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une autre. C’est ce qui porta, en 15S2, le pape Grégoire XIII à tenter une nouvelle réforme qui, sous Je nom de réforme grégorienne, est restée définitive. À cette époque, par suite de l’excès de l’année julienne sur l’année tropique, les équinoxes arrivaient 10 jours plus tôt que le calendrier ne les attendait. Pour faire disparaître cette avance de 10 jours, Grégoire XIII abrégea l’année 1582 de 10 jours, qu’il supprima au mois d’octobre, en sautant du 4 octobre au 15. Puis il décida que les années bissextiles tomberaient tous les 4 ans comme dans le calendrier julien, mais que sur 4 années séculaires consécutives, il y en aurait trois communes et seulement une bissextile. Par exemple, .les années 1700, 1800, 1900, qui seraient bissextiles dans le calendrier julien, sont communes dans le nôtre, tandis que l’an 2000 reste bissextile. De cette façon, une période de 400 années grégoriennes est plus courte de 3 jours qu’une période de 400 années juliennes. La valeur moyenne de l’année civile se trouve par la ramenée à 365 jours 5 heures 49 m. 12 s., valeur tellement peu différente de l’année tropique, qu’il faudra plus de 1000 ans pour produire une discordance d’un jour entre les retours de leurs équinoxes. Maintenant, a quel caractère reconnaît-on les années séculaires bissextiles ? Sur i années séculaires" consécutives, il y en a nécessairement une, et une seule, dont les centaines prises isolément constituent un nombre divisible par 4. C’est celle-là qui est bissextile. Ainsi, les années 1200, 1000, 2000, 2400... sont bissextiles, parce que les nombres 12, 16, 20, 24... sont exactement divisibles par 4. Les Russes sont le seul peuple de l’Europe qui ait conservé l’année julienne, laquelle est aujourd’hui de 12 jours en avance sur la nôtre. Lors donc qu’ils comptent le 1er janvier, nous comptons le 13, ce qui, dans les correspondances internationales, s’énonce ainsi : 1/13 janvier.

l’année des Grecs était fort compliquée, parce qu’elle était à la fois lunaire et solaire. L’intervalle de temps écoulé entre deux nouvelles lunes est de 29 jours 12 heures 44 m. 2 s., 8, et s’appelle lunaison. En négligeant les fractions d’heure, les Grecs établirent une série de 12 mois ayant alternativement 29 et 30 jours, ce qui fit une année de 35’4 jours, Mais, pour ramener l’accord entre le mouvement du soleil et celui de la lune, chaque période de 19 ans comprenait 7 années dites embolismiques, qui avaient 13 mois. De cette façon, chaque 20" année commençait à la néoménie qui suit le solstice d’été.

L’année civile des musulmans est purement lunaire, c’est-à-dire composée de 12 mois ayant alternativement 29 et 30 jours. Mais chaque fois que l’année doit finir un jour avant la nouvelle lune, on lui donne 355 jours, ce qui fait que sur 30 ans il y en a 11 qui comptent 1 jour de plus que les autres. Aussi 30 années musulmanes valent à très-peu près 30 fois 12 lunaisons.

Quel jour convient-il d’adopter pour le 1" de l’an ? Le gouvernement républicain de 1792 est le seul qui ait fait à cette question une réponse rationnelle, en décrétant que l’année commencerait le jour où le soleil franchit le point équinoxial d’automne, et ce jour, qui se trouvait être le 22 septembre 1792, fut appelé : 1er vendémiaire de l’an I de la République. l’année comptait 12 mois de 30 jours chacun, plus 5 ou 6 jours complémentaires, selon qu’elle étaitcommune ou bissextile. On lui a reproché les nouvelles dénominations qu’elle donna aux mois et aux jours ; mais son crime capital était d’être émanée d’un gouvernement républicain. En 1806, un décret du sénat rétablit l’année grégorienne, qui commençait au 1er janvier. Quel que soit le jour adopté pour l’ouverture de l’année, il importe qu’entre le 1" de l’an et l’époque équinoxiale suivante le nombre de jours écoulés soit constant. Romulus avait fait commencer l’année au 1er mars ; Numa et César au 1er janvier. En France, le 1" de l’an était, sous Charlemagne, fixé au 1er mars. Dès le xne siècle, il fut, grâce à l’influence de l’Eglise, transporté à Pâques ou plutôt au samedi saint ; a l’instant qui suit la bénédiction du cierge pascal. Mais la détermination du jour de Pâques ayant été mal faite, il arriva maintes fois que le nombre de jours compris entre deux pâques consécutives subit des variations smbarrassantes. Ainsi, par exemple, le jourJe Pâques étant tombé, en 1347, le 1« avril, 5t en 1348 le 20 avril, l’année comprise entre ces deux époques se trouva avoir 12 mois et 20 jours, surplus dont on se débarrassa en attribuant 48 heures aux 20 premiers jours de l’an 1348. C’est Charles IX qui restitua au l« janvier l’honneur d’ouvrir l’année (1564), malgré l’opposition du parlement. Les Anglais gardèrent la division julienne jusqu’en 1752. Les Juifs commencent encore l’année à Pâques, „ pourvu que ce ne soit ni un dimanche, ni un nercredi, ni un vendredi ; aussi ont-ils, commeÉglise du moyen âge, des années de longueurs. brt différentes.

