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Jamais un chantre ailé n’y porta sa cadence.
Saint-Lambert.
Au peuple ailé des airs faut-il livrer la guerre ?
C. Delavigne.


|| On dit de même : On voit avec effroi arriver ces nuages épais, ces phalanges ailées d’insectes affamés qui semblent menacer le monde entier. (Buff.) Une révolution se fit tout à coup parmi les habitants ailés de cette basse-cour. (E. Sue.) Tenant d’une main son tablier relevé par les deux coins, elle y puisait des poignées de grain qu’elle distribuait à la foule ailée dont elle était entourée. (E. Sue.)

Le peuple ailé, la gent ailée, Les oiseaux : L’hirondelle se trouve à la fois la première de la gent ailée par le don, l’art complet du vol ; d’autre part, la plus sédentaire et la plus attachée au nid. (Michelet.) || Les pèlerins ailés, Les oiseaux voyageurs : Mais que de cris, que de reproches, que de malédictions sauvages ou de questions inquiètes sont échangées, dans une langue inconnue, entre ces pèlerins ailés. (G. Sand.)

— Se dit aussi de certains animaux dont l’espèce n’est pas ordinairement pourvue d’ailes : Poissons ailés. Fourmis ailées. Selon la Fable, Pégase était un cheval ailé. Les anciens croyaient à l’existence des serpents ailés. (Acad.)

— Se dit de certaines choses que l’on figure avec des ailes : Cerf ailé. Cœur ailé, Nain ailé. Un foudre ailé est le symbole de la rapidité et de la puissance.

— Fig. Par allusion aux voiles des vaisseaux :

Fier, il voie au milieu de son escadre ailée.
Delille.
Je montrai le premier aux peuples du Mexique
L’appareil inouï, pour ces mortels nouveaux,
De nos châteaux ailés qui volaient sur les eaux.
Voltaire.

|| S’est dit de la prière, pour marquer la rapidité avec laquelle elle s’élève vers Dieu : La prière, mais la prière rapide, lyrique, ailée, était associée aux moindres actes de notre journée. (Lamart.)

— En poésie, Le ministre ailé de Jupiter, du roi de l’univers, du roi, du monarque des dieux, périphrases qui s’appliquent à l’aigle :

Tout à coup, s’élançant des clartés éternelles,
L’aigle, ministre ailé du roi de l’univers,
Porte aux dieux divisés la foudre et les éclairs.
De Guerle.

— Méd. Omoplates ailées, Omoplates qui offrent des saillies osseuses, comme chez les personnes dont le corps est frêle, la poitrine étroite, ce qui indique une prédisposition à la phthisie pulmonaire.

— Zool. Se dit d’une coquille univalve dont une lèvre se dilate dans l’âge adulte. || D’une coquille bivalve dont la base, vers l’un des côtés du sommet, est très-prolongée. || Des doigts de certains oiseaux, lorsqu’ils sont garnis dans toute leur longueur d’une membrane étroite et lisse. || Du tibia postérieur des insectes quand il est garni d’un appendice étalé. || Du prothorax de certains insectes, lorsque ses côtés sont dilatés.

— Bot. Dont la forme se rapproche de celles des ailes, en parlant de plusieurs parties des plantes : Tige ailée. Pétioles ailés. Péricarpe ailé. Capsules ailées. Feuilles ailées.

— Mécan. Vis ailée, Vis qui donne de la prise aux doigts.

— Blas. Se dit des animaux ou autres figures auxquels on donne des ailes chimériques. Famille Danchel : d’azur, au daim ailé d’or, à la cotice de sable brochant sur le tout. Famille Manuel : de gueules à une main ailée d’or tenant une épée d’argent. — Se dit des oiseaux, des insectes et des moulins à vent dont les ailes sont d’un émail particulier. Famille Ambel : d’or, au moulin à vent d’argent ailé de gueules, posé sur une terrasse de sinople.

— s. m. pl. Entom. Sous-classe ou section de la classe des insectes comprenant ceux qui ont deux ou quatre ailes. || Ornith. Tribu de l’ordre des oiseaux nageurs colymbiens. || Moll. Famille de gastéropodes.

AILE-PIEDS s. m. pl. (è-le-pié — de aile et pied). Mamm. Classe de mammifères, comprenant ceux qui ont les membres transformés en ailes. || Moll. Les mollusques dont les organes locomoteurs consistent en une espèce de nageoires.

