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d’assez loin. Quelques espèces suspendent leur nid aux branches d’eucalyptus, à environ 3 mètres au-dessus du sol. Une autre le construit dans les buissons, à l mètre d’élévation seulement. Ces nids, toujours d’une forme gracieuse, sont composés de filaments d’écorce d’eucalyptus, de mousse et de brins de graminées, à 1 extérieur ; à l’intérieur, ils sont soigneusement garnis de plumes et de substances moelleuses. L’ouverture en est assez petite et se trouve en avant, vers le haut.

MYSARACHNE s. m. (mi-sa-rak-ne — du gr. mus, souris ; arachnê, araignée). Mamm. Genre fossile, de la tribu des soriciens, différant des musaraignes par des incisives inférieures qui ne sont plus couchées dans le sens de la mâchoire, mais bien relevées comme des canines, et dont on ne connaît qu’une espèce, propre au miocène d’Auvergne.

MYSCELCS, fils d’Aleraon. Il habitait Argus lorsque Hercule lui apparut en songe et lui ordonna de bâtir une ville dans un lieu où la pluie le surprendrait par un temps serein. Sur les instances du dieu, il quitta Argos, bien que l’émigration y fut punie de la peine capitale, se rendit en Italie et arriva un jour près du tombeau d’un certain Croton, où il trouva une courtisane qui pleurait. Myscelus crut voir dans ces larmes la pluie dont lui avait parlé Hercule et fouda en ce lieu la ville de Grotone.

MYSCOLE s. m. (mi-sko-le — anagr. de scolymus, un des noms de ce genre). Bot. Genre de la tribu des lactucées.

MYSI s. m. (mi-zi). Miner. Substance corrosive, que l’on croit être un sulfate do fer.

MYSIE (Mysia), contrée de l’Asie Mineure, dont les limites varièrent suivant les époques. Sous l’empire romain, elle comprenait le N.-O. de la péninsule et était bornée au N. par la Propontide, à l’O. par l’Hellespont et la mer Egée, au S. par la Lydie et àlE. par le Rhyndacus et l’Olympe. On la divisait en grande et petite Mysie. C’était un pays fertile bien qu’il fût coupé de montagnes, parmi lesquelles on comptait le mont Ida, le Temnus (auj ; j Demirje-Dagh) et l’Olympe (auj., Dinnandje-Dagh), Il était arrosé par le Rhyndacus et ses affluents le Maeestus et le ïarsius, l’Esepus, le Granique, le Simoïs, le Scamandre, le Caïcus, etc., etc. Sur la côte de la Propontide se trouvaient les lacs Apolloniatis (auj., Ululad)etMeletopolitis(auj., Manyas) que traversaient le Rhyndacus et le Tarsius. Dans la petite Mysie on voyait les villes de Placia, Sylace, Cyzique, Priapos, Pytia, Lampsaque, Abydos, Apollonie, Miletopolis et 2eleia. Dans la grande Mysie se trouvaient Dardanos, Sigée, Larissa, Assos, Antandros, Scepsis et Pergame.

Les habitants de la petite Mysie descendaient des Thraces primitifs, qui sont des tribus de Pélasges. À l’époque de la guerre de Troie, ils s’allièrent aux Troyens et combattirent avec eux contre les Grecs. Plus tard, ils firent partie de l’empire perse, puis, après les conquêtes d’Alexandre, ils passèrent sous la domination du Macédonien. À la mort de ce conquérant, la Mysie forma une province du royaume de Pergame, puis passa sous la domination romaine et fut comprise dans le proconsulat d’Asie et enfin dans la province de l’Hellespont. Elle fait aujourd’hui partie de l’empire turc.

MYSIS s. m. (mi-ziss). Crust. Genre de crustacés décapodes.

— Encycl. Les mysis, tout en se rapprochant surtout des décapodes macroures, semblent former le passage de ceux-ci aux branchiopodes. Ils ont le corps étroit, allongé ; leurcarapace recouvre l’extrémité antérieure du front, ainsi que la majeure partie du thorax ; il n’existe chez ces animaux aucun vestige de branchies. Les œufs éclosent dans une espèce de poche située sous le thorax, et les jeunes mysis y demeurent pendant les premiers temps de leur vie ; leur forme s’éloigne beaucoup de celle des individus adultes. Les mysis habitent l’Océan et la Méditerranée ; ils nagent dans la mer réunis en troupes nombreuses, et paraissent abonder surtout vers le Nord. D’après Othon Eabricius, ils constituent l’aliment principal des baleines. Le mysis spinuleux, qu’on peut considérer comme le type du genre, se trouve sur les côtes de la "Vendée.

