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engorgement pourrait être de 4 à, 6 millimètres, ce qui permettrait de compter sur une amputation de H à 16 millimètres dans l’étendue du diamètre sacro-pubien. Il résulte encore des expériences de Desgranges que l’amputation du diamètre transversal est presque de la moitié de l’écartement obtenu dans toute la hauteur de l’excavation, et que l’agrandissement transversal de l’arcade du pubis est à peu près égal à cet écartement ; de telle sorte que l’opération, qui semblait devoir être seulement applicable au cas où le rétrécissement portait sur l’intervalle sacro-pubien, donne surtout des résultats avantageux lorsque les diamètres transverses de l’excavation ou du détroit inférieur sont rétrécis. En résumé, l’accoucheur ne se décidera que : l° lorsque l’entant sera vivant et que sa vie pourra être compromise par la durée du travail ; 2<> quand la tète sera fortement engagée et comme resserrée dans le détroit supérieur trop rétréci ; 30 quand eiie sera arrêtée par un rétrécissement transversal du détroit inférieur. Nous concevons difficilement l’opportunité de cette opération lorsqu’après la sortie du tronc la tête est retenue dans l’exc*vation. La compression du cordon ombilical, si fréquente alors, la lenteur inévitable des préparatifs de l’opération nous paraissent devoir compromettre trop sérieusement la vie du’ fœtus pour ne pas engager les praticiens à préférer dans ces cas l’embryotomie. ■

On voit que l’opération de la symphyséotomie est très-grave ; sur quarante et une femmes opérées, quatorze ont succombé. Quand on veut pratiquer cette opération, on doit attendre la dilatation complote du col utérin, et il vaut mieux opérer avant qu’après la rupture de la poche des eaux. Voici le manuel opératoire :

« On couche la malade sur le bord droit de son lit, les poils du pubis étant préalablement rasés ; le chirurgien, placé à sa droite, fait, avec un bistouri convexe, sur la ligne médiane, une incision longitudinale qui commence un peu au-dessus de la symphyse et se prolonge jusque sur le clitoris. Cependant, à sa partie inférieure, il est bon de l’incliner de côté entre le sommet de la grande et de la petite lèvre, et même de séparer de la branche du pubis l’une des racines du clitoris pour éviter plus tard les déchirures dangereuses. Toutes les parties molles divisées jusqu’à l’os, on cherche le cartilage de la symphyse et on le divise d’avant en arrière, en ayant soin de rester toujours maître du bistouri, pour ne pas aller blesser la vessie. Dupuytren se servait pour cela d’un couteau solide fixé sur son manche et boutonné a son extrémité ; il recommande également de diviser le ligament triangulaire placé au-dessus de la symphyse en rasant la branche descendante du pubis. ■ (Malgaigne, Médecine opératoire.)

SYMPHYSÉOTOMIQUE adj. (sain-fi-zé-oto-mi-ke — rad. symphyséotomie). Chim. Qui a rapport à la symphyséotomie : Méi/tode

SYMPHYSÉOTOMIQUE.

SYMPHVSIE s. f. (sain-fi-zî — rad. symphyse). Teratol. Genre de déviations organiques, comprenant celles qui sont dues à l’union ou à la fusion des parties.

— Bot. Genre d’arbustes, de la famille des vacciniées, appelé aussi andrkusie, et dont l’espèce type crotfc aux Antilles.

SYMPHYSIEN, IENNE adj. (sain-fi-zi-ain, i-è-iie — rad. symphyse). Anat. Qui se rapporte à une symphyse.

— Chir. Couteau symphysien, Instrument qui sert à pratiquer la symphyséotomie.

SYMPHYSIOGYNE adj. (sain-fi-zi-o-ji-ne — de symphyse, et du gr. gunê, femelle). Bot. Se dit des plantes dans lesquelles les organes femelles sont soudés ensemble.

SYMPHYSODACTYLE s. m. (sain-rï-zo-dakti-le — de symphyse, et du gr. dakluios, doigt). Tératol. Monstre qui a tous les doigts de chaque membre réunis en un seul.

SYMPHYSODACTYHE s. f. (sain-fi-zo-dakti-11 — rud. symphysodactyle). Téiatol. Conformation des syinphysodactyles,

SYMPHYSODACTYLIEN, IENNE adj.(sainfl-zo-da-kti-li-uin, i-è-ne — rad. sympfiysodaciyle). Tératol. Se ditdu monstre par syinphysodactylie.

