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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 4, Ple-Pourpentier.djvu/283

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ensuite l’histoire de sœur Angélique, à laquelle un volume entier est consacré ; son histoire est, en effet, celle de Port-Royal.

Sous le rapport de l’érudition, cet ouvrage satisfait la critique la plus difficile et la plus minutieuse. M. Reuchlin a puisé a toutes les sources les éléments de son travail. Il connaît à fond son xvi° et son xvue siècle ; il sait par cœur son Port-Royal, tout ce qui l’entoure et tout ce qui s’y rattache. Il est à son aise dans ce vaste champ de discussions théologiques et sociales ; il dépeint, il narre, non point avec la sécheresse habituelle des érudilsallemands, qui ne peuvent faire un pas sans se mettre à couvert sous un bouclier de citations et une cuirasse de notes, mais avec l’habileté d’un homme d’esprit qui possède son sujet et le développe hardiment. Il n’a pas échappé pourtant à cette manie d’érudition patiente, qui ne se lasse jamais de compter les plus petites libres du corps qu’elle dissèque. Le livre, en outre, mérite un reproche ; il manque d’unité ; on arrive a la moitié du premier volume sans deviner, autrement que par le titre, que tout doit aboutir à l’histoire de Port-Royal. Quant au point de vue qui a guidé l’auteur dans toute cette longue et dramatique histoire, on l’aperçoit dès les premières pages. L’auteur est l’ennemi des jésuites, qui, pour lui, représentent l’absolutisme aveugle en matière politique comme en matière religieuse, et le partisan enthousiaste des Arnauld, qui représentent à ses yeux la liberté. On comprend alors l’assimilation, proposée par l’auteur, du jansénisme avec le protestantisme.

Port-Royal (LOQIQUB DE). V. LOQIQUK.

PORT-ROYAL, ville forte de la Jamaïque, autrefois capitale de cette lié, sur la côte S., à 8 kilom. S.-S.-O. de Kingston, avec un superbe port capable de contenir 1,000 gros navires ; 10,000 hab. Arsenal ; hôpital maritime. C’était autrefois une des premières villes des Antilles ; mats un tremblement de terre en 1692, un incendie en 1702 et un ouragan en 1722 l’ont en grande partie ruinée.

PORT-ROYAL, port des États-Unis, sur la côte de laCaroline du Sud, par latit, N.32° 12’ ; longit. O., 83° 4’. Cette baie, qui, au point de vue militaire, est un des plus beaux ports de l’Amérique, est resserrée à son entrée par l’Ile Hilton-Read. Cette entrée est d’un abord difficile : une barre, donnant 18 pieds d’eau à marée haute, forme, à plusieurs kilomètres en avant ; un vaste demi-cercle dont les deux extrémités s’appuient à la côte ; un chenal tortueux conduit, à travers des bancs nombreux, jusqu’à la passe qui s’ouvre entre les lies de Saint-Philip au N. et celle de Hilton-Read au S. Au delà s’étend une vaste nappe d’eau, tranquille et profonde, qui pénètre tort avant dans les terres et sert d’arlère principale au réseau de canaux qui fait de cette contrée un véritable archipel. Lors de la guerre de Sécession, les confédérés construisirent, pour commander la passe de Port-Royal, deux grands ouvrages en terre, le fort Walker, situe sur l’Ile de Hilton-Read, et le fort Beauregard. Cette position était défendue par le général Drayton et par une petite flottille sous les ordres du cominodore Tatnall, lorsqu’elle fut attaquée par une flotte fédérale, commandée par le commodore Dupont, chargé d’occuper ce point important de la côte ennemie. Le 7 octobre 1864, Dupont commanda l’attaque, fit écraser de ses feux les forts Walker et Beauregard, força les confédérés à évacuer leurs positions et à s’embarquer à la hâte, et, au bout de quelques heures, les marins fédéraux s’emparaient des ouvrages ennemis. Ce complet et éclatant succès eut un grand retentissement aux États-Unis. Il permit à Sherman de débarquer, de prendre possession d’un territoire qu’on ne pouvait plus lui disputer et de porter la guerre sur le sol même de la Caroline du Sud, qui avait donné le premier signal de la guerre et qui était d’autant plusVirdente à la lutte qu’elle se croyait moins exposée à en souffrir.

