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publics : basiliques, trésor public, prison, hôtel 3e ville, théâtre, promenoirs couverts, bains, palestres, xystes, ports.et constructions hydrauliques.

— Le 6« livre est relatif aux maisons de la ville et de la campagne, aux proportions qu’elles doivent avoir suivant la nature des lieux, à la distribution de leurs différentes parties et à. leur aménagement.-Le, 7e livre traite des ornements et de la décoration des édifices privés.—Les trois autres livres roulent sur des matières qui ne se rattachent qu’indirectement à l’architecture : le S" est consacré à l’hydraulique ; le 9», à la gnombnique ; le 10«, à la mécanique.

Tel est le vaste cadre dans lequel Vitruve a cherché à faire entrer tout ce qui se rapporte à la science de l’architecte : on lui a reproché, avec raison, ’de ne pas s’en être toujours tiré d’une façon heureuse, d’avoir passé sous silence beaucoup de choses qui sont du ressort ■.de l’architecture, d’avoir donné à d’autres une

de philosophie et de physique, sur lesquelles il n’avait, d’ailleurs, que des connaissances peu "approfondies. Trop souvent aussi, il se laisse aller à faire des récits merveilleux, auxquels il est, du reste, le premier à ajouter foi. L’origine qu’il donne à l’architecture est une fiction poétique qu’il a puisée dans Lucrèce. Selon lui, 1 ordre dorique fut fait à l’imitation "du corps de l’homme, dont il représente la simplicité nue et négligée, et l’ordre ionique, de son côté, reproduit la délicatesse et la parure delà femme. Poussant le rapprochement jusqu’au bout, il trouve de la similitude entre la

que et l’élégante chaussure de la femme... Ce qu’il dit des premières constructions élevées par la main des hommes est plus vraisemblable : « Ils plantèrent, dit-il, des perches fourchues qu’ils entrelacèrent de branches, et dont ils remplirent les vides avec de la terre grasse, pour en faire des murs. D’autres tirent sécher des mottes d’argile, en construisirent des murs, sur lesquels ils posèrent en travers des pièces de bois, et les recouvrirent de roseaux et de feuilles ; ils se mirent dessous à l’abri de la, pluie et du soleil. Plus tard, comme dans les mauvais temps d’hiver les toits ne résistaient pas aux pluies, ils firent des combles qu’ils recouvrirent de terre grasse, et, donnant de l’inclinaison aux couvertures, Us établirent des larmiers pour l’écoulement des

S’il est vrai que Vitruve n’ait pas toujours su se défendre d’aborder longuement des questions à peu près étrangères à l’architecture, et qu’il se soit montré, au contraire, bref jusqu’à l’obscurité en parlant de quelques parties importantes de cet art, il est juste aussi de reconnaître qu’il possède une érudition des plus variées, qu’il apporte la plus grande sagacité dans 1 étude des monuments, et’ que, dans tout ce qui a trait à l’objet principal de son ouvrage, il fait preuve d’une élévation d’idées et d’une pureté de goût peu communes. Écrivant à l’époque où l’art grec fut transplanté à Rome, il ne se borna pas à établir ses règles d’après les monuments qu’il avait sous les yeux, il consulta avec soin et prit pour guides les nombreux traités que. les-architectes de la Grèce avaient publiés avant lui. U s’est, du reste, rendu cette justice qu’il n’a point fait disparaître les noms des auteurs où il a puisé, pour les remplacer.par le sien : Dans l’ouvrage que nous publions, dit-il, il ne nousest point venu à l’esprit de déprécier les inventions d’autrui pour faire valoir les nôtres ; nous rendons, au contraire, mille actions de grâces.à tous les auteurs, de ce que, ayant de. tout temps recueilli les pensées ingénieuses des hommes de talent, ils nous ont préparé, chacun dans son genre, une ample moisson ; c>st là’ que, puisant, comme à une source féconde, des idées que nous approprions à notre travail, nous nous sentons plein d’abondance et de facilité pour écrire ; c’est, éclairé de leurs lumières, que nous avons osé entreprendre un nouveau traité. » Vitruve.cite parmi les auteurs grecs auxquels il a fait des emprunts : Agatharque, Démocrite et Anaxagore, qui avaient écrit sur la construction des théâtres ; Silenus, Theodorus et Carpion, sur les proportions de l’ordre dorique ; Chersiphron, . Métagène, Phileos, Hermogène, sur l’ordre ionique ; Argelius, sur l’ionique et le corinthien ; PhUon, sur les proportions des temples et sur l’arsenal qu’il avait bâti au Pirée ; Theodorus de Phocée, sur le temple en forme de coupole {de tholo) qui existait à Delphes ; Smtyrus et Phythèus, sur le tombeau de Mausole, leur chef-d’œuvre ; etc., etc. Les seuls auteurs romains nommés par Vitruve sont Fussitius, Teréntius Vairon et Publius Septimius. Les ouvra~— J is divers écrivains ne sont pas par ., d’après les paroles mêmes que

