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Ferdinand, frère du grand Frédéric. Doué d’une bravoure à toute épreuve, il se distingua dans les campagnes de 1792 à 1795 contre les Français. En 1806, il fut un des plus chauds partisans de la guerre contre Napoléon. Ayant reçu le commandement de l’avant-garde du prince de Hohenlohe, forte de 8,000 hommes, il attaqua nos troupes près de Saalfeld, sans attendre le gros du corps prussien, et paya de sa vie cette témérité. Dans le compte rendu de ce combat imprimé au Moniteur, l’empereur Napoléon rendit hommage aux qualités militaires de son ennemi.


LOUIS (Mathurin), jurisconsulte français, mort dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Il fut avocat au siège présidial du Mans, puis bailli de La Guerche, et il a laissé un livre, Remarques et notes sommaires sur la coutume du Maine (Le Mans, 1657, in-fol.), qui a fait longtemps autorité.


LOUIS (Antoine), célèbre chirurgien français, né à Metz en 1723, mort à Paris en 1792. Il suivit la carrière médicale, malgré la résistance des jésuites qui l’avaient élevé et voulaient accaparer cette belle intelligence au profit de leur ordre. Son père, chirurgien en chef de l’hôpital militaire de Metz, fut son premier maître dans l’art de guérir. Dès l’âge de vingt et un ans, Antoine-Louis était employé dans les armées en qualité de chirurgien-major de régiment. La Peyronie, ayant entendu parler de lui, le fit venir à Paris, et lui proposa une place avantageuse de gagnant maîtrise à la Salpêtrière. Précisément une de ces places devint vacante. Un concours s’ouvrit ; Louis, aimant mieux devoir son avenir à son mérite qu’aux protections, se mit sur les rangs et fut nommé. À peine entré dans cet hôpital, il attira sur lui l’attention de la Société de chirurgie en remportant plusieurs des divers prix qu’elle avait proposés. Aussi la docte assemblée l’appela-t-elle vite dans son sein. Dès ce jour il prit une part très-active à toutes les discussions, entre autres à celles que suscita entre les médecins et les chirurgiens de Paris la fameuse déclaration de 1743 sur l’enseignement de la chirurgie. Bien qu’installé depuis cinq ans à la Salpêtrière, il voulut passer en 1749 sa thèse latine pour la maîtrise, conformément aux nouveaux règlements. Appelé l’année suivante à la chaire de physiologie au collège de chirurgie de Paris, il y professa pendant plus de quarante ans. En 1757, il entra à la Charité comme chirurgien adjoint ; mais il eut dans ces fonctions de tels déboires, qu’il résolut de rentrer dans la médecine militaire. Il demanda en conséquence et obtint un brevet de chirurgien-major consultant à l’armée du Rhin. Atteint d’une maladie grave à Cassel, il alla rétablir sa santé à Montpellier, puis, à son retour à Paris, il fut nommé prévôt du collège de chirurgie, et en 1763, après la conclusion de la paix, il se consacra tout entier à ses travaux scientifiques et littéraires. Élu en 1764, après Morand, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de chirurgie, il publia à cette époque ses plus beaux mémoires ; mais ces œuvres ayant été à plusieurs reprises l’objet de critiques violentes, il en conçut un tel dégoût que, pendant dix-huit ans, c’est-à-dire jusqu’à sa mort, il refusa de faire paraître la suite tant attendue de ces mémoires. Louis était doué d’une grande perspicacité, d’un excellent jugement et d’une vaste et solide érudition. Tous se3 écrits sont remarquables par l’élégance du style et la solidité du fond. Ses éloges historiques sont restés comme des modèles du genre. Outre des articles et des mémoires insérés dans le Recueil de l’Académie de chirurgie, dans le Journal de médecine, dans le Dictionnaire de chirurgie, on lui doit de nombreux écrits, dont les principaux sont : Cours de chirurgie pratique sur les plaies par armes à feu (Paris, 1746) ; Observations sur l’électricité (Paris, 1747) ; Essai sur la nature de l’âme (Paris, 1747) ; Réfutation d’un mémoire sur la subordination des chirurgiens aux médecins (1748) ; Observation et remarque sur les effets du virus cancéreux (Paris, 1749) ; Lettre sur la méthode de tailler les femmes (Paris, 1749) ; Lettre sur la certitude des signes de la mort (Paris, 1752) ; Lettres sur les maladies vénériennes (1754) ; Parallèle des différentes méthodes de traiter les maladies vénériennes (1755) ; Mémoire sur une question anatomique relative à la jurisprudence, dans lequel on établit les principes pour distinguer, à l’inspection d’un corps trouvé pendu, les signes du suicide d’avec ceux de l’assassinat (1763) ; Mémoire contre la légitimité des naissances prétendues tardives (1764) ; Discours sar les loupes (1765) ; Recueil d’observations d’anatomie et de chirurgie (1768) ; les Aphorismes de Boerhaave commentés par Van Swieten, traduits par Louis (1768, 8 vol. in-12) ; Dictionnaire de chirurgie (1772, 2 vol. in-12) ; Précis sur l’histoire, les effets et l’usage de la saignée (Amsterdam, 1778) ; Consultation relative à un parricide (1786) ; Œuvres diverses de chirurgie (1788, 2 vol. in-12), etc.


