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choses, une cause première ; c’est une uëcessiiè de l’esprit humain de concevoir cette cause « première par analogie avec l’une des espèces de causes que nous offre la nature. Nous faisons Dieu, il est vrai, à l’image de l’homme ; mais il faut bien le faire à l’image de quelque chose. « Le spectacle de la nature, dit M. Paul Janet, nous offre trois classes d’êtres, ou, si l’on veut, trois degrés d’êtres profondément différents : au premier degré, la matière brute obéissant à des lois mécaniques, à des combinaisons fatales et mathématiques, se développant en apparence sans raison et sans but ; au second degré, la vie, dont le caractère le plus saisissant est une combinaison de moyens appropriés à une fin, qui manifeste, par conséquent, l’idée de but et l’idée de choix ; seulement ce choix dans les êtres vivants paraît être l’objet d’un instinct aveugle, d’une activité qui s’ignore ; au troisième degré sont les êtres intelligents, qui poursuivent le but avec réflexion et volonté. À ces trois classes d’êtres, les corps bruts, les êtres vivants, le3 êtres intelligents ; a ces trois ordres de causes, la nécessité aveugle, l’instinct, la volonté intelligente et libre, correspondent trois théologies distinctes, trois conceptions différentes du principe des choses. Les athées conçoivent la cause suprême comme une force aveugle, les panthéistes comme une vie inconsciente, les théistes comme une pensée et une volonté. Ceux-ci font Dieu à l’image de l’homme, les panthéistes à l’image de la plante, les athées a l’image de la pierre. »

ANTHROPOMORPHISTE OU ANTHROPOmobphite adj. et s. (an-tro-po-mor-fi-sterad. aidhropomorphie). Qui prête à Dieu la figure ou les sentiments qui appartiennent à l’homme : Tous les peuples de l’antiquité étaient

ANTHROPOMORPHISTES. Les ANTHROPOMORPHI stes de bonne foi sont peu cruels. (Colins.)

— Hist. ecclés. Sectaire qui professait l’an,

th ropomorph isme.

ANTHROPOMORPHOLOGIE S. f. (an-tropo-mor-fo-lo-jî

— du gr. dnthrôpos, homme ;

morphè, forme ; logos, discours). Hist. nat.

Scienco de la forme, do la structure des

diverses parties du corps humain.

ANTHROPOMORPHOLOGIQUE adj. (antro-po-mor-fo-lo-ji-ke— rad. anthropomorphologie). Qui concerne l’anthropomorphologie, qui a du rapport avec cette science.

ANTHROPOMORPHOM s. m. (an-tro-pomor-fon

— du gr. anihrôpos, homme : morphè, forme). Bot. Nom donné quelquefois a la racine do la mandragore. v

ANTHROPOMORFHOSE S. f. (an-tro-po■ mor-fô-ze —du gr. anthrâpos, homme ; mor-' phàsis, transformation). Eoss. Transformation de certains animaux qui prennent, en se pétrifiant, des formes voisines de celles de l’homme : Certaines pétrifications de crustacés offrent des traces o’anthropomorphoses. (Virey.)

anthroponomie s. f. (an-tro-po-no-mî

— du gr. anthropos, homme ; nomos, loi). Hist. nat. Connaissance des lois qui président à la formation de l’homme et aux phénomènes de l’organisme humain : Zt’anthroponomib est une branche de l’anthropologie.

anthroponosologie s. f. (an-tro-pono-zo-lo-jî

— du gr. anihrôpos, homme ; nosos} maladie, et logos, discours). Science, traite des ftifirmités’humaines : Z’anthroponosologie siynale les maladies que la médecine doit chercher à guérir.

ANTHROPOPATHIE s. f. (an-tro-po-pa-tîdu gr. anthropos, homme ; pathos, sentiment, passion). Erreur qui consiste à attribuer à un être quelconque les sentiments, les passions, les appétits particuliers à l’humanité : Z’anthropopathie est un vilain mol chargé de beaucoup dégriffés ; c’est sur lui cependant que pivotent les gracieusetés de La l’ontaitie, qui prête aux bêles son esprit. ("*) li On dit quelquefois ANTHROPOEATHISME.

— Rhétor. V, Anthropologie.

anthropoPATHIQUE adj. (an-tro-po-pati-ke

— rad. anthropopathie). Qui a rapport à l’anthropopathie.

