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SIN^-ÏOCSOUF, pacha, général égyptien. II fut grand-vizir de Sélitn Ier, contribua à la victoire de Tchaldiran, remportée sur les Persans (15U), et à celle de Mardj-Dabek, remportée sur les Égyptiens (1516). Il fut tué l’année suivante en combattant ces derniers à la bataille de Reiodanieh ou des Pyramides.

SINAPATE s. m. (si-na-pa-te — du lat. sinapis, moutarde). Chim. Sel qui résulte de la combinaison de l’acide sinapique avec une base,

— Encycl. V. SINAPIQUE. SINAPIDENDRON s. m. (si-na-pi-dain-dron

— du lat. sinapis, gr. sinapi, moutarde ; dendron, arbre). Bot. Genre de plantes, de la famille des crucifères, tribu des brassicées, formé aux dépens des moutardes, et comprenant quelques sous-arbrisseaux, qui croissent h Madère.

SINAPINE s. f. (si-na-pi-ne-du lat. sinapis, du gr. sinapi, moutarde). Base organique qui existe a l’état de sulfocyanate dans les graines de moutarde blanche.

— Encycl. La sinapine a pour formule C«1123AzOB. C’est Henry et Garot qui les premiers, en 18Z5, réussirent à extraire le sulfocyanate de l’huile grasse contenue dans ces graines. Ils lui donnèrent le nom d’acide sinapique, parce qu’ils en méconnurent la vraie nature. Plus tard, cependant, les mêmes chimistes reconnurent que la substance découverte par eux était neutre lorsqu’elle était pure, et ils lui donnèrent le nom de sulfosinapisine. Berzélius lui donna le nom de sinapine ; mais sa vraie nature a été d’abord reconnue par’Babo, puis par Hirschbrunn, qui établit que c’est là un sel qui renferme une base organique, notre sinapine actuelle. Il assigna à cette base la formule C3sHïiAz010 (anc. not.), formule que Gerhardt corrigea et transforma en cette autre, C^H^AzO1", laquelle, dans notre notation actuelle, doit être écrite C«1123AzOB.

On ne connaît la sinapine qu’en dissolution dans l’eau ou a l’état de sel. On obtient sa solution aqueuse en ajoutant peu à peu de l’eau de baryte à une dissolution de son sulfate acide jusqu’à ce que la totalité de l’acide suifurique soit précipitée. Il faut éviter avec lo plus grand soin l’emploi d’un excès de baryte, sans quoi la sinapine se décomposerait en acide siuapique et en sincaline. La solution aqueuse de sinapine présente une couleur jaune foncé et une réaction alcaline très-nette ; elle n’est précipitée ni par l’alcool ni par l’éther. Quand on l’évaporé, elle prend une teinte brun foncé et laisse un résidu parfaitement amorphe. La solution précipite la plupart des sels métalliques : les sels cuivriques en vert, les sels mercuriques en jaune, les sels d’argent en brun grisâtre. Ces précipités se réduisent à l’état métallique par un repos prolongé, ou plus rapidement par l’action de la chaleur. La sinapine versée dans la solution de perchlorure d’or en précipite immédiatement de l’or métallique.

Sels de sinapine. Ces sels sont incolores et plus stables que la base libre ; leurs solutions jaunissent au contact de ia potasse et de l’eau de baryte, et la sinapine, devenue libre, se transforme aussitôt en sincaline et en acide sinapique.

Chlorhydrate de sinapine. On l’obtient en décomposant le sulfate par le chlorure de baryum. Il cristallise en aiguilles très-solubles dans l’eau. La solution donne, avec le chlorure plalinique, un précipité résineux qui brunit dès qu’on le chauife.

Asotate de sinapine. On l’obtient aussi par double décomposition ; il cristallise en aiguilles extrêmement solubles.

Sulfates de sinapine. Le sulfate acide CÎ6HîSAzO» !H2SO’lHïO se produit lorsqu’on ajoute une petite quantité d acide suifurique concentré à une solution également concentrée et chaude de sulfocyanate dans l’alcool à 90 pour 100. Par le refroidissement, il su dépose en si grande quantité que le liquide paraît en être complètement rempli. On lave les cristaux à l’alcool absolu, pour les débarrasser de l’acide suifurique et de l’acide sulfocyanique qui y adhère. Il forme des plaques rectangulaires, très-solubles dans l’eau et dans l’alcool bouillant, insolubles dans l’éther, douées d’une réaction acide bien franche. Les cristaux perdent leur eau à lûC", Le sel neutre s’obtient en neutralisant le sel acide par l’eau de baryte et évaporant la liqueur filtrée. Jl forme une masse cristalline fort soluble.

