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tés : Saint-Geniez ou l’Ile, Ferrières et Jonquières, réunies en 1581. Les maisons sont généralement bien bâties et les rues bien percées ; les canaux sont bordés de quuis. Les trois parties de la ville sont réunies par des ponts-levis et des ponts en pierre. Parmi les édirices, on remarque : l’hôtel de ville ; la tour de l’Horloge, construite en 1561 ; l’église paroissiale, ornée d’une belle façade ; I hôpital. Le petit port de Martigues est fréquenté par de petits bâtiments de mer, des tartanes de rivière, des allèges d’Arles. Cette ville, autrefois beaucoup plus considérable, comptait 20,000 hab. en 1688. Elle fut réunie au comté de Provence vers la fin du Xivo siècle, devint au siècle suivant un domaine de la maison de Luxembourg. Elle a donné son nom a un rameau de cette maison, rameau qui a pour auteur François de Luxembourg, cinquième fils de Thibaut de Luxembourg, seigneur de Fiennes. Ce François de Luxembourg reçut de Charles IV d’Anjou, roi de Sicile et comte du Maine, son cousin, la vicomte de Martigues. Il laissa François II de Luxembourg, vicomte de Martigues, d’où vinrent Charles da Luxembourg, vicomte de Martigues, comte de Beaufort, tué au siège d’Hesdin en 1553, sans laisser d’enfants, et Sébastien da Luxembourg, vicomte de Martigues après son frère, créé duc de Penthièvre en 1569. Ce Sébastien de Luxembourg ne laissa qu’une fille. Henri IV érigea la vicomte de Martigues en principauté, en faveur de Françoise de Lorraine, duchesse de Mercœur, d’Etampes et de Penthièvre. Cette princesse épousa César, duc de Vendôme, fils aîné de Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, légitimé en 1595. Le titre de prince a été porte dans ces derniers temps par les aînés de la famille de Galifet.

MARTIGUES (Sébastien de Luxembourg, vicomte de), vaillant capitaine français, surnommé le Chevalier «on» peur, mort à Saint-Jean-d’Angely en 1569. Il se signala par sa

rare intrépidité aux sièges de Metz (1552), de Thérouanne, d’Hesdin, de Guines (1558), passa en Écosse en 1560 avec Jacquesde Labrousse et un corps de troupes pour y soutenir la cause de Marie Stuart, prit part, à son retour, au siège de Houen (1562) et fut nommé colonel général d’infanterie. À la bataille de Dreux, le vicomte de Martigues décida de la victoire et força Coligny abattre en retraite. Nommé gouverneur de la Bretagne en 1565, il ne se borna pas a appliquer de la façon la plus rigoureuse les édits contre les protestants, il rendit de sa propre autorité une ordonnance par laquelle il leur défendait de tenir des écoles publiques, d6 faire aucun acte ostensible de leur religion, aucun baptême, aucun enterrement sous les peines les plus sévères. Ces mesures tyranniques mirent au comble l’irritation des calvinistes, qui reprirent les armes en 1567 et menacèrent d’attaquer Nantes. De Martigues dut quitter cette ville au commencement de l’année suivante pour accompagner le duc d’Anjou dans son expédition contrôle prince de Condé, expédition qui se termina par la trêve de Longjumeau (2 mai 1568). Il laissa alors le gouvernement de la Bretagne à son lieutenant général Bouille, fut chargé peu après d’empêcher Dandelot et les principaux chefs du parti ■ calviniste de rejoindre l’amiral de Coligny et le prince de Condé à La Rochelle, se conduisit de la manière la plus brillante dans deux rencontres avec les protestants et fit sa jonction à Saumur avec le duc de Montpensier, qui, par sa lenteur, rendit les succès de de Martigues infructueux et donna le temps aux calvinistes de passer la Loire. Lors de la bataille qui eut lieu à Pamproux, près de Poitiers, entre le prince de Condé et le duc d’Anjou, ce fut de Martigues qui, par un habile stratagème, sauva d’une perte certaine l’avantgarde de l’armée catholique. À la bataille de Moneoutour (1569), il rit des prodiges de valeur et fut tué d’un coup d’arquebuse au siège de Saint-Jean-d’Angely. En récompense de ses services, le roi avait érigé en 1569, quelques mois avant sa mort, le comté de Penthièvre, qu’il possédait par sa mère, en duchépairie.

