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nés de mines, ou enduits d’incrustations ; et j’étends cette assertion jusqu’aux squelettes humains découverts à la Guadeloupe dans une roche formée de parcelles de madrépores rejetées par la mer et unies par un stuc calcaire. Les os humains trouvés près de Kœstriz et indiqués par M. de Schlotheim, avaient été annoncés comme tirés de bancs très-anciens ; mais ce savant respectable s’est empressé de faire connaître combien cette assertion est encore sujette au doute, Il en est de même des objets de fabrication humaine. Les morceaux de fer trouvés à Montmartre sont des broches que les ouvriers emploient pour mettre la poudre et qui cassent quelquefois dans’ la pierre. »

Cependant dès 1828, c’est-à-dire à l’époque même ou Cuvier tenait le sceptre en histoire naturelle, M. Tournai signalait dans la caverne de Bize, au nord-ouest de Narbonne, des ossements humains enfouis dans un limon et une brèche avec des restes de poterie, des bois de cerf, des os travaillés et des débris d’animaux appartenant a des espèces les unes disparues, les autres vivant encore dans le pays ou ailleurs. Les os humains furent déclarés par son collaborateur, M. Marcel de Serres, être dans le même état chimique que ceux des mammifères auxquels ils étaient associés. M, de Christol qui, à la même époque, était occupé à de semblables recherches dans le département du Gard, en publia le résultat un an après, et décrivit des os humains trouvés dans la caverne de Pondres, près de Nîmes, dans la même boue que les os d’une hyène et d un rhinocéros d’espèces perdues. Ces trois naturalistes n’hésitèrent pas à admettre la contemporanéité de l’homme avec les grandes espèces de mammifères qui vivaient dans les premiers temps de la période quaternaire. M. Tournai divisa la période géologique moderne, qu’il appelait anthropeeienne ou caractérisée par la présence de l’homme, — en deux périodes, l’une antéhistorique, l’autre historique, celle-ci ne remontant pas au delà de sept mille ans.

Cuvier eut connaissance des principaux faits signalés par MM. Tournai, Marcel de Serres, de Christol ; mais il leur refusa a priori toute importance ; son siège était fait relativement à l’homme fossile. ■ On a fait grand bruit, dit-il, il y a quelques mois, de certains fragments humains trouvés dans les cavernes à ossements de nos provinces méridionales, mais il suffit qu’ils aient été trouvés dans les cavernes pour qu’ils.rentrent dans la règle. » Quelle est cette règle posée par le législateur de la paléontologie ? C est qu on ne peut parler d’os humains fossiles si l’on n’a pas trouvé cesos dans des couches régulières ; c’est que les eaux opèrent incessamment dans le sol terreux des cavernes des filtrations ou des remaniements, et que.des objets peuvent y occuper des positions contiguës, bien qu’apportés à des dates très-différentes.

Donc, pour Cuvier, pas à’anthropolithes ; tout ce qu’on a dit de l’homme fossile s’appuie sur des faits mal observes ou mal interprétés ; par conséquent, on est en droit de conclure que l’espèce humaine n’existait point dans les pays où se découvrent les os fossiles a l’époque des révolutions qui ont enfoui ces os : car il n’y aurait eu aucune raison pour qu’elle échappât tout entière a des catastrophes aussi générales, et pour que ses restes ne se trouvassent pas aujourd’hui comme ceux des autres animaux.

Les explorations et les découvertes du docteur Schmerling dans les cavernes de Belgique (1833 et 1834), furent une première protestation, protestation longtemps isolée, contre ce jugement de Cuvier qui devait longtemps faire loi dans la science. Schmerling trouva des os humains, même des crânes entiers, particulièrement dans la caverne d’Engis, située sur la rive droite de la Meuse, un peu au sud de Liège. Ces restes de l’espèce humaine étaient dans la relation la plus directe avec les débris des grands mammifères éteints, de rhinocéros, d’ours, etc., dans la même stalagmite, dans le même conglomérat, présentant les mêmes caractères, dans des circonstances enfin qui ne permettaient-pas de leur refuser la même antiquité. Avec ces ossements, furent trouvés des restes d’industrie, pointes de flèches, os façonnés, instruments en silex, venant encore appuyer l’opinion de l’observateur.

