Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 4, Mard-Memmonium.djvu/23

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Au chevet de la fille mourante de l’ouvrier, « elle est l’amie de l’âme qui s’envole » et la consolation du père désespéré. Lorsqu’il veut chercher dans l’ivresse l’oubli de sa souffrance, elle le domine par sa volonté et lui impose de subir la douleur avec un sérieux courage. Lorsqu’il maudit aveuglément les maîtres qu’on lui apprend à haïr, elle verse peu à peu dans cette âme une résignation jusqu’alors inconnue. Ainsi, le patron et l’ouvrier, enveloppés tous deux, pour ainsi dire, d’une atmosphère plus douce, se comprennent, se rapprochent et se réunissent.

Une compassion tendre et douce, une sympathie vive et passionnée pour ceux qui souffrent, un amour vraiment maternel de l’enfance malheureuse animent les pages de cette étude. Tous les détails en sont achevés : scènes d’intérieur, paysages, descriptions ; les moindres figures, comme les types accentués, sont en relief. Ce roman montre combien on peut intéresser, rien que par l’analyse des luttes morales et des combats intimes de la conscience.


Marguerite, opéra-comique en trois actes, paroles de Scribe et Planard, musique de M. Adrien Boieldieu, représenté à l’Opéra-Comique le 18 juin 1838. Le livret est trop chargé d’épisodes tragiques, qui sont tirés d’une légende allemande. Dans le premier acte, on a remarqué les couplets en trio : On dit au village qu’il est fort bien fait ; le duo : Au bonheur, au plaisir que votre cœur se livre ; le finale dramatique avec la ronde : Livrons-nous à la danse. Le second acte débute par un air de soprano plein de sentiment et qui a obtenu un succès mérité : Merci de tous vos soins ; c’est bien, me voilà prête ; l’air bouffe du bailli : Aiil vraiment, j’en perds la tète ; gui fnut-il donc que j’arrête ? et un finale très-dramatique ont été applaudis. On a entendu dans le troisième acte une jolie romance : Au serment gui nous lie, et une aubade chantée par le chœur dans la coulisse. Les rôles ont été crées par Jansenne, Henri, Couderc, Mlles Rossi et Berthault. L’opéra de Marguerite a eu assez de succès pour promettre au fils de Boieldieu, qui n’était alors âgé que de vingt-deux ans, une facile et glorieuse carrière. Après avoir fait représenter un petit nombre d’ouvrages, il paraît avoir renoncé ù travailler pour le théâtre et s’être contenté d’écrire pour les salons. Il y a dans cette résolution une défiance de soi-même ou peut-être un secret de piété filiale que la critique doit respecter.


MARGUERITELLE s. f. (mar-ghe-ri-tè-le

— diuun. de marguerite). Bot. Marguerite commune, pâquerette.

MARGUE1UTTES, bourg de France (Gard), ch.-l. de uant., arrond. et à 10 kilom. S.-E. de Nîmes, sur le Vislre ; pop. nggl, l,80S hab.

— pop. tôt., 1,889 hab. Fabrication d’eaude-vie, tapis. Aux environs, débris d’antiquités romaines, autels et pierres milliaires.

MARGUER1TTES (Jean-Antoine Teissier, baron du), littérateur et homme politique français, né à Nîmes en 1741, guil.otinè a Paris en 1794. Il était maire de Nîmes lorsqu’il fut nommé député de la noblesse aux états généraux en 1789. Il s’y montra hostile à toute réforme, signa les protestations de la droite à la fin de la session, fut arrêté en 1793 et condamné, l’année suivante, àla peine capitale. Il était membre de plusieurs académies et cultivait les lettres. On a de lui : la liévolution de Portugal, tragédie (1775, in-8o) ; Discours sur l’avènement du roi Louis 'XVI (1775) ; Instruction sur l’éducation des vers à soie, etc.

MARGUILLERIE s. f. (mar - ghi - lie - rî ; Il mil. — rad. murguillier). Charge de marguillier : Il brigue la marguillerie de sa paroisse.

Fossoyeurs qu’en termes plus beaux Bans l’église on nomme bedeaux, Fermiers de la marijuillerie, Dont les abus sont infinis, Gros portefaix de confrérie, GouffruB béants de pains bénits.

(Satire contre la marguilliert.)

— Archives d’une église.

MARGUILLIER s. m. (mar-ghi-llé ; Il mil.

