Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 2, Lep-Lo.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LORA.

musical, M. Loquin a publié, en outre, tantôt sous son nom véritable, tantôt sous le pseudonyme de Lavigne, d’assez nombreux, arti-.

; les au Progrès, revue de Bordeaux, et fait

paraître les ouvrages suivants : Nolions élémentaires d’harmonie mùder.ne (Bordeaux, 1862, in-8°) ; Examen de la méthode d’enseignement musical de Pierre Galin (Bordeaux, in-8") ; Essai philosophique sur les principes constitutif/ ! de la tonalité moderne (Bordeaux,

1864-1806, in-8»).

LOQUIS s. m. (lo-ki). Comra. Petit cylindre de verre rouge employé en verroterie comme moyen d’échange, dans le commerce des Français avec les nègres d’Afrique.

LORA-DEL-RIO, ville d’Espagne, prov. et a 43 kilom. N.-E. déSéville, sur la rive droite du Guadalquivir ; 5,000 hab. Fabrication de lainages, cuirs, chapeaux, toiles ; moulins ; récolte et mouliuage de soie. Cette ville, qui s’appelait Ftaoia sous le règne de Vespasien, fut conquise sur les Maures par saint Ferdinand et donnée à. l’ordre de Saint-Jean en 1243. Les plaines qui l’entourent sont couvertes de plantations d’oliviers, de mûriers et d’orangers. La montagne de Sete-Fillas, qui domine Lora-del-Rio, porte les ruines d un vieux château et un sanctuaire dédié à la Vierge. Ce sanctuaire est visité chaque année par une foute de pèlerins. L’image de la Vierge est descendue processionneliement à Lora dans les circonstances calamiteuses. Près de la ville, le chemin de fer de Madrid k Cadix traverse le Guadalquivir sur un très-beau pont de 256 mètres de long.

LORAIN (Prosper), littérateur fiançais, né en 1798, mort à Paris en 1847. Il devint doyen de la Faculté de droit et membre de l’Académie de Dijon. Outre de nombreux articles, insérés dans des journaux catholiques, on lut doit : Des libertés de l’ancienne France (1824) ; Éloge du peintre Prudhon (1839), et une Histoire de l’abbaye de Cluny (Paris, 1845, in-8°), intéressante étude publiée d’abord dans la Revue des deux Bourgognes.

LORAIN (Paul), littérateur et grammairien, né k Paris en 1799, mort en 1861. Élève de l’École normale en 1817, il enseigna la rhétorique dans divers collèges de province, fut suspendu en 1823 par M. de Frayssinous, rentra en 1828 dans l’Université.et devint successivement maître de conférences à l’Ecole normale, professeur de rhétorique au collège Louis-le-Grand J1S30), professeur suppléant d’éloquence latine k la Faculté des lettres, proviseur du collège Saint-Louis (1837). Après avoir été chef de bureau au ministère de l’instruction publique et recteur de l’Académie de Lyon ; il prit sa retraite en 1850. Outre de petits ouvrages de grammaire pour les écoles, on lui doit : Réfutation de la méthode Jacotot (1830) ; Abrégé du dictionnaire de l’Académie française (1.836, 2 vol. in-8") ; Tableau de l’instruction primaire en France (1837), etc.

LORAIN (Paul), médecin, fils du précédent, né à Paris en 1829. Il commença ses études médicales à Lyon, puis vint à Paris, et, tout en étant répétiteur au collège Rollin, il continua sa médecine. Interne en 1855, docteur en 1857, il se fit recevoir agrégé avec une remarquable thèse sur l’albuminurie, remporta prix Montyon pour un travail sur la Bèvre puerpérale, et obtint en 1866 une grande médaille d’or pour le dévouement dont il avait fait preuve à i’hôpital Saint-Antoine pendant l’épidémie cholérique. Bans un ouvrage qu’il publia k cette époque. Su)- le choléra, M. Lorain relate un fait de thérapeutique expérimentale assez curieux pour être rapporté. Le 29 septembre 1866, se trouvant en présence d’un cholérique dont l’état était désespéré, il . eut l’idée de lui injecter de l’eau dans la circulation pour solliciter i’activité du cœur. Ayant mis à nu une veine superficielle, il y introduisit un trocart, dont la canule fut laissée en place et fixée dans la veine par une ligature et injecta 400 grammes d’eau, k 40° centigrades, à l’aide d’une pompe en verre, aspirante et foulante, dont les orifices étaient munis de valvules ou de soupapes disposées de façon à ne pas laisser pénétrer l’air dans l’instrument. L’opération tut faite sans.difficulté, le pouls battit plus fort, la respiration devint bientôt plus ample, la température du corps s’éleva ; le malade recouvra la voix et, peu de jours après, il quittait l’hôpital en pleine convalescence.

