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marche à pas de tortue. (Volt.) La louange est sans pieds, et le blâme a des ailes. (V. Hugo.)

— Fig. Direction, surveillance, protection : Seigneur, vous m’avez mis à couvert sous l’ombre de vos ailes. (Mass.) L’Église nous a tenus sous ses ailes comme des petits qu’elle enfantait. (Mass.) Ce jeune homme s’était mis sous laile de la baronne, quand elle avait trente ans. (Balz.) Madame de Genlis fut élevée au château de Saint-Aubin, sous laile de sa mère. (Ste-Beuve.) La profession monastique des femmes se perpétue sous les ailes protectrices de l’Église. (Mme Bachellery.)

Anges du Tout-Puissant, couvrez-le de votre aile.
Lamartine.
Une fille est au mieux sous l’aile de sa mère.
C. Delavigne.

— La poésie, en les personnifiant, prête des ailes à l’Amour, au Temps, aux Vents, aux Heures, aux Saisons, aux Songes, à la Mort, etc. : Ne donnons point à l’Hymen les ailes de l’Amour. (Chateaub.) Le maudit chapeau reparut sur laile vagabonde du siroco. (G. Sand.) Dieu n’a pas permis que notre père succombât, comme il n’a pas permis qu’Abraham sacrifiât son fils ; au patriarche, comme à nous, il a envoyé un ange, qui a coupé à moitié chemin les ailes de la Mort. (Alex. Dum.)

Sur les ailes du Temps, la tristesse s’envole.
La Fontaine.
Dien, que la lumière environne,
Qui vole sur l’aile des Vents…
J.-B. Rousseau.
Si l’Amour porte des ailes,
N’est-ce pas pour voltiger ?    Beaumarchais.
Or, il advint un jour que des Fièvres mortelles
Passèrent sur l’Espagne en secouant leurs ailes.
Alex. Dumas.


|| On donne aussi des ailes aux anges, pour exprimer la rapidité avec laquelle ils exécutent les ordres divins : Son amour pour vous est une de ces barrières trop hautes pour être franchies par aucune puissance, même par les ailes d’un ange. (Balz.) L’amour est un ange qui vient à nous sur des ailes de flamme. (A. Martin.)

Le chérubin tremblant se couvre de son aile.
Racine.
Un ange est descendu sur le trône des airs,
Sur des ailes de feu parcourant sa carrière.
Voltaire.
Dieu parle, et, soudain sur leurs ailes,
Ses anges, ministres fidèles,
Portent la mort et la terreur.
Malfilatre.

— Poétiquem. Les ailes des vaisseaux, Les voiles :

Nous partons, nous fuyons, nous volons sur les eaux,
Et déployons au vent les ailes des vaisseaux.
Delille.

— Proverbialem. : Voler de ses propres ailes, Agir sans le secours, sans la protection de personne. || Dans un sens analogue : Vouloir voler avant d’avoir des ailes, Entreprendre une chose au-dessus de ses forces :

Tu n’as pas d’aile et tu veux voler ? Rampe !
Voltaire.


|| N’avoir pas l’aile assez forte, Commencer trop tôt quelque chose de très-difficile à exécuter. || Battre de l’aile, Être embarrassé, mal à l’aise : Depuis qu’on a réduit sa pension, il ne fait plus que battre de l’aile. || Ne battre, n’aller que d’une aile ; ne battre plus, n’aller plus que d’une aile, Avoir perdu beaucoup de sa vigueur, de sa considération, de sa fortune : Depuis sa maladie, depuis sa faillite, il ne bat plus que d’une aile. || Se dit aussi des choses que l’on néglige, qui ne sont pas poussées avec vigueur. || Rogner les ailes à quelqu’un, Lui retrancher de son autorité, de son revenu : C’est la faute de votre intendant, qui nous rogne sans cesse les ailes. (Mol.) || Tirer une plume de l’aile à quelqu’un, Lui attraper quelque chose, lui extorquer de l’argent : Je serais d’avis que nous prissions la fuite avec la plume que nous avons tirée de laile du bonhomme. (Le Sage.) || Arracher à quelqu’un une plume de l’aile, une belle plume de l’aile, Le priver de quelque avantage considérable. || C’est la plus belle plume de son aile, C’est le meilleur de son revenu. || En avoir dans l’aile, Être atteint d’une maladie grave, d’une disgrâce imprévue. || Cette expression signifie particulièrem., Être amoureux, par allusion à l’état d’un oiseau blessé à l’aile, qui ne peut plus voler : J’en ai dans l’aile, je suis perdu, j’ai regardé Chloris. (Scarr.) Ma princesse, vous voyez un seigneur qui en a dans l’aile. (Le Sage.)

