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AGACÉPHALE s. f. (a-ga-sé-fa-le — du gr. agan, trop ; képhalè, tête). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentamères, famille des lamellicornes, dont on connaît quelques espèces du Brésil.

AGACER v. a. ou tr. (a-ga-sé — du gr. akazein, piquer. — Le c du radical prend la cédille toutes les fois que la terminaison commence par un a ou un o : Nous agaçons, il agaça). Causer de l’agacement, produire une sensation désagréable : Le verjus, les fruits verts, le citron, agacent les dents. L’orage agace les nerfs.

— Par anal. : Ces arguments sont si dissonants, si rêches, qu’ils agacent les dents. (Beaumarch.)

— En général, Produire sur le sens de l’ouïe un effet désagréable : Un cliquetis rapide frappe et agace l’oreille. (Comtsse Merlin.) || Se dit aussi des animaux : Agacer un chien, un chat. Je n’ai jamais vu vos chiens si méchants ; c’est, bien sûr, le froid qui les agace. (E. Sue.)

— Par ext. Agacer les nerfs. Déterminer une légère irritation, une certaine impatience : Assez ! répéta la comtesse avec un geste d’autorité, vous m’agacez les nerfs. (Balz.) Votre figure ne me revient pas, elle m’agace. (Fr. Soulié.) Le bruit des marteaux m’agace les nerfs, comme si j’étais une demoiselle. (G. Sand.) || Animer, exciter : Les tables des riches, surchargées de mets aussi exquis que variés, agacent sans cesse l’appétit au delà du vrai besoin. (Virey.) || Provoquer, contrarier, impatienter, lâcher : Las de l’avoir inutilement agacé sur d’autres sujets, il crut qu’il en aurait quelque raison en le mettant sur l’amour et la galanterie. (Hamilt.) Mademoiselle du Plessis agaçait ma fille, et ma fille la battait. C’était la plus plaisante chose du monde. (Mme de Sév.) Je l’ai agacée, je l’ai piquée d’honneur. (Mariv.) Mais depuis trois mois que je supporte cette plaisanterie, je commence à en être las ; elle m’ennuie, elle m’agace. (L. Gozlan.) Elles s’amusaient aux lazzi des masques qui, à demi couchés sur les rampes du pont, agaçaient les passants. (G. Sand.)

N’agaçons jamais les enfants ;
Car pourquoi les rendre méchants ?
Voltaire.

— Fig. Chercher à se faire remarquer, à plaire par des agaceries, des manières séduisantes, en parlant de la femme : Elle est toujours autour de lui à l’agacer. (Mol.) Le duc de Berry devrait agacer les dames du palais, avec lesquelles il aurait bien affaire d’avoir le dernier. (Mme de Sév.) Je veux l’agacer par des œillades coquettes. (Le Sage.)

Une belle paraît, lui sourit et l’agace ;
Crac ! au premier assaut elle emporte la place.
Destouches.
Au salon ou sur la pelouse,
Laure, jamais ne m’agacez.
Béranger.


|| Absol., dans ce dernier sens : Agacer est un jeu de la coquetterie dont la vertu paye les frais. (Mol.)

S’agacer, v. pr. Être agacé : Les dents, les nerfs s’agacent au bruit particulier produit par certains frottements.

— Par ext. Se contrarier, s’irriter : Ce vieillard s’agace pour la moindre chose. || Se provoquer, s’inciter l’un, l’autre : Ils s’agacent continuellement ; et n’en sont pas plus mal ensemble. L’union même engendre les folâtres querelles, et l’on ne s’agace mutuellement que pour montrer combien on est sûr les uns des autres. (J.-J. Rouss.) || Se dit aussi en parlant des animaux : C’est un petit spectacle que de voir les fauvettes s’égayer, s’agacer et se poursuivre. (Buff.)

Syn. Agacer, harceler, provoquer. Un fâcheux nous harcèle par ses importunités ; un railleur nous agace par ses sarcasmes ; un ennemi nous provoque par ses insultes.

Antonymes. Apaiser, calmer.

AGACERIE s. f. (a-ga-se-rî — rad. agacer). Regards, paroles, manières séduisantes, qu’on met en usage, pour attirer l’attention de ceux à qui l’on veut plaire : M. le duc de Richelieu est actuellement à Forges, mais je ne crois pas qu’il vienne faire beaucoup d’agaceries aux dames de Rouen. (Volt.) Elle lui fait des agaceries dont il n’est que plus dépité. (J.-J. Rouss.) Charlotte avait essayé vainement sur lui ces petites agaceries de provinciale, qui dégénèrent toujours en taquinage. (Balz.)

