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Staël avait horreur de l’âge et de l’idée d’y arriver ; un jour qu’elle ne dissimulait pas ce sentiment devant Mme Suard, celle-ci lui disait : « Allons donc, vous prendrez votre parti, vous serez une très-aimable vieille. » Mais elle frémissait à cette pensée ; le mot de jeunesse avait un charme musical à son oreille ; elle se plaisait à en clore ses phrases, et ces simples mots : « Nous étions jeunes alors, » remplissaient ses yeux de larmes. « Ne voit-on pas souvent, s’écriait-elle (Essai sur le suicide), le spectacle du supplice de Mézence renouvelé par l’union d’une âme encore vivante et d’un corps détruit, ennemis inséparables ? Que signifie ce triste avant-coureur dont la nature fait précéder la mort, si ce n’est l’ordre d’exister sans bonheur et d’abdiquer chaque jour, fleur après fleur, la couronne de la vie ? » Elle se rejetait le plus longtemps possible en arrière, loin de « ces derniers jours qui répètent d’une voix si rauque les airs brillants des premiers. » Le sentiment dont elle fut l’objet à cette époque de la part de M. de Rocca lui rendit encore un peu de l’illusion de la jeunesse ; elle se laissait aller à voir dans le miroir magique de deux jeunes yeux éblouis le démenti de trop de ravages. Mais son mariage avec M. de Rocca, ruiné de blessures, le culte de reconnaissance qu’elle lui voua, sa propre santé altérée, tout l'amena à de plus réguliers devoirs. L’air écossais, l’air brillant du début, devint bientôt un hymne grave, sanctifiant, austère.

Trop à l’étroit dans Coppet, elle sentait que, pour être heureuse, il lui fallait ressaisir l’air libre, l’espace immense. Le préfet de Genève, M. Capelle, qui avait succédé à M. de Barante père révoqué, lui insinuait d’écrire quelque chose sur le roi de Rome ; un mot lui eût aplani tous les chemins, ouvert toutes les capitales ; elle n’y songea pas un seul instant, et, dans sa saillie toujours prompte, elle ne trouvait à souhaiter à l’enfant qu’une bonne nourrice. Les Dix années d’exil (1821, in-8°) peignent au naturel les vicissitudes de cette situation agitée. Les Considérations sur la Révolution française (1818, 3 vol. in-8°), dernier ouvrage de Mme de Staël, celui qui a scellé le jugement sur elle et qui classe naturellement son nom en politique entre les noms honorés de son père et de son gendre, la font connaître sous ce point de vue libéral, mitigé, anglais et un peu doctrinaire, comme on dit, beaucoup mieux que nous ne pourrions faire. Aussitôt après son retour en France, elle ne tarda pas à voir se dessiner les exigences des partis et toutes les difficultés qui compliquent les restaurations. Les ménagements, les mesures de conciliation et de prudence furent dès l’abord la voie indiquée, conseillée par elle. Dans son rapprochement de Mme de Duras et de M. de Chateaubriand, elle cherchait à s’entendre avec la portion éclairée, généreuse, d’un royalisme plus vif que le sien. « Mon système, disait-elle en 1816, est toujours en opposition absolue avec celui qu’on suit, et mon affection la plus sincère pour ceux qui le suivent. » Elle eut dès lors à souffrir incessamment dans beaucoup de ses relations et affections privées par les divergences qui éclatèrent ; le faisceau des amitiés humaines se relâchait autour d’elle. Jours pénibles et qui arrivent tôt ou tard dans chaque existence, où l’on voit les êtres préférés, qu’on rassemblait avec une sorte d’art au sein d’un même amour, se refroidir, se déplaire, se rembrunir l’un après l’autre, se tacher, en quelque sorte, dans la fleur d’affection où ils brillaient d’abord.

Mme de Staël n’eut pas d’enfants de son union avec M. de Rocca, qui ne lui survécut que six mois. De M. de Staël, elle avait eu deux fils et une fille ; celle-ci épousa M. de Broglie, pair de France. Des deux fils, le puîné mourut fort jeune ; l’autre fut le baron de Staël, l’écrivain philanthrope, dont la biographie suit.

Outre les ouvrages énumérés au courant de cet article, on a encore publié de Mme de Staël : Essais dramatiques (1821, in-8°) ; Œuvres inédites (1836, in-8°) ; Lettres inédites (dans la Revue rétrospective, tome III).

