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osment sur lequel il pourra bâtir dans des conditions hygiéniques ; l’histoire, qui lui fournira des indications précieuses pour la partie décorative ; la musique, qui lui apprendra à disposer un théâtre suivant les lois de l’acoustique ; la jurisprudence, qui le mettra a même de construire les murs mitoyens, les conduits des toits et des cloaques, en se conformant à la législation du pays qu’il habite ; la littérature, qui lui servira à rédiger ses mémoires et à exposer clairement ses plans ; la philoso Î)hie, enfin, qui le prémunira contre les spécuations sordides, indignes d’une profession aussi honorable que la sienne, et lui donnera la grandeur d’âme, l’esprit d’équité et de désintéressement, toutes les vertus, en un mot, propres à lui mériter la confiance et l’estime de ses concitoyens.

Une lettre de l’empereur Théodoric à Symmaque, qui nous a été transmise par Cassiodore, nous apprend que, longtemps après la chute de la civilisation romaine, à une époque de décadence complète de l’art, la profession d’architecte exigeait encore une très-grande variété de connaissances. Voici les principaux passages de cette lettre remarquable, qui peut donner une idée de la considération dont jouissaient alors les architectes : • C’est un très-grand plaisir pour un prince qui est connaisseur, d habiter un palais réunissant toutes les

P’apr..,

intelligence et vos talents nous ont déterminé à vous confier le soin de notre palais. Notre intention est que vous soyez attentif à entretenir dans son ancienne splendeur tout ce qui est antique, et que ce que vous y ajouterez soit construit dans le même goût... C’est en lisant’souvent Euclide, et en gravant dans votre esprit l’étonnante variété de figures dont il a enrichi ses livres de-géométrie, que vous vous rendrez capable de remplir nos intentions, et que vous trouverez sur-le-champ, par l’étude que vous en aurez faite, de quoi répondre à nos demandes. Ayez aussi sans cesse sous les yeux les leçons du profond Archimède et de Métrobe, afin de vous mettre en état de produire de nouveaux chefs-d’œuvre. Ce n’est pas un emploi de peu de conséquence qu’on vous confie, puisqu’il vous oblige de remplir, par le ministère de votre art, le désir ardent ■ que nous avons d’illustrer notre règne par des édifices nouveaux. Car, soit que nous voulions réparer une ville ou fonder de nouvelles forteresses, soit que nous nous laissions aller au plaisir flatteur de bâtir un prétoire, vous serez obligé de donner une existence sensible aux projets que nous aurons imaginés. Quel emploi plus honorable, quelle fonction plus glorieuse que celle qui vous met à même de transmettre aux âges les plus lointains des monuments qui vous assureront l’admiration et les louanges de la postérité 1 Car c’est à vous qu’il appartient de diriger le maçon, le sculpteur en marbre, le fondeur en bronze, les modeleurs en stuc et en plâtre, et le peintre en mosaïque. Vous êtes tenu de leur apprendre ce qu’ils ignorent et de résoudre les difficultés que vous propose cette armée de

fens qui travaille sous votre conduite, et qui oit avoir recours aux lumières de votre jugement. Voyez ddnc combien de connaissances doit avoir celui qui a tant de monde à instruire : mais aussi vous recueillerez le fruit de leurs travaux, et le succès de leurs ouvrages, que vous aurez bien dirigés, fera votre éloge et deviendra votre récompense la plus flatteuse... Remarquez encore quelles sont les distinctions dont vous êtes décoré : vous marchez immédiatement devant notre personne, au milieu d’un nombreux cortège, ayant la verge d’or à la main, prérogative qui à vous que nous avons confié l’exécution de notre palais^ »

C’est parce qu’ils possédèrent cette réunion de connaissances diverses, que les architectes de l’antiquité, du moyen âge et de la renaissance, ont su imprimer à leurs constructions ce caractère de grandeur et d’harmonie dont nous sommes frappés. Il n’était pas rare, chez les Grecs, que le même artiste excellât à la fois dans 1 architecture, dans la peinture et dans la sculpture ; Polyclète, Scopas, construisirent des monuments dont le mérite fut égal à celui des statues créées par leur ciseau magistral. Au moyen âge, une même dénomination (latomi) désignait l’architecte et le sculpteur, et c’était à bon droit, car le plus souvent celui qui donnait les plans d’un édifice prenait part aux travaux décoratifs. Mais ce fut surtout à l’époque de la renaissance que l’on vit des maîtres réunir, à un degré plus ou moins éminent, la connaissance pratique des trois branches de l’art :Vasari allait, alors, jusqu’à dire qu’il était impossible d’atteindre à la perfection en architecture, sans s’être sérieusement exercé à la peinture et à la sculpture.

