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Rome et fut admis à l’Académie en 1785. En 1810, il reçut le titre de professeur des écoles spéciales et, en 1817, il devint membre de l’Institut. Ses principaux ouvrages sont : Abelexpirant, son chef-d’œuvre ; petit groupe A’Hercule combattant les centaures ; Saint Vincent de Paul, buste ; VAbbé Maury, buste ; Androclès pansant la blessure d’un lion ; Michel Montaigne, statue de marbre ; Lavoisier, buste de marbre ; ski tue de Suger.

STOURDZA (Grégoire). Il devint chancelier de Moldavie sous le prince Callimaehi et prit, en cette qualité, une part active à la rédaction du code moldave de 1817, qui porte le nom de ce prince.

STOURDZA (Jean), grand boyard qui reçut en 1812, de la Porte, la dignité d’hospodar de Moldavie et la conserva jusqu’à l’occupation de cette contrée par la Russie en 1828.

STOUHDZA (Michel), fils du précédent, né à Jassy en 1795. It fut, en 1834, promu à la dignité d’hospodar, lorsque le traité d’Andrinople eut rendu à la Moldavie la jouissance d’une partie de ses anciens droits nationaux. Il possédait de remarquables talents administratifs, mais il se fit bientôt haïr par son avarice et par sa sévérité. Incapable de lutter contre les manifestations du sentiment national et abandonné même par la Russie, il dut, malgré la compression du soulèvement de 1848, se démettre du pouvoir après lu conclusion du traité de Balta-Liman (1848), et se retira à Paris. Lorsqu’on 1859 les Moldaves eurent fa. élire un prince, d’après les bases de la convention de Paris de 1858, il reparut h Jassy et fut aussitôt proclamé prince par quelques-uns de ses partisans. Mais il trouva un compétiteur dans son propre fils, Grégoire Stourdza. Le père et le fils, n’ayant pu se mettre d’accord entre eux, se nuisirent mutuellement, et furent battus l’un et l’autre lors de l’élection, car on élut le prince Couza, qui était indifférent à tous les partis. Le prince Michel n’a plus, depuis cette époque, résidé en Moldavie.

STOURDZA (Grégoire), homme politique moldave, fils du précédent, né en 1821. D un caractère énergique, mais peu scrupuleux sur les moyens d’action, il se créa un nom comme orateur et fit constamment partie de l’assemblée nationale moldave. Vers la fin de 1853, ii offrit ses services au sultan, qui lui conféra le titre de pacha. À la suite de cet événement, le gouvernement russe confisqua les propriétés de Stourdza, sises près de Jassy.

STOURDZA DE MICLANGENI (Démètre), homme politique moldave, issu d’une autre branche de la même famille que les précédents. Après avoir pris une part active à la chute du prince Couza, il devint ministre du commerce et des travaux publics pendant l’interrègne qui suivit cette chute et pendant les premiers mois du règne du prince Charles de Hohenzollern.

STOURDZA (Alexandre), diplomate et littérateur russe, né à Jassy en 1791, mort en 1854. Fils de Scarlat Stourdza, qui, compromis dans les affaires politiques, se réfugia en 1792 en Russie, où il fut nommé conseiller d’État, il fit ses études en Allemagne, débuta de bonne heure dans la carrière littéraire, et, pisr ambition, mit sa plume au service de la Russie. Il publia contre les jésuites, qui étaient alors en lutte avec l’Église grecque, un ouvrage intitulé : Considérations sur la doctrine et l’esprit de l’Église orthodoxe (Stuttgard et Tubingue, 1816), traduit en allemand par Kntzebue (Leipzig, 1817) et qui valut à l’auteur le titre de conseiller d’État et un emploi dans la chancellerie du comte Capo d’Istria. En 1818, il écrivit pour le congrès d’Aix-la-Chapelle un Mémoire sur l’état aetuel de l’Allemagne, rédigé d’après les matériaux qui lui avaient été remis par ordre de l’empereur Alexandre. L’ouvrage ne fut tiré qu’à cinquante exemplaires et fut envoyé aux différentes cours de l’Europe ; mais, en dépit de la volonté des chefs du congrès, une copie du mémoire parvint au rédacteur du journal le 2’irifes, qui inséra dans ses colonnes ce factum de mauvaise foi ; Schoali le publia, eu outre, à Paris en 1818, et, l’année suivante, il en parut une traduction allemande dans les Annales politiques. La légèreté avec laquelle l’auteur de ce pamphlet y attaquait l’opinion publique et le caractère national en Allemagne excita l’indignation et la colère la plus vive dans toutes les classes de la société allemande. On ne peut s’expliquer aujourd’hui comment les diplomates titrés d’alors purent accorder quelque crédit à un ouvrage qui, dans un langage mystique, entremêlé de citations de la Bible, dénué de toute logique et de tout argument, décriait l’esprit et les institutions de l’Allemagne et cherchuit à ravaler les plus grands titres de gloire d’un peuple. Il prétendait, entre autres allégations, que la Providence divine s’était servie de la campagne de Napoléon Ier en Russie pour ramener, par l’intermédiaire du gouvernement russe, le genre humain à la vraie religion et au repos. Mais ce qui dominait’ surtout dans ce pamphlet, c’étaient les attaques contre les universités allemandes, qu’il représentait comme les pépinières des idées révolutionnaires, et il concluait à une réforme complète de l’enseignement public, qui, selon lui, devait être confié à des mains fidèles et énergiques, c’est-à-dire à celles du clergé. Parmi les nombreuses réponses que ce pamphlet