STAËL-HOLSTEIN (le baron Auguste-Louis de), littérateur, philanthrope, fils aîné des précédents, né à Paris en 1790, mort à Coppet en 1827. Il passa ses premières années à Coppet, où Necker et sa mère, Mme de Staël, dirigèrent sa première éducation, suivit pendant quelque temps les cours d’une école protestante de Genève, puis vint avec sa mère à Paris, Lorsque sa mère fut exilée de France par Bonaparte, il retourna avec elle en Suisse, voyagea ensuite en Allemagne et reçut des leçons de Guillaume de Schlegel. Pour obtenir la fin de l’exil de sa mère, il alla voir Napoléon à Chambéry et fit preuve dans cette entrevue, dont le résultat fut négatif, de beaucoup de présence d’esprit et de dignité, De retour à Coppet, il s’occupa d’une façon toute particulière d’économie rurale. Après la chute de Bonaparte, le baron de Staël revint à Paris, où sa mère venait d’accourir. Il fit alors divers voyages en Angleterre et dans le midi de la France, et fit, comme un des chefs de la Société biblique, une active propagande protestante. Possesseur d’une grande fortune, il la consacra à des œuvres de bienfaisance, au perfectionnement des méthodes de culture, et s’occupa avec zèle de l’abolition de la traite des noirs. Ses Œuvres diverses ont été réunies en 1829 (3 vol. in-8°), avec une notice biographique, par la duchesse de Broglie, sa sœur. Parmi ses écrits, inspirée par des idées essentiellement libérales, nous citerons : Du nombre et de l’âge des députés (Paris, 1819, in-8°) ; le Renouvellement intégral de la Chambre (1818, in-8°) ; Notice sur M. Necker (in-8°) ; Lettres sur l’Angleterre (1825, in-8°) ; Élégies (1827, in-8°), etc.

STÆLIE s. f. (sté-ll). Bot. Genre de plantes, de la famille des rubiacées, tribu des spermacocées, comprenant trois espèces, qui croissent au Brésil.

STJÎLIN (Christophe-Frédéric de), historien allemand, né k Kalw (Wurtemberg) en 1805. Il fit ses études à Tubingue et à Heidelberg, obtint en 1825 une place d’adjoint à la bibliothèque royale de Stuttgard ety devint successivement sous-bibliothécaire (1826), bibliothécaire (1828), professeur (1830) et bibliothécaire en chef et conseiller supérieur

des études (18-46). Il est, en outre, chargé, depuis 1830, de la surveillance du cabinet des monnaies et des antiques de la même ville et collabore aux travaux du bureau de statistique. L’ouvrage qui a surtout établi sa réputation est son excellente Histoire du Wurtemberg (Stuttgard, 1812, et suiv., 6 vol.), qui peut, sous tous les rapports, être placée au premier rang parmi les livres qui donnent l’histoire particulière des différents États de l’Allemagne. Outre cette œuvre capitale, Siœlin a encore écrit la partie historique des Descriptions des grands bailliages du Wurtemberg, dont 48 parties avaient été publiées en 1867. Il a, de plus, fourni un grand nombre d’articles aux Annales du Wurtemberg et il est l’un des collaborateurs les plus actifs des Recherches sur l’histoire d’A demagne. Rn 1850, il a été créé chevalier de l’ordre de la Couronne de Wurtemberg, qui confère la noblesse personnelle.

STASIHPPLl (Jacques), homme d’État suisse, né à Schûpfen, canton de Berne, en 1820. Issu d’une famille peu aisée, il ne reçut qu’une éducation élémentaire etentraàl’âge de douze ans chez Un notaire comme petit clerc. Il vint ensuite en France, où, pour upprendre notre langue, il eut le courage de se faire domestique, et après un assez long séjour il regagna Berne-avec quelques économies quilùi permirent de faire son droit et de passer ses examens d’avocat en 1843. À partir de ce moment, on le vit se jeter dans les agitations de la politique, et il compta rapidement parmi les membres les plus ardents du parti radical. Il entra, en 1845, à la Gazette de Berne, le journal le plus avancé du canton, et ne cessa de demander la nomination d’une commission chargée de reviser le pacte fédéral. Sa réclamation fut accueillie, et il fut un des premiers nommé membre de cette commission, ainsi que M. Ochsenbein, dont il devait devenir l’adversaire. Au mois d’août 18*6, M. StœmpHi fut appelé au conseil d’État et s’y occupa de l’organisation d’une force militaire centrale ; puis il représenta, en 1847, le canton do Berne k la.diète qui décréta l’anéantissement du Sonderbund. Durant la