Mon doucereux neveu, vous en avez dans l’aile.
Montfleury.


|| Cette expression signifie encore, par plaisanterie, Avoir cinquante ans, parce que le nombre 50 est figuré en chiffres romains par un L. || Voler des mêmes ailes, Vivre ensemble, en bonne intelligence : Nous sommes jeunes tous deux, nous pouvons voler des mêmes ailes sous le même ciel. (Balz.) || Tirer d’une chose pied ou aile, En tirer profit de manière ou d’autre : Tous les gens de quelque considération qui avaient eu des places dans les conseils en tirèrent pied ou aile. (St-Sim.) Il ne se faisait pas une partie de plaisir, pas un festin, dont nous ne tirassions pied ou aile. (Le Sage.) || Au xvie siècle, on disait tirer cuisse ou aile de quelqu’un, ce qui était plus en rapport avec l’idée d’une volaille qu’on découpe. || Baisser l’aile, Être triste, fatigué, harassé, mélancolique. || Autant qu’en couvrirait l’aile d’une mouche, Hyperbole qui signifie En très-petite quantité.

À tire-d’aile, loc. adv. Le plus vigoureusement, le plus rapidement possible : Les pigeons traversaient par bandes, à tire-d’aile, la rive des Esclavons, pour aller chercher sur la grande place le grain qu’on y répand régulièrement pour eux à cette heure. (A. de Muss.) || Fig. : La calomnie marche à tire-d’aile. (Volt.) Tous ceux que j’ai comblés dans mon temps de prospérité, une fois la bise de la ruine venue, ont filé à tire-d’aile. (E. Sue.)

— Dans l’argot, aile signifie Bras : Prends mon aile. Le chirurgien lui avait coupé une aile. Appuie-toi sur mon aile, et en route pour Châtellerault ! (Labiche.)

— Rite cathol. Bandelettes attachées par derrière aux mitres des évêques et des abbés, et qui retombent sur les épaules.

— Anat. Parties semblables situées de chaque côté d’un organe impair et symétrique : Les ailes du nez, les grandes et petites ailes du sphénoïde. || Aile de l’oreille, Partie supérieure et évasée du pavillon de l’oreille.

— Art milit. Partie latérale d’une armée en marche ou rangée en bataille : Aile droite. Aile gauche. Aile d’infanterie. Aile de cavalerie. À la bataille de Chéronée, Alexandre enfonça et mit en fuite laile droite de l’armée ennemie. (Barthél.) Ne séparez jamais les ailes de votre armée de manière que votre ennemi se puisse placer dans les intervalles. (Napol. Ier) || Les Romains donnaient aux ailes le nom de cornes (cornua), et appelaient ailes (alœ), les troupes de cavalerie. || Partie extrême d’un ouvrage de fortification : Laile est une défense composée soit d’une, soit de deux branches. (Gén. Bardin.)

— Mar. Escadre ou division la plus éloignée sur les côtés ou par le travers du gros de la flotte. || Parties situées dans la cale, sur les côtés qui avoisinent le plus les branches relevées des varangues. || Ailes de l’archipompe, Les faces latérales de l’archipompe. || Aile de dérive, Plate-forme solide en bois, ayant la forme d’une semelle, qu’on place de chaque côté, par le travers, en dehors du navire, pour l’aider à mieux tenir le vent. || Aile de pigeon ou de papillon, Voile qui s’installe au-dessus des cacatois.

— Mécan. Aile d’hélice, Se dit des branches de l’hélice.

— Bot. Les deux pétales latéraux de la corolle papilionacée. || On donne aussi ce nom aux appendices foliacés que présentent certains fruits secs appelés samares. || Aile de pigeon, Nom vulgaire d’une espèce de champignon.

— Hortic. Nom donné aux branches des arbres en espalier qui poussent sur les côtés des mères branches. || Ailes d’artichaut, Les pommes qui viennent sur les côtés et ne sont jamais aussi grosses que celles du milieu ; on donne le nom d’ailerons aux pommes qui quelquefois accompagnent les ailes et sont encore plus petites.

— Agric. Lame du soc de la charrue. || Berchoux a changé la signification de ce mot quand il a dit :

Maniez la charrue et dirigez les ailes


Il entendait parler des deux montants avec lesquels le laboureur dirige la charrue.

