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gue, empereur enfin, sous le nom de Charles VII, à Francfort, en 1742.

Marie-Thérèse, apprenant qu’une armée française avait envahi la Bohême, s’était emparée de Prague et avait aidé Charles-Albert à se faire proclamer roi, sachant qu’entre la France et la Prusse était arrêté le partage de la monarchie autrichienne, quitta Vienne, où elle ne se croyait plus en sûreté, et sur laquelle, pourtant, les Français commirent la faute de ne pas marcher, et se réfugia en Hongrie, à Presbourg. Là, elle assembla les états et, revêtue du costume hongrois, la couronne en tête, le sabre royal à la ceinture, elle se présenta aux seigneurs, tenant son fils dans ses bras, et leur parla ainsi : « Abandonnée de mes amis, persécutée par mes ennemis, attaquée par mes plus proches parents, je n’ai de ressources que dans votre fidélité, dans votre courage et dans ma constance. Je remets entre vos mains la fille et le fils de vos rois, qui attendent de vous leur salut. » À cet appel plein de grandeur, les représentants des états s’écrièrent d’une voix unanime : « Mourons pour notre roi Marie-Thérèse ! » (Moriamur pro rege nostro Maria-Theresa !) Les Hongrois oublièrent que depuis deux cents ans leurs pères n’avaient cessé de lutter contre l’Autriche ; ils tinrent leur serment, mais leur nationalité s’évanouit ; la Hongrie périt dans cette résurrection de l’Autriche qu’ils assurèrent. La fortune alors changea de face : l’Autriche et la Bohème furent en partie reconquises ; le roi de Prusse, contre la cession de la Silésie et du comté de Glatz, se détacha de la ligue (11 juin 1742) ; le roi de Sardaigne fit la paix ; enfin l’Angleterre, voyant le sort des armes pencher du côté de Marie-Thérèse, s’associa à sa fortune. La fille de l’empereur Charles VI put se faire couronner reine de Bohême à Prague le 11 mai 1743. Le 27 juin suivant, les français, commandés par le maréchal de Noailles, furent battus à Dettingen par une armée de 60,000 hommes, composée d’Anglais, d’Autrichiens, de Hanovriens.

C’est alors que, triomphante et enhardie par le succès, Marie-Thérèse s’acharna contre les débris de l’armée française. « C’est moins que la guerre, c’est la chasse, c’est la curée, dit énergiquement Michelet. Qui veut des morceaux de la France ? Mais sa ruine n’est pas ce qui plaît à Marie-Thérèse ; c’est bien plus la vengeance. À Prague, à Egra, on le vit. Il lui faut des Français vivants à outrager. Cette femme de vingt-huit ans, toujours grosse ou nourrice, avec sa beauté pléthorique, ivre de sang et bouffie de fureur, a beau être dévote, on voit déjà ses filles en elle, et le fantasque orgueil de Marie-Antoinette et les emportements de la sanguinaire Caroline. Elle sème ; les siens récolteront. Elle fonde sur le Rhin et chez nous l’exécration du nom d’Autriche. Ses manifestes terroristes, des pères aux fils, jusqu’en 1793, s’imprimeront dans la mémoire ; ses menaces de mutilation, le nom de son Mentzel, choisi par elle pour aplanir la route, décourager les résistances par d’horribles excès de férocité calculée. On réclame. Elle en rit, et désavoue Mentzel en l’avançant et le récompensant. Dans ses proclamations, il dit au paysan que qui ne vient pas à lui sera forcé lui-même de sa tailler en pièces, de se couper le nez et les oreilles. Nombre de ces barbares, sous l’habit musulman, avec charivari de tambour et de tam-tam, donnaient une agonie de peur au paysan, qui, dans ses cris au ciel, mêlait confusément le Turc avec Marie-Thérèse. »

