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politiques, qui n’avaient trouvé d’autre solution que l’établissement d’une monarchie étrangère. Sans point d’appui dans le pays, Amédee avait abdiqué. La république eût pu tout sauver si, après avoir lutté contre les intransigeants du Sud et l’insurrection carliste du Nord, elle n’avait été étouffée parle coup d’État de Pavia. L’Espagne était retombée entre les mains de MM. Serrano et consorts, qui lui avaient donné un gouvernement sans nom et s’étaient montrés impuissants à comprimer la guerre déchaînée par don Carlos, décidé à ruiner et à dévaster son pays sous l’ingénieux prétexte de faire son bonheur. Ce tut au milieu de l’affaissement général des esprits qu’éclata le complot militaire, habilement préparé, du 30 décembre 1874. Le fils d’Isabelle était proclamé roi le jour même, sous le nom d’Alphonse XII, à Madrid, sans la moindre résistance. M. Canovas del Castillo, qui avait tout dirigé, prit la présidence du gouvernement et de la régence en attendant

l’arrivée du jeune prince ; le duo de Sesto devint gouverneur de Madrid, et un nouveau ministère fut constitué. Contre ce coup de force et de surprise un homme seul protesta ; ce fut le prétendant don Carlos, se disant également l’unique représentant du droit monarchique de cette Espagne, taillable, corvéable et constamment à la merci des prétoriens. Le 7 janvier 1875, don Alphonse s’embarqua à Marseille pour l’Espagne et arriva quelques jours après à Madrid, où, comme tous les pouvoirs nouveaux, il fut acclamé. Il maintint à la tête des affaires M. Canovas del Castillo, représentant le parti constitutionnel, et signa un décret augmentant le budget des cultes, bien que les finances fussent complètement épuisées ; mais en infime temps, pour ne pas indisposer contre lui les libéraux, il déclara dans un discours qu’il avait l’intention de maintenir en Espagne la liberté des cultes, telle qu’elle existe dans les pays les plus civilisés. À la fin de janvier, il se rendit à l’armée du Nord, qui combattait l’insurrection carliste, et adressa en inèuie temps (22 janvier) une

Eroclamation aux habitants des provinces asques et de la Navarre pour les engager k déposer les armes : « Si c’est la foi religieuse qui vous a mis les armes k la main, leur dit-il, vous voyez en moi un roi catholique comme ses ancêtres et reconnu partout par les cardinuux et par les pieux prélats comme le réparateur des injustices qu’a éprouvées l’Eglise et comme l’un de ses plus solides appuis dans l’avenir. Avant de déployer mon drapeau sur les champs de bataille, j’ai voulu me présenter a vous un rameau d’olivier à la main. > Don Carlos répondit à cetteproclamation par une lettre dans laquelle il exprima un méprisant dédain pour son jeune cousin, et la guerre civile continua. Cette guerre fut la grande affaire du gouvernement d’Alphonse XII pendant la première année de son règne. Au mois de mars, il passa un convenio avec Cabrera, qui le reconnut comme roi et k qui il rendit toutes ses anciennes dignités ; mais l’adhésion de l’ancien chef carliste n’eut point l’effet qu’il en attendait, et ce ne fut qu’à la suite de longues opérations que ses armées du Nord et de Catalogne, sous les ordres de Jovellar et de Martinez Campos, battirent définitivement les carlistes, prirent Estella sans coup férir (février 1876) et forcèrent le vaniteux don Carlos à prendre la fuite. Le 15 du même mois, Alphonse XII fit l’ouverture des cortès chargées d’élaborer une nouvelle constitution, laquelle a reproduit presque entièrement celle de 1854 et reconnu, non la liberté des cultes, mais la tolérance envers les dissidents. Le jeune roi, qui a suivi jusqu’ici l’influence de M. Canovas del Castillo, s’est attaché à rallier les membres de l’ancien parti progressiste et a affirmé son intention de régner en souverain constitutionnel. Il a fait emprisonner, puis expulser d’Espagne le trop fameux Marfori, mais il a autorisé sa mère à revenir en Espagne (juillet 1876) et, le £8 de ce même mois, il est allé la recevoir à Santander, avec sa sœur, devenue princesse des Asturies. On doit au statuaire Oliva une très-élégante statue d’AlphonseXII, lorsqu’il était encore prince des Asturies et prétendant au troue. Elle a été exposée au Salon de 1874.

