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Pétersbourg en îaiî. Lorsqu’il eut terminé ses études à l’académie de Kiev, il entra dans l’administration civile du pal&tinat de la Petite-Russie, puis fut attaché à la chancellerie du maréchal Romanzoff, gouverneur de cette province. Il remplit ses fonctions avec tant de talent et de zèle, que le maréchal l’emmena avec lui lorsque la guerre éclata avec la Turquie et le nomma conseiller da sa chancellerie intime, avec le rang de colonel. Zostowski était à une excellente école, et il sut en profiter. L’impératrice Catherine, ayant été frappée des remarquables rapports qu’il rédigeait, l’appela à faire partie de son cabinet. Nommé référendaire en 1775 et chargé, a ce titre, de lui présenter les requêtes et suppliques qui lui étaient personnellement adressées, il remplit ces délicates fonctions de manière à gagner entièrement la confiance de sa souveraine ; considérant, pour nous servir de ses expressions, le cabinet de Catherine II comme «un vaste laboratoire, » dont il devait se servir pour le bien de l’empire, il nota avec soin toute requête qui lui paraissait contenir des vues utiles et s’occupa d’une façon toute articulière des réformes à introduire dans instruction publique et dans les diverses brandies de l’administration intérieure. L’impératrice, frappée de sa rare compétence en ces matières, le consulta sur tout co qui touchait à l’intérieur et aux écoles, lui confia pour les examiner tous les projets en discussion et le chargea de rédiger les ukases destinés à leur donner force de loi. Deux grands actes d’ordre et de justice intérieurs, la division de l’empire en gouvernements exactement limités et le code de Catherine, sont en grande partie l’œuvre de Zostowski. Cet homme d’État s’occupa ensuite du commerce, de l’agriculture, de l’industrie, des diverses sources de la richesse publique, et ce fut grâce à son initiative qu’on créa deux banques publiques, dont il reçut la direction. Catherine le nomma membre du Sénat, comte de l’empire et lui donna de riches domaines. Paul Ier ]u, conféra l’ordre de Saint-André ; mais, comme il avait adopté pour ligne de conduite de ne point accorder sa confiance aux. personnes qui avaient eu celle de sa mère, Zostowski dut se démettre de ses fonctions et se retirer dans le lieu de sa naissance, où il resta jusqu’à l’avènement d’Alexandre Ier. Ce prince le rappela aussitôt k Saint-Pétersbourg et lui confia en 1802 le ministère de l’instruction publique, Zostowski s’empressa d’établir des écoles primaires dans chaque paroisse, des écoles plus élevées dans les chefs-lieux, de district, des collèges dans les chefs-lieux de gouvernement et des universités dans les principales provinces. Grâce à lui, l’université deWilna fut complètement réorganisée et acquit une grande prospérité. Le ministre montra particulièrement une grande sollicitude pour la

classe indigente, et il fit assigner sur le trésor public des fonds pour venir en aide aux écoles établies dans les paroisses de chaque gouvernement.

ZOTHÉE s. f. (zo-té). Annél. Genre d’annélides, du groupe des amphinomes.

ZOTHBQOE s, f. (zo-tè-ke — gr. zotliêkê ; de zoà, j. ; vis ; thêkê, boîte, lieu fermé). Antiq. gr. Endroit d’une chambre k coucher où l’on plaçait Je lit.

— Encycl. La zolhèque était un enfoncement pratiqué pour y placer le lit, et qui avait quelque analogie avec nos alcôves modernes. Les fouilles de Pompéi ont fait découvrir des réduits de ce genre dans la maison du poète tragique et dans celle de Pansa. Il en existe aussi dans la villa d’Adrien. La zolhèque était d’autant plus utile chez les anciens qu’ils chauffaient rarement les chambres. Du moins, ils ne les chauffaient pas comme nous. Quelquefois, à la vérité, ils y faisaient venir, comme on le voit dans une lettre de Pline, de l’air chaud par le moyen de conduits qui partaient d’un foyer placé dans une partie inférieure de la maison ; mais, le plus souvent, ils se contentaient de brasiers portatifs, qu’ils laissaient quelque temps dans la chambre pour combattre la froid. Dans beaucoup de maisons même, on ne prenait d’autres précautions contre la rigueur de l’hiver que de disposer au midi les pièces qui devaient être habitées par les maîtres : ce sont les chambres qu’on nommait hetioeamini. On comprend facilement qu’avec de telles coutumes la disposition d’une chambre en zolhèque ou alcôve présentait des avantages très-appréciables.