SYMPHYSODACTYLIQUE adj. (sain-fi-zoda-kti-li-ke — rad. symphysoduclylie). Tératol. Qui appartient à la symphysodactylie.

SYMPHYSOÛON s. m. (sain-fi-zo-don — de symphyse, et du gr. odaui ; dent). Bot. Genre de mousses, voisin des neckères, dont l’espèce type croit dans l’archipel Indien.

SYMPHYSOPSIE s. f. (sain-fi-zo-psJ — de symphyse, et du gr. ops, œil). Tératol. Monstruosité qui consiste dans la réunion des deux yeux en un seul.

SYMPHYSOPTIQUE adj. (sain-fl-zo-pti-ke —rad. symphysopsie). Tératol. Qui appartient à la symphysopsie.

SYMPHYSURE s. m. (sain-fl-2u-re — de symphyse, et du gr. oura, queue), Crust. Genre de crustacés, de l’ordre des trilobites, comprenant six espèces fossiles.

SYMPHYTE s. m. (sain-fi-te — du gr. sumphulés, soudé avec). Bot. Syn. de consoudb, genre de borraginées : Le symphytk offici-

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nal est commun dans les prairies humides. (P. Duchartre.) SYMPHYTOCRINE s. m. (sain-fi-to-kri-ne

— du gr. sumphutos, soudé ; krinon, lis). Echin. Genre d’échinodermes, du groupe des crinoïdes.

SYMPHYTOGYNE adj. (sain-fi-to-ji-nedu gr. sumphutos, soudé ; guni, femelle). Bot. Dont l’ovaire est adhérent au calice.

SYMPHYTOM s. m. (sain-rt-tom — du gr. sumphutos, soudé avec). Bot. Nom scientifique du genre consoude.

SYMPIÈSE s. m. (sain-pi-é-ze — du gr. sumpiezâ, je comprime). Bot. Genre d’arbustes, de la famille des éricinées, comprenant cinq ou six espèces, qui croissent au Cap de Bonne-Espérance.

SYMPIÉZOMÈTRE s. m. (sain-pi-é-zo-mètre — du gr. sumpiezâ, je comprime ; metron, mesure). Physiq. Baromètre à réservoir d’air.

SYMPIÊZOPE s. m. (sain-pié-zo-pe — du gr. sumpiezâ, je comprime ; pous, pied). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de la famille des charançons, comprenant troisou quatre espèces, qui habitent l’Afrique australe..

SYMPIÉZORHINE s. m. (sain-pié-zo-ri-ne

— du gr. sumpiezâ, je comprime ; rhin, nez). Entom. Genre d’insectes hémiptères, de la famille des seutellériens, tribu des pentatornites, dont l’espèce type habite le Brésil.

SYMPIÉZOHHYNQUE s. m. (sain-pié-zorain-ko — du gr. sumpiezâ, je comprime ; rhugchqs, bec). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de la famille des charançons, tribu des cyclomides, comprenant trois espèces, qui habitent l’Afrique australe.

SYMPISTE s. m. (sain-pi-ste — gr. sumpistos, confiant ; de sun, avec, et de pislos, confiance). Entom. Genre d’insectes lépidoptères nocturnes, de la tribu des noctuides,

SYMPLECTE s. va. {sain-plè-kte — dupréf. sym, et du gr. plektos, enlacé). Ornith. Oiseau d Afrique, peu connu, et rapporté tour à tour par les divers auteurs aux genres tangara, malimbe et tisserin, et paraissant appartenir en réalité au genre sycobie.

— s. f. Entom. Genre d’insectes diptères némocères, de la famille ■des tipulaires, comprenant plusieurs espèces, dont deux sont communes en France.

SYMPLECTIQUE adj. (sain-plè-kti-kedu préf. syrn, et du gr. plektos, noué). Hist. nat. Qui est entrelacé ; qui est enlacé avec Un autre corps.

— s. m. Anat. Nom de l’un des os de la tête du poisson.

SYMPLECTOMÈRE adj. (sain-plè-kto-mère — du gr. sumplekios, entrelacé ; meros, partie). Zool. Qui u ses diverses parties entrelacées.

