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térieur un piège auquel l’un des voleurs nocturnes ne tarda pas à être pris. N’ayant pu se dégager, malgré ses efforts et ceux de son frère, il supplia celui-ci de lui trancher la tête et de l’emporter sous son manteau, afin que, son cadavre étant devenu par là méconnaissable, son frère pût échapper à la vengeance du prince.

On sait que des méprises fatales eurent lieu quelquefois pendant la Révolution, au sujet des personnes, méprises produites par la rapidité avec laquelle les ordres d’arrestation étaient donnés. Un jeune homme est saisi un jour par les agents de la force publique, et dès les premiers mots de son interrogatoire, il s’aperçoit qu’on l’a confondu avec son frère. Celui-ci est marié, père de plusieurs enfants ; lui, au contraire, est libre, et sa vie n’est nécessaire à aucune existence. Il se laisse généreusement condamner, sans dire un seul mot pour tirer les juges de leur erreur, et monte à l’échafaud, heureux de sauver ainsi la vie à son frère.

— 4° Amour conjugal, Tendance, affection que les époux doivent éprouver mutuellement l’un pour l’autre : L’ amour conjugal est un amour sans fièvre, sans trouble, sans égarement. (Alibert.) L’amour conjugal n’est pas l’amour. (H. Rigault.)

Anecdotes. On demandait à une jeune veuve romaine pourquoi elle ne se remariait pas : « Parce que, dit-elle, mon mari existe toujours pour moi. »

Cœcina Pœtus, personnage consulaire, fut condamné à mort pour avoir pris part à une révolte contre l’empereur Claude. Aria, sa femme, voyant qu’il n’avait pas le courage de se faire mourir, se frappa devant lui d’un poignard, et le retirant tout fumant de son sein, elle le lui présenta en disant froidement : « Pœte, non dolet. —Pœtus, cela ne fait pas de mal. » Le mari suivit à l’instant le courageux exemple de sa femme.

Un jeune Chinois, très-doux et très-pacifique, mais coupable de n’avoir pas voulu dénoncer son frère, qui faisait partie de l’armée insurgée, avait été condamné par le mandarin à perdre la vue. Sa jeune femme, Kora, qu’il venait d’épouser depuis quelques jours seulement, avait obtenu la triste faveur de l’accompagner au lieu du supplice, après avoir vainement essayé de fléchir le juge. C’était une femme, presque une enfant, d’une beauté merveilleuse. Elle était de petite taille et toute mignonne ; ses magnifiques cheveux noirs, ses cils et ses sourcils de même couleur, tranchaient sur sa peau d’un jaune mat, où ne se montrait aucune trace de coloration. Ses longs yeux, fendus en amande, avaient une expression indéfinissable de désespoir et d’égarement.

Une foule énorme encombrait la place où devait avoir lieu l’exécution ; aucun apprêt ne se faisait remarquer : seulement, un Chinois, enveloppé d’une longue robe rouge, pétrissait entre ses mains une sorte de matière blanche et en formait deux petites boules : c’était de la chaux vive. Quand les boules furent préparée, le bourreau les enveloppa chacune dans un linge fin, mouillé, qu’il replia trois fois sur lui-même, et qu’il recouvrit ensuite d’un linge sec, puis il plaça cet appareil sur les yeux du condamné, en l’assujettissant au moyen d’un bandeau. Le jaune des joues de Kora tourna au blanc, tant elle devint pâle ; sans se soucier de la foule, que probablement elle ne voyait point, elle tomba à genoux devant son mari en joignant les mains. Aussi, lorsqu’au bout de trois minutes le bandeau fut enlevé, le regard encore vivant du condamné tomba sur sa femme. Alors, il y eut sans doute entre eux un moment d’extase et de divine tendresse, car la figure de Kora s’illumina, ses yeux brillèrent d’une vive flamme, ses joues se teignirent de pourpre, et elle revêtit dans cet instant une beauté surnaturelle. Mais ce ne fut que la durée d’un éclair. Presque aussitôt le regard du jeune homme se ternit, décrut et s’éteignit : la chaux avait rempli son office meurtrier, elle avait brûlé les yeux. On eût dit que Kora subissait la même phase douloureuse, car en même temps son brillant regard se voila, ses yeux se fermèrent, et elle tomba inanimée sur le sol. Revenue à elle, l’infortunée se releva vivement ; elle se plaça à côté de son mari, mit son bras sous le sien, et belle et fière, comme une autre Antigone d’un jeune Œdipe, elle dirigea les pas de l’aveugle vers le quartier qu’ils habitaient ensemble.

