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que la villo do Néomanie est au delà des mers. On s’embarque ; il fait gros temps, les passagers sé plaident ; selon eux, lu manneuvre est mal faite. Adule prend chacun d’eux à part et tout bas leur dit : « Eh I messieurs, pourquoi laisser faire le pilote à son gré ? ne voyez-vous pas que votre iraversée sera éternelle et que les vivres manqueront ? Quand vous en serez la, vous gémirez d’être demeurés dans une confiance passive, tandis que vos talents pouvaient prévenir ce malheur. Allons ! sortez de cette dangereuse inertie, exigez que toutes tes voiles soient déployées ; ou plutôt emparezvous de la manœuvre et montrez à ces vieux marins, esclaves de l’ancienne routine, qu’avec de l’activité et de l’énergie on a déjà surmonté les obstacles lorsque le froid et lent calcul doute encore qu’on puisse les éluder. » Les passagers convaincus par Adule se mettent à la manœuvre, dont ils ne connaissent pas le premier mot, et le navire est alors bien sérieusement en danger. Enfin on aborde ; Ann’Quin admire la ville do Néomanie et aperçoit bien loin sur une montagne une sorte de temple portant une-inscription gravée sur son fronton. Ce temple est tellement noyé dans une vapeur indécise que le malheureux a beau regarder, se haussant sur la pointe des pieds, il ne distingue pas l’inscription. Enfin, à l’aide d’une lunette d’approche, il finit par épeler les trois premières lettres : L1B. Impossible de voir la suite. Et Mme Jern’ifle, qui, pour l’auteur, personnifie, nous l’avons dit, le bon sens, et qui paraît avoir deviné le mot invisible, s’écrie : « Oui, c’est une bien belle chose que la pierre philosophale. >

Ann’Quin Bredouille et sa suite cherchent à dîner : le chapitre qui traite de ceci est intitulé ; la Gargote florifère. D’abord citons l’allusion à Marat ; elle est vive et tranche un peu sur le caractère placide du livre : « Nous vîmes de loin sur la porte d’une espèce de caverne quelque chose qui s’agitait d’une manière si violente et qui hurlait si effrayamnient que nous crûmes que c’était une

bête féroce, ce qui étonnait beaucoup Ann’-Quin Bredouille ; mais Ann’Quin Bredouille était un sot, car ce qu’il prenait au moins pour une hyène était un homme, et de plus un homme de sa connaissance. Avant d’être assez près pour reconnaître le personnage, nous savions son nom par l’inscription que nous lûmes sur sa porte. Elle était en lettres du rouge le plus vif et offrait ces mots : « Tamar traite en ami le tiers et le quart. » Suivent des détails burlesques sur la cuisine de Marat, i ancien marchand de santé, dit Ann’Quin Bredouille, ei actuellement gar’ gotier ; Dieu soit loué i nous dînerons. » Erreur ! « 11 y avait une si grande quantité de sel, de poivre, de moutarde, d’épices et même d’assa fœtiila que, dès le premier morceau, on avait la bouche en feu. » Ann’Quin s’enfuit à jeun et s’adresse à une autre hôtellerie. Ici, c’est la satire des Actes des apôtres. Cette fois « des mets de bon genra y sont présentés on ne peut plus gaiement par plusieurs servants, tous aussi aimables drilles les uns que les autres. Il est vrai que, tout en riant, ils montrent des dents qui ne laissent pas que d’être aiguës et qui mordillent sans cesse, tnais ils y mettent tant de grâce 1 p Et le bon sens, représenté par l’éternelle et acnriâtre Mme Jern’ilîe, de dire : «Tant pis 1 Notre voisin a eu comme cela une charmante souris qui mordillait si gentiment qu’un de ses plaisirs était de lui abandonner son petit doigt. Qu’arriva-t-il ? cette monlillerie souvent répétée finit par envenimer la main et par faire plaie.» Enfin les malheureux finissent par dîner chez une vieille femme qui leur offre ■ une tranche de bœuf tout uniment, comme du temps du roi Guillemot. ■