ANTHROPOPATHISME S. m. V. ANTHRO ANT

Jamais homme n’a été l’objet d’autant d’exécration que je le suis devenu pour cela seulement que je fais la guerre aux anthropophages. (Proudh.)

— Syn. Anthropophage, cannibale. Dans

l’origine, ces deux mots avaient à peu près la même signification. Les habitants des lies Caraïbes, qui étaient anthropophages, furent nommés cannibales. Mais aujourd’hui anthropophage signifie simplement : qui se nourrit de chair humaine, qui an a contracté en quelque sorte-l’habitude. Cannibale ajoute à cette idée celle de cruauté, d’inhumanité, de férocité. Les cannibales peuvent ne pas être anthropophages entre eux, et ne l’être qu’envers des ennemis

ANTHROPOPHAGIE s. f. (an-tre-po-fa-jî —rad. anfAropopAatfe). Habitude de se nourrir de chair humaine : Sans aller chercher en Chine des exemples «^’anthropophagie, nous en avons un dans notre patrie ; il est attesté par notre vainqueur, par notre maître, Jules César. (Volt.l L’anthropophagie se rencontre au berceau de presque tous les peuples. (Barbaste.) La famine a conduit plus d’une fois à /’anthropophagie. (Barbaste.) /.’anthropophagie a existé et existe encore comme moyen de subsistance. (Mich. Chev.) L’anthropophagie n’est pas une invention des temps fabuleux. (Mich. Chev.) L’anthropophagie et la fraternité sont les deux extrêmes de l’évolution économique. (Proudh.) Abstiens-toi de l’oisiveté comme du vol et de /’anthropophagie, car tout homme qui consomme sans produire exploite et mange son prochain. (Ch. Fauvety.)

— Encycl. 1. Faits accidentels d’anthropophagie. Quand on parle de l’anthropophagie, il convient de distinguer tout d’abord le fait particulier, accidentel, et le fait social, la coutume. Pendant certains sièges, tels que ceux de Jérusalem, de Paris, etc., on a vu des parents affamés dévorer leurs enfants. On sait l’histoire d’Ugolin, celle des malheureux naufragés de la Méduse, etc. De semblables faits doivent inspirer autant de pitié que d’horreur. « J’excuse tous les coupables qui ont faim, dit M.Toussenel, parce que la première loi pour tous les êtres est de vivre. » D’autres actes particuliers à’anthropophagie, commis au sein d’une société civilisée, mais corrompue, dans un temps de décadence morale, s’expliquent ou par une férocité monstrueuse, ou par un raffinement horrible dans le luxe de la gourmandise. Galien rapporte qu’au temps de l’empereur Commode, des Romains allèrent jusqu’à ■goûter de la chair humaine. Vêdius Pollton, qui engraissait les murènes de ses viviers de la chair de ses esclaves, n’aurait sans doute pas eu de scrupule à s’en nourrir lui-même. Rappplons enfin, avec Virey, ces dépravations criminelles ou plutôt maladives du goût, qui portent des personnes nerveuses, la plupart aliénées, à des actes forcenés à’anthropophagie. La médecine légale et les annales judiciaires ont recueilli de sanglantes pages sur des faits de ce genre.

IL — Coutume anthropophagique. La manducation de l’homme par l’homme, élevée à l’état de coutume, e, t même, on peut le dire, d’institution, a régné et règne encore chez un grand nombre de peuples sauvages. Les relations unanimes des voyageurs et des missionnaires qui ont connu les races indigènes des deux Amériques, constatent que cette coutume

ANTHROPOPHAGE ad}, (an-tro-po-fa-je ■ âge. Nation anthropophage. Il

n’existe plus que quelques peuplades anthropophages dans le monde connu. Quelques races caraïbes et quelques insulaires de la Polynésie sont encore anthropophages. Tous les peuples de l’A mérique septentrionale étaient anthropophages. (Volt.) Son maître luidonna lescavales anthropophages à garder. (Val. Parisot.)

— S’empl. substantiv. : Les anthropophages. Le boa est un terrible anthropophage. Les géants nés du commerce des anges et des filles des hommes furent les premiers anthropophages. On dit qu’il y a eu des anthropophages ; je ne sais, mais cela n’a pas dû être long : ils ont dû mourir empoisonnés. (Lamenn.) Les anthropophages de Sumatra et des (les de la Sonde mangent les condamnés à mort. (Mariés.) Les Cyclopes eux-mêmes, ces grossiers et féroces anthropophages, se confiaient en la providence des dieux. (Portails.)