MARTIMPREY (Édouard-Charles lus), général français, né en 1808. En sortant de l’École de Saint-Cyr, il passa dans l’état-major, fut envoyé en Afrique, où il fit de nombreuses campagnes, reçut le grade de colonel en 1848, après l’insurrection de juin qu’il avait aidé k réprimer, puis devint général de brigade (1852) et général de division en 1855. Chef d’étai-major de l’armée pendant la guerre de Crimée(1854-1855), chefd’état-malor général pendant la guerre d’Italie (1859), M. de Martimprey donna dans l’exercice de ces fonctions les preuves d’une remarquable capacité. Il devint ensuite commandant supérieur des force» de terre et de mer de l’Algérie, sous-gouverneur, puis gouverneur par intérim de notre grande possession a tricaine (1864) ; cette même année, ildirigeaen personne une campagne contre les Flittas révoltés, leur fit 4,000 prisonniers et les força à faire une complète soumission. Promu grandcroixde ta Légion d’honneur en 1863.il devint en 1864 membre du sénat et remplaça en 1867 le général Lawœstine comme gouverneur général des Invalides. Pendant la Commune, au mois d’avril 1871, il fut arrêté, et comme il était en ce moment malade, on le transporta à l’hospice Dubois, d’où il parvint quelque

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temps après à s’échapper. Au retour du gouvernement légal u Paris, il reprit son poste aux Invalides.

MARTIMPREY (Ange-Auguste de), général français, parent du précédent, né en 1809. II fut admis à l’École de Saint-Cyr et gagna presque tous ses grades en Afrique. Colonel au moment du coup d’État du 2 décembre 1851, il fut chargé de présider un conseil de guerre appelé k condamner les républicains de Clameey, qui s’étaient soulevés en apprenant l’odieux attentat commis par Louis Bonaparte contre la représentation nationale. En 1854, M. de Martimprey dévint général de brigade. Cinq ans plus tard, il prit part à la guerre d’Italie, pendant laquelle il se distingua et où il obtint le grade de général de division (1859). En 1862, il fut promu grand officier, et lorsque éclata en juillet 1870 la guerre avec la Prusse, il fut appelé a commander la 4* division du 6« corps, sous les ordres du maréchal Canrobert. Le général Martimprey assista aux combats livrés devant Metz, fut blessé et remplacé dans son commandement par le général Levassor-Sorval, et après la capitulation de Metz, il suivit l’armée prisonnière en Allemagne. M. de Martimprey a publié : Quelques idées sur la réorganisation de l’armée (1871, in-12).

MARTIN s. m. (mar-tain). Nom propre donne par plaisanterie à un homme armé d’un bâton ; on dit plus ordinairement Martin-bâton :

Oh ! oh 1 quelle caresse et quelle mélodie ! Dit le maître aussitôt ; holà ! Martin-bâton.

La Fontaine.

Un petit bout d’oreille, échappé par malheur, Découvrit la fourbe et l’erreur ; Martin Ht alors son office.

La Fontaine.

On cite, comme origine probable de l’expression Martin-bâton le titre d’un ouvrage bizarre, publié en 1618, et qui porte ; L’arbre de prooation planté devant la tente d’Abraltam, duquel on tire des houssines pour redresser les errans au droict sentier de la vérité contre les erreurs d’un certain Martin ; et au titre courant : le Martin à la touche.

Mal de Saint-Martin, Ivresse, ainsi dite k cause des nombreux excès de boisson qui se faisaient autrefois dans les foires de la Saint-Martin.

~ Eté de la Saint-Martin, Derniers beaux jours qui Se montrent parfois dans l’arrièrosaison, vers le il novembre, jour de ia Saint-Martin, il Fig. Retours de jeunesse qui se produisent parfois chez les vieillards : Je me sens rajeunir ; j’en suis à mon été de la SaintMartin.

Faire la Saint-Martin, Faire bonne chère.

C’est le prêtre Martin qui chante et qui répond, Se dit d’une personne qui fait la demande et la réponse, qui veut se mêler de tout.

— Prov. Il y a à la foire plus d’un, âne qui s’appelle Martin, Se dit à celui qui ne désigne une personne que par un nom également applicable k beaucoup d’autres, il Faute d’un point, Martin perdit son due, Une circonstance très-légère peut faire échouer une affaire importante. On a expliqué cette locution par l’histoire d’un abbé qui, ayant mal placé un point dans une inscription mise au fronton de son abbaye d’Asello (asetlus signifie petit âne), se vit priver de son bénérice par une décision du pape. D’autres disent Pour un poil, Martin perdit son due, et expliquent qu’un paysan nommé Martin ayant perdu son âne et n’ayant pu dire devant le magistrat de quel poil était la bête, en fut dépossédé par un arrêt du tribunal.