La reine de Bohême et de Hongrie profita de cette heure de triomphe et de la mort subite de Charles VII (20 janvier 1745) pour réaliser un des rêves de sa vie ; le 4 octobre suivant, elle plaça sur la tête de son époux la couronne impériale. C’est à Francfort que la cérémonie eut lieu et que François-Étienne, duc de Lorraine, fut proclamé empereur sous le nom de François Ier. « Elle fut la première, dit Voltaire, à crier vivat, et tout le peuple lui répondit par des acclamations de joie et de tendresse. Ce fut le plus beau jour de sa vie. Elle alla voir ensuite son année rangée en bataille auprès de Heidelberg, au nombre de 60,000 hommes. L’empereur, son époux, la reçut, l’épée à la main, à la tête de l’armée ; elle passa entre les lignes, saluant tout le monde, dîna sous une tente et fit distribuer un florin à chaque soldat. » Le roi de Prusse protesta et continua de remporter de nouveaux avantages, tandis que les armées de Louis XV marchaient, elles aussi, de victoire en victoire. On était las cependant, et de tous les côtés on désirait la paix ; elle se fit enfin, après huit ans de guerre, par le traité d’Aix-la-Chapelle, signé le 18 octobre 1748.

Huit ans après, le traité de Versailles, en scellant l’alliance de l’Autriche avec la France, décidait Frédéric à reprendre les armes. Ce fut la guerre de Sept ans. Pour s’assurer la neutralité de la France, Marie-Thérèse avait été jusqu’à employer la flatterie vis-à-vis de Mme de Pompadour, qu’elle ne craignit pas, elle si fière, d’appeler sa chère sœur et cousine ! À la tête de 60,000 hommes, Frédéric envahit la Saxe (septembre 1756) et pénètre en Bohème. Arrêté par la bataille de Lowositz, il reparaît, au printemps suivant, sur les hauteurs de Prague. Brown, blessé, fut obligé de se retirer dans la ville, où le vainqueur le bloqua. Les Prussiens, ayant été culbutés par Daun à Chotzewitz, levèrent le siège. La Bohême était sauvée. C’est à l’occasion de cette victoire que Marie-Thérèse établit l’ordre militaire de son nom (18 juin 1757). Cette guerre fut sanglante ; jamais on ne livra tant de combats. Les Autrichiens furent aussi souvent vainqueurs que vaincus. Ils triomphèrent à Hochkirchen, à Kunnesdorf, à Maxen, à Landshut, à Siplitz. Marie-Thérèse n’essuya qu’un revers considérable, à Lina : cette déroute fut suivie de la prise de Breslau et de 17,000 Autrichiens. Enfin le traité de Hubertsbourg, conclu le 15 février 1763, remit l’Allemagne sur le pied où elle était avant la guerre. Le seul fruit qu’en retira Marie-Thérèse fut de faire élire Joseph, son fils, roi des Romains, l’an 1764.

Cette suspension d’armes fut marquée par l’acte le plus odieux auquel Marie-Thérèse ait collaboré et que laissa faire la France : le partage de la Pologne (1772). Toujours avide de conquêtes, Marie-Thérèse ne craignit pas, par un traité en date du 17 février, de s’associer, pour cet acte de spoliation, à Catherine II et à son ennemi Frédéric. Elle y gagna presque toute la Russie Rouge, les riches mines de sel de Wieliska et 2 millions et demi de sujets ; mais elle y perdit devant l’histoire beaucoup de son honnêteté politique et de cet amour de la justice dont elle aimait à faire parade. Quelques années plus tard, la dissension se mit entre deux des spoliateurs. La mort de Maximilien-Joseph, avec qui s’éteignait la branche électorale de Bavière, ralluma encore une fois la guerre entre la Prusse et l’Autriche (1777). Mais les deux combattants étaient las. La France et la Russie s’interposèrent et n’eurent pas de peine à leur faire conclure, le 13 mai 1779, le traité de Teschen, par lequel l’Autriche gagnait encore une portion de la Bavière, le district de l’Inn.