avons citées plus haut, qu’il contient toutes les notions essentielles publiées antérieurement sur le même sujet.

Sous le rapport du style, Vitruve est loin d’avoir la même élégance, la même pureté que les autres écrivains du siècle d’Auguste. Il a prié lui-même ceux qui le liront de ne chercher dans son travail ni la profondeur du philosophe, ni l’habileté du rhéteur, ni la correction du grammairien, et de ne le juger que

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comme un architecte ayant des belles-lettres la teinture qu’exige son art (sed ut architectus his litteris imbutus). C’est à tort, du reste, qu’on lui a.reproché d’avoir emprunté quelques mots à la Grèce, lui qui appuie ses préceptes sur l’autorité des monuments et des écrivains de ce pays. Il n’est pas moins excusable de s’être servi d’un certain nombre d’expressions latines particulières à son art, et qu’on ne retrouve dans aucun auteur. Les nombreuses obscurités qu’on rencontre dans son livre ne sont pas dues seulement à l’emploi des termes techniques ; elles doivent être attribuées, en grande partie, à l’ignorance des copistes, qui ont altéré l’original en transposant les périodes, en introduisant dans le texte les notes marginales. On doit regretter aussi, pour l’intelligence de certains détails, que les figures explicatives dont l’auteur avait accompagné son ouvrage se soient perdues. D’ailleurs, Vitruve ne manque pas de nerf dans son style ; il atteint même parfois à une certaine éloquence, principalement dans les insemés dans le courant de son ouvrage pour délasser le lecteur de l’aridité de la matière. La concision est la seule qualité littéraire à laquelle il vise : « Les affaires, tant particulières que pumiques, dit-il, dont je vois tous les citoyens accablés, me déterminent à abréger, mon ouvrage, afin que ceux à qui leurs instants de loisir permettront de le lire puissent promptement en saisir l’ensemble. •

Le Traité d’architecture de Vitruve a été fort estimé non-seulement chez les anciens, mais même dans les siècles les plus barbares, comme le témoignent les nombreux manuscrits du moyen âge conservés dans les bibliothèques célèbres. L’édition princeps a été publiée en 1486, par Jo. Sulpitius. Les éditions latines les plus remarquables ont été données ensuite : à Florence, en 1496 ; à Venise, en 1497 et en 1511 ; à Strasbourg, en 1543, par Georgius Machœropiœus ; à Lyon, en 1552, par Guill. Philander (figures assez exactes, commentaire et index) ; à Amsterdam, chez les Elzevier, en 1649, par Jean de Laet ; à Udine, en 1825-1830, par J. Poleni. Cette dernière édition, la plus complète et la plus belle qui existe, se compose de 8 vol. in-4o, avec 141 planches, dont 100 gravées sur acier. Vitruve a été traduit dans la plupart des langues de l’Europe. Parmi les traductions françaises, nous citerons celle de J. Martin, en 1547 ; de Cl. Perrault, en’1684 ; de de Bioul, en 1S1G ; de Maufras, en 1847 (colléct. Panckoucke). Citons aussi la traduction italienne

Eubliée en 1758, par le marquis Galiani : c’est 1 plus estimée au delà des monts.

