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kasehin, Marko, après la mort de son père, refusa de se soumettre à l’autorité de Lazare, chef reconnu par toute la nation. Dépouillé de ses biens, il passa en Turquie, et se mit sous la protection de Mourad 1er ; il excita les infidèles k faire la guerre k son pays, et, ainsi que son frère André, les conduisit à Kossovo. Après cette bataille, qui fut le coup de mort de l’empire serbe, il reprit possession de ses domaines, comme vassal du padischah ; ce fut lui qui commanda à Rovina les troupes serbes auxiliaires, et il périt sous les coups des Valaques (1398). Voilà l’homme qu a exalté la poésie populaire ; plus de quarante poëmes (pesmas) célèbrent ses prouesses.

Un de ces poèmes, intitulé Marko arbitre, nous le montre se prononçant contre son père et ses oncles en faveur du jeune fils du czar, Urosch. Alors le roi Wukaschin, enflammé de colère, veut tuer son fils, et le poursuit, un couteau d’or à la main.

Un autre, intitulé Marko et le général Wovicha, raconte un des brillants exploits du guerrier : il délivre trois princes serbes retenus à la forteresse de Peterwardein. Dans la pesma intitulée Marko et les Turcs, le héros serbe se trouve à la chasse avec le vizir Murat et douze guerriers musuhnarts. Le faucon de Marko prend un canard aux ailes d’or, que le faucon du vizir cherche à lui enlever sans succès. Murât, irrité, saisit le faucon de Marko et lui casse une aile en le jetant contre un sapin. Marko égorge le vizir et ses douze compagnons.

Après des exploits sans nombre, après avoir défait et tue des géants et des enchanteurs, ’ purgé le pays des brigands qui l’infestaient, le Cid de la Serbie arrive au terme de sa carrière. Ayant lu dans l’eau claire d’une fontaine les présages de sa mort, il tue son cheval et brise son glaive et sa lance, afin de n’avoir pas de successeur, et s’étend, comme pour dormir, au pied d’un sapin. La tradition prétend que le héros n’est pas mort ; il erre dans les nuages des Karpaihes, disent les uns ; il dort dans une caverne, disent les autres, en attendant le jour marqué par le destin. Son fidèle Scharatz est son compa- ’ gnon ; lorsqu’il aura fini de manger la mousse de la caverne, le héros reparaîtra dans le monde. Le peuple de Prilip croit que chaque année, à la Saint-Georges, il entre dans une église, monté sur Scharatz, afin d’y célébrer sa sltiva.

MARKOFF (Arcadi-lvanovitch, comte), diplomate russe. Il vivait dans la seconde moitié du xvm» siècle et dans la première du xixe. Ayant obtenu un emploi au ministère des affaires étrangères, il s’y rendit fort utile, gagna, bien qu’il fût petit et fort laid, les bonnes grâces de l’impératrice Catherine II, qui le combla de faveurs, et devint premier conseiller au département des affaires étrangères. L’avènement de Paul I«r amena sa disgrâce ; mais, après la mort de ce prince, il fut rappelé par l’empereur Alexandre Ior et nommé ambassadeur k Paris (1801). Peu après, il signa un traité de paix entre la France et la Russie, et s’attira l’aversion de Bonaparte, qui demanda son rappel pour se défaire de ce diplomate fin, rompu aux affaires, mélange de souplesse et d’audace, dont il redoutait la perspicacité. De retour en Russie en 1803, le comte Markoff fut chargé de plusieurs missions diplomatiques, revint à Paris, mais sans mission officielle, sous la Restauration, et retourna en Russie, .où il mourut dans un âge très-avancé.

MARLAGE s. m. (mar-la-je — rad. murlieï). Féod. Droit que l’on payait aux gardiens de certaines églises.

MA.RLBOROUGH s. m. (mal-brough — nom historique). Cotnin. Nom d’une étoile à petits dessins.

— Techn. Houe à la Marlborough, Roue dont les jantes ont une très-grande largeur.

MARLBOROUGH, ville d’Angleterre, comté de Wilts, à 14 kilom. N.-E. de Salisbury, sur le Kennet ; 4,7-10 hab. Manufactures de cordages et de sacs ; marché important pour les grains. On y remarque plusieurs vieilles maisons ; l’église Sainte-Marie, assemblage de plusieurs styles d’architecture ; les restes du château dans lequel Henri III tint le parlement qui rendit les Statuts de Malbridge. Le titre de duc de Marlborough, porté autrefois par le célèbre général de la reine Anne, appartient aujourd’hui à la famille Spenser-Ghurchill, dont on voit la château, qui fut habité jadis par le célèbre Marlborough. Ce fut dans la grotte et les jardins de cette demeure seigneuriale que Thomson composa son poëme des Saisons.