À la suite d’un voyage qu’il fit en Allemagne pour y étudier l’organisation de l’enseignement médical, il a organisé, avec M. Marey, un laboratoire de physiologie situé dans la rue de l’Ancienne-Comédie, au lieu même où Molière faisait jouer et jouait lui-même ses pièces.

Parmi les travaux de ûe savant docteur, nous citerons : De la fièvre puerpérale chez la femme, lefastus et le nouveau-né, thèse inaugurale (Paris, 1855) ; Du régime dans les maladies aiguës (Paris, 1857) ; le Choléra observé C l’hôpital Saint-Antoine, étude de médecine clinique et de physiologie pathologique (Paris ; 1868) ; De l’albuminurie (Paris, 1860) ; Conférences historiques sur Jeitner et le cow-pox (Paris, 1866) ; Guide du médecin praticien ou Résumé général de pathologie interne et de thérapeutique appliquées, par Valleix, 5 ? édition, entièrement refondue et contenant le résumé de tous les travaux récents, par AI. P. Lorain (1866, 5 vol. in-8°) j De la réforme de

LORC

l’enseignement médical par les laboratoire* (Paris, 1367, in-8°) ; Des effets physiologiques des hémorragies (1870, in-8°) ; Études de médecine clinique faites avec l’aide de la méthode graphique (1870, in-8") ; Jenner et la vaccine (1870, in-8").

LORAIRE s. m. (lo-rè-re-lat. lorarius ; de lorum, courroie). Antiq. rom. Esclave chargé de châtier ses compagnons à coups de fouet,

LORANTHACÉ, ée adj. (lo-ran-ta-sérad. loranthé). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte au loranthé.

— s. f. pi. Famille de plantes dicotylédones, ayant pour type le genre loranthé.

— Encycl. Les loranthacées sont des arbrisseaux, la plupart parasites, k tige rameuse, à rameaux dichotomes, articulés, portant des feuilles opposées, simples, entières ou dentées, coriaces, persistantes. Les fleurs, solitaires ou réunies en grappes, en panicuîes ou en épis axillaires ou terminaux, sont hermaphrodites ou dioïques. Elles présentent un calice k tube adhérent, à limbe entier ou à peine denté, accompagné de deux bractées, ou d’un second calice cupuliforme, qui l’enveloppe quelquefois entièrement ; une corolle de quatre k huit pétales, quelquefois soudés ; des étamines opposées aux pétales et en nombre égul, quelquefois sessiles ; un ovaire infère, ordinairement à une seule loge uniovulée, couronné par un disque épigyne et annulaire, surmonté d’un style long et grêle terminé par un stigmate simple ; quelquefois le style manque complètement. Le fruit est généralement une baie charnue, à pulpe épaisse et visqueuse, k laquelle adhère la graine, qui renferme un, deux ou trois embryons cylindriques, entourés d’un albumen charnu.

Les loranthacées présentent encore des particularités remarquables dans leur organisation. Dans l’intérieur de la tige et des rameaux, les vaisseaux sont remplacés par de longues cellules ou fibres striées. Presque tous ces végétaux sont parasites ; quelques-uns cependant s’enracinent dans le sol. Leurs graines visqueuses ont la propriété de germer dans toutes les directions, là ou elles s’attachent.

Cette famille, qui a des affinités avec les caprifoliacées, comprend les genres loranthé, gui, arcenthobie, mtsodendron, antidaphné, tupeia, ginaitoa. La plupart des loranthacées croissent dans les régions tropicales ; toutefois, quelques-unes pénètrent assez avant dans le nord.

LORANTHE s. m. (lo-ran-te — du gr. lôron, lanière ; anthos, fleur). Bot. Genre d’arbrisseaux, type de la famille des loranthacées : Le lorakthe d’Europe croit sur les châtaigniers et sur les chênes. (P. Duchartre.)