courte campagne contre les sept cantons révoltés, M. Stœmpfli exerça "les fonctions de trésorier de la guerre. Il se prononça, en 1848, contre la constitution qui venait d’être promulguée, opposition qui l’empêcha tout d’abord de faire partie du conseil national ; mais il fut, l’année suivante, nommé président du canton de Berne. En 1850, après la chute de son parti, il reprit sa profession d’avocat, tout en participant à la rédaction de la Gazette de Berne, et continua avec la plume la lutte en faveur des idées radicales. En 1851, le parti qui les représentait obtint de nouveau la majorité, et AI. Stœmpfli fut élu président du conseil national, où il joua, grâce à ses talents et à son énergie, un rôle capital. Nommé, en juillet 185S, vice-président fédéral, il devint président l’année suivante. En 1860, il prit le département de la guerre dans le ministère de la confédération et fut, l’année suivante, nommé président de la confédération suisse. En 1863, il reprit le ministère de la guerre, dans lequel il fut remplacé par M. Fornerod à la fin de la même année. Depuis 1865, M. Stœmpfli a renoncé à la politique active pour s’occuper definances, et il est devenu directeur de la banque fédérale de Berne.

STAÎUDL1N (Charles-Frédéric), théologien protestant allemand, [né à Stuttgard le 25 juin 1761, mort à Gœttingue le 5 juin 182S. Il étudia h Tubingue et Ait nomme, en 1790, professeur de théologie à Gœttingue. Son principal ouvrage est une Histoire universelle de l’Église chrétienne (Hanovre, 1806 ; 1833, 5e édit.). Il a, en outre, publié divers ouvrages de théologie et de philosophie, parmi lesquels nous citerons l’Histoire de la philosophie morale (Hanovre, 1822).

STJÎWA11TS ou STEVERTS (Palamède), peintre hollandais, né à Londres en 1607, mort en 1638. Il apprit tout seul la peinture en étudiant surtout les œuvres d’isaïe van den Vcldo, dont il fut un des plus habiles imitateurs. Il excellait à représenter des échoppes de vivandière, des combats do cavalerie et d’infanterie. — Son frère aîné, Antoine-Palainède StjEWarts, né à Delft eu 1604, mort en 1GS0, avait moins de talent. Il a peint des tableuux représentant des couver STAP

sations, des joueurs ou des concerts et un grand nombre de portraits.

STAFFA, lie d’Écosse, une des Hébrides, à 8 kilom. O. de l’Ile de Mull, comprise dans le comté d’Argyle, par 56» 20’ de latit. N. et 80 40’ de longit. O, Staffa a une forme ovale, mais irtégulière ; son étendue est de 5 kilom. de longueur et de 3 kilom. de largeur ; elle présente un plateau inégal qui repose sur des falaises d’une hauteur variable, dont le point culminant, au S.-O., est de 44 mètres. On n’y voit ni arbres, ni arbustes, ni habitations ; quelques maigres pâturages couvrent en partie sa surface, et des troupeaux viennent brouter cette herbe pendant les deux mois que dure l’été ; le reste de l’année elle est abandonnée, l’hivery est très-rude. Mais les nombreuses et belles curiosités naturelles qu’elle renferme l’ont rendue depuis longtemps célèbre. Outre la grotte de Clam, longue de 40 mètres, large de 5 et présentant une hauteur perpendiculaire de 9 mètres, avec des parois formées de prismes recourbés comme les côtes d’un navire ; outre la curieuse et grande colonnade prismatique qui forme une partie des falaises de l’Ile, on y admire la fameuse grotte de Fingal ou la grotte Mélodieuse. Voici la description que M. Panckoucke fait de cette merveille de la nature : <■ La largeur de l’entrée de la grotte de Fingal, prise à l’ouverture et à fleur d’eau, est de 1101,36 ; la hauteur, prise depuis le niveau de la mer jusqu’au cintre du niveau de la voûte, est de 18m,19 ; la profondeur de la mer en face de la grotte, à 4 mètres de distance de l’entrée, est de 4m,87 ; l’épaisseur de la voûte, mesurée a l’extérieur depuis le cintre jusqu’au plus haut point de lu Voûte, est de cro,49 ; la profondeur intérieure de la grotte, depuis l’entrée jusqu’à son extrémité, est de 45nl,47 ; la hauteur des plus grandes colonnes vers le côté droit de l’entrée est de 14>n16i ; la profondeur de la mer dans l’intérieur de la grotte est de 3m,49, et de 2tn,59 dans certains endroits et un peu moins dans le fond.