MARLBOROUGH {John Churchill, duc de), célèbre général et homme d’État anglais, né à Ash (Devonshire) le 24 juin 1650, mort le 16 juin 1722. Issu d’une obscure famille et parti des conditions inférieures, il ne parvint qu’à force d’adresse k occuper les plus hautes positions ; ses basses intrigues et ses trahisons contribuèrent uutant, sinon plus, k son élévation que ses talents militaires. Marlborough est le type accompli de l’ambitieux, du courtisan qui ne recule pas même devant l’infamie, et pour qui il n’y a pas de déshonneur s’il y a profit. Le père de Murlborough s’était ruiné en servant la cause de Charles II ; en récompense, ses deux enfants, John et Arabella Churchill, furent reçus l’un comme page du* duc d’York, le futur

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Jacques II, l’autre comme fille d’honneur de la duchesse. Arabella était jolie ; Jacques la trouva à son goût, en fit sa maîtresse. John Churchill chercha aussitôt à tirer avantage de ce qu’il considérait comme une illustre faveur. De page, il était passé enseigne dans les gardes ; sa sœur lui rit avoir un avancement : il eut le grade de capitaine d’un des régiments que Charles II envoyait en France à son allié Louis XIV, contre les Pays-Bas (1672) ; il fit cette campagne sous les ordres de Turenne, et se distingua dans plusieurs rencontres, spécialement à la bataille d’Ansheim (1674). Sa belle prestance et ses grandes manières l’avaient fait surnommer le bel Ânginis. À la conclusion de la paix (traité de Nimègue, 1G78), il avait le grade de colonel. De retour en Angleterre, il épousa Sarah Jennings, une des beautés du temps, comme il passait lui-même pour un des plus parfaits gentilshommes. Elle était fille d’honneur de la duchesse d’York ; il la connaissait depuis qu’il était entré comme page dans la maison du duc, et il en était vivement épris. L’esprit d’intrigue de lady Churchill était au moins égal à celui de son mari, de sorte qu’en s’unissant ils ne pouvaient manquer de parvenir. Devenu secrétaire du duc, Churchill fut chargé surtout de la correspondance secrète, quoiqu’il sût à peine i’orihographe, et il remplit, près de la cour de France, quelques missions délicates. Créé baron et pair d’Écosse (1682), puis colonel de l’unique régiment de dragons, ce qui était une haute faveur, il vit encore sa fortune s’augmenteràl’avénementdeJacques II ; il fut envoyé comme ambassadeur extraordinaire à Versailles, créé pair d’Angleterre à son retour, et mis. en qualité de brigadier général, k la tête des troupes envoyées contre le duc de Monmouth, fils naturel de Charles II, révolté contre Jacques. Il le mit en déroute k Sedgeinour (1685), et reçut comme récompense le grade de major général. Coinblé des faveurs du roi, il conçut, pourtant un secret dépit de ce qu’il n’en recevait pas de plus grandes encore, et il entretenait des intelligences avec ceux que le despotisme et

les fautes de Jacques avaient jetés dans le parti des mécontents. La chute du dernier Stuart n’était pas, à coup sûr, imméritée ; mais que dire du rôle que joua son favori dans la révolution de 16S8 ? Dès l’année précédente, il était en correspondance avec

