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rems, et, pour ainsi dire, arc-boute sur une de ses jambes énormes. (E. Sue.) « — Fig. : Le gouvernement n’étant plus arcbouté ni par la société gui se retire, ni par la division de ses partis, perd bientôt l’équilibre et tombe. (Proudh.)

ARC-BOUTER v. a. ou tr. (ark-bou-téde are, et .bouter). Fortifier au moyen d’un arc-boutant, servir do soutien : Arc-bouter une voûte, un mur. Ce pilier, ce massif arcboute la construction. Des arcades et des poutrelles arc-boutent le-rebord du toit. (Th. Gaut.).

— Par ext. Appuyer avec force en se roidissant ; Enveloppé d’un manteau, le dos appuyé aux bastingages, il arc-boutait ses pieds sur une des pièces de bois de ladrome : (E. Sue.)

S’arc-bouter, v. pr. Être arc-bouté  : L’œil se perd dans ce dédale de poutres qui se croisent et s’arc-boutent en tout sens. (Th. Gaut.)

— Par ext. En parlant des personnes, S’appuyer, se roidir en pesant sur les pieds, pour exercer un effort de résistance plus puissant : Le Chourineur s’arc-bc-uta sur ses jambes. (E. Sue.) Lord Evandale et le docteur Rumphius se retenaient des ongles et s’arc-boutaient des pieds aux rugosités du rocher. (Th. Gaut.)

ARC DE TRIOMPHE OU ARC TRIOMPHAL

s. m. Monument formant un grand portique cintré, et orné de bas-reliefs, d’inscriptions,

Eour consacrer le souvenir d’un fait memorale, la gloire d’un vainqueur, etc. : Élever, ériger un ARC-DE TRIOMPHE, des ARCS TRIOMPHAUX.

Tout ce qui frappe nos regards dans les cités nous parle des hommes, de leurs injustices, de. leurs crimes, de leurs misères ; leurs palais sont l’asile de la bassesse, et leurs arcs de triomphe des souvenirs glorieux de leurs forfaits. (H. Martin.) Oh marche à ta ruine ; à l esclavage par une route couverte d’ARcS DE triomphe. (Sismondi.) Les bas-reliefs des arcs détriomphe élevés dans la Gaule étaient souvent exécutés par des Grecs. (3.-1. Ampère.)

— Encycl. L’origine des arcs de triomphe remonte a la coutume qu’avaient les Romains d’en dresser sur le passage de leurs triomphateurs. Ils furent d’abord temporaires, mais on ne tarda pas à les construire d’une manière plus durable. Les premiers monuments de ce genre paraissent avoir été élevés par Stertinius, Scipion l’Africain et Fabius Maximus ; il ne nous en reste aucun débris. Les plus remarquables sont ceux qui furent érigés sous les empereurs : Y Arc de Drusus, construit en l’honneur de Claudius Drusus, l’an 745 de Rome, après ses victoires sur les Germains ; l’Arc de Titus’, élevé sous Domitien en mémoire de la conquête de la Judée : l’Arc de Septime Sévère, dont celui du Carrousel à Pans, est une imitation ; l’Arc de Gallien, bâti en l’honneur de ce prince aux frais d’un simple particulier ; l’^lrc de Constantin, le plus grand de tous et le plus magnifiquement décoré, élevé à la gloire de cet.empereur après sa.victoire sur le tyran Maxence, etc. La plupart de ces édifices sont encore aujourd’hui dans un excellent état, de conservation.

Rome ne fut pas seule h ériger des arcs de triomphe ; plusieurs villes de province se montrèrent jalouses de décerner aux vainqueurs l’honneur de pareils monuments. Les arcs d’Ancône et de Bénéoent, élevés a la mémoire de Trajan, ne le cèdent guère pour la beauté de la décoration à ceux de la capitale. En France, les arcs de Saint-Hemi (près d’Arles) et de Carpentras, tous deux consacrés à Mare-Aurèle, vainqueur des Germains, sont dignes d’attention. Mais le plus beau monument de ce genre que nous possédions est l’arc d’Orange, qui ne mesure pas moins de vingt-deux mètres en hauteur, sur une largeur de vingt et un et une épaisseur de six. On a cru pendant longtemps que cet édifice avait été érigé à l’occasion de la victoire de Marius sur les Cimbres et les Teutons, mais les trophées maritimes qui couronnent l’attique ne permettent guère d’admettre cette hypothèse, tandis que, selon la’ remarque de M. Mérimée, l’élégance un peu maniérée du style semble autoriser à placer sous les Césars la date de sa construc*’—~i. L’arc d’Orange a été restauré et

..« y ’

—.jlligent

chitectes.

