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Louvois plus haut que lui ne voyait que son maître ; Dans te sein des grandeurs, des biens et des plaisirs, Un trait fatal et prompt borne enfin ses dfeirs, Et ne lui laisse pas le temps de se connaître. Hélas ! aux grands emplois à quoi sert de courir ? Pour veillersur soi-même heureux qui s’en délivre !

Qui n’a pas le temps de bien vivre Trouve malaisément le temps de bien mourir.

Ces vers firent grand bruit lors de leur apparition, et, quelque anodins qu’ils paraissent aujourd’hui, ils causèrent, assure La Fare, une émotion très-grande. C est que peu de personnes pouvaient à cette époque juger Louvois. Noua allons essayer de le faire en peu de mots. Cet administrateur habile a ruiné et déshonoré la France. Sans doute, on a beaucoup admiré cette organisation qu’il a donnée a l’armée et qui s est conservée jusqu’à l’Empire. Mais n’eût-il pas mieux, valu organiser le royaume, qui mourait de misère au milieu de toutes les victoires et de toutes les splendeurs de Louis XIV ? Louvois, digne ministre du plus orgueilleux des monarques, est le destructeur du commerce français, le destructeur même de la France. « 11 a refait l’armée, disent les partisans du ministre, il a fondé les Invalides I » Les soldats ont leurs Invalides, cela suffit à ces graves historiens qui ne s’intéressent qu’aux choses officielles et pour- qui les prétendues splendeurs de l’État sont un voile magnifique étendu devant la misère des peuples. Pour eux, Louvois n’est pas l’impitoyable ministre que nous avons vu. Cet homme qui a fait incendier le Falalihat, il a voulu que les vieux soldats pussent se reposer de leur gloire. Il a fondé les Invalides, mais l’immense peuple se traînait sans pain sur la terré ravagée ; mais les protestants étaient massacrés, torturés, martyrisés par les soldats de Louvois, de Louvois qui dispute à la Maintenon l’exécration et le inépris public. Terminons cettébiographie par le jugement que M. Cornelis de "Witt a.portê sur cet homme d’État : ■« 11 y a dans Louvois, dit fort bien M. Rous « set, deux personnages distincts, un admi-.

« nistrateur et un politique. Le procès peut être fait au politique ; l’administrateur est > hors de cause. ■ En effet, dans cette ancienne France qui compte parmi ses administrateurs militaires Sully et Richelieu, Louvois a été sans pareil dans la science qui doit fournir aux généraux leurs instruments et leurs ressources, qui des points les plus divergents doit concentrer sous leurs mains les moyens d’agir sans trahir le secret des opérations, qui, à leur entrée en campagne, doit leur livrer l’adversaire déjà dérouté par des mouvements trompeurs de troupes et de convois. Grâce k l’activité de Louvois, à sa fermeté, à son exactitude, à son esprit d’invention et de réforme, les compagnies étaient toujours au complet, les armes et les chevaux en bon état, les soldats bien nourris et bien chaussés, les magasins nombreux et à portée des besoins, les places exactement ravitaillées, l’armée toujours prête, l’ennemi toujours sur le qui-vive et toujours surpris... Ce qu’on peut inventer de plus inexact sur Louvois, c’est d’en faire un subalterne. Il n’avait assurément pas l’étoife d’un premier ministre : il n’avait la variété d’esprit et d’aptitude ni de Sully, ni de Richelieu, ni de Mazarin ; mais ce n’était pas un commis ; c’était une spécialité, une spécialité originale, éminente, despotique, même dans ses rapports avec son maître, et, à ce titre, souvent insupportable à Louis XIV autant que nécessaire... Dans’les curieux fragments de correspondance entre Louvois et Louis XIV qui

nous sont rapportés, on sent à chaque instant que l’esprit du ministre a barre sur l’esprit du roi ; mais, malgré le ton bref que se permit parfois le jeune secrétaire d État, malgré la confiance un peu impertinente qu’il affecte dans son jugement, on retrouve en lui, à l’occasion, le fils du cauteleux et intrigant Le Tellier, »

Louvois et sou aduiluistration politique et militaire jusqu à la paix do Niméguc, par