Sulfocyanate de sinapine

C«H«Az*S05 = Ci6HS3A20», CAzHS,

sinapine de Berzélius, sulfosinapisine de Henry et Garot. On trouve ce sel tout formé dans tes graines de moutarde blanche. D’après Henry et Garot, il existerait aussi dans les graines de moutarde noire et de turritis glabra. Plusieurs méthodes ont été proposées pour obtenir ce sel ; nous allons les décrire l’une après l’autre.

lo On épuise d’abord des graines sèches et pulvérisées de moutarde blanche par l’éther, ufin d’en extraire l’huile grasse. On fait ensuite macérer le résidu avec de l’alcool absolu froid aussi longtemps que ce liquide se colore en jaune rougeâtre ; puis on traite la résidu par l’alcool à 90» bouillant et on le

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soumet k la presse. Ce traitement par l’aicool bouillant suivi d’une expression doit être répété deux ou trois fois. Les solutions alcooliques chaudes étant concentrées à la, moitié de leur volume donnent, par le refroidissement, des cristaux incolores de sulfo- | cyanate de sinapine. I) suffit d’évaporer plus complètement les eaux mères et d’y ajouter du sulfocyanate potassique pour qu’il se forme une quantité additionnelle de ces cristaux. Le sulfocyanate de potassium précipite I aussi du sulfocyanate de sinapine de l’extrait que nous avons déjà mentionné et que l’on prépare au moyen de l’alcool froid,

2» On soumet de la farine fraîche de moutarde blanche à la pression du moulin à huile pour en extraire 1 huile grasse, puis on l’épuise au moyen de l’alcool à 80° bouillant. On évapore ensuite les teintures alcooliques j au bain de Sel, jusqu’à ce qu’elles soient ré- ’, duites à la moitié de leur volume. Le produit j se sépare alors par le refroidissement en deux : couches, l’une formée par de l’huile et l’autre par du sulfocyanate de sinapine. Si l’on j poussait l’évaporation trop loin, le sulfocyanate de sinapine refuserait de cristalliser. Si, d’autre part, on n’évaporait pas une quantité d’alcool suffisante, une portion du sel resterait dissoute dans la couche huileuse et alcoolique et serait difficile à séparer sous la forme de cristaux. Ce qui vaut le mieux pour effectuer cette dernière séparation, c’est d’ajouter un peu de sulfocyanate de potassium au liquide. On recueille à part la couche aqueuse inférieure, que l’on sépare de la couche huileuse au moyen d’un entonnoir, et on l’abandonne à l’évaporation spoutauée aussi longtemps qu’il continue à s y déposer des cristaux de sulfocyanate de sinapine. On recueille les cristaux sur un filtre en toile, on les débarrasse le plus complètement possible de l’eau mère adhérente au moyen d’une machine à force centrifuge, on les mouille ensuite avec de l’alcool, on les comprime entre plusieurs doubles de papier buvard et on les fait enfin recristalliser dans l’alcool à 90°, puis dans l’eau bouillante additionnée d’un peu de charbon animal. On peut encore verser immédiatement une solution alcoolique de sulfocyanate de potassium dans la couche aqueuse décantée d’avec la couche huileuse, et purifier, comme nous venons de le dire, les cristaux qui se déposent. Les eaux mères donnent aussi une nouvelle quantité de sulfocyanate de sinapine lorsqu’on les traite par une solution alcoolique de sulfocyanate de potassium.

3* On épuise par l’éther de la graine de moutarde blanche pulvérisée et privée déjà de la majeure partie de son huile grasse par une expression à 50° ; le résidu est mis en digestion avec sept parties d’alcool k 80°, puis avec deux nouvelles parties du même alcool. On distille ensuite les teintures en poussant l’évaporation jusqu’à ce que le poids du résidu soit seulement égal au quart de celui de la graine de moutarde employée. Ce résidu, abandonné à lui-même, cristallise au bout de quatorze jours environ. On lave les cristaux à l’éther pour les débarrasser d’une matière colorante qui les souille, et l’on achève de les purifier en les faisant cristalliser à plusieurs reprises dans l’alcool et dans l’eau. Il est bon de décolorer les solutions aqueuses par le noir animal.