— Par exag. -. Les anthropophages du peuple sont ceux qui vivent à ses dépens. (B. Const.)

AKT.

femmes, quand ces prisonniers leur tombaient dans les mains.... Si l’anthropophagie ne se trouve pas dans l’histoire des Juifs et des Grecs, elle a retenti dans leur tradition. Le livre d’Enoch, cité par saint Jude, dit que les géants issus du commerce des ange3 et des filles des hommes furent les premiers anthropophages. On connaît les Lestrigons et les Cyclopes de l’Odyssée ; on se rappelle l’histoire de Lycaon, rapportée par Ovide ; celle de Tantale, qui servit aux dieux les membres de son fils Pélops. Les vers attribués à Orphée disentqu’avantlui les hommes se dévoraient les uns les au très. ..A’msïl’anlhropophagie n’est pas particulière à telle ou telle race, elle a régné chez toutes les races d’hommes noires ou blanches, basanées ou cuivrées. Elle a été un temps, une époque dans le mouvement de la perfectibilité humaine. Et, d’après ne que nous pouvons remarquer chez les peuples historiques, il semblerait que cette époque est celle qui précéda a peu près immédiatement l’invention de l’écriture. »

D’autres penseurs refusent d’admettre que l’anthropophagie telle ’qu’on l’observe dans certains pays, c’est-à-dire érigée en système, consacrée par la religion, soit quelque chose d’inhérent a la nature humaine abandonnée à ses premiers instincts. Ils y voient non la spontanéité de l’homme primitif, mais un état de déchéance morale, l’effet d’une direction perverse de la volonté par suite des premiers crimes et de leur action perturbatrice sur la conscience. « Entre les insulaires anthropophages et les animaux féroces, dit M. Ch.

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était en pleine vigueur dans tout monde. Rien de plus connu que le cannibalisme des Hurons, des Iroquois, des Caraïbes. En nous apprenant que les Acadiens n’étaient pas anthronophageSj’Charlevoix cite ce peuple au milieu des Peaux-Rouges comme une exception. Les navigateurs modernes ont trouvé l’anthropophagie dans la Nouvelle-Zélande et dans toute la Polynésie. On l’a observée dans les îles de la Màlaisie, dans l’intérieur de l’Afrique, et même dans l’Inde.

Ici des questions intéressantes se posent à l’esprit, hantropophagie appartient-elle à la fatalité, c’est-à-dire à la nature humaine, ou au libre arbitre, c’est-à-dire au pouvoir qu’a l’homme d’agir sur sa propre nature, soit pour l’élever, soit pour la dégrader ? Si c’est un fait d’ordre fatal, devons-nous accuser la fatalité ethnique, c’est-à-dire les instincts particuliers à certaines races inférieures, ou la fatalité générale du développement humain ? L’état des peuples où règne l’anthropophagie peut-il s*expliquer par une sorte d arrêt de développement ? Nous présente-t-il comme un échantillon, conservé sous nos yeux, de l’humanité primitive ? Est-ce la le point d’où nous sommes partis ? Quelques philosophes acceptent, sans en être humiliés, ce démenti donné" a la noblesse de notre origine. L’âge d’or, disent-ils, est devant nous, non derrière nous ; la gloire de l’homme est dans ses descendants, non dans ses ancêtres ; dans son avenir, non dans son passé ; l’humanité a commencé par l’anthropophagie, elle doit finir par la justice et la fraternité. « Si nous nous reportons vers les monuments de l’antiquité, dit l’Encyclopédie nouvelle, nous trouvons l’existence et les traces de la coutume anthropophagique chez presque tous les peuples qui renversèrent l’empire romain. Pline la constate chez les peuplades Scythes et Sarraates ; Strahon, chez les Massagè’tes. Les Scandinaves buvaient l’hydromel dans le crâne de leurs ennemis. Saint Jérôme nous dit qu’il a vu une horde bretonne, qui s’était jetée sur la Gaule, manger les cuisses des bergers et les mamelles des

y a cette différence, que ceux-ci obéissent h leur nature et ne se la sont pas donnée, tandis que les anthropophages se sont fait la leur. Si nous voulons contester qu’ils se la soient faite, il faudra nier la morale pu professer que l’homme est venu sur la terre non dans cet état neutre encore indéterminé, qu’on appelle l’innocence, mais avec une conscience

