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terrier sans l’étendre en lui donnant plus de capacité ; il l’étend sans l’agrandir en le prolongeant, en le creusant plus avant. Au figuré, la nuance est beaucoup plus délicate, et même, dans un grand nombre de cas, la différence est nulle : on agrandit ou l’on étend la sphère de ses connaissances ; on agrandit ou l’on étend son pouvoir. Mais on dira plutôt étendre qu’agrandir sa réputation, son commerce, son influence, sa domination. Ici, cette préférence n’a d’autre consécration que l’usage.

Antonymes. Amoindrir, apetisser, diminuer, rapetisser, réduire, restreindre.

AGRANDISSANT (a-gran-di-san) part. prés. du v. Agrandir : Son pouvoir va chaque jour s’agrandissant. Les lettres servent la morale, en agrandissant notre confiance dans nos forces. (Malte-Brun.)

AGRANDISSEMENT s. m. (a-gran-di-se-man — rad. agrandir). Augmentation, accroissement : L’agrandissement d’une propriété, d’une maison, d’un jardin. La politique de l’Angleterre consiste à nous prêter des desseins d’agrandissement de territoires que nous n’avons plus. (E. de Gir.)

— Fig. Se dit en parlant de la puissance, des dignités, de la fortune : Il travaille pour l’agrandissement de sa famille. (Acad.) Jamais les plaisirs ne firent perdre à César une heure du temps qu’il pouvait employer à son agrandissement. (Charron.) L’agrandissement était l’objet de Rome, la guerre celui des Lacédémoniens. (Montesq.) Cromwell n’avait de religion et de fidélité qu’autant que ces vertus pouvaient servir à son agrandisssement. (Bouhours.)

AGRANDITIF s. m. (a-gran-di-tif — rad. agrandir). Néol. Mot que certains grammairiens ont proposé comme synonyme d’augmentatif.

AGRANIES, AGRIANIES ou AGRIONIES s. f. pl. (du gr. agrios, sauvage, féroce). Fêtes païennes en l’honneur de Bacchus, dont le char était traîné par des tigres. Suivant d’autres, ces fêtes étaient célébrées à Argos en l’honneur des Prœtides, filles de Prœtus, que Junon avait frappées de folie parce qu’elles avaient osé comparer leur beauté à la sienne. Ces fêtes, qui étaient une sorte, de bacchanales, se célébraient la nuit ; les femmes seules y étaient admises ; elles s’y couronnaient de lierre, et leur délire religieux y allait jusqu’aux plus grands excès.

AGRAPHIDE s. m. (a-gra-fi-de). Bot. Genre de plantes de la famille des liliacées. L’agraphide à fleurs penchées, vulg. appelé jacinthe sauvage, est commun dans nos bois.

AGRAPPER v. a. ou tr. (a-gra-pé — rad. grappin). Prendre, saisir avec force et habileté :

Comme résine
Qui conglutine,
Ce qu’elle attrape,
Femme est encline,
Toujours elle happe
Ce qu’elle agrappe.    xvie siècle.


|| Vieux et fam. On dit aussi dans ce sens agripper et gripper.

AGRARIANISME s. m. (a-gra-ri-a-ni-sme — rad. agraire). Néol. Système des partisans des lois agraires, c’est-à-dire du partage des terres entre tous ceux qui cultivent le sol.

AGRARIAT s. m. (a-gra-ri-a — rad. agraire). Néol. Application de l’agrarianisme, partage des terres entre ceux qui cultivent le sol : Le jacobinisme est opposé à l’agrariat, à la démocratisation du capital. (Proudh.)

AGRARIEN, ENNE adj. (a-gra-ri-ain, è-ne. — rad. agraire). Qui concerne la loi agraire : Partage agrarien.

— Substantiv. Partisan des lois agraires : C’est à l’époque des convulsions sociales qu’apparaissent les agrariens. On dit aussi agrairien.

— Hist. et polit. Les agrariens, Nom que s’est donné aux États-Unis un parti qui veut ressusciter l’esprit des Gracques. Les agrariens protestent de leur respect pour la propriété privée ; mais ils demandent qu’au lieu de vendre les terres publiques, on les divise en lots de cent soixante acres. L’État conserverait la propriété de ces lots, et en abandonnerait la jouissance ou la possession aux particuliers moyennant une redevance ; tout chef de famille aurait droit à un lot, à la condition de l’exploiter par lui-même ou par ses enfants.