4" Wïnckler fait aussi digérer la moutarde blanche avec de l’alcool à 80° (3 parties), évapore la teinture de manière que le résidu ait un poids égal à la moitié de celui de la moutarde employée, et lave à l’éther le résidu aussi longtemps que l’éther se colore, afin de le débarrasser d’une matière colorante et de gouttelettes huileuses. Enfin, il achève de purifier le sel par dissolution dans l’eau et décoloration au moyen du noir animal. Une méthode analogue estadoptée aussi par Simon. Toutefois, ce dernier, au lieu de l’aire digérer la farine avec beaucoup d’alcool, l’humecte seulement, puis la soumet à une forte pression et recommence ces traitements jusqu’à épuisement complet. La dissolution serait ainsi bien plus facile. Le sulfocyanate de sinapine cristallise en touffes peu serrées d’aiguilles groupées en étoiles ou en prismes incolores et presque aussi transparents que le verre. Ces prismes sont ordinairement rectangulaires, tronqués et groupés en étoiles ou en nodules minces. Le sel est neutre, inodore et d’une saveur d’abord amère, qui laisse un arrière-goût chaud rappelant celui de la moutarde ; il fond lorsqu’on le chauffe (à 130<> suivant Babo), en formant un liquide jaune, qui se solidifie en une masse gommeuse par le refroidissement. L’eau et l’alcool le dissolvent surtout à chaud en se colorant en jaune ; par le refroidissement de ses solutions saturées à chaud, il se dépose cristallisé. On peut aussi le dissoudre et le faire cristalliser dans l’éther, le sulfure de carbone et l’essence de térébenthine ; mais il est moins soluble dans ces derniers liquides que dans l’eau et dans l’alcool.

Le sulfocyanate de sinapine se décompose quand on lo chauffe fortement et donne des produits piquants en même temps qu’il reste un résidu de charbon. Il se dégage aussi des gaz combustibles. Les vapeurs ne présentent l’odeur ni de l’hydrogène sulfuré, ni du sulfure de carbone, ni de l’acide cyanhydrique, Dans la cours de la décomposition, il parait se dégager des bases volatiles en même temps que des huiles empyreuraatiques, qui brûlent

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avec une flamme très-éclairante en donnant de l’anhydride sulfureux. L’acide suifurique concentré le dissout en le colorant en jaune verdâtre et en l’échauffant un peu. La solution brunit quand on la chauffe et se charbonne ensuite. Il se dégage dans ce cas de l’acide sulfocyanique. Traité par l’iode, il prend une coloration brun jaune pâle, puis tond si l’on chauffe, dégage de l’iode et laisse une résine rouge brun cassante. Le chlore colore d’abord sa solution aqueuse en brun rouge, puis en ronge et finalement en jaune, avec formation d’acide suifurique et dégagement d’acide cyanhydrique. La production d’acide cyanhydrique est toutefois contestée par Babo et par Hirschbrunn, et ces chimistes ont raison sans doute, car l’acide cyanhydrique est décomposé par le chlore. L’acide azotique de 1,4 de densité ou d’une densité moindre prend tout de suite une couleur rouge au contact du sulfocyanate de sinapine et dégage des vapeurs rutilantes. La solution passe ensuite au jaune quand on la chauffe, et elle renferme alors de l’acide suifurique. Quand on a fait bouillir du sulfocyanate de sinapine avec du peroxyde de manganèse et de 1 acide suifurique étendu, il distille un liquide qui contient de l’acide cyanhydrique et il reste un résidu qui se dissout dans l’eau, la colorant en rouge brun foncé. La potasse caustique dissout ce sel en prenant une couleur jaune. Si l’on sur sature immédiatement le liquide au moyen de l’acide chlorhydrique, le sel s’en sépare inaltéré, pourvu que la solution soit suffisamment concentrée ; mais par l’ébullition avec la potasse, la soude ou l’eau de baryte, le sulfocyanate de sinapine se résout en acide sinapique, en sincaline eten acide sulfocyanique. L’ammoniaque, la strychnine, la morphine et la quinine le colorent également en jaune ; mais la narcotine et la salicine ne le colorentpas.il suffit d’une trace de vapeur de tabac, au contraire, pour déterminer cette coloration. Vis-à-vis des acides étendus et des solutions salines, le sulfocyanate de sinapine se comporte comme tous les autres sulfocyanates. Ainsi, il rougit immédiatement les sels ferriques dans la plupart des cas. Quelquefois cependant on l’obtient dans un état spécial où il ne les rougit plus, si ce n’est sous l’influence de la chaleur.

