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offrent surtout des qualités de style, des vues littéraires ou des appréciations artistiques.

Voyages (abrégé de l'histoire générale des), par J.-F. de Laharpe (1780, 21 vol. in-8°). Les voyages sont une des sources de l’histoire ; l’histoire des nations étrangères vient se placer, par la narration des voyageurs, auprès de l’histoire particulière de chaque pays. En outre, une histoire générale des voyages présente au lecteur le tableau de la science géographique et, pour nous servir de l’expression imagée de Chateaubriand, « la feuille, de route de l’homme sur le globe, » C’est ce tableau que Laharpe a voulu donner aussi complet que possible en écrivant son Histoire générale des voyages, qui se divise en deux séries, comme il y a deux catégories de voyageurs, ceux de terre et ceux de mer. Il prend chaque partie du monde séparément et reproduit les récits des voyageurs qui s’y rapportent. Dès le début, nous lui adresserons un grave reproche, c’est, dans cette histoire censément générale, de ne pas même mentionner les voyages de l’antiquité, dont quelques-uns, tels que le Périple d’Hannon, eurent une réelle influence sur les relations des peuples entre eux. Les récits de voyageurs qui s’appelaient Platon, Hippocrate, Xénophon, Aristote, Dicéarque, Eudoxe, Eratosthène, Polybe, Jules César, Strabon, Pomponius Mêla, Tacite, Pline, Ptolémée et Pausanias renfermaient cependant des détails assez curieux, au double point de vue scientifique et historique, pour occuper une large place dans ces annales des découvertes géographiques. Après ces hommes illustres, que d’autres encore sont en droit de se plaindre d’avoir été omis par Laharpe ! Trois raisons amenèrent des voyages chez les peuples établis sur les ruines du monde, romain : le zèle de la religion, l’ardeur des conquêtes, l’esprit d’aventures et d’entreprises mêlé à l’avidité du commerce. Le zèle de la religion surtout conduisit les premiers comme les derniers des missionnaires dans les pays les plus lointains. Les ouvrages des Pères de l’Eglise mentionnent une foule de pieux voyageurs. C’est une mine que Laharpe a négligée, que généralement on n’a pas assez fouillée, et qui, sous le seul rapport de la géographie et de l’histoire des peuples, renferme des trésors. Dès le IVe siècle, les pèlerinages en terre sainte forment une partie considérable des monuments géographiques du moyen âge. A partir des croisades, sans parler des autres, n’avons-nous pas Villehardouin, Joinville et surtout Froissart, qui n’écrivit, à proprement parler, que ses voyages ; c’était en chevauchant qu’il traçait son histoire. L’examen des voyages de cette époque aurait convaincu Laharpe que la civilisation domestique du XIVe siècle était infiniment plus avancée qu’il ne se l’imaginait. Que de découvertes avaient faites les Arabes avant Marco-Polo, ce noble vénitien dont les relations devinrent le manuel des marchands en Asie et de tous les géographes en Europe !

Cependant le temps marchait, la civilisation faisait des progrès rapides ; des découvertes dues au génie de l’homme séparèrent à jamais les siècles modernes des siècles antiques et marquèrent d’un sceau nouveau les générations nouvelles. La boussole était trouvée pour guider le navigateur, la poudre à canon pour le défendre, l’imprimerie pour conserver le souvenir de ses périlleuses expéditions. Ce n’est qu’à partir de cette époque que Laharpe juge à propos de recueillir les récits des hardis voyageurs marchant pacifiquement à la conquête de l’inconnu. Les Portugais, les Espagnols, les Hollandais commencent leurs fructueuses explorations. Vasco de Gama achève une navigation d’éternelle mémoire, malgré le Génie des tempêtes, et aborde à Calicut en 1498. Tout change alors sur le globe ; le monde des anciens est détruit. La mer des Indes n’est plus une mer intérieure, un bassin entouré par les côtes de l’Asie et de l’Afrique ; c’est un océan qui, d’un côté, se joint à l’Atlantique ; de l’autre, aux mers de Chine et à une mer de l’Est, plus vaste encore. Cent royaumes civilisés, arabes ou indiens, mahomôtans ou idolâtres, des îles embaumées d’aromates précieux sont révélés aux peuples d’Occident. Une nature toute nouvelle apparaît. Le rideau qui, depuis des milliers de siècles, cachait une partie du monde se lève ; on voit à nu cet Orient dont l’histoire se mêlait pour nous aux voyages de Pythagore, aux conquêtes d’Alexandre ; aux souvenirs des croisades. Au moment ou les Portugais abordaient l’Orient, un pauvre pilote génois, longtemps repoussé de toutes les cours, Christophe Colomb, découvrait un nouvel univers aux portes du couchant, l’Amérique ; il créait un monde et ouvrait la voie aux Cortès et aux Pizarre. Jean et Sébastien Cabot, Jacques Cartier, Pouce de Léon, Walter Raleigh, Ferdinand de Soto, Hudson, Baffin, Amène, Vespuce et Solis continuaient les explorations de Colomb, et le vaisseau de Solis achevait le premier voyage autour du monde. Francis Drake, Lemaire, Behring fixaient les limites du globe, et Abel Tasman découvrait la Nouvelle-Zélande, pendant que Magellan prouvait la rondeur de la terre et l’existence des antipodes. A peine découverts, tous ces mondes devenaient une source de contestations entre les Portugais, les Espagnols, les Hollandais, les Français, les Gé-


