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politiques du temps, par des pamphlets ou opuscules nombreux, qui remplaçaient alors la presse périodique.

Une mission commerciale, qui lui fut confiée en 1772 en Angleterre, mit l’abbé Morellet en relations directes avec lord Shelburne, depuis marquis de Lansdowne, qu’il avait déjà rencontré à Paris, puis avec Franklin et les membres les plus distingués du parlement et de l’aristocratie anglaise. En 1775, Voltaire le reçut à Ferney avec une bienveillance marquée. Il le connaissait d’ailleurs de longue main, car dès 1760 on lit dans une lettre de lui à Thiriot : « Embrassez pour moi l’abbé Mords-les. Je ne connais personne qui soit plus capable de rendre service à la raison. » Sa liaison avec Marmontel était aussi fort ancienne et elle fut resserrée en 1777 par le mariage de l’auteur des Incas avec une nièce de l’abbé.

En 1784, Louis XVI lui accorda une pension de 4,000 livres et, en 1785, il remplaça l’abbé Millot à l’Académie française. Des connaissances étendues en linguistique, un admirable talent pour l’analyse et les définitions le mirent à la tête des rédacteurs du Dictionnaire de cette société, dont il était directeur lorsqu’elle fut supprimée en 1792. Les principes de 1789 le trouvèrent bien disposé pour eux. Ces bonnes dispositions s’étaient manifestées d’abord par des conseils au cardinal de Brienne, membre de l’Assemblée des notables de 1787, puis ministre des finances et chef du ministère. Quand en 1788 on discuta la question des états généraux, il se mit à l’œuvre à son ordinaire et produisit des Observations sur la forme des états de 1614. Il y était de l’avis que le tiers devait avoir une représentation double. Une nouvelle brochure, Réponse au mémoire des princes, fut également bien accueillie. En 1789, il continua d’intervenir dans les affaires courantes par les Réflexions du lendemain et le Moyen de disposer utilement des biens ecclésiastiques. Mais lorsqu’il vit s’accomplir tout à coup l’effondrement de l’ancien régime, lorsqu’il vit émettre des théories pleines de hardiesse, il se sentit pris d’une vive inquiétude, et la suppression de ses pensions, jointe à la suppression de l’Académie française, le jeta complètement du côté de la réaction. Lorsque la dissolution de l’Académie fut prononcée (1792), il emporta chez lui les archives, les registres, les titres de création, jusqu’au manuscrit du Dictionnaire, enfin tout ce qu’il était intéressant de conserver parmi les papiers de l’Académie, et ne les rendit qu’en 1803. Morellet vécut dans une retraite profonde jusqu’après le 9 thermidor. Il reparut alors et publia une série de brochures inspirées par une haine profonde contre la Révolution : la Loi des familles ; la Cause des pères ; Supplément à la Cause des pères ; Dernière défense, appel à l’opinion publique ; Discussion du rapport fait par le représentant Audouin, etc.

De toutes ses pensions, qui s’élevaient à une somme considérable, il ne lui restait que 1,200 francs en inscription de rente. Il se mit, pour vivre, à traduire des ouvrages de voyageurs et de romanciers anglais. Ses traductions sont : l’Italien ou le Confessionnal des pénitents noirs ; les Enfants de l’abbaye ; Clermont ; Phédora ; Constantinople ancienne et moderne ; le tome III du Voyage de Vancouver, et les livres IX et X de l’Histoire d’Amérique par Robertson. Il traduisit ainsi 20 volumes in-4o dans l’espace compris entre l’année 1797 et l’année 1800. On n’a de lui, durant cette période, qu’une brochure contre la loi des otages (1799). Il ne fut pas rappelé à l’Institut lors de sa création (1795) ; mais le premier consul l’y fit réadmettre en 1803, lors de la réorganisation de ce corps. Il rentra dans la classe de la langue et de la littérature française (ancienne Académie française) et fut nommé secrétaire de la commission du Dictionnaire. Nommé en 1807 membre du Corps législatif, il traversa sans encombre une vieillesse alerte et sans infirmités. Malheureusement, à l’âge de quatre-vingt-huit ans (1815), une chute, dans laquelle il se brisa le fémur, le rendit tout à fait impotent. Mais cela ne l’empêcha pas de travailler et de mettre au jour, en 1818, des Mélanges de littérature et de philosophie au XVIIIe siècle (4 vol. in-8o). Ces Mélanges ne contiennent guère que des fragments déjà publiés par l’auteur. L’abbé Morellet n’était pas un talent du premier ordre ; mais il avait l’intelligence étendue, de l’instruction, une facilité de style qui excluait la profondeur, non l’élégance. En philosophie, en matière littéraire, dans les arts industriels, il n’a laissé son nom à aucune œuvre remarquable. Cependant, il savait mettre en lumière les idées et les découvertes d’autrui. En définitive, il parvint à jouer un rôle important dans les lettres et la politique du XVIIIe siècle. S’il combattit la Révolution, il resta du moins fidèle aux idées de tolérance, à la liberté de la pensée, et, malgré la réaction très-prononcée qui avait alors de puissants organes, il défendit la philosophie du XVIIIe siècle jusqu’à sa mort. Outre les travaux cités plus haut et des articles publiés dans le Publiciste, les Archives littéraires et le Mercure de l’an VIII, on a encore de l’abbé Morellet : Réflexions sur les préjugés qui s’opposent au progrès de l’inoculation en France, traduites de Gatti (1704, in-8o) ; Éloge de Mme  Geoffrin, qui n’a pas été imprimé à part ; des Mémoires sur la seconde moitié du XVIIIe siècle, publiés par Lemontey (1821, 2 vol. in-8o).


