Bernier ne se réconcilie pas nettement avec Descartes, qu’il continue de considérer, comme un philosophe trop affirmatif en ses solutions. (Ste-Beuve.) || Par quoi on affirme une chose : Proposition affirmative. Jugement affirmatif. Fuyez ceux dont le scepticisme apparent est une fois plus affirmatif que le ton décidé de leurs adversaires. (J.-J. Rouss.) || Dans ce dernier sens, il s’oppose à négatif.

— s. m. Gramm. L’affirmatif, Nom que quelques grammairiens donnent au mode indicatif, parce qu’il exprime l’existence, l’état ou l’action d’une manière absolue, et qu’il affirme qu’une chose est, a été ou sera.

— Nom donné par l’inquisition aux hérétiques qui affirmaient hautement leurs erreurs et les soutenaient hardiment pendant leur interrogatoire.

Antonymes. Négatif, dubitatif.

AFFIRMATION s. f. (a-fir-ma-si-on — lat. affirmatio, même sens). Action d’affirmer, de soutenir comme vrai ; assurance positive d’un fait : Affirmation claire, précise, formelle. J’avais besoin de votre affirmation pour croire ce fait. (Acad.) L’affirmation a toujours quelque chose d’imposant. (B. Const.) L’homme vit d’affirmation plus encore que de pain. (V. Hugo.) Toute négation implique une affirmation préalable. (Proudh.) L’affirmation est le premier acte de la pensée. (V. Cousin.) Les fréquentes affirmations ne font point passer pour véridique. (***.) Dans cette lettre se trouvent admirablement réfutées les trois affirmations risquées au nom de l’empereur d’Autriche. (Le Siècle.) Mais, pour vous le faire comprendre, il m’eût fallu m’enivrer de mes propres affirmations. (G. Sand.) De sa bouche l’affirmation des faits les plus improbables sera tenue par moi pour la vérité. (Balz.)

— Logiq. et gramm. Expression affirmative : Deux négations valent une affirmation. L’affirmation est opposée à la négation.(Acad.)

— Jurispr. Déclaration, d’un fait ou d’un acte avec serment.

Encycl. L’affirmation légale, ou déclaration faite sous la foi du serment, est prescrite dans une foule de cas déterminés par le Code civil, le Code de procédure et le Code de commerce. La loi l’impose au créancier, en cas de faillite, pour toutes créances, fussent-elles constatées par acte authentique, et à peine de déchéance si elle n’a pas lieu dans le délai de huitaine ; au débiteur qui se refuse à payer une dette prescrite ; à la veuve qui veut conserver la faculté de renoncer à la communauté, pour l’inventaire des biens de la communauté dressé par elle après le décès du mari, etc.

Les procès-verbaux des gardes forestiers, des préposés des octrois, douanes et contributions indirectes, des agents du domaine, des gardes champêtres, des porteurs de contraintes, doivent être affirmés, à peine de nullité, par leurs auteurs, dans les formes et délais voulus. (V. Procès-verbal.) Les procès-verbaux dressés pour simples contraventions de police par les maires, adjoints et commissaires, ceux qui émanent, à quelque titre que ce soit, des officiers de gendarmerie, sous-officiers et simples gendarmes, sont affranchis de l’affirmation.

Lorsqu’il s’élève une contestation entre le maître et le domestique, entre le patron et l’ouvrier sur le payement et la quotité des gages ou salaires, la loi s’en rapporte à l’affirmation des maîtres sur tous ces points, s’il n’y a pas d’acte écrit. Nous devons dire que cet article de notre Code civil est vivement attaqué, de nos jours, comme contraire au principe essentiellement démocratique et français de l’égalité des citoyens devant la loi. Ajoutons que les motifs de ce privilége accordé au maître et au patron n’ont pas été produits lors de la présentation du Code civil. Le rapport fait au tribunat par Mouricaut sur le contrat de louage se borne à dire : Le maître dont on a suivi la foi est alors cru sur son affirmation, etc.