nois, les Danois et les Anglais, tandis que les missionnaires tentaient de soumettre l’univers à l’empire de la croix.

Les premières relations de tant de découvertes sont, pour la plupart, d’une naïveté charmante ; il s’y mêle beaucoup de fables, mais ces fables n’obscurcissent point la vérité. Les auteurs de ces relations sont trop crédules sans doute, mais ils parlent en conscience ; chrétiens peu éclairés, souvent passionnés, mais sincères, s’ils vous trompent, c’est qu’ils se trompent eux-mêmes. Moines, marins, soldats employés dans ces expéditions, tous vous disent leurs dangers et leurs aventures avec une piété et une chaleur qui se communiquent. Ces espèces de nouveaux croisés qui vont en quête de nouveaux mondes racontent ce qu’ils ont vu ou appris ; sans s’en douter, ils excellent à peindre, parce qu’ils réfléchissent fidèlement l’image de l’objet placé sous leurs yeux. On sent dans leurs récits l’étonnement et l’admiration qu’ils éprouvent à la vue de ces mers inconnues, de ces terres primitives qui se déploient devant eux, de cette nature qu’ombragent des arbres gigantesques, qu’arrosent des fleuves immenses, que peuplent des animaux inconnus.

Enfin, en descendant vers notre âge commencent ces voyages modernes où la civilisation laisse briller toutes ses ressources, la science tous ses moyens. Par terre, les Chardin, les Tavernier, les Bernier, les La Condamine, les Tournefort, les Niebuhr, les Pallas, les Norden, les Shaw, les Horneman marchent en avant. Sur la mer, Drake, Sarmiento, Candish, Sebald de Weert, Suilberg, Noort, Woode Rogers, Dampier, Gemelli-Carreri, La Barbinais, Byron, Wallis, Anson, Bougainville, Cook, Carteret, La Pérouse, Entrecasteaux, Vancouver ne laissent plus un écueil inconnu.

L’océan Pacifique, cessant d’être une vaste solitude, devient un riant archipel, qui rappelle la beauté et les enchantements de la Grèce. L’Inde, si mystérieuse, n’a plus de secrets ; ses trois langues sacrées sont divulguées, ses livres les plus cachés sont traduits ; on s’est initié aux croyances philosophiques qui partagèrent les opinions de cette vieille terre ; la succession des patriarches de Bouddha est aussi connue que la généalogie de nos familles. Les sources du Gange ont été recherchées par Webb, Raper, Hearsay et Hodgson ; Moorcroft a pénétré dans le petit Thibet ; les pics d’Himalaya sont mesurés. Citer avec le major Renell mille voyageurs à qui la science est à jamais redevable, c’est chose impossible. En Afrique, le sacrifice de Mungo-Park a été suivi de plusieurs autres sacrifices : Bowdich, Toole, Belzoni, Beaufort, Peddie, Woodney ont péri. En Océanie et en Amérique, on a tout vu, tout raconté, tout peint, surtout depuis Mackensie.