Année vague. On appelle ainsi celle qui, n’admettant pas d’intercalations, ne concorde pas avec le mouvement du soleil, et dont le

de 365 jours chez les Égyptien

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la période de temps encore a venir que les planètes (et alors il n’y en avait que sept) emploient à revenir aux mêmes positions relatives, positions qui, au dire des Chaldéens, doivent être représentées par une ligne droite. Selon quelques philosophes, la grande année ramènera le même ordre de phénomènes moraux, physiques, politiques, militaires, etc., de sorte que l’histoire d’une seule grande année sera celle de toutes les grandes années. Selon d’autres, elle inondera la terre de toutes les calamités imaginables. Quelle en sera la durée ? c’est ce que ni Platon, ni Cicéron, ni Sénèque, ni Plutarque, n’osèrent déterminer. Le vieil Hésiode affirme sagement que Dieu seul peut la connaître. V. "" "

— Byn. Année, an. V. AN.

Année littéraire (i/), feuille de critique fondée par Fréron, et qui est resté célèbre par son hostilité contre les philosophes du xvme siècle.

Cette feuille commença à paraître en 1749 sous le titre de Lettres sur quelques écrits de ce temps. En 1754, Fréron l’intitula l’Année littéraire, et la rédigea jusqu’en 1776, c’est-à-dire jusqu’à sa mort. Fréron fils et ses collaborateurs, parmi lesquels il faut surtout

compter Geoffroy, la continuèrent jusqu’en 1790. L’Année littéraire paraissait tous les dix jours par cahiers de 72 pages, formant 8 volumes par an. La collection de 1754 à 1790 comprend 292 volumes in-12. Pendant plus de vingt-huit ans, Fréron lutta seul contre les encyclopédistes, la plus formidable puissance littéraire qu’on ait jamais vue, qui avait pour roi Voltaire, et pour généraux des hommes tels que d’Alembert, Diderot, Grimm, Marmontel, etc. Le but de Fréron, et tout le monde le savait, c’était, pour ainsi dire, la démolition de Voltairéet des encyclopédistes, et ce but, il le poursuivit pendant toute sa vie avec une persévérance, avec une animosité, mais, il faut bien en convenir aussi, avec un courage, avec une énergie, dont les annales de la littérature n’offrent pas d’autre exemple. Il ne laissait échapper aucune occasion de montrer que Voltaire était injuste dans ses critiques, indécent dans ses diatribes, et que ses ouvrages n’étaient pas tous des chefsd’œuvre, il accusait les encyclopédistes d’être intolérants, égoïstes, pleins de morgue et vindicatifs ; il leur reprochait de corrompre le goût par leurs paradoxes, et les mœurs par des principes qui tendaient au renversement de l’ordre social : de ne respecter dans leurs écrits ni la religion, ni les lois, ni le trône, et il semblait annoncer la prochaîne révolution. Aussi, il est impossible de se figurer le torrent d’injures que ses ennemis, Voltaire en tête, firent tomber sur lui ; souvent même ils ne craignirent pas, pour l’accabler, de descendre à des imputations et à des expédients que l’honneur réprouve aussi bien que la délicatesse. « La haine de Voltaire et des encyclopédistes est honteuse, ditM. Nisard. Ils étaient, sans contredit, les plus forts par le nombre et par le talent, et, toutefois, tous leurs efforts, toutes leurs intrigues n’avaient qu’un but, celui d’écraser Fréron sous le poids de la force brutale. On ne voit pas qu’il y en ait un seul qui daigne raisonner avec lui. Et pourtant ce Fréron, traqué par eux comme une bête fauve, opposait a toutes les injures la patience d un Socrate, discutait avec un admirable sang-froid le mérite littéraire des pamphlets ou ils travaillaient à le déshonorer ; et, peu sensible à l’accusation d’ignorance qu’ils portaient contre lui, il s’attachait à les convaincre qu’en fait de bon goût, de tenue et de savoir-vivre, il était plus riche à lui seul, quand il le voulait, que tout leur bataillon réuni. »