Les peuples modernes ont emprunté aux Romains l’usage d’élever des arcs de triomphe. On peut citer l’entrée du palais royal à Berlin, l’arc du roi Alphonse d’Aragon à Naples, celui que Palladio construisit à Vicence, etc. Mais c’est en France que se trouvent les plus beaux monuments de ce genre. Sous Louis XIV, la ville de Paris édifia à la gloire de ce prince les arcs auxquels on a donné depuis les noms de Porte Saint-Denis et de Porte Saint-Martin. (V. ces mots.) Sous Napoléon, les arcs du Carrousel et de YÉtoile furent dédiés à la grande armée, et, sous la Restauration, on commença à Marseille la construction d’un are destiné à perpétuer le souvenir de la prise dn. Trocadero. Ce dernier édifice, dont l’architecte Penchaud donna le plan et dont

Ramey et David (d’Angers) exécutèrent les principales sculptures, fut achevé sous le gouvernement de Juillet et consacré par lui aux gloires militaires de la République et de l’Empire.

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L’Arc do triomphe de i’Eioiie, le monument le plus considérable qu’on ait construit en ce genre, s’élève, sur une éminence qui termine la magnifique promenade des’Champs-Élysées, au milieu d’une place circulaire d’où rayonnent douze larges avenues. Son érection fut-décrétée par Napoléon, après la bataille d’Austerlitz, le 18 février 1806. À la suite d’un concours où.furent présentés divers projets/ le gouvernement n’ayant pu fixer son choix, chargea Chalgrin et Raymond, membres de l’Institut, de faire de nouvelles études. Ces architectes, pressés par le.désir qu’on avait de voir l’œuvre mise rapidement à exécution, ne prirent pas le temps de dresser des plans complets ; ils ordonnèrent d’un commun accord les travaux à faire.eh fondation, se basant sur l’ensemble de leurs études préparatoires. La première pierre fut posée le 15 août 1806, jour anniversaire de la naissance de l’empereur. Bientôt les discussions les plus vives’eclatèrent entre les architectes, chacun d’eux s’efforçant de faire prévaloir ses idées : Chalgrin voulait que les faces du monument fussent ornées de trophées ; Raymond proposait une décoration de colonnes isolées. Le premier l’emporta et fut nommé seul architecte, le 31 octobre 180S ; mais il n’eut pas la satisfaction d’achever son œuvre : il mourut le 20 janvier isi l, alors que le monument ne.s’élevait encore qu’à 5 mètres 40 centimètres au-dessus du sol. On lui donna pour successeur Goust, son élève, qui se fit un devoir de suivre exactement ses dessins. La construction était arrivée à.la hauteur, de l’assise destinée à

poste du grand arc et les petits.

d’être bandés, lorsque les événements de 1814 interrompirent les travaux. La rumeur publique attribua aux Bourbons l’intention de démolir tes constructions commencées ; mais on se borna à détruire l’échafaudage. Plus tard, le 9 octobre 1S23, Louis XVIII dé-" créta que l’arc serait achevé et qu’il serait consacré aux souvenirs de la guerre d’Espagne.. Goust fut appelé à reprendre les travaux, mais on lui adjoignit l’architecte Huyot pour la direction de la’ partie décorative. Celui-ci, entraîné par le désir d’imprimer au

.... cachet personnel,

série de projets destinés à modifier le plan primitif. Le gouvernement s’opposa à ce qu’il en poursuivit Inexécution, le destitua et le remplaça par.une commission composée • de MM. Fontaine, Percier, Debret, Labarre et Guy de Gisors. Cette commission donna son approbation complète à l’ensemble du projet de Chalgrin, et ht maintenir Goust à la tète des travaux ; elle apporta toutefois quelques changements à la décoration de la grande voûte et de l’entablement. Réintégré en 1828, Huyot s’engagea à respecter les constructions existantes, mais la retraite de Goust en 1830 le laissa libre de suivre ses propres inspirations. Il continua seul la construction de Yentablement ; il en exécuta les ornements ainsi que ceux des clefs et des archivoltes du grand arc ; et il fit faire les modèles d’une frise représentant Charles X recevant les corps d’armée, et le duc d’Angoulème recevant les autorités de la ville. Aussitôt après son’ avènement, Louis-Philippe décida que le monument serait rendu à’sa destination première et consacré à la gloire des armées de la République et de l’Empire. Huyot venait d’élever le socle de l’attique ; lorsque M. Blouet fut.appelé à le remplacer (1832). Le nouvel architecte eut l’honneur de terminer le colossal édifice, qui fut inauguré le 29 juillet 1S3C. Les dépenses de la construction s’étaient élevées a 9,051,115 fr.