Le résultat de tant d’efforts, les connaissances acquises sur tant de lieux, le mouvement de la politique, le renouvellement des générations, le progrès de la civilisation ont changé le tableau primitif du globe. Colomb découvrit l’Amérique dans la nuit du 11 au 12 octobre 1492 ; le capitaine Franklin a complété la découverte de ce monde nouveau le 18 août 1826. Que de générations écoulées, que de révolutions accomplies, que de changements arrivés chez les peuples dans cet espace de trois cent trente-trois ans neuf mois et vingt-quatre jours ! Ce sont ces révolutions, ces changements que Laharpe a voulu nous faire apprécier eu publiant son Histoire générale des voyages.

Tout ouvrage de cette valeur, outre ses enseignements spéciaux, doit contenir un enseignement moral. Celui qui ressort du recueil de Laharpe est évidemment l’éloge du progrès et nous semble parfaitement résumé par ce passage de Chateaubriand : Est-il bon que les communications entre les hommes soient devenues aussi faciles ? Les nations ne conserveraient-elles pas mieux leurs caractères en s’ignorant les unes les autres, en gardant une fidélité religieuse aux habitudes et aux traditions de leurs pères ? J’ai vu dans ma jeunesse de vieux Bretons murmurer contre les chemins que l’on voulait ouvrir dans leurs bois, alors même que ces chemins devaient élever la valeur des propriétés riveraines. Je sais qu’on peut appuyer ce système de déclamations fort touchantes ; le bon vieux temps a sans doute son mérite ; mais il faut se souvenir qu’un état politique n’en est pas meilleur parce qu’il est caduc et routinier ; autrement il faudrait convenir que le despotisme de la Chine et de l’Inde, où rien n’a changé depuis trois mille ans, est ce qu’il y a de plus parfait dans ce monde. Je ne vois pourtant pas ce qu’il peut y avoir de si heureux à s’enfermer pendant une quarantaine de siècles avec des peuples en enfance et des tyrans en décrépitude. Le goût et l’admiration du stationnaire viennent des jugements faux que l’on porte sur la vérité des faits et sur la nature de l’homme ; sur la vérité des faits, parce qu’on suppose que les anciennes mœurs étaient plus pures que les mœurs modernes, complète erreur ; sur la nature de l’homme, parce qu’on ne veut pas voir que l’esprit humain est perfectible. Les gouvernements qui arrêtent l’essor du génie ressemblent à ces oiseleurs qui brisent les ailes de l’aigle pour l’empêcher de prendre son vol. Enfin, on ne s’élève contre les progrès de la civili-


sation que par l’obsession des préjugés ; on continue à voir les peuples comme on les voyait autrefois, isolés, n’ayant rien de commun dans leurs destinées. Mais, si l’on considère l’espèce humaine comme une grande famille qui s’avance vers le même but ; si l’on ne s’imagine pas que tout est fait ici-bas pour qu’une petite province, un petit royaume restent éternellement dans leur ignorance, leur pauvreté, leurs institutions politiques telles que la barbarie, le temps et le hasard les ont produites ; alors, ce développement de l’industrie, des sciences et des arts semblera, ce qu’il est en effet, une chose légitime et naturelle. Dans ce mouvement universel, on reconnaîtra celui de la société qui, finissant son histoire particulière, commence son histoire générale. »

Envisagée sous ce point de vue, l’Histoire générale des voyages de Laharpe est une œuvre utile, un recueil plein de renseignements précieux et qu’on ne consulte pas assez. S’il est populaire, ce n’est pas qu’on le connaisse ; il le doit surtout aux comiques lamentations de Toussaint Lavenette dans les Aventures de Robert-Robert, cette charmante fantaisie de Louis Desnoyers. Le pauvre Lavenette, chaque fois qu’il lui arrive un désagrément, s’écrie : « Ah ! monsieur de Laharpe ! monsieur de Laharpe ! oser appeler un vaisseau une ville flottante ! » Et cependant Laharpe n’avait pas tort.