— Fig. Se dit de l’esprit, de ce qui appartient à l’esprit : Votre belle-sœur m’écrit mille douceurs et mille agaceries pour M. de Grignan. (Mme de Sév.) Leur correspondance était fréquente et bizarre, c’était l’agacerie charmante de l’esprit et du génie. (Lamart.)

AGACEUR s. m. (a-ga-seur — rad. agacer). Celui qui agace, qui excite. || Vieux et inus.

AGACIN s. m. (a-ga-sain). Espèce de cor aux pieds.

AGADA s. m. (a-ga-da). Instrument à vent des Égyptiens et des Abyssins ; de la grandeur et de la forme d’une flûte.

AGADÈS, ville d’Afrique, capit. du roy. d’Asben, l’une des plus considérables du grand désert de Sahara ; entrepôt important du commerce de l’Afrique centrale, sur la route des caravanes de Tripoli à Kaschna. 30,000 hab.

AGADIR, ville du Maroc, sur l’océan Atlantique, le meilleur port de l’empire. Cette ville, autrefois très-forte et très-florissante, fut démantelée par ordre du sultan à la suite d’une révolte, en 1773, et ses habitants transportés à Mogador.

AGAG, roi des Amalécites, fut vaincu et pris par Saül. Celui-ci, qui avait reçu de Dieu l’ordre de ne faire aucun quartier, épargna néanmoins le roi captif. Samuel, saisi d’une sainte colère, fit couper Agag en morceaux.

AGAILLARDI, IE (a-ga-iar-di) part. pass. du v. Agaillardir.

AGAILLARDIR v. a. ou tr. (a-ga-iar-dir — rad. gaillard). Rendre plus gaillard, plus gai.

S’agaillardir, v. pr. Devenir plus gaillard, plus gai : Pour s’agaillardir, il faut posséder la tranquillité d’esprit. (Mercier.)

AGALACTE adj. et s. (a-ga-lak-te — du gr. a priv. ; gala, galaktos, lait). Méd. Se dit d’une femme qui n’a pas de lait ; d’un enfant qui n’a pas encore tété.

AGALACTIE ou AGALAXIE s. f. (a-ga-lak-tî ou sî — du gr. a priv. ; gala, galaktos, lait). Méd. Absence de lait dans les mamelles chez les nouvelles accouchées ou les nourrices.

AGALANCÉE s. f. (a-ga-lan-sé). Bot. Nom vulgaire de l’églantier dans le midi de la France.

AGALARI s. m. (a-ga-la-ri). Page attaché à la personne du grand seigneur : Les agalaris sont pris parmi les icoglans, et le sultan en a quarante à son service.

AGALASSES s. m. pl. (a-ga-la-se). Géogr. anc. Petit peuple qui habitait vers la partie supérieure de l’Indus, et qui fut subjugué par Alexandre.

AGALAXIE s. f. (a-ga-lak-sî). Méd. V. Agalactie.

AGALÉ, ÉE (a-ga-lé) part. pass. du v. Agaler.

AGALER v. a. ou tr. (a-ga-lé). Agric. Sarcler un champ de maïs pour la première fois.

AGALIK s. m. (a-ga-lik — rad. aga). Province soumise à l’autorité d’un aga.

AGALI-KEMAN s. m. (a-ga-li-ke-man). Mus. Instrument à archet avec un pied, en usage chez les Turcs, et qui offre quelque ressemblance avec notre violoncelle.

AGALLOCHE s. m. (a-ga-lo-che — du gr. agallochon, aloès). Bot. Genre de la famille des euphorbiacées et de la tribu des hippomanées.

Encycl. L’agalloche (excœcaria agallocha de Linné) est un petit arbre dont toutes les parties, et surtout les jeunes rameaux, laissent écouler, quand on les entame, un suc laiteux, âcre et caustique. Il habite les Indes orientales, Ceylan, Malacca, les Moluques, etc. On le rencontre surtout dans les terrains marécageux, baignés alternativement par les eaux douces et les eaux salées qui se trouvent à l’embouchure des fleuves ; il y est cultivé pour soutenir les terrains en pente, notamment les berges des cours d’eau.

L’agalloche s’appelle aussi arbre aveuglant ; ce nom, et son nom générique en latin, viennent de ce que, selon quelques voyageurs, des matelots abattant un arbre de cette espèce, reçurent en plein visage son suc laiteux, et perdirent la vue après avoir éprouvé d’atroces douleurs.