— du lat. matricularius, garde-rôle ; rad. matriculef matricule). Membre de la fabrique ou administration d’une paroisse, d’une confrérie : Le banc des marguilliers. Lalsseï-iiioi lui couper le nez.

— Que feriez-vous, monsieur, du lies d’un marguil-

(lier ? Reonard.

— Encycl. Ce mot désignait primitivement le garde de la matricule ou du registre sur lequel était inscrit le nom de chaque personne qui recevait de l’église, soit des prébendes, soit des aumônes. Co marguillier était un des membres’du clergé régulier ou séculier. Il est aussi question, à l’époque des Mérovingiens, de clercs mutriculaires ou marguilliers qui recueillaient les enfants exposes aux portes des églises et demandaient publiquement au peuple si quelqu’un voulait s’en charger. On donnait encore le nom de maryuiftier il l’aide ou second du sacristain, comme chez les chanoines réguliers de Saint-Victor, ou l’office du marguillier était de sonner les cloches, d’allumer ou d’éteindre les cierges, d’ouvrir et de fermer les portes de l’église (Prolégomènes du cartulaire de

MARH

Saint-Père de Chartres, § 58). Dans la suite, le nom de marguillier s’est appliqué à des laïques, administrateurs des revenus de la fabrique. Aujourd’hui, le bureau de chaque fabrique se compose de trois marguilliers, choisis au scrutin par le conseil de fabrique, et du curé, qui en est membre de droit. Le bureau se renouvelle partiellement tous les ans. Les fonctions du bureau des marguilliers consistent principalement à dresser le budget de la fabrique, à préparer et exécuter les délibérations du conseil de fabrique et à s’occuper de l’administration journalière du temporel de la paroisse, ainsi que de la nomination ou révocation des membres du clergé inférieur, comme chantres, bedeaux, etc. Il y a encore quelquefois et il y avait surtout jadis des marguilliers d’honneur, choisis parmi les personnages les plus éminents de la-paroisse.

MARGUM, nom ancien de Passabovitz.

MARGUNIO ou MA11GUN1US (Maxime), théologien et littérateur grec, né à Candie vers 1523, mort dans la même ville en 1602. Son père, qui avait fondé une maison de commerce à Venise, l’y envoya de bonne heure pour faire son éducation. Margunio se rendit ensuite à Padoue, où il étudia la philosophie, la théologie, les belles-lettres, puis établit à Venise une imprimerie, d’où sortirent des éditions grecques estimées. Un incendie ayant détruit cet établissement, Margunio partit pour Candie dans l’espoir d’obtenir de sa famille l’argent nécessaire pour réparer ce désastre. Mais il échoua, embrassa la vie monastique, s’adonna de nouveau à. la théologie ; puis, fatigué de la monotonie de son existence, il partit pour Rome, portant avec lui des ouvrages destinés à réconcilier l’Eglise grecque avec l’Église latine. Pendant que ces ouvrages étaient soumis à l’examen d’une commission de cardinaux, Grégoire XII lui donna, avec une pension, le titre d’évèque de Cérigo. Sur ces entrefaites, Sixte V arriva au pontilicat, exigea une profession de foi d’orthodoxie de la part de Margunio, et-lui ordonna de comparaître devant le tribunal de l’inquisition. À cette sommation, le théologien grec prit la fuite, gagna Coustantinople, se rendit à Cérigo, puis à Candie, où Renseigna avec succès la littérature, et fit ensuite quelques voyages à Venise et à Padoue. Outre îles ouvrages de théoiogie, on a de lui des Hymnes anacréoutiques estimées (Augsbourg, 1592, iu-8u) et d’autres poésies grecques, dont quelques-unes ont été insérées dans le Corpus poetarum grœcorum (Genève, 1606).

MARGUS s. m. (mar-guss). Entom. Genre de coléoptères hétèromères, de la famille des taxicornes, comprenant diverses espèces réparties sur plusieurs points du giobe.

MAltGUS, rivière de l’ancienne Asie centrale, dans la Margiane ; elle sortait des monts Paropamisus et se jetait dans l’Oxus. Le Margiane paraît en avoir tiré son nom. i : Nom latin de la Morawa.

MARGYLITE s. f. (mar-ji-li-te). Chim. Nom donné à un minéral que l’on rencontre au sud de la rivière Rouge.