ALPHONSE DE BOURBON (don Charles-Ferdinand-Joseph-Jean-Pie), prince espagnol,

né le 12 septembre 1849. Il est le frère cadet du prétendant don Carlos, se disant Carlos VII. Don Alphonse passa sa jeunesse k l’étranger et épousa à Heubach (Uavière), le 26 avril 1871, l’infante Maria das Neves, plus connue sous le nom de doua Blanca, tille de dom Miguel, ex-régeut de Portugal, et alors âgée de dix-neuf ans. Le jeune prince, exilé de son pays, fut élevé comme son frère dans les idées ultra-absolutistes et cléricales, et on lui inspira de bonne heure l’horreur du progrès et de la liberté. Don Aluhonse n’avait point encore fait parler de lui, Airsqu’il plut à son frère don Carlos de déchaîner la guerre civile sur l’Espagne et de dévaster ce pays dans l’espoir de s’emparer du trône. Lorsque, en 1873, l’insurrection fut en pleine vigueur, il se rendit en Espagne, accompagné de sa femme, qui le suivit fréquemment à cheval dans ses expéditions.

Au bout de quelques mois, il quitta l’armée,

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mais il revint rejoindre son frère dans les provinces basques en avril 1874, et il reçut alors, outre le commandement des quatre provinces de la Catalogne, celui des provinces de Valence, du haut et du bas Aragon, et les corps qui opérèrent sous ses ordres prirent le nom d’armée carliste du centre. Dépourvu de tout talent militaire, don Alphonse se fit successivement battre au Grauae-Prats, à Salomo, à Gandesa, à Alcova,

où don Henri de Bourbon fut tué à la tête des zouaves carlistes (16 juin) ; à Teruel (6 juillet), qu’il attaqua, accompagné de sa femme, et ou une poignée de gardes civiques lui fit éprouver un grave échec. Toujours suivi de dofia Blanca, don Alphonse, à la tète de 14 bataillons, attaqua, le 14 juillet, la ville de Cuença, qu’il fit livrer au pillage et k l’incendie, et ou ses soldats massacrèrent sous ses yeux un grand nombre d’habitants. La conduite du frère de don Carlos dans cette affaire souleva contre lui l’indignation générale. Poursuivant le coûts de ses aventures guerrières, don Alphonse ordonna, partout où il passa, de chasser les libéraux, de confisquer leurs biens et de fusiller les prisonniers qui refusaient d’entrer dans les rangs carlistes. Au mois d’octobre, se voyant harcelé par les troupes régulières, il abandonna son projet de repasser l’Ebre. Ce même mois, don Carlos, médiocrement satisfait des talents de son frère, sépara l’armée de Catalogue de celle du centre et lui enleva la direction de la première. Vivement froissé, don Alphonse, dans un ordre du jour daté de Lu Gandea, le 20 octobre 1S74, annonça à l’armée du centre que les plans qu’il avait formés se trouvant détruits par suite de la détermination du roi, il quittait l’Espagne, • attendant le moment ou ses services seraient jugés utiles a la cause de Dieu, de la patrie et du roi, • En conséquence, il repassa l’Ebre le 21 octobre, atteignit Urgel avec sa femme, entra en France et Se rendit immédiatement k Graiz, en Styrie. Au commencement île l’année suivante, le gouvernement espagnol fit lancer par la cour militaire de la Nouvelle-Castille un mandat d’arrêt contre don Alphonse, i accusé d’incendie, de viol et d’assassinat, » demanda soa extradition pour crimes de droit commun au gouvernement autrichien et au cabinet de Berlin, s’il se présentait sur le territoire de l’Allemagne du Nord. Le cabinet de Vienne ne tint pas compte de cette demande, mais il n’en fut pas de même du gouvernement allemand, qui lança contre don Alphonse un ordre d’arrestation (23 mars 1875). Pendant ce temps, le jeune défenseur de I Église et de la monarchie, selon la tradition du bon vieux temps, visitait la Bavière, où le roi Louis lui refusa une audience ; il se rendit ensuite kFrohsdorf, auprès du comte de Chambord, puis alla k Vienne. Il venait de revenir à Gratz, lorsque les étudiants et une partie de la population l’accueillirent par des manifestations tumultueuses (tin avril 1875). Il fallut l’intervention du gouvernement pour mettre un terme à l’expression de l’indignation populaire, et le 30 avril don Alphonse et doua Blanca quittèrent Gratz pour se rendre k Saizbourg.