Aujourd’hui, nos architectes- sont bien loin de s’adonner à des études aussi compliquées. La plupart possèdent une véritable science, . comme constructeurs géomètres ; ils connaissent à fond les règles mathématiques et les détails technologiques de l’art de bâtir, mais ils sont moins versés dans la connaissance des effets architecturaux. Ceux qui ont été assez heureux pour obtenir un prix à l’Académie des Beaux-Arts ou qui ont eu assdz de fortune pour aller étudier, dans les

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divers pays, les chefs-d’œuvre des siècles passés’, se distinguent par une érudition solide ; aussi excellent-ils dans la restauration et dans la reproduction des anciens monuments ; à dire vrai, ils ne savent pas toujours approprier aux besoins modernes les formes, qu’ils copient, et beaucoup se laissent entraîner à faire parade de leurs connaissances archéologiques en surchargeant leurs constructions de détails empruntés à des monuments d’époques différentes et quelquefois même de styles opposés.

Aux deux catégories d’architectes que nous venons d’indiquer, — celle des géomètres qui se recrute en grande partie dans le corps des ingénieurs sortis de 1 École polytechnique, et celle des archéologues que fournit l’école des Beaux-Arts, — nous pourrions ajouter la classe beaucoup plus nombreuse des maçons ignorants qui s affublent effrontément du titre d’architecte, et bâtissent sans souci des principes élevés de l’art, auxquels ils sont d’ailleurs complètement étrangers.

— Hist. L’étude des monuments des divers peuples de l’antiquité fait connaître qu’à l’origine l’architecture fit partie de la science hiératique : les premiers édifices furent des autels, des temples élevés à la divinité ; les premiers architectes furent des prêtres. Les forteresses, les remparts, construits dans les temps primitifs, furent encore l’ouvrage de la caste sacerdotale, qui avait en main le gouvernement des hommes. Thèbes, l’his, Eléphantine, les villes les plus anciennes de l’Égypte, furent bâties par les prêtres qui régnaient dans cette contrée.’ Plus tard, lorsque les peuples furent entrés dans la vie civile, l’architecture s’éloigna peu à peu des formes hiératiques et varia le style des édifices en raison de leur destination. L’histoire n’a pas conservé les noms des architectes par qui furent élevés les monuments gigantesques ses diverses contrées de l’Orient : tout l’honneur de ces constructions merveilleuses appartient aux souverains qui les ordonnèrent. En Égypte, c’est. Menès, le premier des Pharaons, qui jette les fondements de Memphis ; c’est Mcsris qui creuse le réservoir immense qui porte son nom ; c’est par Osymandias qu’est bâtie cette bibliothèque sur la porte de laquelle étaient gravés ces mots : « Remèdes de l’âme ; • le grand Sésostris fonde des villes, élève des chaussées pour faciliter les communications pendant le débordement du Nil, construit le Ramesséum à

Thèbes, les temples, les colosses et les obélisques de Louqsor et de Karnac ; Séthos bâti^ à son tour une foule de monuments, entre autres le magnifique palais de Médinet-Abou, à Thèbes ; sous Psammétique, qui construisit les propylées du temple de Vulcain à Memphis, les arts de la Grèce s’introduisent en Égypte. Chez les Assyriens, Ninus fonda ou reconstruisit Nivive, qu’il entoura de remparts auxquels les historiens assignent des dimensions presque fabuleuses ; sa femme, l’illustre Sémiramis, exécuta des travaux non moins merveilleux à Babylone ; les ruines de ces deux immenses cités attestent encore aujourd’hui les prodigieux efforts des architectes assyriens. Ecbatane, la capitale des Mèdes, la ville aux sept enceintes, fut bâtie par Déjocès, l’ancêtre de Cyrus ; les monuments grandioses de Persépolis et les palais récemment découverts à Suse, portent des inscriptions où on lit les noms de Darius, d’Artaxerxès, de Xerxès. L’architecte du temple de Jérusalem fut Salomon : c’est lui, du moins, que le Livre" des Rois désigne comme ayant donné les plans de cet édifice célèbre et comme ayant dirigé les innombrables travailleurs chargés de l’exécution. Le seul artiste qui soit nommé comme ayant concouru à cette œuvre immense est Hiram ou Houram, habile fondeur en bronze, fils d’un Tyrien et d’une femme de la tribu de Nephtali ; il ne faut pas le confondre avec Hiram, roi de Tyr, qui fournit à Salomon des ouvriers expérimentés et les matériaux nécessaires à la construction du temple. Notons, en passant, que c’est à Salomon lui-même que la tradition attribue l’institution de la francmaçonnerie. V. ce mot.

