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(uî sa célébrait tous les trois ans. Les rues de a ville sont larges, bien pavées, munies de trottoirs commodes ; mais il n’y en a qu’une qui soit ornée de portiques. Des neuf places publiques que renferme Pise, les principales sont : la place du Dôme, la place Sainte-Catherine et la place de Cavalieri. L’ancienne cité du moyen âge, qui comprend les principaux édifices de Pise, est comme isolée de la ville habitée.

Edifices religieux. La cathédrale, ou le Dôme de Pise, commencée en 1063 par l’architecte Buschetto, terminée en 1118 et dédiée à la Vierge, en commémoration de la victoire remportée sur les Ssirrasins, est une des plus belles églises de l’Italie. Par son caractère général, elle appartient au xue siècle, sauf par la coupole, qui appartient au xni». Les assises extérieures sont composées de blocs de marbre alternativement blancs et noirs. À l’intérieur, la plupart des détails, tels que colonnes, chapiteaux, corniches, ne sont autres que des fragments antiques rassemblés et harmonisés avec une habileté singulière. L’édifice offre, en outre, cette particularité assez rare de reproduire exactement à, l’extérieur les dispositions intérieures. Le portail fut achevé par Rainaldo, collaborateur et successeur de Buschetto. LéDôme de Pise a malheureusement beaucoup souffert du temps et sa façade, dont des tassements successifs avaient ébranlé les fondations, penchaiten avant d’une façon menaçante, lorsque le gouvernement italien donna des ordres en 1862 pour sa restauration. La façade du dôme est disposée en cinq ordres, a quatre galeries ouvertes superposées et cinquante-huit colonnes. L’édifice était clos à 1 origine de portes de bronze qu’un incendie détruisit en 1590, à l’exception d’une seule encore existante au transsept sud. Celles qui les ont remplacées ne remontent pas au delà de 1602 et ont été exécutées sur les dessins de Jean de Bologne. L’intérieur est divisé en cinq nefs ; celle du milieu est soutenue par vingt-quatre colonnes d’ordre corinthien. « Les colonnes, dit M. du Pays, ne sont pas liées par un entablement, mais bien, selon l’usage des bas siècles de l’architecture romane, par dés arcades au-dessus desquelles s’élève une galerie (triforium) à.colonnes plus nombreuses et plus petites, destinée aux femmes, selon les rites primitifs. Cette galerie est séparée des arcs inférieurs par une haute architrave dont les longues lignes horizontales rappellent la disposition des édifices antiques. Les transsepts ont également une nef et des bas-côtés avec des colonnes isolées. » Les proportions de l’édifice sont les suivantes : longueur depuis la porte d’entrée jusqu’au mur de l’abside, 95 mètres ; longueur de la nef transversale, 70m,80 ; largeur des cinq nefs, 32^,49 ; hauteur de la nef centrale, 33«»,26 ; la largeur des bras du transsept n’étant pas la même que celle de la nef, la coupole, à base octogone, affecte a peu près la forme d’une ellipse ; sa hauteur jusqu’au sommet atteint 5im, S6. La coupole est ornée de peintures par Ritninaldi (1630). Dans le chœur, on remarque surtout la marqueterie des stalles, œuvre de Giuliano da Majano, Giul. da San-Gallo, etc., etc. ; de beaux vitaux du xive et du xve siècle ; le maître-autel de vert antique, de lapis-lazuii (1774), surmonté d’un crucifix en bronze de Jean de Bologne, et deux colonnes de porphyre à chapiteaux sculptés par Staggi et Foggini (1737). L’abside est décorée d’une mosaïque de Jacopo Turrita (aidé d’Andréa Tafi et Gaddo Gaddi), représentant le Christ et saint Jean ; quatre peintures sur bois, œuvre d’Andréa del Sarto, représentant saint Pierre, saint Jean, sainte Catherine et sainte Marguerite, surmontent les sièges épiscopaux. Une sainte Agnès du même maître orne un pilier à l’angle du transsept de droite. Les deux transsepts ’ présentent : l’un, un élégant autel de san Biagio (saint Biaise), le tombeau de l’archevêque d’Elci, par Vacca, une Adoration des mages, par Louti, et un grand tableau de Pierino dal Vaga, représentant la Vierge et l’Enfant Jésus au m dieu des saints ; l’autre, la chapelle du Sacrement, ornée d’une belle mosaïque (Annonciation j, par Gaddo Gaddi. Le Dôme de Pise contient encore un grand nombre de chapelles, de monuments et de tableaux remarquables à, divers titres, mais on comprendra qu’il est impossible d’en donner ici la nomenclature complète. Nous citerons seulement les bénitiers de Jean de Bologne, le tombeau de l’archevêque Renuccini, par Tacca ; quelques débris de la célèbre chaire de Jean de Pise, détruite par l’incendie de 1596 ; ces débris ont été appliqués à la chaire actuelle, qui date de 1607 ; la Vierge et les saints d’Andréa del Sarto ; la Dispute du saint sacrement, par Vanui ; le Triomphe des martyrs, par Passignana, etc. ; enfin une grande luinpe de bronze, suspendue dans la nef et dont les oscillations, si l’on en croit la tradition locale, furent le