— Techn. Nom d’un outil de marbrier, consistant eu une plaque de fonte solidement fixée sur une plaque de pierre, et qui, manœuvrée au moyen d’une poignée, sert à promener le sable s>ur la pièce de marbre que l’on veut polir : Chaque atelier de mat brier possède des martins de plusieurs grandeurs.

— Ornith. Genre d’oiseaux, de l’ordre des passereaux, famille des dentirostres : Les MARTINS sont de véritables bienfaiteurs pour les contrées exposées aux ravages des saute' relies. (Gerbe.)

— Encycl. Ornith. Les martins présentent une assez grande ressemblance avec les merles, dont ils sont très-voisins ; ils s’en distin guent néanmoins par un bec plus comprimé, allongé, presque droit, à mandibule supérieure un peu échancrée à la pointe ; des narines basales, ovoïdes, en partie recouvertes par une membrane eraplumée ; un espace nu autour de l’œil ; les deuxième et troisième rémiges Les plus longues ; le doigt externe soudé au médian sur une petite partie de sa lon § ueur. D’un autre côté, ils se rapprochent eaucoup des étourneaux par leurs mœurs, leurs habitudes, leur manière de vivre ; comme ceux-ci, ils se rassemblent et volent en grandes troupes. En captivité, ils se conduisent de même ; dociles, familiers, amusants par leur gentillesse, ils ont une grande facilité pour retenir les airs qu’on veut leur apprendre, et n’ont pas même toujours besoin qu’on leur donne des leçons, car ils imitent souvent le chaut ou le cri des animaux qui restent quelque temps dans leur voisinage. C’est ce qui fait qu’on les élève comme oiseaux d’agré MART

ment dans quelques contrées de l’Inde. Ils ne craignent pas ia présence de l’homme, et, même k l’état de liberté, ils ne fuient pas k son approche. On les voit souvent se mêler parmi les troupeaux, qu’ils débarrassent des insectes parasites ou importuns, ce qui leur a fait donner par quelques auteurs le nom générique de pastor (berger).

Les martins sont, en effet de grands destructeurs d’insectes, et par lk ils rendent à l’agriculture des services incontestables. Au besoin, ils attaquent aussi les petits mammifères, tels que les mulots et les souris ; on dit même qu’ils mangent de petits oiseaux au nid, et qu’ils se rejettent parfois sur les fruits, les graines et les jeunes pousses des végétaux. Toutes les espèces de ce genre ha’bitent l’Afrique ou l’Inde ; mais l’une d’elles est de passage en Europe. On connaît peu les circonstances de leur reproduction ; on pense toutefois que ces oiseaux nichent dans des trous creusés en terre. Mais ce fait, énoncé par Levaillant, n’est pas général ; car certaines espèces nichent sur les arbres.

Le marlin triste ou commun, appelé aussi merle des Philippines, est à peu près de la taille de notre merle ; il atteint environ om.25 de longueur totale ; cet oiseau, type du genre, a le plumage d’un brun marron en dessus, grisâtre & la poitrine et à la gorge et blanc sous le ventre ; le bout des pennes latérales de la queue de cette dernière couleur ; le haut de la tête couvert de plumes noires, longues et étroites ; le bec et les pieds jaunes. La femelle ne diffère pas du mâle. Cet oiseau habite l’Inde, ’où il est très-abondant ; on le trouve aussi aux Philippines, et il a été introduit k l’Ile de la Réunion.