PORT-SAÏD, ville d’Égypte, sur la Méditerranée, à l’entrée du canal de Suez ; 10,000 hab. environ. Cette ville, commencée en 1859, en même temps que les travaux du canal, s’élève suï une étroite bande de sable entre la mer, le lac Menzaleh et le canal. Les maisons y sont construites sur le typé des maisons d’Europe, avec des toits pointus, et les chalets qui y abondent rappellent ceux des environs de Paris. On y remarque une église, un hôpital ; on y trouve des magasins pour les besoins de la vie, un phare et des chantiers. Ce fut près de l’emplacement qu’elle occupe que fut donné le premier coup de pioche pour ouvrir la tranchée du canal. Autour de cette tranchée s’élevèrent des habitations bien modestes d’abord et dépourvues de tout ce qui constitue le confortable. Peu à peu, la bande de terrain s’élargit. Le produit des fouilles du canal servit à fonder dans les marais le terre-plein de la ville. Les déblais furent employés aux remblais ; le sol s’éleva peu à peu sur les eaux. Le lac fut refoulé. Puis on vit surgir de jolis chalets en bois, expédiés de France. Quelques édifices en maçonnerie furent érigés, particulièrement pour servir d’ateliers et abriter l’outillage qui était alors plus précieux que les hommes mêmes. Bientôt une ligne de constructions pittoresques s’étendit en façade sur la mer, Lescha PORT

lets des chefs, les maisons des employés, l’hôtel des voyageurs, quelques échoppes proprement ornées bordèrent le rivage à l’ouest de la digue occidentale, derrière un phare élevé pour éclairer la route des navires et pour révéler, dans la nuit, l’existence de la nouvelle cité sortie des eaux. Peu à peu, les denrées fraîches y furent apportées de l’intérieur, et aujourd’hui Port-Saïd est une agréable cité, moitié îndustrielle, moitié pittoresque. L’aspect de la mer y est constamment varié, et, de l’autre côté, Te lac est couvert d’Ilots verdoyants et d’innombrables bateaux pêcheurs. Le port proprement dit est précédé d’une rade protégée par deux digues ou jetées qui s’avancent dans la mer ; celle de l’ouest, opposée à la sortie du golfe, a 3,500 mètres, et celle de l’est, 2,800. Le mouillage qu’elles renferment a environ 230 hectares et a la forme d’un éventail qui va en s’afrandissant en s’approchanl du littoral. Ces igues ont été construites au moyen de biocs artificiels pesant 25,000 kilogr. et immergés à l’aide de gigantesques grues. Quant au port proprement dit, il a 400 mètres et se joint à la rade par un chenal de 200 mètres. Il renferme plusieurs bassins, la bassin de l’arsenal, le bassin de la marine, le bassin du commerce et de vastes chantiers.

PORT-SAINTE-MARIE, ville de France (Lot-et-Garonne), ch.-l. de cant., arrond. et à 20 kilom. O. d’Agen, sur la rive droite de la Garonne ; pop. fig.l., 1,661 hab. — pop. tôt., 2,604 hab. Minoteries, faïenceries, teintureries, fabrication de toiles, cotonnades, chapeaux. Beau pont suspendu sur la Garonne.

PORT-SA1NTE-MAR1B, ancien Portus Menesthei, ville d’Espagne (Andalousie), au fond de la baie de Cadix, à 26 kilom. N.-N.-B. de cette ville ; 19,247 hab. Cette ville, qui est bien bâtie, est protégée par un fort. Elle a un port à l’embouchure du Guadalete. Tanneries ; fabriques de chapeaux et de savon. Pèches très-abondantes, surtout celle du thon ; commerce actif avec Cadix.

PORT-SUR-SAÔNE, en latin Portus Abucinus, bourg de France (Haute-Saône), ch.-l. de cant., arrond. et à 12 kilom. N.-O. de Vesoul ; pop. aggl., 1,720 hab. — pop. tôt., 1,781 hab. Tanneries, teinturerie, meunerie. Commerce de mercerie. En 1861, on y a découvert une vaste et luxueuse habitation romaine.

PORT-VENDRES, courg maritime de France (Pyrénées-Orientales), cant. d’Argelès-sur-Mer, arrond. et à 36 kilom. E. de Céret, au bord de lu Méditerranée ; pop. aggl., 1,852 hab.

— pop. tôt., 2,188 hab. Port de commerce et de cabotage ; consulats étrangers ; commerce de grains, vins et eau-de-vie. Place forte défendue par quatre forts et plusieurs batteries, À côté du port de commerce, on a creusé une darse qui peut recevoir des vaisseaux de ligne et des frégates. En face du port s’étend une belle place carrée, décorée d un obélisque en marbre blanc et rouge, haut dé 26 mètres, érigé en l’honneur de Louis XVI en 1786. Les quatre bas-reliefs en bronze qui le décoraient et qui représentaient quatre scènes de l’histoire de ce prince furent arrachés du piédestal en 1793 et figurent au musée de Perpignan. Sur la même place, on voit deux fontaines ornées de trophées dégradés.