— Constr. Charpentes étendues et cintrées qui soutiennent la partie postérieure d’une toiture et l’unissent à la flèche. || Partie latérale d’un bâtiment disposée soit sur la même ligne que la façade, soit en retour d’équerre. On dit aile droite et aile gauche, non par rapport au spectateur, mais par rapport au bâtiment même : Un bâtiment qui n a qu’une aile est imparfait. (Bachelet.) Les ailes du palais de Versailles ont trop d’étendue relativement au corps principal. (Bachelet.) Une aile tout entière de l’hôtel de ville était brûlée. (Alex. Dum.) Le premier soin du marquis a été d’exhumer les décors et les costumes qui remplissaient cette aile de son manoir. (G. Sand.)

Souffrez qu’à mon logis j’ajoute encore une aile.
La Fontaine.


|| Dans les temples périptères grecs, Les colonnades latérales. || Dans une église, Les croisillons du transsept et les bas-côtés ou nefs latérales. || Dans un théâtre, Les deux côtés de la scène où se meuvent les châssis des décorations, et où se tiennent les gens de service, ainsi que les acteurs avant de paraître en scène. || Les deux parties plates ou inclinées qui rétrécissent l’âtre d’une cheminée. || Ailes de lucarne, Parties qui posent sur les chevrons.

— Ponts et chauss. Ailes de pavé ou de chaussée, Pentes latérales de la chaussée d’une rue. || Ailes d’un pont, Élargissements pratiqués sur les culées pour faciliter les abords du pont.

— Moll. Nom vulgaire de la lèvre de certaines coquilles, qui est plus prolongée qu’à l’ordinaire. || Nom donné aux nageoires de quelques céphalopodes ou ptéropodes, tels que les argonautes et les carinaires.

— Conchyl. Aile d’ange, aile de chauve-souris, Nom vulgaire de deux coquilles du genre strombe. || Aile de corbeau, Coquille ainsi nommée à cause de sa forme générale. || Aile de papillon, Nom marchand de plusieurs coquilles appartenant aux genres came, cône, volute, etc.

— Zooph. Aile de mer ou aile marine, Nom de la pennatule, espèce de zoophyte, qu’on appelle aussi plume de fer.

— Danse. Ailes de pigeon, Saut exécuté en l’air, et pendant lequel les jambes imitent le battement des ailes des oiseaux : Il exécuta coup sur coup trois ailes de pigeon.

— Mod. Ailes de pigeon, Espèce de coiffure du xviie siècle, qui figurait une aile de chaque côté de la tête : Cette physionomie était singularisée par une coiffure poudrée à ailes de pigeon. (G. Sand.) C’est là une ancienne et bonne pratique ! il n’a pas donné dans le charlatanisme de la Titus, celui-là, il a été fidèle à la poudre, et a conservé laile de pigeon dans son intégrité. (Scribe.) Le titre de vicomte ne pouvait être porté que par des émigrés à ailes de pigeon ou par de vieux officiers. (F. Soulié.)

— Pêch. Bande de filet qu’on ajoute aux côtés d’un filet à manche.

— Fauconn. Monter sur l’aile, Se dit d’un oiseau quand il s’incline sur une aile, et qu’il s’élève par le mouvement de l’autre.

— Art culin. Partie de la lardoire où se place le lardon.

— Comm. Bouts d’aile, Plumes du bout de l’aile des oies, dont on se sert pour écrire.

— Techn. Bord latéral d’un chapeau d’uniforme, dont la pente détermine la cambrure : Ailes rabattues. Ailes relevées. || Ailes d’un moulin, Châssis garnis de toile que le vent met en mouvement et qui font tourner les meules. || Nom donné à des pièces de bois plates et triangulaires qu’on attache transversalement à une des poupées du tour. || Bande de plomb servant à retenir le verre dans les panneaux. || Dans une pièce d’horlogerie, Ailes du pignon, Les dents du pignon. || Branche du volant d’une sonnerie. || Ailes du touret, Chez les cordiers, Planchettes en croix qui servent à retenir le fil sur le touret, lorsqu’il est près d’être rempli.

— Blas. Se dit des ailes d’oiseaux figurées dans les armoiries. || Ailes élevées, Celles qui ont les pointes tournées vers le haut de l’écu. || Ailes renversées, Celles qui ont les pointes tournées vers le bas de l’écu.