AILERON s. m. (è-le-ron — dimin. de aile). Extrémité de l’aile d’un oiseau : Le coq s’était cassé un aileron. || Cette même partie séparée de l’aile et cuite : Ragoût dailerons. Ailerons aux pommes de terre, aux salsifis. Il mange un aileron de dinde aux navets, sous prétexte de gastrite aiguë. (E. Texier.)

— Fig. et pop. Se faire donner sur les ailerons, Se faire rabattre le ton, la jactance, l’orgueil.

— Argot. Bras : Je suis piqué à laileron ; tu m’as égratigné avec tes ciseaux. (E. Sue.)

— Entom. Écaille convexe qui se trouve à la base de l’aile de certains insectes diptères.

— Ichthyol. Nageoires de quelques poissons : Les ailerons d’une carpe. On dit que les Chinois sont très-friands des ailerons de requin. (Encycl.)

— Hortic. Aileron d’artichaut, Pomme d’artichaut plus petite que l’aile.

— Mar. Planches en queue d’aronde que l’on cloue quelquefois vers la flottaison des deux côtés du gouvernail, pour en augmenter la surface et la puissance. || En voilerie, Réunion des pointes de côté d’une voile carrée.

— Archit. Espèce de consoles renversées, placées des deux côtés d’une lucarne, ou accompagnant la partie supérieure d’un portail.

— Techn. Petits ais qui garnissent les roues des moulins à eau, et qui servent à les faire tourner par le choc de l’eau. || Petite pièce qui, dans les carrières d’ardoises, sert de support à la partie du seau qu’on appelle le chapeau. || Chacune des extrémités des lames de plomb qui maintiennent les pièces de verre dont un panneau de vitrage est composé. || Petits morceaux de carton que les artificiers attachent, en forme d’ailes, à une fusée volante. || Nom que les serruriers donnent à certaines fiches de fer.

AILETTE s. f. (è-lè-te — dimin. d’aile). Archit. Avant-corps de bâtiment, plus petit qu’une aile.

— Mar. Prolongement des bordages de l’arrière d’un vaisseau.

— Anc. art milit. Plaque carrée fixée sur chaque omoplate de la cotte de mailles, ou de la cuirasse de fer plein.

— Artill. Nom donné à des espèces de petits tenons qui sont encastrés dans les projectiles allongés et saillants à la surface. Les ailettes ont pour objet de maintenir le projectile dans l’axe de la bouche à feu, et, pendant qu’il parcourt l’âme de cette dernière, elles frottent sur les flancs directeurs des rayures.

— Techn. Pièce servant de renforcement sur le côté d’un soulier, d’une manche de chemise, d’un bas. || Partie d’un rouet. || Une des parties de l’écusson entre lesquelles la détente du fusil est fixée par une vis.

AILFER s. m. (a-ill-fèr ; ll mll.). Nom vulgaire de deux espèces d’aulx du midi de la France.

AILLADE s. f. (a-ill-a-de ; ll mll. — rad. ail). Sauce à l’ail : C’étoit une puante haleine qui était venue de l’estomac de Pantagruel, alors qu’il mangea tant daillade. (Rabel.) || Morceau de pain frotté d’ail. || Certaine quantité de têtes d’ail :

Il vous faudra choisir après cela
Des cent écus ou de la bastonnade
Pour suppléer au défaut de l’aillade.
La Fontaine.

— Fig. et fam. Il nous a servi une rude aillade, Il nous a tancés vertement.

AILLAME s. m. (a-ill-a-me — ll mll.). Nom vulgaire du sorbier des oiseaux.

AILLANT-SUR-THOLON, ch.-lieu, de cant. (Yonne), arrond. de Joigny ; pop. aggl. 905 hab. — pop. tot. 1,468 hab. Pays très-agréablement situé, dans la vallée et sur la rive gauche du Tholon.

AILLAUD (J.-Gaspard), médecin du xviiie siècle qui se fit une grande célébrité par le débit d’une prétendue panacée, la poudre d’Aillaud, composée surtout de scammonée.

AILLE (a-i-lle ; ll mll.). Finale qui exprime une idée de pluralité : Volaille, grenaille, bataille, mitraille, canaille ; accordailles, fiançailles, relevailles, représailles, broussailles, funérailles. Elle répond à alia, ilia, pluriels neutres de noms latins. || À l’idée de pluralité est quelquefois unie l’idée de mépris : Valetaille, canaille, pédantaille, marmaille, etc. || Mais elle n’est pas suffixe, et fait partie intégrante du mot dans paille, de palea ; maille, de macula, et autres semblables.