ZOTIDE adj. (zo-ti-de — du gr. zoo", je vivilie, parce que l’oxygène entretient la vie). Chim. Qui ressemble à l’oxygène. Il Peu usité.

— s. m. pi. Famille de corps comprenant l’oxygène et ses composés.

ZOTTON, premier duc de Bénévent, mort en 591. Après avoir aidé Alboin k conquérir la Lombardie, il se mit en 591 k la tète d’une troupe de hardis aventuriers, s’empara de la principauté de bénévent, puis conquit une partie des provinces qui devaient former plus tard le royaulne de Naples. Pendant son règne, qui dura vingt ans, Zotton fut presque constamment en guerre avec les Grecs. Il eut pour successeur Arigise 1er,

ZOUAVE s. m. (zotia-ve — de zouooua, r-’.un d’une tribu kabyle). Soldat appartenant

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à un corps qui fut d’abord exclusivement composé d’indigènes de l’Algérie, n Corps de troupes des États pontificaux, créé à l’imitation des zouaves de France : Les zouaves pontificaux.

— Encvel. D’après Rufflno, Savoisien qui partagea la captivité et l’amitié de Cervantes et qui a écrit une relation du siège de Tunis par les Espagnols en 1574, les zouaves ou zuaghi formaient déjà une milice très-redoutable au service de la Sublime Porte.

« Les zuaghi, dit-il, ne sont ni Turcs ni Maures, mais pourtant ils suivent une seule et même religion. lia prétendent que leurs ancêtres étaient chrétiens, et plusieurs d’entre eux portent sur leur front rasé un tatouage représentant une croix. Rien ne peut résister à leur impétuosité. Lorsqu’on les voit au milieu du combat, ils ressemblent k une armée de lions furieux ; c’est pourquoi les Ottomans les mettent toujours an premier rang lorsqu’il s’ugit de livrer un assaut, car, pour l’empereur des Turcs, ils sont une troupe d’élite, comme l’est chez nous l’infanterie allemande. Leur costume est des plus bizarres et n’a aucune ressemblance avec celui des Turcs et des Maures. Il est d’une grande simplicité et consiste dans un mélange des ■ uniformes barbaresques et européens. Rien ne peut être comparé à leur agilité et à leur air martial. Pendant la mêlée, ils sont féroces et impitoyables ; mais lorsque le feu a cessé, ils redeviennent bons et généreux envers l’ennemi vaincu. En outre, ils suppor- ; tent avec résignation les’ fatigues de la guerréet les longues marches, et cela grâce , à une gaieté intarissable, qui est un de leurs traits caractéristiques. » Telle est la traduction exacte d’un écrivain du siècle de Charles-Quint. N’y a-t-il pas entre ces zouaves musulmans et ceux qui ont figuré dans nos armées du xixe siècle une certaine ressemblance ?

Les zouaves ne sont pas vieux, quoique leurs faits d’armes soient déjk légendaires. Un arrêté du l«f octobre 1830 du général Clausel, commandant en Algérie, approuvé par une ordonnance royale du 21 mars 1S31, créa les deux premiers bataillons de zouaves. Aussitôt après la conquête de la ville d’Alger, les troupes turques avaient été chassées du pays, et nous étions restés isolés au milieu de populations hostiles, dont nous ne connaissions ni les mœurs ni même le langage. Afin de remédier à cet isolement et aussi pour augmenter l’effectif de ses troupes, le général créa deux bataillons de zouaves, en, arabe zouaouas. Les Zouaouas sont une confédération de tribus kabyles qui habitent les gorges les plus reculées du Jurjura, hommes fiers, intrépides, belliqueux, q.ui avaient la réputation d être les meilleurs fantassins de ia régence.

