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LOYO

priétaire a été inventé par noire orgueil ; nous n’avons rien ici-lias qu’à titre de loyer. (H. Lennonnicr.) || Récompense ; salaire : Ce n’est pas sur la terre que la vertu peut compter recevoir son LOYER.

— Prov. Qui sert et ne sert pas son loyer perd. Celui qui est chargé d’un service et qui néglige son devoir perd son salaire ou sa récompense. I ! Qui bon maître a bon loyer a, Celui qui est au service d’un bon maître est sûr d’être justement rétribué par lui.

LOYEH (Godefroy), dominicain et V03’ageur français, né à Rennes en 1GG0, mort en 1715. Jl se rendit à Rome et de là aux Antilles, où il alla prêcher la foi aux Caraïbes et courut les plus grands dangers. De retour à Rome, il fut nommé préfet apostolique en Guinée, se rendit en 1701 à la Côte d’Or, mais n’obtint aucun résultat satisfaisant, s’embarqua pour ia France (1703), fit naufrage, aborda au Brésil après avoir couru mille dangers et gagna enfin la France en 170C. On lui doit, sous le titre daHetation du royaume d’Issigny, Côte d’Or, pays de Guinée, eu Afrique, etc. (Paris, 17M, in-12), un ouvrage fort intéressant, écrit avec simplicité et candeur.

LOYER (Pierre le), démonographe français. V. Le Loger.

Loj-ère (château de f.a), vieux manoir breton, situé à 7 kilom. N.-E. de Guer, comm. de Loutchel, cant. de Maure, arrond. de Redon (Ille-et-Vilaine). Le château de La Loyère, auquel ses restaurations récentes ont enlevé malheureusement une partie de son caractère féodal primitif, était jadis un manoir à tourelles, herse et pont-levis. Situé au milieu d’immenses étangs, il eut, dit-on, pour premiers hôtes deux seigneurs huguenots terribles pour leurs voisins, dont les femmes et les filles, enlevées de force et portées au château, ne reparaissaient plus jamais dans les villages. Le dernier membre de cette redoutable famille fut une vieille mégère, que les légendes bretonnes ont changée en une sorte de bête mythologique, la bête de la Loyère ou Piphardière, qui mange les petits enfants et surprend les dormeurs.au lit pour les aller noyer dans l’étang du château.

LOYKO (Félix), publiciste polonais, né vers 1750, mort vers 1800. Pendant les loisirs que lui laissaient ses fonctions de chambellan du roi de Pologne Stanislas-Auguste, il se livra à des travaux historiques. Citons les principaux : Collection des déclarations, notes et discours tenus à In diète de 1772 ; Essai historique pour démontrer la nullité des droits des puissances étrangères sur les possessions de la Pologne (Varsovie, 1773, 2 vol, in-8o)

LOYNES (François-Célestin de), chevalier de La Coudraye, savant français. V. La

COUDRAYB.

LOYOLA, village d’Espagne (Guipuzcoa), prov. et à 2 kilom. de Saint-Sébastien, sur la. rive droite de l’Urola. Patrie de saint Ignace de Loyola. Magnifique monastère dont nous allons parler ci-dessous.

Loyola, célèbre sanctuaire d’Espagne, dans la province de Guipuzcoa, aux environs d’Azpeitia, dans la délicieuse vallée de l’Urola. Ce magnifique édifice fut bâti, en 16S3, par ordre de la reine Marie-Anne d’Autriche autour du vieux manoir qui avait vu naître saint Ignace, le célèbre fondateur de l’ordre des jésuites. « Les montagnes qui entourent la vallée, dit le Manuel du voyageur’duns les provinces basques, les bois, les plantations, les maisons qui s’offrent aux regards de tous côtés, l’Urola avec ses rives bordées de verdure, et le Sanctuaire, œuvre imposante qui préside au paysage, tout cela forme un panorama non moins grandiose que pittoresque.» Le monument a la forme d’un parallélogramme. Un magnifique perron, orné de balustrades de pierre et de lions de marbre, conduit au portail construit en marbre précieux et surmonté d’un fronton triangulaire. L’église forme une vaste rotonde, au centre de laquelle huit colonnes supportent la coupole éclairée par huit fenêtres, et dont la lanterne atteint 56 mètres d’élévation. Le maître-autel est très-riche par le choix des marbres employés à sa construction. « Dans sa forme, dit M. Gennond de Lavigne, par la couleur sombre des marbres dont elle est entourée, cette église a un aspect triste, l’aspect d’un panthéon ; les piliers de la coupole l’assombrissent et" en diminuent la vaste apparence. L’aile gauche n’a pas été achevée. L’aile droite est occupée par le collège, dont l’escalier est une œuvre remarquable ; la bibliothèque a souffert plus d’une perte. »

