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humaines, nous ayons sous les yeux, comme dans un miroir limpide.et fidèle, l’image constante d’une vérité avouée en tout lieu et de tout temps par l’humaine raison. Cette vérité perpétuelle et générale cessera-t-elle pour cela d’être humaine, c’est-à-dire d’être un produit particulier de 1 intelligence de l’homme, l’expression d’un rapport constant entre les choses et ses organes, une façon de voir et de juger propre à notre espèce mise en face de la nature ? Mais où est le lien, le rapport nécessaire, le point de contact et de passage entre cette vérité tout humaine et la vérité absolue à laquelle nous avons la prétention d’atteindre ? Accordons un instant qu’une chose soit vraie pour tous les hommes et sur toute la terre : ce ne serait jamais qu’une vérité de l’homme et de la terre. Où sont ses titres à valoir quelque chose, à exister au delà ? Nous ne sommes

Eas plus près du ciel lorsque nous sommes sur mont Cenis que si nous étions au fond de

monceau toutes les opinions de notre race, leur donner une consistance factice et une unité trompeuse, en faire une haute et solide . montagne sur laquelle flottera le drapeau de notre raison ; rien ne comblera le vide infini et infranchissable qui séparera ce petit amas de vérités à l’usage de l’homme du séjour inaccessible où la vérité’absolue réside. Supposons que nos intelligences soient courbées sous une même loi ; c’est une loi municipale que nous alléguerons : qu’a-t-elle à faire avec la loi universelle ? Lucrèce a bien dit :

« Qui pourra soutenir que pour être valables ici-bas les lois de notre raison soient observées dans un seul de tous ces mondes ? Quoi ! il suffit d’aller d’ici aux Indes pour voir tout changer, les plantes, les animaux, les hommes, et cette variété, ’ déjà si marquée dans un si petit espace, ne vous avertirait pas de la diversité prodigieuse et infinie qui est sans doute répandue dans ce vaste univers I Confinés dans notre étroit et mobile séjour, prenons nos imaginations pour ce qu’elles valent, n’attribuons pas à nos pensées une domination extérieure a laquelle elles ne sauraient prétendre ; sachons demeurer dans notre incertitude. Convenir de cette incertitude et en reconnaître les causes, voilà, selon Montaigne, le dernier terme de notre raison ; en prendre notre parti et vivre dans la modératidn que l’incertitude conseille, voilà le dernier’effort de notre sagesse. N’affirmons donc aucune chose, pas même que

nous doutons, car c’est encore trop dire ; disons plutôt : Que sais-je ? Nous serons d’autant plus élevés parmi les intelligences et d’autant plus heureux parmi les hommes, que nous regarderons de plus haut et d’un œil plus tranquille les affirmations téméraires auxquelles ils se livrent et les passions violentes qui, nées de ces affirmations mêmes, les emportent pour leur malheur dans des agitations stériles.

« C’est presque en secret et comme à l’oreille que Montaigne nous communique, dans cette Apologie de Raimond Sebond, cette doctrine développée du doute de laquelle toutes ses pensées découlent. Il nous conseille de la garder pour nous-mêmes, de ne nous en servir que rarement, et comme d’un coup désespéré, contre ces esprits dogmatiques dont le despotisme et l’orgueil peuvent parfois pousser à bout le sage. Ll n’a garde de souhaiter que le vulgaire s’engage dans cette route dangereuse qui mène au delà des limites de la raison, et dans laquelle un esprit faible peut perdre à chaque pas un de ses motifs de se bien conduire, 11 faut au contraire que l’homme soit bridé de lois, de religions et de coutumes, et poussé dans un chemin battu sous une forte tutelle. Mais cette humiliante nécessité n’existe

S oint pour l’âme tempérée du sage, qui seraautant plus en équilibre, d’autant plus éloignée des désirs immodérés et des actions violentes, qu’ellésera mieux instruite de sa propre ignorance, do sa faiblesse et du néant de tout ce qui agite les hommes. »

Foi, par Robert Barclay,

contre l’absolutisme des théocraties et des Églises officielles, ou religions d’État, fut écrit primitivement en latin. Il parut en 1676, sous ce titre : Apologie de la vraie théologie chrétienne, telle qu’elle est professée et preschéepar les gens appelés injurieusement quakers, etc. C’est un traité savant et.méthodique, qui fut lu avec avidité en Angleterre et sur le continent. L’idée dominante et hardie que l’auteur cherche à développer, c’est que l’homme porto une lumière intérieure, plus