Le martin est d’un naturel très-gai, chante souvent, gesticule beaucoup et a plusieurs cris pour exprimer ses différentes passions ; pris jeune, il s’apprivoise facilement et peut apprendre à parler. • Les martins, dit M. Z. Gerbe, dispersés pendant la journée par petites bandes, se rassemblent le soir en si grand nombre, que l’arbre qu’ils choisissent pour y passer la nuit en paraît tout couvert. Lorsqu’ils sont ainsi réunis, ils commencent par babiller-tous k la fois d’une manière fort incommode ; ils ont cependant un ramage naturel qui n’est pas sans agrément. » On les voit quelquefois se battre avec acharnement ; ce n’est d abord qu’un combat singulier, qui finit par devenir de proche en proche une mêlée générale. « Ils ont, dit V. de Bomare, un endroit de prédilection dans chaque quartier, où ils se retirent tous le3 soirs dans des bambous touffus, à leur défaut dans des tamariniers : à mesure qu’ils arrivent k la couchée, ils se mettent k chanter, ce qu’ils Continuent tous ensemble jusqu’à la nuit fermée : ils recommencent même encore a diverses reprises, surtout lorsqu’il y a clair de lurte, et ils ne partent point du gîte le matin sans avoir dit une petite chanson. »

Le mâle et la femelle sont toujours appariés et ne s’écartent point l’un de l’autre ; ils font au moins deux pontes dans l’année ; le nid, grossièrement construit, composé de paille et de quelques plumes, est placé dans des creux d’arbre ou de rocher, ou dans les aisselles des feuilles des lataniers et d’autres grands végétaux ; ou bien encore sous les toits des maisons, et même dans les greniers ou les colombiers, quand ces oiseaux peuvent s’y introduire. La ponte est de quatre ou cinq œufs verdûtres. Les petits possèdent dès le premier âge les couleurs de l’adulte, et les parents ont pour eux rattachement le plus vif.

Les martins sont des ennemis et des destructeurs acharnés des insectes, et surtout des sauterelles ; aussi deviennent-ils de précieux auxiliaires pour les pays affligés de ce fléau. Les Tartares et les peuples voisins ont en grande estime ces oiseaux, qu’ils regardent presque comme sacrés. À l’époque où l’île de la. Réunion était ravagée par les sauterelles, on fit venir des Indes quelques couples de martins, en vue de les multiplier et de les opposer aux insectes. • Cette mesure, dit M. Gerbe, eut d’abord un commencement de succès ; mais lorsqu’on s’en promettait les plus grands avantages, les martins furent proscrits, parce que les colons, les ayant vus fouiller dans les terres nouvellement ensemencées, s’imaginèrent qu’ils en voulaient aux grains. L’espèce entière fut donc détruite, et avec elle la seule digue qu’on pouvait opposer aux sauterelles ; car celles-ci, ne trouvant plus d’ennemis acharnés k les dévorer, multiplièrent au point que les habitants de l’Ile eurent bientôt k se repentir de leur arrêt de proscription, et se virent forcés de rappeler les martins a leur secours. Deux autres couples furent donc rapportés et mis cette fois sous la protection des lois. Les médecins, de leur côté, leur donnèrent une sauvegarde encore plus sacrée, en décidant que leur chair était une nourriture malsaine. Depuis leur reapparition, ces oiseaux ont beaucoup multiplié dans l’Ile, et ont entièrement détruit les sauterelles. « Mais il en est résulté, suivant Guéneau de Monlbéliard, un nouvel inconvénient : car ce fonds de subsistance leur ayant manqué, et leur nombre augmentant toujours, ils ont été contraint ? de se jeter sur les fruits ; ils en sont venus même k déplanter les blés, les maïs, les fèves, et k pénétrer jusque dans les colombiers pour y tuer les jeunes pigeons et en faire leur proie, de sorte qu’après avoir délivré ces colonies des ravages des saute MART

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relies, ils sont devenus eux-mêmes un fléau plus redoutable.

Le martin roselin, vulgairement nommé merle rose, a la tête, le cou, les pennes des ailes et de la queue noirs k reflets verts et pourpres ; la poitrine, le ventre, le dos, le croupion et les petites tectrices alaires, roses ; les plumes de la tête étroites et allongées, formant une huppe. Ces couleurs sont bien moins vives chez la femelle. On ignore la véritable patrie de cette espèce. D’après Linné, elle habite la Laponie et la Suisse ; on l’a trouvée aussi en Bourgogne et en Languedoc ; mais elle n’est probablement que de passage dans ces contrées. On ne connaît oas bien non plus les mœurs de ce martin, qu on appelle quelquefois dans le Midi étourneav d Espagne. Il recherche les pays plats et humides, et niche, dit-on, dans les crevasses et les troncs d’arbre. Il yisite nos contrées en mai et juin, presque toujours par troupe : ^nombreuses. Il est très-avide de sauterelles, et, comme le précédent, rend sous ce rapport quelques services dans les pays chauds ; mais il mange aussi beaucoup de fruits, de cerises particulièrement. Il chante bien, s’apprivoise facilement et peut vivre dans le Nord.