Le premier sentiment qu’inspire la régularité de tout ce que l’on voit est que Ton entre dans un édifice taillé par la main de l’homme ; cette longue voûte élevée dans une proportion élégante, ces colonnes droites, ces angles rentrants et saillants dont les arêtes sont si pures, tout semble indiquer que le ciseau d artistes nubiles s’y est exercé, car cette grotte n’est point basse comme les cavernes ordinaires, et on n’y distingue aucune pierre, aucun fragment qui ne soit prismatique, c’est-à-dire parfaitement et régulièrement taillé. Le fond de la grotte est fermé et obscur comme le chœur d’une église. Sur les deux côtés s’élèvent et se prolongent, en lignes parfaitement droites, deux grands murs composés de colonnes prismatiques hautes à peu près de 50 pieds ; ces colonnes présentent entre elles, de loin eu loin, quelques renfoncements de 3 a 4 pieds do profondeur au

plus, et se succèdent ainsi dans une longueur de 140 pieds jusqu’au fond de la grotte ; là se trouvent de plus petites colonnes prismatiques d’un seul jet. Ces prismes ont de 1 à 3 jiieds de diamètre ; ils sont d’un noir de jais, les uns triangulaires, d’autres quadrangulaires, pentagones, hexagones, quelques-uns à sept ou huit pans, mais parfaitement soudés. Les colonnes sur lesquelles on marche différent entre elles, en hauteur seulement, de 3 à 4 pieds. Lorsque la mer est tranquille, on distingue parfaitement le fond de la grutle qui offre un beau parquet noir, composé de carreaux à quatre, cinq ou six pans bien découpés. La lumière du jour, en perdant graduellement son éclat, arrive jusqu’au fond de la grotte, et, lorsque l’œil est habitué à l’obocuritè de ces lieux, il peut y distinguer très-bien tous les objets. »

Du fond de la grotte, le regard tourné vers l’entrée découvre un tableau ravissant, formé r>arla mer et la petite lie d’iona qu’on aperçoit à peu de distance. L’Ile de Staffa possède encore deux autres grottes plus petites : la grotte du Bateau, ainsi appelée parce qu’on ne peut y entrer qu’en bateau, et ia grotte des Cormorans.

STAFFARDE, village du royaume d’Italie, dans la province de Coni, district et à 6 kilom. N. de Saluées, près du Pô. Il est célèbre par la victoire que Catinat y remporta sur le duc de Savoie, le 18 août 1690.

Staffnrde (bataillb de), gagnée par Catinat sur Victor-Amédée, duc de Savoie, le 18 août 1690. La ligue d’Augsbourg nous avait mis toute l’Europe sur les bras ; cependant, le duc de Savoie ne s’était pas encore déclaré contre la France. Ce prince, peu redoutable par lui-même, tirait une grande importance de la situation de ses États, intermédiaires entre la France et l’Autriche. Ou devait donc le ménager ; mais c’était un art qu’ignorait Louis XIV, Son orgueil et les hauteurs brutales de Louvois jetèrent le duc dans les rangs de nos ennemis. Au lieu de le rassurer, on l’effraya en menaçant de conquérir ses États. Catinat, qui commanduit une armée rassemblée en Dauuhiué, reçut ordre de marcher sur le Piémont et de faire au duc, dont on ne connaissait pas encore la défection, bien qu’on la soupçonnât, sommation d’avoir à livrer les meilleures places à l’armée française, puis de réunir ses troupes à celles du général français. Catinat soutint ces impérieuses dépêchas en descendaut des montagnes sur C’a STÀP