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provoqua, il faut citer le Coup d’ail sur les universités de l’A llemagne, par Villiers, et Encore un mémoire, par Krug. Des rangs des ■professeurs, des rangs des étudiants s’élevèrent de nombreuses voix protestant sbautement contre les calomnies du boyartf, qui, redoutant le sort de Kotzebue, se retira en 1819 à Dresde, où il épousa la tille du médecin Hufeland. S’y voyant encore menacé et ayant été provoqué en duel par le comte de Buchholz, alors étudiant, il chercha son salut dans la fuite et se rendit en Russie. Il y écrivit l’ouvrage intitulé la Grèce en 1821 (Leipzig, 1822), dans lequel il défendait encore les intérêts du gouvernement russe ; mais, lorsque l’empereur Alexandre eut changé de politique envers les Grecs, il quitta son service. Sous Nicolas, il fut de nouveau employé au ministère des affaires étrangères jusqu’en 1840, où il prit sa retraite avec le titre de conseiller intime. Il résida depuis lors tantôt dans ses terres de l’Ukraine, tantôt à Odessa, s’occupant de créer des établissements philanthropiques. C’est ainsi qu’on lui dut la fondation d’un couvent où devaient être élevées les jeunes filles destinées à épouser des popes, et celle d’une société de diaconesses pour le soulagement des pauvres et des malades. Il continua aussi ses travaux littéraires en russe, en grec moderne et en français. On a encore de lui : C- W. Hufeland, sa vie et sa mort chrétienne (Berlin, 183") ; Lettres sur les devoirs de l’état ecclésiastique, en russe (Odessa, <e édit.) ; des traductions françaises des Homélies d’Innocent, archevêque de Charkow (Paris, 1846, in-8o), et des Oraisons funèbres et discours de Philarète, métropolitain de Moscou (Paris, 1849) ; le Double parallèle (Paris, 1852) Souvenirs et portraits (Paris, 1859) ; Essai sur les lois fondamentales de la société (Paris, 1861). Ces deux derniers ouvrages ontété publiés par les soins de la princesse Gagarine, sa fille.

STOURNE s. m. (stour-ne — dulat. sturnus, étourneau). Ornith. Genre d’oiseaux, de la famille des merles, comprenant plusieurs espèces, qui habitent l’ancien continent, et surtout l’Afrique : Les stoornbs ont un plumage très-ëclatant, couvert de couleurs métalliques. (Z. Gerbe.) Il Nom de l’étourneau, chez quelques anciens auteurs. Il Stourne noir, Oiseau de paradis noir de la Nouvelle-Guinée.

— Encycl. Les stournes sont caractérisés par un bec médiocre, convexe en dessus, déprimé à la base, comprimé et échancré à la pointe ; l’arête entamant le front ; les narines nasales latérales, ovoïdes ; le tarse plus long

?ue le doigt intermédiaire. Confondus autreois

avec les merles, ils s’en distinguent, à première vue, par leur plumage beaucoup plus brillant, orné de couleurs métalliques, et par les plumes de l’occiput, qui sont pointues comme celles de l’étourneau. Les espèces peu nombreuses de ce genre habitent, en général, les régions les plus chaudes de l’ancien continent, et surtout de l’Afrique. Leur bec et leurs pieds les rapprochent des merles ; mais, par leurs mœurs et leur genre de vie, elles ressemblent davantage aux étourneaux et aux martins. La plus remarquable est le stourne noir, qui vit à la NouvelleGuinée,

STOURNELLE s. f. (stour-nè-le — dimin. de stourne). Ornith. Genre de passereaux, de la famille des sturnidées, formé aux dépens des étourneaux, et dont l’espèce type habite l’Amérique du Nord : Les stournkllks ne se plaisent que dans les prairies et les plaines marécageuses. (Z. Gerbe.)