Du manoir où naquit Ignace de Loyola il ne reste qu’une tour, qui a été enclavée dans l’édifice et que l’on conserve avec un soin religieux. Elle est construite en pierre brute et en brique. Le saint naquit dans une chambre du troisième étage de la tour. Cette chambre, transformée en chapelle, est chargée d’ornements, parmi lesquels on distingue : des bas-reliefs retraçant des faits de la vie de saint Ignace ; le calice avec lequel saint François de Borja célébra sa première messe et un doigt de saint Ignace.

« À la fin de juillet, ajoute M. Germond de Lavigne, a lieu, chaque année, un grand pèlerinage au sanctuaire de Loyola ; la foule y accourt de toutes parts, et surtout des trois provinces basques. Les danses, les feux d’artifice, les courses de taureaux font de ce pè LOYâ

lerinage la plus importante des fêtes de tout le pays.

LOYOLA, ville de la république de l’Equateur, à 130 kilom. N.-O. de Jean-de-Bracamoro, au pied des Andes. Fondée en 1542, elle est petite et peuplée de quelques familles espagnoles et d’hommes de couleur. La température en est très-chaude. Les environs recèlent plusieurs mines d’or.

LOYOLA (Ignace de), fondateur de la compagnie de Jésus. V. Ignace.

LOYOLISTE s. m. (lo-io-li-ste — rad. Loyola, patrie de saint Ignace, le fondateur des jésuites). Jésuite, disciple d’Ignace de Loyola,

LOYOLITIQUE adj. (lo-io-li-ti-ke — rad. Loyola, patrie du fondateur des jésuites). Jésuitique, propre aux jésuites : Hypocrisie

LOYOLITIQUE.

LOYS (Jean), pogte français, né à Douai vers 1555, mort en 1610. Il étudia le droit à l’université de Douai et fut reçu licencié en 1582 ; mais il semble avoir eu peu de goût pour les cinq codes, dominé qu’il était par son amour de la poésie. La muse fut pourtant assez ingrate, et Jean Loys reste un poëte fort médiocre. ■ Son style, écrit Duthilleul, un enthousiaste cependant de toutes les célébrités douaisiennes, son style se ressent beaucoup plus de la grossière naïveté des temps antérieurs qu’il ne participe aux formes correctes, élégantes et nombreuses que Malherbe avait commencé à introduire dans la versification française. C’est un élève du vieux Ronsard, dont il n’a su imiter que ce néologisme bizarre, dont le ridicule pédantesque a fait oublier en quelque sorte les qualités que ce poëte possédait réellement. »

Les poésies de Jean Loys sont éminemment religieuses ; on y trouve un Hymne au saint nom de Jésus, des épithalames, des sonnets, des éloges funèbres, etc. Elles ont été imprimées à Douai (1612-1613). — Jean Loys eut deux fils : Nicolas-Philippe Loys, qui embrassa l’état ecclésiastique et écrivit une Vie de Michel d’Esne, son bienfaiteur, et Jacques Loys, dont l’article suit.

LOYS (Jacques), poëte français, fils du précédent, né à Douai en 15S5, mort en 1G11. Comme son père, il étudia le droit et se fito recevoir docteur, tout eu se livrant à la poésie avec moins de talent encore, s’il est possible. Ses poésies sont également des chants religieux ou des pièces de circonstance. Plusieurs de ses compositions, quelque médiocres qu’elles nous paraissent aujourd’hui, obtinrent des succès académiques. Trois fois Jacques Loys fut couronné par les princes de la confrérie des clercs parisiens, établis sous le nom de la Vierge Marie ; aussi l’auteur se parait-il du titre de l’oCm inuré. Ses Œuvres poétiques, divisées en quatre livres, font généralement suite à celles de son père (Douai, 1G12, in-8o). En tête du second livre se trouve un traité de l’Artifice du chant royal, genre de composition difficile, assez en vogue alors, et dont l’auteur expose les règles compliquées.

LOYS DE BOCHAT (Charles - Guillaume), historien suisse. V. Bociiat.

LOYS DE CHÉSEAUX (Jean-Philippe), savant suisse. V. ChiLseaux.

