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condition de rendre d’abord h Dieu ce qui est à Dieu.

Passant au second point, l’auteur tente de prouver que l’esprit de l’Église et l’esprit de liberté ont la même tendance : apprendre à l’homme à se gouverner lui-même, par sa conscience, par sa raison, dans la vie publique et dans la vie privée, pour les choses de la terre et pour les choses de l’éternité ; qu’ils emploient le même instrument, laparole, le même procédé, la conviction, la persuasion ; qu’ils ont la même fin, gagner les âmes, comme les âmes se gagnent, par la lumière et par l’amour.

Quatrième conférence. Bautain y appelle l’attention et les méditations sur les dogmes chrétiens qui sont favorables à la liberté, notamment sur le dogme de la création et sur celui de l’unité d origine et de sang du genre humain. Le dogme de la religion détruit le fatalisme panlhéiste et matérialiste. A rencontre du paganisme mythologique ou philosophique, qui faisait de la fatalité le principe, la raison et la fin de toutes choses et qui ainsi ne pouvait produire que l’esclavage, l’Église catholique, par son dogme, pose au centre de l’univers la liberté, la liberté suprême du Dieu créateur. Le dogme chrétien de l’origine de l’homme n’est pas moins libéral. Si nous posons en principe, dit Bautain, que les hommes sont venus primitivement de plusieurs souches et sur plusieurs points de ia terre ; que les diverses races sont autochthones et sans relation par leur origine, sans liens réciproques de famille, sans dérivation d’une même unité, alors qui nous empêche de conclure qu’une race est inférieure à l’autre par sa nature, et qu’ainsi, par le vœu même de ia nature et par ie droit nature), l’une est appelée à régner et l’autre k servir ’ ! C’est précisément ce qu’ont dit les plus grands philosophes de l’antiquité. Qui a détruit cette erreur monstrueuse, dégradante pour l’humanitéî La

doctrine chrétienne, qui enseigne que tous les hommes ont la même origine, qu’ils descendent des mêmes parents et que l’âme de chaque homme est créée par Dieu.

Cinquième conférence. Bautain y montre

Sue la morale de l’Évangile, que la pratique e ces préceptes évangeiiques : Aimez Dieu par-dessus toutes choses ; Aimes votre prochain comme vous-même ; Faites aux autres ce que vous voudriez qui vous fût fait ; Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qui vous fût.fait, est essentiellement favorable à la liberté politique, parce qu’elle lui fournit ses conditions principales. La première de ces conditions est le respect de la loi, du droit et de l’autorité qui tes applique. Eh bien I le respect de la loi, qui l’aura plus profondément empreint au cœur que le chrétien ? Le respect de l’ordre, de 1 autorité, qui le ressentira plus vivement, qui y sera plus porté et plus habitué que le catholique, façonné de bonne heure par l’Église à l’obéissance raisonnable, et élevé, des son âge le plus tendre, dans cette grande école du respect ? La seconde condition de la iiberté.poîitique est le dévouement à la chose publique. Sans ce dévouement, qui sacrifie l’intérêt privé à l’intérêt de tous, la liberté d’un peuple n’est pas possible. Or, la morale chrétienne accomplit admirablement cette condition. Doctrine de justice et d’abnégation propre, elle s’accorde parfuitemeat avec le patriotisme qui impose nécessairement des sacrifices aux citoyens.

Sixième conférence. L’objet de cette sixième conférence est d’établir que l’Église catholique, par sa constitution et sa discipline, a contribué efticacement au développement de la vraie liberté dans le monde. Par l’organisation de son gouvernement et par la manière dont elle l’exerce, l’Église a fourni aux États modernes le modèle et la règle de la véritable organisation de la liberté. Dès son origine et.dans tous les siècles, elle en a donné aux hommes les conditions essentielles et les garanties libérales, savoir : la souveraineté de la loi, l’égalité de tous devant la loi, l’admissibilité de chacun aux emplois et aux dignités, l’appel des plus dignes aux fonctions du pouvoir par l’élection, la protection de l’État distribuée également sur tous, et même sur les pauvres et les faibles de préférence, Puis, dans ses conciles, où elle a fait prévaloir la libre discussion, elle a enseigné aux peuples ia théorie et la pratique du système représentatif, condition sine qua non de la liberté chez les grandes nations. Enfin, par le célibat religieux, elle a détruit l’esprit de caste et fait triompher le droit commun sur la droit héréditaire.