Marie-Thérèse déploya dans l’administration de son empire la même fermeté, la même constance que dans ces longues et sanglantes guerres. Les diverses parties du gouvernement reçurent une vive impulsion ; l’armée fut réorganisée et mise sur un pied formidable ; la justice fut réformée, la question abolie ; l’industrie et le commerce reçurent une protection efficace. Les ports de Trieste et de Fiume furent ouverts à tous les pavillons ; Livourne étendit son commerce dans le Levant et dans les Indes orientales. Le port d’Ostende reçut des navires chargés des productions de la Hongrie. Des canaux ouverts dans les Pays-Bas-apportèrent au sein des villes la richesse des deux Indes. Vienne fut agrandie et embellie ; des manufactures drap, de porcelaine, de glaces, d’étoffes de soie, etc., s’établirent dans ses vastes faubourgs. Pour faire fleurir les sciences, Marie-Thérèse érigea des universités et des collèges, parmi lesquels on admire celui qui porte son nom à Vienne. Elle fonda des écoles pour le dessin, la peinture, l’architecture. Elle forma des bibliothèques publiques à Prague, à Inspruck. Des observatoires magnifiques s’élevèrent à Vienne, à Gratz, à Tyrnau et furent enrichis de télescopes qui découvraient les secrets des cieux aux Hell, aux Boscovich, aux Haller. Ses soins s’étendirent sur toutes les classes de citoyens de l’État. Les soldats blessés, vieux et infirmes trouvèrent des asiles dans des hôpitaux propres et salubres. Les veuves d’officier, les demoiselles nobles, etc., eurent des ressources dans divers établissements. L’expulsion des jésuites et la sécularisation des immenses domaines conventuels doivent aussi lui être comptées. « Sa haine de la Prusse et sa rage pour la Silésie, sa soif d’argent pour la guerre imminente, dit Michelet, rendirent la dévote docile à son ministre voltairien (Kaunitz). Elle devint révolutionnaire dans la question des biens d’église. Ces biens, quasi héréditaires dans les grandes familles, elle voulait au moins les grever, les sucer. Elle observait et convoitait un beau repas, le bien des deux mille couvents de l’Autriche. Elle fit un barrage et coupa le canal par où l’argent allait à Rome. Fort ignorante, elle savait du moins s’aider de gens capables. Trois étrangers, un médecin hollandais, un légiste souabe, un juif, firent la révolution. Ce furent, en effet, ces trois hommes, Van Swieten, médecin de l’impératrice, Kaunitz, son premier ministre, et Sonnenfels, qui inspirèrent presque toute sa politique. »

François Ier mourut le 18 août 1765. Marie-Thérèse ne le suivit au tombeau que quatorze années après. Elle avait eu de son mariage seize enfants, dont huit lui survécurent : Marie-Antoinette, reine de France ; Marie-Charlotte, épouse de Ferdinand IV, roi de Naples ; Marie-Amélie, mariée au duc de Parme ; Joseph II, élu roi des Romains en 1764 et qui succéda à sa mère dans tous les États héréditaires de l’Autriche ; Léopold, qui fut grand-duc de Toscane ; Maximilien, grand maître de l’ordre Teutonique, coadjuteur de l’électorat de Cologne et de l’évêché de Munster ; enfin Marie-Christine, qui épousa le duc de Saxe-Teschen et fut gouvernante des Pays-Bas.