— Encycl. Ce genre est caractérisé par un bec un peu plus long que la tête, droit, entier, convexe en dessus, obtus et dilaté à la pointe ; la mandibule supérieure à base prolongée et arrondie dans les plumes du front ; les narines latérales recouvertes en partie par une membrane ; les ailes médiocres subaiguës ; la queue courte, ample et légèrement arrondie. Les tarses sont de la longueur du doigt médian, vigoureux, largement scintilles ; les doigts longs, les ongles fort courbés et aigus. Ce genre renferme aujourd’hui trois espèces de 1 Amérique méridionale, dont la plus ar.cienne était rangée par Linné et les auteurs de son temps pariai les alouettes, mais qui ont toutes été classées depuis parmi les étourneaux. De La Fresnaye cite la stournelle de la Louisiane parmi les espèces étrangères appartenant à la division des passereaux marcheurs et, en particulier, au groupe des marcheurs.riverains. Elle offre, dit cet ornithologiste, tout à fait le caractère des pieds des oiseaux marcheurs riverains’, et ses tarses et ses doigts sont robustes et allongés ; le pouce est également fort long, comme chez d’autres marcheurs, tels que le pipit sentinelle du Cap, et terminé par un ongle également fort long, très-peu courbé ; les ongles antérieurs ont la même forme. Aussi Ginelin a-t-il appelé cet oiseau alauda magna, à cause de la forme de ses ongles probablement et de ses habitudes terrestres. Cet oiseau habite donc en même temps l’Amérique du Nord, où il est très-commun, les Antilles, l’Amérique méridionale-, et il se trouve un peu partout dans le nouveau monde. Au Mexique, il semble plus rare que dans la Pensylvanie, où il porte le nom de meadow lark (alouette des prés), tiré de son habitude de se tenir constamment au milieu des prairies, qui lui a valu également des

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Espagnols de Cuba le nom de savanero (habitant des savanes). Courant avec vitesse à terre, il ne se perche que lorsqu’il est pourchassé, et encore seulement pour quelques instants ; il couche à terre ; son vol est vif presque horizontal, comme celui de la perdrix ; quand on le poursuit, il sa pose près d’un buisson ou d’une haute touffe d’herbî. Au temps des amours, le mâle fait entendre un chant qui ne manque pas d’agrément, mais qui cesse après cette époque, et le reste de l’année ce sont des sifflements que les couples font entendre, surtout lorsqu’ils éprouvent des craintes. Ces oiseaux se nourrissent de graines et d’insecies ; au printemps, ils se divisent par couples on ne peut plus unis ; ils construisent à terre, au milieu des broussailles ou des grandes herbes, un nid composé de plantes sèches, dans lequel la femelle dépose sept œufs blancs ; le. mâle et ia femelle couvent alternativement et prennent ensuite le plus grand soin de leurs petits, qu’ils nourrissent de vers, d’insectes et de semences. L’espèce type est la stournelle de la Louisiane, petit oiseau qui a le plumage varié de gris, de brun, de noir et de roux, et qui atteint une longueur de om,2l.

STOUT s. m. (staout — mot angl.). Bière anglaise, double, noire.

STOW (John), antiquaire anglais, né à Londres en 1525, mort dans la même ville en 1605. Il exerça le métier de tailleur jusqu’à l’âge de quarante ans, puis il renonça subitement au commerce pour s’adonner à l’étude de l’histoire et des antiquités. On le vit parcourir à pied l’Angleterre, visitant les monuments, surtout les bibliothèques et les archives, surmontant gaiement les privations, la misère même, pour continuer ses recherches. Tant de persévérance unie à tant de courage intéressa de généreux savants qui l’aidèrent suivant leurs moyens. Toutefois, tombé dans une affreuse pauvreté après les persécutions qu’il subit comme catholique, il obtint, à force de supplications, la place de chronicler (historiographe) de Londres ; enfin il reçut, par ordonnance royale du 8 mai 1G04, l’autorisation de mendier « en récompense de ses pénibles travaux. » Ses principaux ouvrages sont : Summary of the Chronicles of England (Londres, 1565, in-16) ; Annals of England (Londres, 1580, iu-4oj ; Survey of the cities of London and Westminster (Londres, 1598, 2. vol. in-fol.).