L’Arc de triomphe de l’Étoile, construit en pierre déChâteau-Landon et de Chérencé, a 49">,55 de hauteur, 44"’,82 de largeur et 22™, 10 d’épaisseur, dimensions bien supérieures à celles des plus grands arcs de 1 antiquité. Il est établi sur des fondations en pierre de 18"i,50 de profondeur. Sa face principale est percée d’un grand arc en renfoncement, haut de 29’n,42 et large de 14m, G2 ; l’archivolte qui : le décore porte console à sa clef et repose sur une imposte qui pourtournele monument. L’entablement, d un grand style, est composé de modifions et enrichi d’ornements courants ;, l’attique comprend douze pilastres ornés d’épées et de palmettes entremêlées de boucliers sur lesquels sont gravés les noms des principales victoires de l’Empire. Cet attique, surmonté d’une corniche à denticutes, se termine, par une galerie-qui forme garde-corps, composée de têtes de Méduse reliées entre elles par un ornement courant. L’élévation latérale du monument est percée d’un arc qui a 18™,75 de haut sur 8«i,44 de large, et qui vient couper le grand.arc en dessous de son imposte ; l’archivolte qui le décore repose sur une corniche qui parcourt les sinuosités des murs des petites voûtes ; l’entablement et l’attique offrent les mêmes dispositions et le3 mêmes ornements que ceux des grandes faces.

Eradier a sculpté, dans les quatre tympans du grand are, des figures de Renommées (aeux sonnant de la trompette et deux tenant des couronnes de laurier), auxquelles on a reproché de manquer.de style et de tournure, mais où l’on retrouve la souplesse d’exécution de ce •

Au milieu de chaque pied-droit s’élève un piédestal avec base, se prolongeant sur les races latérales et sous le grand are jusqu’au renfoncement des petits arcs. Les deux piédestâux qui sont du côté de Paris sont surmontés de groupes allégoriques dont l’un (celui

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de droite) représente le Départ (1792) et l’autre lé Triomphe (1810).

Le Départ, sculpté par Rude, est le morceau, le plus admiré dans la décoration de l’arc : le génie de la Guerre, tenant un glaive d’une main et de l’autre montrant le drapeau national, appelle les Français aux armes ; cette figure, qu on pourrait prendre pour la personnificationdé la Marseillaise, est superbe de colère et de fougue ; sesyeuxont une expression terrible ; sa bouche grande ouverte pousse le cri d’alarmé ; ses ailes sont déployées et tout son corps se porte en avant par un mouvement violent, niais juste. Des guerriers de tout âge-ont entendu sa voix : celui qui occupe le milieu du groupe a une attitude fière.et énergique ; il agite son casque pour entraîner à sa suite les défenseurs de la patrie ; un adolescent se presse contre lui et semble vouloir s’inspirer de sa valeur. À droite, un homme plus âgé, coiffé d’un casque et tenant un bouclier, a déjà tiré l’épée ; un vieillard l’excite au combat. A gauche, en avant du groupe, un.guerrier se penche pour tendréson arc ; un autre, couvert’ d’une cotte de mailles, sonne du clairon ; un troisième retient par la bride un cheval.qui secabré. Ces personnages, de proportions colossales, sont costumés il l’antique ; quelques-uns ont le torse découvert ; l’adolescent est complètement nu..

Ville vaincue, agenouillée devant lui. Debout, à son côté, la Victoire le couronne ; près.d’elle est accroupi un vieux captif, coiffé du bonnet phrygien. Du côté droit, l’Histoire écrit sur une tablette les mots Pyramides, Marengo, Austerlitz. La Renommée, sonnant de la trompette, plane au-dessus du groupe. Cette apothéose, conçue suivant les plus pures traditionsdu style académique et exécutée correctement, mais froidement, est. tout à fait écrasée par le voisinage de l’œuvre magistrale de Rude.