Septième conférence. Bautain y formule ainsi qu’il suit les principes du catholicisme sur la résistance au pouvoir : l’Église n’autorisa jamais la résistance année à la puissance établie, bien qu’elle puisse parfois l’excuser. Elta ne veut pas qu’il y ait deux glaives opposés dans la même société, parce qu’elle a eu horreur la guerre intestine, aussi contraire à l’intérêt de l’État qu’à la charité chrétienne, et, par conséquent, elle réprouve la révolte, la sédition, l’insurrection et tous les désordres qui en sont la suite. Mais entre l’obéissance passive qu’elle ne prescrit point et la résistance violente qu’elle condamne, elle indique et conseille une voie moyenne, qui procure plus sûrement les effets heureux

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et légitimes de la résistance à l’injustice, sans en avoir les inconvénients. En suivant cette voie avec, prudence, le chrétien pourra défendre efficacement la liberté de son pays sans risquer de blesser sa conscience et d’offenser Dieu. Pour cela, i ! a deux choses à faire en face d’un gouvernement oppresseur : il peut lui résister, mais passivement : il doit lui obéir, mais en faisant tout ce qu’il peut faire légalement pour affaiblir ou annuler l’influence funeste du despotisme.

Cependant il peut y avoir des cas extrêmes où, même pour la conscience catholique, la résistance par la force est un moyen légitime de défense. Bautain n’hésite pas à déclarer : 1° qu’à ses yeux la résistance par la force au pouvoir qui emploie illégalement et initiativement la force est permise ; 20 que le citoyen qui prend l’initiative de la résistance a un pouvoir qui viole évidemment le pacte social est excusable et dans le cas des circonstances atténuantes ; 3° que là où il n’y a pas de pacte social ni aucune convention explicite entre les gouvernants et les gouvernés, si la puissance tourne au despotisme, au mépris de sa mission divine et de la fin dernière de la société, dont elle doit être le moyen principal, et que, par ses actes tyranniques, elle amène une explosion spontanée qui la renverse, la conduite de tous ceux qui y ont contribué de bonne foi et pour défendre ia justice, le droit et la dignité humaine est plutôt conforme que contraire à la volonté de Dieu.

On voit, par la brève analyse que nous venons d’en donner, dans quel esprit et en vue de quelle situation ont été prononcées, puis publiées les conférences de l’abbé Bautain Sur la religion et la liberté. C’est de l’apologétique faite au point de vue relativement libéral qui régnait dans l’Église au commencement du pontificat de Pie IX. Il y a de l’habileté et du talent dans ces conférences. Il serait facile, mais bien inutile, de les réfuter aujourd’hui ; car, aujourd’hui, l’Église ne se soucie nullement du rôle libéral que l’apologétique voudrait attribuer à ses dogmes, à sa morale, à sa discipline.

Religion naturelle (la), par M. Jules Simon, étude de philosophie religieuse, publiée en 1856. La religion chrétienne enseigne à l’homme son origine, sa règle et sa fin, c’est-à-dire tout ce qui lui est nécessaire pour la direction et la consolation de la vie. Mais il y a des esprits en grand nombre qui ne sauraient admettre le principe de la révélation, ou qui, ne pouvant croire à toutes les choses enseignées par l’Église et comprenant qu’on ne lui fait pas sa part, qu’il faut ou l’accepter ou la rejeter tout entière, se sentent obligés de renoncer à la religion officielle et se livrent sans réserve à la philosophie. Ces esprits religieux, mais qui ne reconnaissent d’autre autorité que la raison, ne trouverontils pas en elle ce qu’ils lui demandent ? L’humanité est-elle placée sans autre ressource entre la révélation et le scepticisme ? N’y a-t-il rien, en dehors de la foi révélée, qui puisse rattacher la terre au ciel V