Ïiointde départ dos recherches de Galilée sur a théorie du pendule.

Le Campanile, plus connu sous le nom de Tour penchée de Pise, fut construit en 1174, par Boimaao de Pise et Guillaume d’inspruek, et terminé seulement au Xive siècle par Thomas, fils d’André de Pise. li se compose d’une tour véritable, comptant huit étages de colonnades superposées et deux cent sept colonnes. La matière exclusivement employée

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dans la construction est le marbre. L’édifice mesure 54m, 474 de hauteur et 45°», 038 de circonférence externe à la base. Son inclinaison extérieure est de 4m,319. On aurait tort de croire avec le vulgaire que cette inclinaison est un fait voulu des constructeurs, une sorte de tour de force chargé de démontrer les lois du centre de gravité ; elle n’est qu’accidentelle, et tout porte à croire qu’un tassement imprévu du terrain sur lequel l’édifice est assis en fut l’unique cause. On prétend, il est vrai, et le fait est possible, que ce tassement se produisit alors que la tour était déjà élevée à la moitié de sa hauteur actuelle, et que les architectes, après’s’être assurés, par des calculs précis, de l’absence de tout danger, en continuèrent la construction comme si aucun tassement n’avait eu lieu. Néanmoins, dit un écrivain contemporain, « les corrections qu’on a cherché à faire à l’inclinaison sont visibles à partir du. quatrième étage ; des colonnes plus hautes d’un côté que de l’autre attestent les efforts faits pour ramener le plus possible la plate-forme à la ligne horizontale ; les mur* furent également fortifiés par des barres de fer. » L’inclinaison de la Tour penchée de Pise servit à Galilée à faire ses fameuses expériences sur les lois de la gravitation. Il ne parait pas que la solidité de l’édifice se soit jamais démentie un instant, et aujourd’hui encore les sept grandes cloches qui chaque jour, à plusieurs reprises, sonnent à toute volée à l’intérieur ne l’ont jamais compromise. Du sommet de la plate-forme, à. laquelle conduisent 293 marches, on embrasse, dans un magnifique panorama, les Apennins, la mer, et môme, par les temps clairs, la Corse et l’île d’Elbe. Le Baptistère de Pise qui, comme la cathédrale et la Tour penchée, orne la place du Dôme, fut commencé vers 1153 dans* le style romano-toscan, par Diotisalvi. Continué, après une longue suspension de travaux, en 1278, grâce à des contributions volontaires, il ne fut terminé qu’au xivc siècle. L’édifice porte la trace de la lenteur des travaux, dans le mélange du style ogival, du plein cintre et des colonnes corinthiennes. Le soubassement, d’une simplicité sévère, jure avec les fioritures gothiques. Le Baptistère est construit en marbre, comme le Campanile et le Dôme. Sa porte principale est ornée de sculptures du xue siècle. L’intérieur se divise en deux ordres : le premier formant douze arcades a plein cintre, soutenues par huit grandes colonnes d’ordre corinthien et quatre gros piliers. Les chapiteaux antiques, sont décorés de sujets mythologiques. La voûte, conique à l’intérieur, hémisphérique à l’extérieur (cette dernière disposition faite après coup est d’un aspect lourd et disgracieux), mesure, du sol au sommet de la coupole, une hauteur de 55 mètres. Extérieurement, la circonférence totale de l’édifice atteint 107ul,24. Le bassin (ou baptistère proprement dit) est en marbre blanc, de forme octogone, posé sur trois marches et décoré d’une statue de saint Jean-Baptiste, de l’école de Bandinelli. On remarque également la chaire, chef-d’œuvre de Nicolas de Pise (1260) ; elle est de forme hexagone et supportée par sept colonnes auxquelles des lions et des figures diverses servent de bases, suivant le style byzantin. Un beau bas-relief représentant le jugement dernier décore les côtés.