— 5° Amour patriotique ou de la patrie, Sentiment élevé qui porte à aimer sa patrie et à se dévouer pour elle : Brutus, présidant lui-même au supplice de son fils, offre un exemple d’amour patriotique qui excite encore plus l’horreur que l’admiration. L’amour de la patrie est inné dans le cœur de l’homme, et cet amour est d’autant plus fort que nous sommes plus malheureux. (Chateaub.)

Amour sacré de la patrie.
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Rouget de l’Isle.
Amour sacré de la patrie.
Rends-nous l’audace et la fierté.
E. Scribe.

Anecdotes. Une mère spartiate disait, en présentant le bouclier à son fils, qui partait pour la guerre : « Reviens avec ou dessous, » ce qui, dans les mœurs spartiates, signifiait : Reviens vainqueur ou mort.

A la suite de la révolution de 89, un jeune émigré, qui passait une vie triste et errante de l’autre côté du Rhin, traversait chaque nuit le fleuve en bravant mille dangers, pour aller respirer quelques instants l’air natal sur la rive française.

Le Spartiate Phédarète se présente pour être admis au conseil des Trois-Cents : il est rejeté, et s’en retourne tout joyeux chez lui. Sa femme, en voyant son air de contentement, le félicite de l’honneur que viennent de lui faire ses concitoyens. « Non, répondit Phédarète, je me réjouis qu’il se soit trouvé à Sparte trois cents hommes plus vertueux que moi. »

On raconte qu’un mousse anglais avait un tel attachement pour le vaisseau à bord duquel il était né, qu’il ne pouvait souffrir qu’on l’en séparât un moment. Quand on voulait le punir, on le menaçait de l’envoyer à terre ; il courait alors se cacher à fond de cale en poussant des cris. C’est l’amour seul de la patrie qui attachait ce matelot à une planche battue des vents.

Un Européen qui avait résidé à Ceylan visitait le jardin zoologique de Londres. On lui montra un éléphant qui avait passé à Ceylan une partie de son enfance. Il alla près de l’animal, et, par forme de plaisanterie, lui adressa quelques mots de salutation dans la langue de ce pays ; aussitôt l’éléphant donna les marques les moins équivoques de surprise et de plaisir. Il approcha du visiteur autant qu’il lui fut possible, tendit vers lui doucement sa trompe et le caressa avec amitié. On eût dit deux compatriotes se rencontrant sur une terre étrangère.