Eréalablement corrompue, et des doctrines à fois naturelles et perverses. » En d’autres termes, dans l’échelle de la moralité sociale, l’anthropophagie systématisée se place évidemment au-dessous de zéro ; or, il répugne de croire qu’il faille abaisser à ce degré négatif le point de départ de nos progrès moraux. Il est vrai que ceux qui nous montrent l’anthropophagie à l’origine de notre race ont soin de distinguer les formes successives qu’elle a prises, les influences diverses qui ont présidé au développement de cette affreuse coutume. Pour qui se place à ce point de vue, l’anthropophagie primitive ne serait qu’un effet de la disette primitive ; elle aurait constitué ensuite une habitude à laquelle les hommes, au premier ^jveil de la conscience, auraient appliqué leurs facultés réflectives et morales, les uns pour la repousser, les autres pour lui donner une sorte d’organisation. ’ ■

III. — Origine et caractères divers de la coutume anthropophagique. L’anthropophagie, chez les divers peuples où elle a été observée, se présente avec des caractères variés et quelquefois fort différents.. Il est probable que partout son origine a été toute pnysiologiqùe. L’homme est un être omnivore ; course nourrir, il lui faut des aliments tirés et du règne végétal et du règne animal ; il lui faut de la chair. Or, sous un climat rigoureux qui ne laisse croître spontanément qu’un petit nombre de plantes alimentaires, et où la chasse n’offre que des ressources tout, à fait insuffisantes, on comprend que le besoin de manger de la viande, exalté jusqu’à la frénésie, ait fini par vaincre la répugnance instinctive de l’homme pour la chair de l’homme. Du reste, quand, remontant le cours des âges, on suit la décroissance successive de l’idée de fraternité humaine, et qu’on arrive, en traversant le vasselage, le servage, l’esclavage, à cet état de nature où de misérables tribus, en guerre continuelle les unes contre les autres, se disputent la place à ce qui est alors le banquet de la vie, on s’explique facilement que, dans cet état, l’homme n’ait vu que bien peu de différence entre son ennemi de la tribu voisine et la bête qu’il poursuivait à la chasse. « Il est évident, dit spirituellement M. Toussenel, que l’anthropophagie est née d’une excessive fringale combinée avec l’habitude du régime de la viande. Il arriva que deux hordes de ohasseurs se rencontrèrent à la poursuite du même animal, un jour que la

Eroie était rare, et que la faim mugissait dans iurs entrailles, et il y eut guerre entre elles. On se battit, on se tua, et les cadavres des vaincus remplacèrent naturellement au foyerdes vainqueurs les cadavres du gibier absent. Puis la fureur de la vengeance sanguinaire • s’en mêla, l’ivresse de la victoire aussi ; le fait consacré par la tradition s’incrusta dans les meeurs, et l’on sait ce qu’il en coûte pour déraciner les mauvaises habitudes. »

Ici se place naturellement une observation ingénieuse de l’écrivain que nous venons de citer. L’état pastoral est incompatible avec l’anthropophagie, parce que le lait et la chair des troupeaux préservent les peuples pasteurs des tentations criminelles de la faim. Or, pas de chien, pas de troupeau, pas d’état pastoral ; donc l’anthropophagie est incompatible avec la possession du chien. Vous ne rencontrez pas l’anthropophagie chez le Chaldéen, l’Égyptien, l’Arabe, le Mongol, leTartare, c’est-à-dire chez tous les peuples à qui le chien a fait don du trou"-"" et qui ont cessé d’être réduits à demansanguinaires chez tous les peuples privés du

chieri, chez les indigènes de l’Amérique, dans les îles de Bornéo, de Célôbes, de Timor, etc. <La preuve, dit M. Toussenel, que c’est l’absence du chien qui a livré les populations de l’Amérique au démon de l’anthropophagie, c’est que l’horrible coutume n’a jamais envahi la hutte de l’Esquimau, qui habite cependant la contrée la’ plus septentrionale, te climat le plus rigoureux du nouveau continent. Je ne vois qu’une raison pour expliquer l’anomalie monstrueuse que présente la comparaison des

mœurs de l’Esquimau avec celles du Caraïbe : l’Esquimau a joui de l’existence du chien de temps immémorial, .le Caraïbe n’eut pas le bonheur de le connaître. •