— s. m. pi. Zool. Syn. de foraminifères

OU RHrZOPODES.

SYMPLÉGADES OU CYANÉES, îlots rocheux du Pont-Euxin, à l’entrée du Bosphore de Thrace. Suivant la tradition mythologique, ces deux îlots, autrefois mobiles, s’entre-choquaient au moment du passage des navires ; ils furent fixés par les dieux quand le navire Arffû passa entre eux.

SYMPLOCAs. f. (sain-plo-ka). Bot. Syn. de symploque : Les symplocas se présentent en touffes d’un vert sombre. (Brébisson.)

SYMPLOCA.RPE s. m. (sain-plo-kar-pedu gr. sumptoos, associé ; karpos fruit). Bot. Genre de plantes, de la famille des aroïdées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent dans le nord de l’Asie et de l’Amérique.

— Encycl. Les symplocarpes sont des plantes herbacées sans tige, k feuilles radicales entières, à fleurs hermaphrodites, réunies en un spadice presque globuleux, pédoncule, renfermé dans une spathe acuminée et pliée en forme de capuchon ; les fruits sont des baies globuleuses, raonospermes, soudées en une seule masse. Les espèces peu nombreuses de ce genre croissent dans le nord de l’Asie et de l’Amérique. Le symplocarpe fétide doit son nom à son odeur caractéristique, qui rappelle, dit-on, celle des mofettes. Il nabite l’Amérique du Nord, depuis le Canada jusqu’à la Caroline, et croît abondamment dans les prairies humides et les endroits marécageux. Ses parties souterraines renferment un principe acre, dont on les débarrasse par la chaleur ; on les emploie alors contre l’asthme, les catarrhes et les rhumes opiniâtres. Les symplocarpes ne sont guère cultivés que dans les jardins botaniques.

SYMPLOCÉ, ÉE adj. (sain-plo-sé — rad. symptoque). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte au symploque.

— s. f. pi. Tribu de la famille des styracées, ayant pour type le genre symploque, et regardée par plusieurs auteurs cbmme devant former une famille distincte.

SYMPLOCINÉ, ÉE adj. (sain-plo-si-né). Bot. Syn. de symplocb.

SYMPLOCION s. m. (sain-plo-si-on — du gr. sumplokos, associé). Bot. Anneau élastique qui, le plus souvent, unit les deux valves par lesquelles s’ouvrent en travers les capsules des fougères.

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SYMPLOQUE s. f. (sain-plo-ke — du préf. sym, et du gr. plekâ, je noue). Littèr. Figure de rhétorique, qui consiste a commencer de la même manière plusieurs membres du discours, ou à les terminer de la même manière, de telle sorte qu’il y ait souvent un entrelacement de répétitions.

— Bot. Genre d’algues, de la tribu des leptotrichées, comprenant environ six espèces, qui croissent parmi les mousses, dans les lieux humides,

— s. m. Bot. Genre d’arbres, de la famille des styracées, type de la tribu des symplocées, comprenant plus de soixante espèces, qui croissent dans les régions chaudes de Amérique, de l’Inde et du Japon ; Le symploque théiforme est un bel arbrisseau. (P. Faxar.)

— Encycl. Littér. Voici un exemple de symploque. On lit chez Cicéron : » Qui est l’auteur de cette loi ? liullus. Qui a privé du suffrage la plus grande partie du peuple romain 1 liullus. Qui a présidé les comices ? Rullus.» Ici la symploque est complète ; mais elle existe aussi quand même j) n’y a pas entrelacement des mots répétés. Ainsi, dans cette phrase de Massillon ; « Sur toutes les choses qui nous environnent, sur tous les événements qui qui nous frappent, sur tous les objets qui nous intéressent, nous pensons comme le monde, nous jugeons comme le monde, nous sentons comme te monde, nous agissons comme le monde. » Quelques rhéteurs appellent aussi symploque la répétition qui consiste seulement à terminer de la même manière plusieurs membres d’une phrase. Par exemple, chez Bourdaloue : e Tout l’univers est rempli de l’esprit du monde ; on agit et l’on se gouverne selon l’esprit du monde. Le dirai-je ?on voudrait même servir Dieu selon l’esprit du monde. • Mais c’est là une figure particulière, la conversion. De même, on fait rentrer quelquefois dans la symploque la répétition du même mot au commencement de plusieurs membres d’une même phrase, comme dans ces vers de Voltaire :

Vous serez répandu, $any de mes ennemis, Sany des Asmonéens dans fies veines transmis, Samj qui me haïssez et que mon cœur déteste.

