entre les deux souverains, et la guerre ne tarda pas à sortir de cette situation. On connaît les résultats de cette funeste campagne de 1812 entreprise par Napoléon. Pendant que les débris de l’armée française se retiraient en Allemagne, Alexandre lança de Varsovie un manifeste par lequel il appelait l’Europe aux armes (1813), et forma une nouvelle coalition dans laquelle entrèrent l’Angleterre, la Prusse, la Suède et l’Autriche. Les alliés essuyèrent d’abord plusieurs défaites à Lutzen, à Bautzen et à Dresde, mais la bataille de Leipsick leur ouvrit les portes de la France, et ils arrivèrent jusqu’à Paris (1814), malgré les prodiges de génie que fit Napoléon dans cette campagne immortelle. Alexandre, qui jouait le principal rôle dans ces événements, contribua à replacer la famille des Bourbons sur le trône, et se conduisit avec une modération et une bienveillance qui lui concilièrent l’estime des classes élevées, moins sensibles aux humiliations de l’invasion étrangère que charmées de l’affabilité de l’autocrate vainqueur. Après avoir signé le traité qui assurait la paix générale et garantissait à la France l’intégrité de son territoire primitif, il se rendit en novembre 1814 au congrès de Vienne, où il fit confirmer l’usurpation de la Pologne, qu’il avait consommée l’année précédente. Après le retour de Napoléon de l’île d’Elbe et la bataille de Waterloo, Alexandre revint à Paris avec les troupes alliées (1815), et participa cette fois aux mesures rigoureuses prises contre la France ; néanmoins il s’opposa à son démembrement et sauva plusieurs monuments qu’on voulait détruire. Avant de quitter Paris, il signa avec les souverains de Prusse et d’Autriche le traité de la Sainte-Alliance, qui, sous l’apparence d’une ligue pour le triomphe du christianisme, n’était en réalité qu’une coalition des rois contre les principes libéraux, coalition au nom de laquelle il fut entraîné plus tard à comprimer la liberté en Europe. De retour en Russie, Alexandre s’occupa de l’administration de ses vastes États, octroya à la Pologne une constitution qui ne fut jamais appliquée, travailla à réparer les maux de la guerre, établit des colonies militaires dans les parties les moins habitées de son empire, expulsa les jésuites, que son aïeule Catherine avait attirés en Russie, et adoucit le sort des serfs. Dans les dernières années de sa vie, il demeura fidèle à l’esprit qui avait dicté le traité de la Sainte-Alliance, et se montra constamment l’adversaire des idées libérales qu’il avait professées au début de sa carrière. Au reste, il ne s’appartenait plus à cette époque. Depuis la deuxième invasion, il était tombé sous l’empire de la mystique Mme de Krudner (V. ce nom), qui l’avait entraîné dans un quiétisme religieux énervant, et dont l’influence funeste survécut même à la perte de son crédit. Il mourut d’une fièvre endémique pendant un voyage dans les provinces méridionales de son empire. Ses derniers moments furent troublés par la découverte d’une vaste conspiration entreprise par la jeunesse russe des hautes classes, sous l’influence d’idées qu’elle avait rapportées de la France
Alexandre fut un prince éclairé et doué de qualités incontestables ; il acquit des droits à la reconnaissance de la France par sa modération et le frein qu’il imposa à la vengeance que les alliés voulaient tirer de vingt ans de revers et d’humiliations, mais la loyauté fut loin de présider à tous les actes de sa vie ; il ne se montra que trop souvent fidèle à cette politique cauteleuse qui est de tradition chez les moscovites, et justifia ainsi l’épithète de Grec du Bas-Empire que Napoléon lui donna dans ses amères récriminations. Il ne laissait point d’enfant, et son frère Nicolas lui succéda.