Nous nous arrêterons un instant à l’allusion à la fête du Champ-de-Mars (la plaine de« Lon-lan-la-derirette, »dit l’auteur). Après avoir décrit d’un ton narquois l’enthousiasme de la foule à cette fête de la Fédération, Gorjy s’en prend à la manie guerrière qui s’était emparée alors de la Fiance entière : « Je ne parle pas de ces espèces de bacchantes aux coiffes de travers, aux yeux furibonds, aux joues couvertes d’un rouge de cabaret, qui parcouraient les rangs du peuple en proférant des blasphèmes et des malédictions. Quant aux armes, promenez vos

idées depuis le canon jusqu’aux épingles, vous ne trouverez rien qui ne fût là. L’un avait une pertuisane, l’autre une vieille carabine à rouet ; un autre portait le fût d’un fusil dont son voisin avait le canon, et dont la batterie était dans les mains d’un troisième à dix pas de là, etc. Toute cette multitude, animée par une musique guerrière, chantait à l’envi le refrain à la mode : Ah ! ça irai ça irai Eh quoil s’écrie Ann’Quin Bredouille stupéfait, est-ce que l’on verra souvent une quantité aussi immense d’hommes assemblés sous les armesî — Non, pas à la fois, répond Mffl« Jern’ifle ; il y en aura les trois quarts qui resteront au coin de leur cheminée pour s accoutumer au feu. »

Les derniers volumes sont assez humouristiques. Signalons le récit d’une partie de cartes dan3 la vilie de Néomanie. Voici les règles du jeu : « Une poignée de basses Cartes prises au hasard. Beaucoup de piques. Peu de cœurs. Grand nombre de valets. Un seul roi. On mêle ; chacun se précipite sur

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le tas et emporte autant de cartes qu’il peut. Si, dans les débats que cela occasionne, il y a quelques cartes déchirées, on les jette sous la table et l’on n’en parle plus. Ce sont les piques qui gagnent. Les basses cartes prises une a une n’ont aucune valeur, mais réunies sous la conduite des valets, ce sont elles qui emportent les mises. Le roi n’est guère que représentant ou auxiliaire ; sitôt qu’il entre en jeu, il est pris. On le place au milieu de la table, entouré d’un cercle de basses cartes ; là, il n’est plus que spectateur de la partie. »

Nous terminerons cette analyse par un dernier tableau, le plus sombre, mais peut-êtro aussi le mieux réussi : la guillotine. C’est l’inventeur qui parle : « Mes chers frères, en ma qualité de docteur machiniste, je suis parvenu à inventer avec mon teinturier la ravissante machine que vous voyez. Vous pouvez remarquer que j’y ai réuni tout ce qui peut flatter agréablement la vue. Je n’ai point oublié non plus les autres sens. Ces rieurs attachées en guirlandes exhalent des parfums exquis ; sous l’estrade est un jeu de serinette monté pour des airs fort joyeux, comme celui-ci :Ma commère, quand je danse, ou cet autre : Adieu donc, dame Françoise, ou bien celui-là : Bonsoir, la compagnie. J’oubliais de vous faire remarquer que l’on sera porté sur l’estrade par un fauteuil mécanique, afin d’épargner au patient la peine même de marcher, car les plus grands forfaits méritent tous les égards imaginables. Arrivé ici, l’acteur se placera entre les deux colonnes ; on le priera d’appuyer l’oreille sur ce stylobate, sous le prétexte qu’il entendra beaucoup mieux les sons délicieux que rendra le jeu de serinette ; et au moment lé plus capable de le ravir en extase, une détente fera tomber la hache, et la tête sera si subtilement tranchée qu’elle-même longtemps doutera qu’elle le soit. Il faudra, pour l’en convaincre, les applaudissements dont retentira nécessairement la pince publique, n Nous arrêterons notre analyse sur ce morceau caractéristique. Le style se rapproche un peu de celui de Sterne, dont Ann’Quin Bredouille prétend descendre par Tristram Shandy. En général, le ton qui domine, c’est le scepticisme, Gorjy, quelque part, se ineten scène et dit de lui-même : « Dans l’impossibilité d’être utile, au milieu d’une grande confusion, ce que j’ai de mieux à faire c’est de ne pas l’augmenter. — Mais si nous périssons, dit Ann -Quin. — Je n’aurai pas eu la peine inutile que vous voudriez que je prisse ; mais rassurez-vous, ce navire-ci est d’une construction tellement solide que, dût-il essuyer encore plus d’orages, il y résisterait. La traversée sera langue, fatigante, mais on s’en tirera. » On le voit, le scepticisme de l’auteur quant au présent est empreint d’une touchante confiance en l’avenir. Œuvre d’un homme de talent et digne d’estime, Ann’Quin Bredouille est en somme un des meilleurs pamphlets contre-révolutionnaires qui aient paru.