Mais c’est encore là une figure particulière, qui porte le nom A’anaphore.

Le synonyme latin du root symploque est le mot complexio, qui a un sens analogue et d’où nous avons tait en français complexion. V. ce mot.

— Bot. Les symploques sont des arbres ou des arbrisseaux, à feuilles entières, alternes, à fleurs quelquefois solitaires, le plus souvent disposées en petites grappes latérales, variant du blanc au rose vif ; le fruit est un drupe renfermant un noyau à trois ou cinq loges monospermea. Les nombreuses espèces de ce genre croissent dans les régions chaudes de l’Asie et de l’Amérique. Le symploque théiforme, appelé aussi alstonie théiforme, albricias, thé de Bogota, etc., est un bel arbrisseau, glabre dans toutes ses parties, couvert de feuilles persistantes, brièvement pétiolées, très-rapprochées entre elles, d’un beau vert foncé et luisant, et très-odoruntes ; les fleurs sont blanches, très-apparentes et d’une odeur suave.

Cet arbrisseau croît sur les plateaux élevés et froids, appelés paramos, qui couronnent la longue chaîne des Cordillères. Il vit au milieu des neiges et supporte les intempéries et les brusques variations. Il végète avec vigueur, bien que rabougri comme tous les végétaux qui croissent dans les zones neigeuses. On l’a trouvé à plus de 3,000 mètres au-dessus du niveau du la mer. U foi me, dans les localités où il croit, une sorte d’atmosphère balsamique. Ses feuilles fraîchesservent dans le pays à parfumer les temples et les habitations aux jours de fête, la salle du festin et la chambre de la nouvelle mariée, la nuit de ses noces. On en tire encore un excellent parti, car elles peuvent remplacer le thé quand elles ont été convenablement préparées. Voici les détails que donne à ce sujet le docteur Palacio Faxar, de Maracaïbo ;

« On les recueille avec soin ; je les ai vu sécher au soleil et dans des fours, sur des plats de porcelaine tenus à une chaleur égaie et assez modérée. Les feuilles séchées aux rayons solaires donnent une infusion très-forie et très-chargée en couleur, mais dont la saveur et les propriétés générales ne diffèrent point de celles des feuilles séchées artificiellement. Celte infusion est d’un vert jaunâtre, d’une odeur aromatique très-agréable et demande fort peu de sucre ; elle est rafraîchissante et augmente la transpiration, sans trop affaiblir. Les naturels et les colons la boivent dans les cas où les sudoriliques et les cordiaux sont nécessaires. Prise le matin à jeun, ou comme boisson de soirée, je la préfère à l’infusion qu’on obtient au Mexique et au Japon de cette espèce d’ansérine annuelle, nommée communément thé des Mexicains.

Réduites en poudre, les feuilles desséchées du symploque théiforme sont employées par les vastes populations du pays de Venezuela, comme remède contre ce qu’on appelle les humeurs froides ; dans quelques cantons, je les ai vu prendre en guise de tabac k priser ; dans d’autres, on s’en sert pour préparer une liqueur fort agréable, que l’on

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lait en distillant trois cuillerées de ces mêmes feuilles mêlées & A litres d’eau. Cette liqueur facilite les digestions. » Bien des personnes préfèrent cette plante à toutes celles qu’on emploie pour le même objet, même au thé chinois ; on la regarde comme préférable sous tous les rapports et sans aucun inconvénient, même pour les tempéraments los plus délicats. Aussi a-t-on proposé delà cultiver en France, où il est probable qu’elle réussirait.

Le symploque écarlate est un arbre rameux, à jolies fleurs d’un beau rose, répandant une odeur des plus suaves. Il croît au Mexique, où son bois très-dur est employé dans les constructions. On le cultive dans nos serres tempérées, en terre de bruyère, modérément arrosée. On pense qu’il pourrait croître en pleine terre dans le midi de l’Europe.

SYMPODC adj. (sain-po-de — du préf. sym, et du gr. pous, pied). Zool. Dont les pieds postérieurs sont réunis en nageoires.

— s. m, Anat. Stolon des ascidies, formé des axes réunis de plusieurs générations.