Architecture (RÈGLES DES CINQ ORDRES d’),

ouvrage de Jacopo Barozzio, pius’connu sous le nom de Vignole. Cet habile architecte, profondément épris de. l’art antique, éloigné d’ailleurs de tout système et ne recherchant que le beau, entreprit, dans les dernières années de sa vie, de réduire les principes de l’architecture en règles d’une application facile. Ayant remarqué que, dans les monuments antiques, des rapports simples et peu compliqués rendaient les plus petites parties dépendantes des plus grandes, û crut pouvoir déterminer d’une façon mathématique les proportions qui doivent exister entr — * : j*’

rentes parties, et il les établit, pour chacun des ordres, d’après les monuments les plus estimés de l’Italie. Par exemple, il a fixé les

proportions essentielles de l’ordre doriqi prenant pour type l’ordre du théâtre de Mar’celîus, qui lui parut être le plus universellement approuvé ; mais lorsqu’il a trouvé que quelques membres plus petits s’éloignaient de la division numérique prescrite par l’ordonnance générale, au lieu de renoncer à la base fondamentale qu’il s’était donnée, il a cherché à rétablir la proportion de ces petites parties d’après d’autres monuments doriques de l’antiquité. Il fit donc constamment choix des ordres antiques, et n’apporta, de sa part, que la distribution des proportions fondées sur des nombres simples, sans se servir de brasses, de pieds et de palmes d’aucun pays, mais seulement d’une mesure arbitraire, tirée de l’ordre lui-même et appelée modulé. Cette mesure est le demi-diamètre de la colonne.partagée en douze parties égales pour le toscan et le dorique, et en dix-huit pour l’ionique, le corinthien et le composite. Vignole ne s’est jamais écarté des grandes proportions, comme du double, du tiers, du quart ; c’est ce qui rend ses ordres si faciles à exécuter. Quelques auteurs, Milizia entre autres, lui ont reproché d’avoir altéré parfois les plus belles proportions de l’antique, en vue de rendre ses règles plus générales et plus simples ; on trouve, par exemple, que la hauteur de ses piédestaux et celle de ses corniches rendent ses colonnes trop

tecture ; mais cette opinion ne prend sa source que dans un excès de vénération pour l’antique ; si Vignole s’est écarté quelquefois des originaux de l’antiquité, il ne l’araitqu’av.ec une extrême réserve. Par la clarté et la facilité des règles qu’il a établies, son livre a obtenu et obtiendra longtemps encore le plus grand succès. Outre l’édition italienne qui se renouvelle sans cesse, il a été publié des traductions de cet ouvrage dans toutes les langues de l’Europe. C’est le premier traité d’architecture que Ton- mette entre les mains des élèves, et bien des archi ARC

tectes n’en consultent pas d’autre pendant toute leur carrière : il est particulièrement estimé des ouvriers qui, dans leurs travaux, ont occasion de faire usage des ordres, et qui, n’ayant ni la commodité ni le loisir dé se livrer à de longues études, sont bien aises de trouver des règles simples et faciles à mettre en pratique. Parmi les nombreuses traductions françaises qui ont été faites de l’ouvrage de Vignole, celle de d’Aviler, publiée avec un commentaire au xviiio siècle, a joui pendant longtemps d’une réputation méritée. La traduction que Ch. Normand a donnée en 1827, sous ce titre : le Vignole des architectes, est généralement préférée aujourd’hui : indépendamment de son exactitude et des judicieuses remarques qui l’accompagnent, elle se distingue par la netteté des planches, et elle est complétée par des observations relatives à l’ornementation des ordres, partie essentielle de l’art, remplie de difficultés même pour les architectes expérimentés. Une publication plus importante encore de Ch. Normand est celle qu’il a intitulée le Vignole des ouvriers ; après avoir indiqué une méthode facile pour le tracé des cinq ordres, il a réuni tous’ les enseignements dont peut avoir besoin l’ouvrier en bâtiment pour donner à chaque objet une forme,

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ine proportion, un style en’rapport avecédifice qu’il bâtit, et pour suivre les différents détails d’une construction, depuis la coupe des

pierres, la maçonnerie, la charpentf, nuiserie, la serrurerie et la couverture, jusqu’à la distribution et la décoration intérieures. Ce dernier ouvrage, qui a été imprimé pour la première fois en’ 1821, a déjà eu un grand nombre d’éditions. V. Vignole.