Port-Vendres a une origine fort ancienne. Il en est fait mention dans Pomponius Mêla sous le nom de Portus Veneris (le port de Vénus), et il avait été appelé ainsi parce qu’un temple avait été élevé à cette déesse sur son bord septentrional. La colonie romaine de Narbonne tirait de Port-Vendres du poisson, des coquillages et même des huîtres. Sous la domination des Wisigoths et des rois d’Aragon, Port-Vendres négligé disparaît, pour ainsi dire, un instant de lTiistoire. Ce n’est qu’en 1272 que le roi Jayme Ier, dit le Victorieux, donna l’ordre de curer et de réparer son port en même temps que ceiui de Collioure. Port-Vendres devint alors le centre maritime le plus important du Roussilloil et il appartint à l’Espagne jusqu’au moment où Louis XIII le réunit a la France (1642). Vingt ans plus tard, Vauban, frappé de la situation de Port-Vendres au pied même des Pyrénées et au point précis de jonction des deux côtes de France et d’Espagne, alla jusqu’à affirmer que de la possession de ce point par l’une ou 1 autre nation dépendait cette du Roussillon, qu’en un mot Port-Vendres était la clef de cette province. Il proposa, en conséquence, de le fortifier puissamment. Des travaux furent commencés en 1692, mais abandonnés peu après. Bien plus, le port tomba tout à coup dans un tel abandon que les sables et la vase s’y amoncelèrent et’que les galères ne s’y mirent plus à couvert qu’avec peine. En 1754, on ny trouvait plus que 45 habitants. Cet état de choses dura jusqu en 1772. À cette époque, de Mailly, commandant militaire du Roussillon, obtint qu’on reprît les travaux commencés par Vauban. On creusa le port, on augmenta les fortifications ; on construisit des magasins, des batteries, l’obélisque, et on essaya d’y appeler des habitants par des exemptions d’impôt. Pendant la Révolution, les travaux furent de nouveau interrompus. En 1793, Port-Vendres ayant été livré aux Espagnols, en même temps que Collioure, la Convention envoya pour le reprendre le général Dugoinmier. «Le 28floréal an II (17 mai 1794), la brèche faite au fort Saint-Elme étant

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très-avancée, dit l’amiral Grivel, l’ennemi tenta une sortie sur les onze heures du soir et fut repoussé avec perte. Dugommier, qui manquait de grosse artillerie, réussit à pratiquer dans la montagne un chemin de deux lieues et demie, le long duquel ses soldats traînèrent à bras des canons de 24 et des mortiers de 12 pouces. Le 4 prairial, les Espagnols demandèrent à capituler, mais on na s’entendit point sur les conditions, et le 7, ayant évacué le fort Saint-Elme ainsi que tous les forts de Port-Vendres, iis se retirèrent dans Collioure, où ils furent étroitement bloqués par Dugommier. Le général Navarro n’hésita plus alors à capituler. La garnison, composée de 7,000 hommes, livra aux républicains son artillerie et ses munitions et s’engagea à ne plus servir contre la France pendant toute la durée de la guerre. Port-Vendres, redevenu français, fut négligé par l’Empire. La Restauration eut pour lui la même indifférence jusqu’en 1829, époque où la guerre d’Alger recommença à attirer sur luil’attention. Depuis lors, on s’est sans cesse occupé d’en augmenter l’importance. Une loi du 19 juillet 1845 consacra 2,500,000 francs au curage du bassin, dont la profondeur fut portée à 9m,50, et la réunion, par un môle muni d’une batterie, des Ilots formant la petite passe fut décrétée. Depuis cette époque, Port-Vendres a vu sans cesse s’accroître son importance. Dans les environs, on récolte des vins fort estimés. Les vins rouges ont une belle robe ; en vieillissant, ils acquièrent de la finesse et un bouquet prononcé. Ils gagnent beaucoup & rester en tonneau ; aussi ne les met-on en bouteilles qu’après dix ans d’âge. Ils sont alors dépouillés, sont devenus paillets et ont pris une belle teinte dorée ; ce sont des rancias. On y fait aussi un vin de liqueur appelé grenache, du nom du plant qui les fournit.