— Philol. Nom donné par Simmias, auteur grec, à une petite pièce de poésie en vers figurés. Dans ce morceau, les ailes sont composées chacune de six plumes ou de six vers choriambiques qui diminuent graduellement de mesure, et par conséquent de longueur, selon leur position dans l’aile, jusqu’au dernier, qui n’a que trois syllabes. L’auteur fait parler dans cette pièce le dieu qui porte des ailes, c’est-à-dire l’Amour, non pas le fils de Vénus, mais l’Amour, principe créateur célèbre dans les vieilles cosmogonies.

— Le mot aile s’emploie souvent avec un complément pour désigner certaines couleurs, certaines nuances, et, dans ce cas, il est invariable, quoique se rapportant à un nom pluriel. || Aile de mouche, Couleur grise, chatoyante : Elle avait des souliers aile de mouche. (F. Soulié.) || Aile de hanneton, Couleur d’un brun tanné : L’étudiante porte de fins brodequins aile de hanneton. (F. Soulié.) || Aile de scarabée, Couleur verte, chatoyante : Un petit soulier aile de scarabée, si échancré qu’il couvrait à peine le bout des doigts. (Th. Gaut.)

Encycl. Zool. D’après l’étymologie qu’on lui donne (axilla, aisselle), le mot aile ne devrait s’appliquer qu’au membre thoracique des oiseaux ; mais on désigne généralement sous le nom d’aile tout organe qui, par sa forme et ses mouvements, sert à un animal quelconque pour s’élever, se soutenir et se diriger dans l’air. Cette définition, tirée de la fonction, comprend sous un même terme plusieurs organes, qui n’ont entre eux aucune analogie anatomique. Chez les oiseaux, l’aile est constituée par l’os du bras, par ceux de l’avant-bras, du carpe, du métacarpe et des doigts. « Ce sont surtout les plumes, dit Requin, qui contribuent essentiellement au vol par la grande étendue qu’elles donnent aux ailes. Celles qui naissent du bord supérieur de l’aile, soit en dessous, soit en dessus, se nomment tectrices ou couvertures supérieures et inférieures. Les couvertures supérieures se divisent en petites, moyennes et grandes. Ces dernières, qui sont situées le plus loin du corps, recouvrent les pennes ou rames, qui seules servent réellement au vol, et qui se divisent en grandes ou primaires, et moyennes ou secondaires. Les pennes primaires, plus fortes et plus aiguës, sont situées à l’extrémité de l’ai!e ; les pennes secondaires, plus molles, plus larges, plus obtuses, sont portées par les os de l’avant-bras.. Certains oiseaux (autruches, pingouins, manchots) ont des ailes trop imparfaites pour le vol ; celles de l’autruche ne lui servent qu’à accélérer sa course dans les déserts ; celles du pingouin lui servent de rames pour parcourir les eaux.

Chez les chauves-souris, les mains sont devenues des ailes, grâce au développement des membranes interdigitales. Un genre de saurien fossile et perdu, le ptérodactyle, était muni d’ailes semblables à celles des chauves-souris. — Chez les poissons volants, ce sont les nageoires pectorales qui, en se prolongeant, font l’office d’ailes, mais d’ailes très-imparfaites. On donne aussi le nom d’aile à la membrane tendue sur des rayons osseux qui permet au dragon volant de se soutenir quelques instants dans l’air. — Les ailes des insectes se présentent sous la forme d’appendices membraneux plus ou moins développés, toujours situés sur les parties latérales du thorax. La plupart des insectes ont deux ou quatre ailes. Dans ce dernier cas, les deux paires sont membraneuses comme une gaze et d’égale consistance, ou bien l’une est membraneuse et l’autre dure, coriace, crustacée ; quand il en est ainsi, ces ailes dures, qui ont reçu le nom d’élytres, sont comme des étuis destinés à protéger les ailes véritables et ne servent point au vol. Quelquefois leur première moitié seule devient coriace, et alors elles s’appellent demi-élytres, hémélytres. Une aile d’insecte se compose d’une partie membraneuse formée de deux feuillets appliqués l’un contre l’autre, et de lignes saillantes appelées nervures, et constituées par des trachées. La classification des insectes est en grande partie fondée sur les caractères tirés des ailes.

— Archit. Les anciens donnaient le nom d’ailes aux galeries et aux colonnades annexées à un temple. Nous l’appliquons aux bas côtés ou nefs latérales séparées de la nef centrale par une rangée de piliers ou de colonnes. Dans un théâtre, on nomme ailes les deux côtés hors de la scène où se meuvent les châssis des décorations, et où se tiennent les acteurs et les figurants avant d’entrer en scène.