Mais, objectaient les disciples de Cuvier, si l’homme est contemporain de la faune des cavernes, pourquoi ses restes et les objets travaillés par lui ne se trouvent-ils jamais dans les dépôts a ciel ouvert du gravier fluviatile contenant la même faune ? Pourquoi faut-il que le géologue, en quête de renseignements sur l’ancienneté de notre race, ne puisse s’adresser qu’aux obscures retraites des voûtes et des tunnels souterrains qui ont pu servir de lieu de refuge ou de sépulture à une suite de générations d’êtres humains ou d’animaux

sauvages, ou dans lesquels les inondations ont PU accumuler et confondre dans une même brèche osseuse les témoins de plusieurs faunes successives ? Pourquoi ne trouvons-nous pas la même association des os de l’homme à ceux des mammifères -, éteints ou vivants, aux points où nous pouvons traverser les dépôts en place et’les examiner au grand jour ?

De récentes explorations ont-à la fin démontré qu’il existe des témoins de la coexistence de Vhorome avec plusieurs mammifères éteints, non - seulement dans les cavernes à ossements, mais encore dans les couches ré ANT

gulières des alluvions anciennes. Le premier pas dans cette nouvelle direction fut fait pur un archéologue d’Abbeville, M. Boucher de Perthes. Il découvrit des instruments de silex en grand nombre dans le.terrain diluvien de la vallée de la Somme, au milieu d’ossements de mammouth, de rhinocéros tichorinus, etc. Mais jusqu’en 1863, aucun os humain n’y avait été rencontré, et cette absence à’ahthropolithes dans un dépôt si riche en objets fabriqués par des hommes paraissait difficile à expliquer. Beaucoup de naturalistes attendaient donc, dit M. Milne-Edwards, avec une sorte d’impatience mêlée d’inquiétude la mise à jour de quelques fossiles, qui serait une preuve directe de l’existence de l’homme a l’époque reculée où le diluvium de la vallée de la Somme s’était formé. ■ Le 28 mars 1863, la preuve attendue était fournie : M. Boucher de Perthes trouvait dans une des couches inférieures du terrain diluvien exploité comme carrière de cailloux à Moulin-Quignon, près d’Abbeville, la moitié d’une mâchoire humaine. Cette mâchoire fit grand bruit ; elle passionna le monde savant, et faillit un moment allumer la guerre entre nos naturalistes" et ceux de l’Angleterre. MM. de Quatrefages, Desnoyers, Delesse, Pictet, Lartet, Hébert, soutenaient l’authenticité de la découverte ; MM. Falconer, Prestwich, Carpenter et Busk, de la Société royale de Londres, la contestaient. Mais tous les doutes disparurent après un examen approfondi fait sur les lieux mêmes par les savants français et anglais, le 12 mai 1863 ; le procès de la mâchoire, instruit par un jury divisé d’opinion, se termina par une déclaration unanime entièrement conforme a l’opinion des savants français ; si bien que, par la découverte à laquelle M. Boucher de Perthes vient d’attacher son nom, l’homme fossile parait être entré définitivement dans la science.

M. Ch. Lyell a écrit, sur cette question de l’homme fossile et de l’ancienneté de l’homme, un ouvrage plein d’intérêt qui a pour titre VAncienneté de l’homme prouvée par la géologie.

ANTHROPOLOGIE s. f. ’(an-tro-pc-lo-jîdu gr. antkrôpos, homme ; logos, discours). Traité de l’homme, étude de fhomme envisagé dans la série animale ; histoire naturelle de l’homme : On attend de la sollicitude si éclairée des maîtres de l’instruction publique, la création de chaires <2’anthropologie, science

(Th. Gaut.) Le paupérisme a été divisé. genres, espèces et variétés : c’est une histoire naturelle complète, une des branches les plus importantes de ("anthropologie. (Proudh.) L’application des lois physiologiques à Z’akthropologie conduit invinciblement à reconnaître l’unité de l’espèce humaine. (A. de Quatrefages.) il Connaissance des différentes races humaines, n Dans ces deux sens, on dit aussi quelquefois anthropognosie.

— Système, discours, expression qui attribue à la Divinité des organes humains, des sensations de douleur ou de plaisir, en un mot, qui réduit le Créateur à la condition do l’humanité : Le paganisme fut en réalité le culte de f anthropologie.