Au-dessus de ces’deux grandes compositions, entre l’imposte et l’entablement, sont deux bas-reliefs avec cadre ; celui de droite, sculpté par M. Lemaire, représente les Funérailles de Marceau ; l’autre, par M. Seurre aîné, a pour sujet la Bataille d’Aboukir.

La frise du grand entablement qui décore cette face et la moitié des deux faces latérales, représente la Distribution des drapeaux et le Départ des armées en 1792 ; le milieu de ce bas-relief continu est de M. Brun, la droite dé M. Laitié, la gauche de M. Jacquot.

La décoration, de la façade qui regarde Neuilly correspond exactement à celle de la façade que nous venons de décrire. Les groupes qui surmontent les deux piédestaux sont dus a M. Etex. Celui de droite représente la Bésistance (1814) : un jeune guerrier, le glaive à la main, s’apprête à repousser les envahisseurs ; son vieux père blessé embrasse ses genoux ; sa femme, tenant dans ses bras son enfant tué, cherche si l’arrêter..Derrière, un cavalier mortellement frappé’toinbe de cheval. Le génie de l’Avenir domine ce groupe et

guerrier, placé au centre de la composition, remet son épée dans le fourreau ; à droite, un laboureur ajuste un soc de charrue ; à gauche, une femme assise tient sur ses genoux son enfant qui lui sourit, et près d’elle «e tient un petit garçon occupé à lire. Au fond, un homme dompte un taureau. Le groupe est dominé par la figure de Minerve, placée entre un laurier et un chêne. Ces deux compositions sont bien entendues et l’exécution en est large et vigou Les bas-reliefs qu’on voit au-dessus, entre l’imposte et l’entablement, représentent, celui de gauche, la Prise d’Alexandrie, par M. Chaponnière, et celui de droite, le Passage du Pont d’Arcole, par M. Feuchères ; ces deux ouvrages sont très - remarquables l’un et l’autre et comptent, a juste titre, parmi les meilleures productions des artistes> que nous venons de nommer. La frise du grand entablement, qui se déroule sur cette face et sur les deux autres moitiés des faces latérales, a pour sujét le Retour des Armées et la Distribution des couronriesp&io) ■ M. Caillouette à sculpté la partie du milieu de cette frise ; M. Seurre. aine, la droite, et Rude, la gauche.

Deux grands bas-reliefs, entourés d’un cadre et placés au-dessus de l’imposte, décorent les façades latérales ; celui de la façade qui regarde le Roule représente la. Bataille d’Austerlitz, par M. Cetcher ; celui de l’autre façade (côté de Passy), la Bataille de Jemmapes, par M. Marochetti.

—Dans les tympans du petit arc sont figurés les quatre principaux corps de l’armée : l’/n ....), par M. Valois ; l’Artillerie, par M. de Bay ; la il/arme, par M. Emile Seurre.

Les voûtes du grand arc-et celles du petit are sont décorées de caissons avec rosaces à feuilles d’acanthe. La grandévoûte se termine par des arcs-doubleaux composés d’entrelacs a triples rubans avec culots à feuilles d’acanthe. Sur les avant-corps de ces arcs sont gravés en creux les noms des batailles, des combats et des sièges les plus mémorables ; ces noms sontentremêlés de coqs, d’aigles et de couronnes de laurier. Sur les murs’ des petites arcades,

entre les avant-corps des arcs-doubleaux, sont placés quatre bas-reliefs allégoriques qui représentent les Victoires du Nord, de l’Est, du Sud et de l’Ouest, et qui sont dus à MM. Bosio neveu, Valcher, Gérard et Espercieux". Audessous de ces bas-reliefs on a inscrit les noms de 386 généraux qui ont figuré dans les guerres de la République et de l’Empire. Ces inscriptions nominatives ont excité bien des mécontentements. On s’est plaint, non" sans raison, •que les noms de plusieurs braves généraux avaient été omis, tandis qu’on voit figurer des noms que ne relèveront certainement pas les annales de nos victoires et conquêtes.