ALEXANDRE II, empereur de Russie, fils aîné de Nicolas et de Frédérique-Louise-Charlotte-Wilhelmine, sœur du roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV, et qui reçut comme czarine le nom d’Alexandra-Feodorowna. Élevé d’abord
par sa mère et placé sous la direction de
l’Allemand Mœrder, il fut confié ensuite aux
soins du poëte russe Joukowski, qui acheva
son éducation. Ce dernier appartenait, comme
le czar Nicolas, au vieux parti russe. Le caractère
du jeune prince porta l’empreinte de ces
influences diverses. Revêtu dès son enfance
de l’habit de soldat et de hautes dignités militaires,
formé pour la guerre et pour l’autocratie,
il se pliait difficilement néanmoins à la
forte discipline que son père imposait autour
de lui, et il tomba même dans une mélancolie
dont on essaya de le guérir par un voyage en
Allemagne, pendant lequel il épousa la princesse
Marie, fille du grand-duc de Hesse-Darmstadt
(1841). Nicolas mourut, comme on
le sait, en mars 1855, au milieu des embarras
de la guerre de Crimée. Alexandre, héritant
d’une situation qu’il n’avait point faite, suivant l’expression de Napoléon III, soutint
quelque temps encore la politique héréditaire
des czars et continua la guerre avec assez
d’énergie, mais plutôt, à ce qu’il semble, pour
satisfaire l’honneur militaire et les vieux sentiments
moscovites. Après la prise de Sébastopol,
il jugea sagement qu’il était temps d’accepter
les conditions que les alliés mettaient à.
la paix, envoya ses plénipotentiaires à Paris,
et parut dès lors vouloir consacrer toute l’activité
de son gouvernement aux affaires intérieures
de son vaste empire, qui lui doit d’importantes
améliorations, quelques réformes administratives et un développement considérable de l’instruction publique. L’œuvre la plus importante de son règne et de sa politique
est jusqu’à présent l’émancipation des
serfs, qu’il a courageusement commencée, et
qui se complétera sans doute par des mesures
ultérieures. Cette noble initiative ne peut malheureusement
faire oublier sa conduite récente
envers la Pologne. Dans cette question, en
effet, il paraît suivre entièrement les inspirations
du vieux parti russe. Tout ce que mon
père a fait est bienfait, a-t-il dit à cet égard.
Et l’on sait combien Nicolas fut impitoyable
envers cette malheureuse nation. Dès le début
de l’insurrection actuelle (V. Pologne), la
répression prit un caractère implacable qui n’a
fait que s’aggraver, épouvantant l’Europe par
des actes d’une férocité inouïe, dont la responsabilité
rejaillit en partie sur le prince qui
choisit, qui maintient et qui récompense des
généraux comme Mourawiew et autres proconsuls,
que sans aucun doute l’histoire flétrira
du nom de bourreaux. Comme homme
privé, Alexandre est, dit-on, plein de douceur,
d’intelligence et d’aménité. On vante même ses
tendances libérales, au moins dans les questions
qui n’intéressent point la domination
russe. Il parait en outre doué de cette habileté
moscovite que Napoléon Ier, juge un peu
partial, il est vrai, a comparé à la finesse
astucieuse des Grecs du Bas-Empire.
ALEXANDRE Ier, pape de 108 à 117. On n’a aucun détail sur sa vie. Les Épîtres qui ont été mises sous son nom sont apocryphes.
ALEXANDRE II, pape de 1061 à 1073. Il eut
à lutter contre l’antipape Honorius II, que lui
opposa l’empereur Henri IV ; força les princes
normands à rendre les terres qu’ils avaient enlevées au saint-siége, et s’opposa aux persécutions contre les juifs.
ALEXANDRE III (Roland Rainuce), pape de 1159 à 1181. Appuyé sur la ligue lombarde, il
eut à lutter successivement contre les antipapes
Victor IV, Pascal III et Calixte III, suscités par l’empereur Frédéric Barberousse, avec qui il se réconcilia à Venise en 1177. Alexandre III convoqua le troisième concile de Latran en 1179, et y fit porter plusieurs décrets importants, entre autres celui qui attribuait aux seuls cardinaux l’élection des papes,
et celui qui réservait au souverain pontife la
canonisation des saints.
ALEXANDRE IV (Rinaldi), pape de 1254 à 1261, établit des inquisiteurs en France, à la prière de saint Louis, et lutta sans succès contre Mainfroi, fils naturel de l’empereur Frédéric II, et qui s’était emparé de l’Italie méridionale. C’est sous son pontificat que parut en Italie la secte des flagellants.
ALEXANDRE V, pape de 1409 à 1410. Il fut élu par les cardinaux du concile de Pise, qui voulaient l’opposer à Grégoire XI et à Benoit XII. Sa nomination ne mit pas fin au schisme.
ALEXANDRE VI (Roderic-Lenzuolo Borgia),
né en 1431, à Jativa, en Espagne, descendait,
dit-on, par sa mère, Jeanne Borgia, des anciens
rois d’Aragon. Il se fit remarquer dès sa
jeunesse par le développement prématuré de
son intelligence et par la fougue de ses passions.