On avait d’abord eu l’intention de faire des zouaves un corps spécialement indigène ; mais le recrutement arabe n’ayant pas fourni un grand nombre d’hommes, on enrôla des Européens dans ce corps. Le 1er bataillon fut bientôt sous les armes, et on lui donna pour commandant le capitaine d’état-major Maumet. Le 2« bataillon, formé presque aussitôt, fut confié au capitaine du génie Duvivier. Les officiers et les sous-ofiieiers, exclusivement Français, étaient des volontaires jeunes, entreprenants, énergiques. Les premiers volontaires de ia Charte que la gouvernement avait dirigés sur l’Afrique y furent incorporés. On y reçut aussi quelques étrangers ; mais bientôt le nombre des uns et des autres s’étant singulièrement accru, les Européens non Français furent organisés en légion étrangère. Le noyau des zouaves fut donc composé d’enfants de Paris et d’indigènes des environs d’Alger. Six semaines après la création de la nouvelle troupe, elle tenait déjà la campagne à la suite du général en chef, qui l’emmenait avec lui à la première expédition de Môdéah, où elle reçut le baptême du feu. Les zouaves donnèrent bientôt la mesure de leur courage au col de Mouzala. Les troupes étaient épuisées de fatigue ; la colonne française s’était allongée sur un étroit sentier de montagnes. L’officier qui commandait l’arrière - garde tombe blessé, et ses soldats, entourés par l’ennemi, reculent en désordre, lorsque le commandant Duvivier, voyant le péril qui menace l’armée, accourt avec le 2e bataillon de zouaves. Les indigènes poussent leur ori de guerre ; les volontaires de la Charte, qui portaient encore la blouse gauloise, entonnent la Marseillaise, et tous ensemble tombent sur les Kabyles, dont ils arrêtent la poursuite. Pendant tout le reste du jour, Duvivier couvrit la retraite ; secondé par son héroïque troupe, il se roploya de mamelon en mamelon et arriva ainsi à la ferme de Mouïaïa, où l’armée se ralliait. Cette belle retraite donna aux zouaves droit de cité dans l’armée française. Cependant, le recrutement s’était ralenti ; le 2<J bataillon ne pouvant se compléter, les deux furent réunis en un seul (1833). Le nombre des compagnies fut fixé à dix, huit françaises et deux indigènes ; il devait y avoir douze soldats français dans chaque compagnie indigène. Le capitaine Lanioricière reçut le commandement des zouaves avec le grade de chef de bataillon. Le poste de Dely-lbrahim leur fut assigné ; ils y créèrent seuls tous les établissements. C’est à cette époque que l’uni

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forme et l’équipement furent définitivement réglés. L’un et l’autre sont si connus, que ce serait peine perdue de les décrire. C’est le costume oriental sous les couleurs de l’infanterie française. Les officiers seuls avaient conservé un uniforme européen, le costuma oriental ayant été jugé trop coûteux pour des officiers. Toutefois ceux-ci, lorsqu’ils étaient en route, échangeaient leur Képi contre le chaud bonnet de laine rouge que les Turcs appellent fez et les Arabes chaehia. M. de Lamoricière n’était connu dans la province d’Alger que sous le nom de Bouchachia, le Père au bonnet, comme il le fut plus tard dans la province d’Oran sous, celui de Bou-araoua, le Père au bâton. Ils firent partie de l’expédition de Mascara en 1835 et combattirent plusieurs fois sous les yeux du duc d’Orléans, qui ne manqua pas de les apprécier à leur juste valeur, et une ordonnance du roi constitua bientôt le régiment à deux bataillons de six compagnies chacun, mais pouvant être portées à dix. M. de Lamoricière en conservait le commandement

avec le grade de lieutenant-colonel, et le nouveau régiment concourut a la prise de Constantine, où il fut décimé (1837). d’endant l’établissement des batteries, on les vit en plein jour, sous le feu de la place, relever et traîner jusqu’au sommet du Mansourah les pièces de 24 que, dans la nuit, les chevaux de l’artillerie n’avaient pu arracher à la boue. Le jour de l’assaut, ils obtinrent l’insigne honneur de marcher en tête de la première colonne. Tous ceux qui ont parcouru les galeries de Versailles se rappellent le saisissant tableau d’Horace Vernet : Lamoricière, au sommet de la brèche, où il allait disparaître bientôt dans un nuage de fumée et de poussière, au milieu d’une effroyable explosion ; à côté de lui, le commandant Viens, du génie, escaladant le pan du mur sur lequel il allait être frappé à mort ; k ses pieds, le capitaine Gardarens, tombé blessé au pied du drapeau qu’il avait planté sur la brèche et qu’il tient encore embrassé ; un peu plus bas, l’héroïque colonel Combes, du 47^, et tant d’autres braves que le peintre n’a connus que par les regrets de ses camarades 1 La gloire se paye cher : le petit bataillon fie zouaves fut plus que décimé dans ce meurtrier assaut ; plusieurs officiers étaient restés morts sur la brèche ; les autres, presque jusqu’au dernier, étaient o : i grièvement blessés ou horriblement brûlés par l’explosion. • (Les Zouaves et les chasseurs à pied.) Il fallut, au retour, compléter les cadres, ce que l’on fit en y incorporant les débris du bataillon du Méehouar. Ce bataillon était une troupe de volontaire» commandée par le capitaine Cavaignac, laquelle troupe avait déployé un courage héroïque à la défense du Méehouar ou citadelle de Tlemcen (1836). Mais si l’effectif fiançais se maintenait selon les cadres, le contingent arabe diminuait par suite de nombreuses désertions, les indigènes allant porter dans les rangs de l’ennemi l’instruction militaire que nous "leur avions donnée. On les retrouve plus tard à la tête des soldats d’Abd-el-Kader, jusqu’au fond de la province de Constantine. En 1840, le régiment des zouaves fit la campagne contre le célèbre émir. Nous ne saurions raconter ici tous les combats livrés durant cette sanglante campagne. Nous dirons seulement