Entre le Dôme et le Baptistère s’étend le Campo-Santo, célèbre cimetière dont la terre fut apportée de Jérusalem et dont nous avons longuement parlé ailleurs. V. CampOSanto.

Parmi les autres monuments religieux de Pise, nous citerons les suivants : l’église Santa-Catarina qui remonte à 1353 et eut pour architecte Guglielmo Agnelli, élève de Nicolas de Pise. Elle faisait partie à l’origine d’un monastère de dominicains où résida saint Thomas d’Aquin ; le bas de la façade est décoré d’arcatnres plein cintre ; le haut, d’arcatures ogivales. L’église possède plusieurs beaux tableaux, entre autres celui, fort curieux, de Traiui, élève d’Oroagna (1340) : « Au-dessus de saint Thomas est le Rédempteur, de qui partent des rayons de lumière qui vont frapper les évangéUstes et d’eux se réfléchissent sur saint Thomas qui, k son tour, illumine Platon, Aristote.et vont se divisersur une fouie de docteurs, d’évêques et de papes.«Saint-François (San-Franeisco) fut construit vers 1211. On y remarque plusieurs belles fresques : celles du chœur, par Taddeo Gaddi ; celles de la sacristie, par Taddeo di Bartolo, de Sienne (1392), et celles de Nie. Pietri, élève de Giotto (1391). San-Frediano ne présente d’intéressant que quelques débris antiques encastrés dans sa façade. Santa-Maria-detla-Spina (qui prend son nom d’une relique de la couronne d’épines apportée jadis de la terre sainte) est une élégante chapelle de marbre blanc commencée en 1230 et terminée au Xtve siècle. À l’extérieur, les arcs plein cintre s’y mêlent aux ogives. A l’intérieur, orné de plusieurs tableaux, on remarque surtout celui qui représente la Madone avec des saints, par la Sodoma ; le grand autel et trois statues de Nino, en marbre blanc, saint Pierre, saint Jean-Baptiste et la Vierge donnant une rose à l’Enfant Jésus. L’église San-Martino, duxive siècle, possède de huiles peintures murales, par Spinello Spinelli ; San-Michele-in-Borgo 11304) présente une particularité intéressante pour l’histoire des transformations de l’art : « Dans la fa PISÉ

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çade, dit Vasari, l’architecte Guglielmo Beato Agnelli, frère dominicain, substitua les arcs en ogive a l’usage des arcades en plein cintre. Cette innovation est encore si timide, qu’au rez-de-chaussée l’architecte a conservé les arcs circulaires. Cette espèce d’anomalie est le cachet distinctif de ce portail, qui, par la fermeté de la partie inférieure et l’élégance des loges disposées au-dessus, est digne d’une attention spéciale. » La voûte de l’église s’est effondrée en 1846, à la suite d’un tremblement de terre. Sous l’édifice se trouve une crypte du xie siècle, caveau barbare et d’une ornementaton primitive. San-Nicola possède un clocher fort remarquable de Nicolas de Pise, mais hors de la perpendicufaire et assez analogue à la Tour penchée. Ce clocher, octogone, présente à l’intérieur un escalier en limaçon, que supportent des colonnes de marbre et dont Nicolas de Pise futégalement l’architecte. L’escalier de San-Nicolaest unedes curiosités de Pise. San-Paolo, édifice de la fin du Xi« siècle, récemment restauré et dont la façade dépasse de beaucoup la hauteur du bâtiment, est décoré intérieurement de colonnes en granit oriental,

avec chapiteaux de marbres variés. Un badigeon vandale a malheureusement fait disparaître les anciennes fresques de Memmi et de Buffalmacco. San-Pietro-in-Vincoli (Saint-Pie rre-ès-Liens) se compose de deux églises superposées, toutes deux du xu« siècle ; l’église supérieure seule est utilisée. Une architrave antique en surmonte ta porte principale, mais des restaurations successives en ont altéré le caractère. San-Sepolero, édifice octogone du xue siècle, attribué à Diotosalvi (1153), est une ancienne église des templiers surmontée d’une coupole. Suu-Stefano, église des chevaliers de l’ordre de Saint-Étienne, commencée par Vasari en 1565, terminée en 1596, offre à l’intérieur une fresque de voûte représentant VInstitution de l’ordre de Saint' Étienne, par Cigoli, et un assez grand nombre de trophées pris sur les Turcs. Quelques tableaux de Ligozzi, Christ. Allori, da Empoli complètent l’ornementation.

