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firoposition de dissolution faite par M. de Maeville (29 juillet). À cette époque, M. Wallon avait constaté, parmi tous les hommes que n’aveuglait pas absolument l’esprit de parti et de réaction, qu’il était devenu impossible de faire la monarchie. Le 23 juillet 1874, M. Wallon déposa sur le bureau de l’Assemblée une proposition qui devait devenir fameuse et prononça ces mots : « À mes yeux, il n’y a que trois formes de gouvenement : la royauté, la république ou l’empire ; la royauté, vous n’avez pu la faire ; l’empire, vous n’en voulez pas ; il ne reste donc que la république. Ma proposition cherche à en conjurer les dangers, t Sa proposition était ainsi conçue : la commission des lois constitutionnelles prendra pour base de ses travaux sur l’organisation et la transmission des pouvoirs publics les dispositions suivantes : 1<> le pouvoir législatif partagé entre deux Chambres : Sénat et Chambre des députés ; 2° le pouvoir exécutif confié à un président de la république nommé pour sept ans par les deux Chambres réunies en Assemblée nationale ; 3° la loi du 29 novembre 1873, qui confère pour sept ans le pouvoir exécutif à M. le maréchal de Mac-Mahon, avec le titre de président de la république ; 4° le droit pour le président de la république de dissoudre la Chambre des députés avant l’expiration légale de son mandat, sur l’avis conforme du Sénat ; 5» la révision des lois constitutionnelles sur la demande soit du président de la république, soit de l’une des deux Chambres, avec cette réserve que, pendant la durée des pouvoirs conférés à M. le maréchal de Mac-Mahon par la loi du 20 novembre, cette révision ne pourra avoir lieu que sur la proposition du président de la république. »

Cette proposition fut repoussée par 657 voix contre 33. Toutefois lorsque, au mois de janvier 1875, la majorité de l’Assemblée se résigna enfin à voter les lois constitutionnelles, M. Wallon reprit sa proposition, œuvre de transaction qui ne satisfaisait absolument personne et qui cependant finit par rallier une majorité. L’amendemeiitqu’ilprésentasur la constitution du pouvoir présidentiel et des Chambres fut voté à une voix de majorité le 30 janvier 1875 ; un second ayant trait au droit de dissolution de ta Chambre des députés conféré au président de la république et au Sénat fut adopté le 2 février suivant. M. Wallon peut donc être considéré comme le père de la constitution républicaine du 25 février 1875, ce qui fit dire à cette époque que le septennat s’était transformé en wallonnat. Dans le remaniement ministériel du 10 mars 1875, M. Wallon succéda à M. de Ctimont comme ministre de l’instruction publique. Dans un discours qu’il prononça, le 3 avril, à la distribution des récompenses aux membres des sociétés saintes, il osa aflirmer hautement la république, ce qui lui acquit un instant une certaine popularité. Mais 1 attitude qu’il prit dans la discussion de la loi sur l’enseignement supérieur fit tomber toute illusion. M. Wallon se montra l’instrument docile du parti clérical, et ce ne fut pas sans étonnement qu’on vit le grand-maître de l’Université se tourner contre elle, et se prononcer, au nom de l’État, pour le jury mixte contre le jury de l’État (12 juillet 1875 ;. La loi sur l’enseignement supérieur et son application occupèrent à peu près exclusivement M. Wallon pendant son passage au ministère de l’instruction publique. Il envoya aux recteurs une circulaire sur l’application de cette loi, fit un rapport devant le conseil supérieur sur la composition du jury d’examen, rédigea le décret du 26 décembre 1875 sur la composition de ce jury, l’arrêté du 24 novembre 1875 sur les conditions du passage d’une Faculté à l’autre, celui du 25 janvier 1S7Û sur les cours isolés. D’autre part, il s’occupa de créer un certain nombre de chaires nouvelles dans les Facultés de l’État, établit la Faculté de droit de Lyon (octobre 1875), lit une réglementation nouvelle de l’agrégation des Facultés, etc. Lors de l’élection par l’Assemblée nationale des 75 sénateurs à vie, M. Wallon fut porté sur la liste des candidats réactionnaires. Repoussé dans les premiers scrutins, il retira sa candidature ; mais il finit néanmoins par être élu le 18 décembre 1875. Le 9 mars 187G, M. Wallon quitta le ministère de l’instruction publique, en même temps que M. Buffet se démettait du portefeuille de l’intérieur et fut remplacé par M. Henri Waddington. Le 17 mars suivant, il fut nommé doyen de la Faculté des lettres de Paris, en remplacement de M. Patin, pendant que son concurrent, M. Kgger, devenait membre du comité consultatif de l’enseignement supérieur au ministère de l’instruction publique. M. Wallon est, eu outre, depuis le 24 janvier IS73, secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Comme on le voit, tes honneurs ne lui ont pas manqué. Professeur médiocre, orateur médiocre, politique médiocre, il n’a pas jeté, comme historien, un bien vif éclat. Les cours d’histoire qu’il fil h la Sorbonne étaient dépourvus de tout intérêt, absolument insipides et pour cette raison très-peu fréquentes. Ce professeur de Faculté faisait des leçons qui étaient à la hauteur d’une bonne classé de septième. Dans ses ouvrages, où manque totalement l’esprit critique, on chercherait vainement des vues nouvelles ou profondes. Il n’a pas fait faire un pus aux sciences historiques