Ànnantre météorologique- et agricole de l’obnervatoire de MotuaaurU, fondé en 1871. La météorologie, qui ne fut longtemps qu’une sorte de superfétation de la physique générale, tend, depuis quelques années seulement, à revêtir tous les caractères d’une science distincte. Mais, quelque développement qu’elle soit appelée à prendre dans l’avenir, il faut bien reconnaître que l’objet essentiellement variable et mobile de ses observations l’empêchera toujours d’atteindre à la rigueur mathématique, à la précision des lois de l’astronomie. Mais de ce que l’observation est presque tout, le calcul très-peu de chose en météorologie, il faut en conclure, non pas, comme quelques-uns l’ont fait, l’inanité de cette science, mais la nécessité pour elle de posséder de nombreux et puissants moyens d’observation, pour en déduire avec moins d’incertitude les lois qu’elle ne peut demander qu’à l’étude et à la comparaison des faits. La théorie joue un rôle immense dans l’astronomie ; elle n’en a aucun ou presque aucun dans la météorologie ; ai donc les observations astronomiques sont indispensables, les observations météorologiques sont encore plus nécessaires. L’observatoire fondé, il était nécessaire de tenir un compte exact et rigoureux des faits qu’un y avait constatés et étudiés ; de là la publication du bulletin mensuel, qui a pris, sous l’habite direction de M. Marié-Davy, une place si honorable parmi les publications scientifiques. Mais comme les observations météorologiques ont une importance pratique incontestable ; comme, d ailleurs, le public prend un goût de plus en plus marqué à ces études, on a senti bientôt la nécessité de résumer les observations de chaque année sous une forme populaire, tout à fait analogue à celle de VAnnuaire du bureau des longitudes. Ce petit volume, bondé de faits intéressants, a paru déjà pour la sixième fois, et le public l’accueille avec une faveur qui ne peut manquer de s’accroître. Est-ce à dire qu’il soit parfait ? Non, assurément. Nous aurions mieux aimé, pour notre part, que les rédacteurs, moins préoccupés de produire un volume d’une épaisseur respectable, se fussent dispensés d’emprunter à l’autre annuaire un calendrier, un annuaire du soleil, de la lune et des planètes, la prédiction des éclipses, le tableau des levers.et des cou ANOM

chers du soleil, tous événements assez étrangers à la météorologie et pour lesquels il paraîtrait préférable de renvoyer à l’annuaire spécial, c’est-à-dire à l’Annuaire astronomique. Mais cela.n’est qu’un détail insignifiant. Un défaut plus grave, mais inévitable peut-être dans une science aussi conjecturale que l’est encore la météorologie, ce sont les renseignements tout à fait problématiques, tels que ces grandes tables actinomètriques qui s’étalent dans l’Annuat’re, et surtout.ces tables des épaisseurs atmosphériques, uniquement fondées sur une hypothèse des plus contestées. Peut-être serait - il bon d’éliminer de Y Annuaire tous ces « peut-être i plus ou moins séduisants et de le limiter à des renseignements plus certains ou plus probables. La science populaire ne comporte pas tant de doutes et surtout tant d’affirmations téméraires. Nous ne trouvons rien à redire à la partie agricole, sinon que nous la désirerions plus étendue, ce qui est, ce nous semble, en faire un fort bel éloge. Nous ajouterons, à la louange des rédacteurs de cet intéressant Annuaire, qu’en dehors des tables actinomètriques que nous avons critiquées, ils s’abstiennent presque toujours de tirer des déductions hasardées de leurs observations ; qu’ils évitent surtout de se lancer dans la prédiction du temps, sagesse très-méritoire et presque inattendue, à une époque où des hommes si haut placés leur donnent, à ce sujet, l’exemple de la témérité. Leurs études psychroniètriques, thermométriques, barométriques, etc., sont très-sérieuses, très-belles, très-intéressantes ; si à l’exactitude scrupuleuse de l’observation ils savent joindre la réserve dans les hypothèses, ils ont mille chances contre une de donner à la science météorologique tout le caractère de certitude, de positivisme scientifique dont elle est susceptible. Assez d’autres, las d’être des astronomes, se sont faits astrologues ; les savants de Mont-Souris, peu jaloux de la gloire desdevineurs de temps, sauront se résoudre à rester ce qu’ils sont à un degré éminent : des météorologues.