— Particul., Passion d’un sexe pour l’autre : Les douceurs, les charmes de l’amour. Les tourments de l’amour. Donner, inspirer de l’amour. Languir, brûler d’amour. Se marier par amour. Les femmes sont toujours constantes à l’amour, presque jamais à l’amant. (***) Les remèdes de l’amour sont jeûner, attendre ou se pendre : la faim, le temps ou la corde. (Cratès). L’amour est le roi des jeunes gens et le tyran des vieillards. (Louis XII.) Il est tout aussi difficile de définir l’amour que le bonheur. (St-Prosper.) L’amour n’a point d’âge, il est toujours naissant. (Pasc.) Tous les autres plaisirs ne valent pas les peines de l’amour. (St-Evrem.) L’amour qui nait subitement est le plus long à guérir. (La Bruy.) Il faut être bien dénué d’esprit, si l’amour n’en fait pas trouver. (La Bruy.) L’amour est le dispensateur d’un bien près de qui la gloire et la richesse sont des poupées. (La Font.) Il en est du véritable amour comme de l’apparition des esprits : tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu. (La Rochef.) L’amour est je ne sais quoi, qui vient de je ne sais où, et qui finit je ne sais comment. (Mlle  de Scudéry.) L’amour est un désir d’être aimé de ce qu’on aime. (B.Rabutin.) L’amour ne meurt jamais de besoin, il meurt souvent d’indigestion. (Ninon de l’Enclos.) Les suicides les plus fréquents sont occasionnés par l’amour ; mais les statistiques ne disent pas ceux que l’amour a empêchés. (Mme  d’Houdetot.) La vie ne devrait avoir d’autre limite que l’amour ; tout ce qui peut encore aimer devrait vivre. (Mme  d’Houdetot.) Ceux qui font la guerre pendant que les autres font l’amour mériteraient une petite distinction. (Volt.) L’amour est de toutes les passions la plus forte, parce qu’elle attaque à la fois la tête, le cœur et le corps. (Volt.) Une femme peut être surprise d’avoir pris de l’amour ; mais elle ne l’est jamais d’en avoir donné. (Mariv.) L’amour est un état de guerre continuelle ; c’est pour cela sans doute que l’on dit : Amour vainqueur, amour vaincu, amour invincible, etc. (Mme  Necker.) L’amour, c’est l’égoïsme en deux personnes. (Boufflers.) L’inconstance et l’amour sont incompatibles ; l’amant qui change ne change pas ; il commence ou finit d’aimer. (J.-J. Rouss.) L’amour est le premier plaisir, la plus douce et la plus flatteuse de toutes les illusions. (Mme  de Lambert.) L’amour est le roman du cœur, et le plaisir en est l’histoire. (Beaumarch.) L’amour est le premier auteur du genre humain. (Vauven.) L’amour, dans l’état social, n’a peut-être de raisonnable que sa folie. (Rivar.) L’hymen vient après l’amour comme la fumée après la flamme. (Chamf.) L’amour est comme les maladies épidémiques : plus on les craint, plus on y est exposé. (Chamf.) L’amour, tel qu’il existe dans la société, n’est que le contact de deux épidermes. (Chamf.) L’amour est un commerce orageux, qui finit toujours par une banqueroute. (Chamf.) L’amour plait plus que le mariage, par la raison que les romans sont plus amusants que l’histoire. (Chamf.) L’amour est l’occupation de l’homme oisif, la distraction du guerrier et l’écueil du souverain. (Napol. Ier.) Les femmes aiment mieux inspirer de l’amour que de l’estime ; peut-être même ont-elles une secrète aversion pour ceux qui n’ont que de l’estime pour elles. (Beauch.) L’amour est l’histoire de la vie des femmes ; c’est un épisode dans celle des hommes. (Mme  de Staël.) Qu’est-ce que l’amour ? Une fièvre passagère qui prend par un frémissement et finit par un baillement. (Basta.) La femme qui fait payer l’amour vend ce qu’elle n’a pas. (Basta.) Se marier par amour, c’est souvent se loger par quarante degrés de chaleur, sans songer que l’on peut retomber au-dessous de zéro. (Boiste.) Il suffit d’un très-petit degré d’espérance pour causer la naissance de l’amour. (H. Beyle.) L’amour fait douter des choses les plus démontrées. (H. Beyle.) L’amour est une fleur délicieuse, mais il faut avoir le courage d’aller la cueillir sur les bords d’un précipice affreux. (H. Beyle.) On a de l’amour pour les fleurs, pour les oiseaux, pour la danse, pour son amant, quelquefois même pour son mari. (E. Jouy.) Jadis on languissait, on brûlait, on mourait d’amour ; aujourd’hui on en parle, on en jase, on le fait, et, le plus souvent, on l’achète. (E. Jouy.) L’amour, c’est être deux et ne faire qu’un. (Serrurier.) L’amour n’est plus amour dès que l’argent lui sert d’auxiliaire. (Custine.) Pour une âme commune, l’amour est une conquête ; dans une âme élevée, c’est un sacrifice. (Custine.) L’amour, c’est une plante rare qui nait dans certaines âmes choisies. (H. Rigault.) L’amour est la poésie des sens. (Balz.) L’amour sans la vertu n’est qu’une faiblesse et un désordre. (Lacord.) Pour les hommes, l’amour n’est pas un sentiment, c’est une idée. (Mme  de Gir.) En amour, la femme vertueuse dit non ; la passionnée, oui ; la capricieuse, oui et non ; la coquette, ni oui ni non. (F. Soulié.) Science, esprit, beauté, jeunesse, fortune : tout ici-bas est impuissant à donner le bonheur sans l’amour. (X.-B. Saintine.) La civilisation a fait de l’amour une science et un combat. (Prév.-Paradol.) L’amourdes sens est légitime quand il est réglé par la loi divine et humaine. (Bautain.) Amour, amour ; qui pourra sonder un seul de tes mystères ? (Ste-Beuve.) L’amour ! c’est être deux et n’être qu’un ; un homme et une femme qui se fondent en un ange ; c’est le ciel. (V. Hugo.) L’honnête amour est le plus grand bien de la vie. (J. Janin.) L’amour est l’amour, une chose qui ne ressemble à aucune autre. (Michelet.) L’amour allume en un seul et ardent foyer toutes les passions de Mirabeau. (Lamart.) Malgré tous les petits talents que nous lui reconnaissons, la femme n’a pas d’autre inclination, d’autre aptitude que l’amour (Proudh.) L’amour a son principe dans l’organisme et vit d’idéal. (Proudh.) L’amour, comme matière d’art, est la grande affaire de l’humanité. (Proudh.) L’amour est l’origine, la cause et le but de tout ce qu’il y a de grand, de beau et de noble. (A. Karr.) Il n’y a qu’un amour dans la vie d’un homme. (A. Karr.) Le seul amour sur lequel on puisse compter est celui d’une femme qui a eu des amants. (A. Karr.) Dans l’amour de Voltaire pour Adrienne Lecouvreur, il y eut beaucoup de haine, comme dans tous les amours. (A. Houss.) Le véritable amour est pareil à la flamme du bois d’aloès, qui ne donne pas de fumée. (Le Figaro.) L’amour donne de l’esprit à ceux qui n’en ont pas ; il en ajoute à ceux qui en ont un peu ; mais quelquefois il en ôte à ceux qui en ont beaucoup. (Le Figaro.)