— Encycl. Les loranthes sont des arbrisseaux rameux et dichotomes, à feuilles opposées ou alternes, épaisses ou coriaces. Les fleurs, solitaires ou diversement groupées, hermaphrodites ou unisexuées, sont ordinairement rouges, quelquefois orangées, jaunes ou vertes. Ces arbrisseaux présentent trois modes de végétation ; tantôt ils s’implantent sur les tiges et les branches d’autres végétaux et y vivent en parasites, à la manière du gui ; tantôt ils s accrochent simplement aux écorces, comme fait le lierre ; tantôt enfin ils végètent directement dans le sol. Ce genre comprend près de trois cents espèces, qui habitent surtout les régions tropicales. Le loranthé d’Europe est le seul qui croisse dans nos climats ; il vit en parasite sur les chênes, les châtaigniers, les pommiers, etc. Les loranthes possèdent des propriétés analogues k celles du gui ; mais ils ne sont d’aucun usage.

LORANTHÉ, ÉE adj. (lo-ran-té). Syn. de

LORANTHACÉ. "•

LORANTHIDÉ, ÉE adj. (lo-ran-ti-dé — de loranthé, et di gr. eidos, aspect). Syn. de lo-

RANTHACÉ.

LORAIX (Claude-François Fillette), auteur dramatique, né à Paris en 1753, mort en • 1821. Employé d’abord dans l’administration des droits réunis, Loraux devint ensuite agent pour la perception des droits d’auteur près des théâtres, enfin secrétaire général de la commission des travaux publics. On lui doit un opéra-comique en trois actes et en vers, Lodoïska, musique de Cherubini (1793, in-8°), | et un opéra en trois actes, Selica, qui n’a point été joué.

LORAUX (Michel Fillette), littérateur, neveu du précédent, né à Paris en 1779, mort en décembre 1849. Il était inspecteur de la librairie et comptable à l’Odéon. Nous citerons de lui : le Dîner de famille, banquet offert à Louis Picard, représenté à l’Odéon (Paris, 181C, in-S°) ; Jean Second, traduction libre en vers ; Une heure d’absence, comédie en prose (Pons, 1812, in-8°) ; la Rivale d’ellemême, comédie en tiois actes et en vers (Paris, 1816, in-8<>). — Son frère, François Fillette Loraiix, né à Paris en 1780, est l’auteur de deux opéras en un acte : la Fausse apparence (1802) ; la Romance (1804), musique de Berton.

LORAX s. m. (lo-raks — du gr. làron, lanière). Arachn. Genre d’arachnides, de l’ordre des acariens.

LOIICA, l’ancienne Eliocrosa ou Ilords, ville d’Espagne, province et k 64 kilom. S.-O. de Murcie, au pied de la sierra del Cano,

LORD

sur les bords du Guadalantin, qui la divise en deux parties ; 48,240 hab. Résidence de l’évêque de Carthagène, collège royal. Fabrication de salpêtre, savon, fil, papier, draps, huile ; poteries, teintureries. Commerce très-considérable de laine. La ville, dominée par

un château fort, est divisée en deux parties par la rivière Guadalantin. Lavieille ville, qui entoure le château, a, comme toutes les cités arabes, des rues tortueuses et des maisons à peine éclairées. La villa moderne, qui s’étend vers la plaine, est d’un aspect riant. À la place Mayor aboutissent cinq rues principales généralement bien bâties. Le plus beau monument de Lorca est la collégiale, dont le portail frappe par l’élégance de son architecture. À l’intérieur, une des chapelles conserve les reliques de san Patricio, patron de la ville.

Au débouché d’une des vallées qui régnent au-dessus de Lorca, existait une puissante digne qui avait 120 mètres de hauteur et s’étendait d’une montagne h l’autre. En 1S02, une partie de cette magnifique construction céda devant la pression des eaux, et l’inondation renversa une portion de lu ville basse, qui est encore en ruine. Les désastres causés par les eaux dans la campagne furent évalués à plus de 24 millions de rêaux.

LORCEPÉ s. f. (lor-se-fé). Argot. Détention, prison : C’est une honnête fille qui peut attraper cinq ans de lorcefé sans s’en douta : (Balz.)

LORCII, ville du royaume de Wurtemberg, dans le cercle de l’Iaxt, à 35 kilom. S.-O. d’EIwangem, sur le Reins ; 2,000 hab. On y voit les ruines d’un ancien couvent de bénédictins, fondé en 1102, et dont l’église renferme les tombeaux de plusieurs membres de la famille de Hohenstauffen. Il Bourgde Prusse., province de Hesso, dans le ci-devant duché de Nassau, au confluent de la Wisper et du Rhin, à 3 kilom. N. — O. de Rudesheiin ; 1,960 hab.

