Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/210

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timon auquel se lie le soc et tout le système de la charrue. C’est une corruption de haye, qui est le terme propre.

— Myth. Âge héroïque, Syn. de Temps héroïques : Hercule et Thésée vivaient dans l’âge héroïque de la Grèce.

— Gramm. On ne doit pas mettre ce mot au pluriel quand l’idée de pluralité ne s’applique qu’aux personnes. C’est donc une faute de dire : À nos âges, il n’est pas permis de se laisser dominer par les passions : il faut dire à notre âge. || Ainsi qu’il a été dit plus haut, ce mot, qui s’écrivait autrefois aage et avait trois syllabes dans l’ancienne poésie, était fort souvent du féminin au commencement du xviie siècle :

Que d’hommes fortunés en leur âge première.
Malherbe.
. . . . . . Et de qui les yeux
Font un visage d’or à cette âge ferrée.
Malherbe.

Encycl. En physiologie, on donne le nom d’âges aux différentes périodes qui partagent la vie humaine. Ces périodes sont au nombre de quatre : 1o l’enfance, qui finit à quatorze ou quinze ans pour les garçons, à onze ou douze pour les filles ; 2o l’adolescence, qui finit à vingt-trois ou vingt-cinq ans pour les hommes, à dix-neuf ou vingt pour les femmes ; 3o l’âge adulte, qui finit à cinquante-cinq ou soixante ans pour les deux sexes ; 4o la vieillesse, qui se termine par la décrépitude et la mort. Quelques physiologistes ont distingué seulement trois âges : 1o l’âge d’accroissement, de un à vingt-cinq ans ; 2o l’âge stationnaire, de vingt-cinq à cinquante ; 3o l’âge de décroissement, de cinquante-cinq à la mort. M. Dupiney de Vorepierre, dans son Dictionnaire illustré, distingue dans la vie humaine les périodes suivantes : période embryonnaire, de la conception à la naissance ; période ou âge de non-maturité, de la naissance à la puberté ; période de maturité, de la puberté à l’extinction de la faculté reproductive ; période de stérilité, de l’extinction de la faculté reproductive à la cessation de la vie. Tous les âges se succèdent les uns aux autres par des transitions presque insensibles, en sorte qu’on ne peut distinguer le terme de l’un d’avec l’origine du suivant ; ils ne présentent de différences tranchées que lorsqu’on les envisage dans leur milieu. « Mais ainsi considérés, dit Requin dans l’Encyclopédie nouvelle, ils nous offrent chacun d’une manière évidente un ensemble distinct d’attributs physiques et moraux, et de prédispositions maladives, qu’il est important de connaître pour les contre-balancer par l’observance d’une hygiène spéciale. »

— Médecine légale. La détermination approximative de l’âge est une question médico-légale de la plus haute importance ; elle se lie à celle de l’identité. Cette détermination est fondée sur le développement successif des organes dans le sein de la mère, et sur les changements organiques qui se produisent jusqu’à un certain âge de la vie extra-utérine. L’état des organes étant en rapport avec le temps écoulé depuis la conception, qui est le point de départ du développement, on comprend très-bien que des embryons d’un mois, de deux mois, de trois mois ; des fœtus de quatre mois, de cinq mois, de six mois, de sept mois, de huit mois ; des enfants d’un an, de deux ans, de trois ans, etc., présenteront nécessairement à l’anatomiste des caractères différents et pourront être distingués.