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et s’est constamment traîné dans l’ornière. On lui doit les ouvrages suivants : Géographie politique des temps modernes (1839, in-8o) ; De l’esclavage dans les temps modernes (1S47, in-8o) ; De l’enseignement et de sou organi~ sa t ion définitive en France (1848, .in-s«)j Histoire de l’esclavage dans l’antiquité’ (1848, 3 vol. in-8o), ouvrage couronné par l’Institut ; a Presse de 1848 (1849, in-S°) ; la Sainte Bible résumée dans son histoire et dans ses enseignements (1854, in-8o) ; De la croyance due à l’Évangile ; Mémoire sur les années de JésusChrist (1858, in-8o) ; Du monothéisme chez les races sémitiques (1859, in-8o) ; Jeanne Darc (1860, 2 vol. in-8<>), ouvrage qui obtint le grand prix Gobert ; l’Emancipation de l’esclavage (1861, in-S°) ; Épîtres et Évangiles des dimanches, extraits des traductions de Bossuet, avec’ notes (1662, in-18) ; les Saints Évangiles, trad. tirée de B.ossuet (1863, 2 vol. in-8o) j la Vie de Jésus et son nouvel historien (1864, in-18), examen critique de l’ouvrage de M. Renan, sur le même sujet ; Richard II, épisode de la rivalité de la France et de l’Angleterre (1864, 2 vol. in-8o) ; Vie de NotreSeigneur Jésus-Chrit, selon la concordance des quatre évangiles (18S5, in-18) ; la l’erreur (1873, 2 vol. in-8o) ; Notice sur la vie et les travaux de M. Charles Afagnin (1875, in-4o) ; Saint Louis et son temps (1875,2 vol. in-8o), etc.

WALLONNER v. n. ou intr. (val-lo-nérad. wallon). Avoir le parler pâteux eomnia les Wallons. Il Se dit dans les départements du nord-ouest.

WALLBAF (Théodore), naturaliste et historien allemand, né à Cologne en 1748, mort en 1824. Il étudia la théologie dans sa ville* natale, entra dans les ordres en 1773, devint membre la même année de la Faculté philosophique de l’université de Cologne et y fut nommé, en 1786, professeur ordinaire.d’histoire naturelle, de botanique et d’esthétique, ainsi que surveillant du jardin botanique. 11 profita, dès lors, de toutes les occasions pour augmenter ses collections d’antiquités et d’objets d’histoire naturelle, qui étaient déjà considérables, et devint, en 1794, recteur de l’université de Cologne ; mais il se démit bientôt après de ces fonctions, parce qu’il ne voulut pas prêter le serment exigé des prêtres. Après la suppression de l’université en 1799, il obtint une chaire d’histoire à l’école centrale qui fut alors établie et, lors de l’occupation française, sauva, au péril de sa vie, les vitraux peints de la cathédrale, dont les Français avaient résolu de s’emparer. En 1S02, il prit une part active h la réorganisation religieuse de sa ville natale, et, en 1804, le presbytère, qui appartenait au chapitre, lui fut assigné pour logement sa vie durant. Atteint en 1818 d’une maladie grave, il lit don de ses précieuses collections artistiques et scientifiques a la ville de Cologne et reçut de cette dernière une pension, qu’il employa a l’achat d’antiquités romaines. Le roi de Prusse lui accorda aussi, l’année suivante, une pension sur sa cassette particulière. Ses collections ont formé la oase du musée de Cologne, que l’on désigne ordinairement sous ie nom de inusée Wallraf-Richarz. Il avait publié, de 1799 k 1804, un Almanach des Ubiens, qui abonde en remarquables études sur l’histoire de l’art. On lui doit aussi un ouvrage fort estimé des numismates, la Description de la collection de monnaies du chanoine de Merle, et un Recueil de documents pour l’histoire de la ville de Cologne.

