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— Encycl. Théâtre. On composa d’abord, sous le nom de moralités, des poèmes pieux, dus à des moines pour a plupart et destinés à contre-balancer les folles imaginations des trouvères ; des légendes empruntées aux martyrologes ou aux. chroniques des monastères remplaçaient, dans un but d’édifh’ation, les contes gaulois des fabliaux. Les Moralités des philosophes d’Atars de Cambrai et les Enseignements d’Arislote de Pierre de Vernon (xme siècle) appartiennent à ce genre d’écrits. La forme diuioguée ayant été souvent employée, comme on le voit dans les Débuts de l’âme et du corps et les Entretiens de Pierre de La Broche (Ancien ThéâtreFrançais, toine III), elle finit par prévaloir pour les moralités, et, au courant du xvo siècle, on ne donna plus ce nom qu’à, des compositions scéniques. Les moralités contenaient en germe la comédie, comme les mystères contenaient en germe la tragédie et le draine. La représentation des mystères étant le privilège exclusif des confréries de-la Passion, celle des moralités échut aux clercs de la basoche. Ces clercs, gent turbulente et lettrée, ne mirent pas en doute un seul instant de pouvoir tout aussi bien amuser la foule que ces manants « qui d’un mot en font trois, mettent point et pause au milieu d’une proposition, sens ou oraison imparfaite, font d’un iiiterrogantun admirant ou autre geste, prolation ou accent contraires à ce qu’ils disent. » Les confrères de la Passion se contentaient de mettre en dialogue les Écritures et les légendes ; ils taillaient donc eu plein drap ; les clercs, au contraire, avaient tout ’à imaginer ; ils eurent en cela un mérite impossible à contester. Le nerf de ce théâtre, c’est l’allégorie ; il y paraît assez, rien qu’aux noms des personnages ; ce sont : Bien-avisé, Malavisé, Bonne-lin, Male-tin, Jeune, Oraison, Aumône, sœur d’Oraison, Espérance-delongue-vie, Honie-de-dire-ses-péchés Désespérance-de-pardon. Parfois les personnages

sont plus étranges encore ; ce sont : Limonde-la-terre, Sang-d’Abel, Chair et Esprit.

L’analyse sommaire d’une de ces petites pièces achèvera d’en résumer l’esprit. Quatre joyeux compères, Sans-Eau, Mange-tout, Lasoif et Bois-à-vous, sont invités à dîner par Banquet, gros et gras amphitryon ; plusieurs dames sont de la partie ; ce sont : Luxure, Gourmandise et Friandise. On se meta table ; tout va bien d’abord ; mais voilà qu’au beau milieu du festin, la salle est envahie par Lacolique, Lngoulte, Esquinancie, Hydropisie, etc., etc., lesquelles sautent à la gorge et aux jambes des convives. Le plus grand nombre reste sur le carreau. Quelquesuns trouvent un refuge dans les bras de Sobriété, qui appelle Remède à son secours. Quant à gros Banquet, l’amphitryon, Expérience le condamne k mort, et ce sera Ladiète qui l’exécutera. Telle était la moralité, genre honnête et inoffensif s’il en fut, d’un intérêt assez médiocre, il faut en convenir, et qui fit bientôt place à la farce et à la sotie, plus mouvementées et répondant mieux aux besoins et aux secrets désirs du peuple.

il Oit AN A, déesse delà mort dans la mythologie slave. C’est la même que Marzana. Par allégorie, elle représente aussi l’hiver et le sommeil. Dans la tradition des peuples de la Bohème, l’âme réside dans le sang et se sépare de l’homme sous la forme d’un oiseau qui se pose sur un arbre voisin, jusqu’à ce que le corps auquel il a appartenu soit brûlé. Morana chante, pendant, que l’homme se meurt, et l’aide a s’endormir dans le sommeil éternel par ses chants. Morana était aussi la déesse de l’automne et de la vieillesse. C’était elle qui répandait sur les derniers jours de la vie des hommes de bien les joies et les consolations, fruits de toute une vie honnête. Ou la représentait sous la forme d’une femme à l’air grave et sérieux, assise au milieu d’un verger et entourée de pommes et de poires.

MORAND (saint), religieux de Clnny, né en Allemagne, il vivait au xie siècle, lit profession a l’abbaye de Cluny, dirigée alors par le célèbre Hugues de Semur, fut un. de ses plus zélés missionnaires, parcourut l’Auvergne et la Suisse, relevant les monastères déchus ou en fondant de nouveaux, et dut k ses vertus d’être mis au nombre des saints. L’Église l’honore le 3 juin.