M. Camille Rousset (1861-1863, 4 vol. in-8"). M. Rousset a compulsé, pour cet ouvrage considérables, qui lui a valu à trois reprises le premier prix Gobert, 900 volumes manuscrits du dépôt de la guerre, c’est-à-dire toute la partie qui concerne l’administration de Louvois. Il a pu, par ses longues recherches, retrouver, si l’on peut ainsi parier, tout un Louvois qui avait échappé aux historiens. Son vaste travail n !est pas seulement la biographie de ce ministre, c’est encore l’histoire militaire de la France pendant les seize plus brillantes années du règne personnel de Louis XIV, racontée d’après la correspondance inédite du ministre avec Condé, Turenne, Luxembourg, Créqui, Schomberg, Vauban, les généraux et le, s diplomates du temps. Voir et entendre ces personnages si originaux et si divers, les voir, non point avec les déformations ou les grossissements presque monstrueux que leur fait parfois subir la puissante lentille de Saint-Simon, mais directement, a l’œil nu, tel est le plaisir que l’on goûte constamment dans l’Histoire de Louvois, et ce plaisir que M. Rousset donne à ses lecteurs, on sent qu’il l’a très - vivement éprouvé lui-même en préparant et en écrivant son livre. Il aime son sujet et il y est à l’aise. Son récit est vif, clair, facile, ému. L’odeur de la poudre et le bruit du canon l’animent comnvj un mousquetaire ; les réfortouv

mes lui tiennent à cœur comme à Louvois. M. Rousset parle des moindres détails de l’armement et de la manœuvre avec l’animation d’un Bitterlin ou du capitaine Mallet. Il sait exactement comment l’on manie la pique et pourquoi l’on peut hésiter à remplacer le mousquet par le fusil. Il annonce avec joie l’apparition de la baïonnette, qui doit émanciper le fantassin de la gênante tutelle où le tientile cavalier. M. Rousset juge les généraux en homme qui a longtemps vécu dans la familiarité du secrétaire de la guerre, et ne ménage pas les défaillances des chefs les plus illustres, tels quéCondé ; mais il manifeste une satisfaction réelle lorsqu’il peut justement réhabiliter les maltraités de la fortune et de l’opinion. Il se réjouit de l’avancement du sergent La Fleur, fait officier pour une action d’éclat ; il se félicite de voir, la richesse conquise parle travail devenir, à l’égal de la naissance, un titre au commandement des régiments ; il signale avec orgueil le rôle croissant de la bourgeoisie dans les armées. M. Rousset proteste contre les brutalités et les excès commis par le ministre de Louis XIV ; mais il n’a pas, sur ce point, toute l’énergie que nous voudrions trouver en lui. L’histoire doit toujours flétrir les bourreaux. Malgré cela, le livre de M. Rousset se recommande par trois mérites également rares : il est nouveau, authentique et vivant. En outre, et ce n’est pas une mince qualité, il est encore digne de l’approbation des lecteurs sérieux par la véracité et le choix de ses témoignages, dont, sans lui, plusieurs seraient demeurés inconnus. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, le ministre de Louis XIV fut administrateur habile ; mais M. Rousset n’a-t-il pas trop admiré cette organisation qu’il donna à 1 armée, et qui s’est perpétuée jusqu’à l’Empire ? Il eût mieux valu, nous le répétons, organiser le royaume, qui mourait de misère, au milieu de toutes les victoires et de toutes les splendeurs de Louis XIV. M. Rousset n’a pas lavé son héros d’un seul des crimes dont l’accuse justement l’histoire. Il a fait un livre très-bien’ informé, mais empreint souvent d’une trop grande indulgence pour un homme plus cruel encore qu’habile.

LOUVOIS (Camille Le Tellier, abbé de), quatrième fils du marquis de Louvois, né à Paris en 1675, mort en 1718. Dès l’âge de neuf ans, il était pourvu d’importants bénéfices ecclésiastiques, et, un peu plus tard, il cumulait les charges de bibliothécaire du roi et de grand maître de la librairie. Successivement grand vicaire de l’archevêque

de Reims, membre de l’Académie française, de l’Académie des sciences et de celle des inscriptions, évêque de Clermont, il succomba aux suites de l’opération de la taille. L’abbé de Louvois avait fait un voyage en Italie d’où il avait rapporté un grand nombre de livres précieux dont il fit don à la bibliothèque du roi. Il avait déjà enrichi cette bibliothèque de plus de trente mille imprimés et d’une quantité de manuscrits importants.