Syn. Affirmation, affirmative. L’affirmation est l’action d’affirmer : Tout jugement se réduit à une affirmation ou à une négation. (Lafaye.) L’affirmative est une proposition qui a la propriété d’affirmer : Dans les disputes, les uns soutiennent l’affirmative, les autres la négative. (Lafaye.)

AFFIRMATIVE s. f. (a-fir-ma-ti-ve — rad. affirmatif). Se dit en général de toute façon de parler par laquelle on affirme : Soutenir l’affirmative. Sur l’expédient qu’on proposa, la majorité fut pour l’affirmative. Quand l’un soutient la négative, l’autre prend l’affirmative. Vous demandez si les mouvements des animaux sont spontanés ; je vous dirai que je n’en sait rien, mais que l’analogie est pour l’affirmative. (J.-J. Rouss.)

Doutez, mortels, douter, car vous ne savez rien.
Je ris quand je vous vois prendre l’affirmative ;
Je ris quand je vous vois tenir la négative.
Lamotte.

|| Se dit, principalement en logique, de toute proposition qui sert à affirmer : L’affirmative et la négative de la plupart des opinions ont chacune leur probabilité. (Pasc.)Il leur posa très-sérieusement la question de savoir s’il était possible de mourir d’ennui ; voilà mes savants tous pour l’affirmative. (E. Sue.)

Syn. Affirmative, affirmation. V. Affirmation.

AFFIRMATIVEMENT adv. (a-fir-ma-ti-ve-man — rad. affirmatif)). D’une manière affirmative, avec assurance : Il lui déclara affirmativement que ses forces étaient suffisantes pour faire son voyage. (Pasc.) Je conviens que j’ai parlé trop affirmativement, là où il ne fallait que mettre modestement le lecteur sur la voie. (Volt.) Nous croyons qu’il est ridicule de parler affirmativement et avec chaleur de quoi que ce soit. (Vauven.) || Positivement, exactement : Je ne savais affirmativement ni qu’espérer ni que craindre. (Mariv.) Peu usité dans ce dernier sens.

AFFIRMÉ, ÉE (a-fir-mé) part. pass. du v. Affirmer. Avancé, soutenu comme vrai : Des faits affirmés par des hommes graves. (La Bruy.) Le fait fut affirmé par une femme de la baronne, qui jusque-là avait paru dévouée à sa maîtresse. (E. Sue.)

AFFIRMER v. a. ou tr. (a-fir-mé — lat. affirmare, même sens ; formé de ad, à ; firmare, rendre ferme). Déclarer, soutenir, assurer qu’une chose est vraie : Affirmer une proposition, un fait. J.-J. Rousseau, dans une note de ses ouvrages, affirme n’avoir rencontré en toute sa vie que trois prêtres qui crussent en Dieu. (Volt.) Nul ne saurait affirmer que le mal qu’il subit ne puisse être la source d’un bien caché à son ignorance. (Mme Guizot.) Quand une prescription peut s’interpréter de plusieurs manières, on peut affirmer qu’elle ne vient pas de Dieu. (L. Pinel.) Cela était bien difficile à prouver et bien téméraire à affirmer. (G. Sand.) Les gens qui nous affirment n’être d’aucun parti politique, à coup sûr ne sont pas du nôtre. (Petit-Senn.) Nier qu’on soit, c’est affirmer qu’on est. (Lamenn.) Le meilleur moyen de faire attendre patiemment le public, c’est de lui affirmer qu’on va commencer tout de suite. (V. Hugo.) On peut affirmer que la race des individus de sang sémitique ne dépasse pas trente millions, tandis que les langues indo-européennes sont parlées par plus, de quatre cents millions d’individus. (Renan.) || Avouer, proclamer, reconnaître ou faire reconnaître comme existant, comme nécessaire : Nous affirmons assez souvent nos principes, pour être en droit de croire impossible toute espèce de malentendu. (E. de la Bédoll.) Combien de gens affirment les attributs de la Divinité sans les comprendre ! (Proudh.) Tous les hommes affirment le libre arbitre par leur conduite. (Bastiat.) La faction monarchique, en attaquant successivement toutes les libertés, n’a-t-elle pas affirmé autant de fois la Révolution. (Bastiat.)