LOUIS (Victor), architecte, né à Paris en 1735, mort dans la même ville vers 1812. Il obtint hors rang le 1er grand prix d’architecture, et se rendit à Rome, ou il passa cinq années. De retour à Paris, Louis fut chargé de construire la Galerie du Palais-Royal et la Salle du Théâtre-Français, où il employa pour la première fois le système des assemblages de charpente en fer. Le jeune architecte dirigea ensuite la construction de l’église Saint-Éloi à Dunkerque, de l’église Saint-Pierre à Besançon, et éleva divers édifices à Nancy et à Lunéville. Le talent dont il avait fait preuve lui valut d’être désigné pour doter Bordeaux d’un grand théâtre, qui est resté son chef-d’œuvre (v. Bordeaux). Outre ce magnifique édifice, Louis construisit dans la même ville les quatre grands hôtels situés aux angles du pâté de maisons qui s’étend entre le quai et le théâtre, et présenta divers projets d’embellissements, dont quelques-uns furent exécutés. Devenu riche, Louis s’adonna à la spéculation, fit des achats de terrains, prit avec des associés des engagements qu’il ne put tenir, et se vit complètement ruiné à la suite de longs et de nombreux procès. Accablé de chagrin, le malheureux et grand architecte disparut, tomba dans l’obscurité et mourut, dit-on, à l’hôpital. En 1846, le hasard fit découvrir dans un grenier une magnifique collection de dessins et de plans dus à Louis. Cette collection, achetée par la ville de Bordeaux et déposée dans ses archives, offre des projets d’églises, d’académies, d’hôpitaux, de halles, de ponts, de phares, de places, et attestent la féconde et puissante imagination de l’artiste. M. Gauthier L’Hardy a publié 13 grandes planches relatives au grand théâtre de Bordeaux.


LOUIS (le baron Joseph-Dominique), homme d’État français, né à Toul en 1755, mort en 1837. Il était prêtre et en même temps conseiller-clerc au parlement de Paris lorsque la Révolution éclata. À la fédération du 14 juillet 1790, il assista Talleyrand en qualité de diacre, fut chargé par Louis XVI de diverses missions diplomatiques dans le Nord, et émigra en Angleterre après l’arrestation de ce monarque à Varennes (juin 1791). Une étude attentive du régime financier de la Grande-Bretagne le mit à même, lorsqu’il revint en France après le 18 brumaire, de montrer de remarquables talents en matière de finances. Attaché d’abord au ministère de la guerre en qualité de liquidateur des créances arriérées, il apura en peu de temps les comptes de ce grand service, puis fut chargé d’un travail analogue à la Légion d’honneur, et devint alors maître des requêtes. La rapidité avec laquelle il liquida les dettes de la Hollande et de la Westphalie lui valut le titre de conseiller d’État (1811), celui de baron, puis la direction du contentieux au ministère des finances. Lors des événements de 1814, Louis XVIII lui conserva le portefeuille des finances, mis entre ses mains par le gouvernement provisoire. Le baron Louis occupa encore ce ministère après la deuxième Restauration, en 1815, puis de décembre 1818 à novembre 1819, époque où il se retira pour ne pas prendre part à la réaction dont l’assassinat du duc de Berry fut la suite. Lorsqu’il était arrivé au pouvoir, non-seulement le Trésor était vide, mais encore les finances étaient dans le plus piteux état. Persuadé, comme il le disait un jour à Napoléon Ier que, loin de se ruiner en payant leurs dettes, les gouvernements fondent au contraire leur crédit, il voulut que la Restauration acceptât et reconnût les dettes antérieures à 1814, et professa un respect inviolable pour les droits des créanciers de l’État. Il paya ces créanciers en bons du Trésor, dont les porteurs furent bientôt autorisés à convertir leurs titres en inscriptions de rente, fit rétablir les droits réunis sous le nom de contributions indirectes, établit en 1815 une contribution extraordinaire de 100 millions, sorte d’emprunt forcé sur les riches, simplifia les affaires, déconcerta la routine et se montra aussi ferme et intelligent que loyal. Remplacé aux finances par Corvetto à la fin de 1815, il reprit son portefeuille en 1818. Ce fut alors qu’il établit dans les départements, sous le nom de petits grands-livres, des livres auxiliaires de la dette publique, et qu’il s’attacha particulièrement à simplifier la comptabilité. Le baron Louis se montra toujours franchement constitutionnel. Aussi fut-il, à partir de 1815, constamment envoyé à la Chambre par les libéraux. En 1830 il fit partie des 221 et signa la protestation contre les ordonnances. Après la révolution de Juillet, il prit le portefeuille des finances, qu’il conserva jusqu’au 20 novembre 1830. En 1831, Louis-Philippe lui confia de nouveau le ministère des finances, qu’il quitta le 11 octobre 1832, et il reçut alors un siège à la Chambre des pairs. C’était un homme d’une grande droiture d’esprit, un administrateur inflexible, un financier de talent. D’un caractère plein de rudesse, il s’était fait de nombreux ennemis par son langage acerbe et souvent violent. Interpellé un jour par Napoléon, il lui répondit avec brusquerie : « Un État qui veut avoir du crédit doit tout payer, même ses sottises. » C’est également le baron Louis qui prononça en 1830, en conseil des ministres, ces paroles mémorables : « Faites-moi de la bonne politique et je vous ferai de bonnes finances. »