Le bois d’agalloche, appelé aussi bois d’aigle, calambac, garo, et improprement bois d’aloès, à cause de son extrême amertume, est résineux et aromatique. Quand on le brûle, il répand une odeur agréable, à laquelle on attribue la propriété de fortifier le cerveau, le cœur et l’estomac. Ou l’emploie en ébénisterie, en parfumerie, et aussi en médecine, contre la goutte, les rhumatismes, les vers intestinaux et plusieurs autres affections.

AGALLOCHITE s. f. (a-ga-lo-chi-te — rad. agalloche). Géol. Nom donné autrefois à des débris fossiles qui paraissaient offrir quelque ressemblance avec l’agalloche ou bois d’aloès.

AGALMATOLITHE s. m. (a-gal-ma-to-li-te — du gr. agalma, atos, ornement, statue ; lithos, pierre). Minér. Talc compacte nommé vulgairem. pierre de lard, dont on se sert en Chine pour faire des magots ou figures grotesques.

AGALME s. f. (a-gal-me — du gr. agalma, ornement). Moll. Genre d’acalèphes qui se trouve dans l’océan Pacifique.

AGALOSTÉMONE adj. et s. f. (a-ga-lo-sté-mo-ne — du gr. a priv. ; galòs, belle-sœur, et stèmon, étamine). Bot. Se dit des plantes dont les étamines sont insérées alternativement, sur le calice et la corolle.

AGALOUE s. m. (a-ga-loû). Bot. Dénomination qui s’applique dans le Midi à divers arbrisseaux ou plantes épineuses, croissant en buisson ou en touffe.

AGALYSIEN adj. m. (a-ga-li-zi-ain — du gr. agan, trop ; lusis, dissolution). Géol. Se dit d’un terrain composé de roches qui ont été formées par voie de cristallisation confuse.

AGAME adj. (a-ga-me — du gr. agamos, célibataire ; forme de a priv. ; gamos, noce). Bot. Se dit des plantes qui n’ont pas d’organes sexuels connus, telles que les champignons et les algues. || s. f. pl. La classe même de ces plantes. Les agames répondent aux acotylédonées de Jussieu.

— s. m. Erpét. Genre de reptiles sauriens originaires de l’Afrique et des Indes orientalcs. Ces animaux, voisins des lézards, ont en général un aspect hideux et repoussant, une peau sèche et raboteuse, et des couleurs ternes. Vifs et alertes, ils habitent des contrées désertes, sablonneuses et arides ; ils vivent presque constamment à terre, et se cachent sous les pierres ou dans des terriers peu profonds.

— s. m. pl. Moll. Classe de mollusques, établie par Latreille. Elle renferme quelques genres de gastéropodes ou univalves à coquille très-ouverte, tels que les haliotides, les cabochons, les patelles, etc., et tous les acéphales ou bivalves, huîtres, peignes, moules, bucardes, avicules, pholades, etc.

AGAMÈDE, frère de Trophonius. V. ce nom.

AGAMEMNON, roi de Mycènes et d’Argos ; fils d’Atrée, suivant Homère, et frère de Ménélas. Il épousa Clytemnestre, sœur d’Hélène, et en eut trois enfants : Iphigénie, Electre et Oreste. Sa puissance et son autorité lui firent confier la conduite de la guerre de Troie, dont il avait été l’un des instigateurs. Il sacrifia alors sa fille Iphigénie pour apaiser le courroux de Diane et faire cesser les vents contraires qui retenaient la flotte en Aulide, et soutint avec éclat la supériorité de son rang parmi les autres chefs de l’armée grecque pendant les longues années du siége de la ville de Priam. Mais il excita la colère d’Achille en lui enlevant Briséis, et détermina ainsi le héros à priver les Grecs du secours de sa valeur. Après une absence de dix ans et la prise de Troie, il rentra dans ses foyers, où la trahison d’une épouse adultère lui fit trouver la mort. Il fut assassiné pendant son sommeil par Egisthe, le complice de Clytemnestre.

Les combats intérieurs entre l’ambition et la tendresse paternelle d’Agamemnon, au moment de sacrifier sa fille, ses derniers malheurs, sa fin déplorable, les meurtres et les crimes commis par les divers membres de sa famille, ont excité de tout temps la verve des poëtes tragiques et donné naissance à une foule de tragédies où figurent le roi d’Argos ou ses proches, ce qui a fait dire à un satirique :

Race d’Agamemnon, qui ne finis jamais...