— Absol. : L’ignorance affirme ou nie, la science doute. Quand un homme d’esprit doute, un sot affirme. (Laténa.) Affirmer, c’est déterminer. (Proudh.) Il ne suffit pas que la critique démolisse, il faut qu’elle affirme et reconstruise. (Proudh.) Le procédé par lequel l’esprit affirme n’est pas le même que celui par lequel il nie. (Proudh.)

— Jurispr. Déclarer en justice la vérité d’un fait, avec ou sans serment : Affirmer par serment, sous serment. Un arrêt de la cour de cassation a décidé que chacun pouvait affirmer suivant les rites de sa religion. (Sirey.)

S’affirmer, v. pr. Être affirmé : Cette proposition peut s’affirmer. || Se manifester, se produire au dehors : C’est oui et non à la fois, c’est le désir qui n’ose s’affirmer. (Journ.) L’humanité s’affirme comme autre que ce qu’elle se connaît. (Proudh.)

Syn. Affirmer, assurer, attester, avancer, certifier, confirmer, garantir, prétendre, promettre, répondre, soutenir. Affirmer suppose quelque chose d’évident dont on est convaincu ou dont on veut convaincre : On peut affirmer en tout temps de l’homme que c’est un être intelligent. (Fén.) Confirmer, c’est ajouter à ce qui a été affirmé ou assuré : Voilà ce que je vous, écrivais il y a huit jours, et ce que je vous confirme. (J.-J. Rouss.) Attester emporte l’idée de choses qu’on a vues soi-même : Une magnificence qui paraîtrait incroyable, si tous les historiens ne l’attestaient pas. (Boss.) Certifier, c’est donner la certitude des choses qui sont arrivées à notre connaissance : Ceux qui érigèrent ce marbre attendirent que la chose fût bien constatée pour la certifier à la postérité. (Volt.) Prétendre marque ce qu’on se propose de défendre : Quelques écrivains de l’Europe, qui n’avaient jamais été à la Chine, avaient prétendu que le gouvernement de Pékin était athée. (Volt.) Avancer exprime ce qu’on propose pour le défendre : J’avance et je soutiens, dit Cicéron, que dans toute cette île il n’y a aucun vase d’argent ou d’airain que Verres n’ait convoité. (Roll.) Soutenir marque ce que l’on défend actuellement : Voyons avec quelle hardiesse la calomnie avance les plus grossières impostures, et avec quelle faiblesse elle les soutient. (Bourdal.) On garantit les qualités : Parbleu, je vous garantis cette pièce détestable. (Mol.) On répond des événements : Si la petite n’avait les cerises de son goûter que par une opération d’arithmétique, je vous réponds qu’elle saurait bientôt calculer. (J.-J. Rouss.) Promettre, c’est répondre d’un événement que l’on peut faire arriver : Je vous promets qu’il s’en repentira. (Acad.)

Antonymes. Dédire, démentir, nier, rétracter.

AFFISTOLÉ, ÉE (a-fi-sto-lé) part. pass. du v. Affistoler. Paré, endimanché : Comme te voilà affistolé ! À l’ouverture d’un sentier, une bossue affistolée mit pied à terre majestueusement. (Chateaub.) Pop. || S’est dit aussi autref. pour Enjôlé, trompé.

AFFISTOLEMENT s. m. (a-fi-sto-le-man — rad. affistoler). Action d’affistoler, de s’affistoler.

AFFISTOLER v. a. ou tr. (a-fi-sto-lé — du lat. fistula, pipeau). Parer, endimancher, ajuster d’une manière minutieuse. Pop. || S’est dit aussi autref. pour Tromper, prendre par de beaux semblants.

S’affistoler, v. pr. S’ajuster, se parer.