Guillaume d’Orange, et il le mettait au courant de toutes les intrigues qui préparaient son débarquement en Angleterre. Un des derniers actes de Jacques fut sa nomination au commandement d’une des brigades envoyées en toute hâte contre le prétendant. Churchill accepta, faisant hautement parade d’une fidélité enthousiaste, et dissipant, k force d’aplomb, les rumeurs inquiétantes qui commençaient à courir sur son compte. Dans le conseil de guerre tenu à Salisbury, comme tout le monde hésitait à engager la bataille, il soutint presque seul l’opportunité d’un prompt engagement ; à l’issue du conseil, il passa à l’ennemi, en laissant au roi une longue lettre d’explication. Il y exposait, dans le style le plus soutenu et avec ces formes de parfait gentilhomme qui jamais ne l’abandonnèrent, que, étant protestant, il ne pouvait se battre pour un roi catholique contre une armée de protestants ; que la voix de sa conscience lui parlait trop impérieusement pour qu’il pût lui désobéir. En toute hâte, il gagna Londres, s’assura des dispositions du régiment de cavalerie qu’il commandait, et, pendant que Jacques s’embarquait tristement pour la France, Churchill paradait dans le cortège de Guillaume faisant à Londres son entrée triomphale. De concert avec lady Churchill, il sut persuader k la princesse Anne de renoncer k ses droits au trône, en so contentant de les réserver pour le cas où Guillaume mourrait sans héritier. Pour prix de ce service et de la trahison qui l’avait précédé, il fut créé duc de Marlborough, lord chambellan et membre du conseil privé. L’année suivante, il obtint le commandement des troupes anglaises envoyées contre Louis XIV au secours des Hollandais, et un peu de gloire militaire couvrit ses taches infamantes sans réussir k les effacer. Il défit une partie de l’armée française au combat de Walcourt, et profita surtout de l’enthousiasme où ce fait d’armes jeta l’Angleterre pour commettre les plus honteuses dilapidations. En 1690, il fut envoyé en Irlande, où Jacques II était débarqué avec l’appui d’une flotte française, et coopéra à l’insuccès de cette tentative jacobite en s’emparant de vive force de Cork et de Kingsale, centres importants des royalistes. Il accompagna Guillaume dans la courte campagne des Pays-Bas (1691), que ne marqua aucune action d’éclat, Guillaume et le maréchal de Luxembourg s’étant bornés, en face l’un de l’autre, à de simples mouvements stratégiques, sans oser s’aborder résolument. L’inaction singulière de l’armée anglaise était restée inexplicâble pour les historiens jusqu’à la publication toute récente des papiers des Stuarts (Macaulay, Eistory of England, front the accession of James II, 1855, 8 vol. in-8°). On eut alors la preuve qu’une trahison de Marlborough en faveur du prince dont il avait précipité la ruine avait empêché toute opération sérieuse. Bien qu’il paraisse inexplicable que le duc eût seulement conçu la pensée de trahir son second bienfaiteur pour un parti qui l’exécrait, il a fallu se rendre k l’évidence.

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Tout abhorré qu’il était de Jacques depuis l’affaire de Salisbury, et quoique le roi déchu ne se fût pas fait faute de jurer sa mort, au cas où il ressaisirait la couronne, Marlborough fit des ouvertures à l’un des plus zélés partisans des Stuarts, le colonel Sackville, déclara qu’il se repentait de sa défection, et qu’il était tout prêt k l’expier en aidant de tout son pouvoir Jacques II à renverser Guillaume. On exigea, comme preuve de ses

bonnes intentions, qu’il livrât le secret des forces du roi d’Angleterre, le plan de la campagne et divers documents des affaires étrangères. Marlborough les livra si consciencieusement, que Jacques s’applaudit avec joie de cette recrue inespérée, oublia l’ancienne trahison en faveur de la nouvelle, et lui octroya, par une lettre autographe, son royal pardon. Malgré tout, les jacobites se méfièrent, et livrèrent à Guillaume toutes les preuves de ces négociations tortueuses. Guillaume, troublé par un coup si inattendu, ne jugea pas k propos de remplacer à la tête des troupes Marlborough, qui en était aimé, et préféra suspendre la guerre. Il revint à Londres, et, sans bruit, disgracia le traître ; ses fonctions de chambellan lui furent retirées, ainsi que les énormes émoluments qu’il percevait de diverses charges honorifiques. Par politiq-tie, il ne voulut pas faire impliquer dans un procès un homme qui connaissait bien des secrets dangereux, et qui d’ailleurs, par sa femme, gouvernait absolument la volonté de la princesse Anne, sœur de la reine. Marlborough passa sans’ emploi les cinq années suivantes k la cour de la princesse Anne, essayant tantôt de reconquérir la faveur du roi par de grandes protestations de fidélité, et tantôt Se tournant de nouveau vers Jacques II et lui offrant ses bons offices. Macaulay l’accuse formellement d’avoir dénoncé k la cour de Versailles un projet d’attaque contre Brest par un corps de débarquement sous les ordres de l’amiral Talmash. Louis XIV eut le temps de mettre Brest en état de défense, et ce coup de main échoua complètement. Talmash y fut tué, et, d’après l’illustre historien, c’était là le seul but de Marlborough, qui se souciait fort peu de rendre service k la France, mais qui voulait se débarrasser du seul homme de guerre que l’Angleterre pût lui donner comme compétiteur. Une lettre secrète de Marlborough a Jacques II l’avertit, eu effet, de l’attaque de Brest ; elle est datée du 4 mai 1094, et, aussitôt que le désastre fut connu k Londres, le duc s’empressa d’aller offrir son épée a Guillaume. Ces deux faits semblent donner raison à Macaulay ; mais les préparatifs de défenséde Brest furent commencés avant la lettre de Marlborough, ce qui montre que Louis XIV avait eu d’autres sources d’informations. Quant à l’offre de Son épée, Guillaume la rejeta sèchement.