C’est le même sentiment qui a sans doute inspiré ce vers de Berchoux :

Qui nous délivrera des Grecs et des Romains ?

Agamemnon, tragédie d’Eschyle. — Le sujet de cette pièce est la mort d’Agamemnon, qui, à son retour de Troie et le jour même qu’il revoit ses foyers, tombe sous les coups de sa femme Clytemnestre et de l’adultère Egisthe. La scène représente la place publique d’Argos et le palais de ses rois. Sur le faîte de cette demeure est un esclave chargé d’attendre le signal de la prise de Troie, et qui, depuis dix ans, s’acquitte vainement de ce pénible soin. Par ordre d’Agamemnon, une suite de fanaux subitement allumés devait transporter d’Asie en Europe la nouvelle de la victoire des Grecs. Enfin les feux messagers ont lui ; les Grecs sont vainqueurs, et bientôt paraît le roi des rois, assis sur un char de triomphe et accompagné de la prophètesse Cassandre, qui lui avait en vain prédit sa fin tragique. Sur l’invitation empressée de Clytemnestre, Agamemnon entre dans son palais ; Cassandre le suit, résignée à son sort, et les portes se referment sur eux. Un sombre pressentiment agite le chœur. Tout à coup des cris se font entendre : ce sont ceux du malheureux roi qu’on égorge. Les portes du palais se rouvrent, et laissent voir, auprès de deux corps sans vie, Clytemnestre debout, la hache à la main, sanglante, et dans tout l’orgueil du crime, prête à le proclamer et à le glorifier. La tragédie d’Agamemnon forme, avec les Choéphores et les Euménides, la trilogie d’Oreste. Dans les Choéphores, Oreste venge sur Clytemnestre la mort de son père ; dans les Euménides, il expie son crime.

Agamemnon, tragédie de Lemercier, en cinq actes et en vers. Cette pièce, où l’auteur a su fondre habilement les beautés éparses dans Eschyle, Sénèque et Alfiéri, qui ont traité le même sujet, est une des meilleures du théâtre moderne.

L’Agamemnon de Lemercier fut représenté au Théâtre-Français le 24 avril 1797, avec un succès dont les annales dramatiques offrent peu d’exemples. L’auteur ne put se refuser à livrer sa tragédie à l’impression, et le Directoire, dans une fête solennelle au Champ-de-Mars, la couronna. C’est le chef-d’œuvre de Lemercier, que bien des critiques attaquèrent, mais qui fut vigoureusement défendu par un grand nombre d’écrivains.

M. Victor Hugo, dans son discours de réception à l’Académie, a très-heureusement résumé les principales beautés de l’Agamemnon de Lemercier : « Contemplez surtout Clytemnestre, la pâle et sanglante figure, l’adultère dévouée au parricide, qui regarde à côté d’elle sans les comprendre et, chose terrible, sans en être épouvantée, la captive Cassandre et le petit Oreste, deux êtres faibles en apparence, en réalité formidables ! L’avenir parle dans l’un et vit dans l’autre ; Cassandre, c’est la menace sous la forme d’une esclave ; Oreste, c’est le châtiment sous les traits d’un enfant. »

Agamemnon, tragédie d’Alfiéri. Le poëte a présenté un héros fatigué de la puissance, dégoûté de la gloire que l’on acquiert par les malheurs de l’humanité, et ne cherchant que la paix de la vie privée près d’une épouse qui le trahit et qui doit lui donner la mort. Petitot a dit : « Alfiéri, dans l’examen qu’il a fait de sa tragédie, ne la met point au rang de celles qu’il préfère. J’oserai être d’un avis contraire au sien. Il me semble que, dans aucune de ses pièces, il n’a porté plus loin la terreur et la pitié, et que parmi ses plus heureuses conceptions dramatiques, celle-ci, par la simplicité du plan, par le choix des moyens, par la peinture des passions, mérite d’être placée au premier rang. »

AGAMI s. m. (a-ga-mi — nom donné par les naturels). Ornith. Oiseau originaire de l’Amérique méridionale, tenant à la fois des gallinacés et des échassiers, et très-facile à apprivoiser : Les agamis sont aussi fidèles à leur maître que les chiens. (Acad.) On apprend aux agamis à faire à peu près ce que font nos chiens. (Buff.)