— Zootechnie. La connaissance de l’âge est d’une grande importance dans l’achat des animaux domestiques. L’âge du cheval se reconnaît par l’examen des douze dents de devant, qui sont distinguées en pinces, mitoyennes et coins. (V. ces mots.) Ces dents poussent successivement : les pinces, six jours ; les mitoyennes trente ou quarante jours ; les coins, six ou sept mois après la naissance. La substitution des dents d’adulte aux dents de lait se fait pour les pinces à deux ans et demi ou trois ans, pour les mitoyennes à trois ans et demi ou quatre ans, pour les coins à quatre ans et demi ou cinq ans. Plus tard, les dents de la mâchoire inférieure commencent à raser (V. ce mot) : les pinces à six ans, les mitoyennes à sept, les coins à huit : puis vient le tour de la mâchoire supérieure, dont les pinces rasent à neuf ans, les mitoyennes à dix et les coins à onze ou douze. À cette époque le cheval ne marque plus ; mais la longueur des dents, leur défaut d’aplomb les unes sur les autres, sont des marques d’une plus grande vieillesse. — L’âge des bœufs, taureaux et vaches se connaît aux dents et aux cornes. À trois ans, le bœuf, n’a plus de dents de lait : alors les cornes poussent. À la fin de la quatrième année, il se forme une espèce de bourrelet, de nœud à la base des cornes ; l’année suivante ce nœud s’éloigne du crâne, poussé par un autre qui se forme, et ainsi de suite chaque année : ainsi, en ajoutant trois ans au nombre de bourrelets, on est à peu près certain d’avoir l’âge de l’animal.

— Sylviculture. On assigne une durée de trois ou quatre siècles aux arbres répandus dans nos forêts, le hêtre, le charme, le châtaignier, le frêne, etc. Tant qu’un arbre est à l’état de croissance, on reconnaît facilement son âge, en comptant le nombre de cercles concentriques que présente une coupe transversale de sa tige ; mais il faut avoir soin de faire l’expérience sur la partie du tronc qui est le plus près de la racine. Pour les arbres séculaires, ce moyen de détermination ne peut donner qu’un minimum d’années. — Dans la pratique forestière, on désigne sous le nom de taille les arbres de cinq à quinze ans ; de taillis, ceux de quinze à trente ; de gaulis, ceux de trente à soixante ; de futaies, ceux de soixante à cent ans et au-dessus.

— Jurispr. On donne, en jurisprudence, le nom d’âge légal à celui qui est fixé par la loi pour l’exercice de certains droits civils ou politiques. Il y a un âge fixé pour contracter mariage avec et sans le consentement de ses parents ; un âge pour adopter, pour tester, pour refuser la tutelle ou s’en faire décharger ; un âge pour la majorité, pour l’émancipation, pour l’enrôlement volontaire, pour le service de la garde nationale ; un âge pour être appelé sous les drapeaux, pour être reçu en témoignage, pour être électeur, éligible, juré ; enfin un âge pour encourir certaines peines. À soixante-dix ans, le débiteur non stellionataire est affranchi de la contrainte par corps. Le prévenu qui n’a pas atteint sa seizième année ne peut être condamné qu’à une peine correctionnelle. La peine des travaux forcés et celle de la déportation sont remplacées par la réclusion quand le condamné a soixante-dix ans. — L’âge se prouve en général par l’acte de naissance, régulièrement inscrit sur les registres de l’état civil, ou à son défaut par d’autres actes authentiques ou de notoriété publique.

— Géol. Sous le nom d’âges, la géologie désigne les grandes époques des diverses formations de roches. On en distingue quatre principaux : l’âge primordial, l’âge secondaire, l’âge tertiaire et l’âge quaternaire. — Dans l’âge primordial, la terre appartenait à la classe des astres lumineux ; sa surface, incandescente et probablement en fusion, ne pouvait alors être habitée par aucun être vivant. — Dans l’âge secondaire, la terre cesse d’être le théâtre exclusif de l’action minérale ; l’Océan se montre et couvre le globe ; quelques saillies disséminées y forment des îles ; les premiers êtres organisés apparaissent : ce sont des plantes acotylédones, telles que algues, équisétacées, fougères ; des animaux inférieurs, zoophytes, mollusques, trilobites ; puis à ces premiers êtres vivants succèdent des plantes de la végétation tropicale, et de grandes espèces de reptiles sauriens maintenant éteintes. — Dans l’âge tertiaire, les continents se dessinent avec leurs principaux reliefs ; les pays ont leurs climats, les années leurs saisons ; la grande classe des mammifères peuple les campagnes ; elle est surtout représentée par de grands pachydermes qui ne se sont point perpétués jusqu’à nous : paléothérium, mégathérium. mastodonte, etc. — Dans l’âge quaternaire, la température de la surface de la terre cesse de décroître ; les climats sont fixés ; les générations, en se succédant sur le même terrain, y trouvent toujours le même régime, et l’espèce humaine établit sur le globe son empire pour lequel elle devient une cause nouvelle de modifications. « Elle détourne et dirige les fleuves, dit J. Reynaud dans l’Encyclopédie nouvelle, perce des canaux, dessèche des marécages, aplanit des routes, etc… Elle chasse les animaux qui lui déplaisent, et les force peu à peu à disparaître ; elle met en troupeaux ceux qu’elle adopte, transforme leurs races et adoucit leur instinct… Les lieux où elle habite se reconnaissent de loin ; le sol est revêtu de la livrée qu’elle lui impose ; il n’a droit de porter que les plantes qu’elle lui confie, et ces plantes s’alignent, se développent ; tombent, et se succèdent suivant sa règle et sa mesure. »