Artbiiccn.ro (Traité d’,), Trattatidiarchi-. tettwa, ouvrage dans lequel Andréa Palladio, un des plus célèbres architectes duxviu siècle, a établi les règles de son art, en prenant pour modèles les monuments de l’antiquité romaine. ’ » Un goût naturel, dit-il dans son introduction, me porta dès ma jeunesse vers l’étude de l’architecture. Persuadé dès lors que les anciens Romains avaient été dans cet art, comme dans tant d’autres choses, bien supérieurs à tous les peuples qui les ont suivis, je pris Vitruve pour modèle et pour guide, comme le seul auteur ancien qui traite de cette matière, et me livrai à l’examen des restes des édifices antiques échappés au temps et aux barbares... Ayant eu sujet de remarquer combien la manière actuelle de bâtir s’éloigne de celle dont j’ai trouvé les exemples dans les anciens monuments et les préceptes dans Vitruve, il m’a paru digne d’un homme qui ne se croit pas né pour lui seul, mais qui veut être utile à ses semblables, de mettre au jour les dessins que j’ai recueillis avec tant de soins, de temps et de périls, et de décrire succinctement ce qui me semble digne d’attention, en y joignant les règles que j’ai déduitesde cet examen et que j’ai constamment suivies dans mes propres ouvrages... Peut-être contribuerai-je à faire rejeter désormais les abus étranges, les inventions barbares et les dépenses superflues qui déshonorent tant d’édifices, et, ce qui est plus important encore, à prévenir les ruines prématurées, les écroulel’architecture au xvie et au xvue siècle

a été considérable : les édifices qu’il a élevés ont été réputés comme des chefs-d’œuvre de goût, et ses écrits et ses plans ont guidé pendant longtemps les architectes de l’Italie et des autres pays de l’Europe occidentale. Aujourd’hui encore, son Traité d’architecture jouit en Angleterre de la plus grande estime ; il y est devenu classique, comme celui de Vignole en France. Cet ouvrage est divisé en quatre livres. Le premier livre traite de la préparation des matériaux et de. la manière de les mettre en œuvre, depuis les fondements jusqu’à la toiture : le progrès des sciences a fait vieillir les explications que l’auteur donne sur les diverses espèces de matériaux, mais on peut consulter avec fruit les chapitres où il s est occupé des cinq ordres d’architecture en usage chez les Romains, du renflement et de la diminution des colonnes, des piédestaux, des galeries, des planchers et plafonds, des différentes sortes de voûtes, des dimensions et des ornements des portes et fenêtres, des cheminées, des escaliers, etc. Palladio a consacré un’ chapitre spécial à la critique de certains abus qui, de son temps, s’étaient introduits dans l’architecture ; il blâme vivement les architectes qui ont perdu de vue la cabane de bois, qu’il regarde comme le modèle naturel-de l’art de bâtir. — Dans le deuxième livre, il étudie la construction des édifices

 . rendre complets : l’antiquité ayant

laissé peu de modèles en rapport avec nos usages, pour ce genre d’architecture, Palladio a fait suivre cette partie de son travail de descriptions et de dessins d’un assez grand nombre de monuments exécutés par lui, tant au dedans qu’au dehors de Vicence. — Dans le troisième livre, il s’occupe des routes, de la distribution des rues dans les villes, des places publiques et des édifices qui les entourent, de la construction des ponts de bois etdes ponts de pierre, des basiliques antiques, des palestres et des xystes des Grecs, etc.-Le quatrième livre est consacré à l’architecture religieuse : il y est question de l’emplacement que l’on doit choisir pour, élever les

édifices sacrés ; des formes et des décorations qu’on doit leur donner, et de leur distribution intérieure. Passant ensuite à l’étude des temples de l’antiquité, qu’il classe, d’après Vitruve, en cinq catégories, suivant l’intervalle qui sépare entre elles les colonnes des portiques, Palladio décrit les principaux édifices de ce genre qui existaient de son temps en Italie et dans le midi de la France, notamment : les temples de la Paix, de Mars vengeur, de Nerva Trajan, d’Antonin et de Faustine, du Soleil et de la Lune, de Jupiter, de la Fortune virile, de Vesta, de Mars, de Jupiter Stator, de Jupiter Tonnant, de la Concorde, de Neptune, à Rome ; le Panthéon et le Galluce, les deux plus vastes constructions circulaires de la même ville ; le temple de Bacehus sur la voie Appienne ; celui de Vesta, à Tivoji ; celui de Castor etdePollux.àNaples ; celui de Vesta et la Maison-Carrée, à Nîmes. Les seuls édifices chrétiens dont se soit occupé Palladio sont le Baptistère de Constantin et l’église de Saint-Pierre-in-Montorio, construite par Bramante. Des dessins sont joints à ces diverses descriptions.