« Vous savez, dit encore avec plus d’énergie M. Jules Janin, comment s’est exhalée cette colère de Voltaire, qui n’a jamais eu d’égale... Tout ce que la haine a de fiel, tout ce que la rage a de venin, tout ce que la langue des halles a d’jnsolentes injures, ’ tout ce que. le mépris peut imaginer dans ses accès de brutalité, tout ce que des crocheteurs pris de vin, tout ce que des femmes de la halle brûlées de soif peuvent trouver dans leur gosier desséché, d’horribles, de sales et infâmes mensonges, tout cela a été prodigué et versé à plein vase sur la tête de Fréron le journaliste, u Il n’est pas étonnant qu’après un tel flux de colère et d’invectives, le rédacteur de l’Aimée littéraire n’ait pas toujours conservé une juste mesure dans son langage, et qu’il y ait mis quelquefois l’àcreté que devaient soulever en lui de semblables attaques. Toutefois, il faudrait être aveugle pour ne pas reconnaître les services qu’il a rendus aux lettres en démasquant, en signalant des écrivains médiocres, des novateurs dangereux, des réputations usurpées, en défendant les principes de la saine littérature, en se montrant l’ennemi du néologisme, du style emphatique, des dramaturges qui menaçaient de ramener vers la barbarie la scène où avaient brillé Corneille, Racine et Molière, o C’est Fréron, dit encore M. Jules Janin, qui, le premier, a trouvé la critique dramatique comme il a trouvé le style de la critique littéraire. Fréron est le plus habile analyste de ce monde ; son coup d’œil est prompt et sûr ; sa parole est rapide et vive ; il a bientôt trouvé le fort et le faible des ouvrages ; il est peu facile à éblouir, et jamais

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homme ne s’est mieux tenu en garde contre les étincelles du faux bel esprit et les efforts grandioses du mauvais goût. • •

Après cette justice rendue à Fréron, au critique éminent qui sut presque toujours rester digne, et qui garda une certaine mesure relative au milieu des polémiques les S lus passionnées, ajoutons qu’il est difficileaccepter complètement les deux jugements portés par MM. Nisard et Jules Janin. L’éminent critique, dont la plume est toujours si contenue, si décente, si sobre, n’est certainement pas de la famille de Fréron, et il serait impossible d’établir le moindre degré de parenté entre un feuilleton des Débats et un article ^le l’Année littéraire. Mais M. Jules •Janin est un critique ; il a pris la place de Geoffroy, qui était lui-même l’héritier direct de Fréron. M. J. Janin plaide donc ici pro domo sua, et, à ce titre, son jugement ne saurait être accepté sans quelque restriction. Quant à M. Nisard, ancien voltairien, aujourd’hui légèrement converti, sa colère doit nous être un tant soit peu suspecte.

Fréron, et c’est là seulement qu’il faut chercher la raison de cette sorte de mésestime qui s’est attachée à son nom ; Fréron vivait à une époque de rénovation qu’il ne comprit pas, et ses adversaires, qui avaient à renverser des montagnes d’erreurs et de préjugés accumulés par dix siècles d’injustices et d’hypocrisie, ont pu manquer plus d une fois de mesure envers les pygmées qui osaient se placer en travers de leur œuvre de transformation sociale. En un mot, les encyclopédistes, violents, agressifs jusqu’à l’invective, se donnaient tort par la manière dont ils avaient raison, et Fréron, toujours retenu et mesuré dans l’erreur, se donnait raison par la manière dont il avait tort.