Des portes, placées sous les petites voûtes, ■ servent d’entrée aux escaliers qui-conduisent aux différentes salles dont se compose l’intérieur du monument et à la plate-forme, d’où l’on jouit.d’une vue splendide de Paris et des environs. Au milieu de cette plate-forme s’élève un acrotère destiné à recevoir un couronnement, qui n’a encore existé jusqu’ici qu’en projet, et sans lequel cependant l’édifice ne saurait être regardé comme achevé. M. Huyot avait proposé de placer au-dessus de l’attique dés figures isolées représentant les principales villes de France. M. Seurre aîné voulait représenter la France victorieuse portée sur un char attelé de six chevaux, et arrêtant sa marche triomphale pour recevoir la charte constitutionnelle. Ce projet fut exécuté en peinture pour la décoration de l’arc pendant les létes de juillet 1838. En 1840, a l’occasion de la translation des cendres de Napoléon, M. Bloùet figura, en peinture, l’empereur debout sur un trophée d’armes et entouré des attributs de la victoire. Rude proposa de placer sur une calotte sphérique la figure colossale de la France, tenant d’une mairi le flambeau civilisateur, appuyée de l’autre sur son épée victorieuse, et assise sur un lion, emblème de la force populaire. Aux quatre angles de l’attique on aurait vu les quatre grandes puissances européennes : l’Angleterre, la Russie, la Prusse et l’Autriche ’ agenouillées et soumises. Ce projet était insensé, et l’idée peu digne d’un grand artiste. Les monuments’ qu’une nation élève à sa gloire ne doivent pas être des trophées de vengeance et d’humiliation. Le seul couronnement qui convienne à l’Arc de triomphe est l’aigle colossal en bronze, aux ailes déployées, proposé par MM. Barye et Préault ; c est l’aigle de Marengo, -de Wagram et d’Austerlitz. L’Arc de triomphe est un gigantesque amas de pierres élevé à la gloire, pour jamais immor- • telle, de la dynastie napoléonienne, a cette gloire qui rayonne certainement d’un éclat incomparable, ’ mais qui n’est pas, à proprement dire, la gloire de la France. Quancl un peuple veut élever un monument vraiment, excellemment, foncièrement national, il choisit un héros national et non un héros conquérant. Ici, le héros défenseur doit Remporter sur le héros agrandisseur. Dans cet ordre d’idées, Alexandre, César, Napoléon s’effacent devant Witikind, -’Schamyl, Abd-el-Kader,

Et si, un jour, on doit contempler h Paris un monument élevé aux gloires pures et véritablement françaises de la France, on verra sur le sommet des buttes de Montmartre la statue gigantesque de Jeanne, fille de Jacques Bonhomme, ayant à son côté celle d’un héroïque frère d’armes, Vercingétorix, et alors ce nou- ’ veau calvaire sera doublement la montagno des Martyrs.

L’arc de triomphe de l’Étoile n’est pas’ un chef-d’œuvre d’architecture ; son style manqué d’unité : l’ensemble a le caractère de l’art romain ; les ornements sont empruntés à’ l’art grec’. La partie supérieure, beaucoup trop délicatement ornée, contraste avec la base, dont " la simplicité, la sévérité et la noblesse sont dignes des plus belles époques de l’art.. Mais si le goût, est choqué par ces imperfections, l’étonnement, l’admiration dont on est frappé lorsqu’on voit pour la première fois ce colossal édifice, sont des impressions qui ne s’effacent jamais.

L’Arc Ile triomphe du Carrante !, qui s’élève

sur la place de ce nom, en face du pavillon central des Tuileries, a été’commencé en 1806, à peu près en même temps que l’arc de l’Étoile, sur les dessins de MM. Fontaine et Percier. Comme l’arc de Septime Sévère, dont il n’est qu’une copie réduite, ce monument offre trois arcades sur sa face principale ; celle du milieu a 8">, Ç2 de haut sur 4>n,55 de large ; les deux autres ont une hauteur de 5™-, ?H et une largeur • de 2>n,76. Ces trois ouvertures sont coupées par une arcade transversale dont les dimensions sont les mêmes que celles des petits arcs de la façade principale. La hauteur totale du monument est de 14»’,63 ; salargeurdel7"’,88 ; son épaisseur de 6’",54. Quatre colonnes corinthiennes, en marbre rouge du Languedoc, avec bases et chapiteaux en bronze, supportent, sur chacune des deux.grandes faces, un entablement en ressaut dont la frise est en marbre friotte d’Italie. À l’aplomb des colonnes, auevant de l’attique, "sont placées des statues en marbre représentant les différents corps d’armée qui se trouvaient à la bataille d’Austerlitz : un Cuirassier, par Launay ; un Dragon, par Corbet ; un Chasseur à cheval, par Foucou ; un Carabinier de la ligne, par Chinard ; un Cahonnier de la ligne, par Bndan ; un Sapeur, par Dumont père : un Grenadier, par Dardel ; un Carabinier de la ffnrde, par Montony.

Les tympans des autres oi