MORAND (Sauveur-François), chirurgien français, né à Paris en 1C37, mort eu 1773. Son père, Jean Morand, né dans le Limousin en 1658, mort en 1726, avait été, pendant près de trente ans, chirurgien-major à l’hôtel des Invalides et avaitle premier essayé d’amputer le bras dans son articulation avec l’omoplate. François Alocaiid fit, sous la direction de son père, de tels progrès dans la chirurgie qu’il devint, dès l’âge de quinze ans, aide à l’hôtel des Invalides, où il fut admis comme chirurgien en 1724. Membre de l’Académie des sciences depuis 1722, démonstrateur des opérations de chirurgie en 1725, censeur royal et chirurgien en chef de l’hôpital de la Charité (1730), chirurgien-major des gardes — françaises (1739) et chirurgien en chef de l’hôtel des Invalides, Morand acquit, par le talent dont il lit preuve dans ces diverses fonctions, une grande réputation. À la science d’un anatoiuiste consommé, il joignait une grande facilité d’élocution, et ses cours étaient suivispar un grand nombre d’élèves. En 1729, il avait fait en

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Angleterre un voyage pour apprendre de Cheselden à tailler la pierre par l’appareil latéral. Il était en relation avec les principaux savants du temps, Sloane, Morgagni, Haller, Sharp, etc., et faisait partie d’un grand nombre de sociétés savantes de l’Europe. Morand était aimable, gai, obligeant. 11 fut notamment le protecteur de Sabatier, qui devint son gendre. Indépendamment de nombreux mémoires insérés dans les recueils de l’Académie des sciences et de l’Académie de chirurgie, on a de lui : Truite de la taille au haut appareil (Paris, 1728, in-8o) ; Discours pour prouver qu’il est nécessaire à un chirurgien dêlre lettré (Paris, 1743) ; Recueil d’expériences et d’observations sur la pierre (Paris, 1743, 4 vol.) ; l’Art de faire des rapports en chirurgie ; Opuscules de chirurgie (Paris, 1768-1772, in-4o).

MORAND (Pierre de), auteur dramatique français, né à Arles en 1701, mort en 1758. Ses parents l’avaient destiné au barreau, mais un irrésistible penchant l’entraîna vers la carrière des lettres. Il commença par reconstituer l’Académie de musique d’Arles, puis alla se fixer à Paris (1731) et se fit admettre au cercle littéraire du comte de Clermont et à la petite cour de la duchesse du Maine. En 1732, il composa un Divertissement pour la duchesse de Bourbon, et, deux ans après, un Prologue pour l’ouverture du théâtre de la duchesse du Maine, sur lequel il fit jouer, en 1734, la tragédie de Téglis. L’année suivante, cette pièce fut représentée au Théâtre-Français, où elle eut peu de succès. La tragédie de Childéric, jouée en 1736, ne réussit pas mieux que la précédente, bien qu’on y trouve des scènes imposantes et des vers énergiques. Morand s’était fait recevoir avocat au parlement de Paris en 1739, mais il ne paraît pas qu’il ait plaidé. Nommé correspondant littéraire du roi de Prusse en 1749, il perdit bientôt cette place. À la suite de quelques chagrins d’intérieur et pour se venger de sa belle-mère qui les avait causés, il donna l’Esprit de divorce (1738), pièce qui eut quelque succès et dans laquelle il mit sa belle-mère sur la scène, sous les traits de Mme Orgon. Indépendamment de Childéric et de l’Esprit de divorce, on doit à Morand : l’Enlèvement imprévu, comédie non représentée ; les Muses, sorte d’ambigu dramatique (1738), composé d’un Prologue, de la tragédie de Phanasar, imprimée depuis sous le titre de Menzikof, enfin d’Agathine, pastorale, et d’Orphée, ballet-pantomime ; la Vengeance trompée, comédie (1743) ; Mégare, tragédie sifflée au Théâtre-Français en 1748 ; le Pot de chambre cassé, tragédie pour rire (1749, in-8o). On lui doit encore deux ballets, des Divertissements, sortes de petits opéras de salon en un acte ; des cantates ; des poésies légères ; Justification de la musique française (1754, in-8o), etc. La plupart de ses couvres ont été réunies sous le litre de Théâtre et Œuvres diverses (Paris, 1751, 3 vol. in-12).