L’ordre dorique, le plus ancien des trois ordres usités dans l’architecture grecque, fut imaginé, si l’on en croit Vitruve, par Dorus, fils d’Hellen, qui régnait sur l’Achaïe et le Péloponèse ; mais le fait n’est rien moins que certain.

Trophonius et Agamèdes, qui florissaient quatorze cents ans environ avant notre ère, sont les plus anciens architectes grecs dont les historiens fassent mention : on leur attribuait, entre autres monuments, le fameux temple d’Apollon à Delphes ; mais on ne sait rien de positif sur leurs travaux, non plus qué sur ceux de Dédale, le constructeur du labyrinthe de Crète. Ce n’est guère qu’à partir du vue siècle av. J.-C. que la lumière commence à se faire dans l’histoire de l’art grec ; nous n’avons pas l’intention de retracer ici cette brillante histoire ; il nous suffira de citer, parmi les plus illustres architectes antérieurs au siècle de Périclès : Hermogènes d’Alabanda, qui construisit à Teos un temple octostyle, consacré à Bacchus ; Rbœcus et Theodorus, auteurs d’un temple de Junon, à Samos ; Cbersiphron où Ctésiphon et son fils Métagènes, qui bâtirent le fameux temple de Diane à Éphèse • Callimaque, auquel on attribue l’invention du chapiteau corinthien. Sous Périclès, Athènes se distingua entre toutes les villes de la Grèce par-la magnificence des monuments qu’elle fit

construire. Ce fut alors qu’Ictinus éleva le Parthénon, et Mnésiclès, les Propylées ; Périclès lui-même s’occupa d’architecture et donna, dit-on, le plan de l’Odéon. Les architectes de cette époqus et ceux de la période précédente avaient pris l’habitude de faire la description des édifices qu’ils construisaient, et de donner les raisons des combinaisons architectoniques qu’ils avaient cru devoir employer : beaucoup de ces descriptions, regardées comme de véritables traités d’architecture, excellents guides d’ailleurs pour ceux qui voulaient se former à cet art, existaient encore au temps de Vitruve (V. plus loin : Traité ^’architecture). Parmi les noms illustres que l’histoire de l’architecture grecque nous offre après le siècle de Périclès, il faut citer ceux de Polyclète de Sicyone, qui bâtit le théâtre d’Epidaure ; de Satyrus et de Pitheus, qui élevèrent le célèbre tombeau de Mausole à Halycarnasse ; de Phi-Ion, qui fut chargé par Démétrius de Phalère d’agrandir*le port et l’arsenal du Pirée, et qui construisit le théâtre d’Athènes. L’architecte le plus fameux du règne d’Alexandre le Grand fut Dinocrate, qui construisit Alexandrie en Égypte. Cette dernière contrée se couvrit. sous les Ptolémées, d’une foule d’édifices d’architecture grecque : Sostrate, l’ami de Ptolémée Philadelphe, s’immortalisa par la construction du phare d’Alexandrie.

Lorsque les arts de la Grèce furent introduits à Rome, cette ville possédait quelques constructions importantes, mais les noms des architectes par qui elles avaient été élevées sont tombés dans l’oubli. Il en est de même, d’ailleurs, de ceux de la plupart des artistes qui, sous Auguste et ses successeurs, construisirent à Rome et dans les autres grandes villes de l’empire, une multitude de monuments remarquables par leur magnificence. Nous ne connaîtrions pas l’existence de Vitruve, s’il n’avait pas écrit son Traité d’architecture ; la basilique de Fano, dont il fut l’architecte et dont il nous a donné lui-même la description, a disparu depuis longtemps. Les architectes les plus connus de l’époque des Césars sont : Celer et geverus, qui bâtirent le palais doré de Néron ; Rabirius, qui construisit, entre autres monuments, le palais de Domitien sur le mont Palatin ; Apoilodore de Damas, qui fut employé par Trajan à de nombreux travaux d’art, dont les plus importants furent la construction d’un pont sur le Danube et celle des édifices qui ornaient, à Rome la place où fut élevée la fameuse colonne Trajane ; Detrianus, l’architecte favori d’Adrien, rauteur du Môle ou tombeau de cet empereur, et du pont jEHus (pont SaintrAnge).

