Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 13, part. 1, Pourpre-Pube.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

38

PKAV

3 vol.) ; Emma Corbett (1781, 3 vol. in-12), roman qui a eu neuf éditions et qui a été traduit en français par Sauseuil(1783) et par Vertac (1789) ; Mélanges (1785, 4 vol. in-8o) ; ('Humanité ou les Droits de la nature., poème (1788, in-4o) ; l’Officier réformé, roman plusieurs fois traduit en français ; Glanures faites dans le pays de Galles, en Hollande, en Westphalie (1795), plusieurs fois rééditées ; Glanures faites en Angleterre (1792, 3 vol.) ; Tableaux de la chaumière (1803) ; Secrets de famille (1797, 5 vol. in-12), trad. en français par Mme Gay-Allart (5 vol. in-18) ; John et Dame, poème (1803) ; Cabinet de la poésie (1808, 6 vol. in-8o), collection des meilleures pièces de la poésie anglaise ; Poésies (1808, m-8°), etc.

PRATZ (Lb Page du), voyageur français, né dans les Pays-Bas, mort en 1775. Après avoir fait dans 1 armée française plusieurs campagnes en Allemagne, il s’embarqua à La Rochelle en 1718, pour aller prendre possession, dans la Louisiane, de terres qui lui avaient été concédées. Il s’établit avec les gens qu’il, avait emmenés près de La Nouvelle-Orléans ; mais trouvant ce lieu insalubre, il se rendit, en 1720, sur le territoire des Natchez, sur le bord du Mississipi. En 1723, les indigènes lui firent la guerre et incendièrent ses propriétés. Lorsque la paix fut rétablie, du Pratrexplora les rives du Missouri, de l’Arkansas, découvrit des gisements de plomb, de houille, de plâtre ; alla prendre, au bout de huit ans, la direction du comptoir de la compagnie k La Nouvelle-Orléans et retourna en France en 1734. On a de lui, sous ce titre : Histoire de la Louisiane avec deux voyages dans le nord du Nouveau-Mexique (Paris, 1758,3 vol. in-12, avec 40 planches), un ouvrage fort exact et fort intéressant sur la topographie, l’histoire naturelle et les mœurs des indigènes dans la Louisiane.

PRAULT (L. Laurent), littérateur et libraire français, mort à Paris vers 1803. Son père, libraire à Paris, avait fait imprimer des livres remarquables par la correction typographique, la netteté des caractères, notamment une jolie édition des poètes italiens (1744 et suiv., in-12). Laurent Prault continua le commerce de son père. C’était un bibliographe instruit et un nomme aimable. Il a publié, sous le voile do l’anonyme, les ouvrages dont voici les titres : Pensées de /.-/. Bousseau, avec une préface de l’abbé de La Porte (Amsterdam [Paris], 1763, in-12) ; ('Esprit de Henri IV ou Anecdotes les plus intéressantes, traits sublimes, reparties ingénieuses et quetr aues lettres de ce prince (Paris, mo-17755 îu-so), réimprimé k la suite des Mémoires de Sully ; autres éditions (Londres, 1778, 10 vol. in-12, et Paris, 1814, in-12), avec l’éloge de Henri IV par Laharpe, une préface et des notes parLebreton ; Pensées de mylord. Bolingbroke sur différents sujets d’histoire, de philosophie, de morale, etc. (Amsterdam et Paris, 1771, in-12) ; ('Esprit de M. Necker (Londres et Pari3, 1778, in-12). On a accusé Prault d’avoir fait aux Pensées de Bolingbroke des altérations dans- un but d’orthodoxie catholique.