Propre à le guider en matière de croyance que Écriture même, dont la doctrine primitive est rendue incertaine par. les variantes des manuscrits, et par l’ignorance des traducteurs et des interprètes. « Ces circonstances, dit-il, font naître dans l’intelligence la plus savante des doutes et des scrupules infinis, des difficultés inextricables... Jésus-Christnous adonné pour guide principal son Esprit. • Ce serait se tromper que de considérer 1 ouvrage de Barclay comme un exposé de toutes les doctrines établies parmi les quakers : c’est simplement une apologie, où il a consigné ses vues particulières dans la masure où il désirait les voir triompher. Mosheim a dit de Barclay ■ que c’était un homme ingénieux, se donnantcomme défenseur du quakérisme, sans en professer

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les diverses doctrines ; et qu’il avait interprété et modifié les opinions de cette secte, à la manière d’un champion ou d’un avocat qui entreprend la défense d’une mauvaise camuse. » L’effet certain de cet ouvrage, bientôt traduit en différentes langues, fut de procurer à la secte des quakers une-considération dont elle n’avait pas joui jusqu’alors, et que Barclay soutenait par son caractère et par sa conduite. L’auteur dédia son Apologie au roi Charles II. Cette dédicace à toujours été admirée pour l’indépendance d’expression qu’il sut habilement dissimuler sous une forme respectueuse, et pour le pathétique d’une allusion aux anciennes vicissitudes du roi. « Tu as connu, lui disait-il, la prospérité et l’adversité : tu as éprouvé ce que c est que d’être banni de son pays natal ; d’être dominé, comme de dominer et d’occuper un trône ; et ayant été opprimé, tu dois savoir combien l’oppresseur est en horreur à Dieu et aux hommes. » Ce noble et ferme langage ne fut point entendu. Dans YApolopie de Barclay, on cite, une éloquente philippigue contre les titres honorifiques ; il affirme dès le p ° ’ ~ ’ ' ’" "

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titres de distinction, tels que : Votre Sainteté, Votre Majesté, Votre Eminence, Votre Excellence, etc.

Apologie des fommoa opuscule en vers alexandrins publié par Ch. Perrault en 1694, en réponse à la dixième satire de Boileau. Par cette satire, dirigée contre les femmes, Boileau avait rendu les anciens impopulaires auprès du beau sexe. Ch. Perrault en profita pour s l’app"’ <*"'

celle de la galanterie. Il est facile de comprendre-cet épisode de la querelle des anciens et. des modernes. Les femmes ne pouvaient prendre parti pour les anciens : amour deTantiquité et pédanterie étaient pour elles synonymes. Les anciens ne pouvaient faire grand cas des femmes : avènement des femmes à la vie de l’esprit et galanterie étaient des faits modernes, et n’avaient rien de commun avec les souvenirs de la Grèce et de Rome. Femmes et modernes étaient donc des alliés naturels,

et l’on s’explique ti

Boileau, et VApolog

dit Hippolyte Rigault, ne vise pas aux beaux vers ; il se propose principalement de flatter ses clientes, persuadé qu’on excusera la faiblesse des rimes, les mauvaises césures et la platitude des tours, si la louange est douce et parfumée. Pour faire oublier la pauvreté du vase, il compte sur la force de l’eucens. • Il suppose qu’un père nommé Timandre avait un fils, Qui, mortel ennemi de tout le genre humain, D’une maligne dent déchirait le prochain, Et sur le sexe même, emporté par sa bile, Exerçait sans pitié l’icreté de son style. Timandre, qui souhaitait

, Qu’une suite d’enfants

Pût transmettra son nom dans les siècles suivants, entreprend de marier son fils, et pour cela lui vante les qualités et les vertus des femmes. La satire de Boileau n’avait vu que trois femmes de bien :