MYSKATTE s. m. (mi-ska-te). Vitic. Variété de raisin que l’on cultive en Roumanie.

MYSLIWECZEK (Giuseppe), compositeur allemand, connu en Italie sous le nom d’il IWmo ou Vonturîui, né à Prague en 1737, mort à Rome en 1781. Il était fils d’un meunier établi aux environs de sa ville natale, et il apprit h l’école communale de son village les premières notions de musique. Plus tard, il fit ses études littéraires dans un collège de Prague, suivit un cours de philosophie et sembla un instant renoncer aux idées artistiques pour embrasser la profession paternelle. Cependant, après la mort de son père, il sentit se réveiller les rêves artistiques de sa jeunesse. Il abandonna le moulin, prit son violon et revint à Prague, où il se lit connaître dans les orchestres attachés aux églises. Le gain que lui procura son travail le mit à, même de prendre des leçons d’orgue et de contre-point. C’est en 1760 qu’il se produisit en public avec six symphonies, dont le succès

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décida sa vocation musicale jusque-là indécise. L’artiste, encouragé par ce succès, voulut tenter la carrière théâtrale ; mais l’Allemagne était peu favorable aux partitions dramatiques. En Italie, au contraire, ce genre éclipsait complètement la musique instrumentale. Aussi le compositeur s’empressat-il de se rendre à Venise et d’apprendre d’un

Frofesseur renommé les principales règles de art d’écrire pour les voix. Les théâtres de Venise étant alors accaparés par les musiciens en vogue, il gagna Parme et composa pour le théâtre de cette ville un Bellérophon qui obtint un succès d’enthousiasme. De ce jour, le nom d’il Boemo devint célèbre dans toute l’Italie ; Venise, Naples, Rome, Milan, Bologne l’appelèrent successivement dans leurs murs et applaudirent avec frénésie les ouvrages qu’il lit représenter sur leurs principales scènes. Cependant, à cette époque, en Italie, gloire n’était pas synonyme de fortune, et, pour comble de malheur, l’artiste était d’une générosité, d’une prodigalité même auxquelles ne pouvaient suflire les modestes gains qu’il tirait de la vente de ses partitions, gains n’excédant pas 50 à 00 sequins (400 fr. environ) par chaque ouvrage. Appelé à Munich en 1773, il y lit représenter une Erifile qui ne réussit pas et dont la chute était, prétendent les biographes, prévue par le compositeur lui-même, qui confessait sentir sa verve se glacer sous les brumes allemandes et appelait de tous ses vœux le ciel et lo soleil de l’Italie. Il Boemo retourna donc dans sa patrie de prédilection, heureux de cet échec qui rompait son engagement avec la Bavière et lui rendait sa pleine liberté. Une lacune de cinq années se déclare ici dans son existence ; puis, en 1778, on le retrouve à Pavie ; l’année suivante, il passe à Naples et y donne une Olimpiade que la péninsule entière acclama avec fureur. Trois ans après, Mysliweczek mourut à Rome, âgé de quarante-quatre ans.

Cet artiste a écrit environ trente partitions, parmi lesquelles on cite en première ligne Bellerofonte, Armida, Olimpiade et Adriano in Siria. On connaît aussi de lui quelques oratorios, douze quatuors et six trios.

MYSODENDRE s. m. (mi-zo-dan-dre — du gr. misos, haine ; dendron, arbre). Bot. Genre établi pour placer quelques espèces de gui.

MYSON s. m. (mi-zon). Bot. Genre de champignons.

MYSON, philosophe grec, laboureur du bourg de Khen, dans le Péloponèse. Platon, dans son Protagaras, le compte au nombre des sept sages de la Grèce. Il était contemporain de Solon et on lui attribue la célèbre maxime : « Connais-toi toi-même. •

MYSORE, ancien royaume de l’Indoustan anglais, V. Maîssqur.

MYSORINE s. f. (mi-zo-ri-ne — de Mysore, nom d’une partie de l’Indoustan). Miner. Carbonate de cuivre anhydre.

