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après avoir décrit avec assez d’exactitude les métamorphoses du ver à soie et la manière de dévider le fil des cocons sur des bobines, raconte que c’est une femme de Cos, nommée Pamphile, qui, la première, parvint à appliquer la soie au tissage. Ce récit permet de croire que, dès le ivB siècle avant notre ère, il arrivait à Cos, où elle était manufacturée, de la soie écrue de l’intérieur de l’Asie.

Au reste, c’est de cette lie que sortirent nu commencement de l’empire, les premières soieries qui tirent leur apparition dans la région occidentale de l’Europe. "

C’étaient des gazes légères, que les dames romaines recherchaient avec fureur, et dont tous les postes du temps vantent la souplesse et la transparence.

Un peu plus tard, les conquêtes romaines dans le pays des Parthes ayant rendu plus facile l’importation à Rome des productions de l’Asie centrale, que les Romains appelaient le pays des Sères, les soieries légères de Cos disparurent.

Pendant toute la durée de l’empire, les soieries jouirent à Rome d’une grande faveur. Elles étaient surtout portées par les femmes ; mais les hommes les adoptèrent aussi à diverses époques. Déjà sous Tibère, le sénat rendit un édit pour interdire la soie à ces derniers. Du reste, ce qui faisait alors rechercher les soieries avec fureur, ce n’était pas seulement la beauté de ces tissus, mais leur prix très-élevé, car ils se vendaient à peu près au poids de l’or.

Les efforts des moralistes, et en particulier des écrivains chrétiens, tels que Tertullien et Clément d’Alexandrie, qui condamnaient ca •luxe effréné, furent naturellement impuissants contre la vanité.

Les soieries en usage chez les anciens étaient tantôt unies^ taBtôt revêtues de riches broderies qui s’exécutaient surtout en Égypte et dans l’Asie Mineure. D’autres fois, elles étaient enrichies d’ornements de fils d’or et d’argent.

Ces tissus n’étaient pas toujours d’origine orientale ; on en faisait aussi à Byzauce, à partir du ive siècle.

Les uns étaient en soie pure, les autres avaient leur chaîne faite de laine ou de lin. Dans tous les cas, la matière première était tirée d’Asie.

Les soieries qu’on fabriquait à Byzance étaient surtout destinées aux ornements d’église. On les recherchait, on y mettait de hauts prix. Dans l’Europe occidentale, c’est au retour des dernières croisades que l’usage des soieries commence à se répandre dans les classes élevées. Sully vit un jour ce luxe de mauvais œil. Il préférait «de vaillants et laborieux soldats a tous ces petits marjoletsde cour et de ville revêtus d’or et de pourpre, » et il proscrivait la soie. Le roi, moins austère, croyait avec Olivier de Serres, que la soie pouvait devenir une source de profits pour l’agriculture.

Quelques métiers existaient depuis le XIIIe siècle dans le Comtat-Venaissin. Il s’en établit d’autres à Lyon en 1450, à Tours en 1470. Les ouvriers étaient en général des Italiens qui avaient appris leur art à Gènes, à Florence ou à Venise. Les premières étoffes ourdies sur nos métiers furent des doucettes, des marcelines, des gros de Tours. Les brocarts et les tissus consistants ne vinrent que plus tard. Après deux siècles de durée, l’industrie de la soie à Lyon compta entre 9,000 à 12,000 métiers à soie. Vingt ans plus lard, on était tombé à une quantité moitié moindre. C’était la suite de la révocation de l’édit de Nantes. U fallut qu’un deini-siècle s’écoulât pour retrouver le chiffre de 12,000 métiers, qui, la paix et le commerce aidant, fut porté à 18,000 dans la période qui s’écoula de 1780 à 1789.

Pendant que Lyon prenait dans l’industrie des soies un rang qu’il ne devait plus perdre, les autres États de l’Europe s’essayaient aussi a cette fabrication. L’Angleterre n’en était qu’à des essaU lorsque la révocation de l’édit de Nantes lui fournit parmi les fO.OOO exilés d’excellents fabricants et de bons ouvriers. Spitalfield.aux portes de Londres, fut le premier siéire de ce travail. Le premier sentiment qui s’éveilla dans ces centres de fabrication de a soierie, ce fut une jalousie contre les rivalités du continent, poussée à l’extrême, et il s’ensuivit une longue querelle entre le Parlement et les fabricants, ceux-ci se plaignant toujours de n’être point assez protégés par celui-là contre les marchés étrangers. Aujourd’hui, l’entrée des soieries étrangères est libre en Angleterre et plus de 100,000 métiers fonctionnent dans ce pays.