Âge relatif des montagnes. On le détermine en vertu du principe suivant, dont M. E. de Beaumont a fait de brillantes applications : « L’époque du soulèvement d’une chaîne est nécessairement comprise entre l’époque de la formation des couches relevées et celle du dépôt des strates qui s’étendent horizontalement jusqu’au pied de la montagne. » Il est clair, en effet, que si certaines couches se trouvent relevées le long des flancs d’une chaîne e montagnes, tandis que d’autres sont horizontales au pied de l’escarpement, il faut en conclure que le soulèvement de la masse centrale a dû avoir lieu après le dépôt des premières qu’il a redressées, et avant celui des secondes sur lesquelles il n’a point eu d’action.

Âge relatif des strates ou dépôts aqueux. Trois caractères principaux peuvent servir à déterminer l’âge des strates : 1o la superposition ; 2o le caractère minéralogique ; 3o les débris organiques. — L’ordre de superposition est la donnée la plus importante et la plus simple. Une couche quelconque est toujours plus ancienne que toutes celles qui reposent sur elle, et plus récente que toutes celles auxquelles elle est superposée. « Les séries de formation sédimentaires, dit Lyell, sont comme les tomes successifs d’une histoire que chaque écrivain, après avoir retracé les événements de son siècle, aurait renversés sur le tome renfermant les annales de la période précédente, de telle sorte que la dernière page se trouverait au-dessus. De cette façon une haute pile de chroniques s’accumulerait à la longue, et leur positions suffirait pour indiquer l’ordre et la suite des événements qui y seraient relatés. » Dans certaines régions, les couches ont été dérangées, disloquées, quelquefois même tout à fait renversées ; il faut alors savoir retrouver, sous les apparences qui le masquent, l’ordre primitif de superposition. — La composition minéralogique peut fournir des indications utiles sur l’âge relatif des couches, celles-ci conservant ordinairement un caractère minéralogique identique sur une étendue de plusieurs kilomètres, ou même de plusieurs centaines de kilomètres, dans le sens horizontal, tandis que dans le sens vertical, ou dans toute direction oblique aux plans de stratification, cette identité cessé presque immédiatement. — Enfin la nature des fossiles possède, au point de vue chronologique, une autorité comparable à celle qui appartient, dans l’histoire, aux médailles contemporaines des événements.

Âge relatif des roches plutoniques. On détermine l’âge relatif des roches plutoniques par les trois caractères suivants : 1o position relative ; 2o intrusion et altération des roches au contact ; 3o composition minérale. — L’ancienneté se lie à l’infériorité de position, toutes les fois que des couches fossilifères reposant sur des roches plutoniques ne sont pas altérées ; en effet, l’absence d’altération dans les couches sédimentaires prouve qu’elles sont venues se déposer sur des roches solides. Mais les roches plutoniques qui envoient des ramifications dans les couches sédimentaires, et les altèrent près du point de contact, doivent être considérées comme plus récentes que les couches envahies et altérées.

— Archéol. L’archéologie nous apprend que les peuplades primitives ne connaissaient l’usage d’aucun métal, n’avaient pour fabriquer leurs instruments et leurs armes que la pierre, le silex ; que l’exploitation facile du cuivre et la composition du bronze avaient été ensuite connues ; et qu’enfin le fer s’était ajouté aux instruments imparfaits dont le génie de l’homme avait su tirer un parti déjà si considérable : de là, pour la civilisation primitive, la triple division d’un âge de pierre, d’un âge de bronze, d’un âge de fer.