On ne sait rien des artistes que Constantin employa à la construction de sa capitale. Les seuls noms célèbres que nous offre l’histoire de l’architecture byzantine sont ceux d’Anthemius et d’Isidore de Milet, qui construisirent l’église de Sainte-Sophie, sous le règne de Justinien. Ce prince, qui fit élever dans toute l’étendue de son empire un nombre considérable de monuments, avait la manie d’être lui-même architecte et se flattait de recevoir ses plans des mains des anges. En Italie et dans les autres contrées de l’Occident, les évêques, les supérieurs des monastères, furent les guides naturels des constructeurs appelés à bâtir les édifices nécessaires à l’exercice du nouveau culte. Saint Martin dirigea la construction du premier monastère des Gaules, à Ligugé, et plus tard celui de Marmoutier, près de Tours. Saint Germain, sous Childebert, conduisit les travaux de l’abbaye de Sainj ;-Vincent, depuis Saint-Germain des Prés, à Paris. Saint Avit, évêque de Clermont ; saint Ferréol, évêque de Limoges ; saint Dalmatius, évêque de Rodez j saint Agricola, évêque de " Châlons ; saint Virgile, archevêque d’Arles ; saint Grégoire de Tours, et beaucoup d’autres

Ïirélats, se distinguèrent par leur zèle à doter eurs diocèses d’édifices sacrés dont ils donnèrent eux-mêmes les plans. Après que saint Benoît eut établi dans sa règle que les diverses branches de l’art devaient être étudiées dans les monastères, l’architecture, science réputée sainte et sacrée, ne fut plus pratiquée jusqu’au xiie et au xm« siècle que par des religieux. Les plus anciens plans qui nous restent, ceux des abbayes de Saint-Gall et de Cantorbéry, ont été tracés, l’un par l’abbé Eginhard, selon l’opinion de Mabillon ; l’autre par le moine Eadwin. Charlemagne stimula le zèle du clergé de ses États en faisant lui-même construire de nombreux édifices. Le xe siècle produisit beaucoup d’églises remarquables : Anstée, abbé de Saint-Arnould de Metz, qui mourut en 960, excellait dans l’architecture ; difficilement, dit son historien, eût-on trouvé quelque maître plushabile que lui dans cet art et capable de lui en remontrer (nec facile cvjusqu’àm arguiposset judicio). Mais ce fut au xie et au xiio siècle que l’architecture religieuse déploya la plus

fande activité : toute la chrétienté se couvrit, cette époque, de monuments admirables dus à l’art et à 1 industrie des moines. On a conservé les noms de plusieurs abbés et prélats qui dirigèrent quelques-unes des constructions élevées à cette époque ; mais le plus souvent les chroniques nous laissent dans une ignorance absolue sur les auteurs des monuments dont elles rapportent la fondation. À dire vrai, des communautés tout entières se livraient avec une noble émulation à l’édification des églises : ■ Les moines, dit M. de Montalem■bert (Introduction à la vie de saint Bernard), travaillaient en chantant des psaumes et ne

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quittaient leurs outils que pour aller à l’autel ou au chœur ; ils entreprenaient les tâches les plus dures et les plus prolongées, et s’exposaient à tous les dangers et à toutes les fati- • gués du métier de maçon. Les supérieurs aussi ne se bornaient pas à tracer les plans et à surveiller les travaux ; ils donnaient personnellement l’exemple du courage et de l’humilité, et ne reculaient devant aucune corvée. Tandis que de simples moines étaient souvent les architectes en chef des constructions, les abbés se. réduisaient volontiers au rôle d’où Au xnia siècle, lorsque le style ogival eut remplacé celui des âges antérieurs, l’architecture sacrée passa aux mains des laïques ; les confréries maçonniques se substituèrent aux associations monacales. « Cet affranchissement dé l’art, a dit M. Albert Lenoir, fut un grand bienfait pour la société en général, parce qu’il développa singulièrement l’industrie, et nous lui devons les nombreux et remarquables monuments qui furent produits pendant la période ogivale ; mais aussi les moines, en renonçant à leurs études d’architecture si bien commencées, ne préparèrent-ils pas de longue main la décadence de l’art catholique, qu’eux seuls, par leur position exceptionnelle, par leur foi toujours entretenue, par leur science individuelle ou collective, auraient pu soutenir longtemps encore ? Sans doute, les premiers artistes laïques appelés à les remplacer présentaient avec eux peu de différence, quant à la foi et au savoir ; mais, de génération en génération, ces qualités indispensables ne purent que décroître dans la vie séculière, et la chute de l’art sacré en fut la conséquence. » Les architectes de l’ère ogivale ne nous sont pas mieux connus que ceux des périodes antérieures ; parmi le petit nombre de ceux dont les noms sont parvenus jusqu’à nous, citons : Pierre de Montereau, qui construisit le réfectoire de Saint-Germain-des-Prés et la Sainte-Chapelle, son chef-d’œuvre ; Robert de Luzarches, qui commença la cathédrale d’Amiens, et eut pour continuateurs Thomas et Renault Cormon ; Robert de Coucy, qui donna les plans de la cathédrale de Reims ; Eudes de Montreuil, qui accompagna saint Louis en Palestine, y éleva les fortifications de Jaffa, et, à son retour (1254), bâtit plusieurs églises à Paris ; Jean de Chelles, qui construisit les deux pignons du transept, et les premières chapelles du chœur de Notre-Dame de Paris ; Villard de Honnecourt et son ami Pierre de Corbie, par qui furent élevées plusieurs églises de la Picardie j Erwin de Steinbach, qui dirigea pendant vingt-huit ans les travaux de la cathédrale de Strasbourg, et mourut (1335) avant d’avoir achevé la flèche colossale de cette église ; Jehan Ravy, • qui fut maçon de Notre-Dame de Paris, par l’espace de vin^t-six ans, » ainsi que le rapportait une inscription dont Dubreuil nous a conservé une copie.