’ ALPHONSINE ou ALFONSINE s. f. Thèse theoiogique que soutenaient les bacheliers k l’université d’Alcala.

ALP1EL, nom donné par le Talmud k un ange protecteur des arbres k fruit.

ALPINES, ramification des Alpes Maritimes, dans le département des Bouches-du-Rhône ; 835 met. d’altitude.

Alpines (canal des), canal d’irrigation du département des Bouches-du-Rhôue ; il a sa prise d’eau dans la Durance, rive gauche, à Mallemort (canton d’Eyguières), et, se divisant bientôt en plusieurs branches, il va féconder diverses parties du département. Ses principaux bras sont ceux de Mallemort, d’Orgon, de Lamanon, du Merle, d’Eyguières et d’Arles ; il arrose et fertilise Senas, Orgon, Saint-Andiol, Saint-Remy, et retombe dans la Durance au-dessous des Cabanues (canton d’Orgon). La branche mère a 36 kilom. de longueur. La construction de ce canal, qui S’appela d’abord canal de Boisgelin, du nom de l archevêque d’Aix, alors administrateur de la Provence, fut ordonnée en 1772. En 1791, il prit le nom qu’il porte encore de nos jours.

ALPIN US, poète romain qui vivait au ier siècle avant notre ère. Horace, dans sa satire X. (livre Ier), parle d’Alpinus en ces termes : • Pendant que l’enflé Alpinus égorge le fils de l’Aurore, qu’il dessine a gros traits la tête limoneuse du Rhin, j’ai pris le parti de m’amuser sur de petits sujets qui n’iront jamais retentir dans le temple d’Apollon. > Horace fait allusion k un poëme sur la mort de Memnon, tué par Achille, que composait alors Alpinus. C’est tout ce qu’on sait sur ce poêle, qui, d’après quelques critiques, ne serait autre que Gallus.

ALPIQUE adj. (al-pi-ke). Qui appartient, qui a rapport aux Alpes : Chaîne alpique. Système alpiquk.

ALPNACU, petite ville de Suisse (canton d’Unterwalden), au pied du mont Pilate ; 1,630 hab. catholiques. Alpnach a donné son nom au golfe du lac de Lucerue sur lequel i> est eu partie situé.

ALSA

A LPSTE1N, extrémité N. de la ramification des Alpes qui, depuis le lac de Wallenstadt, se dirige au N. entre le Toggenburg, Sargans et Sax, et termine k l’E., par le Kamor, la chaîne suisse. ■ Ce chaînon, dit M. Adolphe Joanne, a 6 lieues de l’O. k l’E. et 4 lieues du S. au N. On donne le nom de Sxntis k sa plus haute montugne placée au point de jonction de ses différentes chaînes. Cette montagne a deux sommets séparés par un glacier. Ses flancs sont nus, escarpés, entrecoupés da précipices : le versant S. appartient au Toggenburg, le versant E. aux Rhodes intérieures. Le sommet N. (2,367 met.) s’appelle Gyrenspitz (Geyer, Gyr, vautour). Le sommet S. est le Sœntis proprement dit, appelé quelquefois le grand Messmer, et de forme pyramidale (2,504 met.). ■

ALPTÉGHVN, fondateur de la dynastie des Goziiévides, dans la seconde moitié du xe siècle. IsmaBl, dont il était l’esclave, lui

i y an t rendu la liberté, il se fit soldat, montra

une grande bravoure et devint général, puis gouverneur du Khoraçan. À la mort ri’Abd-el-Mélefc, il voulut empêcher Mansour, frère de celui-ci, de lui succéder. Mansour envoya contre lui une armée de 15,000 hommes, qu’il vainquit et dont il fit un grand carnage. Devenu ainsi maître de Gazna, il eu fit-la capitale de ses Etals et y régna jusqu’à sa mort, arrivée en 975.

’ ALQUIÉ (Alexis). — Alexis Alquié est mort en 1865. On lui doit plusieurs ouvrages : Cours élémentaire de pat/toloyie chirurgicale d’après la doctrine de l’école de Montpellier (1845, in-8o) ; Précis de la doctrine médicale de l’école de Montpellier[i&iT, -Sa)i

Chirurgie conservatrice et moyen de restreindre l’utilité des opérations, avec dessins lithographies par l’auteur (1850, in-8°) ; Clinique chirurgicale de VHôtel-Dieu de Montpellier, aveu dessins (1852-1858, 2 vol. in-Su) ; Étude médicale et expérimentale de l’homicide réel ou simulé par strangulation, relativement aux attentats dont Maurice Roux a été l’objet (1864, in-8"), etc.