La Suisse vient après l’Angleterre pour la fabrication des soieries. La baisse ne donne guère que- des articles qui sont d’un débit courant, étoffes unies ou à carreaux ; mais pour ces étoffes elle arrive à des conditions de rabais qui balancent le génie de Lyon et de Saint-Étienne. Deux causes contribuent surtout à ce bon marché du produit : l’aptitude des populations et le prix modique delà main-d’œuvre, qui se met toujours et partout en équilibre avec le prix des subsistances. Baie fait des rubans et Zurich des taffetas, Il y a 20,000 métiers dans ce dernier canton et 10,000 dans le premier.

Le Zollwerein fabrique une quantité notable de soie. C’est à Crefeld et aux environs

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que se fabriquent les velours courants et les rubans de velours unis et ornés. Elberfeld excelle dans les étoffes. En Italie, la fabrication du velours est tombée. Longtemps Gènes avait eu le privilège du beau velours.

Quant à l’Orient, d’où la soierie nous est venue, tout s’y réduit aujourd’hui & une fabrication locale, adaptée aux besoins, aux habitudes et aux goûts des populations. Les dessins sont originaux, la couleur brillante, mais c’est ce qu’on voyait du temps des califes. La Chine et l’Inde ont également ce caractère stationnaire et cette fixité dans l’exécution. Ce qu’étaient les soieries de lu Chine il y a mille ans, elles le sont encore. Ce n’est pas un art déchu, c’est un art imv mobile.

La fabrication des tissus de soie pure ou mélangée a sextuplé en France depuis un demi-siècle. En 1859, elle a atteint une valeur de 640 millions de francs, sur lesquels les trois quarts s’appliquent à l’exportation et l’autre quart à la consommation intérieure. Les principales étoffes de soie sont les étoffes brochées d’or et d’argent fin ou faux, les gazes de soie et gazes de soie mêlées d’or et d’argent tins ou faux, les foulards écrus et les foulards tramés fantaisie, les tissus mélangés, les crêpes, la bonneterie de soie, la passementerie et les lacets de soie, les dentelles et les tulles de soie, et enfin les tissus de soie pure. Ces derniers se divisent à leur tour en unis (taffetas, satins, sergés) et en façonnés.

Coup d’mil sur la fabrication. Longtemps, le métier à tisser la soie resta ce qu’il était en Asie, k peu près semblable à celui dont parle Ovide à propos du d éfl adressé à Arachné par la déesse Pallas. Pour les étoffes unies, tes instruments restèrent jusqu’à la fin du siècle dernier aussi élémentaires que possible. Pour les étoffes façonnées, les complications étaient plus grandes. Aujourd’hui, on se sert d’appareils admirablement perfectionnés qui sont le chef-d’œuvre de la mécanique. V. Jacquard,

Tous les fabricants de soieries façonnées ont un cabinet et un atelier de dessin où se préparent, à l’abri des regards indiscrets, les nouveautés de la saison. Pour ces maisons, un bon dessinateur doué de goût est une fortune. Quand le dessin est adopté, on le met en carte, on le copie et on le monte. Ces diverses opérations sont, à Lyon et à Nîmes, l’attribut de femmes qu’on nomme liseuses de dessins. Elles en préparent le montage et font piquer dans des cartons les trous nécessaires pour produire le dessin dans l’étoffe. On a imaginé un mécanisme qui empêche les cartons dans leur roulement de descendre et de s’accumuler au pied du métier et qui les reprend et les reclasse dans l’ordre de leur service.