STOWE (Mme Harriet Bkecher), femme ds lettres américaine. V. Beechkr.

STOWELL (William-Scott, baron), jurisconsulte anglais, né à Henorth, près de Newcastle, en 1745, mort le 18 janvier 1836. Il fut reçu docteur en droit en 1779, fut inscrit au tableau des avocats l’année suivante, et, en 1788, élevé au rang de baronnet, nommé avocat général et membre du conseil privé. En 1798, il fut nommé juge à la haute cour de l’amirauté. A partir de 1801, il siégea au parlement. En 1828, il se retira des affaires. Sa vie (avec celle de lorci Eldon) a été écrite par M. W.-E. Surtees (Londres, 1S46).

STOY (Karl-Volkmar), pédagogue allemand, né.à Pegau le 22 janvier 1815. Il étudia la théologie à Leipzig et à Gœttingue, et fut prival-docent de philosophie à Iéna, où il fonda un séminaire pédagogique et un autre établissement d’instruction. En 1845, il fut nommé professeur ordinaire (ordenllich) de philosophie. En 1865, il passa à l’université d’Heidelberg. On cite parmi ses écrits : Schule und Leben (Iéna, 1844, et ann. suiv.) ; Hauspddagogik (Leipzig, 1855) et Encyklopâdie der Pàdagogik (Leipzig, 1861).

STRAATEN (Jean van), architecte hollandais, né à Utrecht en 1781. Il a écrit ou traduit un grand nombre d’ouvrages sur l’architecture et les a illustrés par des gravures à l’eau-forte qui représentent en général des monuments anciens et modernes. Il a construit plusieurs monuments, entre autres l’église de Keizergracht, à Amsterdam, la bibliothèque de cette ville, un grand nombre

de villas, etc.

STRABALE s. m. (stra-ba-le— du gr. strabalos, trapu). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de la famille des cycliques, tribu des alticites, comprenant six espèces, qui habitent l’Amérique.

STRAB1QUE adj. (stra-bi-ke. — V. strabisme). Méd. Qui est affecté de strabisme.

— Substantiv. Personne affectée de strabisme.

STRABISME s. m. (stra-bi-sme — lat. strabismus ; du grec strabos, louche, qui appartient à la même famille que strombos, tournoiement, tourbillon, toupie, sirobeâ, tourner, faire tournoyer, strobilos, toupie, streblé, cabestan, streàlas, tort», courbe, louche, d’un radical streph, qui aie sens de dérouler, et qui représente, selon Curtius, la racine sanscrite starg, strag, tresser, d’où aussi le grec strangâ et le latin stringo, je noue, je serre, etl’ancien allemandsirecchan, étendre, Stricehan, nouer, etc., etc.). Méd. Difformité résultant du défaut de parallélisme des deux axes visuels, dans l’acte du regard : Le stra bisme rend louche et fait regarder de travers. (Ac : id.) Le strabisme qui survient accidentellement est presque toujours l’effet d’une maladie du cerveau. (Ciiomei.)

— Encycl. Méd. et chir. Le strabisme est

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dit interne (ou convergent) lorsque l’œil est porté en dedans vers le nez ; externe (ou divergent), dans le cas contraire ; inférieur (ou descendant), quand il se porte vers la joue ; supérieur (ou ascendant), quand il se relève du côté du sourcil. Ce sont là les formes simples produites par l’altération d’un seul muscle, mais il peut y avoir des déviations intermédiaires ; on suppose alors qu’il y a deux

muscles affectés. Il faut remarquer que, dans le strabisme convergent, il n’y a qu un excès de direction de l’axe des yeux en dedans, attendu que, dans l’état normal, les axes des deux yeux ne sont point parallèles, mais déjà convergents ; cette observation s’applique, par contre, au strabisme divergent, dans lequel te manque de parallélisme peut n’exister que dans les apparences. Le strabisme est encore simple ou double, c’est-à-dire que, dans certains cas, la direction de chacun des axes optiques ne se trouve pas en rapport avec les limites de l’ouverture orbitaire, celle-ci étant d’ailleurs normale.