AFFISTOLEUR, EUSE s. (a-fi-sto-leur, eu-ze — rad. affistoler). Trompeur, enjôleur, persifleur :

Pages, palfreniers, gaudisseurs,
Que sais-je ? un tas d’affistoleurs
Qui ont ouï le fait conter
En jetteront goulées plusieurs.
Et l’iront partout éventer.        xve siècle.

AFFISTOLURE s. f. (a-fi-sto-lu-re — rad. affistoler). Tromperie, à l’aide de beaux semblants.

AFFIXE s. m. (a-fi-kse — du lat. affixus, participe de affigere, coller à). Gramm. Particule qui se met au commencement ou à la fin des mots pour en modifier la signification, et qui s’attache en quelque sorte à la racine même du mot. Ainsi, dans parsemer, la racine est sem ; par et er sont des affixes. Les affixes qui précèdent la racine s’appellent préfixes. (V. ce mot) ; ceux qui la suivent s’appellent suffixes {V. ce mot) : Les affixes que nous ajoutons à nos mots pour en obtenir des dérivés sont presque tous empruntés au latin, et la philologie moderne prouve qu’en latin ils ont tous été d’abord des mots simples. (Ackermann.)

— Ce mot s’empl. aussi adjectiv., et signif. alors Qui s’attache, qui s’ajoute à un radical : Particule affixe. Le pronom est isolé ou affixe.

AFFIXION s. f. (a-fi-ksi-on — du lat. affigere, coller). Pratiq. Action d’afficher : L’affixion des placards.

AFFLACHI, IE (a-fla-chi) part. pass. du v. Afflachir. S’est dit pour Faible, lâche, languissant, débile : Il a les dents longues et l’estomac afflachi. (Le Sage.)

AFFLACHIR v. n. ou intr. (a-fla-chir — rad. flasque). Devenir mou, faible, languissant.

AFFLE s. m. (a-fle — du lat. flatus, souffle). Vent, souffle. Vieux.

AFFLÉ, ÉE adj. (a-flé — rad. affle). Altéré par le contact de l’air : Parfum afflé. Une liqueur afflée a perdu toute sa force.

AFFLEURAGE s. m. (a-fleu-ra-je — rad. affleurer). Papet. Action de délayer la pâte qui sert à fabriquer le papier.

— Écon. dom. Farine qui rend beaucoup.

AFFLEURANT, ANTE adj. v. (a-fleu-ran, an-te — rad. affleurer). Papet. Se dit d’une pile qui délaye la pâte à maillet nu : Pile affleurante.

— Écon. dom. Se dit d’un mélange de différentes farines : Mélange affleurant.

AFFLEURÉ, ÉE (a-fleu-ré) part. pass. du v. Affleurer. Mis à fleur, de niveau : Planches affleurées. Pièces de menuiserie à entailles, collées, affleurées.

AFFLEURÉE s. f. (a-fleu-ré — rad. affleurer). Papet. Nom donné à la pâte broyée par la pile affleurante.

AFFLEUREMENT s. m. (a-fleu-re-man — rad. affleurer). Arts et mét. Réduction d’une surface au même niveau qu’une autre, et sans aucune saillie.

— Par ext. Se dit d’un point peu apparent d’un objet dont une partie est enfouie, et surtout de quelques restes d’anciennes constructions qui affleurent à peine la terre : Quelques affleurements de murs cyclopéens ensevelis dans les scories et la cendre : telle est aujourd’hui Sodome. (Saulcy.)

— Géol. Émergence des couches, filons, dykes, à la surface du sol. il Extrémité d’une couche, d’un filon ou d’un dyke qui vient affleurer la surface de la terre : Il y a des variations sans nombre dans les figures que décrivent les affleurements des couches, suivant leurs différentes inclinaisons et le mode de dénudation qu’elles ont subi. Les affleurements se trouvent le plus ordinairement dans les ravins, les carrières, les roches escarpées, les torrents, etc. (Landrin.)