MORAND (Jean-Krançois-Clément), médecin, fils du précédent, né à Paris en 1720, mort en 1784. Reçu docteur à Paris en 1750, il pratiqua peu la médecine, préférant s’occuper cie recherches scientifiques. Morand devint membre (1759), puis bibliothécaire de l’Académie des sciences, et fit partie des principales sociétés savantes de l’Europe. Il s’occupa principalement des faits singuliers que présente le domaine scientifique. Tous les sujets lui étaient bons ; aussi trouve-t-on de lui, dans le recueil de l’Académie dos sciences et dans quelques autres, la collection la plus bigarrée de mémoires sur les questions les plus diverses : sur des analyses d’eaux minérales, sur les effets de remèdes nouveaux, sur l’usage de nouveaux instruments de chirurgie, sur quelques maladies extraordinaires, sur la botanique, sur la météorologie, sur diverses antiquités, sur l’exploitation des mines de charbon de terre, etc. Parmi les écrits qu’il a publiés séparément, nous citerons : Histoire de la maladie singulière et de l’examen du cadavre d’une femme, devenue en peu de temps toute contrefaite par un ramollissement général des os (1752, in-12) ; Nouvelle description des grottes d’Arcy (1752, in-12) ; l’Héroïsme se transmet-il du père aux enfants ? (1757, in-4 » ) ; Du charbon de ten-e et de ses mines (1709, in-fol.) ; Mémoire sur la nature, etc., du charbon de terre (1770, in-12) ; I’j4 ri d’exploiter les mines de charbon de terre (1768-1779, 6 parties in-fol.).

MORA3D (Jean-Antoine), architecte français, élève de Servandoni et do Souffiot, né à Briançon en 1727, mort en 1793. Il s’est fait remarquer k Lyon par la construction d’une belle salle de spectacle (1757) qui n’existe plus, et surtout par celle d’un élégant pont en bois sur le Rhône, qui continue k porter son nom, bien qu’il ait été reconstruit. Il fut fusillé après le siège de Lyon, pour Sa participation k la défense de la ville.

MORAND (le comte Louis-Charles-Antoine-Alexis), général de division, pair de France, né k Pontarlier (Doubs) en 1771, mort en 1S35. Capitaine de volontaires en 1791, il se distingua pendant les campagnes de la Révolution, surtout en Égypte, devint général de brigade en 1800, continua k se signaler par sa valeur sous l’Empire, notamment à Austerlitz, où sa belle conduite lui valut le grade de général de division (1805), à Auerstœdt, Eylau, Friedland, Essling, Wagram, passa le premier le

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Niémen en 1812, montra la plus rare intrépidité à la bataille de la Moscowa, où iLfut blessé d’un coup de biscaïen a la joue, lit avec honneur les campagnes de 1813 et 1814, et fut aide de camp de Napoléon k Waterloo. Condamné k mort par contumace en 1816, acquitté en 1819 et mis k la retraite, il ne rentra dans les cadres de l’armée qu’après les journées de juillet 1830. Louis-Philippe lui donna un siège k la Chambre des pairs en 1S32. On lui doit un écrit intitulé : De l’armée selon la charte et d’après l’expérience des dernières guerres (Paris, 1S29, in-S°).

MORANDE s. f. (mo-ran-de). Agric. Cep de vigne qui périt par suite d’un mal qui se déclare dans le blanc des racines.


MORANDE (Charles Thévenot ou Theveneau, dit Thevenaau de), pamphlétaire et journaliste français, né à Arnay-le-Duc en 1748, mort vers 1803. Son père exerçait, à Arnay-le-Duc, les fonctions de procureur et voulait lancer son fils dans la magistrature. Il l’envoya à Dijon pour y faire ses études ; mais le jeune Charles montra bientôt un esprit désordonné et s’enrôla dans un régiment de dragons. Il ne tarda pas à se repentir de sa précipitation et, sur ses instantes prières, fut racheté par son père. À peine libéré, il accourut à Paris, où il se signala par ses débauches, ses intrigues, ses filouteries honteuses, de scandaleux désordres qui attirèrent l’attention de la police. Sa famille était au désespoir ; elle demanda des lettres de cachet, et le jeune Theveneau fut enfermé pendant quinze mois, d’abord au For-l’Évêque, puis à l’Armentières. À sa sortie de prison, il passa en Angleterre où, se trouvant sans ressources, il eut l’idée de prendre le nom de Morande et de publier sous ce pseudonyme de violents libelles qu’il fit passer clandestinement en France et dans lesquels « il diffamait, outrageait, calomniait sans distinction tous les noms tant soit peu connus qui se présentaient sous sa plume. » Jl donna d’abord le Philosophe cynique et Mélanges confus sur des matières fort claires (1771, in-8o), qui obtinrent un vif succès et l’engagèrent à persévérer dans cette voie. Le plus fameux de ses pamphlets est intitulé : le Gazetier cuirassé ou Anecdotes scandaleuses de la cour de France, contenant des nouvelles politiques, apocryphes, secrètes, extraordinaires ; nouvelles de l’Opéra, vestales et matrones de Paris, nouvelles énigmatiques, transparentes, etc. C’est une suite d’aventures scandaleuses, comme en racontaient les Nouvelles à la main, où le faux se trouve mêlé au vrai, et dans lesquelles l’imagination de l’auteur s’est donné pleine carrière. Cet ouvrage, qui a eu plusieurs éditions, peut être considéré comme une série de petits romans composés d’après des faits réels, mais dénaturés suivant le caprice de Morande. Tel qu’il est, cependant, il fournit de curieux détails de mœurs sur l’époque dépravée de Louis XV et d’intéressantes anecdotes sur les personnages de la cour. Écrit d’un style vif et agréable, il trouva bientôt une foule de lecteurs et se répandit à un grand nombre d’exemplaires en France, en Angleterre et en Allemagne.

