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sible. Il les invita à suivre plutôt son exemple, et sur-le-champ il se plongea tout habillé dans la mer, ce qu’il répéta souvent ; et chaque fois qu’ils sortaient de l’eau, lui et ceux qui "suivirent son exemple trouvaient que leur soif était apaisée pour quelque temps. Plusieurs personnes se moquèrent de lui et de ceux qui suivaient ses conseils ; mais elles devinrent si faibles qu’elles périrent bientôt... Quant au capitaine et à ceux qui, comme lui, se plongeaient plusieurs fois par jour dans la mer, ils conservèrent leur vie dix-neuf jours, au bout desquels ils furent recueillis pur un vaisseau qui faisait voile de ce côté (1788, t. Ier, p. 341). La seconde variété se rattache à l’introduction des aliments dans l’estomac, à leurs qualités plus ou moins stimulantes, à leur quantité, à leur degré d’humectation ; elle survient pendant le repas ou plus ordinairement quelque temps après, et l’on ne peut l’étaneher qu’en avalant des boissons plus ou moins abondantes. La troisième variété enfin procède de l’état de malaise général qui provient de l’abstinence absolue de boisson.

Chez l’homme qui jouit d’une bonne santé, la soif éclate d’elle-même à des intervalles variables, qui dépendent tantôt de la nature et de la quantité des aliments, tantôt du degré d’écnnuffenient de l’atmosphère et du plus ou moins d’intensité de la transpiration cutanée. Ce sentiment, toujours désagréable, ne tarde point, s’il n’est satisfait bientôt, à se convertir en un désir pressant, qui devient lui-même, en peu de temps, un sentiment pénible, impérieux et insupportable ; la bouche se dessèche, ainsi que la gorge, qui rougit et devient le siéged’un gonflement plus ou moins sensible. La sécrétion de la salive et celle du mucus oral est diminuée ou même suspendue. Si la soif se prolonge, les lèvres, de plus en plus sèches, prennent une teinte rouge ; le teint s’anime, les mouvements relatifs à la phonation s’exécutent avec difficulté, la respiration s’accélère, et l’espèce de tourment que ce besoin fatigant constitue se manifeste par une inquiétude plus ou moins vive et par une mobilité inarquée dans les membres.

La soif varie selon l’âge. El !e se renouvelle à chaque instant chez l’enfant, maiss’apaise avec la plus grande facilité ; peut-être même est-elle, dans les premiers temps de la vie, le seul sentiment qui annonce le besoin de l’alimentation. Encore sujette à se renouveler fréquemment chez les jeunes gens, elle diminue peu à peu dans l’âge adulte, à tel point qu’elle se tait rarement sentir et qu’elle n’a jamais une bien grande intensité chez les vieillards. Le sexe influe également sur sa manifestation. Elle est plus vive et plus fréquente chez la femme que chez l’homme. L’allaiteinent la développe, et l’on observe chez la plupart des femmes une exaltation très-marquée de la soif aux approches, et pendant toute la durée de chaque évacuation menstruelle. Il existe encore une foule d’autres modifications, qui tiennent à des circonstances individuelles, difficiles et même absolument impossibles à déterminer. Ainsi l’on voit des individus qui sont tourmentés sans cesse par une soif très-vive et qui boivent, pour ainsi dire, a chaque instant, tandis que d’autres n’ont jamais soif et ne boivent presque jamais, si ce n’est en mangeant. 1-e genre de vie influe assurément beaucoup sur cette différence, au premier abord si singulière : une soif vive habituelle ne s’observe jamais chez un homme bien constitué et jouissant d’une bonne santé, qui vivra principalement de végétaux, d’aliments aqueux et peu stimulants, et qui s’abstiendra tout à fait des liqueurs fermentées ou n’en fera qu’un usage très-modéré.

La chaleur atmosphérique augmente l’énergie de la soif et en accélère les retours périodiques. Le même effet dépend de la sécheresse de l’atmosphère. Tous les mouvements, toutes les actions amènent un résultat analogue, et l’homme adonné au repos boit beaucoup moins que celui qui mène une vietrès-active. La soif accompagne, en outre, la plupart des affections morales. L’habitude la modifie singulièrement et peut la rendre rare ou presque continuelle, suivant que l’on s’accoutume à boire beaucoup ou peu. il faut toutefois bien distinguer l’action de boire ayant pour but de satisfaire un besoin réel, même excité par des habitudes vicieuses, de celle qui ne tient qu’au simple plaisir de boire, de se procurer une sensation agréable.