Voici deux petites anecdotes qui prouvent que Voltaire savait apprécier Fréron au’ besoin. Un soir que le patriarche soupait à Ferney, entouré de ses satellites, un bruyant coup de sonnette retentit à la grille. « Que feriezvous, lui demanda quelqu’un, si c’était Fréron 1

— Ce que je ferais ? répliqua Voltaire rouge de colère... Puis, se radoucissant tout à coup : Je l’inviterais à souper en face de moi, à cette table, et je lui ferais préparer le meilleur lit du château. • Un autre jour, un Allemand de distinction, qui Se rendait à Paris pour la première fois, et qui s’était arrêté à Ferney, demandait au philosophe de lui indiquer quelqu’un qui pût lui donner une idée exacte de la littérature de l’époque. Voltaire réfléchit un instant : « Ma foi, dit-il, tout bien pesé, je ne connais que ce coquin de Fréron. »

En 1800, on tenta de ressusciter la feuille célèbre de Fréron ; mais il n’a paru de cette continuation que quarante-cinq numéros.

Depuis 1859, une nouvelle Année littéraire, rédigée avec beaucoup de talent et de goût par M. Vapereau, paraît, à la fin de chaque année, sous la forme d’un volume in-18. Dans cette publication, à laquelle préside un esprit beaucoup moins agressif (les circonstances d’ailleurs sont loin d’être les mêmes que du temps de Fréron), l’auteur passe en revue les diverses productions littéraires écloses dans le cours de l’année, et accorde à l’analyse de chacune l’étendue que lui mérite son imporjn hâte, en beaux cheveux annulés, chantaient au piano. (Chateaub.)

Qu’on voie aussi sur votre oreille Vos beaux cheveux bien annelés. D’un fin ruban entortillés.

il Se disait particulièrem. des cuirasses faites de mailles ou d’anneaux.

— Hist. nat. Se dit des parties de plantes qui ont un anneau au collet ; de certains reptiles et de certains insectes, dont le corps présente des raies circulaires [d’une couleur différente de celle des parties voisines : Les pattes de cette aranéide sont fortes, annulées de noir et de brun. (Walken.) Sa queue, pareille à un gros serpent rougeâtre annexé d’ébène, tantôt se collait à ses flancs, tantôt les battait par un mouvement lent et continu. (E. Sue.)

— Archit. Colonne anncléc, Colonne qui est coupée par des espèces d’anneaux.

— s. f. Erpét. Nom d’une couleuvre de la Caroline et de Saint-Domingue.

— s. m. pi. Zool. Syn. de articulés.

ANNELER v. a. ou tr. (a-no-lé — rad. anneau ; double la consonne l devant une muet : fannelle ; nous annelons). En parlant des cheveux, Disposer, tourner en anneaux, en boucles : Cette femme annelle élégamment ses cheveux.

— Econ. rur. Anneler une jument, Lui passer un anneau dans la vulve, pour l’empêcher d’être saillie. Il Anneler un porc, Lui passer un anneau dans lo groin, pour qu’il ne puisse

S’anneler, v. pr. Être annelé ; être disposé en anneaux.

ANNELET, s. m. (a-ne-lè — diminut. du v. fr. annel, anneau). Petit anneau. «.— Archit. Petits filets ou listels qui ornent, en nombre variable, les chapiteaux d’ordre

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dorique : On compte trois annelets aux chapiteaux doriques du théâtre de Marcellus. (Millin.)

— Blas. Petits anneaux qui ornent un grand nombre d’écus : De gueules, à trois ai

— Manuf. Petits anneaux on matière dure destinés à préserver les fils contre les effets du frottement.

ANNÉLIDAIRE adj. (ann-né-li-dè-re — rad. annélides). Zool. Qui ressemble à une annélide.

— s. m. pi. Nom donné à un groupe d’helminthes ou vers intestinaux, qui ressemblent aux annélides ; tels sont les planaires, les douves, les ténias, etc.

ANNÉLIDES s. m. pi. (ann-né-li-de-du lat. annellus, anneau). Zool. Classe d’animaux articulés, longtemps confondus avec les vers, et caractérisés surtout par la couleur rouge de leur sang et par leur système nerveux, formé, comme celui des insectes, d’un double cordon noueux : Les annélides sont les seuls de tous les animaux sans vertèbres qui aient le sang rouge. (L. Rouss.) il On dit aussi au singulier un annélide. quand on veut désigner un individu appartenant à cette classe.