Le martin brahme ou des pagodes a tout le dessus du corps gris et le dessous d’un jaune roussâtre, avec un trait blanc sur chaque plume ; les rémiges sont noires, ainsi que la huppe, qui a des reflets violacés. Cette espèce, qui est de la taille de l’etourneau, présente de nombreuses variétés. On la trouve au Malabar et k Coromandel, où elle porte le nom de povie ou powe. Les Européens l’ont appelée brahme, parce qu’on la voit toujours sur les tours des pagodes. On l’élève k cause da son chant agréable.

Le martin goulin ou chauve est généralement grisâtre ; mais son plumage et sa taille varient k l’infini. Il habite les Philippines, est très-familier et se nourrit surtout des graines du cotonnier. Le martin vieillard, généralement gris en dessus, brun roux en dessous, a les plumes delà tête et du cou longues, déliées, d’un gris cendré, marquées dans le milieu d’une ligne blanche, et iinitanUiinsi assez bien la chevelure d’un homme âgé, ce qui lui a valu son nom vulgaire ; il vit sur la cote du Malabar. Nous citerons encore le martin k longue queue, qui habite l’Inde ; le martin à oreilles blanches, de Java ; &martin tirouch, du Cap de Bonne-Espérance, etc.

MARTIN (SAINT-), île de l’archipel des Petites Antilles, à 232 kilom. N. de la Guadeloupe, par 180 <’ de latit. N. et 65° 23’ de longit. O. ; 22 kilom. sur 14. Les côtes offrent de nombreux mouillages, dont les meilleurs sont ceux de Philisbourg, à l’extrémité S., et de Marigot, sur la cote N.-O. L’île est couverte de montagnes peu élevées, qui se prolongent en général jusqu’à la mer et donnent naissance à une multitude de ruisseaux qui ne tarissent jamais. On trouve des étangs nombreux dont la plupart sont salins. Le sol est léger, pierreux et exposé k des sécheresses fréquentes. Le ciel est extrêmement pur, et le climat très-salubre. On y cultive principalement le chanvre, le coton et le tabac, qui est.d’une qualité supérieure. Il s’y distille du rhum aussi renommé que celui de la lamaïque ; les légumes et les fruits y sont rares, mais excellents. On y élève beaucoup de bêtes k cornes d’une belle race, de nombreux troupeaux de montons dont- la chair est exquise, des. chevaux de petite taille, mais vifs et bien faits, et une grande quantité de chèvres. La volaille, le gibier et le poisson y sont abondants. L’île appartient aux Français et aux Hollandais. La partie septentrionale, qui est la plus considérable, est la propriété des premiers ; les terres, imprégnées de salpêtre, sout beaucoup plus productives que celles qui appartiennent aux Hollandais. Le port de Marigot est le seul qui puisse recevoir des navires au-dessus de 100 tonneaux. La population est de 3,290 hab. ; cette partie de 1 Ile dépend du gouvernement de la Guadeloupe, qui y entretient un commandant, un sous-commissaire de marine, un commis principal pour l’administration et une vingtaine de soldats. La presque totalité da la population étant protestante et appartenant & la communion méthodiste, le gouvernement français a autorisé provisoirement un pasteur d’origine anglaise à exercer son ministère au Marigot. Il existe une école primaire, qui compte environ 60 élèves. La chef-lieu est Le Marigot. La partie hollandaise de l’île de Saint-Martin renferme des étangs salins dont le produit est considérable. La population est de 2,700 bab. Chef-lieu, Philisbourg, plus connu sous le nom de Grande-Baie. Presque tous les habitants dé Saint-Martin sont Anglais, et le reste, composé de Français et de Hollandais, est la portion la plus pauvre de la colonie ; les mœurs, les coutumes et le langage sont anglais dans l’une et l’autre partie. Les Espagnols ont été les premiers colons européens de cette Ile ; forcés de l’abandonner en 1650, ils en détruisirent le port, les habitations et tout ce qui pouvait favoriser l’établissement de nouveaux colons. Les Français et les Hollandais en réclamèrent simultanément la possession et finirent par se la partager. En 1744, les Anglais s’emparèrent de la partie française, mais la rendirent peu de temps après ; en 1800, ils en prirent possession, du consentement des habitants, et la restituèrent par le traité d’Amiens. En 1808,

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