Charmé de ce succès inattendu, Morande imagina de spéculer sur l’effroi qu’il inspirait ; il envoyait d’Angleterre des sommations d’argent à ceux qui redoutaient ses attaques et qui, le plus souvent, consentaient à acheter son silence. Il voulut même rançonner Voltaire et lui écrivit qu’il avait dans les mains de quoi le diffamer. Voltaire divulgua les propositions du libelliste. Morande ne fut pas plus heureux avec le duc de Brancas, qui le roua de coups de canne et le força de lui en donner quittance ; après quoi, il lui fit avouer dans tous les organes de la presse anglaise, par une note signée de son propre nom, que lui, Morande, se reconnaissait pour un vil imposteur. Ces déboires ne touchèrent pas, paraît-il, bien vivement son honneur, qui, du reste, comme on peut voir, n’était pas délicat. Il trouva l’occasion de se dédommager dans la personne de Mme  Du Barry, la maîtresse du roi Louis XV. Il accumula dans ses cartons tous les renseignements imaginables sur la vie de cette femme, puis, quand il les jugea assez complets, il l’avertit qu’il allait publier un ouvrage en quatre volumes sous le titre de : Mémoires d’une femme publique. Cette fois, le sujet n’était point ingrat ; aussi, dit Bachaumont, ce livre « était une compilation infernale ; le Gazetier cuirassé est à l’eau de rose en comparaison de ce nouveau chef-d’œuvre. » Morande offrit de supprimer cet ouvrage moyennant 500 louis comptant et 4, 000 livres de pension, réversible à sa mort sur la tête de sa femme et de ses enfants. Les monarques absolus, qui se moquent de l’opinion publique puisqu’ils l’étouffent, se montrent très-sensibles aux épigrammes de cour et aux méchancetés aigres et perfides qui circulent, auprès d’eux, dans leurs antichambres et qu’ils ne peuvent punir. Louis XV voulut à tout prix arrêter l’ouvrage de Morande. Il demanda au gouvernement anglais l’extradition du pamphlétaire. La cour de Londres refusa, mais en disant qu’elle ne s’opposerait pas à un enlèvement, s’il était accompli dans le plus grand secret. Des gens de la police furent donc envoyés à Londres avec ordre de surprendre la confiance de Morande, de l’enlever et de l’amener à Paris ; mais le secret fut éventé ; Morande, averti, se tint sur ses gardes et, se donnant aux yeux du peuple anglais pour un proscrit politique, ameuta la foule contre les émissaires de Louis XV. Ceux-ci durent se sauver en toute hâte pour ne pas avoir à subir quelque mauvais parti. Pendant ce temps, les Mémoires d’une femme publique avaient été imprimés et allaient être répandus à trois mille exemplaires dans toute l’Europe. À bout de moyens, Louis XV confia à Beaumarchais la mission de conclure un marché avec Morande et de lui arracher, à quelque prix que ce fût, la promesse de ne pas publier l’ouvrage ; Beaumarchais partit sous le nom de Ronac, anagramme de Caron, et eut bientôt raison de Morande. Il acheta son silence pour 20, 000 livres comptant et 4, 000 livres de pension ; si l’on ajoute à cette somme 900 livres dépensées par Beaumarchais pour son voyage, on voit que le roi payait cher l’honneur d’une femme comme la Du Barry. Le Parc-aux-Cerfs, il est vrai, en avait coûté bien d’autres !