Il a été publié un grand nombre d’ouvrages sur Marie-Thérèse et sur son règne. Voici la liste des principaux : Sabatier de Castres, Abrégé de la vie de Marie-Thérèse ; Castillon, Précis de la vie de Marie-Thérèse ; Rautenstrauch, Biographie der Kaiserin Maria-Theresia (Vienne, 1780, in-8o) ; Richter, Lebens-und Staatsgesch. Mariae-Theresiae (1743-1745, 3 vol. in-8o), Annales du règne de Marie-Thérèse (Paris, 1775, in-12) ; Seyfart, Kurzgefasste Lebens-und Regierungsgesch. der Kaiserin Maria-Theresia (Leipzig, 1781, in-8o) ; Duller, Maria-Theresia und ihre Zeit (1843-1844, 2 vol. in-8o) ; Renner, Maria-Theresia und Friedrich der Grosse (Glogau, 1831) ; Napoléon, Mémoires, V ; Wolf, Œstreich unter Maria-Theresia (Vienne, 1835) ; Lotheisen, Œstreich unter Maria-Theresia (1860) ; Rulhière, Histoire de l’anarchie de la Pologne ; Michelet, Louis XV.

Marie-Thérèse (ordre de). Cet ordre militaire fut institué en Autriche par l’impératrice Marie-Thérèse après la bataille de Kollin, gagnée le 18 juin 1757 par l’armée autrichienne sur les Prussiens. Les officiers de tout grade qui se sont signalés par des actions d’éclat peuvent être admis dans l’ordre, sans distinction de religion ou de naissance et sans égard à l’ancienneté de service. Le candidat qui prétend obtenir cette marque d’honneur doit s’adresser au chapitre de l’ordre et avoir le témoignage de sept officiers présents à l’action mentionnée. Une triple formalité devient alors nécessaire : d’abord une information suffisamment détaillée de l’action pour laquelle il s’agit de conférer l’ordre ; puis une vérification de cette action ; enfin une délibération du chapitre qui pèse mûrement les droits du candidat et décide s’il sera nommé grand-croix, commandeur ou chevalier. L’ordre se compose aujourd’hui de ces trois classes ; primitivement, il n’en avait que deux ; mais l’empereur Léopold II y introduisit la classe intermédiaire des commandeurs. François Ier, en 1810, changea aussi les statuts. Le rang des membres se règle d’après les dates de leur réception. Les plus anciens jouissent de pensions ainsi réparties ; huit pensions de 1,500 florins pour les grands-croix ; seize pensions de 800 florins pour les commandeurs ; cent pensions de 600 florins pour la première division des chevaliers ; cent pensions de 400 florins pour la deuxième division. La moitié de ces pensions est réversible sur les veuves. Sur leur demande, les membres de l’ordre peuvent recevoir des lettres de noblesse héréditaire et le titre de baron, sans payer les frais de chancellerie. La fête de l’ordre a lieu le 15 octobre, jour de Sainte-Thérèse. La décoration consiste en une croix d’or pattée, émaillée de blanc, avec un médaillon fond rouge traversé par une bande horizontale blanche et entouré de ce mot : Fortitudini (au courage), en lettres d’or sur fond blanc. Au revers est une couronne de laurier en or, sur fond vert, avec le chiffre de Marie-Thérèse en or sur fond blanc. Les grands-croix portent cette décoration à un large ruban blanc, bordé de deux bandes rouges, passé en écharpe de droite à gauche, avec la plaque sur le côté gauche. Cette plaque représente la grand’croix sur une couronne de laurier, entrelacée de fils d’or. Les commandeurs portent la croix au cou et les chevaliers à la boutonnière gauche. Leur ruban est aussi blanc, bordé de deux bandes rouges.