LORCII ou LOR1CH (Melchior), peintre et graveur danois, né en 1527, mort en 1586. On suppose qu’il fit ses premières études à Lubeck. Aussitôt qu’il eut acquis les connaissances nécessaires pour voler de ses propres ailes, il se mit à parcourir l’Europe, visita successivement l’Allemagne, l’Italie, et enfin passa en Turquie, où il fit une grande l’ortune. Les tableaux de Lorch sont excessivement rares, et c’est à ses gravures principalement qu’il a dû sa célébrité. Les principales pièces de son œuvre sont : Luther, Albert Durer, le Sultan Soliman, la Sibylle de Tibur, le Déluge, Collection d habillements turcs, Figures dessinées à pied et à cheval.

LORD s. m. (lor. — Ce mpt anglais vient, selon le docteur Bosworth, de l’anglo-saxon hldf-ord, composé de hlûf, un pain, et ord, ordes, origine, cause, autour, pour signifier l’origine, la cause, l’auteur du pain, celui qui entretient la vie. Toutefois, jusqu’à ce qu’on montre en anglo-saxon d’autres composés où ord, origine, prenne le sens d’auteur ou de donneur, Max Millier trouve plus naturel de faire dériver hiûf-ord de hldf-weard, proprement gardien du pain. Historiquement, cette idée que le don du pain est un des attributs de la souveraineté se retrouve dans les panes palatini ou gradiles, les pains qui étaient quotidiennement distribués sur les marches du palais impérial par Coiistantin lo Grand, et même, avant lui, par l’empereur Aurélien. C’est à Dieu, le souverain du monde, que dans l’oraison dominicale les chrétiens demandent le pain quotidien. Les Allemands disent de même brotherr, donneur de pain, pour maitre, .seigneur). Seigneur, litre d’honneur dont on fait précéder, en Angleterre, les noms des hommes nobles d’origine ou anoblis ; Lord Palmerston. Lord Derby. Lord Russell. il On donne le même titre à certains dignitaires : Le lord cliuncelier.

— Membre de la haute Chambre : La Chambre des lords. Les lords ont la faculté de voter par procuration. (Ledru-Rollin.) En Angleterre, ta cour des lords est la suprême judicature du pays. (Ledru-Rollin.)

Lord maire, Premier magistrat et juge des cités de Londres et de Dublin.

Lord de l’amirauté, Haut fonctionnaire de la marine anglaise, qui fait partie de l’amirauté : Il y a ordinairement sept lords de l’amirauté. <

— Encycl. Lord maire. Ce titre est affecté à Londres et à Dublin au chef du corps municipal, dont l’élection a lieu tous les ans, savoir : en ce qui concerne Dublin, par les habitants, et en ce qui concerne Londres, par les seuls habitants des vingt-six wards ou quartiers de la Cité. Tout candidat à la charge de lord maire de Londres doit appartenir, eh qualité de membre libre, à l’une des douze corporations principales de la Cité, avoir rempli les fonctions de shérif et compter parmi les vingt-neuf aldermen en charge. L élection a lieu à Guildhall, nom donné k l’hôtel de ville de Londres, dans la grande salle, qui a 51 mètres de longueur sur 16m ;33 de largeur, et 18™, 66 d’élévation, et qui peut contenir de six à sept mille personnes. Le jour de la Saint-Michel, les corporations s’y rassemblent sous la présidence des shérifs : tous les aldermen qui ont passa par le shérifat sont successivement proposés à la candidature par ordre d’ancienneté ; les deux

LORD

677

noms qui réunissent le plus grand nombre de voix sont signalés dons un rapport à l’a cour des aldermen ; celle-ci décide du choix a faire. Sa décision est soumise k l’agrément du chef de l’État, mais ce n’est qu’une pure formalité ou-k peu près, Le lord maire sortant peut être réélu. Le 8 novembre, le nouveau lord maire prononce à Guildhall, en présence des citoyens, le serment de bonne et fidèle administration, et le lendemain, les barons de l’Echiquier l’installent a. Westminster. Le lord maire est dit très-honorable lord, et son autorité est égale k celle d’un lord lieutenant de comté. A titre de gouverneur civil de Londres, il est le premier juge de toutes les cours et commissions do la Cité, président de l’élection des aldermen, conservateur de la Tamise. Il réside à Mnnsion-House, au bout du pont do Londres,