MORELLI (Bartolommeo), dit le Pionoro, peintre italien de l’école bolonaise, né à Pianoro, près de Bologne, mort en 1703. L’Albane dirigea son éducation artistique, et Morelli sut s’inspirer dans ses œuvres, qui sont pour la plupart des fresques, de la grâce charmante de son maître. On cite, parmi ses plus belles productions, celles qui décorent une chapelle de l’église San-Bartolommeo, à Bologne.


MORELLI (François-Joseph), écrivain italien, né. À Florence au commencement du xvme siècle, mort h Vienne (Autriche) en 1756. Il était franciscain lorsqu’il quitta son couvent et sa ville natale, passa en Angleterre et mena une existence vagabonde jusqu’à l’époque de sa mort. Il a laissé plusieurs écrits, parmi lesquels nous citerons : le Tre conversioni a"Inghilterra del paganismo alla religione crisliana (Rome, 1750, 3 vol. in-4<>).


MORELLI (Cosimo), architecte italien, né à Imola en 1732, mort en 1812. Il eut pour maître Domenico Trifogli. Lorsque Pie VI, qui l’avait connu à Imola, devint pape, il 1 appela à Rome et le chargea d’exécuter de nombreux travaux dans les États de l’Fglise. On doit à cet artiste la cathédrale d’Imola, l’église métropolitaine de Fermo, le dôme de Macerata ; les théâtres de Fermo, d’Imola, d’Osimo, de Ferrare ; les palais Braschi, à Rome ; Berio, à.Naples ; le palais épiscopal à Imola, etc.


MORELLI (Marie-Madeleine), femme poëte italienne, née à Pistoie en 1740, morte à Florence en 1800. Elle se fit remarquer de bonne heure par sa grâce, par sa beauté, par la vivacité de son intelligence et surtout par ses brillantes facultés d’improvisation. C’est ainsi qu’on la vit composer d’inspiration, sur un sujet donné, des tirades considérables et jusqu’à des scènes entières de tragédie. Sur le bruit de sa réputation, l’Académie des Arcades l’accueillit au nombre de ses membres et elle prit dans cette compagnie le nom de Coriiin Oiimpicn (1775), sous lequel elle est fréquemment désignée. En 1766, un triomphe solennel lui fut décerné au Capitole, non toutefois sans que Pasquin protestât par de nombreux sarcasmes. Marie Morelli avait épousé un gentilhomme espagnol, nommé Ferdinando Fernandez, qu’elle avait connu à la cour de Naples. Aucune des pièces qu’elle avait improvisées n’est parvenue jusqu’à nous.