PORT (Elisabeth - Marie), romancière et femme poète hollandaise, née dans la seconde moitié du xvine siècle. Elle épousa M. Werdorp, ministre de l’Église réformée au petit village de Velp, près d’Arnheim. C’est pour tromper les ennuis de la solitude autant que pour satisfaire ses goûts littéraires que Marie Port écrivit les romans et les vers qui ont fait de son nom un nom estimé dans l’histoire des lettres. Voici les titres de ses principaux ouvrages : la Campagne (1792, in-8o), en vers et en prose, sa meilleure production ; Pour des solitaires (1789, in-S°) ; Beinhart ou Nature et religion (1793, 3 vol. in-S°) ; Elégies (1794, in-8<>) ; la Vraie jouissance de la vie (1*96, in-8°) ; Mes larmes de l’enfance, tableaux domestiques (1804, 2 vol. in-8°) ; Frédèrique Weit et ses enfants, roman traduit de l’allemand (Harlem, 1 vol. in-8°) ; Le la société et de ta solitude, traduit de l’allemand de Garve (1806) ; Nouvelles poésies (Amsterdam, 1807, 1 vol. in-8°). On ignore l’époque de sa mort.

PORT (François-Célestin), écrivain, né à Paris en 1828. Il suivit les cours de l’École des chartes et se fit recevoir licencié es lettres. M. Fort est devenu archiviste d’Angers en 1854. Il a collaboré à la Bibliothèque de l’École des chartes, à la Revue de l’Anjou, à l’Album angevin, dont il est rédacteur en chef, et à divers autres recueils. Il a publié : l’Ile de Lesbos dans V Univers pittoresque ; JSssti sur l’histoire du commerce maritime de la ville de Narbonne (1854, in-8«) ; Inventaire analytique des archives anciennes de la mairie d’Angers (1861, in-8°) ; De Paris à Agen par Vierion, Chdteauroux, Limoges, Périgueux, itinéraire descriptif et historique (1866, in-18, avec vignettes), etc.

. PORTA, bourg de France (Corse), ch.-l. de

cant., arrond. et à 50 kilom. S.-O. de Bastia ;

728 hab. Fabrication de chaises, quenouilles,

tamis. Eaux minérales froides, carbonatées,

’ ferrugineuses.

PORTA (Ginseppe), peintre italien de l’école vénitienne, né à Castelnuovo-di-Garfagnana en 1535, mort à Venise en 1585. Orphelin à l’âge de sept ans, il fut comme le fils d’adoption deSalviati, maître éminent qui travaillait alors aux fresques de l’église de Castelnuovo et qui le prit chez lui. Giuseppe travailla tout enfant sous sa direction et, par respect filial, ne voulut plus porter que le nom de son maître ; aussi il est le plus souvent appelé Salviati OU SaWiatl l« jeune. Il le suivit h Rome, où Salviati dirigeait une brillante école, puis à Venise, où à fut appelé pour décorer les galeries du palais Grimani. Giuseppe, qui n’avait fait qu’étudier h Rome, concourut sans doute, pour une certaine partie, à ces derniers travaux de son maître, qui constituent une œuvre immense pour laquelle il eut besoin de collaborateurs. Une des premières commandes qui lui furent confiées à lui seul fut la décoration du palais Priuli, à Trévise, où il peignit, dans le goût de Salviati et de Jules Romain, de grandes figures allégoriques et la Manne duns te désert. De retour à Venise et occupé à couvrir de fresques largement brossées, suivant la mode du pays, les façades de quelques édifices, entre autres celles du palais Loredano (ces fresques ont disparu), il tut distingué par Titien, alors chargé d’œuvres colossales, et, attiré de son côté par cette école brillante de coloristes qui le fascinait, il quitta Salviati pour se livrer à de nouvelles études. Titien lui lit confier, avec Paul Véronèse, la décoration de la bibliothèque Saint-Marc ; il pei PORT

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gnit, dans les compartiments de la voûte, do vastes médaillons : la Courage méprisant la Fortune, Pluias et Mercure, l’Art et la Physionomie, la Guerre, grande figure de femma nue assise sur un canon. Ces compositions sont d’une forme savante et hardie ; le dessin rappelle le faire de Jules Romain, la couleur et la légèreté transparente de Véronèse. Le jeune maître y montre une rare puissance d’assimilation, et c’est un peu le caractère de toute son œuvre ; reflet des maîtres antérieurs, elle tient le milieu entre celle des grands génies de la Renaissance et la peinturesimplement habile des artistes du xvu° siècle. Sauf un voyage qu’il fit à Rome, Porta passa toute sa vie à Venise ; toutes les églises possèdent de lui des fresques et des tableaux à l’huile d’un grand mérite. Nous citerons : h la basilique de Saint-Marc, les bellas mosaïques de l’Inhumation de la Vierge et de V Arbre généalogique de ta Vierge, exécutées sur ses cartons par les Znccato et V. Bianchini ; cet Arbre généalogique, où toute la descendance de patriarches et de rois qui va d’Adam à Jésus-Christ dans l’Evangile est figurée par les personnages mômes, est d’une originalité surprenante ; à San-Francesco-della-Vign», un Saint Jean-Baptiste et