  • ANNUMBI S. m.— Encycl. Ornith. En introduisant

le sous-genre anntimbi dans son genre anabate, Lafresnaye lui a assigné pour caractères : beede longueur médiocre, légèrement arqué, fortement comprimé ; queue longue, très-étagée ; tarses et doigts courts et robustes, les ongles médiocrement arqués ; rémiges très-courtes ; plumes frontales acuminées, rigides. Ce qui distingue surtout les annumbis des autres anabates, c’est leur mode de nidification. Ils construisent leurs nids dans de véritables fagots d’épines, percés de plusieurs ouvertures -et galeries. Parmi les espèces de ce sous-genre, on cite : l’anitumbi d’Azara ou fournier aunumbi, l’annumbi rouge ou fournier rouge, l’anabate à front rouge, le sphénure frontal, le malure jaseuf, l’aimumbi à tête striée, Vannumbi à cou strié.

ANOBRETH, nymphe, épouse de Saturne et mère de Jéhud, selon Porphyre.

ANOGCODE s. m. (a-no-gko-de — du gr. an, préf. priv. ; ogkôdês, enflé). Entom. Genre d’insectes coléoptères, de la famille des sténélytres.

— Encycl. Ce genre, établi par Dejean, est voisin des œdémèves, dont il se distingue pur ses cuisses postérieures non renflées, et des autres genres voisins par la forme arrondie de son écusson. On en connaît onze espèces, dont huit européennes, une de Sibérie, une de la Guinée et une de la Perse occidentale.

  • ANOMAL, ALE adj.

— s. m. pi. Crust. Groupe de décapodes macroures.

— Encycl. Anomaux. Latreille a créé ce groupe pour les crustacés chez lesquels les deux ou les quatre derniers pieds sont plus petits que les autres, dont l’abdomen n’offre jamais en dessous plus de quatre paires de pattes et qui ont les pièces latérales de la nageoire caudale rejetées de côté et ne formant pas avec le dernier segment une nageoire en éventail. Ce groupe contient deux familles, celle otes hippides et celle des paguriens.

  • ANOMALIPÈDE s. m. — Entom. Genre

d’insectes coléoptères, de la famille des mélasomes, tribu des blapsides. Syn. d’nÉTÉROscèle.

  • ANOMIE s. f. — Encycl. Mol !. Deshayes,

qui a discuté avec le plus grand soin les caractères de ce genre, est arrivé à cette conclusion inattendue qu’il faudrait le détacher définitivement de la famille des ostracés pour

le rejeter dans celle des brachiopodes. Un examen attentif lui a fait découvrir, en effet, que ces prétendues huîtres ont un rudiment de pied, ce qui ne saurait exister chez les huîtres vraies ; qu’elles sont privées des quatre palpes labiales dont les huîtres sont pourvues ; que les anomies ont d’innombrables quantités d’œufs accumulés entre les parois du manteau, ce qui n’a jamais été observé ni chez les huîtres, ni même chez aucun autre genre de la famille des lamellibranches.

ANOMOIA s. m. (a-no-mo-ia — du gr. anomoios, dissemblable). Entom. Genre d’insec AN ON

tes coléoptères, de la famille de chrysomélines.

— Encycl. Ce genre, créé par Chevrolat, a pour caractères : chaperon à trou éebuncrures anguleuses ; tête rugueuse, à front lisse et convexe ; antennes de douze articles ; tarse long, à troisième article légèrement bilobé. Un fait remarquable, et qui a valu au genre le nom qu’on lui donne, ce sont les différences de coloration et de forme qui distinguent les deux sexes. Les mâles, en effet, sont d’un jaune pâle, au lieu que les femelles sont noires ou rougeâtres, et les pattes antérieures sont beaucoup plus longues chez les mâle- !. On connaît trois espèces de ce genre, habitant l’une l’Amérique du Nord, une autre le Mexique et la troisième la Colombie.