MORELLI (Jacques), célèbre bibliographe et érudit italien, né à Venise en 1745, mort en 1819. Il était entré dans les ordres, lorsqu’il s’adonna avec passion à des travaux d’érudition, principalement à l’étude de l’histoire littéraire et de la bibliographie. Grâce à sa vive intelligence, à sa mémoire prodigieuse, il fit de rapides progrès, que facilita l'exploration d’un grand nombre de bibliothèques publiques et privées. En 1778, Morelli fut nommé conservateur de la bibliothèque de Saint-Marc, à Venise, emploi qu’il conserva jusqu’à sa mort. Il enrichit considérablement le précieux dépôt confié à ses soins, y fit réunir les archives secrètes du fameux conseil des Dix et lui légua 20.000 opuscules rares qu’il avait réunis à ses frais. Placé au milieu de tant de richesses littéraires, Morelli était devenu un critique habile, un excellent archéologue. L’Institut l’avait nommé membre associé, et il faisait partie d’un grand nombre d’académies de l’Europe. On lui doit la découverte de plusieurs ouvrages perdus des anciens et l’impression de manuscrits rares. Les ouvrages de Morelli, publiés en 1820, en 3 vol. in-8o, sous le titre d’Operette, renferment des dissertations intéressantes sur l’histoire littéraire, la bibliographie et les beaux-arts. Nous nous bornerons à citer : Dissertazione storica intorno alla pubblica libreria di San-Marco in Venezia (Venise, 1774, in-8o) ; Catalogo di storie generali e particolari d’Italia (1782) ; Catalogo di libri latini dal bali Farsetti (1788) ; Bibliotheca Maphæi Pinelli descripta et annotationibus illustrata (1787, 6 vol. in-8o), ouvrage important pour la connaissance des incunables ; Bibliotheca manuscripta græca et latina (Bassano, 1802) ; Dissertazione intorno ad alcuni viaggiatori eruditi veneziani poco noti (1803), etc.


MORELLY, philosophe français, mort dans la seconde moitié du xvme siècle. On ne suit absolument rien sur la vie de cet écrivain, si ce n’est qu’il donna des leçons particulières à Vitry-le-François. Morelly se préoccupa beaucoup de l’idée de réformer les abus da la société et, pendant sa vie obscure, il se livra à de longues méditations sur ce sujet. 11 publia successivement : Essai sur l’esprit humain (Paris, 1745, in-12) ; Essai sur le cœur humain (Paris, 1745, in-12) ; Physique de la beauté ou Pouvoir naturel de ses charmes (Amsterdam, 1748, in-12) ; le Prince, les délices du cœur ou Traité des qualités d’un^grand roi et système d’un sage gouvernement (Amsterdam, 1751, 2 vol. in-12), ouvrage dans lequel il commence à esquisser ses idées sociales ; Naufrage dès îles flottantes à la Busiliade, poëine héroïque en 14 chants (Paris, 1763, 3 vol. in-12), dans lequel, sous une forme romanesque, il expose tout un système de gouvernement, basé sur le communisme, et qui surpasse en hardiesse l’Utopie de Thomas Morus. Morelly a condensé ses idées dans

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un ouvrage célèbre intitulé : le Code de la nature ou le Véritable esprit de ses lois de tout temps négligé ou méconnu (1755, in-12). Nous avons consacré au mot codk un long article à cet ouvrage, dont la lecture inspira à Babeuf sa théorie du bonheur commun. Le Code de la nature a été pendant longtemps attribué à Diderot ; Villegardelle en a publié une édition avec des fragments de la Dasiliade et une analyse du système de Morelly en 1841.

MORELLY (Jean-Baptiste), théologien protestant français. V. Morei.y.

MORELOS (don José-Maria), l’un des fondateurs de l’indépendance mexicaine, né à Sindurio, prés de Valladolid, vers 1780, mort en 1815. Il était de sang indien et curé de Caracuaro, ■ lorsque Hidalgo arbora contre l’Espagne le drapeau de la révolte. Nommé, en 1810, capitaine général des iierras calientes, il se mit à la tête d’une petite troupe, parvint à réunir un millier d’hommes et attaqua le camp royaliste, qu’il dispersa. La rapidité de ses succès fut merveilleuse. Il battit l’armée de Fuentes, envoyée à sa poursuite, et s’empara d’Orizaba, d’Ouxaca, d’Acnpulco, de la Vera-Cruz, de Puebla, etc., et réunit entre ses mains tous les pouvoirs civils et militaires. Avec 7,000 hommes et un train d’artillerie, il arriva devant Valladolid le 25 décembre 1813, et se trouva alors en présence de forces considérables, commandées par Llano et Iturbide, alors colonel.’Morelos, ayant voulu s’emparer de la ville sans avoir donné à ses troupes fatiguées un repos nécessaire, fut repoussé avec perte par les