LOUIS (Pierre-Charles-Alexandre), médecin français, né à Aï (Marne) en 1787, mort à Paris en 1872. Il fut reçu docteur en 1813, fit un voyage en Russie et se fit attacher à l’hôpital de la Charité. Toutefois ce n’est guère que vers 1825 qu’il commença à faire connaître son nom, et à figurer au nombre des disciples les plus éclairés de l’école anatomo-pathologique. À cette époque, en effet, le docteur Louis publia son beau travail intitulé : Recherches anatomiques et pathologiques sur plusieurs maladies aiguës et chroniques (1825, in-8o). Il fit paraître après cet ouvrage, qui lui valut d’être nommé membre de l’Académie de médecine en 1826, ses Recherches anatomiques, pathologiques et thérapeutiques sur la fièvre typhoïde, sur la phthisie pulmonaire (1828, 2 vol. in-8o), qui le placèrent au premier rang parmi nos cliniciens les plus distingués. En 1831, il concourut sans succès pour la chaire de clinique dévolue à M. Bouillaud ; puis il devint médecin de la Pitié, de l’Hôtel-Dieu, médecin en chef des épidémies de la Seine, et prit sa retraite en 1854.

Le docteur Louis prit une part très-active aux discussions de l’Académie de médecine, et publia successivement des ouvrages qui dénotent un esprit éminemment judicieux, scrupuleusement observateur, et dans lesquels on remarque une grande perspicacité, sans parti pris ni scepticisme. Voici les titres de ces ouvrages : Examen de l’Examen de Broussais, relativement à la phthisie et à la fièvre typhoïde (1834, in-8o), ouvrage dans lequel M. Louis s’attacha à démontrer par des faits irrécusables que la doctrine physiologique s’était fait la plus complète illusion quand elle avait considéré ces deux maladies comme des phlegmasies pures et simples, auxquelles le traitement antiphlogistique devait être appliqué de toute nécessité ; Recherches sur les effets de la saignée dans quelques maladies inflammatoires, et sur l’action de l’émétique et des vésicatoires dans la pneumonie (1835, in-8o) ; Mémoire sur l’emphysème vésiculaire du poumon ; Recherches sur la fièvre jaune de Gibraltar, qu’il avait eu mission d’aller étudier sur les lieux mêmes avec Trousseau ; Mémoire relatif à l’examen des malades et à la recherche des faits généraux, etc.