Étudiant en droit, puis soldat, il fut
appelé à Rome en 1456 par son oncle Alphonse
Borgia, qui venait d’être élevé au trône pontifical
sous le nom de Calixte III, et qui le
nomma successivement archevêque de Valence,
cardinal et vice-chancelier de l’Église.
Antérieurement, il avait eu d’une certaine
Rosa Vanozzo cinq enfants, dont deux surtout
acquirent la plus hideuse célébrité, César
et Lucrèce Borgia. Décoré de la pourpre
romaine, Roderic ne renonça point à ses désordres;
mais, dans l’intérêt de son ambition, il
les couvrit d’un voile impénétrable et mit dès
lors autant de zèle à affecter les vertus qui lui
manquaient que de soin à dissimuler ses vices.
Sous le pontificat de Sixte IV, il fut chargé de
diverses négociations qui mirent en lumière
son habileté politique, mais qui ne furent point
toutes heureuses. À la mort d’Innocent VIII, il
fut élu pape, et, s’il faut en croire les historiens
contemporains, il avait gagné tout le collège, à l’exception de cinq cardinaux, soit à prix d’or, soit par la promesse de dignités et de bénéfices (1492). Dès ce moment il établit
à Rome sa famille, dont l’existence n’était plus
un mystère pour personne. François, son fils
aîné, reçut le commandement des troupes papales,
et César fut nommé cardinal l’année suivante. Prince plutôt que pontife, et dans
un siècle où la perfidie, le parjure et la cruauté
paraissaient des moyens légitimes de gouvernement,
Alexandre VI se préoccupa exclusivement
de sa domination temporelle en Italie,
et entreprit de dépouiller et de réduire les
familles puissantes qui dominaient dans les
États de l’Église, ainsi que ces barons romains
qui avaient un tel pouvoir, qu’on les nommait
les menottes du pape. Dans cette lutte contre
les grands », ce nouveau Louis XI, moins puissant
par les armes, mais moins scrupuleux
encore sur les moyens, ne recula devant aucun
forfait pour s’agrandir et enrichir sa famille.
Les Malatesta, les Manfredi, les Colonna, les
Orsini, les Vitelli, furent tour à tour les victimes
de ses perfidies, dont le principal instrument
était son fils César, et à l’exécution
desquelles il employait le meurtre, la corruption,
le parjure, le mensonge, etc. Sa vie entière
est un tissu d’horreurs de toute nature, et il réalisa dans l’histoire l’idéal du prince dont
Machiavel a esquissé le hideux portrait. Dans
sa politique extérieure, il montra le même caractère.
Obligé de capituler devant les armes
de Charles VIII, il fit sa paix avec lui en lui
accordant l’investiture du royaume de Naples
et en lui livrant le prince turc Gem (Zizim),
que peut-être il avait fait empoisonner à l’avance,
gagné, dit-on, par l’or de Bajazet. Il
encouragea ensuite l’assassinat des Français
dans Rome, se ligua contre le roi de France
avec la république de Venise et l’empereur
Maximilien, contracta plus tard une alliance
avec Louis XII, qu’il se disposait à trahir,
lorsqu’il mourut (1503), empoisonné, dit-on,
par un breuvage qu’il but par mégarde et
qu’il avait fait préparer pour un cardinal dont
il convoitait les biens. Ce dernier fait a été
révoqué en doute. Ce que les historiens contemporains
rapportent des mœurs de ce pontife
ne peut trouver place dans un ouvrage de
cette nature. Nous devons nous borner à constater
que la plupart des faits qui lui sont
imputés ne paraissent malheureusement que
trop avérés. V. sa Vie, par Gordon, Londres,
1729, trad. en franc., en 1732.
ALEXANDRE VII (Fabio Chigi), né à Sienne
en 1599, élu en 1655, mort en 1667, fut un pape
savant et vertueux. Il approuva la bulle d’Innocent
X, son prédécesseur, contre les cinq
propositions de Jansénius, et prescrivit le fameux
formulaire de 1665. C’est sous son pontificat
que le duc de Créqui, ambassadeur de
France à Rome, ayant été insulté par la garde
corse, l’orgueilleux Louis XIV exigea que cette
garde fût cassée, et que la réparation fût
attestée par une pyramide érigée sur une place
de Rome.
ALEXANDRE VIII (Ottoboni), né à Venise
en 1610, élu en 1689, mort en 1691. Il publia la
bulle Inter multiplices, contre les quatre articles
du clergé de France (1682) qui consacraient
les libertés de l’Église gallicane.
ALEXANDRE (saint), évêque de Jérusalem,
mort en prison l’an 251, sous Décius.