royalistes et, à partir, de ce moment, il éprouva une série de revers qui ne finirent qu’avec sa vie. Après avoir été vaincu dans divers combats, il essaya de s’emparer de ïéhuacan pour y installer le congrès ; mais il se vit abandonné par ses lieutenants et par les Indiens. Attaqué à l’improvisie, le 5 novembre 1815, par deux divisions ennemies, il se défendit héroïquement, mais fut fait prisonnier. On le conduisit alors à Mexico, où il fut condamné’à mort. Morelos montra la plus grande fermeté d’âme, tant dans les interrogatoires qu’on lui fit subir que pendant ses derniers moments. Conduit, le 22 décembre 1815, derrière l’hôpital de San-Christoval, où il devait être fusillé, il prononça cette courte prière, qui mérite d’être rapportée pour sa noble simplicité : • Seigneur, dit le général, si j’ai bien fait, tu le sais, et tu m’en récompenseras ; si j’ai mal fait, je recommande mon âme à ta miséricorde infinie. » Après avoir prononcé ces mots, il se banda les yeux, commanda le feu et reçut la mort avec ce visage calme et impassible qu’on avait admiré tant de fois sur le champ de bataille. Pour ce qui regarde la vie privée de Morelos, comme ecclésiastique, nous devons avouer qu’elle n’avait rien d’édifiant : il violait publiquement son vœu de chasteté, et il laissa plusieurs enfants, au nombre desquels figure en première ligne le général Almonte.

MORELOT (Jean), magistrat et poëte franccomtois, né à Besançon vers le milieu du

xvr» siècle, mort à Arbois en 1616, Après avoir été juge à Besançon, il devint lieutenant du bailliage d’Arbois et partagea son temps entre ses fonctions et la culture des lettres. On a de lui : Discours (en vers) aux excellents et magnifiques seigneurs les gouverneurs de la cité.impériale de Besançon (’Besançon, 1588, in-4o) ; Carmina, recueil de poésies latines (Besançon, 1589, in-8o).

MORELOT (Simon), chimiste français, né à Beaune en 1751, mort à Girone (Espagne) en 1809. Il obtint au concours une chaire de pharmacie à Paris, devint, pendant la Révolution, inspecteur des pharmacies spéciales des prisons de la Seine, puis fut attaché au service de santé des armées, devint médecin principal et fit les campagnes du Rhin, de l’Allemagne, d’Espagne. En 1807, Morelot avait pris le grade de docteur en médecine à Leipzig. On lui doit : Cours élémentaire d’histoire naturelle pharmaceutique (Paris, 1800, 2 vol. in-8o) ; Cours de pharmacie chimique ou Manuel du pharmacien chimiste (Paris, 1803, 3 vol. in-8o) ; Histoire naturelle appliquée à la chimie, aux arts, etc. (Paris, 1809J 2 vol. in-8o).

MORELY ou MORELLY (Jean-Baptiste), dit de Viilier», théologien protestant, né à Paris vers 1510, mort vers le milieu du xvie siècle. Il se réfugia à Genève vers 1540 et fut un des apôtres les plus ardents de la Réforme. Jugeant que le consistoire, tel que Calvin l’avait organisé, ne se trouvait pas dans l’Église primitive, il s’en ouvrit au réformateur et lui exprima le vœu que l’Église protestante en revint à l’ancienne constitution démocratique des communautés chrétiennes. Ce projet sourit médiocrement à

Calvin. Morely fit imprimer, sous le titre : Traicté de la discipline et police chrestienne (Lyon, 1561, in-4o), un livre dans lequel il exposaitses idées à cet égard. Le synode d’Orléans condamna le livre en 1562 et excommunia l’auteur, Morely se retira alors à Tours, puis retourna à Genève. A peina arrivé, il reçut une citation à comparaître devant le consistoire pour se rétracter. Il refusa de se présenter, demandant pour arbitres Farel, Viret et Calvin ; à quoi celui-ci répondit qu’il n’était, pas au-dessus du synode qui avait condamné l’ouvrage. Alors le consistoire ex MORE

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communia Morely et le déféra au conseil, qui condamna le livre au feu. Trois synodes nationaux, celui de Paris en 1565, celui da La Rochelle en 1571, et celui de Nîmes en 1572, confirmèrent cette décision. Morely quitta Genève et trouva un emploi de précepteur auprès du fils de Jeanne d^Albret ; mais Th. de Bèze lui fit bientôt perdre cet emploi. À partir de cette époque, il disparaît de la scène historique. On croit cependant qu’il alla finir ses jours en Angleterre.