SINAPIQUE adj. (si-na-pi-ke — du lat. sinapis, gr. sinapi, moutarde). Chim. Se dit d’un acide qui prend naissance lorsqu’on fait bouillir le sulfocyanatate de sinapine avec la potasse ou avec l’eau de baryte.

— Encycl. L’acide sinapique CUH’îO5 prend naissance en même temps que la sincaline. Sa formation est exprimée par l’équation suivante :

C"1123A«0», CAzHS + 3KHO Sulfocyanate Potasse,

de sinapine.

= C«1110K.SO5-j- C51113AzO + UAzKS + HîO Sinapate Sincaline. Sulfo- Eau.

de potassium. cyanate

potassique.

La meilleure méthode que l’on puisse mettre en œuvre pour préparer ce corps consiste à faire bouillir le sulfocyanate de sinapine avec une lessive de potasse ; on sur sature ensuite par l’acide chlorhydrique, on recueille le précipité qui se forme et on le purifie par plusieurs cristallisations dans l’alcool à 00 pour 100. Lorsqu’on opère au moyen de l’eau de baryte, l’acide sinapique est obtenu à l’état de sel de baryum insoluble, d’où on le sépare au moyen de l’acide suifurique et de l’alcool.

L’acide sinapique cristallise en petits prismes peu solubles dans l’eau froide, plus solubles dans l’eau bouillante. li se dissout facilement dans l’alcool chaud et il est insoluble dans l’éther. Il est presque insoluble dans la plupart des acides ; l’acide azotique, toutefois, le dissout en prenant une couleur rouge ; il se forme, dans ce cas, de l’acide oxalique et un composé nitré. L’eau de chlore colore cet acide eu rose rouge qui finit par se foncer et par virer au rouge pourpre, mais il ne le dissout pas.

L’acide sinapique fond entre 150» et 200» et se solidifie à 1 état cristallin en se refroidissant. Soumis à la distillation sèche, il brunit et donne une huile incolore qui forme, avec-l’ammoniaque gazeuse, un corps jaune peu soluble dans l’eau. Le résidu donne la même réaction avec le gaz ammoniac.

— StNAPATES. L’acide sinapique forme avec les alcalis des sels très-solubles ; avec les terres alcalines ou les oxydes des métaux lourds, des sels peu solubles ou insolubles. Tous ces sels se décomposent avec facilité, à l’exception de celui de baryum. La solution de l’acide sinapique dans la potasse brunit rapidement, puis rougit au contact de l’air ; la solution ammoniacale prend aussi, dans ces conditions, une teinte rouge brun.

Une solution neutre de sinapate de potassium forme des précipités blancs dans les solutions de chlorure de calcium et d’alun. Le précipité aluminique prend une teinte rose d’abord, puis rouge foncé, sous l’influence de l’eau de chlore. Avec le chlorure ferrique, le sinapate potassique donne un précipité rose rouge ou rouge pourpre en même temps qu’il se forme de l’oxyde ferreux. Il donne, avec les solutions des sels de cuivre et de plomb, des précipités qui prennent assez rapidement une teinte verte tirant sur le bleu. Avec le chlorure mercurique et l’azotate d’argent, il

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donne des précipités blancs qui se décomposent avec séparation de métal, surtout par l’action d’un excès d’alcali.

Le sinapate de potassium est précipité de ses solutions en lamelles irisées pur l’alcool absolu. Ces lamelles se modifient dès que l’alcool est évaporé. Le sel de baryum

C«HWBa"0&

s’obtient en précipitant le sel neutre d’ammonium par le chlorure de baryum ; il faut éviter avec soin d’employer un excès de ce dernier réactif, sans quoi le précipité se redissoudrait. On peut aussi 1 obtenir plus directement en faisant bouillir le sulfocyanate de sinapine avec de l’eau de baryte à l’abri de l’air. Ce précipité doit être lavé à l’eau parfaitement exempte d’acide carbonique.

SINAPIS s. m. (si-tia-piss — mot lat. dérivé du gr. sinapi, même sens). Bot. Nom scientifique du genre moutarde. Il Nom donné par les anciens auteurs au vélar, à la roquette sauvage et à quelques autres crucifères.