I.ojso do MoniTon, cantate, paroles de MM. Emile Deschamps et Emilien Pacini, musique de M. Bazin ; représentée à l’Opéra le 7 octobre 1840. Cet intermède lyrique est l’œuvre de concours qui a valu à M. Bazin le grand prix de Rome. Il fut accueilli avec faveur par le public. On a remarqué la romance chantée par Gaston de Montfort : Heine des deux, prends sous ton aile l’épouse en deuil ; le trio sans accompagnement : C’est l’étoile dans la nuit, et le duo : Tant d’amour m’entraîne. Marié, Derivis et Mm« Stolz ont interprété avec talent cet épisode émouvant •du temps de la Ligue.

LOYSEAU (Charles), célèbre jurisconsulte français, né à Nogent-le-Roi en 15GG, mort en 1627. Avocat au parlement de Paris, il fut investi de plusieurs fonctions importantes, notamment d’une lieutenance particulière au présidial de Sens et du bailliage de Châteaudun. Loyseau excellait dans la connaissance du droit romain et du droit coutumier français, et il a laissé des ouvrages de jurisprudence très-estimés sur les Seigneuries, les Jirdres de la noblesse, la Garantie des rentes, "a Justice des villages, etc., qui ont été réunis et publiés sous le titre d’Œuvres de Charles Loyseau (Genève, 183G, 2 vol. in-fol.).

LOYSEAU (Jean-Simon), jurisconsulte. V. Loiseau.

LOYSEAU DE MAULÉON (Alexandre-Jérôme), célèbre avocat, né à Paris en 1728, mort dans cette ville en 1771. Il se fit recevoir avocat au parlement de Paris en 1751 et, comme il avait de la fortune, comme il était en outre plein de désintéressement, il s’attacha à choisir avec soin les causes qu’il devait plaider ou pour lesquelles il écrivit des mémoires. Bien qu’il eût une tendance a mettre surtout en relief les incidents romanesques qui plaisaient à son imagination et donnaient lieu à des mouvements pathétiques, Loyseau s’éleva souvent à la plus haute éloquence. Sa défense des Calas, notamment, lui fait le plus grand honneur. J.-J. Rousseau, qui l’avait connu lors de ses débuts au barreau, parle de lui dans ses Confessions de la façon la plus flatteuse. En 1768, Loyseau renonça à la profession d’avocat, pour devenir conseiller maître à la chambre des comptes de Lorraine. Il essaya, mais sans succès, d’obtenir un fauteuil à l’Académie française. Ses Plaidoyers et ses Mémoires les plus remarquables ont été réunis et publiés en 1762, 2 vol. in-4o, et 1780, 3 vol. in-8o. On a publié à part son Mémoire pour Pierre Donat et Louis Calas (1765, in-8o) et Défense apologétique du comte de Portes (1766, in-8o).

LOYSEL (Antoine), jurisconsulte^. Loisel. . LOYSON (Olivier), général français, né à Damvilliers en 17G5, mort à Liège en 1816. Il partit comme volontaire en 1792, devint général de brigade l’année suivante, seconda Bonaparte au 13 vendémiaire et présida le conseil de guerre créé à la suite de cette journée. Après avoir conquis le grade de général de division dans la campagne d’Helvétie (1799), il prit part à la guerre d’Allemagne, perdit le bras droit dans une bataille et fut nommé gouverneur du château de Saint-Cloud, puis des provinces de Munster et et d’Osnabrilck (1806-1808). Rappelé en activité, il commanda une division en Espagne et s’y distingua par son courage. Quand sonna l’heure de la chute de l’Empire, Loyson embrassa la cause des Bourbons et mit son épée au service de Louis XVIII. Sou attachement à la nouvelle dynastie ne fut pas de longue durée. Au retour de l’Ile d’Elbe, il se rallia à la cause impériale, et se retira en Belgique à la deuxième Restauration.