Il en est jusqu’à trois que l’on pourrait nommer ; l’Apologie donne la réplique ; elle compte à peine deux ou trois femmes dignes de mépris : Il est, j’en suis d’accord, des femmes infidèles, Et dignes du mépris que (on cœur a pour elles. Mais si de deux ou trois le crime est avéré, Faut-il que tout le sexe en soit déshonoré ? Du reste, ceux-là méprisent les femmes qui n’ont fréquenté que des femmes méprisables : Chacun, en quelque endroit que le hasard le porte, Ne rencontre et ne voit que des gens de sa sorte... Faut-il donc s’étonner si des hommes perdus, Jugeant du sexe entier par celles qu’ils ont vues, Assurent qu’il n’est plus que des femmes perdues ? Au portrait de la coquette tracé par Boileau, Perrault oppose celui de la sœur de charité et de la femme bienfaisante, qui

Descend dans les et

celui de la bonne mère qui soigné ses enfants, de la bonne épouse qui donne une potion salutaire à l’époux alité, de la bonne fille qui travaille le soir au coin du foyer. Enfin, dit Perrault, à qui devons-nous la civilité et les talents, si èe n’est aux femmes ?

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Apologie d il

ilité

Chez les femmes naquit avec l’honnêteté î Que chez elles se prend la fine politesse, Le bon air, le bon goût et la délicatesse ? Regarde un peu de prés celui qui, loup-garou, Loin du sexe a vécu renfermé dans son trou : Tu le verras crasseux, maladroit et sauvage, Farouche dans ses mœurs, rude dans son langage, Ne pouvoir rien penser de fin, d’ingénieux, Ne dire jamais rien que de dur ou de vieux. S’il joint à ces talents l’amour de l’antiquaille, S’il trouve qu’en nos jours on ne fait rien qui vaille, Et qu’a tout bon moderne il donne un coup de dent, De ces dons rassemblés se forme le pédant, Le plus fastidieux comme le plus immonde De tous les animaux qui rampent dans le monde. Grâce à la reconnaissance du public féminin, de ce corps nombreux qui n’est que langue »

querelle des anciens et dès modernes (V ciens et modernes, .est un plaidoyer plein do politesse et d’aménité écrit en faveur d’Homère contre le champion des modernes, La Motte. L’auteur est un ancien disposé aux concessions, et dont l’humeur pacifique contraste avec la vivacité de la belliqueuse M">« Dacier. Un morceau curieux est celui où J. Boivin défend le bouclier d’Achille contre les attaques des modernes. Desmarets, Perrault et La Motte alléguaient qu’un bouclier ne pouvait être assez grand pour contenir une telle suite de tableaux ; que ces tableaux étaient mal choisis et sans" rapport avec le poëme ; que des personnages sculptés ne pouvaient ni danser, ni tenir ries discours. Boivin fait justice de ceï chicanes en démontrant quéle choix- des images guerrières ou pacifiques du bouclier est parfaitement approprié au poème ; que les paroles et les mouvements prêtés par le poète a ses personnages sont admis sans effort par l’imagination du lecteur ; enfin, que tous les tableaux peuvent être contenus sur le bouclier sans qu’il excède quatre pieds de.diamètre. La démonstration est fortifiée par un plan du bouclier, qui en représente exactement les divisions. On s’étonne, dit spirituellement M. Rigault, qu’un tel genre de preuves ait été nécessaire, et que des hommes d’esprit en soient venus à prendre un compas pour mesurer le bouclier d’Achille. »