MORENA (sierra), en latin Mariant Montes, vaste chaîne de montagnes d’Espagne, s’étendant entre la Guadiana et le Guadalquivir, du N.-E. au S.-O., depuis la source du Guadalunar jusqu’au cap Saint - Vincent. Elle prend en Espagne les noms de sierra de Pedroches, de Cordova, de Constantina, de Monasterio’ et de Aroche, et en Portugal, de

l’autre côté de la Guadiana, ceux de sierra de Caldeira et de Monchique. Cette chaîne s’étend sur une longueur de 400 kilom., séparant l’Andalousie de la Nouvelle-Castille et de l’Estramadure ; sa plus grande largeur est de 80 kilom. La partie la plus orientale, celle qui s’appuie immédiatement sur lo plateau central ibérique, porte plus particulièrement le nom de sierra Morena ; du côté du plateau, elle n’apparaît que comme une suite dé collines ou de pentes découvertes et adoucies qui se rejoignent à l’E. avec la sierra d’Alcaraz ; mais, à son revers méridional, elle est fort escarpée et présente l’aspect des grandes chaînes. Quoiqu’elle soit coupée d’eaux abondantes et de vallées profondes, quoiqu’elle renferme d’excellentes expositions et une terre végétale très-épaisse, c’est un des pays les plus déserts, les plus incultes et les plus pauvres de la presqu’île ; on n y voit errer que quelques bestiaux, des pâtres sauvages, des brigands qui ont donné à ces montagnes une renommée sinistre. La constitution géologique de cette chaîne est schisteuse ; la végétation ne produit guère que des arbustes à feuillage luisant ou obscur, d’où vient le nom de sierra Morena (montagnes Noires) donné à la chaîne. On y trouve des mines d’argent, de plomb, de cuivre et de mercure. Le principal défilé de la sierra Morena est celui de Despena-Perros, traversé par une belle et importante chaussée construite sous le règne de Charles III, et qui fut le théâtre de nombreux combats dans la

fuerre de 1808 à 1812. Sur le versant inôriional de la sierra Morena, le ministre Olavides établit, en 1767, plusieurs colonies allemandes et suisses, dont les principales sont Carolina et Carlotta,

MOHENA (Ottone), historien italien, né à Lodi. Il vivait au xu° siècle, se fit recevoir docteur in utroque jure, puis devint successivement avocat, juge à Lodi, commissaire

impérial. On a de lui une Historia rerum Lodensium tempore Frédérici JEuobarbi, Cxsaris qui fut continuée par ses deux fils, Hanfreda et Acerbo, et publiée à Venise (1639, in-4o).

MORENAS (François), écrivain et publiciste français, né à Avignon en 1702, mort à Monaco en 1774. Il quitta la casaque de soldat pour le froc de cordelier, mais se lassa bientôt de la vie monastique, se fit relever de ses vœux et fonda à Avignon, en 1733, un journal politique et littéraire, le Courrier d’Avignon, qu’il rédigea jusqu’en 1742 et qui obtint une certaine vogue. Son journal ayant été supprimé en 1768, il alla en continuer la publication à Monaco (1771) sous le titre de Courrier de Monaco. Outre les articles insérés par lui dans ce recueil, Morenas a composé un certain nombre de compilations, faites à la hâte et d’un style fort médiocre. Nous citerons de lui : Entreliens historiques sur les affaires présentes de l’Europe (La Haye, 1743-1748, 10 vol in-8o), écrit périodique qui paraissait trois fois par an ; Histoire de ce qui s’est passé en Provence depuis l’entrée des Allemands jusqu’à leur retraite (Avignon, 1747) ; Abrégé de l’histoire ecclésiastique de Fteury (1750 et suiv., 10 vol.) ; Dictionnaire de la géographie ancienne et moderne (1759) ; Dictionnaire portatif contenant la géographie, l’histoiré, la chronologie (1700-1762, 8 vol. in-8"), etc.

MORENAS (Joseph -EIzéar), orientaliste français, né à Suint-Christol, près de Carpentras, en 1778, mort en Mingrélie en 1830. Ayant suivi le général Decaen dans l’Inde en 1803, il séjourna dix ans dans ce pays et y apprit à fond la langue indoustani. Appelé, en 1818, à faire parue, en qualité d’agriculteur botaniste, d une mission envoyée au Sénégal, il ne put introduire dans cette colonie les méthodes et les cultures d’Europe. Il signala, à son retour en France, les abus commis par les colons, les progrès de la traite des nègres et vit ses révélations fort mal accueillies du pouvoir, qui le destitua. Après avoir fait, en 1820, un voyage à Haïti, il reçut de l’empereur de Russie, par l’entremise du général Jomini, — la mission d’explorer, au point de vue agricole, les provinces du Caucase, la Mingrélie, la Géorgie, etc., et succomba pendant le cours de son exploration. Ses principaux écrits sont : Des castes de l’Inde ou Lettres sur les Indous (Paris, 1822, in-8o) ; Projet d’une exploration agricole pour introduire en France tes végétaux étrangers (Paris, 1822, in-8») ; Précis historique de la