ÎOYSON (Charles), publiciste et poëte français, né à Chàteau-Gontier (Mayenne) en 1791. mort à Paris le 27 juin 1820. Après avoir fait avec distinction ses études au collège de Beaupréau, Charles Loyson vint très-jeune à Paris, pour perfectionner son instruction. Son dessein étant de se vouer à l’instruction publique, il fut admis comme élève à l’École normale. C’est là qu’il connut V. Cousin, et qu’il se lia avec lui d’une étroite amitié. Nommé répétiteur à cette école, puis professeur d’humanités dans un des lycées de Paris, Loyson, qui professait des opinions toutes monarchiques, entra au Journal des Débats et y débuta par des articles littéraires, il est vrai, mais dans lesquels perçait toujours l’esprit politique de ce journal qui, alors, en fait d’esprit royaliste et de fougue réactionnaire, ne le cédait qu’à la seule Quotidienne. Attaché pendant la première Restauration à la direction de la librairie, en qualité de chef du secrétariat, Loyson perdit sa place pendant les Cent-Jours. Il tomba malade et alla chercher dans son pays natal los soins et le repos dont il avait besoin. Au retour des Bourbons, il revint à Paris ; une haute protection le fit nommer immédiatement chef de bureau au ministère de la justice, et il devint en même temps maître de conférences à l’École normale. Dans un écrit qu’il fit paraître le 23 septembre 1815, Loyson protesta vivement contre le démembrement de la Fiance, dont on parlait alors comme d’un projet conçu par la politique des souverains alliés. La brochure est intitulée : De la conquête et du démembrement d’une grande nation ou Lettre écrite par un grand d’Espagne à Bonaparte, au moment où celui-ci venait de faire arrêter Chartes IV et Ferdinand VII dans les murs de lioyonne, où il les avait attirés sous prétexte de concilier leurs différends (23 sept. 1815). Sa santé, profondément altéréo par le travail, l’ayant forcé de nouveau de quitter Paris et d’uller passer plusieurs mois dans sa famille, il occupa les loisirs de sa convalescence à se perfectionner dans la langue anglaise et à préparer les travaux qu’il lit paraître par la suite. En même temps, il concourait pour le prix de poésie proposé par l’Académie française en 1817. Il n’obtint que Vaccessit, et l’Académie fut accusée de partialité par les amis zélés de Loyson. Il profita de 1 occasion pour faire paraître, à la fin de cette même année, un petit recueil de vers, en tête duquel il plaça son discours, sous ce titre : le Bonheur de l’étude, discours en vers, et autres poésies, par Charles Loison (Paris, 1817, in-12). Le roi Louis XVIII agréa la dédicace de ce volume. Presque en même temps Loyson publiait une traduction du Tableau de la constitution d’Angleterre, par Georgo Custance (Paris, 1817, in-8o), ouvrage utile où se trouve exposé, dans une analyse rapide et complète, tout l’organisme de la constitution anglaise, sur laquelle Louis XVIII avait modelé celle qu’il avait donnée à la France sous le nom de Charte constitutionnelle.

Charles Loyson prit une part active à la rédaction d’un journal qui s’établit au mois de juillet et parut, pendant une année environ, sous le titre d’Archiues philosophiques, politiques et littéraires (Paris, Fournier, 4 vol. in-8o).

En 1818, les travaux de Loyson se dirigèrent principalement vers la politique ; il devint l’un des champions les plus ardents du ministère, surtout dans le journal intitulé le Spectateur, et il écrivit une brochure d’une certaine étendue, avec ce titre : Guerre à qui la cherche (Paris, ISIS, in-s»), qui obtint, avec l’assistance du gouvernement, un certain succès. Il y attaquait sans vergogne les hommes les plus considérables de l’opposition. L’ouvrage eut trois éditions et l’auteur le fit suivre d’un appendice intitulé : Seconde campagne de guerre à qui la cherche (ISIS, in-s°).

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Vint ensuite la Lettre à M, Benjamin Con • stant (1819, in-s°). Cette polémique violento lui attira de vives inimitiés, et il paraît avoir senti le côté défectueux de son rôle. En elîet, dans les derniers temps de sa vie, dès 1S19 même, un véritable dégoût de la politique lo ramena presque entièrement aux lettres et à la poésie. Il reprit alors avec courage une traduction de Tibulle, celui des poëtes élégiaques de l’antiquité qu’il goûtait le plus (traduction qu’il a laissée inachevée), et conçut avec quelques amis le plan d’un journal littéraire dont il fut un des premiers fondateurs et des plus actifs coopérateurs, le Lycée français, où il a inséré d’assez bons vers et quelques morceaux de critique remarquables. De ce moment date encore lo volume intitulé : Épîtres et élégies par Charles Loyson (1819, in-s°). On voit dans ce recueil que déjà, il semblait préoccupé de sa fin prochaine. Plusieurs élégies : la Maladie de langueur, le Lit de mort, VAir natal, sont empreintes d’une mélancolie profonde ; déjà même il associait son nom à celui des jeunes poètes qu’une mort prématurée avait tués dans la fleur de leur talent. Ces tristes pressentiments se réalisèrent rapidement. JOde sur l’attentat du 13 février 1820 (in-8°) fut sa dernière œuvre.