Apologie d’Homère, par le P. Hàrdouin, ouvrage publié en 171C. L’auteur, dont le nom, dit M. Rigault, éveille en nous l’idée d’unérudit visionnaire, acharné à démolir l’authenticité des ouvrages grecs et latins, respecte pourtant celle de l'Iliade et de l’Odyssée. Son scepticisme, qui n’a pas épargné Horace, Virgile, s’arrête devant Homère, c’est-à-dire devant le poste dont la critique moderne a pu contester l’existence, pour les moins mauvaises raisons. Le P. Hàrdouin croit à Homère ; il va même jusqu’à l’admirer ; il déclare Ylliade le chef-d’œuvre le plus ingénieux de l’esprit humain ; mais c’est à la lumière de la plus fantastique des interprétations qu’il y découvre des beautés. «Homère, dit-il, est un panthéiste qui n’a d’autre dieu que la nature ; ses dieux ne sont pas des dieux, parce qu’ils ne sont pas des personnes, des substances animées et intellectuelles ; ce sont des personnifications allégoriques des bonnes qualités que la nature donne aux hommes, de pures abstractions, destinées à orner le poëme épique. Dêmétur les allégories dans l’action de 1 Iliade, voilà ce qui importe, et c’est ce que personne n’a fait jusqu’ici. • Personne, avant le P. Hàrdouin, n’avait soupçonné d’allégorie dans ces simples paroles que Thétis adresse à Jupiter : « Comblez mon fils de gloire ; « on les prenait pour la-prière d’une mère au maître des dieux. Le P. Hàrdouin vient montrer là-dessous de l’iRg^nieuar. Thétis, ce n’est pas une mère, ce n’est pas une femme ; son fils Achille, ce n’est pas un fils, ce n’est pas un homme ; Thétis, c’est l’emblème de la flotte des Grecs ; Achille, c’est la personnification-dû corps de la marine, et ce passage d’Homère signifie que la flotte des Grecs demande pour les officiers de marine les faveurs du destin. En résumé, le P. Hàrdouin explique lTVwfepar une sorte d’allégorie continue, comme on a tenté de nos jours d’expliquer la Divine Comédie. Il est inutile de montrer ce qu’il y avait d’antipoétique dans un pareil système d’interprétation. Les anciens (Y. Anciens et modernes) avaient trouvé dans le P. Hàrdouin un allié compromettant. Mme Dacier le sentit, et écrivit un livre intitulé : Homère défendu contre l’Apologie du P. Hàrdouin.

APOLOGIQTJE adj. (a-po-lo-ji-ke — rad. apologie). Qui contient une apologie. Peu usité, bien qu’il soit régulièrement formé du mot apologie, et par conséquent préférable à apologétique.

APOLOGISER v. a. ou tr. (a-po-lo-jL-zé —. rad. apologie). Faire l’apologie. Mot employé par Mirabeau.

APOLOGISTE s. (a-ço-lô-ji-ste — rad. apologie). Celui, colle qui fait l’apologie d’une personne ou d’une chose : Se faire /’apologiste de quelqu’un, des actions de quelqu’un. Ils trouvent d’indignes apologistes de leurs vices. (Mass.) Les apologistes de ses passions lui soufflaient le feu de la vglupté. (Mass.) //apologiste du vice n’est pas l’ami de la sagesse. (Dumarsais.) Il était juste que Machiavel, /’apologiste de César Borgia, fàt le détracteur de Louis XII. (Andrieux.) Les apologistes de la force des choses sont les apologistes des faits accomplis. (Do Rémusat.) Sur ces questions personnelles, Napoléon, la plupart du temps, comme on s’y attend bien, de juge devient apologiste. (Dam. Hinard.) Tôt ou tard mes propres ennemis seront mes apologistes. (Proudh.) Cet auteur se fait le défenseur, /’apologiste manifeste du droit de la fores. (Frank.)

— Particulièrem. Nom donné aux docteurs chrétiens des premiers siècles qui présentèrent aux empereurs des apologies de la foi nouvelle. Les plus célèbres furent : saint Justin ; Quadrat, chef do l’Église d’Athènes ; Aristide d’Athènes, Ariston, saint Méliton, évoque de Sardes ; saint Apollinaire, gouverneur de l’Église d’Hiéropolis en Phrygio ; Tatien ; Athénagoro ; saint Théophile, évoque d’Antiocho ; Hermius, etc., parmi les Grecs ;-

— Tertullien, Minucius Félix et Arriobc, parmi les latins, ll On dit aussi apologète.

— Antonymes. Censeur, critique, crit’tqueur, dénigreur, déprédateur, désapprobateur, détracteur, frondeur, improbateur, objurgateur, réprobateur.