PRAUN (Georges-André-Septime, baron de), numismate allemand, né k Vienne en « 1701, mort en 1786. Après avoir rempli diverses fonctions dans le duché de Brunswick, il fut élevé, en 17.73, au poste de ministre d’État. Praun mit en ordre les importantes archives de Wolfenbuttel et fit d’intéressantes recherches sur la numismatique. On lui doit : l’Enseignement approfondi sur. la numismatique en général et sur ia numismatique allemande en particulier (Gœttingue, 1739, in-8") ; Bibtiotheca brunswico-luneburgensis (Wolfenbuttel, 1744, in-8o) ; Galerie complète des sceaux employés dans les pays de Brunswich-Lunebourg (Brunswick, 1789, in-8o), etc.

PRAUNE s. m. (prô-ne — du gr. praund, j’apaise). Crust. Genre de crustacés, réuni par plusieurs auteurs aux mysis.

PRAUR1MÉ, déesse du feu sacré, dans la mythologie lithuanienne. Elle avait, près da Polonga, à Wilna et dans d’autres localités, des autels où un feu perpétuel était entretenu par des vierges, que l’on désignait parle mêmenom que la déesse. La célèbre Birouta, qui épousa Kieystut, grand-duc de Lithuanie, était une des ces vierges. Elles devaient garder leur virginité jusqu’à la fin de leurs jours et, si elles manquaient k cette prescription, elles étaient punies de mort. Birouta évita ce châtiment par la protection de Kieystut, qui eut d’elle le valeureux Witold.

PRACSNITZ, ville de Prusse, province de Silésie, régence et à35 kilom. N. de Breslau j 2,500 hab. Fabrication de draps, lainajres. toiles et huile.

PRAUTHOY, ville de France (Haute-Marne), ch.-l. de cant., arrond. et à 19 kilom. S. de Langres, sur la pente d’une montagne ; pop. aggl., 681 hab. po’p. tôt., 701 hab. Eécolte et commerce de vins estimés ; extraction de pierre de taille.

PRAVADI ou PARAVADI, ville de la Turquie d’Europe, pachalik et à 105 kilom. S.-E. de Sihstne, 71 kilom. S.-O. de Bazardjiko, 30 kilom. O. de Varna, entre deux rochers élevés et taillés à pic, sur la rivière de sou nom, qu’on y passe sur un pont ; ch.-l. de livah. Ruines d’un château fort, mosquées, baius

PRAX

publics. En 1829, les Russes y ont remporté une victoire complète sur les Turcs.

PRAVAZ (Charles-Gabriel), médecin français, né à font-de-Beauvoisin (Isère) en 1791, mort à Lyon en 1853. Il se lit recevoir docteur en médecine et devint, directeur de l’Institut orthopédique de Lyon. Ses principaux ouvrages sont : Traité théorique et pratique des luxations congénitales du fémur, suivi d’un Appendice sur la prophylaxie des luxations spontanées ({HT, w-4°) ; Essai sur l’emploi médical de l’air comprimé (1850, in-8<>). « PRAVAZ (Jean-Charles-Théodora), médecin français, fils du précédent, né k Paris en 1831. Il lit ses études médicales dans sa ville natale, où il passa son doctorat et est devenu directeur de l’Institut orthopédique de Lyon. Nous citerons de lui : Des. effets physiologiques et des applications thérapeutiques de l’air comprimé (1859, in-8o) ; Essai sur les déviations luticales de la colonne vertébrale (1862, in-4o) ; Vêla curabilité des luxations congénitales du fémur (1864, in-s°) ; Des indications du.redressement brusque et des tractions lentes dans le traitement de i’ankylose de la hanche{&§ b, in-8»), etc.

PRAWDA, déesse de la vérité, chez les Slaves. V. Przysnienia.

. PRAW1GA, déesse du bon droit, chez les Slaves. V. Przysnienia.

PRAXAGORAS, médecin grec, né k Cos. ïl vivait au ive siècle avant notre ère. Ses vastes connaissances en anatomie et en physiologie lui acquirent une grande réputation. Ce savant était partisan de l’école dogmatique et de la théorie des humeurs. On a prétendu qu’il avait distingué le premier les veines des artères ; mais Littré a démontré que cette découverte avait été faite avant lui. Dans la thérapeutique, il employait le plus souvent des remèdes empruntés au règne végétal et faisait un usage fréquent des émcitiques. On trouve des fragments d’écrits de ce médecin dans les ouvrages de Galien, de Cœlius Aurelius, etc.