LOUVOIS (Auguste-Michel Félicité Le Tellier de Souvré, marquis de), industriel français, né en 1783, mort en 1844. A l’âge de treize ans, il suivit sa mère qui émigrait en Suisse, puis, après un court séjour dans ce pays, revint en France et embrassa la carrière militaire. En 1809, il était nommé chambellan de l’empereur, et, en 1814, il se faisait remarquer par son enthousiasme pour les Bourbons. Le rôle politique du marquis de Louvois est fort secondaire ; mais l’industriel a droit à tous nos éloges. M. de Louvois enrichit l’arrondissement de Tonnerre en donnant une impulsion nouvelle à l’industrie du fer. Il a établi à Ancy-le-Franc des hauts fourneaux, une verrerie, un moulin modèle, des scieries mécaniques, qui ont amené la prospérité dans ce pays, et il s’est occupé avec succès de l’utilisation des cours d’eau pour la navigation et pour le travail des ateliers. On lui doit, en outre, des systèmes de barrages et d’écluses qui ont reçu l’approbation de juges compétents.

Louvois (place et fontaine). La place Louvois, qui s’étend aujourd’hui, rue de Richelieu, devant les bâtiments de la Bibliothèque nationale, doit son nom à l’hôtel construit jadis sur son emplacement, sur les plans de l’architecte Chamois, pour le célèbre ministre de la guerre de Louis XIV. Cet hôtel fut démoli en 1789, et, sur ses ruines, l’architecte Lunce éleva pour le compte de la célèbre Mme Montansier un théâtre où ne tarda pas (1793) à s’installer l’Opéra. Cette salle, qui pouvait contenir deux mille huit cents spectateurs, fut restaurée en 1819. Ciceri en avait peint la coupole d’après les dessins de Debret, Fermée après l’assassinat du duc de Berry par Louvel (13 février 1620), elle fut démolie, et on décida que sur son emplacement on élèverait un monument expiatoire et funéraire. Après la révolution de 1830, le terrain déblayé fut transformé en place, et, au centre, entre une double rangée d’arbres, Visconti éleva une fontaine élégante dont la forme rappelle celles de la place de la Concorde, et qui est un des monuments de Paris les plus gracieux et les mieux ordonnés du genre. Le sculpteur Klagmann plaça au-dessus d’une large vasque quatre statues qui rappellent an peu celles de Germain Pilon. Ce sont des femmes sveltes, parées de draperies habilement ajustées,

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qui soutienneni une vasque d’où s’échappent des filets d’eau. Elles sont en bronze, dont la couleur a été transformée en 1859 par le cuivrage galvanique. Afin d’empêcher toute infiltration, on a établi dans la vasque inférieure une légère charpente composée de nervures en fer et qui a reçu un lit de briques ■creuses, reliées entre elles et recouvertes avec du ciment romain. Des feuilles de plomb soigneusement soudées ont été plaquées sur le tout. Pour la vasque supérieure, il a suffi d’un lit de briques recouvert également de plomb. Quelques retouches, habilement faites a l’aide de bains galvaniques, ont été données ensuite au cuivrage du pourtour des deux vasques. En même temps que ces travaux de restauration de la fontaine Louvois avaient lieu, la place Louvois, qui l’environne, était transformée en un élégant square entouré d’une grille en fer forgé. L’inauguration de ce square a eu lieu le 15 août 1859. Louvois (théâtre). Situé au n° 8 de la rue de Louvois, à laquelle il emprunta son nom, ce théâtre fut construit en 1791 par l’architecte Brongniart, sur l’emplacement même de l’ancien hôtel du ministre de Louis XIV, entre les rues Sainte-Anne et de Richelieu, à Paris. La salle était supérieurement coupée, commode, simple dans sa forme et dans ses ornements, assez vaste et très-favorable au chant. De Lomel, son premier directeur, y fit jouer tour à tour la comédie, la tragédie et l’opéra, puis l’opéra seul (1792). En 1793, le théâtre Louvois prit le nom de théâtre des Amis de la Patrie. Trois ans plus tard, M’ieRaucourt en prit la direction ety fit entrer une partie de la troupe du Théâtre-Français. Après la journée du 18 fructidor, cette salle fut fermée ; mais, en 1798, Ribié, directeur du théâtre de l’Emulation, la rouvrit sous le nom de théâtre Louvois, et y fit représenter avec peu de succès de petits opéras, des vaudevilles, des pantomimes, etc. Peu après, les comédiens de l’Odéon, qui venait de brûler, vinrent s’y installer, mais pour peu de temps, et furent remplacés par la troupe du théâtre des Troubadours. L’an IX, les comédiens de l’Odéon obtinrent l’autorisation de rentrer au théâtre Louvois, sous la direction de Picard, et leur succès fut tel qu’en 1805 celui-ci obtint le patronage direct du gouvernement, avec l’autorisation d’appeler son théâtre : théâtre de l’Impératrice. En 1808, Picard transporta sa troupe à la nouvelle salle de l’Odéon, reconstruite sur les débris de l’ancienne. Le théâtre Louvois fut, un peu plus tard, utilisé pendant un certain temps. Après l’assassinat du duc de Berry, en 1820, on démolit la salle de l’Opéra, située alors rue Richelieu, pour établir sur son emplacement une chapelle expiatoire ; et tandis que l’architecte Debret construisait, rue Le Peletier, sur les terrains de l’hôtel de Choiseul, la salle provisoire qui dure depuis un demi-siècle, les représentations de. l’Opéra eurent lieu dans 1 ancienne salle Louvois. Aujourd’hui, la chapelle expiatoire a disparu, la place Rameau et sa jolie fontaine l’ont remplacée, et le théâtre Louvois est devenu Je magasin de décors de l’Opéra-Comique.