— Philos. Science de l’homme envisagé au double point de vue physique et moral, dans son organisation personnelle et dans ses rap Forts avec tous les êtres ; économie morale de humanité.

— Rhétor. Figure par laquelle on personnifie un être, une abstraction, qui n’a rien de commun avec l’humanité : Comme l’Écriture est faite pour les simples, elle est pleine 3’anthropologies. (Malebranche.) n On dit aussi

ANTHROPOPATH1E.

— Encycl. I. — DÉFINITION ET OBJET DIS

l’anthrop.ologie. Le mot anthropologie a reçu divers sensj il a été appliqué à 1 étude de l’homme individuel considéré au point de vue intellectuel et moral, c’est-à-dire à l’ensemble des sciences psychologiques ; à l’étude de l’homme individuel considéré au point de vue anatomique, physiologique, pathologique ; enfin à l’histoire naturelle du groupe humain (espèce ou genre) et des variétés (races ou espèces) que présente ce groupe. Dans ce dernier sens, qui est le plus usité l’anthropologie n’est autre chose qu’une branche de la zoologie, mais une branche de la zoologie qui, par la dignité, l’importance spéciale de son objet, s’est élevée à l’état de science distincte ; eïle se place dans la série des sciences concrètes et descriptives, entre la zoologie et l’histoire ; elle est tout à la fois le couronnement des sciences naturelles et l’introduction aux sciences historiques.

Décrire et classer les races humaines, faire connaître leurs analogies et leurs différences, déterminer leurs rapports de filiation, leur degré de parenté par les caractères-anatotniques, par le langage, par les aptitudes et les mœurs ; examiner le groupe humain dans son ensemble, marquer sa place dans la série des êtres, ses relations avec les autres groupes de la nature, et la distance qui l’en sépare, établir ses caractères communs soit dans l’ordre anatomique et physiologique, soit dans l’ordre intellectuel et moral ; étudier les lois qui président au maintien et à l’altération de ces caractères, apprécier l’action des conditions extérieures, des changements de milieu, les phénomènes de la transmission héréditaire, les influences de la consanguiDité et des croisements ethniques, enfin rechercher les pre ANT

aiiers témoignages^ les premiers monuments de l’apparition de 1 homme sur la terre, et, par l’observation des débris antéhistoriques de son industrie, suivre, en quelque sorte, à la trace, les premiers progrès de l’humanité, sa marche lente et pénible vers les âges historiques : tel est le champ immense de Y anthropologie. Des questions de la plus haute portée forment ce qu’on peut appeler la région philosophique de son domaine : doit-on voir dans l’humanité une seule espèce ou plusieurs espèces distinctes ? La science autorise-t-elle à croire que tous les hommes soient nés d’un même couple ? Quel est l’âge géologique de l’homme ? Les types humains ont-ils été se perfectionnant, en d’autres termes, se rapprochent-ils de l’animalité à mesure qu’on remonte le cours des temps ? Les relations zoologiques de l’homme avec les singes anthropomorphes témoignentdies d’un lien généalogique ? Dans l’hypothèse de la formation des types par acquisition lente et progressive des caractères, comment l’homme a-t-il acquis la parole ? comment s’est-il élevé à la moralité ?

II. — Histoire nu l’anthropologie. «L’humanité, dans son évolution, dit M. Broca, est semblable à un enfant qui(d’abord insouciant

gueilleux et naïf, plus attentif aux objets extérieurs qu’aux mouvements de sa pensée, se contemple et s’admire sans prendre la peine de s’observer, qui grandit ainsi dans l’ignorance de soi-même, et qui, parvenu à l’âge adulte, s’aperçoit enfin qu’il atout vu, tout analysé, tout scruté, hormis sa propre nature. Telle est la marche des connaissances dans l’humanité. Elle étudie toute chose avant de s’étudier elle-même. Ayant perdu bien avant l’aurore des civilisations le souvenir de son humble origine, et se trouvant déjà, au premier éveil des sciences, reine et maîtresse de la planète, elle a pu croire qu’elle n’avait pas eu d’enfance, qu’elle était née dans toute sa force et dans toute sa splendeur, que la terre était son patrimoine et non- sa conquête, que les trois règnes de la nature avaient été faits pour lui plaire ou pour la servir, les astres pour l’éclairer, les jours et les nuits pour partager son temps, les saisons pour assurer ses récoltes, et les années pour perpétuer sa domination • eîle a pu croire, en un mot, que l’univers avait été créé pour elle, et tant qu’elle a conservé cette illusion, elle aurait craint de s’avilir, de se rabaisser au niveau des brutes, en se soumettant elle-même aux descriptions, aux classifications, aux méthodes d’investigation de l’histoire naturelle. »