AGRASSOLE s. m. (a-gra-so-le). Nom donné dans le midi de la France au groseillier à maquereau.

AGRAULE ou AGLAURE. Myth. Fille de Cécrops, adorée à Salamine et à Athènes. Elle avait près de l’Acropole un temple, où les jeunes guerriers prêtaient serment avant d’aller à la guerre.

AGRAULIES ou AGLAURIES. s. f. pl. (a-grô-li). Antiq. gr. Fêtes en l’honneur d’Agraule.

AGRAULIS s. m. (a-gro-liss — du gr. agraulos, qui vit dans les champs). Entom. Genre d’insectes de l’ordre des lépidoptères diurnes.

AGRAVIADOS s. m. pl. (a-gra-vi-a-doss — mot esp. qui signif. persécuté). Hist. Nom que prirent, à l’époque de l’établissement de la maison de Bourbon en Espagne, les seigneurs qui refusèrent de se rallier à la nouvelle royauté. Ce nom est devenu générique en Espagne pour désigner les mécontents politiques.

AGRAYLÉE s. f. (a-grè-lé — du gr. agrauleò, j’habite les champs). Entom. Genre d’insectes névroptéres de la famille des phryganiens.

AGRE s. f. (a-gre — du gr. agra, proie). Entom. Genre d’insectes carnassiers, voisins des carabes. Il renferme plusieurs espèces qui habitent pour la plupart l’Amérique du Sud, et dont les mœurs sont peu connues.

AGRÉABILITÉ s. f. (a-gré-a-bi-li-té — rad. agréable). Néol. Qualité d’une personne qui est, qui se rend agréable : J’apprécie moi-méme assez sa fluidité et son agréabilité de causeur littéraire. (Ste-Beuve.)

AGRÉABLE adj. ( a-gré-a-ble — rad. agréer). Qui plaît, qui agrée : Maison, campagne agréable. Conversation agréable. Figure agréable. Odeur agréable. Rêve agréable. Spectacle agréable à voir. Vin agréable à boire. Madame tourne les choses d’une manière si agréable qu’il faut étre de son sentiment. (Mol.) Il avait des manières engageantes, une humeur agréable. (Bourdal.) Il lui amena un jour son fils, qui était jeune, d’une physionomie agréable, et qui avait une taille fort noble. (La Bruy.) Apollon montre à tous ces bergers les arts qui peuvent rendre la vie agréable. (Fén.). Nos arbres touffus nous donnaient une ombre plus agréable que les lambris dorés des palais des rois. (Fén.) Les conseils agréables sont rarement des conseils utiles. (Mass.) L’art du philosophe consiste à se rendre tous les objets agréables, par la manière de les considérer. (Guizot.)

. . . . . . . . . .Agréable colère !
Digne ressentiment à ma douleur bien doux !
Corneille.
. . . . . . . . .Ce n’était pas un songe
Qu’enfante de la nuit l’agréable mensonge.
Mollevaut.


|| S’empl. avec la préposit. à : Son agréable à l’oreille. Mets agréable au goût. Se rendre agréable à quelqu’un. Ce ne sont pas absolument les choses les plus douces qui sont les plus agréables aux sens, mais celles qui les chatouillent d’une façon mieux tempérée ; ainsi le sel et le vinaigre sont souvent plus agréables à la langue que l’eau douce. (Descartes.) On les voit descendre à une foule de petits soins pour se rendre agréables à un prince, à un grand. (Fén.) Dis-moi donc ce que ta femme a contre moi : je me tue à lui être agréable, rien ne réussit. (Th. Leclercq.) || En parlant des personnes, Qui plaît en société, qui a de l’amabilité, qui est d’un commerce facile : Un écrivain, un poëte, un orateur agréable. Des femmes agréables de corps et d’esprit. (Fén.) C’est un homme agréable et qui prévient en sa faveur. (Le Sage.) On se croit dispensé d’être un homme de bien, pourvu qu’on soit un homme agréable. (J.-J. Rouss.) La raison vient en grandissant, et une fille apprend à se rendre élégante et agréable. (G. Sand.)