La mort de la princesse Marie, en ouvrant pour sa sœur Anne la perspective prochaine du trône, puisque Guillaume n’avait point d’enfants et que sa santé était chancelante, changea les visées de Marlborough ; il rompit avec les jacobites et se rapprocha de plus en plus de la future reine. Guillaume, toujours politique, voulut encourager ces bonnes dispositions et lui fit moins froide mine ; sans lui rendre ses emplois, il lui permit de reparaître k l’a cour. Il 11 est pas certain cependant que Marlborough n’ait pas trempé dans le complot de sir John Fenwich, qui avait pour but l’assassinat du roi ; malgré les dépositions assez concordantes de Kenwich et de ses complices, les deux chambres déclarèrent l’innocuité complète du noble duc et de quelques autres hauts personnages impliqués dans l’affaire ; on ne sévit que contre les têtes obscures. Quelque temps après, Guillaume confia même à Marlborough l’éducation du jeune comte de Glocester, héritier présomptif de la couronne après la princesse Anne (1698).

À l’avènement de celle-ci (1702), le général disgracié, le courtisan réduit aux fonctions obscures recouvra ses anciennes splendeurs. Nommé général en chef des armées anglaises, grand maître de l’artillerie, il reçut do plus l’ordre de la Jarretière, et, ayant porté au ministère tous ses amis sous la présidence de celui.qui lui était le plus attaché de tous, lord Godolphin, un de ses gendres, il put donner enfin libre carrière k son ambition. Ce fut au détriment de la France ; car, mis k la tête des troupes de la coalition européenne, il remporta sur nous, durant cette période néfaste de dix années (1702-1711), la série de sanglantes victoires qui mit Louis XIV aux abois. La première campagne des Pays-Bas, la prise de Vanloo, de Rupelmonde et de Liège ; l’audacieuse jonction des troupes anglaises avec l’armée du prince Eugène, à travers l’Allemagne et en passant sur le corps des Bavarois, nos alliés, écrasés à Donauverth ; la victoire de llochstaedt, remportée sur le maréchal de Tallart (13 août 1704) ; la déroute de Villeroy à Ramillies (23 mai 1706) ; celle de Villars k Malplaquet (11 septembre 1709), révélèrent toutes les grandes qualités de l’homme de guerre. L’enthousiasme des Anglais pour le général victorieux n’eut pas de bornes ; les Chambres lui tirent don du domaine de Woodstock, qui appartenait k la couronne ; l’empereur d’Allemagne le fit prince de l’empire. Cependant, après Malplaquet, une réaction s opéra ; les dilapidations de Marlborough étaient flagrantes, et il

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n’en couvrait le scandale qu’à l’aide de ses amis du ministère ; le cabinet whig qu’il avait formé lui-même fut renversé (1710), et les nouveaux ministres parlèrent de le mettre en accusation. On lui laissa toutefois achever la campagne, tout en lui imposant un contrôle humiliant, afin de l’obliger k donner sa dér mission ; enfin il fut rappelé (janvier 1712), et sommé do rendre ses comptes. Les pam ; phlets de Swift, de Saint-John et de Prioi’ l’avaient entièrement dépopularisé, et malgré tous ses triomphes, si chers k l’orgueil de l’Angleterre, ses amis eux-mêmes l’abandonnèrent. Sommé de s’expliquer sur une série de détournements dont le total montait à 70 millions de francs, il ne sut que répondre, et attesta seulement qu’il avait vaincu l’ennemi. Les Chambres ne voulurent pas pousser plus loin la poursuite, et se contentèrent d’exprimer un blâme. Marlborough quitta Londres avec sa femme, et se retira près de l’électeur de Hanovre, k qui devait revenir la couronne d’Angleterre après la mort de la reine Anne. À l’avènement de Georges Ier (1714), il revint dans Sa patrie et y retrouva même un peu de son anoieurte popularité ; mais il n’eut aucune part aux affaires. La vieillesse le. gagnait d’ailleurs, et diverses attaques de paralysie avaient affaibli ses facultés. Il succomba k une dernière attaque, dons son château de Windsor-Lodge (22 juin 1722) ; ses restes furent inhumés à Westminster.,