L’observation de M. Broca n’explique qu’imparfaitement la constitution tardive de 1’

thropologie. Il y a longtemps que la la médecine, la morale et la -* conduit l’homme à s’occuper de sa propre

nature, à se poser comme objet de ses propi. méditations ; il y a très-peu de temps que 1 histoire naturelle de l’homme et des races humaines, forme une science positive. Ce sont les rapports de dépendance des sciences qui font comprendre l’ordre historique de leur développement. Vanthropologie dépendait, pour son objet, ’de la géographie et de la biologie ; pour sa méthode, de la zoologie ; pour ses moyens d’investigations, de la paléontologie, de l’archéologie et de la linguistique ; elle ne

Îiouvait évidemment précéder ces sciences, sur esquelles elle devait- s’appuyer. Ajoutons qu’elle devait naître dans un milieu intellectuel affranchi, ou prêt à s’affranchir, en ce qui concerne les problèmes de l’origine et de l’ancienneté do Phomrae, des solutions imposées par la théologie.

« Il ne faut compter pour rien, dit M. Flourens, le peu qu’ont dit les anciens touchant les différences physiques des hommes, » Aristote, qui relève quelques erreurs d’Hérodote, en adopte une foule d’autres. Il croit, par exemple, qu’il y a des peuples androgynes ; il va même jusqu’à distinguer dans ces androgynes le sein droit, qui est, dit-il, celui de l’homme, du sein gauche, qui est celui de la femme. La crédulité de Pline dépasse toutes les bornes ; il accueille les fables les plus ridicules ; il parle de peuples ’qui n’ont qu’un œil, de.peuples qui ont les pieds tournés en arrière, même de peuples sans tête et qui ont les yeux sur lès épaules. Les naturalistes de la Renaissance nont guère mis plus de critique dans ce qu’ils ont dit sur cette matière. Rondelet décrit gravement un évêque ou moine marin moitié poisson, moitié homme, lequel avait, dit-il, face d’homme, mais rustique et mal gracieuse. Il faut arriver au dix-huitième siècle pour voir aborder sérieusement les études anthropologiques. Pendant que Linné assigne

une place à l’homme dans sa classification zoologique, Buffon écrit son Histoire naturelle de l’homme, et le premier monument de l’anthropologie est un des chefs-d’œuvre de notre littérature. Avant Buffon, il y avait des faits disséminés, perdus dans les livres des voyageurs, des géographes, des naturalistes ; rassembler ces faits, les comparer, les contrôler, les compléter les uns par les autres, en tirer toute une science : telle fut l’œuvre de Buffon. Après Buffon, Biumenbach. Buffon avait décrit, aussi bien qu’on pouvait le faire de son temps, les caractères physiques des divers peuples, et les variétés de forme, de taille, decouleur, qui les distinguent les uns des autres, mais il n’avait pu parvenir à la détermination précise des races humaines. Ce fut l’œuvre de