Avoir pour agréable, Consentir à ; trouver bon : ayez pour agréable que je vous amène cette personne. (Acad.) Nous prions Dieu d’avoir pour agréables nos oraisons. (Boss.) Jz vous supplierai d’avoir pour agréable que je me fasse un peu grâce sur votre arrêt. (Mol.) || On disait aussi avoir agréable, et même les puristes du xviie siècle voulaient que l’on ne s’exprimât pas autrement : O Dieu ! ayez agréable mon corps. (Pasc.) Afin que vous ayez agréable qu’elle soit admise. (Boss.)

Eh bien, mes souverains, aurez-vous agréable
Que n’ayant pu la voir. . . . . . .
Mairet.

— Impers. Il est agréable de, C’est une chose qui plaît que de… : Il est agréable de vivre avec ses amis. (Acad.) C’est de tels rois quil est agréable d’écrire l’histoire. (Volt.)

— Substantiv. Celui, celle qui cherche à plaire, qui affecte l’amabilité, la galanterie dans son langage, dans ses manières : Un agréable. Une agréable. Je vous apprendrai à connaître l’abbé, que peut-être vous n’avez regardé que comme un agréable. (Dider.) || Faire l’agréable, Mettre beaucoup d’empressement à passer pour aimable : J’ai voulu faire l’agréable auprès d’une petite coquette. (Hamilt.) Je trouve que vous seriez charmant, si vous ne faisiez pas l’agréable. (Marivaux.) Lorsqu’il voulait faire l’agréable auprès d’elle, il était si mal reçu qu’il ne savait plus que devenir. (G. Sand.)

— s. m. L’agréable, Ce qui est agréable, ce qui plaît, agrée : Où ils voient l’agréable, ils en excluent le solide. (La Bruy.) Partout où l’on substitue l’utile à l’agréable, l’agréable y gagne presque toujours. (J.-J. Rouss.) Le goût juge de l’agréable et non du beau. (Cousin.)

Heureux qui sait mêler l’agréable à l’utile.
Voltaire.

Syn. Agréable, gracieux. L’air et les manières rendent gracieux :

Combien n’a-t-on pas vu de belles aux doux yeux,
Avant le mariage anges si gracieux.
Boileau.


L’esprit et l’humeur rendent agréable : Ce tour d’esprit qui rendait sa eonversation si agréable… (Fléch.)

Antonymes. Blessant, choquant, contrariant, déplaisant, désagréable, disgracieux, fâcheux, malplaisant, malsonnant, odieux, pénible, rebutant.

Prov. littér. Joindre, unir l’utile à l’agréable. V. Utile dulci.

AGRÉABLEMENT adv. (a-gré-a-ble-man — rad. agréable). D’une manière agréable : Parler, écrire, plaisanter agréablement. Vivre agréablement. Être agréablement logé. L’art de dire agréablement des riens n’est guère étudié que par celui qui n’a que des riens à dire. (Arnault.) On hait la médisance, la galanterie grossières : pourvu qu’on les tourne agréablement, on n’en a plus horreur. (Boss.) Malheur à vous qui passez vos jours agréablement et dans la joie ! (Bourdal.) C’est du bien perdu que de parler si agréablement quand il n’y a personne. (Mme  de Sév.) Celui qui mange une pêche est d’abord frappé agréablement par l’odeur qui en émane. (Brill.-Sav.)

AGRÉAGE s. m. (a-gré-a-je — rad. agréer). Synon. de courtage. N’est guère usité qu’à Bordeaux.

AGRÉANT (a-gré-an) part. prés. du v. Agréer.

AGREDA, jolie ville d’Espagne dans la province de Soria. Fabrication de draps et toiles ; ruines et antiquités romaines ; 3,500 hab.

AGREDA (Marie d’), religieuse cordelière, supérieure du couvent de l’Immaculée Conception, à Agreda (Espagne), née dans cette ville en 1602, m. en 1665. Elle est célèbre par ses extases et ses visions. Elle écrivit une Vie de la sainte Vierge, qu’elle prétendait être le fruit d’une révélation divine, et qui n’était que le produit d’une imagination maladive et troublée. Cet ouvrage fut censuré par le saint-siège et par la Sorbonne.

AGRÉÉ, ÉE (a-gré-é) part. pass. du v. Agréer. Mar. Pourvu d’agrès : Vaisseau agréé complètement.

AGRÉÉ, ÉE (a-gré-é) part. pass. du v. Agréer. Reçu, admis, accueilli : Ses présents furent agréés. Ma demande, ma recherche fut agréée. Ses offres, ses propositions ont été agréées. Tu m’as fait du mal aujourd’hui en me donnant à entendre que je ne serais jamais agréé de Paulette. (G. Sand.)