Anonymes (DICTIONNAIRE DES) el de» pseudonyme», par Antoine-Alexandre Barbier

(1806-1808, "4 vol. iu-80). La première édition de ce dictionnaire ne contenait pas au delà de 12,000 titres d’ouvrages ; mais ce nombre fut augmenté de près du double dans la seconde édition, qui parut en 1821. Quelques ouvrages du même genre avaient déjà été publiés. Le dictionnaire de Barbier «avait pas été sans précédents ; mais la facilité des informations et des renseignements manquait aux auteurs de ces recueils, nécessairement incomplets et insuffisants. Les développements de la presse et du journalisme, l’éveil de la curiosité publique, la multitude des renseignements et l’empressement de ta critique à les contrôler ont été pour Barbier des secours très-importants, qui lui ont permis d’être plus complet et mieux renseigné quéses devanciers. En outre, Barbier eut le bonheur d’avoir pour collaborateurs un grand nombre d’hommes qui, par la nature de leurs occupations, lui donnèrent des renseignements très-précieux, qu’eux seuls étaient à même de fournir. Naigeon, ami de Diderot et un des derniers survivants sous l’Empire de la philosophie du xvnia siècle, lui fut d’une grande utilité, d’autant plus grande, que la crainte d’être envoyé à la Bastille avait souvent forcé les penseurs les plus hardis du dernier siècle k ne point mettre leur nom en tête de leurs ouvrages. Barbier a pu ainsi restituer à Voltaire un grand nombre de pamphlets qui lui avaient été contestes, ou qu’on ne songeait plus même à lui attribuer. L’évêque de Blois, le célèbre conventionnel Grégoire, réduira de moine pour

l’époque de ia Révolution ; Marron, qui était président du consistoire de l’Église réformée, l’aida également pour ses recherches sur la bibliographie protestante. Enfin, il faut ajouter à la liste de ses collaborateurs, qu’il a remerciés lui-même dans sa préface, le bibliographe Mercier de Saint-Léger ; Adry,

bibliothécaire de l’Oratoire ; Chardon de La Rochette, philologue et bibliographe, le rival en hellénisme de son ami Vilioison ; Després, Auger, le commentateur de Molière ; Sautreau de Marsy, Brial, etc. Quand il fit annoncer en 1806 son Dictionnaire des anonymes et des pseudonymes, un bibliographe hollandais, M. Van Thot, qui avait commencé un travail du même genre, lui abandonna ses recherches déjà fort importantes sur les anonymes et les pseudonymes français, à la condition qu’il désigneiait par des initiales les articles provenant de cette source. Ce fut la une heureuse fortune pour Barbier. Pour donner une idée exacte du travail que nous analysons, nous niions citer quelques-unes des curieuses trouvailles faites par Barbier et consignées dans son dictionnaire. Pat exemple, le fameust Isaac Lemaître de Sacy a écrit quelquefois sous le nom de Saint-Albin. Lamettrie a publié en 17-47. chez Guilleau, une comédie en trois actes, la Faculté vengée. Ce philosophe a beaucoup usé de l’anonyme. C’est ainsi que parut 'Homme machine (Leyde, 1748). Il a publié, comme traduit de l’Anglais Carp par feu Hunault, une Histoire naturelle de lame (La Haye, 17-45). C’est aussi sous l’anonyme que d’Holbach a. publié en 1770 son Histoire critique de Jésus, et Sylvain Maréchal ses Fragments d’un poème sur Dieu (1781). Richard Simon, dont la France n’est pas assez rière, Richard Simon, le grand liébraïsaut, qu’on peut regarder comme le fondateur de l’exégèse, a été obligé de cacher sous le nom de Bub-Mozès Lévy son ndmirable Histoire de la religion des Juifs (Amsterdam, 1GS0), et sous l’anonyme son Histoire critique du Vieux Testament (1678). Voltaire, qui a signé ses livres de tant de noms divers, selon son humeur, a employé souvent les simples initiales M. de V"*. C’est sous ces initiales qu’il a publié ses Lettres écrites de Londres sur les Anglais et divers sujets (Balles, 173-4), ses Lettres philosophiques (Amsterdam, 1734), ses Homélies prononcées à Londres en nos, dans une assemblée particulière (1767) ; mais il a gardé l’anonyme pour un petit opuscule fort peu connu : la Mort de Louis XV et de la fatalité (1774). On est frappé d’étotinemeitt, à la lecturede Barbier, en voyant que, parmi les ouvrages dont la France doit s honorer et qui ont contribué à former en elle cet esprit qui a renouvelé le monde, la plupart ont dû être imprimés à l’étranger. Presque tous, partis dé France, reviennent en France par Amsterdam, Bâle, Londres, etc. Puisque nous en sommes à la philosophie du xviiib siècle, c’est un fait peu connu qu’un