que les zouaves ne manquèrent pas une course, pas un combat. Après cette campagne, l’état-major fut renouvelé, et Cavaignac fut nommé colonel, avec les commandants Le Plô et Saint-Arnaud sous ses ordres. Le général Bugeaud, comprenant le parti qu’il ’ pouvait tirer de cette iroupe courageuse et industrieuse, porta le nombre de leurs bataillons à trois (ordonnance royale du 8 septembre 1841), lui donna un état-major complet, semblable à celui de tous les régiments d’infanterie. Une seule compagnie par bataillon pouvait recevoir les indigènes et en petit nombre. On ne les y conservait en quelque sorte que pour justifier le nom et unitorme du corps, et l’on créa, sous le nom de tirailleurs indigènes, des corps spéciaux connus aujourd’hui sous le nom de turcos. Le régiment de zouaves, étant ainsi reconstitué, reçut un drapeau qui est aujourd’hui celui du l«r régiment et fut réduit par les balles à l’état ne guenille. Les trois bataillons se séparèrent pour aller servir dans chacune des provinces et devinrent le noyau des trois régiments que l’on a formés depuis. La guerre continuait sans relâche. Les zouaves furent représentés par un ou deux de leurs bataillons dans la plupart des actions importantes des campagnes de 1843 et 1844, combats acharnés contre les Kabyles, marches dans le désert, au Jurjura, dans l’Ouarenseris, chez les Beni-Meuasser, k la prise de la Smalah, et enfin à cette mémorable bataille d’Isly, qui rappelle la journée des Pyramides. Le colonel Cavaignac, continuant sa brillante carrière, avait quitté le corps par avancement au mois d’octobre 1844. Il fut remplacé par l’un des survivants de l’assaut de Constantine, le colonel Ladmirault, qui est devenu général. Parmi les officiers qui figuraient alors à la tète desîoaaves, nous citerons MM. Despinoy, de Chasseloup-Laubat, Bouat, d’Autemarre, Gardarens,

Espinasse, Tarbouriecb, qui mourut en Crimée colonel des zouaves ; tfuurbaki, devenu général, car tous les officiers qui se sentaient de l’avenir désiraient obtenir un