L’indépendance religieuse du philosophe l’a fait tout naturellement passer pour un athée auprès des polémistes de mauvaise foi. M. Simon est, au contraire, un déiste déterminé. ■ La nature, la société, notre conscience, dit-il, nous parlent de Dieu à chaque instant. Quel est ce Dieu dont la pensée nous revient sans cesse ? Est-ce un Dieu indifférent, solitaire, étranger au monde qu’il a produit ? A-t-ii besoin de nos respects et de nos prières ? Nous a-t-il donné une loi et soumis k une épreuve ? Nous réserve-t-il une autre vie après celle que nous traversons ? A mesure que nous avançons dans la vie, nos parents, nos’ amis tombent k côté de nous. Un rend leurs corps à la terre : mais leurs âmes, où vont-elles ? Sommes-nous à jamais « séparés de nos morts ? N’y a-t-il rien au delà du tombeau ? •

Le livre se compose de quatre parties ; l’auteur examine successivement : 1° la nature de Dieu ; 2° la Providence ; 3» l’immortalité ; 4° le culte. Le sens commun est seul appelé k prononcer sur ces dogmes, et les solutions diffèrent nécessairement de celles des religions révélées.

Les arguments de M. J. Simon à propos de Dieu, de son incompréhetisibilité, de la manière (k>nt le panthéisme le conçoit ; ses idées sur la Providence, L’immortalité de l’âme, les cultes ne diffèrent pas beaucoup de ce qui s’enseigne à ce sujet dans les ouvrages des grands esprits en qui l’opinion commune a confiance. Sa théorie de ia prière offre des considérations du plus haut intérêt. La prière, suivant lui, c’est l’accomplissement du devoir. Pendant cette vie, nous remplissons sous les yeux de Dieu la tâche qu’il nous a donnée, et, au terme de notre existence, il nous récompensera ou nous punira. Aussi, l’homme ne doit-il demander rien au monde que l’occasion de lutter et de mériter. Son repos, sa patrie, son Dieu sont ailleurs. Comment pourra-t-il mériter ? En obéissant à la loi et en faisant le bien. Sa loi est de conserver et de développer ses facultés, d’aimer et de servir ses compagnons d’épreuve, d’aimer et d’adorer l’auteur de son être. Comment adorera-t-il Dieu ? En accomplissant son devoir. Faire le bien, c’est adorer ; aimer, travailler, se dévouer, c’est adorer,

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c’est prier. Être un citoyen utile en ce monde, c’est servir Dieu. Telle est la religion naturelle, tel est le culte naturel. Toute cette doctrine est simple et sans mystères : un Dieu tout-puissant et immuable, qui a créé le monde et qui le gouverne par des lois générales ; une vie à venir qui remplira toutes les promesses de celle-ci et en réparera toutes les injustices, voilà le dogme. Un cœur rempli de l’amour de Dieu et de l’amour de l’humanité, une volonté ferme d’accomplir le devoir et de servir les vues de la Providence en faisant le bien, voilà la prière, voilà le précepte ; telle est la religion rêvée par M. Jules Simon.

Il n’y a rien dans ces pages qui sente, nous ne dirons pas l’irréligion, mais même le scepticisme. On pourrait définir la Religion naturelle « un livre de piété à l’usage des libres penseurs. » Des pensées élevées exprimées en beau style, tel est le fond de ce livre où l’amour réel du peuple, le culte de la bienfaisance occupe une très-grande place à côté des discussions et des démonstrations philosophiques. Sans partager les vues de l’auteur, on peut dire que cet ouvrage est digne de l’homme éminent qui, avant de devenir un des représentants de la démocratie, était une des lumières de l’Université.

’ Kellglons de la Grcco antique (HISTOIRE ! des), depuis leur origine jusqu’à leur complète constitution, par L.-P.-AJfred Maury (Paris, Ladrange, 1857-1S59, 3 vol. in-8»J. Cet ouvrage important était en ISCS le travail d’ensemble le plus nouveau et le plus complet que la France possédât sur les mythes et les religions de la Grèce. Dépassé en grande partie en Allemagne et sur quelques points par des études plus récentes, il res- • tera comme le représentant d’une époque dans la science, et M. Maury conservera, l’honneur d’avoir le premier, de ce côté du Rhin, rompu définitivement avec les anciens systèmes, en matière d’études mythologiques, pour rattacher hardiment ces études aux résultats fournis, par la linguistique, c’est-à-dire pour les faire rentrer dans le grand courant de la tradition indo-européenne.