Monuments civils. Les principaux palais de Pise sont les suivants : le palais Carovana, des chevaliers de l’ordre de Saint-Étienne, aujourd’hui transformé en école normale ; sa façade, œuvre de Vasari, est décorée d arabesques et présente au-dessus de la porte principale six bustes de maîtres de l’ordre, entre autres celui de Côme 11 par Tacca ; c’est à droite de cet édifice que s’élevait au moyen âge la tour de la Faim, que la mort d’Ugolin a rendue célèbre ; elle a disparu aujourd’hui ; le palais Dueul est une belle construction, mais sans caractère original j le palais Laufranchi, qui passe pour avoir eu Michel-Ange pour architecte, a été habité par lord Byron. Le palais Lanfreducchi présente une façade sur laquelle, au-dessus dune chaîne suspendue, on lit ces mots : Alla giornatu, 1 rapprochement pittoresque et poétique, dit Valéry, et qui peut être le secret de quelque touchante histoire. » Citons enfin" le palais Scotto, le palais de la Douane, etc., etc.

Etablissements divers. L’université de pise, fondée au xn<s siècle par Bonifacio

. délia Ghirardesca a, par suite du transport, par le dernier grand-duc, de l’école de droit à Sienne, perdu peu à peu son antique célébrité. La bibliothèque, annexée à l’université et occupant quatorze salles, est riche de 90,000 volumes et s’augmente tous les ans. Entre autres curiosités, on y conserve l’original des statuts de la république de Pise de 12S6 et VOplornachia Pisana (Lucques, 1713), décrivant un combat populaire qui avait lieu jadis sur le pont de l’Arco et auquel prenaient part tous les habitants. Cette fête, instituée en souvenir de la résistance des femmes toscanes contre une attaque de Sarrasins, vers l’an 1005, tandis que leurs maris étaient occupés au siège de Reggiô en Ualabre, fut abolie au temps de la domination française. On voit encore aujourd’hui, prés de l’église San-Martino, une statue très-mutilée, incrustée dans le mur ; cette statue immortalise le souvenir de liinseca de Sisroondi, l’une des héroïnes toscanes. Pise possède encore : une Académie des beaux-arts, dont la galerie de tableaux compte des œuvres de Cimabuê, de Giotto, de Giunta, de Sim. Memmi, de Buffalmacco, de Fra Filippo Lippi, etc., etc. ; uû musée d’histoire naturelle et un jardin botanique fondé en 1544 et dont le premier directeur fat l’illustre Césalpin. Le jardin botanique de Pise compte aujourd’hui au delà de 3,000 espèces.

A 8 kilomètres de Pise se trouve la Chartreuse, fondée en 1367, rétablie en 1314. Mentionnons également aux environs la ferme de la Caseina, fondée par’ les Médicis sur une plage abandonnée par la mer ; 2,000 vaches et 1,500 chevaux, paissant en liberté, en constituent la principale richesse. Le service de la ferme (chose bizarre) est fait par un troupeau d’une cinquantaine de chameaux qu’on emploie aux courses et aux transports.

Histoire. Suivant Pline et Strabon, une

colonie partie de Pise en Péioponèse aurait fondé la Pise italienne et lui aurait donné le nom de la métropole. Virgile eu fait mention, dans le X<" livre de VEnéide, comme d’une ville contemporaine de la guerre de Troie. Mais ce n’est qu’à partir de la domination romaine que son histoire sort du domaine