Le strabisme convergentestinfiniment plus fréquent que les autres. En général, un seul œil est affecté ; quand ils le sont tous deux, c’est ordinairement ^ans le même sens. S’il n’en est pas ainsi, la difformité est véritablement horrible. Le strabisme a, du reste, ses degrés, c’est-à-dire que tantôt l’axe visuel esta peine dévié, tantôt la cornée se trouve plus ou moins complètement cachée sous les paupières.

Le strabisme s’observe souvent d’une façon permanente ; d’autres fois, il n’est qu’inter-mittent. Le strabisme fixe se caractérise par ce fait que la déviation d’un des axes optiques par rapport à l’autre demeure la même dans toutes les directions du regard.

Dans le strabisme à angle variable, la déviation n’est point la même dans toutes les directions du regard ; nulle pour certaines positions de l’objet, la déviation apparaît quand on porte l’objet dans une certaine direction et augmente avec la distance qu’on lui fait parcourir dans cette direction.

Le strabisme s’accompagne souvent de la présence de doubles images. Il naît de là une perturbation telle dans l’acte de la vision que le malade, pour se débarrasser de cette di Ïilopie qui 1 assiège, fait prendre à sas yeux es attitudes les plus bizarres en apparence.

Le strabisme apparaît ordinairement pendant les six premières années de la vie. Ses causes principales sont : l’inégalité congéniale ou accidentelle de la force des deux rétines ; l’inégalité ou disharmonie de la force des muscles de l’œil ; la déviation mécanique de l’axe visuel ; l’habitude, l’imitation et l’hérédité. Entrons dans quelques détails sur ce —sujet.

Il est bien reconnu que l’œil loucho est ordinairement plus faible que l’autre, mais

cette faiblesse est-elle l’effet ou la cause du strabisme ? C’est là un point qui n’est pas encore éclairci. L’action des muscles de l’œil se comprend mieux. Si l’un d’eux se trouve paralysé, son antagoniste le fera tourner du côté opposé. C’est ainsi que, si on sectionne le nert moteur oculaire externe, on produira sûrement un strabisme convergent. Le même effet aura encore lieu si l’un des muscles moteurs du globe oculaire se contracte spasinodiquement. Dans ce cas, il importe de distinguer la contraction passagère que certaines personnes se donnent à volonté, de la contracture avec raccourcissement qui, de sa nature, est permanente.

Le strabisme survient encore à la suite des efforts habituels que sont obligés de faire, pour recevoir la lumière, les individus atteints de taches cornéales, de cataractes commençantes, ou qui sont pourvus d’une pupille artificielle. Il est fréquent chez les enfants qu’on fait coucher près d’une fenêtre ou d’une glace qui attire constamment leurs regards du même côté. Enfin, il n’est pas rare que le strabisme résulte d’une maladie, par exemple d’une attiique d’apoplexie qui paralyse le muscle oculaire en attaquant sa racine. C’est alors un strabisme syinptomatique, qui ordinairement se guérit de lui-même avec le temps.

Divers moyens ont été proposés pour remédier au strabisme ; ce sont : l’emploi des louchettes, l’usage des prismes déviateurs, les lunettes, l’occlusion de l’œil sain pour forcer l’œil strabique à s’exercer, enfin la myotomie.

Les louchettes sont des coquilles ou demisphères ovoïdes, embrassant complètement l’œil et percées d’un orifice de la largeur d’une pupille de moyenne grandeur. Leur but est de forcer à amener les deux pupilles dans la position où se trouvent les deux ouvertures des louchettes. Mais ce but était loin d’être atteint, car le malade ne regardait que d’un œil et la déviation de l’autre persistait sous l’écran qui le couvrait. L’occlusion d’un œil ne pouvait pas donner de meilleurs résultats, car, un œil étant fixé sur un objet, l’autre se déviait justement de l’écart observé dans la vision binoculaire. Si nous passons de là à l’emploi des prismes et de tous les autres moyens dont l’effet est de changer la direction des rayons incidents pour les offrir à l’œil dévié sous une inclinaison en harmonie avec la sienne, nous serons amenés à une conclusion également défavorable. Les prismes et autres procédés déviateurs produisent souvent des effets merveilleux dans les premières phases de leur emploi. On croit