PRAXÉAS. hérétique du temps de Tertullien (ne siècle), au moins selon le sentiment de ce Père. V. praxéen.

FRAXÉEN s. va. (pra-ksé-ain). Hist. relig. Disciple de Praxéas.

— Encycl. Praxéas avait d’abord adopté l’hérésie de Montan, puis fait sa soumission au pape Victor, pour devenir enfin fondateur d’une nouvelle secte qui réunit un nombre considérable d’adhérents.

C’était le moment où le dogme de la trinité s’élaborait et se propageait dans les Églises. Lespraxéens le combattirent au nom de l’unité de Dieu et comme conduisant au trithéisme. Le Fils et le Saint-Esprit n’étaient pas pour eux deux personnes distinctes ; à leur avis, le Père seul existait ; c’était lui qui était descendu dans le sein de la vierge Marie, qui avait été crucifié, etc. Cette doctrine, rigidement monothéiste, fut aussi ’celle des disciples de Noet (v. NOÉTIENS) et de Sabellius (v. sabuli.ïkns). Ces trois sectes paraissent donc identiques, au point de vue doctrinal, bien qu’elles aient eu des origines différentes ; la trinité parut, en plusieurs endroits de la chrétienté, un attentat contre l’unité de la divinité ; aussi les historiens ont-ils donné à ces trois sectes le nom collectif de monarchiens (v. ce mot), ou partisans d’un seul seigneur, et celui de patripassiens ou partisans de la croyance à la passion de Dieu le Père.

Comme tout ce que nous connaissons des praxéens nous est parvenu par Tertullien, dans son livre Contre Praxéas, nous ne pouvons affirmer absolument que Praxéas lui-même eût adopté en tous points les doctrines monarchiennes. Les Pères de l’Église, même les plus grands, comme saint Jean Chrysostome, n’ont pas toujours reculé devant le mensonge pour terrasser leurs adversaires, et quelques-uns ont même posé et soutenu la théoriedu mensonge officieux. Tertullien, dont lascience est d’ailleurs très-bornée et la passion très-vive, commet souvent, k l’égard de ceux qu’il traite d’hérétiques, des erreurs, soit volontaireSjSoitinvokmtaires. Aussi, plusieurs théologiens, surtout parmi les protestants, ontils, dans le cas présent, contesté que Praxéas et ses disciples pussent être réellement placés à côté des sabolliens et des noétiens. Le Clerc veut que Praxéas fut l’orthodoxe et Tertullien l’hérétique ; le premier ne niant, selon lui, que la distinction dans la substance divine et non celle des personnes ; le second admettant, au contraire, trois substances. Ce reproche k l’égard de Tertullien est fondé sur quelques passages de ce Père ; mais il est facile de le justifier par d’autres citations, ce que Bergier se hâte de faire. Beausobre veut que l’opinion de Praxéas ait été partagée par le pape Victor lui-même, et que celle de Tertullien, montaniste comme on Bait, fût alors entachée d’hérésie, bien qu’elle soit dans la suite devenue orthodoxe ; il dit encore que Tertullien avait d’autant plus d’aversion pour Praxéas que celui-ci avait été, autrefois, montaniste comme lui. Mosheim partage les idées de Le Clerc et de Beausobre à ce sujet.

Quoi qu’il en soit, Tertullien opposait & Praxéas la croyance do l’Église universelle, qui croit k un seul Dieu, ayant un fils ou un verbe sorti de lui, envoyé dans le sein de la vierge Marie, et Dieu et homme tout ensem PRAX

ble. «Voilà, .disait-il, la règle de l’Église et de la foi depuis le commencement du christianisme ; or, ce qu’il y a de plus ancienest la vérité, ce qu’il y a de nouveau est l’erreur. » Ces dernières propositions ne nous paraissent pas être d’une logique irréfutable,

PRAXÈLE s. f. (pra-ksè-le). Bot. Syn.

d’OOCLINB.