LOUIS DE BOURGES, seigneur d’Ars, plus connu sous le nom de Louis d’Ars, célèbre capitaine français, né dans le Berry dans la seconde moitié du XVe siècle, mort dans la première moitié du XVIe. Il fut d’abord lieutenant de Louis de Luxembourg, et se signala à la bataille de Fornoue, à la prise d’Alexandrie (1499), à la journée de Novare, où il se couvrit de gloire en luttant contre Ludovic Sforce. Après avoir concouru à la conquête du royaume de Naples, il assista au siège de Canosa (1502), se rendit maître de Biseilles, fut grièvement blessé à la bataille de Cérignoles, que gagna Gonzalve de Cordoue (1503), et s’empara peu de temps après d’Adria, ainsi que de différentes autres villes. Devenu commandant d’un corps d’armée presque isolé en Italie, Louis d’Ars n’en résolut pas moins de se maintenir dans la Pouille, et s’établit à Venouse. Il ne tarda pas à y être assiégé par 14,000 Espagnols, qui trouvèrent une telle résistance que le siège fut levé. « Sans secours, avec peu de gens et sans argent, dit le chroniqueur Jean d’Authon, Louis d’Ars fit ce qu’une grosse armée ne put pas, et demeura le premier et le dernier en Pouille. » Toutefois, la position n’étant plus tenable, le vaillant capitaine gagna la marche d’Ancône avec les compagnies qui lui restaient, arriva à Rome, où il reçut du pape l’accueil le plus flatteur, et reprit la route de France par Bologne et Parme. Arrivé à Felizzano, il fut assailli par un corps d’ennemis qui voulait lui barrer le passage et qu’il tailla en pièces. Louis XII, en récompense de ses brillants services, plaça Louis d’Ars dans sa garde. En 1510, d’Ars revint encore en Italie, emmenant avec lui Bayard comme son lieutenant, et il assista l’année suivante à la bataille de Ravenne. On ignore ce que devint depuis lors le vaillant capitaine.


LOUIS DE BYZANCE, oratorien. V. Byzance.


LOUIS D’ESPAGNE, amiral de France. V. La Cerda.


LOUIS DE GRENADE, prédicateur et dominicain espagnol célèbre, né à Grenade en 1505, mort en 1588. Entré à l’âge de dix-neuf ans chez les dominicains, il excita l’admiration de ses contemporains par son talent oratoire, et refusa obstinément, pendant tout le cours de sa longue existence, toute espèce de dignité ecclésiastique, malgré les sollicitations pressantes des souverains d’Espagne et de Portugal. Parmi ses nombreux ouvrages, on cite : le Guide des pécheurs (Salamanque, 1570, in-8o), traduit en français (1658, in-8o) ; Compendio de la dottrina christiana (Lisbonne, 1564), traduit en français (Paris, 1605, in-8o) ; Mémorial de la vida christiana (Salamanque, 1566, 2 vol. in-8o), traduit en français en 1575 ; l’Arbre de vie ou Traité de l’amour divin (Paris, 1575, in-16) ; Conciones de tempore (Lisbonne, 1575, 4 vol. in-4o), traduit en français (1585) ; Conciones de sançtis (Anvers, 1580, 2 vol. in-8o) ; Introduccion al simbolo de la Fe (Salamanque, 1582, in-fol.).


LOUIS DE NEUS, alchimiste allemand, né en Silésie vers 1440, mort à Marbourg en 1483. Il vint expérimenter à la cour de Marbourg, devant de nombreux spectateurs, une certaine teinture philosophique qui transformait promptement le mercure en or. Jean Dornberg, principal ministre de Henri III, landgrave de Marbourg, ayant assisté aux expériences de Louis de Neus, exigea que cet adepte lui révélât son secret. Sur le refus de ce dernier, il le fit jeter en prison, lui promettant de le rendre à la liberté le jour où il ferait connaître la préparation de la pierre philosophale. N’ayant rien pu obtenir de son prisonnier, ni par les menaces, ni par la violence, il le laissa mourir de faim dans son cachot.


Louis (ordres de Saint-). Deux ordres militaires ont porté le nom de saint Louis, en France et dans la principauté de Lucques ; l’ordre français a été de beaucoup le plus important.