— Encycl. La mysorine est un minéral de texture tendre au point de se laisser couper au couteau ; sa cassure est conchoïdalo et sa densité spécifique de 2, G. Sa couleur est d’un brun noirâtre, le plus souvent sali de vert, de rouge et de brun, par suite du mélange de la malachite et du peroxyde de fer. Elle ne donne pas d’eau par calcination, ce qui la distingue de l’azurite et de la malachite. Elle se dissout dans les acides, en formant un dépôt rouge insoluble ; sa solution précipite le cuivre sur une lame de fer. Sa composition chimique est un carbonate de cuivre anhydre. On ne l’a trouvée jusqu’à ce jour que sur la frontière orientale du pays de Mysore, dans l’Indoustan ; elle est rare dans les collections.

MYSTACIDE s. f. (mi-sta-si-de). Entom. Genre de névroptères.

MYSTACINÉ, ÉE adj. (mi-sta-si-né - du lat. mustax, moustache). Zool. Qui porte des moustaches.

MYSTACOBDELLE s. f. (mi-sta-ko-bdè-le — du gr, mustax, moustache, et de bdelle). Infus. Genre d’animalcules infusoires.

MYSTACOPHANE adj. (mi-sta-ko-fa-nedu gr. mustax, moustache ; phainos, apparent). Zool. Qui a de longues moustaches.

MYSTAGOGIE s. f. (mi-sto-gojî — du gr. mustagôgia ; de muslês, initié, et arjein, conduire). Antiq. Initiation aux mystères sacrés.

MYSTAGOGIQUE adj. (mi-sta-go-ji-kerad. mystagogie). Qui appartient à la mystagogie.

MYSTAGOGUE s. m. (mi-sta-go-ghe — rad. mystagogie). Antiq. Prêtre qui initiait aux mystères sacrés.

— Fam. Homme qui se livre à des pratiques mystiques : L’élément féminin est presque toujours présent dans les folies des mystagogues et des thaumaturges. (ChallemelLacour.)

MYSTAXs. m. (nii-stakss — du gr. mustax, moustache). Bot. Nom d’un genre de la famille des hennanniées.

MYSTE s. m. (mi-ste — du gr. mustês, initié). Antiq. gr. Homme initié aux petits mystères de Cérès.

— Ichthyol. Poisson du genre clupe,

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MYSTÈRE s. m. (mi-stè-re — du lat. mysteriurn ; gr. muslêrion, de mustés, initié, muein, initier, de mueà, serrer, fermer, qui se rapporte probablement à la racine sanscrite , lier. Quant à mystère, pièce de théâtre, Max Millier voit dans ce mot une corruption du latin ministerium. « Ce mot, dit-il, signifiait office ou service religieux et n’avait rien à faire avec mystère ; c’est donc à tort qu’on l’a écrit avec un y et non pas avec un i. » M. Littré repousse cette opinion et prétend que ministerium aurait donné mestier et non mystère). Secret religieux, ensemble de doctrines ou de pratiques que connaissent seuls les initiés et qu’ils ne peuvent dévoiler sans impiété : Les mystères de Cérès, d’Isis, de la bonne déesse. On cachait les mystères non-seulement aux fidèles, mais aux catéchumènes. (Eleury.) Point de culte sans mystère. (Lucretelle.)

— Ce qui est tenu secret : Les mystères de la politique. Un mystère d’État. Conduite pleine de mystère. Le mystère est un assaisonnement très-nécessaire à l’amour. (Ponton.) L’amour ne vit que de mystère et de crainte. (.Mme E. de Gir.)

Les mystères de cour sont souvent si cachés, Que les plus clairvoyants y sont bien empêchés.

Corneille. 11 est des jours de paix, d’ivresse et de mystère Où notre cœur savoure un charme involontaire.

V. Hugo.

Il Soins, précautions que l’on prend pour n’être point vu ou observé : Il s’échappait chaque soir, an grand mystère.

— Secret ; discrétion que l’on impose ou que l’on s’impose, détours que l’on prend pour cacher quelque chose, pour empêcher que cette chose ne soit connue ou divulguée : Faire mystère de tout. Parler avec grand mystère. Voyons, ne faites pas tant de mystère. Je vais vous le dire, je n’en fais plus mystère. Il y a deux sortes d’ostentation : une ostentation qui se montre en faisant étalage d’un rien, et une ostentation qui se cache en faisant mystère de tout. (Fonten.) Le mystère rend suspectes tes actions les plus innocentes, (Mme de La Paye.) La femme a naturellement l’instinct du mystère. (Chateaub.)