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commandement dans ce corps déjk célèbre. Au mois d’avril 184S, après six mois de marches et de combats, le l«T bataillon de zoua* ves venait de rentrer à Blïdah, lorsque le grand-duc Constantin, fils de l’empereur Nicolas, débarqué la veille à Alger, témoigna le désir de voir cette troupe, dont la renommée était parvenue jusqu’à Saint-Pétersbourg. Daus la nuit, les zouaves reçurent leurs uniformes neufs. Le lendemain, à neuf heures, ils étaient à Bouffurick, attendant le prince. Celui-ci, en descendant de voiture, ne put dissimuler un mouvement de surprise et manifesta son étonnement de voir une troupe robuste et bien habillée, qui ne connaissait depuis six mois d’autre lit que la terre et d’autre toit que le ciel. Il emporta de cette revue des impressions que la campagne de Crimée n’a pas effacées. Aussitôt après la révolution de Février, les zouaves changèrent de chefs et furent commandés par le colonel Canrobert. Ils assistaient en 1849 au siège de Zaatcha, qui fut aussi terrible que celui de Constantine, Les services des zouaves étaient si constamment utiles, que le gouvernement se décida k augmenter leur nombre. Un décret du 13 février 1852 donna une nouvelle organisation k leur corps. 11 devait y avoir trois régiments de trois bataillons chacun. Les trois bataillons existant devaient servir de noyau aux nouveaux régiments, qui étaient répartis entre les trois provinces de l’Algérie, savoir le îer dans la. province d’Alger, le 2e dans la province d’Oran et le se dans celle de Constantine. Ce décret, habilement exécuté, donna de fort beaux’résultats. D’anciens zouaves, de vieux soldats d’Afrique fournirent presque tout le personnel des cadres. L’armement fut aussi modifié. On leur donna le fusil rayé et l’on doubla ainsi l’efficacité de leurs services. Le 1er et le 28 zouaves eurent la plus grande part à la prise de Laghouat (185S) et y perdirent 8 officiers et 123 hommes, qui y furent mis hors de combat ; mais ce fut un de leurs capitaines qui eut l’honnenr de mettre le premier le pied dans la ville. Depuis la prise de Laghouat, la guerre d’Afrique étant k peu près terminée, le rôle des zouaves eût été un peu moins actif si une épreuve bien autrement décisive ne les eût attendus. Au mois de mars 1854, ils quittaient l’Algérie, pleins d’enthousiasme. Ils appartenaient à l’année d’Orient et firent vaillamment la campagne. Il n’y eut bientôt qu’un cri d’admiration pour ces braves soldats. Dès le jour de leur débarquement, ils avaient donné un exemple de leur manière de combattre. Les Russes avaient établi leurs batteries sur les falaises de l’Aima et nous regardaient débarquer avec le plus grand calme. Protégés par la hauteur de la colline et connaissant parfaitement le terrain sur lequel ils allaient combattre, nos ennemis se croyaient sûrs de nous vaincre. Comment les aurions-nous délogés, n’ayant pu débarquer notre artillerie ? Les Russes donc, qui comptaient sans les zouaves, avaient fait venir leurs femmes de Sébastopol, afin de leur donner le spectacle de notre défaite. Les zouaves s’avancent en silence, presque rampants. Une colonne de fumée s’élève au-dessus de la falaise. C’est une batterie qui fait feu contre eux. Un cri se fait entendre, semblable à celui du chacal ; mille cris lui répondent, et tous les hommes se laissent choir comme s’ils eussent été mes. Les boulets russes passent au-dessus de leurs tètes et blessent quelques hommes seulement. Aussitôt chacun se relève et continue sa marche, jusqu’à ce qu’un nouveau cri vienne annoncer un nouveau danger. Après une demi-heure de cette marche accidentée, nos JS’ouaves se sont avancés jusqu’au pied du rocher. Là, le canon n’est plus k craindre, mais il faut arriver à l’ennemi, et c’est le plus difficile de la besogne. Nos soldats africains, habitués k franchir les montagnes escarpées de la Kabylie, ne se montrent point êtuuités de ce nouvel obstacle. Ils grimpent sur la falaise, l’un ponant l’autre, et bientôt leur calotte rouge apparaît sur la hauteur. A cette vue, l’ennemi, stupéfait de tant de courage, de uni de ténacité, de tant d’audace, perd contenance et, attaqué à la baïonnette, il lâche pied et s’enfuit. Le premier zouave qui franchit la falaise fut un sergent-iimjor, nommé ’Fleury. Pendant tout le temps yue dura ia guerre de Crimée, les zouaves furent les héros de l’armée des alliés. Leurs moindres actions passant de bouche en bouche, grossies par la renommée, arrivaient en Europe, où elles étaient accueillies avec la plus avide curiosité. Nous renonçons à suivre les zouaves dans tous les détails du siège de Sébastopol. Ce Serait sortir du cadre restreint où nous devons nous renfermer. Nous dirons seulement que, formés en compagnies de francs-tireurs, surnommés Enfants perdus, ils furent de la plus grande utilité à l’armée. Aussi quelles ovations ne reçurent-ils pas k leur entrée à Paris après la signature de la paix ! Trois années plus tard, les zouaves furent appelés en Italie. Le 30 régiment fut le héros de l’une des premières batailles, Palestro. Depuis le matin, on se battait Sans aucun avantage, lorsque cet héruîque régiment se jeta iians l’action. Arrêté par un canal d’irrigation, il le traverse à la nage sou» le feu de l’ennemi. Ces braves franchissent un coteau, atteignent les canons autrichiens, tuent les servants sur leurs pièces, poursuivent les fuyards et en tuent 800 au passage