Dans l’état de maladie, la soif peut être augmentée, c’est la polydipsie ; ou diminuée, suspendue ou abolie, c’est l’adipsie. La soif est augmentée dans un grand nombre de maladies, surtout dans les affections fébriles, le diabète, dans la plupart des inflammations d’estomac et de l’intestin grêle, dans l’hydropisie, la phtbisie et enfin l’hydrophobie. La soif est nulle chez beaucoup de malades, et alors leur langue est ordinairement pâle uniformément et souvent couverte d’un enduit inuqueux. Dans quelque maladie que ce soit, il ne faut jamais étancher sa soif par une grande quantité de liquide prise à la fois : peu et souvent, telle est la règle dont il ne faut pas s’écarter.

A. cette étude scientifique de la sensation de la soif, ajoutons l’étude suivante, plus populaire et pourtant non moins vraie, du fameux Brillât-Savarin, sur le même sujet : « La *oi/ est le sentiment intérieur du be- (

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soin de boire. Une chaleur d’environ s’îo Réaumur vaporisant sans cesse les divers fluides dont la circulation entretient la vie, la déperdition qui en est la suite aurait bientôt rendu ces fluides inaptes a remplir leur destination, s’ils n’étaient souvent renouvelés et rafraîchis : c’est ce besoin qui fait sentir la soif.

Nous croyons que le siège de la soif réside dans tout le système tligesteur. Quand on a soif (et, en notre qualité de chasseur, nous y avons souvent été exposé), on *ent distinctement que toutes les parties inhalantes de la bouche, du gosier et de l’estomac sont entreprises et éréthisées ; et si quelquefois on apaise là soif pur l’application des liquides ailleurs qu’à ces organes, comme par exemple dans le bain, c’est qu’aussitôt qu’ils sont introduits dans la circulation ils sont rapidement portés vers le siège du mal et s’y appliquent comme remèdes.

Diverses espèces de soif. En envisageant ce besoin dans toute son étendue, on peut compter trois espèces de soif : la soif latente, la soif factice et la soif adurante. La soif latente ou habituelle est cet équilibre insensible qui s’établit entre la vaporisation transpiratoire et la nécessité d’y fournir ; c’est elle qui, sans que nous éprouvions quelque douleur, nous invite à boire pendant le repas et fait que nous pouvons boire presque à tous les moments de la journée. Cette soif nous accompagne partout et fait en quelque f ; içon partie de notre existence. La soif factice, qui est spéciale à l’espèce humaine, provient de cet instinct inné qui nous porte à chercher dans les boissons une force que la nature n’y a pas mise, et qui n’y survient que par la fermentation. Elle constitue une jouissance artificielle plutôt qu’un besoin naturel ; cette soif est véritablement inextinguible, parce que les boissons.qu’on prend pour l’apaiser ont l’effet immanquable de la faire renaître ; cette soif, qui finit par devenir habituelle, constitue les ivrognes de tous les pays ; et il arrive presque toujours que l’impotation ne cesse que quand la liqueur manque ou qu’elle a vaincu le buveur et l’a mis hors de combat. Quand, au contraire, on n’apaise la soif que par l’eau pure, qui paraît en être l’antidote naturel, on ne boit jamais une gorgée au delà du besoin. La soif adurante est celle qui survisnt par l’augmentation du besoin et par l’impossibilité de satisfaire la soif latente. On l’appelle adurante paree. qu’elle est accompagnée de l’ardeur de la langue, de la sécheresse du palais et d’une chaleur dévorante dans tout le corps.

’ Le sentiment de la soif est tellement vif que le mot est, presque dans toutes les langues, le synonyme d’une appétence excessive et d’un désir impérieux ; ainsi on a soif d’or, de richesses, de pouvoir, de vengeance, etc., expressions qui n’eussent pas passé s’il ne suffisait pas d’avoir eu soif une fois dans sa vie pour en sentir la justesse. L’appétit est accompagné d’une sensation agréable, tant qu’il ne va pas jusqu’à la faim ; la soif n’v. point de crépuscule, et dès qu’elle se fait sentir il y a malaise, anxiété, et cette anxiété est affreuse quand on n’a pas l’espoir de se désaltérer. Par une juste compensation, l’action de boire peut, suivant les circonstances, nous procurer des jouissances extrêmement vives ; et quand on apaise une soif à haut degré, ou qu’à une soif modérée on oppose une boisson délicieuse, tout l’appareil papillaire est en titillation, depuis la pointe de la langue jusque dans les profondeurs de l’estomac.