LOUVOYAGE s. m. (lou-voi-ia-jo — rad. louvoyer). Mar. Action de louvoyer.

LOUVOYER v. n. ou intr. (lou-voi-ié.-Quelques-uns rattachent ce mot à louve, et prétendent que louvoyer signifie proprement marcher à la manière des loups ; d’autres le rattachent à l’anglais lavecr, allemand laviren, danois lovere, suédois lofya et lofvera, même sens ; d’autres encore tirent louvoyer de louver, qui serait issu du substantif lof, partie du vaisseau qui est au vent, lequel lof est l’anglais luff ou loof, et Scheler adopte cette dernière opinion. L’explication la plus vraisemblable nous paraît être celle de Pictet, qui rattache louvoyer au celtique : armoricain levia, ramer à l’arrière avec une seule rame. L’armoricain levia se rattache à la racine sanscrite lu, fendre, d’où aussi le kymrique llyw, gouvernail, llywydd, ancien cornique teunit, timonier. Les bateliers disent de même couper pour signifier faire dévier l’esquif avec la rame de l’arrière. Je louvoie, tu louvoies, il louvoie, nous louvoyons, vous lou- 1 voyez, ils louvoient ; Je louvoyais, nous louvoyions, vous louvoyiez ; Je louvoyai, nous louvoyâmes ; Je louvoierai, nous louvoierons ; Je louvoierais, nous louvoierions ; Que je louvoie, que nous louvoyions, que vous louvoyiez, qu’ils louvoient ; Que je louvoyasse, que nous louvoyassions ; Louvoyant ; louvoyé). Mar. Courir des bordées en zigzag, pour s’approcher d’un point dont le vent tendrait à éloigner le navire : Les deux frégates louvoyèrent toute la nuit comme deux bâtiments amis qui naviguent de conserve. (E. Sue.) . — par anal. Suivre un chemin qui fait de nombreux détours, qui est tracé en zigzag : Dans tes villages de la Courlande, le trajet ■ devient très-pénible lorsque la chaussée manque, et qu’on se trouve réduit à louvoyer au travers de chemins vicinaux. (L. Viardot.)

— Fig. Prendre des détours pour atteindre un but, au lieu d’y marcher directement : L’orgueil s’avoue, la vanité lodvoie sans cesse. (Mme C. Bachi.) La vertu est toujours un peu trop tout d’une pièce ; elle ignore les nuances et les tempéraments à l’aide desquels on louvoie dans une fausse position. (Balz.)

Un parti qui louuot’e est un parti débile.

Pohsaed.

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— Ëncycl. Le navire qui louvoie se dirige de manière que la résultante des deux forces qui le sollicitent (résistance de l’eau et action du vent) le pousse dans un.sens opposé à celui que le vent tendrait à lui faire prendre. Pour louvoyer, on oriente les voiles le plus obliquement possible, par rapport à la quille ou au grand axe du vaisseau, sur les diftérentes bordées que l’on est obligé de prendre en louvoyant. Un bâtiment dont les voiles s’orientent au plus près, de manière à gouverner cinq quarts et demi du vent, suit, dans ses deux bordées, l’une tribord, l’autre bâbord, deux routes faisant entre elles un angle de 123° 45’, et l’on peut facilement juger par là, en tenant compte de la dérive, quel chemin il y a à parcourir pour parvenir au point voulu. Ce bâtiment est dit alors louvoyer onze quarts.