L’amour est un tyran qui n’épargne personne.
Corneille.
Toujours du même amour tu me vois enflammé.
Racine.
L’amour seul, quel qu’il soit, ne donne point à vivre.
Regnard.
Inspira-t-on jamais l’amour par la frayeur ?
Crébillon.
Ah ! qu’un premier amour a d’empire sur nous !
Gresset.
L’amour excuse tout, alors qu’il est extrême.
La Harpe.
L’amour est innocent quand la vertu l’allume.
Lamartine.
. . . . . Si l’amour ne causait que des peines,
Les oiseaux amoureux ne chanteraient pas tant.
Chansonnette d’opéra.
L’amour, dans sa prudence, est toujours indiscret ;
A force de se taire, il trahit son secret.
P. Corneille.
Les tourterelles se fuyaient :
Plus d’amour, partant plus de joie.
La Fontaine.
Un dépit vif ne fait que suspendre l’amour,
Mais un juste mépris le guérit sans retour.
Dufresny.
L’amour n’est doux qu’autant qu’on en inspire ;
S’il n’est pas mutuel, c’est un cruel martyre.
La Chaussée.
Je ne méprise point l’amour et ses douleurs,
Et je n’ai point l’orgueil d’insulter à des pleurs.
A. Chénier.
L’amour est un beau champ, toujours semé de fleurs,
Mais qu’éternellement on arrose de pleurs.
Gilbert.
L’amour ne peut durer qu’autant que les désirs :
Nourri par l’espérance, il meurt dans les plaisirs.
Fréville.
Doutez, si vous voulez, de l’être qui vous aime,
D’une femme ou d’un chien, mais non de l’amour même.
A. de Musset.
. . . . . . . . . . . . . . . L’amour
Ne vaut pas qu’on l’achète alors qu’il est à vendre.
E. Augier.
Comme vous êtes loin, paradis parfumé,
Où sous un clair azur tout n’est qu’amour et joie,
Où tout ce que l’on aime est digne d’être aimé !
Baudelaire.
Un amour vrai, sans feinte et sans caprice,
Est en effet le plus grand frein du vice.
Dans ses liens qui sait se retenir
Est honnête homme, ou va le devenir.
Voltaire.
Qu’une femme en son cœur refoule son amour
Comme en un fort impénétrable ;
Au carmin de la joue, au langage des yeux,
On devine toujours l’hôte mystérieux.
Lachambaudie.

— Se dit aussi de l’instinct qui rapproche les animaux et même les plantes : Il n’est aucun insecte dont les amours soient aussi cachées que celles des mouches à miel. (Del.) Les pucerons ne connaissent ni l’amour ni l’hyménée. (A. Karr.)

Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre.
La Fontaine.

|| Etre en amour, Etre en chaleur, en parlant des femelles des animaux : Une chatte qui est en amour. Quand les oiseaux sont en amour. (Acad.)

— Par ext. Entrer en amour. Se dit lorsqu’au printemps la terre met en action la force végétative des plantes.

— Par anal. Personne qu’on aime avec passion : Titus était l’amour de l’univers. (Acad.) Nous voyons avec attendrissement une tombe sous laquelle repose une jeune femme, l’amour et l’espérance de sa famille. (B. de St-P.) J’ai vu mon amour ; mais son visage était pâle. (Chateaub.)