— Zoopb. Genre de polypiers, de la famille des alcyoniens, comprenant sept ou huit espèces, répandues dans les diverses mers.

SYMPODIQUE adj. (sain-po-di-ke — rad. sympode). Anat. Qui a rapport aux sympodes des ascidies : Stolon sympoûique.

SYMPOSIUM s. m.(sain-po-di-omm). Zooph. Syn. de sympode : Les sympodiums sont des anthélies rêtraciiles. (Dujardin.)

SYMPOSIAQCES s. f. pi. (sain-po-zi-a-ke — gr. sumposiaka ; de Sun, avec, et de posis, boisson). Antiq. gr. Propos de table : J’ai grand regret à ces symposiaques, dont l’antiquité nous a laissé quelques monuments précieux. (J. de Maistre.)

Symposlaque» (LES) OU Propo* de table.

Ces sortes de conversations, rapportées ou supposées par Plutarque, sont sans contredit son ouvrage moral le plus instructif et le plus amusant. Aussi passe-t-on facilement sur les erreurs de certaines solutions relatives à la physique, qui sont plutôt imputables à l’ignorance du siècle qu a l’écrivain lui-même. La forme dialoguée, adoptée par Plutarque, nous fait assister à l’un de ces repa3 où des convives peu nombreux et bien choisis assaisonnent les questions les plus intéressantes du sel piquant d’une aimable plaisanterie. Les Symposiaques se divisent en neuf livres, qui nous font passer sous les yeux toutes les habitudes des anciens dans leurs repas, leur manière de placer les convives à table et les usages qu’ils observaient. Plutarque appuie sur les réserves que l’on doit garder à table, et dans la conversation se glisse cette proposition, que les questions philosophiques ne doivent pas être agitées à table. Ariston se récrie : « Grands dieux I est-il donc quelqu’un qui refuse d’admettre la philosophie dans un repas ?» Plutarque répond que la philosophie doit, comme une respectable mère de famille, garder le silence dans un repas. Et néanmoins il a rempli presque tout son neuvième livre de leçons de morale.

Le début est moins sérieux, car il y est question de plaisanteries, de celles qui sont autorisées par la licence de la table et de celles qui seraient déplacées. La raillerie est, d’après Plutarque, une grave inconvenance dans un repas, où la bonne intelligence doit régner. Le meilleur moyen de l’adoucir c’est de s’y soumettre de bonne grâce avec ceux qui en sont l’objet. C’est d’après ce principe qu’Amphias de Tarse, qui passait pour le fils d’un jardinier, railla agréable, ment un de ses amis, gouverneur de province, sur l’obscurité de sa naissance, puis ajouta : « Je suis aussi sorti de la même graine, ■ ce qui lit rire celui qu’il avait plaisanté. Les grands et les princes, remarque finement l’auteur, aiment assez à se passer la fantaisie de railler ceux qui les entourent ; mais veuton leur rendre la pareille, ils se retranchent derrière leur dignité ou se fâchent ; témoin le roi Antigone, qui lit périr Théoente de Chio parce qu’il s’était écrié, lorsqu’on lui affirmait qu’il n’avait qu’à se présenter devant les yeux de ce prince pour obtenir sa grâce : « Devant ses yeux 1 alors je suis perdu I » Antigone n’avait qu’un œil. Pour que la raillerie soit de mise avec eux, ajoute Plutarque, il faut savoir la glisser habilement, en ayant l’air de se railler soi-même.

Puis, passant à une question tout à fait de circonstance, un des invités demande lequel vaut le mieux de servir chaque convive en particulier ou de les servir tous en commun. Agias blâme la première manière, bien que consacrée par l’usage, comme peu favorable à l’expansion et divisant les meilleurs amis. Plutarque répond en riant qu’il n’est pas étonnant qu’il trouve mauvais qu’on lui serve la même portion qu’aux autres, ayant un ventre trois fois plus gros. Quant k lui, il approuve l’usage actuel comme le plus propre à éviter la rancune de celui qui inange lentement contre celui qui le devancerait à cette couise gastronomique. Nicostrate ramène la conversation sur un terrain sérieux, en disant, à propos des gens qui parlent politique à table, que c’est un usage dont le ridicule est difficile à défendre, car la raison, semblable à notre œil qui nage dans une sub*