WALLROTH1E s. f. (val-ro-tl). Bot. Genre d’arbres, de lu famille des verbénaeées, triffu de3 lantanées, comprenant deux espèces, qui croissent dans l’Inde, il Syn. de dhthawik, genre d’ombellifères, dont l’espèce type croît dans les Pyrénées.

WALLSEND, bourg d’Angleterre, dans le comté de Northuinberland, a 5 kilom. N.-E. de Newcastle, près de la rive gauche de la Tyne, où il a un petit port de commerce ; 5, £00 hab. Chantiers de constructions navales ; fabriques de produits chimiques, exportation de houille. Aux environs, on voit les ruines de la forteresse romaine de Legedunum, près de l’extrémité orientale de l’ancien mur de Sévère.

WALLSEND, bourget paroisse d’Angleterre (Northuinberland), sur la rive gauche de la Tyne, à’5 kilom. E.-N.-E. de Newcastle ; 5,600 hab. Chantiers maritimes. Exportation de houille.

WALMER, village et paroisse d’Angleterre (Kent), à 3 kilom. S. de Deal, sur le pas de Calais ; 1,700 hab. Forteresse construite par Henri VII et où réside le lord gardien des Cinq-Ports.

WALMESLEY (Charles), théologien et astronome anglais* né en 1721, mort en 1797. Il appartenait à l’Église catholique romaine, entra en Italie dans l’ordre des bénédictins, se fit recevoir plus tard docteur en Sorbonne et fut nommé, en 1756, évêque et vicaire apostolique du district occidental de l’Angleterre. Il avait été élu, en 1750, membre de la société royale de Londres. Son principal ouvrage, qui est un développement de l’Uurmonia mensururum de Cotes, a pour titre ; Analyse des mesures des rapports et des angles ou Réduction des intégrales aux logarithmes et aux arcs de cercle (Paris, 1749, in-4"). On lui doit encore : Théorie du mou-

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ventent des apsides (Paris, 1749, in-8o) ; De in&qualilatibus moiitum lunarium (Florence, 1758, in-4»). Il fut l’un des astronomes chargés de travailler à la réforme du calendrier anglais, qui Se fit en 1752, et écrivit sur des questions d’astronomie différents mémoires, qui ont été insérés dans les Phitosophical transactions. Comme théologien, il n’est connu que par ses commentaires explicatifs sur l’Apocalypse, la vision d’Ezéchiel, etc.

WALNBY, petite lie de l’Angleterre, située darfs la mer d’Irlande, près de la côte du comté de Lancastre, à l’entrée de la baie de Morecambe. Elle s’étend le long de la côte sur une longueur de 15 kilom. et une largeur de 2 kilom., et n’est complètement entourée d’eau qu’à la marée haute.

WALPERS1E s. f. (val-pèr-sl — de Wal-

pers, botan. allem,). Bot. Genre de sous-ar —brisseaux, de la famille des rhamnées, tribu

des phylicées, comprenant plusieurs espèces

qui croissent au Cap de Bonne-Espérance.

WALPOLE, bourg des États-Unis d’Amérique, dans l’État de New-Hainpshire, à 96 kilom. S.-O. de Concord, sur le Coiineoticut ; 2,600 hab. f

WALPOLE, bourg des États-Unis, dans l’État de Massachusetts, à 17 kilom. S.-O. de Boston-, 2,400 hab.