Le Traité d’architecture a été publié, pour la première fois, à Venise en 1570, dix ans avant la mort de l’auteur ; le succès fut tel qu’on en fit six éditions en Italie dans l’espace de soixante-douze ans. Les planches qui les accompagnent sont des gravures sur bois. d’une exécution grossière et d’un dessin peu correct : on remarque de fréquentes contradictions entre le texte et les côtes ; l’exiguïté de l’échelle rend, d’ailleurs, les plans diffus. Ces mêmes planches ont été reproduites dans l’édition française de Fréart au Chambray, publiée en 1650. L’édition de Jacques Leoni, . imprimée àLondres en 1715, traduite en français par Dubois et imprimée à La Haye en 1726, se distingue par la belle exécution des planches. Une édition, avec deux cent cinquante gravures, a paru à Livourne en 1828. Une publication vraiment hors ligne est celle dans laquelle MM. Chanpuy, A. Corréard et Albert Lenoir ont réuni les Œuvres complètes de Palladio, avec les planches du. grand ouvrage de Scamozzi et le Traité des.thermes, « le tout rectifié et complété d’après des notes et des documents fournis par les premiers architectes de l’école française.» (In-fol.

1835-1

2.)

re (livres suk l’), parPhilibert Delorme, l’un des plus célèbres architectes du xvie siècle. Les neuf premiers livres, formant un Traité d’architecture complet, furent publiés en 1568 ; les deux autres avaient paru en 1561 sous le titre de : Nouvelle Invention

fiour bien bâtir à petits frais. Les onze livres urent réunis en un même corps d’ouvrage publié en 1626 et intitulé : « Architecture de Philibert De l’Orme, conseiller et aumosnier du roy et abbé de SaintrSerge-lez-Angers, œuvre entière très-utile pour tous architectes et maistres au dit art usans de la règle et compas. » Dans une dédicace à Charles IX, Philibert Delorme nous apprend que ce fut à la demande de Henri II qu’il composa ce traité ’ afin que chacun pust entendre les façons et moyens de procéder en l’art d’architecture. » Il paraît qu’en ce temps-là, comme de nos jours, une foule d’ignorants prenaient le titre d’architectes : des maîtres maçons, des charpentiers, des peintres, des notaires même se mêlaient de donner des plans et d’en diriger l’exécution. Ph. Delorme s’indigne contre les gens qui entreprennent de bâtir sans prendre l’avis des doctes architectes. Or, selon lui, pour arriver à être un docte architecte, il faut avoir étudié : les mathématiques, l’arithmétique, la géométrie, la philosophie naturelle (physique), l’histoire, l’astrologie, la musique « pour savoir représenter l’écho et faire résonner et ouïr la parole, aussi bien de loin que de près, » ce qui est chose requise dans les églises où l’on prêche et où l’on chante, dans les tribunaux ou l’on plaide, dans les théâtres

débite des comédies et des tragédies (l’opéra n’était pas encore inventé du temps de notre auteur). Ph. Delorme s’accorde a

, ... i, contrairement à l’opinion de l’éc vain romain, il pense que l’architecte n’a que faire de la médecine, de la jurisprudence, de la rhétorique : « il lui vaut beaucoup mieux de bien faire, dit-il, que de bien parler. « Au reste, l’architecte doit être un homme plein de probité, de délicatesse, de franchise : ■ il ne, doit être ni fol, ni glorieux, ni fier, ni présomptueux. » Il doit refuser d’être comptable des deniers du seigneur qui l’emploie, se bornant à diriger les dépenses et à veiller à ce que le seigneur ne soit pas trompé par celui qui aura le maniement des fonds. Il ne recevra jamais de présent des ouvriers qu’il aura sous ses ordres, afin de conserver la liberté de les tancer et chasser au besoin. Ceux qui font bâtir doivent, de leur côté, laisser tout pouvoir à l’architecte de choisir les ouvriers qu’il veut employer : il importe aussi qu’il ne soit ni importuné dans ses travaux, ni détourné dans ses projets, par les parents et les domestiques du’seigneur ; ces gens-là, dit Delorme, en veulent à l’architecte « parce qu’ils ont peur que la marmite se diminue et que l’on ne fasse si grande chère qu’on a accoustumé, » à causa des dépenses faites dans la construction. Notre auteur recommande d’ailleurs expressément à chacun « d’examiner sa bourse et ses facultés devant que bastir. t Nous avons cru devoir