On meurt aussi beaucoup plus vite dé soif que de faim. On a des exemples d’hommes qui, en buvant de l’eau, se sont soutenus pendant plus de huit jours sans manger, tandis que ceux qui sont absolument privés de boisson ne. passent jamais le cinquième jour. La raison de cette différence se tire de ce que ceux-là meurent seulement d’épuisement et de faiblesse, tandis que ceux-ci sont saisis d’une fièvre qui les brûle et va toujours en s’exaspérant.

On ne résiste pas toujours si longtemps à la soif, et en 1787 on vit mourir un des cent-suisses de la garde de Louis XVI, pour être resté seulemen t vingt-quatre heures sans boire. Il était au cabaret avec quelques-uns de ses camarades ; là, comme il présentait son verre, un d’entre eux lui reprocha de boire plus souvent que les autres et de ne pouvoir s’en passer un moment. C’est sur ce propos qu’il gagea de demeurer vingt-quatre heures sans boire, pari qui fut accepté et qui était de dix bouteilles de vin à consommer. Dès ce moment le soldat cessa de boire, quoiqu’il restât encore plus de deux heures à voir faire les autres avant que de se retirer. La nuit se passa bien, comme on peut croire ; mais, dès la pointe du jour, il trouva très-dur de ne pouvoir prendre son petit verre d’eau-de-vie, ainsi qu’il n’y manquait jamais. Toute la matinée il fut inquiet et troublé ; il allait, venait, se levait, s’asseyait sans raison et avait l’air de ne savoir que faire. À une heure il Se coucha, croyant être plus tranquille ; il souffrait, il était vraiment malade ; niais vainement ceux qui l’entouraient l’invitaient-ils à boire, il prétendait qu’il irait bien jusqu’au soir j il voulait gagner la gageure, à quoi se mêlait smis doute un peu d’orgueil militaire qui l’empêchait de céder à la douleur. Il se soutint ainsi jusqu’à sept heures ; mais à sept heures et demie il

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ee trouva mal, et bientôt il expira sans pouvoir goûter à un verre de vin qu’on lui présentait. Je fus instruit de tous ces détails dès le soir même par le sieur Schneider, honorable fifre de la compagnie des cent-suisses, chez lequel je logeais à Versailles.

Causes de la soif. Diverses circonstances, unies ou séparées, peuvent contribuer à augmenter la soif. Nous allons en indiquer quelques-unes, qui n’ont pas été sans influence sur nos usages. La chaleur augmente la soif, cel» est connu de tout le monde. Les travaux corporels augmentent la soif ; aussi les personnes qui emploient des ouvriers ne manquent jamais de les fortifier p ; ir des boissons, et de là le proverbe que le vin qu’on leur donne est toujours le mieux vendu. La danse augmente la snif, et de là le grand nombre de boissons corroborantes ou rafraîchissantes qui ont toujours accompagné les réunions dansantes. La déclamation augmente !a soif ; de là le verre d’eau que tous les orateurs s’étudient à boire avec grâce et qui se verra bientôt sur les bords de la chaire à côté du mouchoir blanc. Les chants augmentent la soif, et de là ia réputation universelle qu’ont eue les musiciens d’être infatigables buveurs. Musicien moi-même, je m’élève contre ce préjugé, qui n’a plus maintenant ni sel ni vérité. ■

SOIFFARD, ARDE s. (soi-far, ar-de). Syn.

de SOIFFKUR, BUSH.

SOIFFER v. ri. ou intr. (soi-fé— rad. soif). Pop. Avoir toujours soif, boire outre mesure.

SOIFFEUR, EUSE s. (soi-feur, eu-zerud. soi/fer). Pop. Persoune qui a toujours soif, qui boit outre mesure. Il On dit aussi SOIF-FARD, ARDB.

SOIGNE, ÉE (soi-gné, ée ; gn mil.) part, passé du v. Soigner. À qui l’on donne ou l’on a donné des soins : Malade soigné <i l’hàpital. Lorsque l’éléphant est bien soigné, il vit longtemps, quoiqu’un captivité. (Bull’.) Quand les brebis sont bien soignées, elles peuvent produire pendant toute leur vie. (Butf,)

Cette litière est vieille ; allez vite aux greniers. Je veux voir désormais les bêles mieux soiynèes. La Fontaine.