et reçoit un traitement de 8,000 liv. sterl. : Comme insignes de sa charge, il porte constamment au cou une double chaîne d’or.ou un riche collier de pierreries ; dans les circonstances solennelles, il est vêtu d’une robe de velours cramoisi ; son costume ordinaire est, en hiver, une robe de drap éoarlato à capuchon de velours, et, en été, une robe do soie bleue doublée do fourrure. Dans les processions où sa présence est officiellement requise, on porte devant lui l’épéo et la masse d’armes, soit en or, soit en argent ; s’il est à pied, un page soutient la queue de sa robe ; s’il-va en voiture, c’est dans un carrosse splendide k quatro chevaux. Dans l’intérieur de la Cité, il a droit de préséance sur tous, le souverain excepté. Jadis la personne du lord maire était sacrée et inviolable, et l’outrager était un crime puni de mort ; il avait, comme le roi, son poste lauréat et son bouffon. À toutes les époques, son élection s’est faite en grande pompe ; le jour où elle a lieu est celui où toutes les familles mangent l’oie traditionnelle, niets favori dont l’usage remonte au temps d’Elisabeth, et qui se sert sur toutes les tables de la Grande-Bratugne k la Saint-Michel, voici à quel propos. Le 29 septembre 1588, Elisabeth, se rendant au fort de Tilbuty, dîna au château de sir Nelvill Umfreville, dans le voisinage du fort. Au nombre des mets substantiels que l’on servit, il se trouva des oies bien grasses, dont la reine mangea avec grand appétit/ Elle demanda ensuite un verre de vin de Bourgogne, et but’k la destruction de l’invincible armada, qui menaçait en ce moment les côtes de l’Angleterre. À peine la reine posait-elle le verre sur fa table, qu’on vint fui annoncer qu’une tempête avait détruit cette flotté formidable. » Qu’on me donne, dit-elle, un autre verre de bourgogne pour in’uider a digérer et les bonnes oies et les bonnes nouvelles. «L’année suivante à pareil, jour, Elisabeth, se rappelant le régal qu’on lui avait donné au château de Nelvfll et l’agréable nouvelle qu’elle y avait reçue, ordonna qu’on lui servit des oies à son dîner. La cour crut devoir manger des oies le même jour, et le peuple mangea de l’oie k l’exemple des grands. Depuis, la coutume s’est fidèlement conservée. Aussi la Saint-Michel est-elle un jour bien employé à Londres, qui en profite pour plumer ses oies et nommer son premier magistrat, le tout avec la gravité qui distingue les enfants d’Albion.

Lord Ruibnen OU loi Vampires, roman do Ch. Nodier (1820, 2 vol. iu-8<>). Co roman, qui appartient au genre féroce, fait suite au Vampire du même auteur, publié peu de temps auparavant sous le nom do lord Byron. Le noble lord avait, en effet, raconté une histoire semblable, duns un salon de Genève, pour effrayer les daines, et Ch. Nodier, qui débutait, jugea bon d’abriter son couvre de jeune homme sous co nom glorieux. Le succès fut tel, que l’auteur crut pouvoir l’exploiter pour un nouvel ouvrage. Le même

héros fatal et un’autre personnage, Aubrey, mort il est vrai, dans l’ouvrage précédent, mais que le romancier ressuscita pour la circonstance, traversent encore ces deux volumes. Lord Ruthwen est un de ces hommes comme on en rêvait de 1820 à 1S30 ; sa présence donne le frisson, tous les malheurs accablent ceux qu’il approche. Mais jl est si séduisant, malgré sa froideur, si plein d’une tendresse hautaine et d’un dévouement en apparence complut, qu’on ne s’en méfie pas du tout : c’est un vampire, qui ne choie ses amis et ses maitresses que pour saisir l’occasion favorab]e de se repaître de leurs cadavres.

Voici quelle est la trame beaucoup trop fantastique de ce roman. Léonti, jeune gondolier de Venise, séparé depuis longtemps de Betlina, qu’il aime, la retrouve k son retour dans sa patrie, au milieu d’une fêle dont toute la joie est troublée par la présence d’un niys* térieux étranger. Une Tyrolienne, qui lit dans l’avenir, annonce k lajoune Vénitienne qu’elle sera la proie d’un vampire ; mais k peine a« t-elle prononcé ce mot, que la mystérieux étranger, qui n’est autre que lord Ruthvfen, lui impose silence. La jeune fille est ramenée chez son père, où son amant et lord Ruthwen l’accompagnent. Ce dernier parvient k séparer de nouveau les deux amants, s’empare de la jeune fille et disparaît après s’être repu de son sang. Enflammé du désir de se venger, Léonti se met & la poursuite du vampire, et rencontre un compagnon d’infortune dans Aubrey, également a la poursuite du meur-