— Art milit. On désigne par le mot d’ailes, dans une armée en marche ou rangée en bataille, les corps qui se trouvent placés aux deux extrémités de la ligne, de même qu’on appelle centre ceux qui sont rangés entre les deux ailes. Ainsi, il y a une aile droite et une aile gauche ; l’aile droite de l’une des deux armées fait face à l’aile gauche de l’autre, et réciproquement. L’usage de diviser ainsi l’armée en trois parties distinctes remonte à l’époque où l’art de la guerre prit naissance. Les Romains plaçaient au centre les légions pesamment armées, et jetaient sur les ailes la cavalerie et les troupes légères ; aussi donnaient-ils le nom d’alœ aux régiments de cavalerie. Tite-Live et César se servent souvent du mot cornes (cornu dextrum, corne droite ; cornu sinistrum, corne gauche) pour désigner les ailes. — On appelle ailes, en termes de fortifications, les faces latérales d’un ouvrage à cornes ou d’un ouvrage à couronne, lesquelles sont destinées à renforcer le front sur lequel elles sont élevées et qu’on place de manière à envelopper une demi-lune ou à couvrir un bastion.

— Myth. Les ailes jouent un grand rôle dans toutes les mythologies. Les Grecs donnaient des ailes à l’Amour, à la Victoire, à la Renommée, au Temps, à Mercure, au cheval Pégase. La Bible parle de celles des anges, des séraphins, des chérubins.

Homonymes. Ale, elle.

Épithètes. Agile, aisée, légère, prompte, rapide, précipitée, assurée, hardie, audacieuse, téméraire, timide, craintive, tremblante, froide, glacée, captive, prisonnière, libre, volage, passagère, vagabonde, étendue, déployée, mobile, agitée, brillante, diaprée, bruyante, sifflante, amoureuse, caressante, hideuse, effroyable.

Allus littér. Même quand l’oiseau marche, on sent qu’il a des ailes. Allusion à un vers de Lemierre, dans son poëme des Fastes. V. Oiseau.

Allus. littér. Traînant l’aile, et tirant le pied… Allusion à un vers de la fable de La Fontaine, les Deux Pigeons :

Mais un fripon d’enfant (cet âge est sans pitié)
Prit sa fronde, et du coup tua plus d’à moitié
     La volatile malheureuse,
    Qui, maudissant sa curiosité,
     Traînant l’aile, et tirant le pied,
     Demi-morte, et demi-boiteuse,
     Droit au logis s’en retourna.

Dans l’application, ce vers sert à exprimer un état fâcheux dont on ne s’est tiré qu’avec peine, et non sain et sauf :

« J’ai voyagé, mon cher et respectable ami, et le pigeon a eu l’aile cassée avant de revenir au colombier ; je suis d’ailleurs forcé de rester quelque temps à Francfort, où je suis tombé malade. »           Voltaire (Lettre à d’Argental).

« L’idée, écartelée en pages par les compositeurs d’imprimerie, parquée en lignes, dissipée en mots, hachée par la justification, l’idée qui souriait, pleure. Elle trouve sa cellule si étroite ! Elle se frappe aux barreaux de sa cage ; elle avait espéré un grand espace, la voilà qui se retire humiliée dans un coin, comme le pigeon de La Fontaine, traînant l’aile et tirant le pied. »        H. de Latouche.

Aile de Saint-Michel (Ordre de l’). Ordre de chevalerie, analogue à celui des Templiers, qui fut créé, vers 1147, par Alphonse Henriquez, premier roi de Portugal, en mémoire d’une victoire que ce prince avait remportée sur les Maures et qu’il attribuait à la protection de saint Michel. Les membres s’engageaient à combattre constamment les infidèles, et portaient pour insigne une aile en demi-vol brodée en lame rouge sur le devant de l’habit. L’institution disparut peu de temps après la mort de son fondateur.

AILE s. f. (è-le). Sorte de bière anglaise. V. Ale.

AILÉ, ÉE adj. (è-lé — rad. aile). Qui a des ailes : Les animaux ailés. L’oiseau pose son nid sur les plus hautes branches des arbres, pour préserver ses petits de l’insulte des animaux qui ne sont point ailés. (Fén.) Pline assure qu’il se forme une foule d’insectes ailés dans la poussière des cavernes. (F. Pillon.)