Marie-Thérèse, opéra en quatre actes, paroles de MM. Cormon et Dutertre, musique de M. Louis, représenté sur le théâtre de Lyon le 19 février 1847. M. Louis, compositeur distingué, ne pouvant obtenir que ses ouvrages fussent représentés à Paris, se décida à tenter la fortune en province. Il fit d’abord jouer à Lyon un opéra-comique qui avait pour titre : Un duel à Valence. Son grand opéra de Marie-Thérèse obtint du succès. Le poème en est intéressant et offre de très-beaux vers et des situations fortes ; seulement, il est en désaccord formel avec l’histoire, ce qui est une faute toujours et partout. On a remarqué au premier acte les couplets chantés par Olga : Une bachelette ; le duo de Marie-Thérèse, et de Ladislas : Du sort la chance est incertaine ; au second acte, la cavatine de Ladislas : Douce espérance ; le grand duo : Vous m’avez dit : devenez capitaine, qui est plein de noblesse et d’accent dramatique ; la barcarole et le chœur des conjurés ; au troisième acte, divers morceaux épisodiques, tels que les couplets de Frédéric : Au joyeux bruit du verre, la tyrolienne : Emma la palatine, et enfin, au quatrième, un duo entre l’impératrice et Bolinsky. Les rôles ont été créés par Chaunier, Mmes  Wiedemann et Hébert. Cette courageuse initiative n’eut guère d’imitateurs. De tous les produits de la civilisation, l’opéra se décentralisera le dernier, à cause de la diversité des éléments qui constituent la représentation d’un grand ouvrage. Il faut, en outre, que l’art soit beaucoup plus répandu qu’il ne l’est actuellement dans la province pour que le goût public réclame des plaisirs de cette sorte et consente à en faire les frais.


MARIE-CLOTILDE DE FRANCE (Adélaïde-Xavière), reine de Sardaigne, fille du dauphin Louis, fils de Louis XV, née à Versailles en 1759, morte à Naples en 1802. Elle épousa, en 1775, le prince de Piémont, fils du roi de Sardaigne, vécut avec une extrême simplicité, qu’elle conserva lorsque son mari monta sur le trône de Sardaigne en 1796, sous le nom Charles-Emmanuel IV, et se livra entièrement à des œuvres de dévotion et de piété. Lorsque le Directoire eut déclaré la guerre à la Sardaigne en 1798, Marie-Clotilde suivit son mari en Toscane, dans l’Île de Sardaigne, sur le continent italien, où elle erra longtemps de ville en ville, et termina ses jours à Naples sans laisser d’enfants. Pie VII, qui avait été témoin de ses vertus privées et de ses œuvres pieuses, la déclara vénérable en 1808. L’Église l’honore le 7 mars.


MARIE-THÉRÈSE D’AUTRICHE (Jeanne-Joséphine), reine de Sardaigne, mère de l’empereur Joseph II, née à Milan en 1773, morte à Gênes en 1832. Elle épousa à Novare, en 1789, le duc d’Aoste, fils de Victor-Amédée III, suivit la famille royale en Toscane et dans l’île de Sardaigne, et devint reine en 1802, lorsque, par suite de l’abdication de Charles-Emmanuel IV, son mari monta sur le trône sous le nom de Victor-Emmanuel Ier. Marie-Thérèse resta avec son mari dans l’île de Sardaigne jusqu’à la chute de Napoléon, revint à Turin en 1816, y fut d’abord accueillie avec enthousiasme, mais provoqua bientôt le mécontentement par l’antipathie, par le mépris même qu’elle manifesta contre tous ceux qui avaient rempli des charges pendant le règne de Napoléon, et contribua à l’impopularité de Victor-Emmanuel, qui, à la suite de l’insurrection de 1821, abdiqua en faveur de son frère, n’ayant pas d’enfants mâles. Après la mort de son mari (1824), Marie-Thérèse se retira à Gênes. Elle avait eu cinq filles, dont l’une, Marie-Anne, devint impératrice d’Autriche.