Née de la faim, l’anlliropophagie a dû, chez

Plusieurs peuples, tout son développement à esprit de vengeance et au goût contracté pour la chair humaine. Certaines tribus ne mangent que les ennemis faits prisonniers ; les vaincus que le sort des combats livre au plus heureux sont rôtis vivants et déchirés par la dent du vainqueur. Ailleurs, les voyageurs ont remarqué que la gourmandise jouait le principal rôle ; la chair humaine est préférée à celle des animaux, la chair du blanc à celle du nègre, celle des enfants à celle des adultes, et certaines parties du corps, telles que la planté des pieds et la paume des mains, à toutes les autres. » On assure, dit M. Bory de Saint-Vintfent, que chez la race africaine des Jagas, des quartiers d’hommes et de femmes, des , membres proprement dépecés, se voient fréquemment exposés en vente, comme de la

viande de boucherie, sur les places qui servent de marchés dans leurs campements. ■ Le même goût pour la chair humaine a été observé dans les lies Viti ; naguère encore les habitants de ces îles, qui savent cependant demander à la terre d’autres aliments, étaient dans l’usage de cuire ouvertement la chair de leurs semblables dans des fours communs, et de la distribuer en publie ; ces fours étaient dressés sur la place avec un assortiment de vases de diverses grandeurs, lesquels ne devaient plus, servir qiFà cuire des porcs. Ajoutons que, tandis que toute autre nourriture se prenait avec les doigts, la chair humaine ne se mangeait qu’avec des fourchettes de bois, conservées dans les familles de génération en génération. Il faut noter que l’hygiène ne parait pas, comme la gourmandise, trouver son. compte a l’anthropophagie. La chair humaine est, dit-on, indigeste ; elle produit des maladies de peau.

Une foi3 entrée dans les habitudes, i’o« thropophagie devait naturellement et promptement devenir une des manifestations du

droit de la force, une forme monstrueuse du

et du privilège. Chez les peuple antdropophages, c est toujours parmi les pauvres et les faibles que les victimes sont choisies. Les missionnaires ont pu remarquer aux îles Viti, que ce sont, en général, les chefs, les riches, les forts, ceux qui appartiennent à ce qu’on peut appeler les classes élevées, qui renoncent le plus difficilement aux repas de chair humaine. Attachés au vieil usage, ils forment le parti de la résistance à l’adoucissement’ des mœurs. Autre considération : la fureurde la guerre a produit l’anthropophagie  ; voilà qu’à son tour l’effet devient cause, et la cause effet ; l’anthropophagie donne à la guerre un but, et en lui donnant un but, l’éternisé, en fait une chasse à l’homme, la constante préoccupation do la tribu jAomo homini lupus), le mode "unique de l’activité sociale. On mangeait des prisonniers afin de satisfaire les passions féroces qu’avait allumées la guerre ; on fait la guerre afin d’avoir des prisonniers à manger. On peut, sous ce rapport, rapprocher l’anthropophagie de l’esclavage, quelle précède, dans la série des crimes

Dans certains pays, ni

s l’anthropo-

"stitïon, prendre une forme religieuse ; elle n’est plus seulement un fait physiologique ; elle n est plus seulement une passion, elle devient une idée. Les habitants de la Nouvelle-Zélande pensent, en mangeant l’œil et le cœur de l’ennemi, s’assimiler sa vie, s’approprier ses qualités, sa force, son courage, lui voler jusqu’à la protection.de ses dieux, et par là rayer tout à la fois son nom du livre de vie et s’y inscrire eux-mêmes en double. Chez les Capanaguas (Amérique du Sud), l’anthropophagie remplace, pour ainsi dire, l’enterrement : c’est un mode de sépulture ; chaque famille fait rôtir ses morts et les mange. Les Rhinderwas (Inde), pour se rendre agréables à la déesse Kali, tuent et mangent ceux de leurs parents qui sont attaqués d’une maladie grave et incurable, ou que la vieillesse a rendus infirmes. Membres de la famille et amis sont, dans ces occasions, invités à partager le

Chez les Battas de Sumatra, l’anthropophagie fait partie du système judiciaire : c’est un mode de sanction. Le code de ce peuple condamne à être mangés vivants : l° ceux qui se rendent coupables d’adultère ; 2° ceux qui commettent un vol au milieu de la nuit ; S° les prisonniers faits dans les guerres importantes ; 4° ceux qui étant de la même tribu se marient ensemble ; 5« ceux qui attaquent traîtreusement un village, une maison ou une personne. Quiconque a commis un déces crimes est condamné par un tribunal compétent. Après les débats, la sentence est prô-