— Encycl. La margylite est un oxychiorure euivrique qui présente l’aspect de la ténorite. Il nous vient du sud de la rivière Rouge, dans le voisinage du mont Witehita. Sa dureté est 3 ; sa densité, 4,0 — 4,1. Il fond à la flamme d’une bougie, en prenant une couleur bleue ou verte. Chauffé sur le charbon, il émet des vapeurs de chlorure de cuivre, et Huit par laisser un résidu de cuivre pur. Lorsqu’il est en poudre, ce minéral est entièrement soluble dans l’ammoniaque. Il renferme 54,3 pour 100 de cuivre. 3G,2 de chlore et d’oxygène réunis, et 9,5 d eau.

MARGYRICARPE s. m. (mar-ji-ri-kar-pe). Bot. Genre do la famille des rosacées, établi pour des arbrisseaux de l’Amérique tropicale.

MAUHEINEKE (Philippe-Conrad), théologien allemand, né à Mildesheim en 1780, mort en 1846. Il fit ses études à Gœttingue, devint, en 1804, second prédicateur de l’université d’Erlangen, oui ! fut nommé, en 1S06, professeur extraordinaire de théologie. En 1809, il fut appelé à occuper la chaire de la même faculté à Heidelberg, et passa deux ans plus tard à Berlin, où, tout en professant à l’université, il remplit les fonctions de pasteur de l’église de la Trinité. Marheineke est, après Daub, le premier théologien allemand qui ait cherché a faire participer la théologie au mouvement philosophique moderne. Il a aussi exercé sur le développement de la même science une grande influence par le rare talent d’enseignement dont il était doué, et par ses nombreux écrits, où éclate une science profonde. Dans la première édition de Ses Principes de dogmatique chrétienne (Berlin, 1819), il adhère aux idées de Scheliing ; mais, de même que Daub, à se convertit plus tard au système de Hegel, et c’est dans le sens des opinions de ce philosophe qu’il remania la 2» édition de son livre (Berlin, 1827). Un a encore de lui : Symbolique chrétienne {1810-1814) ; Histoire de la, tteformat ion allemande (Berlin, 1816-1834), ouvrage que l’on croirait écrit par un contemporain de Luther, tellement il respire l’esprit du xvie siècle ; institutiones symbolica (1830, 3e édit.) ; Esquisse de la théologie pra-

MARI

tique (1837) ; Système de morale théologique (18471 ; Système de dogmatique chrétienne (1847) ; Histoire des dogmes chrétiens (1849). Ces trois derniers ouvrages ont été publiés après sa mort par Matthias et Vatke.

MARI s. m. (ma-ri — lat. maritus, mot que les étyinologistes tirent de mas. maris, mâle. Cependant Pictet attaque cette dérivation ; il croit que maritus appartient k cette classe des noms des époux qui ne désignent que l’homme et la femme en général, et il le prouve parle féminin marita. Il rattache le mot latin au sanscrit maria, martya, homme et mortel, martyâ, femme, de la racine mar, mourir. Il compare aussi le persan mard, arménien mari, homme, et, au féminin, avec un sens plus limité, le Cretois martis, jeune fille, et le lithuanien marti, bru, belle-fille). Homme uni h une femme par le mariage : Bon mari. Mauvais mari. C’est un excellent mari. Un mari n’a guère de rival qui ne soit de sa main. (La lîruy.) Il semble qu’aujourd’hui un mari se fasse une ridicule honte d’aimer sa femme, et que la tendresse conjugale soit une pratique bourgeoise. (St-Evrem.) Unmari porte un masque avec le monde, et une grimace avec sa femme. (Mariv.) Qu’une fois les femmes redeviennent mères, bientôt les hommes redeviendront pères et maris. (J.-J. Rouss.) Les femmes font des frais pour tout le monde, excepté pour leurs maris. (M»»6- Ch. Reybaud.) Le mari ne doit pas se familiariser avec sa femme, il doit familiariser sa femme avec lui. (Mmû A. Esquiros.) Si les amants font à la passion la part trop large et trop belle, les makis la lui mesurent avec une parcimonie sordide ; c’est bien là ce gui les perd tous. (J. Sandeau.) Un bon maki doit avoir pour sa femme la tendresse d’un amant, la franchise d’un ami, la vigilance d’un père, (Stobée.) Le métier de mari, tel qu’on l’exerce aujourd’hui, est celui du marchand d’esclaves, qui va présentant partout une belle femme jusqu’à ce qu’on la lui prenne. (Mnie E. de Gir.)