AILLER s. m. (a-i-llé ; ll mll.). Chass. Grand filet pour prendre des cailles.

AILLEURS adv. (a-ill-eur ; ll mll. ; ne pas prononcer a-lieure — lat. aliorsum, même sens). En un autre lieu : Il y a, à la ville comme ailleurs, de fort sottes gens. (La Bruy.) Ne le cherchez pas ailleurs que dans la maison de ce riche qu’il gouverne. (La Bruy.) || Se dit aussi au moral : Il me lit des traits d’histoire, il cherche à m’intéresser ; mais cela ne se peut, je suis ailleurs. (Dider.) J’ai le cœur pris, j’aime ailleurs. (Mariv.)

— Par ext. Auprès d’une autre personne : Les consolations qu’il ne peut vous donner, vous les trouverez ailleurs. Il trouvait en elle ce que les rois ne guère ailleurs. (Mass.) || Dans un autre livre, un autre auteur, un autre passage : Cette locution se trouve dans tel écrivain, et ailleurs. (Acad.) Quoi que j’aie pu dire ailleurs, peut-être que les affligés ont tort. (La Bruy.)

Partout ailleurs, Dans tout autre lieu : Il était à Paris, et on le cherchait partout ailleurs. || Par ailleurs, Par une autre voie : Faites-moi tenir mes lettres par ailleurs. Peu usit.

D’ailleurs, loc. adv. D’un autre côté, d’un autre lieu : Si vous ne pouvez me fournir ces objets, je les ferai venir d’ailleurs. Hermippe tire le jour de son appartement d ’ailleurs que de la fenêtre. (La Bruy.) || D’une autre cause, d’un autre motif : Votre disgrâce vient d’ailleurs. (Acad.) || En outre, de plus : Quand d’ailleurs cela serait ! Et d’ailleurs, est-ce toujours le mérite qui décide de la fortune ? (Mass.) D’ailleurs, que de choses difficiles à réunir suppose ce gouvernement ! (J.-J. Rouss.) Les mœurs modernes s’opposent à cette innovation, qui détruirait d’ailleurs de fond en comble la discipline de l’Église. (Chateaub.)

Et vous avez d’ailleurs Laodice en otage.
Corneille.


|| Du reste, sous d’autres rapports : Ces deux capitaines, d’ailleurs si sages et si expérimentés n’étaient pas assez secrets dans leurs entreprises. (Fén.) Ces raisonnements, fort justes d’ailleurs, ne calmaient pas les anxiétés de Rodolphe. (E. Sue.)

Père injuste, cruel, mais d’ailleurs malheureux.
Racine

Syn. D’ailleurs, de plus, outre cela ou en outre. De plus n’a rapport qu’au nombre : Montecuculli confessa son crime à la question, et déclara, de plus, qu’il avait été suborné par Antoine de Lève. (Boss.) D’ailleurs annonce une autre raison, ou quelque chose d’espèce différente : Le chancelier, ennemi des supplices, et d’ailleurs assez favorable aux protestants, conseilla cette douceur à la reine. (Boss.) Outre cela indique une raison qui augmente la force de celles qui suffisaient à elles seules. M. Despréaux n’a pas seulement reçu du ciel un génie merveilleux pour la satire, mais il a, outre cela, un jugement excellent. (Rac.) Outre cela peut toujours s’employer pour en outre et réciproquement.

AILLEVILLERS, commune du dép. de la Haute-Saône, arrond. de Lure ; pop. aggl. 866 hab. — pop. tot. 2,565 hab.

AILLIE s. f. (a-llî ; ll mll. — rad. ail). Ragoût à l’ail. On dit mieux aillade.

— Prune sauvage, appelée aujourd’hui prunelle, et dont on fait une espèce de piquette dans plusieurs départements.

— Prov. Je n’en donnerais pas une aillie, Je n’en fais pas le moindre cas.

AILLOLI s. m. (a-ill-oli, ll mll. — du prov. ailholi). Art culin. Coulis d’ail et d’huile d’olive, en usage dans le midi de la France et dans les Antilles françaises : Le dimanche, le foyer s’anime, la broche tourne, les parfums nationaux de lailloli et de la brandade remplissent l’atmosphère. (Tax. Delord.)

AILLOLISÉ, ÉE (a-ill-o-li-zé — rad. ail) part. pass. du v. Ailloliser. Mêlé d’ail.

AILLOLISER v. a. ou tr. (a-ill-o-li-zé — rad. ail). Mêler de l’ail à une substance pour lui en donner le goût : Ailloliser une sauce, du vinaigre, etc.