MARIE-LOUISE-JOSÉPHINE, reine d’Étrurie, née à Madrid en 1782, morte à Lucques en 1824. Fille de Charles IV d’Espagne et de Marie-Louise, elle épousa, à treize ans, l’infant don Louis de Bourbon, fils aîné du duc de Parme, mais continua à demeurer à la cour d’Espagne jusqu’au moment où son mari devint roi d’Étrurie (1801). Deux ans plus tard, le roi Louis, atteint d’une maladie cérébrale, laissait Marie-Louise-Joséphine veuve avec deux enfants, Charles-Louis, qui devint roi sous le nom de Louis II, et une fille. Devenue régente, la reine d’Étrurie se livra avec passion à son goût pour les plaisirs et fit de sa cour une des plus brillantes de l’Europe. Tout à coup, en 1807, elle apprit qu’en vertu d’un décret de Napoléon elle avait cessé de régner. Elle dut quitter alors Florence, retourner en Espagne, vit l’année suivante son père et son frère détrônés celui qui l’avait elle-même renversée du trône, et suivit son père dans son exil en France. Après la chute de l’Empire, Marie-Louise-Joséphine réclama vainement ses anciens États, qui furent donnés à l’archiduchesse Marie-Louise. Toutefois elle obtint comme dédommagement le duché de Lucques (1817), qu’elle administra jusqu’à sa mort. Cette princesse a composé en italien des mémoires dans lesquels elles raconte les vexations de tout genre dont elle fut l’objet pendant le règne de Napoléon. Lemierre d’Argy les a traduits en français sous le titre de Mémoires de la reine d’Étrurie, écrits par elle-même (Paris, 1814, in-8o).


MARIE DE BOURGOGNE, duchesse de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, femme de Maximilien d’Autriche, née à Bruxelles en 1457, morte à Bruges en 1482. Unique héritière du puissant duc de Bourgogne, elle vit sa main recherchée par plusieurs prétendants, au nombre desquels se trouvaient le duc de Guyenne, frère de Louis XI, Nicolas de Calabre, petit-fils du roi René, et Maximilien d’Autriche, fils de l’empereur Frédéric III. En 1473, elle fut fiancée au duc Nicolas, qui mourut peu après, et des négociations étaient entamées pour son mariage avec Maximilien lorsque Charles le Téméraire trouva la mort devant Nancy (1477). Marie de Bourgogne avait alors vingt ans et se trouvait sans appui, dans la ville de Gand, au milieu d’une population inflammable. Louis XI résolut de profiter des embarras de la jeune duchesse pour s’emparer de ses États. Sous prétexte qu’elle était sa filleule, qu’il voulait la marier au dauphin, alors âgé de huit ans, et qu’il désirait entrer en possession des fiefs masculins dont une femme ne pouvait hériter, il fit occuper le duché et le comté de Bourgogne. Marie, après avoir inutilement protesté contre cette spoliation, essaya de transiger et envoya à Péronne, auprès de Louis XI, une députation à la tête de laquelle se trouvaient deux conseillers dévoués, le chancelier Hugonet et le sire d’Himbercourt. Le roi de France, avec son astuce habituelle, protesta de la pureté de ses intentions, déclara qu’il voulait unir son fils à la jeune duchesse, et fit consentir les délégués à lui restituer, au nom de leur maîtresse, la ville d’Arras et plusieurs seigneuries acquises à la Bourgogne. Lorsque, à son retour à Gand, l’ambassade annonça le mariage projeté par Louis XI, la population, qui ne voulait à aucun prix de la domination française, se montra fort irritée. Néanmoins, comme on désirait la paix, les États de Flandre et de Brabant envoyèrent à Louis XI une députation qui déclara au roi que la jeune duchesse consentirait à sanctionner toutes les décisions prises par les États. L’astucieux monarque, dans l’espoir d’amener une rupture entre les États et Marie, ne rougit point de montrer à la députation une note secrète dans laquelle la duchesse disait que tout en ayant l’air d’accepter la direction des États elle suivrait les avis de ses conseillers Hugonet et Himbercourt. La députation, irritée, retourna aussitôt à Gand, fit connaître ce qu’elle avait appris et provoqua une émeute populaire, pendant laquelle Hugonet et Himbercourt furent arrêtés. Malgré les supplica-