Quand le dessin a été mis en carte, copié et monté, la tâche du chef d’atelier commence. Il est l’agent du travail, responsable vis-à-vis du fabricant, qui lui livre une quantité déterminée de soie pour recevoir en retour une quantité déterminée d’étoffe. Le chef d’atelier, à Lyon, est un ouvrier qui a pu acquérir de ses deniers deux, quatre, six, huit métiers et les installer dans son logement. Sur ces métiers qui lui appartiennent, il travaille à façon de ses propres mains ou avec des auxiliaires à gages (compagnons ou apprentis) le tout pour le compte d un patron. Les apprentis doivent un service gratuit jusqu’au moment où ils ont acquis un certain degré d’habileté. Telle est la fabrique urbaine. Dans la fabrique rurale, c’est le chef de famille qui reçoit la commande et l’exécute lui-même ou la fait exécuter par les siens. La ville a gardé le travail raffiné ; la campagne prend le travail courant en abaissant le prix des façons.

Quand on examine dans son ensemble l’industrie des soieries, de ces étoffes riches et brillantes, solides et délicates, on est naturellement ramené vers la France, foyer favorisé de ce centre d’activité. Nulle part on n’arrive dans la fabrication de ces produits ii une beauté plus simple et plus grandiose, à un goût plus sûr, k un plus exquis sentiment de la forme et de l’harmonie. La France est, sous ce rapport, une école où les industries étrangères sont venues prendre des leçons qu’on ne leur a jamais refusées.

Le commerce des soieries ne se fait guère directement, et il y a entre le fabricant et le détaillant un intermédiaire qui est le commissionnaire.

Celui-ci reçoit les demandes de ses commettants et les fait exécuter en fabrique par un ou plusieurs chefs de fabrique, suivant que les articles sont plus ou moins variés ou que l’époque des livraisons est plus ou moins rapprochée ; puis, quand les pièces lui ont été remises, il les expédie.

S’il vend à provision, il fait jouir son commettant des avantages que lui fait le fabricant, et reçoit une commission de 8 ou 3 pour îoo, suivant l’importance des affaires ou suivant les conventions.

L’escompte du fabricant au commissionnaire est de U pour 100 à un mois et de 10 pour 100 à quatre-vingt-dix jours.

Pour ce qui est des douanes, le problème est complexe, parce que la France est à la fois productrice et manufacturière. Les industriel et les producteurs ne comprennent naturellement pas la question de la même façon.

Les premiers veulent la libre entrée des

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soies étrangères, afin d’ayoir à leur disposition des matières premières plus diverses et de faire baisser les prix par l’abondance. Ils repoussent la libre sortie des soies de France, sous prétexte de ne pas fournir à l’étranger des matières avec lesquelles il puisse nous faire concurrence. Poursuivant ce système, ils demandent la libre sortie des soieries de France et ils repoussent celles de l’étranger.

Les sériciculteurs, au contraire, veulent la libre sortie des soies et soieries de France, mais repoussent par-dessus tout l’intioduc* tion des soies étrangères. Entre des prétentions si opposées, au milieu d’intérêts si divers, le rôle de l’administration était difficile et la position délicate.

Après bien des hésitations, le principe de libre concurrence a triomphé, avec quelques modifications cependant. Repoussant la prohibition, on a soumis l’entrée à certains tarifs qui, tous les jours, tendent de plus en plus à devenir moins onéreux.

En définitive, les manufactures françaises produisent à elles seules presque autant de soieries que celles de tous les autres pays pris ensemble. On évaluait en 1864 à 250,000"le nombre des métiers que la France possédait alors, et à 640 millions de francs, dont les trois

?uarts pour l’exportation, la valeur des étofes

de toute espèce qui sortent de ces métiers. Ces chiffres n’ont fait que croître encore depuis cette époque. Lyon, qui est le principal centre de cette branche importante de la richesse nationale, ne compte pas moins de 70,000 métiers et donne du travail manufacturier à environ 150,000 ouvriers.

Toutefois, malgré ces étonnants succès, malgré les immenses richesses qu’elle jette dans le commerce des nations, cette industrie se montre quelquefois sous un aspect assez triste. L’histoire de la France et de l’Angleterre retentit des cris de détresse poussés par les ouvriers. Le spectre du canut mourant de faim se dresse à chaque pas dans les annales lyonnaises. Au commencement de ce siècle, un homme de cœur qui est devenu célèbre, l’excellent Jacquard, s’écriait déjà avec un accent de profonde douleur : « Pauvre, pauvre canut I • Malgré la superbe invention de ce même Jacquard, qui a révolutionné l’art du tissage, le pauvre canut est toujours aussi déshérité des dons de la fortune. L’invention a profité aux manufacturiers, mais non à l’ouv.riera L’attention des économistes s’est tournée depuis longtemps vers ces tristes résultats et a cherché les moyens d’y mettre un terme. Jusqu’à présent, l’association des travailleurs paraît être le remède le plus efficace. V. soie, velours, Jacquard.