PRAXÉLlDEs. f. (pra-ksé-li-de). Bot. Genre de synanthérées de la Guyane.

PRAX1DICE, divinité peu connue, qui présidait à la modération, à la tempérance, à la discrétion, et qui paraît être la même que Minerve Alalcomène. Elle avait pour filles Homonoe (la Concorde) et Arétè (la Vertu). Ménélas, au retour de Troie, lui consacra un temple près de Gythium, en Laconie. On ne lui offrait que la tête des victimes, et on la représentait par une tête sans corps.

PRAXIERGIDE s. m. (pra-ksi-èr-ji’-de). Antiq. gr. Nom que l’on donnait, à Athènes, à des prêtres qui célébraient un mystère le jour des plyntérides - Chaque année, te 25 du mois thargélion, les PRaxiekGideSdétachaient les ornements de la statue, les nettoyaient et en visitaient l’intérieur. (Th. Gaut.)

PRAXILLA, poëtesse grecque, née k Sicyone dans le ve siècle av. J.-C. Elle florissait aux environs de la LXxxne olympiade. Toutes ses œuvres sont perdues, moins un petit nombre de vers insérés dans ('Anthologie. Athénée rapporte qu’elle excellait dans les scolies, sortes de rondes qui se chantaient dans les festins, et que, sous ce rapport, on la comparait à Alcée et k Anacréon, Elle composa des odes et des dithyrambes ; une de ses odes avait les exploits d’Achille pour sujet. Les Grecs la placèrent au nombre des neuf poétesses qui faisaient pendant aux neuf Muses dans leur histoire littéraire ; c’est ce dont témoigne 1 epigramme d’Antipater : «L’Hélicon et le mont Piéçius ont nourri du miel de leurs chants ces femmes aux langues divines, Praxilla, Myro, Anytè, Sapho, la gloire des femmes de LesbosjErinne, l’illustre Télésilla, et toi, Corinne, qui chantas le bouclier de Pallas ; Nossis, Myrtis à la voix douce. Toutes ont produit des ouvrages immortels. Le ciel a donné naissance k neuf Muses ; la terre en a fait naître un pareil nombre pour le plaisir des mortels, ».On dit aussi que Praxilla inventa un vers qui, de son nom, fut appelé praxiléen. Lysippe lit sa statue.

PRAXILL1EN adj. m. (pra-ksil-li-ain- du nom de Praxilla, l’inventrice). Métriq. Se disait d’un trimètrebrachycatalectique, dont le deuxième pied était un trochée : Mètre PRAXftxiEN. Il On dit aussi praxiléens.

PRAXITÈLE, célèbre statuaire grec, un des premiers parmi les successeurs de Phidias, né à Athènes la 4e année de la cive olympiade (361 av. J.-C), mort vers 280. Quoiqu’il tienne une grande place dans l’art antique, on est réduit à de simples conjectures sur les faits principaux de sa vie, mais la date de ses œuvres les plus importantes a pu être fixée approximativement. Apparu un siècle environ après Phidias et dans la vieillesse de Lysippe, qui put voir ses débuts, Praxitèle marque une phase nouvelle de l’art grec. Phidias s’était fait remarquer par la grandiose et le sublime de l’expression ; Praxitèle adoucit la sévérité de la statuaire jusqu’à la grâce la plus suave ; sous ses doigts, le marbre et le bronze prirent la souplesse et le sentiment de la chair ; il fut le créateur de ces admirables types féminins dont ses imitateurs nous ont transmis de si nombreuses copies dans les Vénus-antiques.