— s. m. Praticien qui postule devant un tribunal de commerce, avec l’assentiment ou l’agrément de ce tribunal. Les agréés exercent, devant les tribunaux de commerce, les mêmes fonctions que les avoués devant les tribunaux civils ; mais, à la différence de ces derniers, leur ministère n’est pas obligatoire pour les parties, lesquelles peuvent toujours exposer elles-mêmes le sujet de la contestation, les faits qui s’y rattachent et les moyens de défense. Les agréés sont de simples particuliers, sans caractère public, que le tribunal a jugés capables de représenter les parties. Autrefois, on les appelait Postulants ou Procureurs aux consuls : À Paris, le nombre des agréés a été fixé à quinze.

AGRÉER v. a. ou tr. (a-gré-é — rad. gré. — J’agrée, tu agrées, il agrée, nous agréons, vous agréez, ils agréent. J’agréais, nous agréions. J’agréai, nous agréâmes. J’agréerai, nous agréerons. J’agréerais, nous agréerions. Agrée, agréons, agréez. Que j’agrée, que nous agréions. Que j’agréasse, que nous agréassions. Agréant. Agréé, agréée). Recevoir favorablement, accueillir avec plaisir ; approuver : Agréer une proposition, une demande, une prière. Dieu {{sc|agrée) nos offrandes. (Acad.) Je vous supplie de faire agréer ce présent à Leurs Majestés. (Boss.) Il fit agréer au roi la proposition. (Volt.) Il est impossible que Dieu n’agrée pas l’hommage de ces facultés que nous tenons de sa bonté. (Frayssin.) Elle avait trop à se plaindre de lui pour argéer ses soins. (G. Sand.)

Nos hôtes agréeront les soins qui leur sont dus.
La Fontaine.
Si vous le voulez perdre, agréez ma retraite.
Corneille.


|| Admettre, recevoir quelqu’un en quelque qualité : Le comité consultant voulut bien m’agréer pour rapporteur. (Mirab.)

… Pour gendre aussitôt le père l’agréa.
La Fontaine.

Agréez mes civilités, mes hommages, mes respects, Formules de politesse qu’on emploie en terminant une lettre. || Agréer que, Permettre, approuver, trouver bon que : Agréez, mesdames, que je m’arrête à ces paroles. (Fléch.) Agréez, monsieur, que je vous félicite de votre mariage. (Mol.) Mesdames, agréez que je vous présente ce gentilhomme-ci. (Mol.)

— v. n. ou intr. Être au gré de, plaire, convenir à, être agréable à : Cet homme m’agrée infiniment. Elle a eu le bonheur d’agréer aux augustes personnes. (Mol.) L’homme paraît chercher à vous servir, et la femme à vous agréer. (J.-J. Rouss.)

Et si de t’agréer je n’emporte le prix,
J’aurai du moins l’honneur de l’avoir entrepris.
La Fontaine.


|| Se dit aussi des choses : La voix de l’homme nous agrée plus que les autres. (Desc.) Deux choses nous agréent surtout ; les accords, les modulations des sons, et la mesure ou le rhythme. (Virey.) Une religion unique, une même langue, une même philosophie, les mêmes poids et mesures agréent à notre esprit. (Virey.)

— Absol. : Il n’y a qu’à suivre l’avis qui agrée le plus. (Pasc.) L’art de persuader consiste autant en celui d’agréer qu’en celui de convaincre. (Pasc.) La vie est un mets qui n’agrée que par la sauce. (V. Hugo.)

. . . . . . . Peu de gens
Ont le don d’agréer infus avec la vie.
La Fontaine.

— Impers. Il agrée de, il agrée que, Il convient de, il convient que : Après tout, il ne lui agréait nullement de comparaître en personne dans ce procès. (V. Hugo.) En outre, il ne nous agrée pas quaucun ménétrier, barbier, ou valet de guerre, soit vêtu comme prince, de velours, de drap de soie et d’anneaux d’or. (V. Hugo.)

— Prov. Quand on doit, il faut payer ou agréer, Il faut donner de l’argent, ou, au moins, de bonnes paroles.

S’agréer, v. pr. Être agréé : Ces propositions peuvent s’agréer.

Syn. Agréer, accepter, recevoir. V. Accepter.

Antonymes. Récuser, refuser, rejeter, repousser.