WALPOLE (Robert), homme d’État anglais, né à Hogghton (Norfolk) en 1676, mort a Londres eu 1745. Son enfance n’annonçait rien de remarquable. « On me l’a représenté, dit son fils Horace dans ses Mémoires, comme un garçon indolent qui détestait les livres et Se faisait des amis au collège. » Lord Boiingbroke, son condisciple, qui fut plus tard son rival, recherchait, au contraire, toutes les distinctions à la fois et se faisait des ennemis ; tous deux conservèrent le même caractère dans la vie. L’un eut plus de gloire, l’autre plus de succès ; Boiingbroke brilla comme homme du monde, écrivain, orateur, chef de secte, et donna la mouvement aux philosophes du xviii» siècle ; Walpole se renferma toujours dans la pratique de la vie et ne renonça jamais à son profond dédain pour les livres, ceux qui les font et ceux qui les lisent. Fils d’un gentilhomme campagnard, il passa une partie du sa jeunesse ù chasser, à boire et à gérer ses fermes. < C’était alors, suivant Horace, un beau grand garçon de taille herculéenne, aux épauies larges et carrées, la figure ouverte et spirituelle, l’œil doux et pénétrant, le nez retroussé, le front bombé, le sourire intelligent et candide, de cette candeur narquoise si commune dans les campagnes entre gens qui sont habitués k se deviner et à s’attraper ; d’ailleurs, portant bien la tête ; suzerain à ne pas s’y méprendre, parlant haut, chantant fort, grossier comme un homme bien né qui redeviendra civil quand il lui plaira. > 11 était à vingt-cinq ans un gentilhomme fort estimé ; il se maria et continua a s’occuper de chasse, d’agriculture et d’amours champêtres ; il permettait du reste à lady Walpole de l’imiter sur ce dernier point ; En 1700, ayant hérité, par la mort de son frère aîné, de la fortune et du titre paternels, il entra au parlement et s’y montra whig déterminé aux côtés dos Marlborough et des Stanhope. L’ambition s’était éveillée en lui ; il s’attela à. la besogne avec un zèle qui faisait dire au vieux Marlborough • qu’il tournait la meule comme un chien, doggebdly. • Ses amis le placèrent au conseil de l’amirauté, puis le firent secrétaire de la guerre ; il lui fallait quelque chose de plus. Il n’était pas très-riche, et les alliances lui manquaient. Pour combler ces vides, il appela sur luiJa persécution et l’obtint.

Les whigs étaient maîtres des affaires depuis 1088. Mais, en 1710, quand l’établissement de Guillaume eut acquis quelque fixité et que la révolution sembla définitivement triomphante, il se fit en faveur de l’autorité et du torysme une réaction à laquelle on pouvait s’attendre. Elle renversa les whigs. Les tories, qui voyaient en Walpole un homme de valeur, essayèrent de l’attirer à eux et lui proposèrent une place dans ie cabinet nouveau. Walpole refusa. On comprit qu’il fallait le détruite ; on l’accusa de corrupdon et de péeulat et on le fit emprisonner à la Tour. Walpole, loin de s’en fâcher, s’en réjouit. « Tous les jours, dit son fils, il y avait grand lever dans sa prison. Le duc de Marlborough et les duchesses Godolphin, Sunderland, fulteney n’en sortaient pas ; on ne voyait que voitures armoriées et équipages splendides dans la cour de la vieille geôle. Robert y donnait à dîner tous les jours, et les poètes, qu’il dédaignait fort, lui envoyaient leurs dédicaces. ■ À cette occasion, un acteur vint chanter sur le théâtre une ballade dont le refrain populaire était : Notre bijou est à la Tour, et qui finissait par ces mots significatifs : « On a voulu l’acheter notre bijou, et les lapidaires dé l’État ont voulu l’enchâsser à leur façon ; mais ils l’ont trouvé trop solide. Le temps viendra où il sortira de sa prison plus rayonnant que jamais et où il luira sur ses ennemis et ses amis. >

La popularité de Robert Walpole était établie ; ses commettants le renvoyèrent au parlement pour faire pièce au ministère, et il ne tarda pas à devenir, malgré sa jeunesse, le second chef, du parti whig. Le ministre whig Godolphin, a son lit de mort, adressa ces paroles k la duchesse de Marlborough : « Je

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vous préviens que si vous ne soutenez pas ce jeune homme de toute votre force, je reviendrai de l’autre monde pour vous reprocher votre conduite. C’est l’espoir de notre parti ! Ne l’oubliez jamais. » Le vieux ministre avait raison.