11 faut avec les rois beaucoup plus de mystère Qu’avecque d’autres gens sans doute il n’en faudrait.

La Fontaine.

Il Intention secrète : Ne voyez là aucun mystère, je dis les choses comme elles sont. La premier pas vers le vice est de mettre du mystère aux actions innocentes. (J.-J. Rouss.)

— Importance qu’on met à une chose, difficultés que l’on fait, détours que l’on prend à son sujet : Ne faites pas tant de mystère et prenons un parti.

— Dogme ou fait religieux inaccessible à la raison et qui même lui parait contraire : Le mystère de la Trinité, de l’Incarnation. Les dogmes qui blessent ma raison refroidissent aussi mon enthousiasme ; ce qui est contradictoire est toujours de la création des hommes ; le mystère, tel que Dieu nous l’a donné, est au-dessus des lumières de l’esprit, mais non en contradiction avec elles. (Mms de Staël.) Les mystères du christianisme sont une enveloppe usée. (Jouffroy.) Où la foi place un mystèrej la philosophie cherche une raison. (S. de Sacy.)

De la foi d’un chrétien les mystères terribles D’ornements égayés ne sont pas susceptibles.

BCILEAU.

— Objet inaccessible à la raison humaine ou à la raison d’un homme : Les mystères de la nature. La mort, comme ta naissance, est un MYSTÈRE de la nature. (Mare-Aurèle.) Nous sommes un mystère à nous - mêmes. (Mass.) La source de la pensée est un mystère. (V. Cousin.) L’homme est un mystère impénétrable pour l’homme lui-même. (Le P. Ventura.) La science s’arrête aux pieds d’un atome comme aux bords d’un mystère. (Laurentie.) Dans ta nature, l’homme poursuit un mystère qui n’est autre que le sien propre. (E. Scherer.) Les suppliciés ont révélé le mystère de la digestion. (Michelet.)

Mais comment de la greffe expliquer le mystère ? Comment l’arbre, adoptant une plante étrangère, Peut-il, fertilisé par ces heureux liens, Porter des fleurs, des fruits qui ne sont pas les siens ?

Delii.i.e.

— Objet symbolique, qui a un sens secret et détourné :

Tout est mystère dans l’Amour, Ses flèches, son cc=rquois, son flambeau, son enfance ; Ce n’est pas l’ouvrage d’un jour Que d’épuiser cette science.

La Fontaine.

— Liturg. Les saints mystères, Le sacrifice de la messe : Assister à la célébration des saints mystères. Malheur à moi, si j’interrompais les sacrés mystères pour faire un éloge profane. (Fléch.)

— Art dram. Nom donné à des pièces de théâtre du moyen âge, dont le sujet était religieux et où 1 on faisait intervenir Dieu, les saints, les anges et les diables : Jouer un mystère. Les dogmes de la foi chrétienne ou les récits des vieilles légendes fournirent les sujets des représentations théâtrales auxquelles oit donne le nom de mystère. (Andrieux.)

— Encycl. Mythol. Les mystères étaient des institutions sacrées, propres au paganisme, et dont le but était l’initiation à la connaissance de certains principes reli MYST