ALEXANDRE (saint), patriarche d’Alexandrie,
combattit vigoureusement l’hérésie d’Arius,
qu’il ne put ramener à la foi orthodoxe.
Il fit assembler le concile de Nicée (325), où
l’arianisme fut condamné, et mourut en 326.
ALEXANDRE NEWSKI (saint), prince moscovite,
né en 1219, mort en 1262. Il était fils
du Jaroslaf II, grand-duc de Russie, et succéda
à son père en 1252. Illustré déjà par deux
victoires remportées, l’une sur les Suédois et
les Danois, au bord de la Neva (d’où son nom
de Newski), l’autre sur les chevaliers de l’ordre
teutonique, il n’affranchit point, comme on l’a
répété, la nation moscovite du honteux tribut
quelle payait aux successeurs de Gengis-Khan,
et ne gouverna au contraire qu’avec l’appui
des Tartares. Aujourd’hui cependant il est
rangé parmi les saints les plus vénérés de la Russie. L’impératrice Catherine Ire fonda en son honneur l’ordre de Saint-Alexandre (1725).
ALEXANDRE, fils de Priam, le même que Pâris.
ALEXANDRE POLYHISTOR, savant écrivain grec, fait prisonnier pendant la guerre de Mithridate,
amené à Rome et acheté par Corn.
Lentulus, qui lui confia l’éducation de ses
enfants et l’affranchit. Il avait composé quarante-deux
Traités de grammaire, d’histoire
et de philosophie, dont il ne reste malheureusement
que quelques fragments, conservés par
le Syncelle et Eusèbe.
ALEXANDRE le Paphlagonien, fameux imposteur,
né en Paphlagonie, vivait dans le IIe siècle de notre ère. Il étudia la médecine,
se fit passer pour prophète et gagna d’immenses
richesses à rendre des oracles et à
traiter les malades. Sa renommée s’était répandue
dans tout l’empire, et il est certainement
le plus illustre de tous les charlatans historiques.
Chose tout à fait neuve, il avait créé
un dieu, qu’il portait toujours avec lui. C’était
un serpent qu’il avait fait naître dans un œuf
d’oie (après l’y avoir secrètement introduit) et
qu’il faisait passer pour Esculape. Ce dieu,
qui avait reçu le nom de Glycon, figure sur
des médailles de ce temps.
ALEXANDRE d’Aphrodisias, le plus ancien et le plus fameux des interprètes d’Aristote. Il
professait à Alexandrie au commencement du
IIIe siècle av. J.-C. Il combattit le fatalisme
comme subversif de l’ordre moral. On a de lui
des commentaires sur la philosophie péripatéticienne.
ALEXANDRE (Sulpice), historien gaulois ou
franc, vivait au ive siècle. Il avait écrit une histoire de la Gaule de 388 à 394. Grégoire de
Tours lui a fait quelques emprunts.
ALEXANDRE de Tralles, célèbre médecin grec, né à Tralles, en Lydie, dans le VIe siècle.
Il est considéré comme un des meilleurs médecins
grecs depuis Hippocrate. Son principal
ouvrage traite de toutes les maladies, depuis
celles de la tête jusqu’à celles du pied, et il
a été souvent réimprimé, soit en grec, soit en latin.
ALEXANDRE de Bernay, dit aussi Alexandre de Paris, poëte du XIIe siècle. Il continua en vers de douze syllabes le roman d’Alexandre le Grand, commencé par Lambert-li-Cors, ce qui fit depuis donner aux vers de cette espèce le nom d’alexandrins.
ALEXANDRE de Villedieu, écrivain du XIIIe siècle, composa vers 1209 une grammaire en vers intitulée Doctrinale puerorum, et qui eut une vogue immense dans les écoles du moyen âge.
ALEXANDRE de Hales, célèbre théologien anglais de l’ordre des cordeliers, appelé le Docteur irréfragable et la Fontaine de vie, enseigna
avec succès la philosophie et la théologie à Paris, et, l’un des premiers, mit à profit les traductions arabes d’Aristote. Il mourut en 1245.
ALEXANDRE (Noël), théologien, né à Rouen
en 1639, mort à Paris en 1724. Il appartenait à l’ordre des dominicains. Attaché aux doctrines jansénistes, il protesta contre la bulle Unigenitus et signa le Cas de conscience. Savant et laborieux, il composa un grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels on remarqua surtout une Histoire ecclésiastique (en latin) fortement empreinte de gallicanisme.