« La pensée de cet ouvrage, écrivait M.’ Maury en 1857, m’a été inspirée par le beau livre de M. Creuzer sur les religions de l’antiquité, dont M. Guigniaut s’est montré un si habile interprète. Le savant allemand avait cherché à saisir la liaison des mythes et des symboles, mais il a négligé le côté historique et pragmatique ; il a considéré les religions de l’antiquité comme un grand tout dont il a donné un exposé synthétique. Mon travail, au contraire, est une œuvre d’analyse : je suis le progrès des idées, par cela seul que je m’attache à marquer Ie3 . époques ; car rien n’est immobile dans ce qui touche à l’homme, quoique le tond sur lequel ce mouvement s’accomplit demeure immuable. Les religions ont été, chez les anciens, des formos plus ou moins passagères d’un sentiment éternel. La religion s’est tour à tour agrandie, altérée, transformée, elle n’est jamais morte, et quand on pouvait la croire éteinte, comme le phénix, elle renaissait sur son bûcher. Ce spectacle a été le prélude du christianisme, dont le polythéisme antique ne fut qu’une longue préparation. Voilà ce qui donne à cette histoire un intérêt égal à celui que présentent les événements les plus graves et les plus dramatiques. En effet, sous cette série de mythes et de créations théogoniques, on sent que s’agitent les plus grands problèmes que puisse poursuivre notre inquiète curiosité. L’homme cherche Dieu ; il s’égare souvent, mais quelquefois il en entrevoit le caractère ou en pressent l’immensité. >

Dans ces lignes, qui contiennent la "pensée fondamentale de l’ouvrage, M. Maury, l’ancien.collaborateur de M. Guigniaut pour la

publication française de la Symbolique de Creuzer, M. Maury, qui dédie respectueusement à M. Guigniaut son nouveau travail, s’écarte cependant, sans retour, de la doctrine de ses maîtres. Il ne se contente pas, en effet, de reprendre, comme il le dit, sous la forme analytique l’œuvre édifiée synthétiquement par Creuzer ; et il y a loin du système qui rattachait à l’Égypte les origines du polythéisme au point de vue où se place M. Maury dans son livre et aux idées qu’il y développe en s’appuyant sur les découvertes nouvelles de la science.

Dans l’exécution, M. Maury a rencontré les difficultés qui devaient naître de la hauteur même du point de vue auquel il s’était placé. Il était conduit à tenter, une classification méthodique d’une multitude de faits dont la critique n’avait pas encore déterminé et ne déterminera peut-être jamais le vrai caractère. Il ne pouvait éviter la confusion résultant du rapprochement de tant de formes diverses et de traits opposés que sa sincérité scientifique lui commandait d’enregistrer àtitre égal. D’une autre part, les matériaux préparés déjà qu’il n avait eu qu’à réunir étaient encore bien insuffisants ; car ni les problèmes les plus graves de la linguistique, dont la connaissance parait indispensable pour l’explication des mythes et de leurs relations, ne sont résolus, ni l’histoire synthétique des divers rameaux ethniques de la race indo-européenne, ni celle de leurs rapports primitifs avec le monde sémitique

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ne sont encore faites. M. Maury sa créait lui-même par sou plan d’autres difficultés qu’il n’a pas entièrement surmontées. « Je suis, dit-il, le progrès des idées, par cela seul que je m’attache à marquer les époques. • Cette méthode, excellente en thèse générale, devient nécessairement vicieuse quand il s’agit de tracer l’histoire d’une institution théologique dont le caractère essentiel est l’immobilité : Aussi M. Maury, en traitant séparément de la mythologie des temps antéhomériques, de celle que nous connaissons par Homère, de celle des poèmes hésiodiques et enfin de celle des temps posthomériques jusqu’au siècle d’Alexandre, s’est-il condamné à beaucoup de répétitions, à une indécision perpétuelle et, qui plus est, à de graves erreurs. Il donne sans cesse pu parait donner comme nouveau ce qui est ancien, comme différent ce qui est semblable. Cette observation s’applique surtout au premier volume. Les deux autres contiennent une série de traités, en quelque sorte distincts, sur les formes du culte, sur les temples et la liturgie, sur les funérailles, les fêtes, les pompes, les jeux, les mystères, le sacerdoce, les oracles ; sur la morale religieuse, la religion de l’Asie Mineure, l’influence des religions syrophéniciennes et égyptiennes ; sur l’orphisme et la philosophie. Mais, bien que quelques-uns de ces sujets soient traités supérieurement, l’auteur n’a pu l’aire que ce ne soient là autant de membres d’un corps dont il n’est pas parvenu à établir la circulation intérieure et à constituer l’unité.