On était alors en 1714, à la fin du règne de Louis XIV ; la cause protestante, soutenue par l’aristocratie anglaise, allait de nouveau triompher sur la tombe de la reine Anne. Le whiggisme, qui représentait la liberté, avait pour lui les sympathies populaires ; l’avenir était à lui. La reine Anne eut pour successeur George Ier, chef de la branche hanovrienne, ennemi né du catholicisme, prince débauché, insignifiant du reste, qui s’abandonna complètement aux whigs. Robert Walpole, la plus forte tête du parti, fut nommé d’abord payeur général, puis chancelier de l’Echiquier et premier ministre (first lord of the treasury). Membre de la question d’enquête chargée d’examiner la conduite du ministère tory, il avait pu tirer une cruelle vengeance de ses ennemis. Il touchait le ternie de son ambition ; mais l’armée des whigs qu’il commandait ne lui paraissait pas assez disciplinée, assez unie. À la suite de quelques démêlés avec ses collègues en 1717, il remit au roi les sceaux de grand chancelier. La scène que raconte Horace Wulpole, à cette occasion, mérite d’être citée :« Au premier symptôme d’indiscipline, mon père remit entre les mains de George le bâton du commandement, comptant bien le reprendre lor.—que sa troupe serait revenue au devoir. La scène fut violente et longue. Perdre Robert Walpole, c’était, pour le monarque, perdre le bouclier et la lance. On se fâcha ; les sceaux que le ministre s’obstinait à ne pas garder furent replacés dans le chapeau de Walpole de la main même du monarque ; le réfractaire sortit du cabinet royal, le visage ardent, des larmes duns les yeux et parfaitement hors de lui-même. Le roi l’envoya chercher le lendemain, le pria, le supplia, mais sans succès... » L’ambitieux personnage voulait être le maître, et il savait qu’on serait tôt ou tard forcé de passer par ses conditions. Descendu du ministère, il devint pour ses anciens collègues l’adversaire le plus dangereux. Tantôt donnant la main aux jucobites, sans toutefois se compromettre avec eux, tantôt se plaçant sous la protection du prince de Galles et le raccommodant avec son père, recrutant des amis personnels, surtout par des services d’argent, il eut le mérite de proposer de bons bills de finances, donna l’idée de la caisse d’amortissement et s’opposa aux spéculations aléatoires et à l’agiotage i-uineux, dont la fièvre dévorait l’Angleterre Comme la France et qui absorbaient les capitaux des deux pays. Du reste, liâtons-nous de le dire, tout en foudroyant publiquement l’agiotage, il ne laissa point que d’en profiter en secret et réalisa des bénéfices énormes par d’habiles opérations. L’alarme étant devenue universelle, le crédit se trouvant ruiné, le commerce en souffrance, ou voulut châtier les ministres qui avaient prêté la main aux agioteurs. « 11 se fit, dit Horace Walpole, une phalange compacte de jaeobites, de tories et de whigs qui hurlaient à qui mieux mieux et marchaient à la destruction du trône et peut-être du pays, si Robert Walpole ne s était mis en travers. » Il offrit les remèdes à une situation qu’il avait prévue, se garda bien d’accabler les ministres, qui furent forcés d’abdiquer leurs fonction’ ! ; il les défendit, au contraire, avec une générosité prudente et, en 1721, remonta au pouvoir à la place de Sunderland. Alors maître des whigs, dont il disposait à son gré, premier ministre du trône protestant et de la bourgeoisie aristocratique, Robert Walpole commença son rôle, qui consista d’uboid à calmer lu terreur panique des capitalistes, ensuite k protéger le commerce, k rassurer les capitaux, à rallier les intérêts autour du parti whig. Le roi, qui ne savait, comme le dit un jour Shippen dans les Communes, ni la langue ni la constitution de l’Angleterre, laissait agir Robert Walpole, qui, à partir de cette époque, dirigea toute la machine du gouvernement. Il eut Use défendre contre des attaques de toute sorte, même contre des tentatives d’assassinat. Ses principaux ennemis furent : l’évêque Atterbury, qui conspirait ouvertement ; Boiingbroke, qui voulait le supplanter ; le doyen Swift, qui auieuta toute sa vie l’Irlande contre le ministre, Robert se tira de ces dangers sans tuer personne, il exila Atterbury, sauva de la dégradation et du bannissementJBolingbroke, condamné à mort, qu’il exila du pouvoir en lui dounaut la vie, et laissa Swift défendre l’Irlande à sa guise. Il subissait en riant les attaques de ces trois plumes enragées. Le Cruftsmann de Boiingbroke, le Drapier da Swift, les lettres particulières d’Atterbury le traînèrent dans la boue sans qu’il s’en émût jamais. Il avait, du reste, un parfait dédain pour la presse en général et comptait pour rien le talent d’écrire. Lorsque George Ier mourut eu 1727, Robert Walpole resta ministre sous le nouveau monarque par l’influence de lu reine et, de concert avec elle, gouverna le roi et le pays. Il faut lire à ce sujet d’amusantes scènes racontées par Horace Walpole : « La reine Caroline entrait chez son mari, et quand elle y apercevait sir Robert, elle faisait la révérence et se retirait humblement. Le roi la suppliait

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