un Saint Jacques ; à Sainte-Marie-Zabenigo, Quatre Sibylles ; à Saint-Zacharie, Saint Corne et Saint Damien guérissant un malade ; a Saint-Pierre-de-Murano, une Descente de croix ; ces deux dernières œuvres sont des peintures k l’huile d’une exécution plus brillante encore que les fresques ; il existe de la Descente de croix une répétition, faite pourune église de Modène, qui est passée au musée de Dresde ; à Santa-Maria-della-Salute, la Manne dans le désert, sujet déjà traité pat Porta dans sa jeunesse et qu’il reprit avec une grande supériorité ; diverses figures de prophètes et de patriarches : Elle, Éubacuc, Abraham, Melchisêdech et un David portant ta télé de Goliath ; à San-Zanipolo, toute une Série de tableaux à l’huile représentant divers épisodes de la passion : le Lavement des pieds, le Jardin des Oliviers, Jésus au Calvaire, le Christ en croix ; à l’église des AnÇes, une Descente de croix, Jésus apparaissant a Madeleine, etc. Durant son séjour à Rome, il peignit pour Pie IV, qui l’avait fait venir vers 1566, Alexandre III bénissant l’empereur Frédéric Barberousse au milieu de la place Saint-Marc à Venise, grande composition qui tient son rang parmi tous les chefsd’œuvre dont ce palais est rempli. Le Louvre possè.de de lui un grand tableau, Adam et Eve chassés du paradis terrestre ; un Enlèvement des Sabines, qui a fait longtemps partie de la galerie du Palais-Royal, a passé en Angleterre. Son morceau capital, la Descente de croix de Saint-Pierre-de-Murano et du musée de Dresde, a été gravé par Pierre Tanja ; lui-même était un graveur habile ; la bibliothèque du Vatican possède de lui deux belles planches, un Christ en croix et une allégorie, les Sciences et les Arts.

PORTA (Guillaume della), sculpteur italien, né à Porlizza, diocèse de Côme. Il vivait au xvio siècle. Après avoir reçu des leçons de son oncle l’architecte Jacopo délia Porta, il se rendit à Gênes, où il se perfectionna sous la direction de Perino del Vaga, avec qui il se lia d’une vive amitié. Il se rendit ensuite à Rome, où il entra en relation avec Sébastian ! del Piombo et Michel-Ange, et embrassa la vie ecclésiastique, sans toutefois abandonner son art. Ayant été chargé de restaurer les jambes de l’Hercule Famèse. il le fit avec une telle habileté que, lorsque les jambes antiques»furent retrouvées, Michel-Ange s’opposa à ce qu’on enlevât celles que Porta avait sculptées. Après la mort de Fra Sebastiani en 1547, il lui succéda dans la charge de piombo ou scelleur et fut chargé, quelque temps après, d’exécuter le beau mausolée de Paul III, dans lequel on admirait surtout une statue de la Justice qui a été couverte depuis d’une draperie en bronze.

PORTA (Giovanni-Battista della), sculpteur italien, parent et élève du précédent, né à Porlizza, d’après Orlandi, ou à Milan selon Mariette, en 1542, mort à Rome en 1597. Bien, que tous les biographes fassent mention des œuvres de ce maître et bien qu’ils les admirent également, ils sont pleins de lacunes en ce qui regarde le catalogue et l’histoire de ses œuvres, et surtout en ce qui touche la personnalité de l’auteur. Cependant Giovanni Porta et Tomaso, son frère, ont laissé des sculptures d’un mérite assez grand pour leur assurer à jamais une place très-haute parmi les maîtres qui ont illustré la seconde moitié du xvie siècle. C’était aussi un amateur, un collectionneur ; ses galeries, ses salons regorgeaient de belle : choses d’art et, comme il arrive à tous les amateurs, il cédait parfois un double à un confrère ou à un ami. De cette complaisance qui pouvait être lucrative, les historiens, et Mariette entre autres, ont conclu qu’il était marchand de curiosités et qu’il dut à ce commerce sa grande fortune. Orlandi l’accuse d’avoir excellé à contrefaire l’antique et d’avoir ainsi vendu fort cher comme telles des œuvres sorties de son atelier. Cette sccusation a peut-être plus de fondement. Giovanni della Porta fut néanmoins un grand artiste. On voit de lui à Rome, dans l’église Sainte-Marie-Majeure, un Saint Dominique, figure colossale du marbre, plusieurs fois gravée,