SOIF s, f. ••■ latin si lis, mot qui, selon Eichhoff, correspond au lithuanien sausis et au sanscrit çitsis, susis, dessèchement, de la racine sanscrite çus, sécher, brûler, d’où aussi, d’après le même savant, le latin siccare, sécher, lithuanien sausau, russe suszu, même sens, et le sanscrit çushas, aride, grec saukos, latin siccus, lithuanien sausas, russe suchii, kyinrique sych). Appétence des boissons, sentiment du besoin de boire : Grande soir. Soif ardente, brûlante. Avoir soif. Brûler de soif. Mourir de soif. Etancher sa soif. Moire sans soif. Cela fait passer la soif. Cela ne fait qu’irriter la soif. Je n’ai ni faim ni soif. (Acad.) Boire sans soif et faire l’amour en toutitemps, c’est ce qui distingue l’homme des autres animaux. (Beaumarch.) On meurt beaucoup plus vite de SOIF que de faim. (Btïll.-Sav.) La soif est plus difficile à supporter que la faim. (L. Cruveilliier.) La loi/ les obligea de descendre en un puits.

La Fontaine. ... Il me faut, pour que ma soif s’e’tanche. Que le flût soit sans tache et clair comme un miroir. A. de Musset. Ah ! ah ! sire Grégoire, Vous avez soif ; je vois qu’en vos repas Vous humectez volontiers le lampas.

La Fontaine.

— Besoin d’eau qu’a un végétal : Ces rosiers ont soif.

Colon, pour ton langage il eFt même des fleurs ; Ces guérets ont leurs soifs et la vigne a ses pleurs.

Barrao.

— Fig. Désir ardent ; La soif de l’or a toujours éteint dans les hommes tout sentiment d’humanité. (Rollin.) La soif de l’ambition dégénère en fièvre au pied des autels ou du trâne. (B. de Si-P.). La soif de la liberté et celle de la tyrannie ont été mêlées ensemble dans le cœur de l’homme par la main de la nature. (Chateaub.) Le monde a soif de simplicité. (Michon.) La soif des plaisirs s’irrite à mesure gv’on la satisfait. (Guichardin.) La soif de la gloire est peut-être la plus active des passions. (E. Seherer,) La France a soif d’ordre légal et de justice administrative.^. Périer.) Qu’est-ce donc que la soif de parvenir, si ce n’est le besoin d’atteindre un haut rang qui permette de mépriser tous ceux qu’on a connus dans sa jeunesse ? (Mme £, de Gir.) L’esprit de l’homme a soif de l’absolu comme il a soif de l’infini. (Ed. Seherer.) L’accroissement du pouvoir excite la soif d’un pouvoir toujours plus étendu. (C. Dollfus.) En aucun pays, le mat qu’on nomme soif de distinction n’attaque un aussi grand nombre de personnes qu’en France. (Heine.) La maladie de notre siècle est ta soif de l’or. (Proudh.) L’ignominie a soif de considération. (V. Hugo.) La

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nature humaine a soif de mouvement et de lumière. (Prévost-Paradol.) Qu’est-ce que cette fièvre éternelle du penseur, si ce n’est la soif de ta vérité ? (E. Quinet.) Quia voyagé voyagera ; la soif de voir, comme l’autre soif, s’irrite au lieu de s’éteindre en se satisfaisant. (Th. Gautier.) As doute, même scientifique, est insupportable à des âmes qui ont soif de la vérité. (E. Laboulaye.) L’homme a soif nonseulement d’eau et de vin, mais aussi de la parole de l’homme. (Ed. About.) Un peuple qui a soif de la vraie liberté devient vite éclairé, s’il ne l’est déjà. (Mich.-Chev.)

La soif de commander enfante les tyrans.

EoiLEiU.

Quand l’âme a soif, il faut qu’elle se désaltère.

V. Haoo. Fatale soif de l’or ! c’est toi, toi qui nous perds ! Pour toi l’on G’endurcit, l’on devient froid, pervers.

C. Bonjour, Une ambition folle a mis dans tous les cœurs La rage de briller et la soif des grandeurs.

VlENNET.