rignan, dans la vallée du Pô. Qu’il obéit on qu’il refusât péremptoirement, Victor-Amédée se sentit perdu ; il recourut donc k la ruse, et, fidèle à la vieille tactique de son bisaïeul Charles-Emmanuel, il entama une négociation qu’il prolongea pendant un mois. Il profita de ce délai pour presser les secours que lui avait promis la ligue et pour se réconcilier avec les barbets, les vaudois de la montagne qu’il avait persécutés k l’exemple de Louis XIV. Quand il se vit en mesure d’agir, il changea brusquement de langage, intima au général français l’ordre d’évacuer immédiatement son territoire et de payer les dégâts commis par ses troupes, et fit arrêter l’ambassadeur du roi de France, ainsi que tous les Français qui se trouvaient à Turin ; violation odieuse du droit des gens, mais dont Louis XIV le premier avait donné i’exeinple envers Gênes. Le* hostilités commencèrent aussitôt. Catinat marcha sur Turin avec sa petite armée, qui ne comptait pas plus de 12,000 hommes ; le duc en avait environ 15,000 ou 16,000 sous ses ordres. Ayant pris l’offensive avec des forces supérieures et contre un ennemi qui ne prévoyait pas un si brusque changement, il contraignit d’abord Catinat à reculer ; mais le général français eut bientôt réduit le duc à la défensive. Il se porta sur Saluées par une marche de flanc en présence de l’ennemi, afin de l’attirer au combat. Les auxiliaires espagnols, que Victor-Amédée avait dans son camp, auraient voulu qu’il attendît les renforts allemands qui arrivaient k son secours ; mais, se voyant supérieur en forces et espérant humilier l’orgueil de Louis XIV en battant un du ses meilleurs généraux, il voulut la bataille. À l’aspect de ses mouvements, qui révélaient assez son intention, les Français rirent volte-face. Le duc s’était établi dans un poste assez avantageux, situé près de l’abbaye de Staffnrde ; mais il ne sut pas en tirer parti : autrement il eût été inaccessible ; ses deux ailes étaient couvertes par des marais, en avant desquels des cassiues ou maisons de campagne étaient garnies d’infanterie. Kien n’arrêta l’élan des Français ; k peine le signal de l’attaque eut-il été donné, qu’ils se précipitèrent sur les cassiues et en chassèrent les ennemis, malgré une vive résistance. Kn même temps, notre infanterie franchissait le marais de droite, et, s’alipuyant k une vieille digue du Pô que le duc de Savoie avait négligé d’occuper, elle prit en flanc la ligne ennemie et y jeta le désordre. Sur la gauche, l’ennemi opposait une résistance plus opiniâtre, grâce à une plus forte situation ; mais enfin la cavalerie française réussit de son côté à franchir le marais. L’armée ennemie se trouva alors débordée et enfermée entre deux feux, malgré la supériorité du nombre ; elle se rompit et se répandit précipitamment et en désordre dans les bois qui s’étendaient derrière sa position. Cette retraite allait même se changer en déroute, lorsqu’un jeune officier général, dont les talents militaires devaient être un jour si fatals à la France, le prince Eugène de Savoie, arrêta, par son habileté et son énergie, le flot des fuyards effarés et continua la retraite en bon ordre. Les ennemis laissaient 4 à 5,000 hommes sur le champ da bataille, le tiers de leur armée, et 11 canons. Voltaire ne porte pas a plus de 300 le nombre des tués du côté des Français ; mais il reste sans doute au-dessous de la vérité. Voici, du reste, en quels termes il apprécie la bataille de Staffarde : « Lorsqu’il y a beaucoup de morts d’un côté et presque point de l’autre, c’est une preuve incontestable que l’armée battue était dans un terrain où elle devait être nécessairement accablée. L’armée française n’eut que 300 hommes tués ; celle du duc en eut 4,000. ■ À part le chiffre, qui est discutable, la réflexion de Voltaira est pleine de justesse.

STAFFOLO, bourg du royaume d’Italie, province et district d’Ancône, mandement d lesi : 2,264 hab.

STAFFOHD, ville d’Angleterre, chef-lieu du comté de son nom, au confluent du Soy avec le Trent ut sur le chemin de fer de. l’Ouest, à 225 kilom. N.-O. de Londres, à 60 kilom S.-E. de Chester, par 52» 48’ de latit. N et 40 30’ de longit. O. ; 11,829 hab. Fabrication importante et commerce de chaussures, cuirs, coutellerie. Stafford a la forme d’un ovale irrégulier, avec des rues bien pavées et des maisons bien bâties en brique ; les principaux de ses édifices sont : la salle du comté spacieux et beau monument moderne, contenant des appartements fort élégants ; l’infirmerie du comté ; les deux églises Sainte-Marie et Saint Chad, dont la première contient des fonts baptismaux fort curieux ; enfin, les ruines d’un château bâti par Guillaume Ier. Cette ville, dont l’origine remonte au xe siècle, était autrefois entourée d’une enceinte, fortifiée et a joui du titre de baronnie, da comté, puis de marquisat en 1786.

STAFFOBD (comté de), division administrative du centre de l’Angleterre, compris entre les comtés de Chester au N.-O., de Derby au N.-E., de Leicester à i’E., de Warwiek et de Worcester au S., et de Shrop à l’O. Sa superficie est de 2,900 kilom. carrés ; 008,716 hati.. Chef-lieu, Stufford. Sa surface est générale^ ment unie, excepté dans la partie septentrionale, où quelques collines peu élevèesucciden. tent lesol, qui, au N.-E-, est pturseiué. de quelques marais. Les principaux, cours d’euU qui