Voyages effectués par mer ou par terre dans les diverses parties du monde, depuis les premières découvertes jusqu’à nos jours (bibliothèque des), revus et traduits par M. Albert Montémont (Paris, 1834-1835, 46 vol.). Les voyages sont l’école de l’homme, comme l’histoire est la leçon des rois ; il ne peut faire un pas sans augmenter ses connaissances et en voir reculer l’horizon devant lui. A mesure qu’il avance, soit en observant par lui-même, soit en lisant les relations des autres, il perd un préjugé, développe son esprit, épure son goût, agrandit sa raison, s’accoutume à la bienveillance et, par besoin autant que par justice envers l’humanité, se sent porté chaque jour à devenir meilleur, en se disant avec le philosophe anglais Tolland : « Le monde est ma patrie, et tous les hommes sont frères. » Le naïf Montaigne avouait ne connaître aucun moyen plus propre à façonner la vie que « de lui proposer la diversité d’autres vies, fantaisies et usances, et lui faire goûter une si perpétuelle variété de formes de notre nature. » C’est aux voyages que l’on a dû la certitude matérielle de la sphéricité de la terre, sphéricité que les récits de Pythagore et les observations astronomiques laissaient entrevoir et que Magellan vint confirmer au commencement du XVIe siècle, à son retour de la première circumnavigation du globe. Les rapports commerciaux des peuples, des gouvernements et des particuliers furent établis successivement par des voyages, depuis les Phéniciens, qui ouvrirent la carrière, jusqu’au XIXe siècle, où ces rapports ont pris de si grands développements. Ce sont ces développements successifs que M. Albert Montémont a voulu nous faire connaître par sa publication des principaux voyages, contenant la description des mœurs, coutumes, gouvernements, cultes, sciences et arts, industrie et commerce, productions naturelles et autres des différents peuples.

Dans ce coup d’œil, nécesssairement fort incomplet, par suite de l’immensité de l’horizon qu’il embrasse, le but de l’auteur n’a pas été de traiter la matière avec de longs développements, mais de donner sur tous les pays parcourus des notions exactes et précises. M. Albert Montémont reproduit d’abord les grands voyages autour du monde, en plaçant à leur tête les premières découvertes des Portugais sous Diaz, Gama, Cabrai et Alphonse Albuquerque ; elles sont immédiatement suivies du premier voyage de circumnavigation qui ait été exécuté, c’est-à-dire celui de Magellan, cet autre Portugais dont le nom est resté au détroit ou passage qu’il découvrit dans la partie méridionale de l’Amérique, pour s’élancer de là dans le grand Océan, à qui son calme apparent mérita dans ce lieu le nom de Pacifique. Après ces voyages généraux par mer, qui sont communs à plusieurs continents, M. Montémont nous offre les relations particulières à chacune des cinq grandes divisions du globe, en observant, autant que possible, l’ordre chronologique, indispensable pour apprécier les progrès des découvertes et la marche de la civilisation.

Les éléments de cette collection universelle et méthodique sont puisés aux relations originales et aux grandes collections françaises, anglaises, espagnoles et portugaises les plus accréditées ; toutefois, l’auteur a eu le soin d’élaguer les détails purenient techniques et autres superfluités ou circonstances indifférentes ou vulgaires, qui ne font que grossir les volumes sans avantage pour la masse des lecteurs, plus volontiers attachés aux descriptions de pays et plus désireux d’en connaître les mœurs et les usages, les productions et les gouvernernents. Parmi les vastes, compilations où l’auteur a repris ce qu’elles avaient déjà tiré d’ailleurs, celles de l’abbé Prévost, de Laharpe, de Pinkerton, de Navarette et du président de Brosses occupent le premier


rang. Pour les relations plus modernes, M. Montémont a préféré, avec raison, avoir recours aux sources mêmes. Enfin, il a, on le voit, largement profité des indications renfermées dans le précieux travail de Boucher de La Richarderie, l’auteur de l’analyse complète, détaillée et raisonnée de tous les voyages anciens et modernes, analyse dans laquelle l’ordre chronologique a été rigoureusement suivi.

Les principaux voyages qui figurent dans cette importante collection sont : Voyages autour du monde de Magellan, Drake, Tasman, Dampier Roggers, Roggeween, Anson, Bougainville, Cook, La Pérouse, Vancouver, Byron, Carteret, Baudin, Freycinet, Duperrey, Dumont-d’Urville, David, Porter, Krusenstern, Kotzebue, Basil-Hall, Weddell, Beeehey, Marchand et Morell ; Voyages en Afrique de Bruce, Levaillant, Mungo-Park, Burchell, Denham et Clapperton, Laing, Dochard et Gray, Bowdich, Hutton Thompson, Cowper-Rose et Lancier ; Voyages en Asie de Chardin, Rottiers, Jaubert, Fraser, Tavernier, de Guignes, Marc Carthney, Timkowski et Amherst, Meyendorff, Mouraview, Moorcroft et Burnes, Cox, Crawford et Fynlaison, Heber, Skinner, l’abbé Dubois, Belanger et Burckhardt ; Voyages en Amérique de Christophe Colomb, Head, Beltrami, Mac-Culloch, Basil-Hall, miss Trollop-Wardin, miss Wright, Walsh, Humboldt, Mollien, Parry, Franklin et Ross ; Voyages en Océanie de Dalrymple, Flinders, Cunningham, Sturt ; Voyages en Europe de Pouqueville, Mimaut, Capel, Brook et vingt autres.