Le gain accroît la soif, l’or grise la prudence ; Le bien-être conquis appelle l’abondance.

Ponsacd.

Soif du sang, Passion du meurtre : Le tigre & peine éclos et l’hyène naissante Portent la soif du samj et la rage en leurs yeux.

De Fûntanes.

Boire à sa soif, Boire autant qu’il est nécessaire pour apaiser sa soif : Depuis l’invention des toasts, on ne boit plus k sa soif, mais à celle des autres. (A. d’Houdetot.)

— Avoir autant faim que la mer a soif, N’avoir pas faim du tout.

Garder une poire pour la soif, Ménager, réserver quelque chose pour les besoins U venir : Le capitaine avait des bijoux qu’il gardait comme une poire pour la soif. (Le Sage.)

C’est la faim qui épouse la soif, Se dit de deux personnes qui n’ont point de bien et qui se marient ensemble. Il C’est la faim et la soif, Se dit de deux époux qui n’ont de bien ni l’un ni l’autre.

Quand l’un a soif, l’autre veut boire, Se dit de deux personnes toujours prêtes à boire.

— Prov. On ne saurait faire boire un âne qui n’a pas soif, s’il n’a soif, On ne saurait obliger une personne entêtée à faire ce qu’elle n’a pas envie de faire.

— Encycl. Physiol. La soif est une sensasion interne, analogue à celle de la faim et tout aussi obscure dans sa cause prochaine. Lorsque la proportion de l’eau du sang est diminuée et la soif vive, les sécrétions s’amoindrissent et les membranes muqueuses, ordinairement lubrifiées par le mucus, tendent à se dessécher. Or, la sensibilité des membranes muqueuses est très-obscure, pour ne pas dire nulle, sur tous les points du système muqueux autres que ceux placés à l’entrée des voies digestives. C’est donc en ce point (la bouche et le pharynx) que nous rapportons la sensation de la soif, purce que là nous avons la conscience de leur état de dessèchement, Ajoutons que le courant d’air de l’inspiration et de l’expiration contribue encore, en favorisant l’évaporation, à rendre en ce point les membranes plus sèches. Le dessèchement des membranes muqueuses n’est toutefois qu’un phénomène secondaire qui tient à l’état du.-i.ii.g. La sensation de la soif, liée à ce dessèchement et à cette irritation locale, a vraisemblablement sa source dans la notion irréfléchie et instinctive de l’état du sang, c’est-à-dire dans les centres nerveux. Les expériences faites sur les animaux ne sont pas de nature à nous fournir sur ce point des éclaircissements suffisants. Les chiens sur lesquels on coupe les nerfs du pharynx, tels que les glosso-pharyngiens et les pneuinogastr.ques, à la région cervicale, continuent a boire après leur repas, ce qui tendrait à prouver, en effet, que la soif a une autre source que la sensation de sécheresse du pharynx ; mais M. Jules Béelard, l’éminent physiologiste, fait remarquer avec raison que ces expériences ne sont pas décisives, parce qu’après la section du pneumogastrique à la région cervicale il reste encore dans le pharynx des filets pharyngiens du pneumogastrique.

Les physiologistes ont distingué trois espèces de soif : la soif proprement dite, celle de l’alimentation et la soif morbide. La première, qui revient d’une manière périodique et qui se montre tantôt plus, tantôt moins pressante, a été considérée comme un phénomène purement sensitif et appelée locale, parce qu’on l’apaise facilement et qu’il n’est pas nécessaire de boire pour cela, puisqu’on peut la tromper au moyen de liquides ou de corps rafraîchissants mis en simple contact avec la bouche ou le pharynx, ou bien encore en faisant parvenir au sang de l’eau par d’autres voies que par les voies digestives, Ainsi, on lit dans l’Histoire des voyages et découvertes dans te Nord, par Forster, le fait curieux suivant : Un vaisseau allant de la Jamaïque en Angleterre souffrit tellement d’une tempête, que ceux qui le montaient furent obliges de se réfugier dans la chaloupe... Bientôt ils fuient vivement pressés par la suif. Le capitaine leur conseilla de ne point boire d’eau de mer, parcs que l’effet pouvait en être extrêmement nui-