Ses premières œuvres furent une partie des sculptures du temple d’Éphèse, reconstruit entre la cvie et la cxue olympiade, après l’incendie qui l’avait entièrement ravagé en 356, le fameux incendie d’Erostrate. L’autel du temple passait dans l’antiquité pour être tout entier de sa main. Un Satyre en bronze, qui fut placé k Athènes, dans un templede la rue des Trépieds, et que sa beauté fit surnommer le Penbocios (lecélèbre), futexécuté par Praxitèle vers la cxie olympiade, k l’âge de vingt-six ans, ainsi qu’un Eros, dont il fit présent à la courtisane Phry né, sa mal tresse. Fausanias raconte que Fhryné luiayantdeinandé une de ses statues, l’artiste y consentit en lui laissant l’embarras du choix. Elle imagina de lui faire dire que le feu était k son atelier, et comme il s’écriait : • Qu’on sauve au moins mon Eros et mon Satyre J» elle le rassura en riant et lui dit qu’elle savait ce qu’elle voulait savoir. Ces productions de la jeunesse de Praxitèle prirent immédiatement rang parmi les chefs-d’œuvre. On croit que le Jeune satyre du Capitole, nonchalamment accoudé à un tronc d’arbre, les jambes croisées et la main gauche sur la hanche, est une reproduction du Satyre de Praxitèle ; quant à l’Eros, il était également en marbre, avec les ailes dorées, et tenait un arc à la main. Phryné le consacra dans le temple de l’Amour, a Thespies, où il était encore du temps de Cicéron. Caligula le fit transporter à Rome ; il périt dans 1 incendie des Portiques d’Octavie, où il avait été placé sous Néron. Praxitèle fit encore deux autres Amours, en bronze, mentionnés par Callistrate, un quatrième en marbre, qui décora longtemps un temple de la ville de. Parium, dans la Propontide ; enfin Verres possédait une répétition, de la main de Praxitèle, de l’Eros de Thespies ; il l’avait

PRAX

enlevée k un riche citoyen de Messine, comme on le voit dans une des Verrines de Oicéron. Il faut encore rapporter à la première période de la vie de Praxitèle les fumeuses Vénus de Cos et de Cnide, sculptéas d’après le beau corps de Phryné qui servit de modèle à l’artiste, et les deux statues de la courtisane elle-même, exposées, l’une dans le temple de Delphes, l’autre dans le temple de l’Amour, à Thespies. Ces quatre chefs-d’œuvre durent être exécutés de 330 à 325, époque où la courtisane était dans tout l’éclat de la jeunesse et de la beauté. Des deux Vénus, celle de Cos était drapée, celle de Cnide était nue ; c’était la plus admirée. Refusée par les habitants de Cos, pour qtii elle avait été faite et qui hésitèrent par scrupule religieux, elle devint la possession des Cnidiens, dont elle fit la fortune : on allait chez eux uniquement pour la voir. «De toutes les extrémités de 1» terre, dit Pline, on navigue vers Cnide pour y voir la statue de Vénus. • Nicomède offrit aux Cnidiens de payer leurs dettes en échange de cette Vénus ; ils refusèrent ; elle valait pour eux, par l’afSuence des étrangers, ud trésor inépuisable. Transportée k Constantinople durant le Bas-Empire, elle y périt avec tant d’autres chefs-d’œuvre de Phidias et de Lysippe dans l’incendie de 475. On en a des imitations dans la Vénus du Vatican, dans celle du Capitole, et probablement une reproduction exacte, moins les bras qui sont modernes et qui ont de l’afféterie, dans la Vénus de Médicis. La statue de Phryné placée dans le temple de Delphes était en bronze ; elle portait cette inscription" : Phryné, Thespienne, fille d’Epicleus ; l’autre éti.it en marbre ; toutes deux parfaites par l’élégance des formes, la grâce" du mouvement et la délicatesse du modelé.