Marlborough offre l’exemple le plus caractéristique de ce que peuvent l’ambition, la soif du pouvoir et des richesses pour gâter les plus éminentes qualités. Aucune infamie ne lui coûtait ; favori de deux princes, il les trahit tous deux ; dans la seconde partie de sa carrière, il trouva moyen de souiller sa gloire en volant l’État : on prouva qu’il avait, pendant plus de dix ans, touché la solde de régiments dont tous les hommes étaient morts. ■ Ce fut, dit M. de Rémusat, le plus intrigant des grands hommes. Toujours maître de lui-même, mêlant la ruse et l’audace, la flatterie et la fierté, il savait tout supporter, tout oser, tout feindre, et arrachait à l’admiration ce qu’il n’aurait pu Dbtenir de la confiance. Telle est l’insaisissable souplesse de sa politique, que des historiens différents le peignent, au même moment de sa vie, les uns comme le chef des whigs, les autros comme l’espérance des Stuarts. Il no refusait le mensonge de ses promesses k personne, poussait la duplicité jusqu’à la perfidie et ne se dévouait qu’à sa fortune ; su gloire même en était l’instrument. Bolingbroke, qui a fini par être l’ennemi le plus direct de sa politique, mais dont l’imagination était séduite par sou génie, a, longtemps après avoir succombé dans la lutte, écrit qu’il le regardait » comme ► le plus grand général et le plus grand mit nistre que son pays, et peut-être aucun pays eût produit... » Marlborough laissa en mourant une fortune énorme, fruit de ses concussions ; elle était évaluée k plus de 50 millions en argent, auxquels il faut ajouter d’immenses domaines territoriaux. De son mariage avec Sarah Jennings il eut cinq enfants, un fils et quatre filles ; le fils mourut jeune, et c’est d’une des filles, mariée à lord Spencer, comte de Sunderlund, que descend le duc de Marlborough actuel.

MnilhorougU (CHANSON DB). V. MiLBROUGH.

MAIILDOHOUC.il (Sarah Jennings, duchesse du), femme du précédent, née k Sandbridge, comté d’Hertford, en 1660, morte en 1744. Elle fut, avec miss Arabella Churchill, le principal instrument de fortuite de son mari. Ses deux sœurs aînées étaient filles d’honneur de la duchesse d’York ; elle vint k la cour avec elles, et se lia surtout avec la princesse Anne, qui était k peu près de son âge, et sur laquelle elle sut prendre dès lors le plus complet ascendant. En 1678, elle devint la femme de Churchill, alors colonel, et lorsque la princesse Anne épousa Georges de Danemark, elle fut sa première dame d’honneur (1683). Leur mariage ne s’était pas accompli sans traverses. Leurs amours furent troublées par plus d’une scène orageuse ; les brouilles, les raccommodements, les lettres de tendresse ou de reproches se succédèrent souvent pendant plusieurs années, tandis qu’en dehors d’eux-mêmes ils trouvaient un obstacle plus sérieux k leur mariage dans l’ambition des parents du jeune colonel, qui prétendaient faire épouser, à leur fils une dame plus richement dotée que miss Jennings, Celle-ci en conçut de l’ombrage, soupçonna son amant d’inconstance, et, dans un mouvement de générosité, — lui conseilla de rompre avec elle un engagement qui s’opposait k sa fortune. Churchill, k cette époque plus amoureux qu’avare, sut vaincre la résistance de sa famille. Devenue lady Churchill, Sarah Jennings se consacra absolument k la fortune de son mari, On peut dire qu’elle ne fut pas ambitieuse pour son propre compte ; née avide, hautaine et orgueilleuse, elle mit son orgueil k faire un puissant personnage de l’homme auquel elle était unie ; s’il y a des taches dans sa vie, et on ne peut les dissimuler, c’est l’homme qu’elle aima qui eu est responsable. Dans cette couri.li"J’ieieuse de . Charles II, elle vécut, (i>s façon honnête, ce qui est asseu méritoire, car à cette époque, et surtout k la cour d’Angleterre, après le règne austère de Cromwell, les mœurs éé-