SINAPISATION s. f. (si-na-piza-si-onrad. sinapiser). Méd. Action de sinapiser, application de sinapismes : La sinapisation intérieure a été essayée contre l’hydropisie. (Mérat.) Les caractères de la sinapisation sont, en général, ceux des rubéfiants. (Mérat.)

SINAPISER v. a. ou tr. (si-na-pi-zé — lat. sinapizare ; de sinapis, gr. sinapi, moutarde). Additionner de moutarde : Sinapiser un cataplasme. Sinapiser un pëdituve.

SINAPISINE s. f. (si-na-pi-zi-ne — du lat. sinapis, gr. sinapi, moutarde). Chim. Matière blanche sulfurée, extraite de la moutarde.

SINAPISME s. m. (si-na-pi-sme — du lat. sinapis, moutarde, grec sinapi, sinapu, et aussi napa, napeion, qui a passé dans tous les dialectes germaniques, à commencer par le gothique sinaps. La provenance de ce mot est inconnue. Le sanscrit surishapa ou sarshapa, que Benfey compare avec doute, est bien difficile à identifier phoniquement).Méd. Médicament topique composé de substances chaudes et acres, dont la graine de moutarde fait ordinairement la base : On lui a mis, on lui a appliqué des sinapismes à la plante des pieds. (Acad.) L’exercice partiel de certains muscles est un dérivatif aussi puissant que les sinapismes, les ventouses. (Maquel.)

— Encycl. Pour faire les sinapismes, on emploie la farine de moutarde, qui doit sa propriété irritante à un principe ou huile volatile qui se trouve dans les graines du sinapis. On indique, en pharmacologie, e sinapis nigra comme contenant la plus grande quantité de principes actifs ; mais on se sert souvent aussi du sinapis arvensis, plus commun dans les champs, et même du sinapis alba, qui s’y trouve quelquefois aussi. La substitution de l’une à l’autre de ces espèces de plantes ne produit aucun inconvénient ; mais il faut avoir soin d’employer autant que possible la farine récente, car, lorsqu’elle est vieille, elle a perdu de sa force. Pour extraire l’huile volatile de la farine de moutarde, il faut méfer celle-ci avec un liquide qu’il n’est pas indifférent de bien choisir. Beaucoup de personnes croient donner plus de force aux sinapismes en pétrissant la farine de moutarde avec du vinaigre ; c’est une grave erreur. Trousseau a démontré que le vinaigre et tous les acides concentrés ou alcalis caustiques neutralisent en partie l’huile essentielle du sinapis en coagulant l’albumine qui constitue un de ses éléments principaux. L’eau bouillante agit de la même manière, et le meilleur moyen de préparer la farine de moutarde, c’est d’employer l’eau froide. On fait ainsi une espèce de bouillie épaisse qu’on étale sur un linge comme pour un cataplasme ordinaire et qu’on applique à nu sur les téguments. On replie les bords du linge de manière à empêcher la pâte de s’étendre au delà du point sur lequel on veut agir. Quelquefois on ajoute au sinapisme des corps irritants, comme l’ail, le poivre, la poudre de cantharides, etc. L’ail doit être réduit en pulpe à froid et mêlé à la substance même du sinapisme ; le poivre et la poudre de cantharides sont simplement étendus à la surface de la farine de moutarde déjà préparée et prête à être appliquée. Lorsque, au contraire, on veut rendre î’uction du sinapisme moins énergique, on mélange la moutarde avec une plus ou moins grande quantité de farine de lin, ou bien encore on étend simplement une couche de farine de moutarde sur un cataplasme ordinaire de farine de lin. On peut appliquer les sinapismes sur toutes les parties du corps ; le visage esta peu près le seul endroit où l’on s’abstient d’en mettre. Un point très-important à déterminer dans l’application des sinapismes, c’est de fixer le temps pendant lequel ils doivent rester en contact avec la peau. Trousseau et Blanc pensent « que jamais on ne doit laisser un sinapisme préparé à l’eau appliqué plus d’une heure et que, dans le cas même où le malade ne se plaint pas, il faut l’enlever au bout de ce temps, si toutefois la seti-sibilité est éteinte ou émoussée. > L. Deslandes ne fixe pas le temps ; mais, « en général, dit-il, plus la peau est fine, délicate, vivante, plus la sinapisation est facile. Ainsi, l’effet des sinapismes est, toutes choses égales d’ailleurs, plus rapide, plus intense chei les en-