Religion an x«» siècle (LA), par M. J.-E. Alaux (1858, in-S°). L’auteur entreprend une tâehe qui a été plusieurs fois tentée et toujours sans succès, à savoir : la conciliation du catholicisme et du rationalisme. Pour élever le débat, il se propose, une pure dissertation philosophique sur les principes premiers et abstraits auxquels se rattache le problème, se défiant, dit-il, « des obscurités qui se rencontrent dans l’histoire. » Après avoir mis en présence le catholicisme et le rationalisme, l’auteur se demande comment il est possible d’opérer leur conciliation. L’épigraphe qu’il a empruntée à Malebranché : « L’intelligence succédera à la foi, » indique quelle est sa solution : 0 Jusqu’ici, dit-il, on a cru ; aujourd’hui, on veut comprendre. Le siècle est rationaliste, et il a raison de l’être. La cause de la raison est désormais gagnée ; il faut gagner celle de la religion. Les croyants sont rarement rationalistes, les philosophes rarement catholiques. Il s’agit de les rapprocher en prouvant que le catholicisme contient les vérités cherchées par la philosophie. Il faut laisser celle-ci se faire. Quand elle sera-faite, on acceptera comme démontrées les vérités qu’on acceptait comme articles de foi. » En attendant qu’il soit parvenu à cette conclusion nécessaire, ■ le philosophe doit garder la religion de son pays et de son temps... Ce n’est pas être hypocrite que de pratiquer publiquement un culte auquel on adhère comme à un symbole de la vérité. »

Passant en revue les diverses tentatives qui ont été faites pour résoudre le problème des rapports de la raison et de-la foi, il reproche aux théologiens d’absorber la philosophie dana la religion et aux philosophes d’absorber la religion dans la philosophie. Il condamne aussi ceux qui voudraient séparer le domaine de la foi du domaine de la raison. * L’empire de la vérité, dit-il, ne se brise pas, et à ce système où ne gagne que deux choses : la première, que la vérité religieuse n’exerce aucun empire sur la science ; la seconde, que le progrès de la science, à mesure qu’il agrandit le domaine de la raison, diminua d’autant le domaine de la foi. Le protestantisme a eu plus d’intelligence du problème, mais il est aujourd’hui- attardé et il a’le défaut d’être moins libre que le catholicisme, puisqu’au lieu d’une révélation progressive il a une révélation immuable dans la Bible et qu’en même temps il est rationaliste. ■ Que faut-il donc faire ? « Concilier, répond l’auteur, le rationalisme avec le catholicisme ; conserver la religion telle que la formule l’Église qui en tient le dépôt, la règle, la loi, mais remplacer la théologie par la philosophie, c’est-à-dire l’explication douteuse des vérités données par la reconstruction scientifique de ces mêmes vérités, pour ajouter à la certitude qui repose sur la parole divine transmise par les hommes la certitude plus intime qua l’homme trouve en sa propre intelligence ; voilà comment il m’a semblé que pouvait être résolu le problème religieux de mon temps.» Il n’y a rien de pratique dans ces rêveries. La solution de M. Alaux est incompatible avec le catholicisme réel et avec une philosophie digne de ce nom. Les philosophes ne consentiront jamais à discuter comme les docteurs du moyen âge et le Syllabus nous a appris l’estime qu’on faisait à Rome de la raison. Ce n’est qu’avec un catholicisme et un rationalisme de son invention que M. Alaux a formulé ce qu’il appelle « la religion du XIXe siècle. Toute tentative de ce genre est d’avance frappée d’insuccès.

Religons (les) et les philosophies dans l’Asie centrale, par le comte de Gobineau, ministre de France à Athènes (Paris, 1865, in-8°). « Tout ce que nous pensons et toutes les manières dont nous pensons ont leur origine en Asie. Il est donc intéressant de sa-