— Gramm. L’Académie, ainsi que la plupart des auteurs, donne au mot annélides lo genre masculin. Cependant quelques naturalistes le font féminin, sans doute par une simple raison de finale. Nous donnons la préférence au masculin.

— Encycl. Les annélides sont des’animaux articulés, à’corps plus ou moins mou, presque toujours divisé en un très-grand nombre d’anneaux ou segments, ordinairement long, étroit et de couleurs très-variées. Plusieurs espèces, telles que les sangsues, sont privée- J" ~’"~

e les lombrics ou vers de terre, ont, des poils ou crochets pour tout organe locomoteur ; d’autres enfin, comme les néréides et les serpules, ont de véritables pieds, dont la structure est très-compliquée. Le système nerveux des annélides ne diffère pas essentiellement de celui des insectes et des autres articulés. Leur sang est rouge, et leur respiration s’opère tantôt par des branchies, tantôt par des espèces de poches pulmonaires, situées sur les deux côtés du corps. Les annélides sont généralement carnassiers. Ils paraissent aussi être tous hermaphrodites, et pour la plupart

Les mœurs de ces animaux sont peu connues et paraissent peu variées. Ils vivent, tantôt enfoncés dans la terre humide, comme les lombrics ; tantôt dans les eaux douces, comme les sangsues, ou salées, comme les néréides ou les amphitrites. Plusieurs espèces sont sédentaires, et se logent dans les cavités des pierres, des madrépores ou des coquilles, qu’elles perforent, ou dans des tuyaux formés de molécules calcaires ou siliceuses. D’autres sont errantes et vagabondes, nagent très-bien à l’aide de leurs pieds, et se défendent contre leurs ennemis au moyen de poils acérés qui couvrent leur corps ou leurs pattes, tandis que les espèces sédentaires sont timides, et ne savent ni fuir ni se défendre lorsqu’on les retire de leur demeure.

C’est à Lamarck que l’on doit l’introduction dans la zoologie du mot annélide ; voici comment il enexplique la formation : « M. Cuvier nous ayant fait connaître les faits d’organisation qui concernent les sangsues, les néréides, etc., assigna à ces animaux le nom de vers à sang rouge ; mais, reconnaissantla nécessité dé les écarter considérablement des vers et de leur assigner un rang plus élevé qu’aux insectes, j’en formai tout de suite une classe particulière que je plaçai après les crustacés, et à laquelle je donnai le nom d’annélides. »

On a proposé diverses classifications pour les annélides. Cuvier, se basant sur’Ies organes de la respiration, répartit ces articulés en trois ordres : les tubicoles, à branchies en forme de panaches ou d’arbuscules, fixées sur la tête, ou à la partie antérieure du corps (ex. : amphitrite) ; les dorsibranches, à branchies en forme d’arbuscules ou de lames fixées sur la partie moyenne du corps, ou tout le long des côtés (ex. néréide) ; les abranches, dépourvues de branchies apparentes (ex. sangsue).

En observant l’ensemble des caractères et des mœurs des annélides, MM. Audouin et Milne-Edwards ont établi une classification plus na- ■ turelle. Ils divisent cette classe en quatre ordres : 1° les annélides errants, ayant des appendices respiratoires très - développés et fixés en général à tous les anneaux du corps ; des pieds saillants, armés de soies ; une tète, une trompe et des mâchoires distinctes ; ces espèces ne sont presque jamais sédentaires ; ex. les néréides ; 2° les tubicoles, ayant des appendices respiratoires sur plusieurs de leurs anneaux antérieurs ; des pieds distincts, mais peu ou point saillants ; pas de tête, de trompe ou de mâchoires ; essentiellement sédentaires, ces espèces vivent presque toujours dans l’intérieur de tubes solides que leur organisation les condamne à ne point.quitter ; ex. : jes serpules ; 3° les terricoles, dépourvus d’appendices respiratoires, de tête distincte, de trompe, de mâchoires, de pieds, et ayant seulement quelques soies pour s’aider dans leurs mouvements ; ces espèces, chez lesquelles la dégradation de tous les organes destinés à la vie de relation est poussée au dernier degré, vivent toujours df " r