Encycl. L’agami (psophia crépitans) a la taille d’un faisan. Son plumage, d’un beau noir sur les ailes, sur le cou, sur la tête et sous le ventre, présente sur la poitrine des reflets irisés. Une bande d’un rouge ferrugineux bien tranché sur le noir, après avoir partagé le dos en deux parties, dont l’inférieure est d’un gris cendré clair, passe sur les ailes en dorant les petites couvertures d’un fauve éclatant. La tête, la gorge et la partie supérieure du cou sont simplement recouvertes d’un duvet court, légèrement crépu et moelleux au toucher ; le tour de l’œil est nu ; le bec est conique et un peu convexe. La longueur de ses jambes, dont le bas est dégarni de plumes, a pu seule déterminer le rang que Cuvier lui assigne parmi les grues, auxquelles il ressemble dans tout le reste tout aussi peu qu’aux gallinacés, dont ses qualités et ses mœurs le rapprochent bien davantage.

L’agami se rencontre aux Antilles, où il est nommé caracara, à Cayenne et dans le reste de la Guyane, où il s’appelle oiseau-trompette. Il doit ce dernier nom et celui de psophia, sous lequel la science le désigne (psophéo, je souffle), aux sons sourds qu’il fait entendre sans ouvrir le bec. Il habite les forêts épaisses et éloignées des habitations. Toutefois il n’est nullement sauvage. Les agamis vivent par troupes de trente à quarante individus ; ils se laissent facilement approcher par l’homme, au point que l’on peut en abattre plusieurs avant que les autres pensent à s’enfuir. Il se tient de préférence sur les lieux élevés, a le vol lourd et se nourrit d’insectes et de fruits sauvages. L’agami est facile à domestiquer ; son intelligence acquiert, dans nos basses-cours, un développement merveilleux. Il sait reconnaître celui qui le soigne, et se prend pour lui d’une affection sincère ; il obéit à sa voix, répond à ses caresses et en sollicite de nouvelles jusqu’à l’importunité ; il fête sa présence par des transports de joie, se montre triste en le voyant partir, et bondit à son retour. Comme le chien, il sait reconnaître les amis de la maison et accueillir leur arrivée. S’il est libre encore de son attachement, il le donne volontiers au premier qui lui témoigne de la bienveillance. On lui accorde même l’intelligence de nos chiens de berger, et il exerce, dit-on, sur les volatiles des basses-cours, le même empire, la même surveillance que ces derniers sur les moutons. Si les qualités de l’agami n’ont pas été exagérées, il est à regretter que l’on n’ait point encore tenté l’introduction de cet intéressant oiseau en Europe ; nul doute que sa présence n’offrit de nouvelles ressources à l’agriculture dans nos départements méridionaux, qui deviendraient promptement pour lui une nouvelle patrie.

AGAMIDES adj. et s. m. pl. (a-ga-mi-de — du gr. a priv. ; gamos, mariage, et eidos, formé). Zool. Classe de reptiles sauriens, qui a pour type le genre agame.

AGAMIE s. f. (a-ga-mi — rad. agame). Bot. Nom donné à la vingt-cinquième et dernière classe du système sexuel de Linné : L’agamie est une subdivision de la cryptagamie.

AGAMIEN, IENNE adj. (a-ga-mi-ain, è-ne — rad. agame). Erpét. Qui ressemble à l’agame. || s. m. pl. Famille de l’ordre des reptiles sauriens, ayant pour type le genre agame. Syn. de agamides, mais avec une signification plus générale. Cette famille comprend les stellions, les agames, les galéotes, les istiures et les dragons.

AGAN s. m. (a-gan). Mar. Débris de toute sorte que la mer dépose sur la plage, lors des grandes marées. || On dit aussi laisses. || Les dictionnaires de marine donnent agan et lagan, avec cette légère différence que le premier s’applique aux débris naturels fournis par la mer, tandis que lagan désigne des débris de navire. Cependant il y a une telle ressemblance entre agan et lagan, que nous ne voyons là qu’un seul et même mot, modifié par une corruption.

AGANAIS s. m. (a-ga-nè — du gr. aganos, gracieux). Entom. Genre d’insectes lépidoptères, famille des nocturnes, dont les espèces habitent le Sénégal, la Chine et la Nouvelle-Guinée.

AGANIPPE, fille du fleuve Permesse et nymphe de la fontaine du même nom, au pied de l’Hélicon, en Béotie. Cette fontaine était consacrée aux Muses, et son eau possédait la propriété d’inspirer celui qui en buvait :

Vos pieds ne foulaient pas les cimes révérées
D’où l’Aganippe en paix roule ses eaux sacrées.
Denne-Baron.