AILLOSSE s. f. (a-ill-o-se — ll mll.). Géol. Terre argileuse, remplie de gravier, qui fait la base de la terre à bruyère dans certaines landes de Gascogne.

AILLY (d’), famille protestante de la Picardie, qui tirait son origine de Robert d’Ailly, vers 1090. Plusieurs de ses membres jouèrent un rôle très-actif dans les guerres civiles et religieuses du xvie siècle. Charles d’Ailly et son fils Louis périrent dans les rangs des protestants à la bataille de Saint-Denis, en 1567. Mais le combat du père contre le fils, dans la Henriade (chant viii), est purement une fiction poétique.

AILLY (Pierre d’), prélat français et théologien célèbre, surnommé l’Aigle des docteurs de la France et le marteau des hérétiques, né à Compiègne en 1350, mort en 1420, s’éleva par son seul mérite aux premières dignités de l’Église. Il commença à se faire remarquer par des traités de philosophie écrits dans les principes des nominaux, fut nommé en 1384 grand maître du collège de Navarre, où il eut pour élèves Gerson et Clémangis, et devint ensuite chancelier de l’Université, aumônier et confesseur de Charles VI. Il fit instituer, par Benoit XIII, la fête de la Sainte-Trinité, fut élevé au cardinalat par Jean XXIII, qui l’envoya en Allemagne en qualité de légat, et joua un rôle éclatant au concile de Constance, où il soutint la suprématie des conciles sur le pape et la nécessité d’une réformation dans l’Église, à commencer par le chef. Martin V le nomma ensuite son légat à Avignon. Pierre d’Ailly a laissé plusieurs ouvrages, dont le plus remarquable et le plus connu est celui qui est intitulé Libellus de emendatione Ecclesiœ ( Livre sur la réformation de l’Église).

AILLY (Phare de l’), phare situé dans la Seine-Inf., arrond. de Dieppe, à l’extrémité du cap d’Ailly ; 93 m. de hauteur au-dessus du niveau de la mer ; 23 kil. de portée.

AILLY-LE-HAUT-CLOCHER, ch.-lieu de cant. (Somme), arrond. d’Abbeville ; pop. 1,184 hab.

AILLY-SUR-NOYE, ch.-lieu de cant.(Somme), arrond. de Montdidier ; pop. 1,100 hab.

AILURE s. f. (é-lu-re — rad. aile). Anc. mar. Nom que l’on donnait à deux gros soliveaux, placés sur les flancs d’un vaisseau pour former avec les baux les ouvertures des écoutilles.

AILURE s. m. (è-lu-re — du gr. ailouros, chat, belette). Mamm. Syn. de panda. V. ce mot.

AIMABILITÉ s. f. (è-ma-bi-li-té). Mot que Mme de Sévigné a employé en le soulignant. Il est mis pour amabilité, qui a un rapport plus direct avec le radical latin, mais qui est moins conforme à l’analogie française.

AIMABLE adj. (è-ma-ble — lat. amabilis, même sens ; de amare, aimer). Qui est digne d’être aimé, qui mérite d’être aimé : Homme aimable. Femme aimable. Enfant aimable. C’est un prince très-aimable. Les gens les plus aimables sont ceux qui choquent le moins l’amour-propre des autres. (La Bruy.) Quoi ! j’aurais le bonheur de plaire à cette aimable personne ! (Le Sage.) M. de Montulé ne se piquait pas d’être aimable, et se donnait peu de peine pour cela. (Marmontel.) Un trop grand désir de paraître aimable empêche souvent de l’être. (Duclos.) Un homme du monde peut être aimable sans esprit. (La Rochef.-Doud.) Une femme vraiment aimable est comme une harmonie parfaite pour les affections de l’homme. (De Sénancourt.)

J’ai cru honteux d’aimer quand on n’est plus aimable.
Corneille.
On peut, sans être belle, être longtemps aimable.
Voltaire.
Le véritable sage est aimable en tout temps.
Desforges.
Quand on sent que l’on plaît, on en est plus aimable.
Collin d’Harleville.
Le besoin de jouir, de plaire et d’être aimable
Répand sur notre vie un charme inexprimable.
Fr. de Neufchateau.
Tel a tout ce qu’il faut pour être un homme aimable
Qui fait tout ce qu’il peut pour être insupportable.
Favard.


|| S’emploie aussi ironiquement : Vraiment ! ce matin vous êtes aimable comme un chardon.