Oui, je suis son mari, et mari très-marri.

Molière. Le moindre bruit éveille un mari soupçonneux.

La Fontaine. ... Il n’est rien tel, madame, croyez-moi, Que d’avoir un «inri la nuit auprès de soi.

Molière. Jaloux et sots, et conduits par le nez. Ah ! les maris Beronttoujours bernés !

Voltaire. ... Ce que le soldat, de son devoir instruit, Montre d’obéissance au chef qui le conduit ; Le valet a son multre, un enfant il son père, À son supérieur le moindre petit frère, N’approche point encor de la docilité, Et de l’obéissance et de l’humilité, Et du profond respect où la femme doit être Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître.

  • Molière.

— Fam. Mari garçon, Homme qui, bien que marié, mena la vie de garçon : Eh bien ! puisqu’il en est ainsi, j’accepte avec grand plaisir votre invitation. Un diner de maris gascons 1 ce sera charmant. (Lavergne.)

Mari commode, Celui qui ferme les yeux sur la conduite de sa femme.

— Syn. Mari, époux. V. ÉPOUX.

— Anecdotes. V. mariage.

Mnri du la dameiise (le), roman par M. Ernest Feydeau. V. Début à l’Opéra (un).

Mari retrouvé’(lu), comédie en un acte, en prose, de Dancourt (Théâtre-Français, lfiS8). Une uventure arrivée l’année précédente, le procès du sieur de La Pivardière, qui reparut un mois après la condamnation de sa femme, convaincue, par les juges de Chàtillon-sur-Indre, de l’avoir fait assassiner, fournit à Dancourt le sujet de sa pièce. Sous le nom du meunier Julien, il peint La Pivardière ; le bailli de la pièce est le juge de Châti !lon-sur-Indre. Le mari abandonne sa maison et sa femme, pour aller vivre avec sa maîtresse dans la ville voisine ; la femme s’en console avec le garçon meunier. Mais alors le mari fait croire qu’il est mort et que sa femme l’a noyé ; le bailli la convainc du crime et la condamne à être pendue, si bien que, le mari prouvant qu’il est encore en vie, le juge n’en veut rien croire et prétend ne pas démordre de son premier avis. La sentence est régulière, donc la femme est coupable, et il n’est pas possible qu’elle n’ait pas tué son mari. Dancourt a peint avec vérité les disputes conjugales, toujours amusantes au théâtre, et le rôle du bailli est superbe. Cette petite pièce a du mouvement et des scènes agréables.

Mari ambitieux (le), comédie en cinq actes et en vers, de Picard (théâtre Louvois, octobre 1802). Le sujet est scabreux et pourrait être repris par A. Dumas ou par M. Sardou. Cléon, le mari ambitieux, a en vue une fort belle place qu’un protecteur haut placé, Dulis, semble lui promettre ; ce serait un •coup de fortune, mais Dulis est bien empressé autour de Maie Cléon. Faut-il fermer les yeux ? Le mari penche à s’y résoudre. Son beau-père, sa femme elle-même l’avertissent des assiduités intéressées de Dulis ; mais il ne veut rien voir, exige qu’on ait pour l’homme en place des prévenances, et se trouve ensuite conduit jusqu’à, accepter un travail qui doit l’occuper toute la nuit, peu MARI

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dant laquelle sa femme se trouvera à un bal auquel Dulis a eu soin de les faire inviter, Cléon commence alors à s’inquiéter de ce concours de circonstances qui l’ont forcé à rester au logis et a laisser à son beau-père le soin de surveiller la conduite d’un homme dont il ne peut se dissimuler les vues. Ses inquiétudes s’accroissent lorsque Montbrun, espèce de parasite qui lui a facilité l’accès auprès de Dulis, vient annoncer que le protecteur a longtemps parlé à son beau-père, mais qu’on n’a point vu sa femme. Mme Saint-Alban, solliciteuse par métier, arrive à sou tour. Elle sort du bal, n’y a point vu la jeune femme et s’amuse à faire des rapprochements entre la sortie mystérieuse de Dulis et le bruit qu’il avait disposé d’une grande place en faveur de Cléon. L’anxiété de ce dernier est au comble lorsqu’il voit revenir son beaupère seul. Il s’emporte alors ; mais on lui impose silence en faisant paraître son épouse en déshabillé, et en prouvant qu’elle n’a point quitté son appartement. Dulis lui-même vient abjurer son erreur : il annonce en même temps qu’il a disposé de la place sollicitée par Cléon en faveur de Dorval, dont les droits étaient plus réels ; mais il en offre une toute semblable à Bordeaux. Le mari ambitieux l’accepte, tout en la regardant comme un exil, et en regrettant peut-être que la vertu de sa femme lui ait fuit perdre 1 autre.