C’est surtout par ses statues de femmes et de déesses que Praxitèle fit accomplir à l’art grec une évolution nouvelle, évolution dangereuse aussi, car, si lui-même il resta le maître achevé, sûr de ne faire dire au marbre que ce qu’il voulait et toujours fidèle à l’idéal, ses imitateurs devaient glisser aisément jusqu’aux séductions d’un sensualisme raffiné. Il n’est pas exact de dire que Praxitèle osa le premier sculpter des femmes nues ; une Aphrodite, entièrement nue, avait été représentée bien avant lui sur un des frontons du Parthénon ; mais il est certain qu’il donna aux types féminins une importance qu’ils n’avaient jamais eue jusqu’alors. Ses statues de femmes sont très-nombreuses et tiennent dans son œuvre la première place ; rénumération qu’en font les anciens historiens de l’art, Pausanias et Pline, est même tellement considérable qu’on ne peut croire que toutes ces œuvres lussent authentiques. Cependant Praxitèle parvint jusqu’à un âge avancé, soixante-quinze ou quatre-vingts ans ; il eut deux fils, qui devinrent sous lui des artistes habiles. Les maîtres grecs avaient autour d’eux de nombreux élèves, ébauchant le marbre d’après leurs dessins et dont ils achevaient le travail ; il est donc possible qu’il soit sortilde son atelier une grande quantité de morceaux précieux.

Le temple de Mantinée possédait une Junon assise sur un trône, une Èébé, une Minerve, un groupe de Latone et ses enfants ; le temple de Platée, une autre Junon et un groupe de Ithéa et Saturne ; une Proserpiue, en bronze, et une Cérès se voyaient, au temps de Pausanias, dans un des temples d’Athènes ; une Diane, surnommée Brauronia, dans l’Acropole ; k Mégare, un groupe de Diane et latone entourant Apollon ; k Argos, une autre Latone ; k Anticyre, une Diane tenant à la main une torche ; k Mégare, la Fortune. Rome, qui, s’étant enrichie de la dépouille d’une foule de temples de la Grèce, possédait da Praxitèle : une Cérès, l’Occasion et la Bonne fortuite, placées de chaque côté d’une Venu* de Scopas ; des Ménades, un groupe de Thyades accompagnant Silène, des Nymphes, des Baigneuses, une Danaë, une Femme "Rajustant une couronne, qui était peut-être una des statues de Phryné ; Flore et Triptolème, groupe placé dans las jardins de Servilius, etc. Ses statues de jeunes dieux, ses Faunes, ses Amours, ses Apollons ne différent que bien peu de ses statues de femmes. Ce n est presque jamais l’homme que Praxitèle s’est plu à reproduire, c’est l’éphèbe k la virilité encore indécise. « Elles offrent, dit M. Beulé, ce même type de jeunesse, de formes tendres et délicates, da mollesse idéale, de grâce enveloppée, pénétrante, qui émane du corps comme un parfum enivrant. Dans ses figures viriles, l’artiste ne craignait pas de rechercher cette fleur de jeûnasse aimée des Grecs, cette nature peu accentuée et presque féminine qui succédait aux proportions héroïques des dieux de Phidias.» Les plus admirées de ces statues étaient, outre le Satyre et ('Eros, l’Apollon Saurochtone (tueur de lézards), qui fut transporté k.Rome et dont’il existe diverses reproductions antiques ; le Bucchut enfant, placé autrefois dans l’hèrœon d’Olym ■ pie avec un Mercure ; un Neptune, qui fut transporté à Rome. On connaissait en outre de lui, dans l’antiquité, de grands ensembles de sculpture destinés à des temples : les statues des Douze dieux, dans le temple de Mégare ; l’Enlèvement de Proserpine et Cérès ramenant sa fille des enfers, dans le temple de Cérès, à Athènes ; ces deux compositions étaient probablement de grands bas - reliefs, etc. Praxitèle a peu souvent traité des sujets hé-