Après cette brillante affaire, Morande sembla ne plus vouloir rechercher l’éclat et le scandale. Beaumarchais avait su prendre sur lui beaucoup d’autorité ; il le domina quelque temps de son influence et, par ses conseils, le ramena dans une voie meilleure. « Vous avez fait de votre mieux, monsieur, lui écrivait-il, pour me prouver que vous rentriez de bonne foi dans les sentiments et la conduite d’un Français honnête, dont votre cœur vous a reproché longtemps avant moi de vous être écarté ; c’est en me persuadant que vous avez le dessein de persister dans ces louables résolutions que je me fais un plaisir de correspondre avec vous… » Grâce à sa petite fortune, Morande mena à Londres un train de vie fort agréable, et rédigea pendant plusieurs années le Courrier de l’Europe, feuille satirique dans laquelle on ne retrouva pas les traits du Gazetier cuirassé. Il revint en France pendant la Révolution et se mêla activement aux événements. Le journal qu’il fonda, l’Argus patriotique, dans lequel il défendit la royauté déchue, lui attira les colères du parti révolutionnaire qui le fit emprisonner. Quoi qu’en ait dit la Biographie Michaud, il échappa toutefois aux massacres de Septembre et se retira dans son pays natal, à Arnay-le-Duc, où il remplit pendant quelque temps les fonctions de juge de paix.

Morande a publié plusieurs autres ouvrages, notamment : le Philosophe cynique et des Remarques historiques sur le château de la Bastille, qui contiennent des renseignements assez curieux et alors nouveaux sur cette prison d’État (1777, à la suite d’une édition du Gazetier cuirassé) ; la Gazette noire par un homme qui n’est pas blanc (1784, in-8o) ; le Diable dans un bénitier, pamphlet qu’il fit attribuer à Brissot, lequel, pour cette raison, fut pendant quelque temps enfermé à la Bastille, etc. Les Anecdotes sur la comtesse Du Barry (1776), que plusieurs auteurs ont attribuées à Morande, ne sont pas de lui ; cet ouvrage serait de Mairobert, selon Barbier. La physionomie de Morande, plus ou moins altérée par les recueils biographiques jusqu’en 1856, a été, à cette époque, présentée sous son vrai jour par de Loménie dans son ouvrage : Beaumarchais et son temps (1856, 2 vol. in-8o).


MORANDI-MANZOLINI (Anna), femme anatomiste italienne, née à Bologne en 1716, morte dans la même ville en 1774. Elle avait appris le dessin et la sculpture lorsqu’elle épousa, en 1740, le médecin J. Manzohui, qui lui apprit l’anatomie. À partir de ce moment, elle s’attacha à modeler en cire les diverses parties du corps humain, particulièrement les organes de la génération et le fœtus dans les diverses positions qu’il occupe dans l’utérus, et parvint à imiter la nature avec une rare perfection. Après la mort de son mari (1757), elle devint membre de plusieurs Académies, obtint une chaire d’anatomie dans sa ville natale en 175S, vit sa réputation s’étendre dans toute l’Europe et refusa les offres qui lui furent faites pour aller s’établir à Milan, à Londres, à Saint-Pétersbourg. L’empereur Joseph II, ayant traversé Bologne (1769), voulut voir cette femme distinguée ; enfin, le comte Ranuzzi lui acheta la collection de ses préparations, ses instruments et ses livres et lui donna un appartement dans son palais.


MORANDINI (Francesco), dit le Poppi, peintre italien de l’école florentine, né à Poppi (Toscane) en 1544, mort vers 1584. Il eut pour maître Vasari, dont il s’attacha à imiter la manière. Cet artiste joignait k beaucoup d’imagination une grande habileté de main et une facilité extrême. Aussi, malgré la brièveté de sa vie, a-t-il composé un grand nombre de tableaux. Nous citerons de lui : 1e Christ ressuscitant le fils de la veuve deNaïm, une Conception, le Christ guérissant un lépreux, Alexandre le Grand donnant Campaspe àApelle, une Fonderie de canons avec Cosmel^ assis, dans divers édifices de Florence ; l’Assomption, la Purification de la Vierge, à Pistoja ; Saint Pierre dominicain, au musée de Vienne, etc.

MOBANDISTE s. ni. (mo-ran-di-ste). Hist. Nom donné, en 1797, à des membres du parti républicain, à Gênes, qui se réunissaient chez Morandi.

MORANDO (Filippo-Rosa), poSto italien, né à Vérone en 1732, mort dans la même ville en 1757. Dès l’âge de onze ans, il manifesta sa