V. Cousin, alors professeur de philosophie à la Faculté des lettres, prononça sur sa tomba un discours ému, témoignage de la vive sympathie dont il avait toujours entouré le poëte ravi à son amitié.

Sainte-Beuve a, dans ses Portraits contemporains, résumé très-justement la nature du talent littéraire do Loyson. « Comme poète, dit-il, Charles Loyson est un juste intermédiaire entre Millevoye et Lamartine, mais beaucoup plus rapproché de ce dernier par l’élévation et le spiritualisme habituel de ses sentiments. » ’

LOYSON (Charles), ci-devant en religion lo Père Hyacinthe, prédicateur français, né à Orléans eu 1827. Fils d’un professeur du collège de cette ville qui fut ensuite nommé recteur d’académie dans les Basses-Alpes, il était proche parent (neveu, dit-on) du poëte dont nous venons de1 tracer la biographie. Lo jeune Charles Loyson fit, en même temps que son frère, ses études au collège de Pau en qualité de boursier, entra en 1845 au séminaire de Saint-Sulpice et fut ordonné prêtre quatre ans plus tard. Successivement professeur au séminaire d’Avignon et de Nantes, puis vicaire à Saint-Sulpice, il finit par prendre la robe de dominicain, devint aumônier à la fameuse école de Sorèze et fut distingué par Lacordaire, qui le prit en amitié et qui disait parfois : « C’est Loyson qui me remplacera. »

On ne sait trop pourquoi il quitta Sorèze. Toujours est-il qu’il partit pour Rome, s’enferma environ deux ans à la Trappe, revint en France et, après un noviciat à Lyon, entra dans l’ordre des Carmes et prononça ses vœux. Ce fut alors qu’il adopta le nom do Pire llynciuiho (chez les dominicains il avait pu garder son nom).

Son existence, jusqu’alors absolument vida de circonstances notables, s’écoulait avec la monotonie cléricale. Mais bientôt il allait rapidement s’élever à la célébrité. Dans son professorat, dans quelques prédications do séminaire et dans diverses circonstances, il avait pu faire l’essai de ses talents oratoires, et il s’était fait remarquer de ses disciples et de ses confrères. Une retraite qu’il prêcha au lycée de Lyon en 1862 le mit tout a fait en lumière. U fut appelé à monter dans diverses chaires de province, prêcha l’avent de 1S63 à Bordeaux, le carême, l’année suivante, à Périgueux, et enfin vint à Paris, où il se fit entendre au cercle catholique de la rue Cassette, puis à la Madeleine, où ses sermons eurent un brillant succès devant un auditoire élégant et mondain. Nous employons à dessein ce mot succès, parce qu’il nous parait caractériser assez fidèlement le genre d’approbation qui accueillit les prédications du carme déchaussé. L’originalité un peu théâtrale de son éloquence, son lyrisme exubérant, les sujets souvent scabreux qu’il sa plaisait à traiter, tout, jusqu’à son costuma de moine, charmait le public frivole et aristocratique qui voyait en lui un successeur da Lacordaire et (s’il est permis d’employer cette expression de théâtre) une nouvelle étoile destinée à trancher sur la nébuleuse monotonie des orateurs sacrés contemporains.

Bien que, par ses tendances vaguement libérales et son mysticisme romanesque, le Père Hyacinthe causât quelque inquiétude aux ultramontains, comme il avait conquis presque subitement une notoriété qui paraissait devoir s’épanouir rapidement en renommée sérieuse, il fut choisi par l’archevêquede Paris pour la prédication de l’avent à Notre-Dame, mission qu’il remplit pendant cinq années consécutives.

On sait quel était assez ordinairement l’auditoire qui venait se grouper autour de cette chaire métropolitaine, quand elle était occupée par Lacordaire, Ravignan, le Père Félix, enfin par l’une de ces célébrités qui sont réservées pour les grandes prédications d’apparat. Cet auditoire se composait généralement do gens du monde, de personnages officiels, d’artistes, d’écrivains, de jeunes gens, etc. Cette foule un peu mêlée, en majorité fort mondaine, n’a jamais paru aux