Louis (ORDRE ROYAL ET MILITAIRE DE SAINT-) [France]. Cet ordre fut institué au mois d’avril 1693 par Louis XIV, pour récompenser les services militaires ; il ne pouvait être accordé qu’aux officiers catholiques. Le roi Louis XV le confirma en 1719. Les statuts portaient que, pour y être admis, il fallait avoir au moins vingt-huit ans de service militaire comme officier ou s’être distingué par quelque action d’éclat, faire le serment de vivre et de mourir dans la religion catholique, apostolique et romaine, d’être fidèle au roi, de lui obéir, de défendre l’honneur de Sa Majesté, ses droits et ceux de sa couronne envers et contre tous ; de ne jamais quitter son service ni passer, sans sa permission, à celui d’un prince étranger ; de révéler tout ce qu’on pourra connaître contre la personne du roi et contre l’État ; d’observer exactement les statuts et les ordonnances de l’ordre et de s’y comporter en bon, sage et loyal chevalier. L’ordre fut mis bientôt en possession de revenus considérables, sur lesquels le roi assignait des pensions à ceux des membres de l’ordre qu’il jugeait les plus dignes de cette faveur.

Par l’édit d’institution, le roi s’en déclara le grand maître, et voulut que la grande maîtrise fût toujours unie à la couronne ; les dauphins ou héritiers présomptifs, les maréchaux de France, l’amiral et le général des galères portaient de droit la croix de Saint-Louis. On ne comptait dans l’origine que 8 grands-croix et 24 commandeurs. Louis XVI, en 1779, porta le nombre des grands-croix à 40, et celui des commandeurs à 80 ; le nombre des chevaliers était indéterminé. Trois officiers étaient chargés des détails de l’administration : le trésorier, le greffier et l’huissier. La croix de l’ordre était d’or, à huit pointes, cantonnée de fleurs de lis ; on y voyait d’un côté saint Louis, cuirassé et revêtu du manteau royal, tenant de la main droite une couronne de laurier, et de la gauche une couronne d’épines et les clous de la passion, avec cette devise : Ludovicus magnus instituit 1693 ; de l’autre côté, une épée flamboyante passée dans une couronne de laurier, liée de l’écharpe blanche, avec cette légende : Bellicae virtutis praemium. Le ruban était rouge couleur de feu ; les grands-croix, dits aussi cordons rouges, portaient la croix en écharpe, attachée à un ruban large de quatre doigts ; leur justaucorps et leur manteau étaient décorés d’une croix en broderie d’or ; les commandeurs portaient la croix en écharpe, attachée à un ruban moins large, et n’avaient pas la croix brodée ; la croix des chevaliers était attachée sur la poitrine par un petit ruban. Les grands-croix étaient choisis parmi les commandeurs, et les commandeurs parmi les chevaliers.

Quand le nouveau chevalier avait prêté serment, le roi lui donnait l’accolade et la croix. Les provisions des chevaliers, les lettres qui nommaient les commandeurs et les grands-croix devaient être présentées à l’assemblée de l’ordre, qui se tenait chaque année le jour de la fête de saint Louis.

À la fin du règne de Louis XIV, l’ordre de Saint-Louis jouissait de 300,000 livres de rente, réparties : par pensions de 6,000 livres à chacun des 8 grands-croix ; par pensions de 4,000 livres ou de 3,000 livres aux commandeurs ; par pensions de 2,000 livres à 24 chevaliers ; de 1,500 livres à 24 chevaliers ; de 1,000 livres à 48 chevaliers, et de 800 livres à 32 autres chevaliers. Les affaires de l’ordre étaient dirigées par 2 grands-croix, 4 commandeurs et 6 chevaliers, élus pour un an, à l’assemblée générale. L’édit de 1779, qui, sous Louis XVI, augmenta le nombre des dignitaires de l’ordre, ordonnait que des 40 dignités de grands-croix 30 fussent affectées aux officiers de terre et 4 aux officiers de la maison du roi ; les 6 autres étaient réservées aux officiers de marine. Des 80 dignités de commandeur, 57 étaient destinées aux officiers de terre, 8 aux officiers de la maison du roi, et les 15 autres aux officiers de marine. À cette époque, l’ordre avait 450,000 livres de revenu, dont les fonds étaient assignés sur l’excédant du revenu de l’hôtel des Invalides. Les grands-croix avaient 4,000 livres de pension ; les commandeurs 3,000, et les chevaliers depuis 200 jusqu’à 800 livres, suivant leur rang d’ancienneté et la volonté du roi. Le plus ancien des chevaliers jouissait d’une pension de 1,000 livres.

L’idée première de la création de l’ordre de Saint-Louis appartient au maréchal de Luxembourg ; son avis fut fortement appuyé par Vauban, Catinat et d’Aguesseau. L’inauguration fut faite à Versailles, en grande pompe, le 8 mai 1693.

En dehors du temps de service exigé, on pouvait être admis dans l’ordre pour une action d’éclat ; mais les sous-officiers et les soldats en étaient exclus. Sous le règne de