APOLOGUE s. m. (a-po-lo-ghe — du gr. apo, sur ; logos, discours). Récit-vrai ou fabuleux dont on tire directement ou indirecte-, • ment une vérité morale, une instruction : ■ Apologue en prose. Apologue en vers. Lis ^ apologues d’Ésope, de Phèdre. Les apologues, de La Fontaine. L’apologue est composé de' deux parties, dont on peut appeler l’une le' corps, l’autre l’âme : le corps est la fable, l’âme est la moralité. (La Font.) La vérité a parlé aux hommes par paraboles : ta parabole est’elle autre chose que /’apologue ? (La Font.) Qu’y a-t-il de recommandable dans les productions de l’esprit, qui ne se rencontre dans l apologue ? (La Font.) Il faut que /’apologue famé aper- cevoir facilement, la vérité à travers le voiledont on ta couvre. (Le Batteux.) La vérité naïve des apologues de Phèdre et de Là Fon- " iaine fait pouf tous les esprits le plus grand charme de leurs peintures. (Marmontel.) Chez La Fontaine, /’apologue n’est plus qu’un orne- ■ ment de l’entretien. (Ste-Beuve.) L’apologue peut être comparé à ces estampes’ à l’aide dés- quelles on communique la sciencéaux gens qui ne savent pas lire. (Arnault.) 'Nous croyons que le roman d’aujourd’hui devrait remplacer la paraboleet /’apologuedes temps naïfs. (G. Sand :) Où veut-il en venir avec ses apologues ?

L’apologue est un don qui vient des immortels

Ou, 6l c’est un présent des hommes, Quiconque nous l’a fait mérite des autels :

La Fontaine.

— Par ext. Enseignement, leçon : Les

— Epithètes. Oriental, vrai, juste, véridique, instructif, moral, divertissant, réjouissant, agréable, aimable, touchant, frappant, savant, fin, adroit, ingénieux.

— Encycl. I. — Selon M. Tissot, l’apologue so distingue de la fable en ce qu’il renferme toujours un sens moral, tandis que la fable peut n’en pas renfermer. « La fable, dit-il ; comme le prouveraient cent exemples empruntés, aux diverses my thologies, peut n’être qu’une agréable supposition, un mensonge absurde ou un tableau contagieux ; l’apologue, ou riant ou sévère, repose toujours sur le bon sens, et ne peut jamais corrompre ni’16s yeux, -ni l’esprit ; „ :.i, . „™„.. La/aft/e n’est souvent qu’un* «ro"«

meur, sans cette véhémence passionnée qui donne à la raison l’air de là colère. » Dans ce sens, l’apologue ne serait qu’une espèce dans le genre fable. D’autres font de la fable une espèce dans le genre apologue ; ils donnent ce dernier nom à tout récit allégorique renfermant un sens moral, que ce récit forme à lui seul une composition ou qu’il soit placé incidemment dans un discours, dans une œuvre littéraire quelconque ; ils appliquent d’une façon spéciale le mot/aWeàtoutapofflfluequi forme à lui seul une composition. La Bible, disent-ils, contient des apologues ; La Fontaine a écrit des fables. On a cherché aussi à distinguer l’apologue de la parabole, qui est également une fable ingénieuse destinée à corriger les mœurs, en disant que celle-ci peut être vraie, tandis que l’apologue, mettant toujours enscène des —= - •*— plantes, etc., auxquels il prêto

, .s passions et jusqu’à notre langage, est par lui-même dénué de toute vérité réelle, et même de toute vraisemblance.

Quelle idée devons-nous nous faire de l’apologue ? C’est notre grand fabuliste qui va nous répondre ; « Qu’y a-t-il de recommandable dans lès productions de l’esprit, dit-il, qui ne se trouva dans l’apologue ? C est quelque chose de si divin, que plusieurs personnages de l’antiquité ont attribué la plus grande partie de ses fables à Socrate, choisissant pour lui servir de père celui des mortels qui avait le plus de communications avec les dieux. Je ne sais comme ils n’ont point fait descendro du ciel ces mêmes fables, et comme ils ne leur ont point assigné un dieu qui en eût. la direction ainsi qu’à la poésie et à l’éloquence. Ce que je dis n’est pas tout à fait sans fondement, puisque, s’il m’est permis de mêler ce que nous avons de plus sacré aux erreurs du paganisme, nous voyons que la vérité parle aux nommes par paraboles ; et la parabole est-elle autre chose que l’apologue, c’est-à-dire un exemple fabuleux qui s’insinue avec d’autant plus de facilité et d’effet, qu’il est plus commun et plus familier. Qui ne nous.proposerait à imiter que les maîtres de la sagesse nous fournirait une excuse : il n’y en a point quand des abeilles et des fourmis sont capables de cela mémo qu’on nous demande. »

La Fontaine, on le voit, n’était pas ingrat

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