ALEXANDRE (D. Jacques), bénédictin, né à
Orléans en 1653, mort en 1734 ; inventeur des
horloges à équation, auteur d’un bon Traité
des horloges (1734).
ALEXANDRE (Charles), helléniste, né à Paris en 1797. Il est inspecteur général des études et membre du jury d’agrégation. On lui doit d’estimables travaux lexicographiques qui ont été adoptés dans l’enseignement, notamment un Dictionnaire grec-français, un Dictionnaire français-grec, une Méthode pour faire des thèmes grecs, etc.
ALEXANDRÉE (sainte), vierge et martyre à Ancyre, au IVe siècle. Honorée le 18 mai.
ALEXANDRETTE ou SCANDEROUN, petite ville de la Turquie d’Asie, en Syrie. Elle doit toute son importance à Alep, dont elle est le port naturel, bien qu’elle en soit éloignée de 140 kil. Mouvement de navigation considérable ; 500 hab.
ALEXANDRIE, ville et port d’Égypte, fondée
par Alexandre le Grand en 331 av. J.-C, située
sur la langue de terre qui sépare le lac
Maryoulh de la Méditerranée, à 170 kil. N.-O.
du Caire ; entrepôt du commerce égyptien et
d’une grande partie de celui de l’Arabie, de la
Nubie, de l’Abyssinie. Elle fut célèbre autrefois
par son école de philosophie et par l’importante
bibliothèque recueillie par les Ptolémées.
Elle avait, sous Auguste, plus de 300, 000 habitants,
et en compte à peine aujourd’hui 60, 000. C’est le seul grand port commercial que l’Égypte possède actuellement sur la Méditerranée.
Les monuments principaux de cette ville célèbre sont :
Le Phare. De la pointe orientale de l’île de Pharos se détachait une masse de rochers entourée d’eau. C’est là que fut bâti, par le Cnidien Sostrate et sous le règne de Ptolémée Philadelphe (283 av. J.-C), le célèbre Phare d’Alexandrie, que l’antiquité considérait comme une des sept merveilles du monde. Un vaste corps de bâtiment en marbre blanc, ouvert de tous côtés, composait le premier étage. Ce palais était surmonté d’une immense tour carrée, également en marbre, avec des galeries étagées les unes au-dessus des autres, formant les plus gracieuses colonnades. La hauteur totale était de quatre cents pieds, et au sommet se trouvait un grand miroir qui réfléchissait les vaisseaux avant que l’œil pût les apercevoir à l’horizon. En 1518, le Phare étant totalement ruiné, le sultan Sélim fit construire sur l’emplacement une mosquée et le château que l’on y voit aujourd’hui.
L’Heptastade, Cette chaussée, qui unit la ville à l’ancienne île de Pharos, fut ainsi nommée parce que sa largeur était de sept stades. Elle coupait en deux le havre d’Alexandrie, et lui donnait ainsi deux ports : l’un appelé Grand-Port, l’autre Eunoste, ou port du bon retour. Elle a été si considérablement élargie par les sables et les débris accumulés à sa base, que la nouvelle ville a pu s’y réfugier tout entière. Le môle antique portait un aqueduc destiné à faire arriver dans l’île de Pharos les eaux du Nil, et établissait, par deux ouvertures qui y avaient été pratiquées, une double communication entre les deux ports qu’il séparait.
Colonne de Pompée ou dioclétienne. Cette colonne, improprement nommée de Pompée, fut élevée en l’honneur de Dioclétien par un gouverneur de l’Égypte, Pompeianus, dont le nom explique la tradition erronée qui attribue ce monument à Pompée. Située à 1 kilomètre environ de la porte méridionale de la ville arabe, elle se trouvait comprise dans l’enceinte même d’Alexandrie. Elle n’a plus d’autre utilité que de servir de point de reconnaissance aux vaisseaux qui arrivent du large et aux caravanes qui débouchent du désert. C’est une colonne haute de 32 m. 50 c, d’un seul bloc de granit rose, dont l’exécution et le poli sont admirables : son diamètre est de 3 m. Une masse carrée, supportée par deux assises de pierres siliceuses, lui sert de base. Le fût est grec, tandis que la base, le piédestal et le chapiteau accusent le style dégénéré du IVe siècle de l’ère chrétienne. Le chapiteau est d’ordre corinthien, à feuilles de palmier sans dentelures. Une statue colossale paraît avoir autrefois surmonté le monument, mais on n’en a trouvé que des débris informes. Aiguilles de Cléopâtre. Obélisques situés