AGRÉER v. a. ou tr. (a-gré-é — de à et gréer). Mar. Mettre les agrès ; équiper un vaisseau, le mettre en état de naviguer : Agréer un vaisseau. || On dit plutôt aujourd’hui gréer. V. ce mot.

AGRÉEUR s. m. (a-gré-eur — rad. agréer). Mar. Celui qui fournit les agrès d’un vaisseau. On dit plutôt gréeur. V. ce mot.

— Comm. Celui qui fait le courtage des eaux-de-vie.

— Techn. Ouvrier qui fait passer le fil de fer par la filière. On dit mieux agréyeur.

AGREFOUS s. m. (a-gre-fou). Bot. Nom vulgaire du houx, dans quelques cantons du midi de la France.

AGRÉGAT s. m. (a-gré-ga — rad. agréger). Assemblage, résultat de plusieurs choses jointes et mises ensemble : Plus la matière s’atténue, plus elle prend de ressort ; la terre et l’eau, qui en sont les agrégats les plus grossiers, ont moins de ressort que l’air. (Buff.) Il faut se représenter notre planète primitive comme un agrégat de fluides aériformes. (Figuier.) La matière n’est qu’un agrégat multiple, séparable, sans unité. (Renan.)

— Fig. Réunion : Autrement la société ne serait qu’un agrégat d’existences incohérentes et répulsives. (Proudh.)

Encycl. Géol. V. Agrégation.

AGRÉGATIF, IVE adj. (a-gré-ga-tif, i-ve — rad. agrégat). Qui rapproche, qui a la faculté de réunir : Force agrégative.

— Anc. méd. Pilules agrégatives, Pilules qui passaient pour réunir les propriétés d’un grand nombre de médicaments. C’est comme si l’on disait pilules polychrestes.

— Linguist. Se dit des composés sanscrits formés de plusieurs mots juxtaposés.

AGRÉGATION s. f. (a-gré-ga-si-on — rad. agréger). Admission dans un corps, dans une compagnie : Il a reçu sa lettre d’agrégation. On s’est opposé à son agrégation. || Dans l’Université, Concours auquel doivent prendre part ceux qui aspirent au titre d’agrégé : Il y a deux sortes d’agrégation, l’une pour les lettres, l’autre pour les sciences. (Bouillet.)

— Par ext. Réunion, agglomération : L’histoire de toutes ces agrégations d’hommes qu’on appelle des sociétés est écrite en caractères ineffaçables dans la Genèse. (Ch. Nod.) L’espèce n’est au fond que l’agrégation des individus. (B. Const.)

— Physiq. Réunion de parties, de molécules ; propriété par laquelle les molécules des corps sont attirées et rapprochées les unes des autres de manière à adhérer entre elles, et à opposer quelque obstacle à leur séparation : Les corps se composent de l’agrégation de parties de matières infiniment petites. (Chateaub.) L’océan Pacifique est rempli d’îles madréporiques dont les vastes agrégations sont l’image des polypiers qui les forment. (Maury.) On regarde les aérolithes comme des météores se formant par voie d’agrégation dans l’atmosphère. (Arago.)

Encycl. Minér. Le mot agrégation ne s’entend généralement que de la réunion des particules des corps solides. L’état cristallin est le mode d’agrégation le plus parfait sous lequel les substances minérales puissent se présenter à nos yeux ; mais un grand nombre de causes perturbatrices s’opposent le plus souvent à ce qu’elles prennent cet état de perfection. Les propriétés physiques des corps, dureté, ténacité, friabilité, élasticité, sont les effets variés de la force d’agrégation, et des conditions diverses dans lesquelles elle s’est exercée.

— Géol. On désigne en géologie, sous le nom d’agrégation, le mode de formation des roches qui se sont constituées instantanément et à la même époque, telles que le granit, le schiste micacé, le calcaire, etc. Ces roches sont nommées agrégats ou roches agrégées pour les distinguer des agglomérats ou roches agglomérées. V. ces mots.

— Instr. publ. Le mot agrégation sert à désigner le concours annuel ouvert par l’Université de France à tous ceux qui veulent être agrégés au corps des professeurs des lycées, et y obtenir une position régulière. Avant 1852, il y avait sept agrégations spéciales : celles de philosophie, de mathématiques, de physique, des lettres, de grammaire, d’histoire, des langues vivantes. Un décret de 1852 réduisit les agrégations à deux, celle des let-