gieux. En dehors de cette définition, sur la4 quelle tout le monde s’accorde, -la question des mystères reste fort controversée. D’après l’opinion qui a prévalu jusqu’à l’époque contemporaine et que, de nos jours, Creuzer a encore adoptée, la doctrine religieuse réservée aux initiés aurait renfermé des notions théologiques plus élevées que celles de la religion populaire ; les prêtres s’en seraient transmis le dépôt et les initiés auraient formé entre eux une sorte d’affiliation et de société secrète. Lobeck, dans son Aglaophamus, a essayé de réduire à néant ce système ; il a montré que les mystères avaient un caractère public ; que tout le monde, sans distinction d’âge, de rang ni de sexe, pouvait se faire initier, ce qui n’est pas contestable, et que lo sacerdoce, en Grèce, étant une magistrature politique et civile, et non pas le privilège d’une caste comme chez les Égyptiens, les mystères et la transmission de la doctrine ne pouvaient avoir cette forme hiératique qu’on leur supposait. Mais le scepticisme de Lobeck est tout négatif, et quoiqu’il soit malaisé de concilier cette sorte de publicité des mystères et la facilité des initiations avec d’autres circonstances non moins certaines, comme, par exemple, la peine capitale portée contre ceux qui les révéleraient aux non initiés, il faut, cependant, se résoudre à accepter ces données contradictoires. M. Alfred Maury croit en trouver la solution en distinguant les uns des autres les mystères et leurs époques. « S’il est inexact, dit-il, de représenter, en général, les mystères comme des affiliations secrètes, on peut, cependant, accorder ce caractère aux mystères orphiques. Dans ceux-ci, il y avait réellement une doctrine ésotérique ayant ce caractère spéculatif que l’on prêterait à tort à l’enseignement de tous les mystèi’es de la Grèce. De même, quoiqu’on ne puisse considérer ceux-ci comme ayant constitué une religion mystérieuse, tranchant avec la religion populaire et donnant sur les choses des notions toutes différentes de celles que la mythologie proposait, on doit cependant reconnaître que les principes religieux que l’on enseignait dans les mystères étaient en progrès sur ceux du vulgaire, et répondaient aux nouveaux besoins intellectuels et moraux que l’avancement de la civilisation avait développés. »

L’origine des mystères de la Grèce est tout aussi controversée. Suivant le même critique, une simple analogie, reconnue postérieurement, entre les mystères de la Grèce et les idées égyptiennes aurait fait attribuer à ces mystères une provenance égyptienne et aurait égaré, sur une matière où cependant l’amourpropre national était intéressé, l’autorité même d’Hérodote. d’uisque la première construction du panthéon grec appartient, dit-il, aux Pélasges, on ne saurait leur refuser l’institution des mystères. Nous ne retrouvons pas plus, en effet, dans ces antiques solennités, le caractère égyptien, que dans les noms des dieux et les mythes qui avaient cours chez les initiés. Si des emprunts ont été faits par les Grecs aux mystères de Neith, à Sais, ou à ceux d’Osiris et d’Isis, ce ne furent ià que des altérations postérieures et peu importantes. En admettant l’origine égyptienne de leurs mystères, les Grecs se laissaient prendre à des analogies superficielles ou k des ressemblances qui étaient le résultat du foud commun de naturalisme sur lequel reposaient les deux ordres de solennités. »

En considérant tous ensemble les mystères de la Grèce, ceux des Cabires, à Samotbrace, ceux de Zeus, en Crète, ceux de Damia et Auxésia, à Egide et en Argolide, etc., on ne saurait nier qu’ils ne se rattachent également au culte primitif des divinités pélasgiques, bien que l’adoration des divinités pélasgiques n’ait pas dû, dans le principe, constituer ce qu’on appelle des myslrèes.

L’antiquité grecque s’accordait a regarder les mystères de Samotbrace comme les plus anciens, et c’étaient, après ceux d’Eleusis, les plus vénérables. Ces mystères ne cessèrent pas d’être célèbres dans tout le cours de l’antiquité païenne, et on les trouve presque autant en renom à l’époque de la guerre des Romains contre Mitbridate, et plus tard sous Tibère, que sous le règne de Philippe de Macédoine, Le droit d’assister à ces mystères n’était pas un privilège exclusif des citoyens de Samothrace ; on venait s’y faire initier de tous les points de la Grèce, et l’hiérophante, c’est-à-dire celui qui présidait à leur célébration, pouvait être choisi en dehors des habitants de l’iie. Sur ces mystères, voyez l’article Cabires.

L’objet des mystères de Samothrace, comme de ceux d’Eleusis, était aussi de purifier les hommes des crimes qu’ils avaient pu commettre. Un prêtre spécial, nommé cmes, était chargé de ces purifications, faites au nom des divinités infernales. Il recevait l’aveu des fautes de ceux qui voulaient se faire initier aux mystères. Suivant la nature de ces fautes, le myste ou catéchumène pouvait être rejeté par le tribunal des auactotélestes.

Enfin, à Samothrace comme à Eleusis, on recevait, parmi les initiés, un grand nombre d’enfants. Les mystères anciens se présentent à nous avec leurs idées et leurs pratiques de purification, d’expiation, de pénitence, avec leurs processions et leurs sacrifices, comme des rites destinés à imprimer un caractère d’innocence et de pureté. Ils se célébraient surtout de nuit, parce que les imaginations