Il À quoi l’on donne, l’on a donné des soins : Maladie soignée par un médecin habile. Éducation très-soignée. Style soigné. Peinture soignée. Culture soignée. Dans une culture soignée, les terres ensemencées sont l’objet d’une surveillance assidue du cultivateur. (AI. de Dombasle.)

— Pop. Fumeux, fort en son genre : // a reçu une tripotée des plus soignées. J’ai attrapé un rhume soigne.

— B.-arts. Faire soigné, Exécution minutieuse, recherchée.

— s. m. Ce qui est soigné : Il lui faut du soigné, du recherché, du délicat, il Se dit souvent, par ironie, pour désigner une chose mauvaise, malséante : Voilà du propre, du SOIGNÉ I

SOIGNER v. a. ou tr. (soi-gné ; gn mil. — rad. soin). Donner des soins à : Soigner un malade. Soigner sa santé. Soignek un cheval. (Acad.)

Il Assiitor, traiter en qualité de médecin ;

Voilà le docteur qui m soigné. On I’a soigné pour le ver solitaire, il n’avait qu’une boulimie.

— Exécuter avec soin, s’appliquer soigneusement à : Soigner un travail. Il faudra soigner ce diner-là. Cet avocat soignk ses plaidoiries. On soignk sa toilette par vanité ; mais souvent on la néglige par orgueil. (Latenu.) Pline te Jeune soignait ses mots, mais il ne SOIGNAIT pas ses pensées. (J. Joubert.)

— Choyer, s’occuper avec sollicitude de : Vous qui aimez la gloire, soignez votre tombeau ; couchez-vous-y bien ; tâchez d’y faire bonne figure, car vous y resterez. (Chateaub.) Il faut SOIGNER sa réputation, pour que la médisance ne la ternisse pas. (Ch.Nod.) Quand les préires régnent dans ce mande, ils soignent moins l’autre. (B. Const.) Les amis qui nous délestent, ce sont ceux-là qu’il faut soigner le plus. (Balz.)

— v. ii. ou intr. Veiller, donner des soins : Vous soignerez à cela. Qui soignera à votre ménage durant votre absence ? (Acad.)

.... À cela j’ai soigné  ;

Jamais ne faux en rencontres pareilles.

La Fontaine.

Il Emploi vieilli.

Se soigner v. pr. Être soigné : Les orangers sont des arbres qui doivent sii soigner continuellement.

— Se donner des soins : Vous ne vous soignez pas assez. Il aime à SE soigner. Plus on se soigne, plus le corps devient délicat et faible. (Frédéric IL)

SOIGNEUSEMENT adv. (soi-gneu-ze-man ; gn mil. — rad. soigneux). D’une manière soigneuse, avec soin : J’ai examiné soigneusement cette affaire, ce livre. Travaillez-y soigneusement. (Acad.) Il faut chercher soigneusement à s’instruire, pour n’être ni trop timide ni trop hardi par ignorance. (La Rochef.) Les paléontologistes tiennent soigneusement compte des sortes de moules que beaucoup de corps organisés ont laissés dans de fins sédiments. (L. Figuier.)

SOIGNEUX, EUSE adj. (soi-gneu, eu-ze ; gn mil. — rad. soigner). Qui mut du soin, de l’uttenliou à ce qu’il l’ait, -. Un ouvrier, un du-

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mestique SOlGNBux. C’est un homme fort soigneux. Il faut être plus soigneux. (Acad.)

— Qui conserve avec soin certains objets exposés à se détériorer par l’usage : Une ménagère soigneusb ne laisse pas le buffet ouvert.

— Qui met du soin, de l’attention à une chose : Un homme qui ne sait pas faire des armes sera plus soigneux d’éviter la compagnie des bretteurs. (J.-J. Rouss.) Les hommes qui sont soigneux à se réserver pour les circonstances n’impriment pas tous les matins leurs pensées. (S ; e-Beuve.)

— Qui est fait avec soin : De fréquentes et soigneuses recherches.

— Substantiv. Personne soigneuse : Les soigneux ne peuvent supporter les négligents.

— Techn. Ouvrier, ouvrière qu’on charge de certaine surveillance ; Une soigneuse de Carderie n’a d’autre tâche que de surveiller la marche de la carde et de rattacher de temps en temps un fil brisé. (J. Simon.)