Enfant, rêve encore :
Dors, ô mes amours !       V. Hugo.

|| On le dit même en parlant des choses que l’on affectionne le plus : Les livres, les tableaux sont ses amours. (Trév.) Mon cher pays, mon premier amour. (Mme  de Genlis.)

Brebis innocentes,
Brebis, mes amours.
Mme  Deshoulières.
Sur le bord d’une onde pure,
Croit à l’abri de l’aquilon
Un jeune lis, l’amour de la nature.
Racine.


— Les écrivains, et surtout les poëtes, ont souvent personnifié l’amour : Un jour, je m’avisai de médire de l’Amour ; il m’envoya l’Hymen pour se venger. Depuis, je n’ai vécu que de regrets. (Rivar.) L’Amour est un grand enfant, la femme est sa poupée. (Mme  Weillez.)

Amour est un étrange maître.
La Fontaine.
L’Amour permet qu’on soit enfant ;
L’Hymen veut qu’on soit raisonnable.
Demoustier.
L’Amour est un enfant à qui tout rend hommage :
C’est le tyran d’un fou ; c’est l’esclave d’un sage.
Helvétius.
Sur des ailes de feu l’Amour parcourt le monde,
Il embrase les airs, il brûle au fond de l’onde.
Legouvé.
Crois-tu donc que l’on peut commander à son cœur ?
On aime malgré soit ; car l’Amour est un hôte
Qui vient à son caprice et toujours en vainqueur.
E. Augier.
Iris s’est rendue à ma foi.
Qu’eùt-elle fait pour sa défense ?
Nous n’étions que nous trois, elle, l’Amour et moi,
Et l’Amour fut d’intelligence.
L’abbé Cotin.
Léandre, conduit par l’Amour,
En nageant disait à l’orage :
« Laissez-moi gagner le rivage,
Ne me noyez qu’à mon retour. »
Voltaire.
L’Amour est tellement enfant,
Et, pour son âge, a tant de complaisance,
Que d’un regard il fait souvent
Tomber la vieillesse en enfance.
Demoustier.
L’Amour est un enfant aussi vieux que le monde,
Il est le plus petit et le plus grand des dieux,
Il remplit de ses feux le ciel, la terre et l’onde,
Et cependant Eglé le loge dans ses yeux.
Panard.
L’Amour aime les champs, et les champs l’ont vu naître.
La fille d’un pasteur, une vierge champêtre,
Dans le fond d’une rose, un matin du printemps,
Le trouva nouveau-né           A. Chénier

|| S’empl. au pl., en parlant des frères que la Fable donne à l’Amour :

Toute la bande des Amours
Revient au colombier.
La Fontaine.
Fuyez, fuyez, oiseaux d’un noir présage ;
Cette nacelle appartient aux Amours.
Béranger.

— Tableau, statue, etc., qui représente l’Amour, des Amours : Un lit à doubles rideaux de gaze, soutenu par quatre Amours dorés. (Chateaub.)

Amour platonique. Se dit ordinairement de l’amour que deux personnes de différent sexe ont l’une pour l’autre, lorsque cet amour est pur de tout désir sensuel : L’amour platonique est plus violent que l’amour ordinaire. (Laurentie.) L’amour platonique n’était que l’amour du beau dégagé de l’amour physique. (Mesnard.)

Quand je vois vos appas se glisser dans mon cœur,
Je ne me sens point fait pour l’amour platonique.
Demoustier.

— Il faut remarquer que ce sens s’éloigne de la théorie de Platon sur l’amour, telle qu’on la trouve exposée dans quelques-uns de ses dialogues, notamment dans le Banquet. Le mot amour y est pris dans un sens beaucoup plus général. C’est l’amour de la beauté, commençant par s’attacher à la beauté matérielle, à la beauté du corps, pour s’idéaliser de plus en plus, et s’élever comme d’échelon en échelon, d’abord à la contemplation exclusive de la beauté de l’âme, puis à celle de la beauté qui se trouve dans les lois, dans les arts, dans les sciences, jusqu’à ce qu’il aperçoive enfin « la beauté éternelle, incréée et impérissable, la beauté qui n’est point belle seulement en telle partie, en tel temps, sous tel rapport, en tel lieu ; belle pour ceux-ci, laide pour ceux-là ; la beauté qui n’a rien de sensible comme un