On conçoit qu’avec des éléments si divers l’unité ait été impossible à établir dans cet ouvrage. Les impressions des voyageurs dépendent, en effet, de leur caractère et varient avec les personnes. L’un s’attache surtout à la nature extérieure, un autre à l’étude des mœurs ; l’un voit les nations étrangères avec les yeux d’un commerçant, l’autre avec ceux d’un philosophe, et chacun appuie naturellement du côté où il penche. Néanmoins, M. Albert Montémont est parvenu à coordonner assez habilement entre eux ces divers voyages, et son recueil forme une des lectures les plus attrayantes et les plus instructives que nous connaissions. C’était, avant le Tour du monde de M. Charton, la meilleure publication en ce genre.

Voyage en Grèce, par Pausanias (IIe siècle après J.-C.). Cet important ouvrage est divisé en dix livres, qui, du nom des pays décrits, s’appellent Attiques, Corinthiaques, Laconiques, Messéniques, Eliques (2 livres), Archaïques, Arcadiques, Beotiques et Phociques. C’est plutôt, une description de l’ancienne Grèce, où l’auteur a jeté quelques morceaux historiques, qu’un voyage proprement dit. Pausanias décrit, dans cet ouvrage, les diverses contrées de la Grèce à une époque où ce pays était encore florissant ; il s’attache surtout aux grands monuments, dont les ruines excitent des regrets si vifs quand on les rapproche des descriptions de cet écrivain.. Il y a mêlé des faits historiques, des détails de géographie, de chronologie, de mythologie et des anecdotes sur les héros de la Grèce. C’est, en un mot, le travail le plus important que nous possédions sur l’archéologie de la Grèce. « Sans cet ouvrage, dit Schœll (Histoire de la littérature grecque profane), un des plus importants que nous ayons sur les antiquités et l’archéologie de la Grèce, Barthélémy n’aurait probablement pu écrire son Voyage d’Anacharsis ; au moins ne lui aurait-il pas donné le cadre qu’il a choisi ou l’aurait-il moins bien rempli. Dans ses recherches, Pausanias montre du jugement et de l’érudition ; cependant, il tombe quelquefois dans des erreurs. D’ailleurs, il décrit les objets en voyageur qui n’a pas toujours eu le loisir nécessaire pour tout examiner, et il les décrit dans la supposition que la Grèce resterait toujours à peu près dans l’état où il la voyait. En conséquence, il s’est contenté le plus souvent d’indiquer les objets, et quand il les décrit, il le fait d’une manière fort succincte et quelquefois obscure. Par ces raisons, les notices de Pausanias ont souvent besoin d’être passées au creuset de la critique, quoique, en général, il fasse preuve d’un excellent jugement. Sous le rapport du style, Pausanias ne peut pas être cité comme modèle ; le sien, qui est une mauvaise imitation de celui d’Hérodote, pèche souvent par une concision affectée ; il n’y a chez lui ni liaison ni transition. »

La première édition de Pausanias fut annotée par Marc Musurus ; Alde l’ancien l’imprima à Venise (1516, in-fol.) ; elle est très-fautive. La meilleure est, sans contredit, celle de Clavier, qui a eu à sa disposition quatre manuscrits de la Bibliothèque du roi ; elle forme 6 volumes in-8°, est accompagnée d’une traduction française et contient, en outre, un supplément avec notes, rédigé par P.-L. Courier. Cette édition, qui est certainement la plus estimée, a paru en 1814-1821.

Voyages ou Excursions de Benjamin de Tudèle (1178). On regarda ce rabbin espagnol comme le plus ancien et le plus célèbre des voyageurs du moyen âge. Le premier en Europe, il a renseigné le monde occidental sur les contrées lointaines de l’Orient. Il entreprit sa longue pérégrination autant dans les intérêts de son commerce qu’en vue d’étudier l’état moral et religieux de ses coreligion-