À l’architecture latine, qui régna en Italie pendant les dix premiers siècles de l’ère chrétienne, succéda l’architecture byzantine, ou pour mieux dire, un mélange des arts grec et romain dégénérés, auquel les archéologues ont donné le nom de style romano-byzantin. Ce fut dans ce style que Buschetto, Grec d’origine, construisit au xie siècle le dôme de Pise, et que Diotisalvi éleva, au siècle suivant, le baptistère de la même ville. Au xme et au xive siècle, tandis que l’art ogival s’épanouissait en France, en Angleterre, en Allemagne, en Suède, en Espagne même, les architectes italiens cherchaient à ressaisir les traditions de l’art antique : Jacopo et Arnolfo di Lapo, Nicolas, Jean et Andréa de Pise, Margaritone d’Arezzo, Agostino et Agnolo de Sienne. Giotto, Taddeo Gaddi, Andréa Orcagna, qui ont attaché leurs noms aux monuments les plus remarquables élevés en Italie pendant. cette période, peuvent être considérés comme les précurseurs de la Renaissance.

Cette révolution considérable, qui ramena définitivement l’architecture et les autres arts aux principes de l’antiquité, s’étendit promptement aux diverses contrées de l’Europe occidentale, et y fut propagée par d’éminents artistes. Il faut nommer en premier lieu ceux qui furent en Italie lespromoteurs du nouveau style : Brunelleschi, Alberti, B. Rosellini, Michelozzo Michelozzi ; Bramante, L. de Vinci, Michel-Ange, G. di Sangallo, Andréa Contucci, Raphael, a, Baccio d^Vgnolo, Baldassare Peruzzi, Pietro et Martino Lombardi, Girolamo et Bartolomeo Genga, Sanmicheli, Jules Romain, le Sansovino, Galeazzo Alessi, Vignole, Palladio, Vasari, Ammanato, Pellegrino Tibaldi, D. Fontana, Scamozzi, tous architectes illustres du xvo et du xvia siècle. Après eux, l’Italie compta encore plus d’un maître habile : Carlo Maderno, le Dominiquin, le Cortone, ■ l’Algarde, Borromini, le Bernin, au xvnc siècle ;’ Carlo Fontana, Filippo Ivara, Nie. Salvi, Servandoni, Vanvitelli, au xvmc siècle. Les architectes les plus célèbres que la France ait produits depuis la Renaissance jusqu’à la fin du xvmo siècle sont : Pierre Lescot, Jean Goujon, "Philibert Delorme, Androuet du Cerceau, Jacques de Brosse, Fr. Mansard, Julés-Hardouin Mansard, Ch. Errard, Pierre Muet, LeVau, Claude Perrault, Pierre Puget, J. Le Mercier, Fr. Blondel, D’Aviler, Jacques Gabriel, Le Blond, Boffrand, Th. Germain, J.-F. Blondel, J.-D. Antoine, etc. Pendant la même période, l’Angleterre cite ; Inigo Jones, Wren, Talman, Gibbs, Vanbrugh, Archer, etc. ; l’Espagne : Juan de Olotzaga, P. Gumiel, Alonso