ALRAMECH. Astron. Autre orthographe du mot aramech. V. ce dernier mot au tome Icr.

ALHINACH, démon qui préside aux tempêtes, aux tremblements de terre, aux pluies, aux grêles, etc. Lorsqu’il se rend visible, c’est toujours sous les traits ot les habits d’une femme.


ALRUCCABAH s.m. (al-ruk-ka-ba). Astron, Nom arabe de l’étoile polaire.


ALSACE. — Cette ancienne province de France fait aujourd’hui partie de l’Alsace-Lorraine. L'Alsace avait une étendue d'environ 46 lieues du midi au nord, et de 8 à 12 de l'E. à l'O. Resserrée entre les Vosges à l'O. et le Rhin à l'E., elle s'étendait, du S. au N., de Belfort à Wissembourg.. Elle était bornée au S. par la Suisse, au-S.-O. par la Franche-Comté, à l'E. par le grand-duché de Bade, à l'O. par la Lorraine, au N. par le Palatinat, entre 47° 25' et 49° 5' de latit., et entre 40 24' et 50 58' de longit. L'étendue de cette contrée a d'ailleurs reçu à diverses époques des modifications. Sous la domination romaine, elle était partagée entre deux provinces gauloises ; la partie septentrionale, ou Nordgau, appartenait à la Germanie, et la partie septentrionale, ou Sundgau, était comprise dans la Séquanaise. Cette division s'est perpétuée et a donné lieu aux dénominations de haute et basse Alsace. Sous la domination des Francs, le duché d'Alsace allait, au midi , jusqu'à l'Aar et s'arrêtait, au nord, à la Lauter ; sous celle des Carlovingiens, il atteignait la Birse, dans le pays de Bâle. Plus tard, durant la première période germanique, le duché de Bourgogne ayant pris de l'extension vers le midi, le duché d'Alsace se vit privé de l'évêché de Bâle, qui passa à la Bourgogne. Les Vosges formaient la séparation de l'Alsace et de la Lorraine. Quant au Rhin, qui semble former une limite naturelle de cette contrée, il ne fut pas toujours considéré comme une barrière infranchissable ; l'Alsace eut des dépendances dans le Brisgau, ainsi qu'on le voit dans le traité de 1645, qui réunit cette province à la France. Enfin, lorsqu'en 1790 on décida la division en départements, on dut prendre une petite partie de la Lorraine.

Population. Suivant M. de Lagrange, la population alsacienne, « dont le naturel est la joie, puisqu'on ne voyait autrefois dans la province que violons et danses, a été réduite par les guerres depuis deux siècles aux deux tiers de son importance primitive. On voit dans les anciens registres que, avant les grandes guerres d'Allemagne, le nombre des villages, familles et feux de la haute et de la basse Alsace montait à un tiers de plus qu'à présent. » Il est difficile, d'ailleurs, de dire exactement quelle était autrefois la population du pays. Ce qui est certain, c'est que, depuis la fin du XVIIe siècle, cette population a augmenté d'une manière continue. Elle était de 500,000 individus environ en 1700, de 711,000 en 1789, année de la création des départements.

Les caractères physiques des Alsaciens varient sensiblement et présentent souvent des différences notables d'un canton à l'autre. Dans les grands centres de population, comme Strasbourg et Mulhouse, la fréquence et la multiplicité des croisements d'éléments étrangers ne permettent pas de reconnaitre de type particulier prédominant. Dans la plaine de l'Ill et du Rhin, disent MM. Tourdes et Stoeber, dans leur statistique médicale, « l'habitant de nos campagnes est plutôt au-dessus qu'au-dessous de la taille moyenne ; il a la tête volumineuse ; sa charpente est large, il est fortement membré ; ses cheveux sont d'un châtain clair, bien plus souvent que foncé ; ils sont rarement noirs ; les iris sont d'un brun clair, bleu ou gris ; beaucoup d'enfants ont les cheveux blonds et ne brunissent qu'en avançant en âge. » Ces caractères, d'ailleurs, ne sont pas absolus, et les Alsaciens se ressentent des immigrations et des mélanges de leurs ancêtres ; leur race, en somme, n'est pas pure, et leur type reste indécis. Avant la conquête de César, les Kymris occupaient le nord de l'Alsace, s'étendant aussi en Lorraine sur l'autre versant des Vosges ; les tribus gauloises occupaient une grande partie du Haut-Rhin et s'étendaient en Suisse jusqu'au Jura ; enfin les tribus germaniques, les Triboques, les Némètes, les Vangiones, étaient en possession du centre de la province et surtout des deux rives du Rhin. Refoulées de toutes parts dans la suite, ces peuplades laissèrent le champ libre aux Francs et aux Alemans.