Blumembach qui, se basant à la fois sur des

méthodiques dans le genre humain, et donna, pour la première l’ois, à l’anthropologie cette chose par laquelle toute science se détermine en se séparant de la masse des notions communes : une nomenclature. La distinction des races une fois admise, un champ immense s’ouvrit tout à coup aux investigations des savants ; il ne s’agissait pas seulement de compléter et de rectifier la classification et lea descriptions de Blumembach, mais de déterminer l’influence du milieu, c’est-à-dire du climat, de la nourriture, du genre de vie, do l’éducation physique ou intellectuelle, individuelle ou sociale, sur l’organisation humaine, les variations dues à cette influence, et le ? limites dans lesquelles les lois de l’hérédité é celles de l’atavisme renferment ces variations. Il fallait ensuite, remontant la chaîne des siècles, interroger les monuments, l’histoire, lei ; traditions, les religions, les langues, pour retrouver les traces des migrations et des mélanges des peuples, les preuves de leur filiation méconnues : de là le concours nécessaire de sciences qui, au temps de Blumembach, étaient trop peu avancées pour fournir à l’anthropologie un point d’appui : l’archéologie^ la mythologie, la linguistique. Deux hommes surtout, dans notre siècle, sont entrés dans cette voie : en Angleterre, . Prichard, qui consacra sa longue vie à la rédaction et à la publication d’un grand ouvrage encore sans rival, où l’histoire naturelle générale, l’ethnologie et la linguistique se prêtent un mutuel appui ; en France, William Edwards, qui s’appliqua spécialement à étudier les caractères physiologiques des races dans leur rapport avec l’histoire, et qui fonda en 1839, à Paris, la Société ethnologique. Le but de cette société était d’étudier a la fois l’organisation des races huitaines, leur caractère intellectuel et moral, leurs langues et leurs traditions historiques. Bientôt les savants étrangers furent jaloux de suivre cet exemple : la Société ethnologique de Londres, la Société ethnologique de New-York s’organisèrent à l’instar de celle de Paris, dans le même esprit et avec le même programme. Enfin, la Société d’anthre pologie, fondée en 1859, est venue centraliser les efforts et les recherches, et donner ui. nouvel essor à l’histoire naturelle de l’homme.

Anthropologie pratique de Kant, ouvrage publié en 1798, traduit en français en 1863 par M. Tissot. Dans une préface, l’auteur nous apprend ce qu’il entend par anthropologie pratique. « Une théorie de la connaissance de l’homme systématiquement conçue, peut être envisagée, dit-il, ou du point de vue physiologique ou du point de vue pratique. Dans l’étude physiologique de l’homme, on se propose de rechercher ce que la nature fait do l’homme ; dans l’étude pratique, au contraire, ce que l’homme, comme être libre, fait de lui-même, ou ce qu’il en peut et doit faire... La connaissance des races humaines, en tant qu’elles rentrent dans les produits variés de la nature, appartient à l’anthropologie physiologique ; la connaissance des caractères nationaux à l’anthropologie pratique. •

L’Anthropologie de Kant se divise en deux parties. La première, intitulée anthropologie didactique, traite de la conscience de soimême, de l’égoïsme, de l’observation de soimême, de la clarté et de l’obscurité dans la conscience, des représentations, des cinq sens, des causes de l’intensité diverse des sensations, de l’imagination, du rêve, de la faculté dés signes, des faiblesses et des maladies de l’âme par rapport à la faculté de connaître, du sentiment de l’agréable, du sentiment du beau, des émotions et des passions. La seconde partie, qui a pour titre Caractéristique anthro-

peuples, du caractère du genre humain.

Les chapitres qui nous paraissent mériter particulièrement l’attention sont ceux qui traitent de l’égoïsme, de la division des sens, de la distinction des émotions et des passions, et de la caractéristique du sexe féminin. Kant distingue trois espèces d’égoïsmes : l’égoïsme logique, l’égoïsme esthétique et l’égoïsme pratique ou moral. L’égoïste logique tient pour inutile d’examiner son jugement à la lumière de l’entendement d’autrui, tout comme s’il n’avait aucun besoin de cette pierre de touche. L’amour du paradoxe, quand il n’a sa raison que dans le dessein orgueilleux de se singulariser, est de l’égoïsme logique. Le libre contrôle de toute idée personnelle par l’opinion publique est un frein précieux & cette première espèce d’égoïsme. L’égoïste esthétique est celui qui se contente de son propre goût ; que les autres trouvent détestables ses vers, ses tableaux, sa musique, etc. ; qu’ils les critiquent et qu’ils s’en moquent, peu lui importe. Il se prive d’un moyen de progrès en ne suivant que son propre jugement, en s’applaudissant lui-même, et en ne cherchant

qu’en lui la marque du beau dans les arts. Enfin l’égoïste pratique est celui qui rapporte toutes ses actions à lui-même, et qui place le principe suprême des déterminations de sa volonté dans le bien-être personnel, et nullement dans la notion de devoir.

Suivant l’auteur de l’Anthropologie, les cinq sens se divisent naturellement en deux classes ; ceux de la première classé, le toucher, l’ouïe et la vue sont plus objectifs que subjectifs,