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de la légende. Elle était une des douze cités florissantes de l’Etrurie, lorsqu’elle devint l’alliée de Rome en 561. Pise fut élevée successivement à l’état de colonie, puis do municipe. Augusteluidonnale nom de JuliaObsequens et en distribua le territoire a ses vétérans. Adrien et Antonin construisirent à Pise un grand nombre de monuments, entre autres des amphithéâtres et des arcs de triomphe. Il n’en reste plus aujourd’hui que le souvenir, mais ce souvenir dit assez 1 importance rapide qu’avait prise sous les Césars l’antique colonie grecque. Son commerce était florissant et son port sur l’Arno était d’autant plus fréquenté que la mer n’était, h cette époque, distante que de deux milles à peine. Les invasions barbares, en anéantissant momentanément cette prospérité, firent entrer Pise dans une nouvelle période historique. Saccagée par les Goths au v<» siècle, puis comprise dans la monarchie lombarde, ellétomba plus tard avec elle sous la puissance de Charlemagne, ■ qui y établit des comtes investis par lui de la fonction de protéger les côtes. Lorsque l’Italie entière secoua le joug, Pise leva l’étendard de la liberté et, rivale heureuse de Venise, elle se signala par de grandes entreprises. En l’an 1000, la république pisane était devenue opulente, redoutable et conquérante. En 1003 éclate entre Pise et Lucques une guerre dont les épisodes se multiplieront pendant le moyen âge. On sait les rivalités des grandes cités italiennes à cette époque. En 1009, les Sarrasins opèrent une descente à Pise et la dévastent ; mais sept ans plus tard les Pisans s’allient k Gènes et conquièrent la Sardaigne sur leurs anciens envahisseurs. Peu après, ils reçurent du pape la Corse en fief, et ils étendirent leurs relations dans le Levant, établissant des comptoirs à Ptolémaïs, Tyr, Tripoli, Antioche, Constantinople, etc. Les croisades ajoutèrent encore à la puissance de Pise, qui forma d’importants établissements sur la rive africaine. En 1099, Pise prit une part capitale à la croisade. Déjà, depuis prèâ de trente ans, l’antique cité, profitant habilement des querelles survenues entre l’empereur Henri IV et le pape Grégoire VH, avait secoué le joug de l’empereur d’Allemagne et fondé une république indépendante. Cette république commit néanmoins l’inconséquence, bien explicable pour quiconque fait la part des étroites’ passions municipales du temps, de fournir à l’empereur Frédéric I« des secours contre la ligue lombarde. En 1114, nouvelle expédition des Pisans contre les Sarrasins, auxquels ils enlèvent les des Baléares. La ville fournit encore à la eroisado de 1189 un contingent considérable. Ces grands faits historiques se détachent parmi les incessantes luttes de rivalité entre Pise, Lucques, Gênes et Florence, luttes qui ne compromettent en rien la prospérité de Pise jusqu’en 1250. À cette époque seulement, les guelfes do Florence s’allient contre elle avec Sienno et te pape, et Pise, fidèle au parti des gibelins, fut réduite à tenir tête seule a un triple adversaire. Elle soutenait héroïquement lu lutte Suand, en 1284, la flotte génoise écrasa sa otte à Meloria. De ce désastre date la décadence de Pise, dont un grand nombre de citoyens finirent leurs jours captifs des Génois. C’est vers la même époque qu’eut lieu l’épisode célèbre immortalisé par Dante : la mort du comte Ugolin délia Gherardesca. Ugolin, nommé pour dix ans capitaine du peufle, ayant refusé d’abandonner le pouvoir à expiration de ce délai, se vit assiégé par l’évêque, qui, pour venger son neveu assassiné par le tyran, enferma Ugolin dans une tour, où il mourut de faim avec ses enfants. Pise perdit peu h peu toutes ses conquêtes et ne dut enfin sa conservation qu’à l’intervention toujours humiliante et dangereuse de seigneurs étrangers, sous la tyrannie desquels elle végéta pendant de longues années. Pise accueillit avec empressement l’empereur Henri VIL Mais l’empereur meurt en 1313, et cet événement laisse de nouveau la ville aux prises avec les factions des guelfes. L’armée pisane, commandée par Ugucciotie délia Fagguiola, bat cependant, en 1315, à Monte-Catini, l’armée florentine. Mais Uguecione, podestat et capitaine, se rend odieux à son tour par sa tyrannie, et il est chassé l’année suivante. Pise passe alors successivement sous l’autorité de Castr’uccio Castracani, célèbre capitaine lucquois, puis sous celle d’un gouverneur allemand ; redevenua libre en 1389, elle enlève Lucques aux Florentins ; mais la division se met dans son sein, fomentée par la rivalité des familles patriciennes de la ville. Galôas II Visconti, seigneur de Milan, profitant de cotte rivalité et de l’incessante lutte engagée entre les républiques de Lucques, de Pise, de Sienne et de Florence, fait assassiner Gambacorta, chancelier de Pise, et s’empare du pouvoir (1392). En 1405, sou fils, d’accord avec ’e général Boucieaut, gouverneur de Gênes, cède la ville aux Florentins contre 206,000 éeus d’or. Pise, néanmoins, ne se rend qu’uprès un long siège, pendant lequel elle subit toutes les horreurs de la famine. Un instant, l’arrivée de Charles VIII (1494) lui donna’ l’espoir d’une délivrance prochaine, mais elle fut livrée à ce prince par les Florentins. Toutefois, les lieutenants de Charles VIII vendirent les forts de la ville aux Pisans eux-mêmes, qui recouvrèrent ainsi leur indépendance et montrèrent un vif attachement à la France. Lorsque Louis XII dut rendre aux Florentins la ville de Pise, nus