— Hist. Les historiens reconnaissent généralement trois âges, savoir : 1o l’âge ancien, commençant à la création et se terminant à l’an 395 de J.-C. ; 2o le moyen âge, qui commence à la chute de l’empire d’Occident (395) et se termine à la prise de Constantinople par les Turcs (1453) ; 3o l’âge moderne, qui s’étend depuis 1453 jusqu’à nos jours. Jean Reynaud, dans l’Encyclopédie nouvelle, indique une autre division générale des âges. D’après ce philosophe, le premier âge est l’âge antéhistorique, qui forme l’anneau entre la chaîne géologique et la chaîne historique ; le second âge est l’antiquité, qui finit à l’avènement du christianisme ; le troisième âge est le christianisme ; le quatrième, l’âge moderne, qui commence avec les premiers coups portés au christianisme par le protestantisme et la philosophie.

Épithètes. Premier, bas, tendre, faible, fragile, bel, innocent, souriant, gai, joyeux, envié, fleuri, heureux, fortuné, insouciant, irréfléchi, frivole, étourdi, nubile, viril, mûr, fort, robuste, ardent, fougueux, impétueux, orageux, fou, raisonnable, posé, calme, rassis, long, grand, plein, accompli, triste, soucieux, vilain, vieil, patriarcal, avancé, caduc, débile, chétif, chancelant, décrépit, dernier, extrême.

Anecdotes. Mme la maréchale de ***, à quatre-vingt-huit ans ayant perdu la dernière de ses filles, âgée de soixante-dix ans : « Je suis bien malheureuse, dit-elle, de cinq enfants que j’ai eus, il ne m’a pas été possible d’en élever un. »

Une vieille coquette, insupportable par ses prétentions à la jeunesse, demanda un jour à M. de Bièvre, dans une société, combien il lui donnait d’années : « Ma foi, lui répondit-il, vous en avez assez sans que je vous en donne d’autres. »

Une assez jolie femme disait l’autre soir qu’elle allait ouvrir sa maison, mais qu’elle n’admettrait chez elle aucune femme qui aurait passé trente ans. « Ce sera charmant, lui dit sa cousine, mais dépêche-toi, car dans un an tu ne pourras plus t’inviter. » Une cousine est une ennemie donnée par la nature.

Un plaisant se trouvant un jour à la table d’un lord, ce seigneur fit servir à la fin du repas un très-petit flacon de vin, dont il ne cessait de vanter les qualités et surtout l’âge. « Qu’en pensez-vous ? lui dit le lord. — Oh ! ma foi, milord, je le trouve bien petit pour son âge. » Ce mot est généralement attribué à Cicéron.

« Une dame de Rome, parlant de son âge en présence de Cicéron, soutenait qu’elle n’avait que quarante ans. « J’aurais tort de ne le pas croire, dit Cicéron, car il y a plus de dix ans que vous répétez la même chose. »

Deux dames sur le retour, faisaient tout leur possible pour cacher le nombre de leurs années, et s’entendaient admirablement pour se prêter un mutuel secours. Au commencement de l’année, la première qui visitait l’autre avait coutume de lui dire : « Chère amie, je viens savoir quel âge il vous plaît que nous ayons cette année. »

Quand Mlle Quinault débuta au théâtre, à peine âgée de vingt ans, elle sollicita un rôle de jeune première dans une pièce nouvelle. « Vraiment, dit à ce sujet une actrice, je trouve étonnant qu’on cherche à m’enlever des rôles d’amoureuse, dont je suis en possession depuis plus de quarante ans. »

Le maréchal d’Estrées, âgé de cent trois ans, ayant appris la mort de M. le duc de Tresmes, âgé de quatre-vingt-treize ans, dit : « Je n’en suis point surpris ; c’était un corps cacochyme et tout usé ; j’ai toujours dit que cet homme-là ne vivrait pas. »

Dans les colonies anglaises de l’Inde, une grave discussion s’étant élevée entre les femmes de plusieurs fonctionnaires sur la question de préséance, lord Canning, à qui il en fut référé, coupa court aux réclamations en décidant que la préséance des dames serait réglée par l’âge, et que la première place appartiendrait de droit à la plus âgée. Le plus comique est que de nouvelles discussions faillirent s’élever, parce que aucune d’elles ne voulait accepter un honneur aussi compromettant.