On louvoie à petits bords lorsqu’on vire souvent de bord, en courant toujours au plus près et ne faisant pas beaucoup de chemin sur chaque bordée.

LOUVRE s. m. (lou-vre. — Du bas latin Lupara, nom du palais appelé aujourdhui Louvre.) Habitation royale, et plus spécialement château d’un roi de France : Zelouvre de Fontainebleau, il La Fontaine l’a dit de l’antre du lion, roi des animaux :

Le prince à ses sujets étalait sa puissance ; En son louvre il les invita ;

Quel louvre ! un vrai charnier

La Fontaine.

— Habitation qui tient lieu de palais, pour les personnes qui y font leur séjour :

Mon louvre est sous le toit, sur ma tête il s’abaisse.

A. Cuénier.

— Hist. Honneurs du louvre, Privilège accordé à certains seigneurs, dans les résidences royales : Le droit «entrer en carrosse dans la cour du louvre était un des honneurs du

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Louvre, en latin Lupara, ancien palais des rois de France, situé à Paris sur la rive droite de la Seine et réuni, depuis le second Empire, au palais des Tuileries. Nous diviserons l’histoire générale du Louvre en cinq parties : îo des rois de la première race à François Ier ; 20 de François Ier à Louis XIV ; 30 de Louis XIV à la Révolution ; 40 de la Révolution de 1789 à la révolution de 1848 ; 5<> de 1848 à la réunion complète du Louvre aux Tuileries.

lo Le Louvre depuis l’origine jusqu’à François i«r. L’origine du château du Louvre est enveloppée d’obscurité. « Les uns, dit M. Vitet, attribuent à Childebert, les autres seulement à Louis le Gros, les premiers fondements de ce palais ; ceux-ci en font d’abord un rendez-vous de chasse, une louveterie, lupara ; ceux-là, dès l’origine, un château fort, un moven de commander la rivière en face de la cité. Ce qui parait probable, c’est qu’il existait là, avant Philippe-Auguste, un castel fortifié, que ce roi y fitde grands changements, le reconstruisit même en entier, mais n’en fut pas le fondateur. Les historiens du temps désignent sans cesse la grosse tour bâtie en 1204 par ce prince sous le nom de la tour Neuve, ce qui constate évidemment l’existence d’autre3 tours plus anciennement construites. C’est en 1204 que,

pour la première fois, le nom de Louvre est officiellement prononcé. Jusque-là, le champ est ouvert aux conjectures. »

Plus encore que la date de la fondation du Louvre, la recherche de l’étymologie de son’ nom a fatigué l’imagination des érudits. Il paraît certain que le terrain sur lequel fut élevé le château s’appelait le Louvre avant que Philippe-Auguste y fît construire sa tour. Une charte de l’an 1215, citée par Sauvai, porte que Henri, archevêque de Reims, fit construire une chapelle à Paris, dans un lieu appelé Louvre. D’où venait ce nom ? Du Haillan a imaginé que, i le château du Louvre étant un des plus beaux édifices de la France, Philippe - Auguste l’appela, en langage du temps, le Louvre, qui est comme qui diroit l’œuure quasi-chef-d œuvre. ■> On a dit aussi que Louvre vient de robur, chêne, rouvre, à cause de sa situation au milieu d’une forêt. L’opinion de Sauvai, quoique "offrant bien peu de vraisemblance, a été adoptée par Leoeuf et par Jaillot ; cet annaliste affirme qu’un vieux glossaire latin-saxon traduit le mot castellum, château fort, par le mot leouar, qui se serait transformé en Louvre. Indiquons encore l’opinion qui tire le mot Louvre de lupus, s’appuyant sur ce que, dans l’origine, le château royal aurait été un rendez-vous de chasse situé au milieu de bois fréquentés par les loups.

Philippe-Auguste, qui construisit une nouvelle enceinte de Paris, bâtit le Louvre avec l’intention d’en faire le principal ouvrage de fortification de la ville, en quelque sorte la citadelle. Le premier titre où il soit question du Louvre est un compte de l’an 1204, où il est parlé de diverses dépenses et de vin payé pour les bourgeois qui y avaient fait le service militaire. Vraisemblablement, Philippe-Auguste laissa le Louvre terminé et’

muni de tous ses moyens de défense.

Le château avait la forme d’un grand carré, dont l’étendue correspondait à peu près au quart de la cour du Louvre, dans son état actuel. Vers le milieu de la cour s’élevait la grosse tour qui servait de donjon au château et qui avait son système de défense