Quoi qu'il en soit, au reste, de ces ressemblances plus ou moins appréciables et sensibles avec le type allemand, on peut dire que le caractère moral change complètement d'une rive du Rhin à l'autre. « Les habitants de l'Alsace, dit M. Ch. Grad, sont plus remuants, plus actifs que leurs voisins. Ils restent dignes fils de ces Francs, qui, vainqueurs au Ve siècle des Romains et des Alemans, se vantaient déjà alors de comprendre et d'aimer mieux la liberté que les autres tribus de souche germaine... L'adhésion aux principes de liberté et du droit universel, proclamé le 4 août 1789, nous a définitivement réunis tous par les liens d'une fraternité indissoluble. »

- Géographie statistique. Productions, commerce, etc. V. RHIN (Haut-) et RHIN (Bas-).

- Histoire. Pendant les six ou sept siècles qui précédèrent l'ère chrétienne, l'Alsace fut occupée par des peuplades celtiques du gauloises, et elles n'ont laissé de leur passage que des traces difficiles à reconnaître. Le jour commence à se faire à partir de l'époque où César culbuta les bandes alémanniques d'Arioviste (58 av. J.-C.). Alors les Tribuques, hordes germaniques qui avaient refoulé les Médiomatriciens dans les Vosges, occupaient en grande partie les plaines de la basse Alsace. César, ayant divisé à la manière romaine le pays conquis, comprit la basse Alsace dans la Gaule Celtique ; plus tard, d'autres divisions rattachèrent la haute Alsace la province Lyonnaise et la basse Alsace à la Germanie Supérieure. À cette époque, les peuplades qui habitaient la contrée appartenaient au culte druidique. Les ténèbres d'une ignorance grossière enveloppaient cette partie de la Gaule : point de routes, point de commerce, point d'organisation sociale.

Le gouvernement de l'empereur Auguste accomplit Une grande révolution sur les bords du Rhin. C'est de cette époque que datent ces admirables chaussées romaines qui coulaient les unes du sud au nord, unissant les principaux établissements fortifiés, les autres à l'ouest, d'Argentoratum (Strasbourg) à Tres Tabernae, sans compter les nombreuses lignes vicinales. En facilitant les communications, ces toutes répandirent le mouvement, apportèrent la vie et développèrent, dans une certaine mesure, le goût de l'industrie. Argentoratum, l'un des principaux centres du pays, possédait une grande fabrique d'armes de toute espèce ; on y avait aussi établi un atelier monétaire. Plusieurs places fortes existaient encore, outre Strasbourg. Ainsi, Saverne, Brumpt, Drusenheim, Seltz, etc., semblent remonter jusqu'à ce siècle.

Mais bientôt s'accomplit la grande révolution qui devait, avec le christianisme, renouveler la face du monde romain. Vers la fin du IIIe siècle (292) , les Alemans avaient une première fois franchi le Rhin ; dans le courant de la première moitié du IVe siècle, ils renouvelèrent leurs invasions. Souvent repoussés et battus, mais jamais domptés et recrutant sans cesse des hordes nouvelles, ils reparaissaient toujours et ravagaient [sic] l'Alsace. Les victoires de Caracalla, de Maximin, d'Aurélien, de Probus, de Maximien, de Constance Chlore, de Constantin les avaient maintes fois repoussés de la Gaule. Julien refoula les barbares et les battit dans une formidable rencontre à Argentoratum, en 357. « Le Rhin, nous dit l'historien Ammien Marcellin, le Rhin écumait de sang barbare, changeait de couleur et s'étonnait de se gonfler. »

Le dernier jour de l'an 406 , les Vandales, les Suèves et les Alains passèrent le fleuve ; leurs hordes promenèrent partout le feu et le sang, égorgeant les habitants, réduisant en cendres Argentoratum et les autres villes qu'elles envahissaient.

L'invasion franque fit subir à la rive gauche du Rhin une métamorphose aussi complète que l'avait été celle qu'avait opérée la conquête romaine. La langue latine et les derniers vestiges de la langue celtique disparurent devant la langue teutonique, que