— Physiq. Point d’affleurement, point qui doit toujours être ramené au niveau du liquide dans l’aréomètre à volume constant et à poids variable. || Mettre à l’affleurement, charger l’aréomètre de poids de telle sorte qu’il enfonce dans le liquide jusqu’au point d’affleurement.

AFFLEURER v. a. ou tr. (a-fleu-ré — rad. à fleur). Réduire deux corps contigus à un même niveau, les joindre exactement : Affleurer les battants d’une porte, d’une armoire. Affleurer les pièces d’un plancher, d’un parquet. Affleurer les pierres d’un mur. || Toucher de fort près, être à fleur de : En dehors du mur d’enceinte, qu’affleurait le pavillon, se dressait une rangée d’arbres. (Th. Gaut.)

— Fig. Toucher, aborder à : La barque affleura la rive de l’ilôt. (H. Castille.)

— Constr. nav. Se dit d’une pièce de bois qui en touche une autre, de manière qu’elle ne semble faire avec elle qu’une même surface : Les bordages doivent affleurer les couples.

— Papet. Délayer la pâte destinée à la fabrication du papier.

— Écon. dom. Mélanger plusieurs farines, telles que celles de froment, de seigle et d’orge.

— Neutral. Arriver à un même niveau : Ces deux planches affleurent bien. La suite des marches se rencontrait au delà du palier, où venaient affleurer les premières pierres d’une muraille antique. (Raoul-Rochette.)

— Géol. Se dit d’une couche, d’un filon qui, par suite de dénudation, apparaît à la surface de la terre.

— Physiq. Se dit de l’aréomètre qui enfonce jusqu’au point de l’affleurement.

S’affleurer, v. pr. Être de niveau, en parlant de deux pièces dont les surfaces se confondent.

AFFLICTIF, IVE adj. (a-flik-tif — du lat. afflictus, part. pass. de affligere, frapper). Jurispr. Se dit des peines corporelles, qui atteignent le corps lui-même : Le travail, selon le dogme antique, était réputé afflictif et infamant. (Proudh.) || Dans notre législation, les peines sont afflictives et infamantes, ou infamantes simplement ; les peines afflictives et infamantes sont la mort, les travaux forcés à perpétuité ou à temps, la déportation, la réclusion ; les peines infamantes seulement sont le bannissement, la dégradation civique et l’exposition publique, aujourd’hui supprimée. Les peines afflictives et infamantes privent le condamné de ses droits civils, et emportent la destitution de la tutelle et de la curatelle.

AFFLICTION s. f. (a-flik-si-on — lat. afflictio, même sens). Peine morale, douleur profonde et durable qui remplit l’âme et l’abat, à la suite d’une perte ou d’un malheur grave : Grande, extrême affliction. Tomber dans l’affliction. Les consolations indiscrètes ne font qu’aigrir les grandes afflictions. Il n’y a pour eux, dans le monde, qu’amertume, que trouble et affliction d’esprit. (Bourdal.) Ce n’est guère que par vertu ou par force d’esprit que l’on sort d’une grande affliction. (La Bruy.) Il n’est point d’affliction qu’un beau soleil ne diminue de moitié. (A. d’Houdetot.) La véritable affliction est muette. (Boitard.) La prière rend /’affliction moins douloureuse et la joie plus pure. (Lamenn.)

Il n’est affliction dont on ne vienne à bout.
La Fontaine.

— Se dit quelquefois du coup même qui frappe, qui est une cause d’affliction : Quelle affliction Dieu vous a envoyée ! La musique, les fêtes et le sommeil n’endorment que les afflictions légères. (Juste-Lipse.) Les afflictions que les saints ont toujours reçues comme des grâces, on les craint comme des malheurs. (Mass.) S’il est vrai que nos joies sont courtes, la plupart de nos afflictions ne sont pas longues. (Vauven.) On ne le vit pas succomber un moment à ses afflictions. (Volt.) Ce n’est qu’à force de travaux, d’afflictions