Un pasteur traversant un village d’Allemagne aperçut sur un banc un vieillard qui pleurait ; il s’approche avec intérêt et lui demande le sujet de son chagrin. Celui-ci répond en sanglotant : « C’est mon père qui m’a battu. » Comme le bon pasteur cherchait à le consoler, il vit venir à lui un second vieillard beaucoup plus âgé que le premier, mais encore vert ; qui s’écria tout en colère : « C’est un étourdi ! il vient de faire tomber mon père. » Et aussitôt un troisième vieillard tout courbé, qui se soutenait au moyen d’un bâton, apparut sur le seuil de la porte. « Décidément, dit le pasteur en s’en allant, voilà une famille de patriarches. »

Un décret de la Convention avait ordonné de placer sur la porte de chaque maison les noms, âge et profession des personnes des deux sexes qui les habitaient. Sophie Arnould n’accusa sur sa porte que quarante-trois ans, quoiqu’elle en eût cinquante-trois bien sonnés. « Je crois que vous trichez, lui dit un de ses amis, car tout le monde vous donne cinquante ans. — Il se peut qu’on me les donne, reprit-elle, mais moi je ne les accepte pas. »

Le comte de Grammond, parvenu à un âge très-avancé, avait encore la coquetterie de cacher avec soin le nombre de ses années. Se trouvant un jour à la table de Louis XIV avec l’évêque de Senlis, qui était aussi fort vieux, le roi demanda à ce dernier s’il ne savait point quel âge avait le comte. « Sire, répondit l’évêque, j’ai quatre-vingt-quatre ans ; M. de Grammont doit en avoir à peu près autant, car nous avons fait nos études ensemble. — Ah ! ah ! dit le roi en riant, que répondez-vous à cela, monsieur de Grammont ? voici un témoin irrécusable. — Sire, répliqua le comte, la preuve que monseigneur se trompe, c’est que ni lui ni moi n’avons jamais étudié. »

« Quel âge a cette Iris dont on fait tant de bruit ?

    Me demandait Cliton naguère.

    — Il faut, dis-je, vous satisfaire :

Elle a vingt ans le jour, et cinquante ans la nuit. »

    « Vous avez la quarantaine,

    Disait un jeune marquis

    À la coquette Chimène.

— Oui, j’aurai dans six mois quarante ans accomplis. »

    Puis s’adressant à son fils :

« Et vous, dit-il ? — Et moi, d’après mon baptistaire

    J’ai le même âge que ma mère. »

Prov. littér. : Cet âge est sans pitié. Allusion à un hémistiche de la fable de La Fontaine, les Deux Pigeons :

Le pigeon profita du conflit des voleurs.
S’envola, s’abattit auprès d’une masure,
  Crut pour ce coup que ses malheurs
  Finiraient par cette aventure ;
Mais un fripon d’enfant, cet âge est sans pitié,
Prit sa fronde, et du coup tua plus d’à moitié
  La volatile malheureuse.

Dans l’application, ces mots servent en général à exprimer l’insensibilité naturelle aux enfants ; on les rappelle souvent en littérature :

« Dans les rapports personnels des maîtres et des enfants, difficiles par eux-mêmes, car la, tâche est ingrate et l’âge est sans pitié,|la religion seule peut venir à bout de former à justes doses ce mélange d’affection, d’estime et de crainte qu’on appelle le respect.

De Broglie.    

« Quelques fripons d’enfants de Mantoue, — cet âge est sans pitié, — se sont permis, au sortir de la messe, sur le passage de quelques dames, de crier : « À bas les crinolines ! » Le lendemain, le gouverneur a fait afficher l’avis suivant : « Quelques factieux aveugles, vils instruments d’une faction bien connue, viennent encore de commettre des actes pusillanimes, objet de la réprobation des vrais citoyens. »     E. de la Bédollière.

« Le fou rire est néanmoins une des douces choses que je connaisse. C’est fruit défendu, partant exquis. Les harangues de mon maître ne m’en ont pas tant guéri que l’âge. Pour