— Quelquefois, il est suivi de la préposit. à et d’un complément : Elle s’est rendue aimable à toute la maison. (Fén.) Jamais prince ne fut plus capable de rendre la royauté non-seulement vénérable et sainte, mais encore aimable à ses peuples. (Fén.) || S’emploie dans les formules de remercîment et de politesse : Faites cela, et vous serez bien aimable. Vous seriez bien aimable de me venir voir. Vous seriez bien aimable de vous intéresser à moi, à mon affaire. Vous seriez bien aimable de m’aider. Vous êtes un aimable homme d’être revenu si ponctuellement. (Fén.)

— Par ext. Se dit aussi des animaux : Votre chien n’est guère aimable.

— Doux, agréable, attrayant, en parlant des choses : Je ne manque pas de dire à ma tante tous vos aimables souvenirs. (Mme de Sév.) Le règne minéral n’a rien en soi daimable et d’attrayant. (J.-J. Rouss.) Le père, qui m’appelait son petit-fils, était d’une société très-aimable. (J.-J. Rouss.) Un prélat comme Fénelon rend la religion aimableen pratiquant toutes les vertus qu’elle enseigne. (Napol. Ier.) Vous avez raison, Charles a un accueil peu aimable. (F. Soulié.) Elle avait un air si aimable ! (Scribe.) Rien n’est aimable que la vertu pour les cœurs bien nés. (Vauven.) La politesse rend le pouvoir aimable et le devoir attrayant. (Laténa.) Il n’y a d’objets aimables que ceux qu’on peut aimer. (Taine.)

Rien n’est beau que le vrai, le vrai seul est aimable.
Boileau.
De ses aimables lois chacun goûtait les fruits.
Voltaire.
Rarement on évite un objet agréable.
Et l’on ne fuit jamais ce que l’on croit aimable.
Quinault.
Il est d’autres erreurs, dont l’aimable poison
D’un charme bien plus doux enivre la raison.
Racine.

Cela est aimable, voilà qui est aimable. Se dit en parlant d’une attention, d’une politesse dont on a été l’objet. || Se dit aussi ironiquem. : Vous nous avez fait attendre deux heures, voilà qui est fort aimable !

     On nous promet d’aimables dragonnades,
Un bel auto-da-fé, de charmantes croisades.
M.-J. Chénier.

— Il est aussi substantif : Adieu ma très-chère, ma très-aimable. (Mme de Sév.) || Faire l’aimable, Avoir la prétention de plaire, se donner beaucoup de peine pour plaire : Celui, celle qui fait trop laimable n’est le plus souvent que ridicule. || L’aimable, Ce qui est aimable : Je préfère laimable au surprenant et au merveilleux. ( Fén.)

Antonymes. Abominable, antipathique, détestable, exécrable, haïssable, insupportable, odieux.

AIMABLEMENT adv. (è-ma-ble-man — rad. aimable). D’une manière aimable : Il fallait voir le ton tremblant, aimablement embarrassé de cette charmante fille. (Rétif de la Bret.) || Ce mot ne figure pas dans le dictionnaire de l’Académie. « Ce charmant adverbe, dit Ch. Nodier, a de belles autorités ; il a de plus l’utilité, l’analogie et l’harmonie. » Saint François de Sales, Bourdaloue et Mme de Sévigné l’ont employé ; cette dernière dans la phrase suivante, qui pourrait certainement se passer du correctif qui la termine : Vous me répondez trop aimablement, il faut que je fasse ce mot tout exprès pour l’article de votre lettre.

AIMAK s. m. (è-makk). Nom d’un dieu domestique chez les anciens Tatars.

AIMANT s. m. (è-man — contract. de adamas, nom grec du diamant, à cause du rapport de dureté qui existe entre le diamant et la pierre d’aimant. Suivant certains étymologistes, aimant ne serait qu’une des formes de notre verbe aimer, à cause du rapport qui existe entre l’idée d’attraction morale exercée par le second, et la puissance d’attraction physique inhérente au premier). Minér. Oxyde de fer jouissant de la propriété d’attirer le fer et quelques autres métaux. On distinguait autrefois l’aimant en aimant mâle et en aimant femelle ; le premier de couleur bleuâtre, le second d’un roux noirâtre.

— Physiq. Nom générique donné à toute substance qui possède naturellement, ou qui a reçu, par divers procédés, la propriété d’attirer le fer. || Aimant naturel, Oxyde de fer jouissant naturellement de la force magnétique. || Aimant artificiel, Substance à laquelle la force magnétique a été communiquée artificiellement. || Aimant terrestre, Se dit de la terre,