Le principal défaut de la pièce, c’est que le principal personnage manque de décision ; il est impossible de savoir s’il est jaloux de sa femme ou s’il accepterait aisément le déshonneur en échange do la fortune. En accentuant davantage ce oaractere, Picard aurait fait une œuvre plus sérieuse, mais il a craint de mettre en scène un rôle odieux, et il s’est rejeté sur des détails accessoires, avec sa verve comique ordinaire.

Maris en banne fortune (LES), comédie

eo. trois actes, en prose, d’Étienne (théâtre Louvois, 1803). Celte pièce ressemble aux Femmes vengées de Sedaine. Valériu et Anselme, tous deux Vénitiens et, quoique voisins, ennemis irréconciliables, sont cependant chacun épris des charmes de la femme de l’autre. Valèrio envoie par son valet un bilîet tendre à Lucile, femme d’Anselme ; celui-ci profite du même commissionnaire pour en faire parvenir un à Isaure, femme de Valérie. Les deux dames, qui sont amies malgré la brouille de leurs maris, se communiquent ces billets, et se promettent de se venger de leurs infidèles. Elles écrivent a leurs soupirants pour leur donner un rendez-vous, k dix heures du soir, et l’une passe dans la maison de l’autre ; chacun des époux se croit en bonne fortune avec sa voisine, et se trouve avec sa propre femme. Dans cette occurrence, le sénat de Venise, soupçonnant une trahison, décrète des mesures contre les gens suspects. Anselme et Valério sont du nombre. On les cherche-, on trouve le premier dans la maison du second, et le second dans la maison du premier. On les y consigne, ainsi que les femmes. Le lendemain, le procurateur leur permet de sortir. Une grande scène de jalousie s’élève entre les deux maris, qui s’accusent réciproquement-, enfin, les deux femmes lèvent les voiles dont elles étaient couvertes, et punissent ainsi leurs infidèles, tout en rassurant leur honneur alarmé. Ce sujet, traité avec décence et adressera fourni a l’auteur une intrigue naturelle et piquante.

Mari à bonne* fortunes (le), Comédie en cinq actes et en vers de Casimir Bonjour (Théâtre-Français, 30 septembre 1824), On a peine à croire qu’une pièce aussi vieille de fond et de forme, que ues vers aussi plats aient pu être goûtés à une époque si voisine des succulences romantiques ; il en fut uinsi pourtant. Derville, le héros de la comédie, est un grand séducteur ; on vient de le marier à la jeune Adèle, et il fait la cour à toutes les femmes I 11 s’écrie :

La constance aujourd’hui n’est qu’uae abstraction ; C’est un principe, enfin, sans application.

Voila quelle est sa façon de penser et les beaux vers qu’il trouve pour excuser ses désordres. Que fera la femme ? Il y a près d’elle un petit cousin qui l’aime tendrement (comme c est neuf !) ; timide et vertueux, co jeune polytechnicien n’osedôclarer sa flamme ; mais Adèle la soupçonne, et se sentant un faible pour lui, elle supplie son mari de l’emmener en voyage. Ce Casimir Bonjour favait toujours trouver des combinaisons originales 1 Derville n’y comprend rien et refuse. Mme Derville exige de Charles qu’il s’éloigne de la maison, qu’il parte pour les États-Unis. Charles répugne a s’exiler. Il s’y décide cependant, à condition que sa cousine viendra la nuit suivante à un rendez-vous. Elle y consent, et Derville, qui ne s’est douté de rien et qui était allé, de son côté, chercher une aventure amoureuse, surprend sa femme et son cousin Toutefois, il ne reconnaît que ce dernier ; Adèle s’est cachée, et il s’amuse beaucoup de ia prétendue timidité du jeune homme, surpris ainsi a courir le guilledou. Pendant qu’il en fuit des gorges chaudes et assure qu’il y a certainement un mari de plus dans la grande confrérie, survient la bellemère. Elle connaît les inclinations de sa fille pour le jeune cousin et veut la sauver ; elle raconte à Derville l’histoire d’un mari qui