S01GN1ES, ville de Belgique, province de Hainaut, arrond. et à 18 kilom. N.-E. de Mons, sur la Senne ; 6,700 hab. Exploitation de pierre calcaire, fours à chaux ; forges, raffinerie de sel, savonneries, distilleries et tanneries. Cette petite ville, d’aspect agréable, possède une belle église dédiée à saint Vincent et construite au xb siècle ; elle doit son origine à un monastère, fondé par saint Vincent Maldgaire en 650.

SOILETTE s. f. (soi-lè-te). Agric. Variété de froment.

SOÏMONOF (Féodor), amiral russe, né h Moscou en 168S, mort dans la même ville en 17S0. Il entra à l’école navale en 1708 et alla, en 1713, compléter ses études en Hollande. Il fit avec le capitaine lieutenant Werd un voyage scientifique sur les côtes de la met Caspienne, ainsi que dans les provinces persanes de Guilan et de Mazendéran jusqu’à Astrabad. Il dressa une carte de la mer Caspienne, qui fut envoyée à l’Académie dos sciences de Paris. Nommé pendant cet intervalle capitaine lieutenant, il fut investi du commandement d’une partie de la flotte lors de la prise de la ville de Bakou. Il monta ensuite constamment en grade, et en 1739 il fut nommé commissaire militaire général avec le titre de vice-amiral. Enveloppé dans la disgrâce de Biren, il fut condamné à la peine de mort, peine qui fut bientôt commuée en celle de la déportation en Sibérie. Au bout de deux ans, So’imonof reçut la permission de revenir en Russie. Rentré en faveur, il fut nommé conseiller intime et gouverneur de la Sibérie, fonction qu’il occupa pendant six ans.

SOIN s. m. (soin. — Étymologie inconnue. Du Cange fait venir ce mot du latin sonuiium, sommeil, rêve, d’où, par extension, ce mot aurait signifié chose à laquelle on rêve, dont on a l’esprit occupé. Somnium semble, en effet, avoir eu le sens de soin dans le bas latin, et les mots provençaux sonn, soin, et soen, envie de dormir, paraissent avoir une même origine ; mais la transition des sens reste assez difficile. D’autres expliquent soin par le bas latin suuuis, empêchement juridique. La difficulté de la forme s’ajoute ici à celle du sens). Attention, application d’esprit à faire une chose ; peine que l’on se donne, précaution que l’on prend : Travailler avec soin. Cet ouvrage n’est pas fait avec assez de soin. Il écrit sans soin. J’y donnerai, j’y apporterai tous 7nes solss. Ce sera mon premier soin, mon principal SOIN. Ce n’est pas manque de soin, faute de soin. Cet homme est négligent, il n’a soin de rien. Cela demande du soin, des soins. Il y c mù tousses soins. (Acad.) La mort nous trouve encore empressés dans une foule de soins superflus. (Boss.) La vérité est la seule chose ici-bas qui soit digne des soins et des recherches des hommes. (Aiass.) H est temps dt jouir en paix d’un bonheur gui vous a coûté tant de soins. (J.-J. Rouss.) Le soin du style entraîne certains sacrifices de la pensée. (E. Renan.

Jeune Ailette a toujours soin de plaire.

La Fontaine.

Apprendre afiâ connaître est le premier des soins.

La Fontaine.

Ni les soins défiants, les verrous, ni les grilles, Ne font pas la vertu des femmes, ni des filles.

Moliéke.

— Ensemble de moyens par lesquels un médecin s’efforce de rendre la sauté à un malade : Ce médecin donne gratuitement ses soins à tous les malades indigents de son quartier, (Acad.)

— Charge, fonction, office : Je vous confie le soin de veiller sur mes affaires. Je vous remets te soin de l’éducation de mon fils. Il laisse au temps le soin de venger sa mémoire. C’est un soin que j’ai accepté avec joie. C’est lui gui a le soin de la cave. (Acad.) Le zèle gratuit d’un bon citoyen doit aller jusqu’à négliger pour sa patrie le soin de sa réputation. (D’Ablanc.) Il y a un artifice qui a souvent réussi aux astrologues, c’est de rendre leurs oracles d’une manière obscure et équivoque et de laisser à l’événement le soin de les éclaircir. (Condill.)

— Attention qu’on a pour quelqu’un, ser vice qu’on lui rend, peine qu’on prend pour lui : Vous n’avez pas oublié les soins que vous m’avez coûtés depuis votre enfance, (l-’én.) Loin de me savoir gré de met , «oins, elle ma

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